1696(guis contenté <strong>de</strong> souligner <strong>de</strong>vant l'Assèmbléenationale les difficultés extrêmesque nous rencontrons.Car, il ne faut pas tomber dans le panneauque nous ten<strong>de</strong>nt un certain nombred'organisations ou <strong>de</strong> partis politiquesét, à travers <strong>de</strong>s rectifications, qui ne <strong>de</strong>vraientêtre que <strong>de</strong>s rectifications <strong>de</strong> détail,modifier complètement <strong>la</strong> politique économiquedu Gouvernement, à un moment oùle moins qu'on puisse dire est qu'ellecommence à porter ses fruits.Si j'ai convaincu M. Viatte. il retireraspontanément son amen<strong>de</strong>ment. Dans <strong>la</strong>négative, c'est moi qui lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rai <strong>de</strong>vouloir bien le retirer.M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M.ViatteM. Charles Viatte. Monsieur le ministre,je vous avais annoncé, au début <strong>de</strong> marapi<strong>de</strong> intervention, que je savais à peuprès ce que vous me répondriez et quevous alliez expliquer <strong>la</strong> façon dont leschoses se sont passées.Je pense qu'il est i téressant que vosparoles soient connues du public, afinque certaines équivoques soient dissipées.Cependant, je dois vous faire remarquerque vous m'avez adressé <strong>de</strong>s complimentsquelque peu ironiques, que jene mérite pas.M. le ministre du travail et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécuritésociale. Ils n'étaient pas du tout ironiques.M. Charles Viatte. Je revendique unseul mérite — mais vous ne m'avez pasfait <strong>de</strong> compliment, à ce sujet — c estcelui <strong>de</strong> <strong>la</strong> précision. Ce<strong>la</strong> tient à ma déformationprofessionnelle, car je suis unmathématicien.M. le ministre du travail et <strong>de</strong> fa sécuritésociale. J'en ai été souvent <strong>la</strong> victime.(Sourires.)M. Charles Viatte. Je vou<strong>la</strong>is essentiellementvous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r d'étudier d'une façonprécise <strong>de</strong>s cas absolument précis et<strong>de</strong> me répondre d'une façon précise.La petite controverse qui m'a effectivementopposé à mon collègue M. Joubertne tient pas à ce qu'il est député duDoubs, alors que je suis député du Jura;elle tient au contraire à ce que, étant originairedu Doubs, je connais encore mieuxles questions du Doubs que celles duJura. *Ce<strong>la</strong> n'a d'ailleurs pas d'importance.Mais il est profondément choquant qu'il yait dans un département <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssificationsarbitraires tout à fait injustifiables. Jem'excuse <strong>de</strong> vous citer un cas très précisqui concerne le chef-lieu <strong>de</strong> mon département,Lons-Ie-Saunier. Lons-Ie-Saunierest située, ainsi que les localités voisines,dans <strong>la</strong> zone d'abattement à 15 p. 100;une localité un peu plus éloignée, étaitjusqu'ici à 25 p. 100 et se trouve <strong>de</strong>puistrois jours à 20 p. 100. V r oici une anomalieinjustifiable, monsieur le ministre.Le prix du <strong>la</strong>it, qui intéresse au premierchef les familles nombreuses, est <strong>de</strong>38 francs à Lons-Ie-Saunier et <strong>de</strong> 32 francsà Perrignv, localités situées toutes <strong>de</strong>uxdans <strong>la</strong> zone d'abattement <strong>de</strong> 15 p. 100. Ilest <strong>de</strong> 38 francs à Conliège, localité quiétait comprise jusqu'à ces <strong>de</strong>rniers joursdans <strong>la</strong> zone d'abattement <strong>de</strong> 25 p. 100.Or, dans toutes nos agglomérations, lesouvriers qui travaillent au chef-lieu logenten banlieue. Vous les punissez donc sansaucune justification.Je vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> me donner <strong>de</strong>sjustifications. Si je les avais obtenues, jen'aurais môme pas évoqué <strong>la</strong> question. Jene suis pas difficile. Je suis, vous le savez,ASSEMBLEE NATIONALE — 2» SEANCE M! 22 MARS 1949 ieer>un fidèle soutien <strong>de</strong> <strong>la</strong> majorité gouvernementale.Je vote pour le Gouvernement,même lorsque je ne suis pas totalementd'accord avec lui.Je ne vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pas <strong>de</strong> chosesextraordinaires.Je vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> nous donner <strong>de</strong>sjustifications sur <strong>de</strong>s points précis, à propos<strong>de</strong> différences qui choquent tout lemon<strong>de</strong>, car il est infiniment difficile <strong>de</strong>pastiller les décisions que vous prenez.C'est là le seul motif <strong>de</strong> mon amen<strong>de</strong>ment.Vous me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>z <strong>de</strong> le retirer. Je n'aipas, aujourd'hui plus qu'un autre jour,l'intention d'embarrasser le Gouvernement,vous le savez bien.J'ai écrit différentes lettres à votre ministère.J'ai même téléphoné à votre directeur<strong>de</strong> cabinet. Invariablement, on m'arépondu: « Soyez tranquille! Dans quelquesjours, vous aurez satisfaction ».La même réponse a été faite aux délégations qui sont allées trouver vos services,mais elles n'ont pas eu <strong>de</strong> nouvelles<strong>de</strong>puis.Je pense, monsieur le ministre, qiue yousallez me promettre que les réponses serontadressées et que les justifications <strong>de</strong>smesures prises seront données.Il est possible que, <strong>de</strong>puis le mois d'octobre,certaines <strong>de</strong> mes lettres se soientégarées. Mais je vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> comme unservice personnel <strong>de</strong> donner <strong>la</strong> justification<strong>de</strong>s décisions prises, dans un nombretrès limité <strong>de</strong> cas, certes, mais qui sontparticulièrement scandaleux.Vous ferez sans doute <strong>la</strong> même promesseà <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong> nos collègues. Il ne s'agitd'ailleurs pas d'une question personnelle.mi'3 d'une question d'ordre général.On éviterait bien <strong>de</strong>s difficultés au Gouvernement si l'on prenait soin <strong>de</strong> mieuxéc<strong>la</strong>irer l'opinion publique.vous prenez l'engagement que je vous<strong>de</strong>man<strong>de</strong>, monsieur le ministre, je retireraimon amen<strong>de</strong>ment ; sinon, je serai auregret <strong>de</strong> le maintenir.M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. Patinaud,contre l'amen<strong>de</strong>ment.M. le ministre du travail et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécuritésociale. Pour le soutenir! (Sourires.)M. Marius Patinaud, Mesdames, messieurs,il n'est pas question <strong>de</strong> soutenirl'amen<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> M. Viatte pour <strong>la</strong> bonneraison que cette discussion n'aurait paseu lieu si, à <strong>la</strong> commission du travail enparticulier et <strong>de</strong>vant l'Assemblée en général,ies propositions du groupe communisteavaient été retenues en ce qui concerne<strong>la</strong> suppression <strong>de</strong>s abattements <strong>de</strong>zones <strong>de</strong> sa<strong>la</strong>ires.M. Charles Viatte. Grâce à ma v.oix, hé<strong>la</strong>smonsieur Patinaud.M. le ministre du travail et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécuritésociale. Quel aveu!M. Marius Patinaud. J'ai d'ailleurs l'impressionque l'effort fait dans notre senspar M. Viatte puise son origine dans quelquepréoccupation d'ordre plus ou moinsélectjral.Je veux rappeler, par<strong>la</strong>nt contre l'amen<strong>de</strong>ment<strong>de</strong> M. Viatte, que le groupe parlementairecommuniste avait <strong>de</strong>mandé <strong>la</strong>suppression <strong>de</strong>s abattements <strong>de</strong> zones <strong>de</strong>sa<strong>la</strong>ires.A l'origine, ces abattements avaient étéfixés en tenant compte <strong>de</strong>s différencesréelles du coût <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie entre Paris priscomme base et les régions ou localitésconsidérées. Le c<strong>la</strong>ssement était déjà souventarbitraire. Les zones n'existaient parfoisque dans les dossiers administratifset le coût <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie était uniforme dans <strong>de</strong>szones d'abattement différentes.Cette constatation est toujours va<strong>la</strong>ble.Mais, d'autre part, les industriels qui possè<strong>de</strong>nt<strong>de</strong>s usinés dans <strong>de</strong>s zones auxabattements différents établissent leursprix <strong>de</strong> revient, et par conséauent leursprix <strong>de</strong> vente, d'après celles où les sa<strong>la</strong>iressont les plus élevés.Ainsi, en aucun cas, le consommateurne (bénéficie <strong>de</strong>s abattements <strong>de</strong> zones-Ceux-ci ne servent qu'à grossir les superbénéfices<strong>de</strong>s grands capitalistes.Voici comment le journal Mun<strong>de</strong> ouvneten fait maintenant <strong>la</strong> démonstration:« Les chaussures Rousset, à Blois (quitravaillent pour Paris et l'exportation) ; leschaussures Leroux (chaussures <strong>de</strong> dames) ;les chaussures Mallier (enfants) ; les chaussuresSerreau (<strong>de</strong> p<strong>la</strong>ge et d'été) ; <strong>la</strong>maison <strong>de</strong> confection Brumeau, ne facturentcertainement pas leurs articles dif-.féremment pour Paris que pour <strong>la</strong> provinceet leuis articles sont vendus aumême prix que ceux fabriqués à Paris. »On objectera peut-être qu'il en va dif-,féremment <strong>de</strong>s produits alimentaires. Voici<strong>de</strong>s chiffres pris dans huit localités aussi,différentes que S.uresnes, le Havre, <strong>la</strong> Rochelle,le Creusot, Saint-Memmie, Héricourt,Laval, Langres, dont les abattementss'échelonnent jusqu'à 20 p. 100., Les prix relevés en boutiques fin octobre1948 pour les 34 articles qu'utilisentles pouvoirs publics pour l'établissement<strong>de</strong> l'indice <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> détail s'établissentainsi: Suresnes, 6.248; le Havre, 6.088; <strong>la</strong>Rochelle, 6.560; le Creusot, 6.557; Saint-Memmie (Marne), 6.752; Héricourt, 6.407:Laval, 6.638; Langres, 6.868.Ces chiffres sont probants et illustrent,une fois <strong>de</strong> plus, cette vérité que les abattements<strong>de</strong> zones <strong>de</strong> sa<strong>la</strong>ires sont injusteset inhumains. ,Ils sont en effet pratiqués trop souventsur <strong>de</strong>s sa<strong>la</strong>ires inférieurs au minimumvital. Exemple : les sa<strong>la</strong>ires perçus par lesouvriers <strong>de</strong> l'usine <strong>de</strong> duralumin à Rive<strong>de</strong>-Gierss'établissent ainsi pour <strong>la</strong> premièrequinzaine <strong>de</strong> janvier: 3.200 francspour un manœuvre et 5.500 francs pour unprofessionnel <strong>de</strong> première catégorie.Que dire alors <strong>de</strong> <strong>la</strong> retraite <strong>de</strong>s vieuxqui supporte, elle aussi, <strong>de</strong>s abattements<strong>de</strong> zones ? 37.000 francs pour <strong>la</strong> région parisienne,soit 101 francs par jour, 34.000francs pour les villes <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 5.000habitants, soit 93 francs par jour et 31.000francs pour les autres localités, soit 84francs par jour.84 francs par jour pour vivre, quand lekilo <strong>de</strong> pain vaut 39 francs!Ne trouvez-vous pas que les abattements<strong>de</strong> zones appliqués aux hommes et auxfemmes qui ne perçoivent même pas leminimum vital doivent être suppriméesC'est pourquoi je saisis cette occasionpour rappeler que le problème actuellementposé ne consiste pas à aménager,dans l'intérêt <strong>de</strong> <strong>la</strong> campagne électorale<strong>de</strong> tel ou tel parlementaire, les zones <strong>de</strong>sa<strong>la</strong>ires, mais à appliquer ce que <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nttoutes les organisations syndicales,c'est-à-dire <strong>la</strong> suppression <strong>de</strong>s abattements<strong>de</strong> zones. (App<strong>la</strong>udissements à Veadrêmegauche.)M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. leministre du travail et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité ao«ciale.M, le ministre du travail et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécuritésociale. Je pense que M. Patinaud mesaura gré <strong>de</strong> ne pas avoir répondu AM. Viatte avant qu'il ne puisse lui-mêmedévelopper sa bril<strong>la</strong>nte improvisationcontre l'amen<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier.En effet, si j'avais parlé avant lui,l'aurais fait non pas dans <strong>la</strong> crainte ael'espèce <strong>de</strong> menace amicale formulée pag
1697 ASSEMBLEE NATIONALE — 1« SEANCE ' DU 22 MARS 1949H. Viatte, mais parce que je crois qu'effectivementnous <strong>de</strong>vons toujours éc<strong>la</strong>irerle pays sur les mesures que nous prenons,surtout lorsqu'elles peuvent avoir uncaractère impopu<strong>la</strong>ire et surtout lorsqu'onpeut a priori, ne pas les comprendre trèsexactement.Il est bien entendu que je suis à <strong>la</strong> disosition<strong>de</strong> .tous les membres <strong>de</strong> l'Assem-pour leur fournir, noir sur b<strong>la</strong>nc —Eléeet même dans mon cabinet, ce qui seraitencore plus pratique — les. raisons pourlesquelles je ne leur donne pas satisfaction.Il va sans dire que lorsqu'ils ontsatisfaction ils ne me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt plusrien; il est inutile alors que je leurdonne <strong>de</strong>s explications sur ce qu'ils connaissent.0Sourires.)M. le prési<strong>de</strong>nt. Maintenez-vous votreamen<strong>de</strong>ment, monsieur Viatte ?M. Charles Viatte. Non, monsieur le prési<strong>de</strong>nt.M. le prési<strong>de</strong>nt. L'amen<strong>de</strong>ment est retiré.Nous arrivons au chapitre 401,6° partie. — Charges sociales.à Chap. 401. — Fonds national <strong>de</strong> chô-Jnage:«Abattement proposé, 1.000 francs. »La parole est à M. Besset., M. Pierre Besset. Mesdames, messieurs,<strong>la</strong> commission dès finances a adopté unamen<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> notre collègue M. Auguettendant à réduire, à titre indicatif, le créaitinscrit au chapitre 401 re<strong>la</strong>tif au fondsNational <strong>de</strong> chômage.Cette réduction est <strong>de</strong>stinée a attirerl'attention du Gouvernement sur l'insuffièancedu crédit <strong>de</strong>mandé pour in<strong>de</strong>mniserïes travailleurs privés , <strong>de</strong> leur emploi.k En effet, d'une part ce crédit n'a pasété augmenté dans <strong>la</strong> même proportionque le nombre <strong>de</strong>s chômeurs, lequel neCesse dé croître; d'autre ipart, il est nécessaire<strong>de</strong> relever le, taux <strong>de</strong>s in<strong>de</strong>mnitésversées aux chômeurs, car celles-ci sontnettement insuf lisant es.M. le ministre répondra sans doute quele crédit inscrit au chapitre 401 n'y figurequ'à titre indicatif. Mais quel est le sens<strong>de</strong> cette indication ?De toute manière, même lorsque lesSans travail sbnt secourus, ils doivent,dès que l'on constate une augmentationdu coût <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie, obtenir une majoration3e leurs in<strong>de</strong>mnités. Les apaisements quinous avaient été donnés l'année <strong>de</strong>rnièreJi cet égard ne suffisent plus, car les prévisionsdu Gouvernement sont insuffisantespour faire face au chômage qui6'étend dangereusement.Il convient, en outre, <strong>de</strong> regretter queles lois et décrets actuellement en vigueur©n matière <strong>de</strong> chômage écartent un nombreconsidérable <strong>de</strong> sans travail du bénéfice<strong>de</strong>s allocations <strong>de</strong> chômage.De nombreuses localités comptent <strong>de</strong>schômeurs. Leurs municipalités n'ont cependantpas cru <strong>de</strong>voir ouvrir un fondsmunicipal <strong>de</strong> chômage, car elles sont pauvreset elles doivent déjà participer aufinancement <strong>de</strong>s in<strong>de</strong>mnités versées.. Dans les localités où il existe un fonds3e chômage, les conditions d'admissionexigées sont telles que très peu <strong>de</strong> chômeurspeuvent obtenir leur inscription.Ceux qui l'obtiennent ne peuvent prétendreaux in<strong>de</strong>mnités qu'à partir du sixièmeJour.Enfin, <strong>la</strong> limitation établie par le p<strong>la</strong>fond<strong>de</strong>s ressources familiales prive d'in<strong>de</strong>mnité<strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s jeunes chômeursvivant sous le toit paternel. Parfois, c'est.„le chef <strong>de</strong> famille lui-même qui en estprivé, lorsque ses enfants travaillent etque leurs sa<strong>la</strong>ires atteignent le maximumfixé.Un aménagement <strong>de</strong>s textes est <strong>de</strong>venuindispensable. G'est l'objet <strong>de</strong> <strong>la</strong> proposition<strong>de</strong> loi déposée par le groupe communistesous le n° 4126, et dont l'adoptionferait disparaître les injustices actuelles.Le ministère du travail et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécuritésociale connait notre texte, mais, jusqu'àce jour, nous ne savons pas ce qu'il enpense. Peut-être serons-nous renseignéssous peu, ; mais, si nous <strong>de</strong>vions nous faireune opinion sur les intentions du Gouvernementen matière die chômage, en nousbasant sur le crédit <strong>de</strong>mandé au chapitre401 pour 1949, nous aurions quelquesraisons d'être inquiets sur le sortréservé à notre proposition <strong>de</strong> loi.Cependant, les inscriptions aux fonds <strong>de</strong>chômage et les in<strong>de</strong>mnités ne sont ¡pas etne doivent pas être <strong>la</strong> seule solution àdonner au douloureux problème du chômage.Cette solution doit, il est vrai, êtrefonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> condition humaine, mais elledoit aussi, comme le prévoit <strong>la</strong> Constitution,permettre aux victimes du chômage<strong>de</strong> subvenir à leurs besoins et à ceux <strong>de</strong>leurs familles.La véritable solution doit donc consisterà enrayer et à faire disparaître lechômage.Qu'il me soit permis, à ce propos, <strong>de</strong>relever quelques paradoxes dans les propositionsqui nous sont faites.Au chapitre 411, re<strong>la</strong>tif aux primes d'accueilpour les travailleurs immigrants italiens,était inscrit, pour 1949, un crédit <strong>de</strong>75 millions <strong>de</strong> francs.Le Gouvernement a proposé une réduction<strong>de</strong> 25 millions que <strong>la</strong> commission <strong>de</strong>sfinances nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> porter à 35 millions.Resterait donc encore un crédit <strong>de</strong>40 millions pour recevoir <strong>de</strong>s travailleursitaliens. Comment, dans ces conditions,peut-on affirmer sérieusement que lerecrutement <strong>de</strong> <strong>la</strong> main-d'œuvre à l'étrangerest arrêté ?En juillet 1948, <strong>la</strong> Documentation Françaisenous apprenait que le ministère dutravail n'envisageait l'immigration qued'un nombre tout à fait limité <strong>de</strong> travailleursétrangers et que l'immigration étaitmême dès cette époque à peu près arrêtée.Elle nous apprenait également que, parune circu<strong>la</strong>ire en date du 4 décembre 1947,le ministre du travail avait suspendu lesintroductions <strong>de</strong> travailleurs étrangersdans toutes lès professions relevant dubâtiment.Or, <strong>de</strong>puis juillet 1948, le chômage s'estdéveloppé en France. Les statistiques récentes,celles, d'ailleurs, qui m'ont étécommuniquées par les services du ministèredu travail, montrent qu'il y a uneaugmentation sensible du nombre <strong>de</strong>s chômeurs.Nous apprenons, par exemple, queces temps <strong>de</strong>rniers, 100.000 <strong>de</strong>man<strong>de</strong>sd'emploi n'ont pu être satisfaites,44.000 dans <strong>la</strong> région parisienne et 56.000en province. Ce<strong>la</strong> n'empêche que, pourl'année 1949, le Gouvernement prévoitl'entrée en France <strong>de</strong> 166.000 travailleursétrangers, dont 50.000 Italiens.On nous répondra peut-être que nousmanquons <strong>de</strong> main-d'œuvre qualifiée. Maisalors pourquoi ne pas inscrire ces dizaines<strong>de</strong> millions au chapitre 506 pour financerles centres <strong>de</strong> formation professionnelleaccélérée ?Vous conviendrez qu'il est paradoxalque nous manquions d'ouvriers qualifiés,que le Gouvernement ferme les centresd'apprentissage, que nous ayons <strong>de</strong>s chômeurset que nous fassions appel en, même temps à .<strong>la</strong> main-d'œuvre immigrée.Cette politique est évi<strong>de</strong>mment un nonsens.Elle est contraire aux intérêts <strong>de</strong> <strong>la</strong>c<strong>la</strong>sse ouvrière. Elle doit cesser..Par ailleurs, il y a en France <strong>de</strong>s an-,ciens prisonniers <strong>de</strong> guerre allemands,transformés en travailleurs libres. En novembre1948, ils étaient environ 150.000;le contrat <strong>de</strong> 80.000 d'entre eux arrivait àexpiration le 31 décembre <strong>de</strong> <strong>la</strong> mêmaannée.Enfin, il est entré et il entre encore enFrance ce que l'on appelle <strong>de</strong>s personnesdép<strong>la</strong>cées. Quelles sont les intentions duGouvernement envers ces gens ? Va-t-onassister au spectacle d'Allemands et <strong>de</strong>personnes dép<strong>la</strong>cées se procurant facilement<strong>de</strong>s moyens d'existence, alors quales Français seraient privés <strong>de</strong> leur gagnepain?Notre remarque n'est pas empreinte <strong>de</strong>xénophobie puisque, d'autre part, pour<strong>de</strong>s raisons qui s'inspirent aus?i <strong>de</strong> l'intérêt<strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse ouvrière et <strong>de</strong> tout lepays, nous nous élevons contre les mesures-d'expulsion qui sont prises contre lestravailleurs immigrés qui défen<strong>de</strong>nt au*côtés <strong>de</strong>s travailleurs français leur droità <strong>la</strong> vie. La plupart <strong>de</strong> ces travailleurs immigréshabitent <strong>de</strong>puis longtemps <strong>la</strong>France qu'ils ont servie par leur travailet aussi par les armes dans les combats<strong>de</strong> <strong>la</strong> libération du territoire.Comme vous le voyez, il y a <strong>de</strong>s chosesextrêmement choquantes dans tout ce quitouche au marché du travail et dans lesconditions sociales qui en découlent pour<strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse ouvrière. C'est sur cette situationque nous avons voulu attirer l'attention <strong>de</strong>l'Assemblée nationale et du Gouvernement.En conclusion, je ne ferai, certes, querépéter ce que d'autres <strong>de</strong> mes amis ontdéjà dit. mais qu'il n'est pas inutile <strong>de</strong>redire: nous constatons, dans ce domainecomme dans d'autres, les conséquences<strong>de</strong> <strong>la</strong> « marshallisation » <strong>de</strong> <strong>la</strong> France.M. le ministre du travail et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécuritésociale. Ce<strong>la</strong> <strong>de</strong>vait venir.M. Pierre Besset. On peut maintenantdire ces choses sans troubler le silence<strong>de</strong> l'Assemblée.M. le ministre du travail et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécuritésociale. Personne n'y fait plus aucun®attention. Vous n'y croyez plus vousmême.A l'extrême gauche. Vous vous désintéressez<strong>de</strong>s chômeurs.M. le ministre du travail et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécuritésociale. Pas du tout, et j'ai même écoutéavec beaucoup d'attention jusqu'à maintenant,car ce que disait l'orateur étaitsérieux.M. Pierre Besset. Si l'on peut dire ceschoses sans troubler le silence <strong>de</strong> l'Assemblée,c'est parce qu'on commence à serendre compte que nous avons raison.C'est ainsi que dans le numéro * du22 mars du journal Le Mon<strong>de</strong>, M. RobertEscarpit, dans sa « Lettre <strong>de</strong>s Etats-Unis »,•après avoir rappelé que ce pays compteprès <strong>de</strong> trois millions <strong>de</strong> chômeurs, faitparler ainsi les Américains: « Le p<strong>la</strong>nMarshall, ce n'est pas tellement l'Amériquequi va au secours <strong>de</strong> l'Europe, mais plutôtl'Europe qui va au secours <strong>de</strong> l'Amérique.»Ce<strong>la</strong>, les communistes l'ont dit les premiers.mais ils ne sont ptus seuls maintenantà le dire; d'autres le proc<strong>la</strong>mentavec eux. {App<strong>la</strong>udissements à l'extrêmeHanche.)Effectivement, le pian Marshall, c'estpour <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse ouvrière le chômage, <strong>la</strong>misère et <strong>la</strong> guerre. Seule, une politique