dans la <strong>gale</strong> est bien toléré mais il a été suggéré que dans certaines conditions où l’intégrité <strong>de</strong>la barrière hémato-encéphalique p<strong>ou</strong>rrait ne pas être totale, comme chez certains je<strong>un</strong>esmammifères (chez les chiens <strong>de</strong> race Coolies), <strong>ou</strong> lors <strong>de</strong> dose élevée, la molécule p<strong>ou</strong>rraitentrer dans le système nerveux central. P<strong>ou</strong>r ces raisons, la sécurité d’emploi <strong>de</strong> ce produit n’apas été établie chez les enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 15 kilogrammes <strong>de</strong> poids, chez la femme enceinte<strong>ou</strong> allaitante.7.2.1 - Ivermectine dans la <strong>gale</strong> comm<strong>un</strong>eOn connaît mal le mo<strong>de</strong> d’action <strong>de</strong> l’ivermectine sur les sarcoptes présents à la surfacecutanée. L’ivermectine serait véhiculée vers la surface cutanée via le sébum dans lequel <strong>de</strong>sconcentrations scabici<strong>de</strong>s ont été mesurées [108], puis ingérée par les parasites.Plusieurs étu<strong>de</strong>s comparatives ont comparé l’ivermectine orale à <strong>un</strong> placebo <strong>ou</strong> à <strong>un</strong> traitementtopique par le benzoate <strong>de</strong> benzyl, le lindane <strong>ou</strong> la perméthrine (Tableaux 3 et 4). Les taux <strong>de</strong>succès avec <strong>un</strong>e dose <strong>un</strong>ique varient <strong>de</strong> 24 % à 100 % selon le délai d’évaluation (<strong>de</strong>ux <strong>ou</strong>quatre semaines) et les étu<strong>de</strong>s (Tableaux 3 et 4).Actuellement selon le libellé <strong>de</strong> l’AMM <strong>un</strong>e prise <strong>un</strong>ique d’ivermectine est recommandée, <strong>un</strong>e<strong>de</strong>uxième prise étant possible en <strong>cas</strong> d’échec. Néanmoins, si l’on considère que l’ivermectinen’est probablement pas actif sur les œufs et que le délai d’éclosion <strong>de</strong>s œufs est <strong>de</strong> quelquesj<strong>ou</strong>rs, il serait logique <strong>de</strong> proposer d’emblée <strong>un</strong>e <strong>de</strong>uxième dose entre le 7 ème et le 14 ème j<strong>ou</strong>r.Etu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> « comparaison <strong>de</strong> doses » d’ivermectineDans <strong>un</strong>e étu<strong>de</strong> Mexicaine, seulement publiée en espagnol [109], 273 sujets ont étérandomisés en <strong>de</strong>ux gr<strong>ou</strong>pes <strong>de</strong> 152 et 121 patients. Le premier gr<strong>ou</strong>pe a reçu 250microgrammes/kg d’ivermectine en <strong>un</strong>e dose <strong>un</strong>ique, les autres sujets ont reçu trois doses à J1,J3, J10. Une guérison <strong>de</strong> 100 % a été obtenue dans les <strong>de</strong>ux gr<strong>ou</strong>pes. Les problèmes s<strong>ou</strong>levéspar cette étu<strong>de</strong> sont nombreux : dose trop élevée d’ivermectine, randomisation d<strong>ou</strong>teuse, taux<strong>de</strong> succès <strong>de</strong> 100 % dans les <strong>de</strong>ux gr<strong>ou</strong>pes.Dans <strong>un</strong>e étu<strong>de</strong> Indienne [112], les auteurs ont comparé la perméthrine à l’ivermectine dans<strong>un</strong>e étu<strong>de</strong> randomisée : 40 patients ont été traités par perméthrine et 45 avec l’ivermectine. AJ14, 70 % <strong>de</strong>s sujets étaient guéris dans le gr<strong>ou</strong>pe ivermectine contre 98 % dans le gr<strong>ou</strong>peperméthrine. Une <strong>de</strong>uxième prise <strong>de</strong> perméthrine (1 sujet) et d’ivermectine (12 sujets) étaitadministrée aux patients en échec du premier traitement. Après cette <strong>de</strong>uxième dose 100 %<strong>de</strong>s sujets étaient guéris à J28 dans le gr<strong>ou</strong>pe perméthrine et 95 % dans le gr<strong>ou</strong>pe ivermectine.Il ne s’agit donc pas à proprement parler d’<strong>un</strong>e étu<strong>de</strong> comparative <strong>de</strong> <strong>plusieurs</strong> dosesd’ivermectine, mais simplement le constat qu’<strong>un</strong>e <strong>de</strong>uxième dose permettait <strong>de</strong> rattraper leséchecs.Dans <strong>un</strong>e autre étu<strong>de</strong> indienne [114], les auteurs ont réalisé <strong>un</strong>e étu<strong>de</strong> randomisée contreplacébo, chez 120 sujets répartis en trois gr<strong>ou</strong>pes <strong>de</strong> 40 : <strong>un</strong> gr<strong>ou</strong>pe traité par perméthrine, <strong>un</strong>gr<strong>ou</strong>pe traité par ivermectine 200 microgrammes/kg en <strong>un</strong>e dose <strong>un</strong>ique et <strong>un</strong> gr<strong>ou</strong>pe traité par<strong>de</strong>ux doses d’ivermectine données à <strong>de</strong>ux semaines d’intervalle. A <strong>de</strong>ux semaines 90/117sujets étaient considérés comme guéris : 33/38 (87 %) dans le gr<strong>ou</strong>pe perméthrine, 31/40(75,5 %) dans le gr<strong>ou</strong>pe traité avec <strong>un</strong>e dose <strong>un</strong>ique d’ivermectine et 26/39 (92 %) dans legr<strong>ou</strong>pe <strong>de</strong>ux doses (en sachant qu’à ce sta<strong>de</strong> les sujets n’avaient probablement pas t<strong>ou</strong>s reçusla <strong>de</strong>uxième dose). A quatre semaines les résultats étaient similaires 107/117 (91 %)considérés guéris, avec respectivement 36/38 (95 %), 36/40 (90 %), et 35/39 (90 %) dans lestrois gr<strong>ou</strong>pes. Les auteurs concluent que la différence entre les trois gr<strong>ou</strong>pes n’était passignificative. On peut regretter le faible nombre <strong>de</strong> sujets inclus par gr<strong>ou</strong>pe.En conclusion auc<strong>un</strong>e <strong>de</strong> ces trois étu<strong>de</strong>s ne permet <strong>de</strong> conclure quant à la supériorité <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxdoses sur <strong>un</strong>e dose car les différences ne sont pas significatives. Mais, à l’exception <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>mexicaine, les taux <strong>de</strong> guérisons ne dépassent pas 70-75 % avec <strong>un</strong>e prise <strong>un</strong>ique etatteignent 90-95 % avec <strong>de</strong>ux prises. Dans les <strong>de</strong>ux <strong>cas</strong>, la 2 ème prise s’est faite 14 j<strong>ou</strong>rs aprèsla première.Haut Conseil <strong>de</strong> la santé publique 30
7.2.2 - Ivermectine lors d’épidémies <strong>de</strong> <strong>gale</strong>Des épidémies t<strong>ou</strong>chent régulièrement <strong>de</strong>s institutions telles que maisons <strong>de</strong> retraite, services<strong>de</strong> long séj<strong>ou</strong>r, établissements psychiatriques <strong>ou</strong> prisons. Des articles rapportant <strong>un</strong>edistribution large, simultanée à l’ensemble <strong>de</strong>s sujets et parfois du personnel d’ivermectine apermis l’éradication <strong>de</strong> ces épidémies [29,115]. Mais le niveau <strong>de</strong> preuve <strong>de</strong> l’efficacité <strong>de</strong>l’ivermectine en institution est considéré comme faible [102].7.2.3 - Gale hyperkératosiqueLe traitement <strong>de</strong> la <strong>gale</strong> hyperkératosique <strong>ou</strong> du sujet imm<strong>un</strong>odéprimé est difficile et nécessiteen général <strong>plusieurs</strong> applications <strong>de</strong> scabici<strong>de</strong> topique, exposant à <strong>de</strong>s problèmes d’intolérancecutanée <strong>ou</strong> <strong>de</strong> toxicité. En <strong>ou</strong>tre, la quantité considérable <strong>de</strong> parasite sur la peau expose à <strong>de</strong>séchecs du traitement topique. Quelques observations <strong>de</strong> <strong>gale</strong> hyperkératosique guéries grâce à<strong>de</strong>s traitements répétés par l’ivermectine seule ont été rapportées [116-118]. Mais le schémathérapeutique qui semble le plus efficace est l’utilisation d’ivermectine avec <strong>un</strong> scabici<strong>de</strong>topique et <strong>un</strong> kératolytique [119] Cependant auc<strong>un</strong>e étu<strong>de</strong> comparative ivermectine associée à<strong>un</strong> traitement topique versus chac<strong>un</strong> <strong>de</strong>s traitements cités n’a été réalisée.7.2.4 - Situations particulièresEnfin, dans certaines situations particulières (<strong>gale</strong>s survenant chez <strong>de</strong>s sujets atteints d’<strong>un</strong>e<strong>de</strong>rmatose bulleuse, patients ayant <strong>un</strong> déficit neurologique important ne permettant pasl’application optimale <strong>de</strong> scabici<strong>de</strong>s topiques), le traitement systémique s’est aussi avéré utile.7.2.5 - RésistancesL’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la résistance <strong>de</strong>s sarcoptes aux traitements est difficile à évaluer. Les échecscliniques peuvent avoir <strong>de</strong> multiples causes en <strong>de</strong>hors d’<strong>un</strong>e résistance au traitement, tellesqu’<strong>un</strong>e recontamination à partir <strong>de</strong> l’ent<strong>ou</strong>rage <strong>ou</strong> <strong>de</strong>s linges, <strong>ou</strong> la mauvaise réalisation <strong>de</strong>straitements topiques (Tableau 5) [120]. Quand à la résistance parasitologique, elle n’a étérecherchée que rarement par la réalisation <strong>de</strong> tests « maison » difficilement reproductibles. Les<strong>de</strong>ux premiers <strong>cas</strong> <strong>de</strong> résistance clinique à l’ivermectine, objectivés par <strong>un</strong>e étu<strong>de</strong> in vitroprovenaient <strong>de</strong> patients appartenant à la comm<strong>un</strong>auté aborigène d’Australie, comm<strong>un</strong>auté danslaquelle la <strong>gale</strong> sévit <strong>de</strong> façon endémique. Ces <strong>de</strong>ux patients s<strong>ou</strong>ffraient d’<strong>un</strong>e <strong>gale</strong>hyperkératosique et avaient reçu respectivement 38 et 50 doses d’ivermectine respectivement[121].L’ivermectine systémique constitue <strong>un</strong>e option complémentaire du fait <strong>de</strong> sa bonne tolérance et<strong>de</strong> sa simplicité d‘administration en <strong>un</strong>e prise à je<strong>un</strong>, permettant <strong>un</strong>e observance optimale parrapport au traitement topique plus fastidieux. Une majorité d’étu<strong>de</strong>s rapporte <strong>un</strong> taux élevéd’efficacité <strong>de</strong> l’ivermectine mais les résultats sont tellement variables d’<strong>un</strong>e étu<strong>de</strong> à <strong>un</strong>e autrequ’il est difficile <strong>de</strong> conclure. Une <strong>de</strong>uxième dose semble <strong>de</strong> t<strong>ou</strong>te façon préférable à <strong>un</strong>e dose<strong>un</strong>ique car l’ivermectine n’est certainement pas efficace sur les œufs <strong>de</strong> sarcoptes. Sonassociation avec <strong>un</strong> traitement topique mériterait d’être évaluée.Recommandations relatives à la conduite à <strong>tenir</strong> <strong>de</strong>vant <strong>un</strong> <strong>ou</strong> <strong>plusieurs</strong> <strong>cas</strong> <strong>de</strong> <strong>gale</strong>/Novembre 2012 31