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JOURNAL OFFICIEL - Débats parlementaires de la 4e République

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1697 ASSEMBLEE NATIONALE — 1« SEANCE ' DU 22 MARS 1949H. Viatte, mais parce que je crois qu'effectivementnous <strong>de</strong>vons toujours éc<strong>la</strong>irerle pays sur les mesures que nous prenons,surtout lorsqu'elles peuvent avoir uncaractère impopu<strong>la</strong>ire et surtout lorsqu'onpeut a priori, ne pas les comprendre trèsexactement.Il est bien entendu que je suis à <strong>la</strong> disosition<strong>de</strong> .tous les membres <strong>de</strong> l'Assem-pour leur fournir, noir sur b<strong>la</strong>nc —Eléeet même dans mon cabinet, ce qui seraitencore plus pratique — les. raisons pourlesquelles je ne leur donne pas satisfaction.Il va sans dire que lorsqu'ils ontsatisfaction ils ne me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt plusrien; il est inutile alors que je leurdonne <strong>de</strong>s explications sur ce qu'ils connaissent.0Sourires.)M. le prési<strong>de</strong>nt. Maintenez-vous votreamen<strong>de</strong>ment, monsieur Viatte ?M. Charles Viatte. Non, monsieur le prési<strong>de</strong>nt.M. le prési<strong>de</strong>nt. L'amen<strong>de</strong>ment est retiré.Nous arrivons au chapitre 401,6° partie. — Charges sociales.à Chap. 401. — Fonds national <strong>de</strong> chô-Jnage:«Abattement proposé, 1.000 francs. »La parole est à M. Besset., M. Pierre Besset. Mesdames, messieurs,<strong>la</strong> commission dès finances a adopté unamen<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> notre collègue M. Auguettendant à réduire, à titre indicatif, le créaitinscrit au chapitre 401 re<strong>la</strong>tif au fondsNational <strong>de</strong> chômage.Cette réduction est <strong>de</strong>stinée a attirerl'attention du Gouvernement sur l'insuffièancedu crédit <strong>de</strong>mandé pour in<strong>de</strong>mniserïes travailleurs privés , <strong>de</strong> leur emploi.k En effet, d'une part ce crédit n'a pasété augmenté dans <strong>la</strong> même proportionque le nombre <strong>de</strong>s chômeurs, lequel neCesse dé croître; d'autre ipart, il est nécessaire<strong>de</strong> relever le, taux <strong>de</strong>s in<strong>de</strong>mnitésversées aux chômeurs, car celles-ci sontnettement insuf lisant es.M. le ministre répondra sans doute quele crédit inscrit au chapitre 401 n'y figurequ'à titre indicatif. Mais quel est le sens<strong>de</strong> cette indication ?De toute manière, même lorsque lesSans travail sbnt secourus, ils doivent,dès que l'on constate une augmentationdu coût <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie, obtenir une majoration3e leurs in<strong>de</strong>mnités. Les apaisements quinous avaient été donnés l'année <strong>de</strong>rnièreJi cet égard ne suffisent plus, car les prévisionsdu Gouvernement sont insuffisantespour faire face au chômage qui6'étend dangereusement.Il convient, en outre, <strong>de</strong> regretter queles lois et décrets actuellement en vigueur©n matière <strong>de</strong> chômage écartent un nombreconsidérable <strong>de</strong> sans travail du bénéfice<strong>de</strong>s allocations <strong>de</strong> chômage.De nombreuses localités comptent <strong>de</strong>schômeurs. Leurs municipalités n'ont cependantpas cru <strong>de</strong>voir ouvrir un fondsmunicipal <strong>de</strong> chômage, car elles sont pauvreset elles doivent déjà participer aufinancement <strong>de</strong>s in<strong>de</strong>mnités versées.. Dans les localités où il existe un fonds3e chômage, les conditions d'admissionexigées sont telles que très peu <strong>de</strong> chômeurspeuvent obtenir leur inscription.Ceux qui l'obtiennent ne peuvent prétendreaux in<strong>de</strong>mnités qu'à partir du sixièmeJour.Enfin, <strong>la</strong> limitation établie par le p<strong>la</strong>fond<strong>de</strong>s ressources familiales prive d'in<strong>de</strong>mnité<strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s jeunes chômeursvivant sous le toit paternel. Parfois, c'est.„le chef <strong>de</strong> famille lui-même qui en estprivé, lorsque ses enfants travaillent etque leurs sa<strong>la</strong>ires atteignent le maximumfixé.Un aménagement <strong>de</strong>s textes est <strong>de</strong>venuindispensable. G'est l'objet <strong>de</strong> <strong>la</strong> proposition<strong>de</strong> loi déposée par le groupe communistesous le n° 4126, et dont l'adoptionferait disparaître les injustices actuelles.Le ministère du travail et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécuritésociale connait notre texte, mais, jusqu'àce jour, nous ne savons pas ce qu'il enpense. Peut-être serons-nous renseignéssous peu, ; mais, si nous <strong>de</strong>vions nous faireune opinion sur les intentions du Gouvernementen matière die chômage, en nousbasant sur le crédit <strong>de</strong>mandé au chapitre401 pour 1949, nous aurions quelquesraisons d'être inquiets sur le sortréservé à notre proposition <strong>de</strong> loi.Cependant, les inscriptions aux fonds <strong>de</strong>chômage et les in<strong>de</strong>mnités ne sont ¡pas etne doivent pas être <strong>la</strong> seule solution àdonner au douloureux problème du chômage.Cette solution doit, il est vrai, êtrefonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> condition humaine, mais elledoit aussi, comme le prévoit <strong>la</strong> Constitution,permettre aux victimes du chômage<strong>de</strong> subvenir à leurs besoins et à ceux <strong>de</strong>leurs familles.La véritable solution doit donc consisterà enrayer et à faire disparaître lechômage.Qu'il me soit permis, à ce propos, <strong>de</strong>relever quelques paradoxes dans les propositionsqui nous sont faites.Au chapitre 411, re<strong>la</strong>tif aux primes d'accueilpour les travailleurs immigrants italiens,était inscrit, pour 1949, un crédit <strong>de</strong>75 millions <strong>de</strong> francs.Le Gouvernement a proposé une réduction<strong>de</strong> 25 millions que <strong>la</strong> commission <strong>de</strong>sfinances nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> porter à 35 millions.Resterait donc encore un crédit <strong>de</strong>40 millions pour recevoir <strong>de</strong>s travailleursitaliens. Comment, dans ces conditions,peut-on affirmer sérieusement que lerecrutement <strong>de</strong> <strong>la</strong> main-d'œuvre à l'étrangerest arrêté ?En juillet 1948, <strong>la</strong> Documentation Françaisenous apprenait que le ministère dutravail n'envisageait l'immigration qued'un nombre tout à fait limité <strong>de</strong> travailleursétrangers et que l'immigration étaitmême dès cette époque à peu près arrêtée.Elle nous apprenait également que, parune circu<strong>la</strong>ire en date du 4 décembre 1947,le ministre du travail avait suspendu lesintroductions <strong>de</strong> travailleurs étrangersdans toutes lès professions relevant dubâtiment.Or, <strong>de</strong>puis juillet 1948, le chômage s'estdéveloppé en France. Les statistiques récentes,celles, d'ailleurs, qui m'ont étécommuniquées par les services du ministèredu travail, montrent qu'il y a uneaugmentation sensible du nombre <strong>de</strong>s chômeurs.Nous apprenons, par exemple, queces temps <strong>de</strong>rniers, 100.000 <strong>de</strong>man<strong>de</strong>sd'emploi n'ont pu être satisfaites,44.000 dans <strong>la</strong> région parisienne et 56.000en province. Ce<strong>la</strong> n'empêche que, pourl'année 1949, le Gouvernement prévoitl'entrée en France <strong>de</strong> 166.000 travailleursétrangers, dont 50.000 Italiens.On nous répondra peut-être que nousmanquons <strong>de</strong> main-d'œuvre qualifiée. Maisalors pourquoi ne pas inscrire ces dizaines<strong>de</strong> millions au chapitre 506 pour financerles centres <strong>de</strong> formation professionnelleaccélérée ?Vous conviendrez qu'il est paradoxalque nous manquions d'ouvriers qualifiés,que le Gouvernement ferme les centresd'apprentissage, que nous ayons <strong>de</strong>s chômeurset que nous fassions appel en, même temps à .<strong>la</strong> main-d'œuvre immigrée.Cette politique est évi<strong>de</strong>mment un nonsens.Elle est contraire aux intérêts <strong>de</strong> <strong>la</strong>c<strong>la</strong>sse ouvrière. Elle doit cesser..Par ailleurs, il y a en France <strong>de</strong>s an-,ciens prisonniers <strong>de</strong> guerre allemands,transformés en travailleurs libres. En novembre1948, ils étaient environ 150.000;le contrat <strong>de</strong> 80.000 d'entre eux arrivait àexpiration le 31 décembre <strong>de</strong> <strong>la</strong> mêmaannée.Enfin, il est entré et il entre encore enFrance ce que l'on appelle <strong>de</strong>s personnesdép<strong>la</strong>cées. Quelles sont les intentions duGouvernement envers ces gens ? Va-t-onassister au spectacle d'Allemands et <strong>de</strong>personnes dép<strong>la</strong>cées se procurant facilement<strong>de</strong>s moyens d'existence, alors quales Français seraient privés <strong>de</strong> leur gagnepain?Notre remarque n'est pas empreinte <strong>de</strong>xénophobie puisque, d'autre part, pour<strong>de</strong>s raisons qui s'inspirent aus?i <strong>de</strong> l'intérêt<strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse ouvrière et <strong>de</strong> tout lepays, nous nous élevons contre les mesures-d'expulsion qui sont prises contre lestravailleurs immigrés qui défen<strong>de</strong>nt au*côtés <strong>de</strong>s travailleurs français leur droità <strong>la</strong> vie. La plupart <strong>de</strong> ces travailleurs immigréshabitent <strong>de</strong>puis longtemps <strong>la</strong>France qu'ils ont servie par leur travailet aussi par les armes dans les combats<strong>de</strong> <strong>la</strong> libération du territoire.Comme vous le voyez, il y a <strong>de</strong>s chosesextrêmement choquantes dans tout ce quitouche au marché du travail et dans lesconditions sociales qui en découlent pour<strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse ouvrière. C'est sur cette situationque nous avons voulu attirer l'attention <strong>de</strong>l'Assemblée nationale et du Gouvernement.En conclusion, je ne ferai, certes, querépéter ce que d'autres <strong>de</strong> mes amis ontdéjà dit. mais qu'il n'est pas inutile <strong>de</strong>redire: nous constatons, dans ce domainecomme dans d'autres, les conséquences<strong>de</strong> <strong>la</strong> « marshallisation » <strong>de</strong> <strong>la</strong> France.M. le ministre du travail et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécuritésociale. Ce<strong>la</strong> <strong>de</strong>vait venir.M. Pierre Besset. On peut maintenantdire ces choses sans troubler le silence<strong>de</strong> l'Assemblée.M. le ministre du travail et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécuritésociale. Personne n'y fait plus aucun®attention. Vous n'y croyez plus vousmême.A l'extrême gauche. Vous vous désintéressez<strong>de</strong>s chômeurs.M. le ministre du travail et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécuritésociale. Pas du tout, et j'ai même écoutéavec beaucoup d'attention jusqu'à maintenant,car ce que disait l'orateur étaitsérieux.M. Pierre Besset. Si l'on peut dire ceschoses sans troubler le silence <strong>de</strong> l'Assemblée,c'est parce qu'on commence à serendre compte que nous avons raison.C'est ainsi que dans le numéro * du22 mars du journal Le Mon<strong>de</strong>, M. RobertEscarpit, dans sa « Lettre <strong>de</strong>s Etats-Unis »,•après avoir rappelé que ce pays compteprès <strong>de</strong> trois millions <strong>de</strong> chômeurs, faitparler ainsi les Américains: « Le p<strong>la</strong>nMarshall, ce n'est pas tellement l'Amériquequi va au secours <strong>de</strong> l'Europe, mais plutôtl'Europe qui va au secours <strong>de</strong> l'Amérique.»Ce<strong>la</strong>, les communistes l'ont dit les premiers.mais ils ne sont ptus seuls maintenantà le dire; d'autres le proc<strong>la</strong>mentavec eux. {App<strong>la</strong>udissements à l'extrêmeHanche.)Effectivement, le pian Marshall, c'estpour <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse ouvrière le chômage, <strong>la</strong>misère et <strong>la</strong> guerre. Seule, une politique

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