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Numéro 65 - Le libraire

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Tout a commencé à Tunis, en décembre 2010. Désespéré par son intolérable situation, un jeune chômeur diplômé décide de s’immoler.Aussitôt, le peuple s’émeut et se révolte. Une vague de protestations s’étend dans le royaume tunisien. On réclame davantage de libertésciviles, on critique l’injustice, on crie son mécontentement. Émeutes, violences, appels à la liberté : le printemps arabe est en marche!Rapidement, les pays voisins s’enflamment. En Égypte, notamment, la colère des citoyens mène à la démission du président Hosni Moubarak.ÉgypteSur les tracesdes écrivainségyptiensParNora AtallaAlbert Cossery (1913-2008) ne doit pas non plus être oublié. Même s’il habite Parisdès 1945, son pays natal, l’Égypte, demeurera la plaque tournante de presque tousses romans. Cossery est habité de ses personnages, et eux de lui; colorés etexcentriques, il les manipule avec un style humoristique. On le connaît pour sesromans les plus récents, <strong>Le</strong>s couleurs de l’infamie (1999) et <strong>Le</strong>s fainéants dans la valléefertile (2004). Il a même écrit de la poésie, <strong>Le</strong>s morsures (1931), qui est désormaisintrouvable. Son œuvre a inspiré de nombreux artistes.Ce n’est qu’en 2009 qu’il m’a été donné d’aller en Égypte, que mes parents avaientquittée à la fin des années 1960. Une grande émotion m’envahit tandis que j’arpentais<strong>Le</strong> Caire, m’égarant dans le quartier musulman, jusqu’au Café El Fishawi à Khan El-Khalil, et sur Talaat Harb (autrefois Soliman-Pacha), jusqu’au Café Riche au centre-ville,deux endroits où, pendant de longues heures, traînait Naguib Mahfouz (1911-2006)pour écrire. Il y aurait, paraît-il, écrit en partie « La Trilogie du Caire » (version arabe :1956-1957; version française : 1987-1989); il a été le premier écrivain arabe à recevoirle Nobel de la littérature en 1988.Après avoir exploré l’Égypte pharaonique dans ses premiers romans, l’arrivée de laSeconde Guerre mondiale pousse Mahfouz à aborder plutôt l’histoire contemporainedu Caire. Dès lors, son œuvre très réaliste – comportant près d’une cinquantaine deromans et de recueils de nouvelles –, traduit les bouleversements sociaux de sonpays. Mieux que quiconque, il se fera le promoteur de la littérature nationale arabe,passant de sagas à des critiques sur le régime de Nasser. Bon nombre des grandsromans de Naguib Mahfouz ont été portés au grand écran.Autre écrivain à ne pas négliger, Robert Solé est né en Égypte en 1946, et s’est établien France à l’âge de 18 ans. Romancier, auteur d’essais historiques et chroniqueur del’Égypte ancienne et moderne, il écrit en français. C’est toute une mémoire qu’il nouslègue. Personne ne peut d’ailleurs oublier son premier roman, <strong>Le</strong> Tarbouche (PrixMéditerranée, 1992), qui reconstitue de façon attachante l’histoire d’une famillechrétienne dans l’Égypte du protectorat britannique. S’ensuivent <strong>Le</strong> Sémaphored’Alexandrie et La mamelouka, et plusieurs autres, dont le plus récent, La vie éternellede Ramsès II (Seuil), dont a parlé Robert Solé en avril dernier au Salon internationaldu livre de Québec.En parlant de poésie, n’oublions pas les regrettés Ahmed Zaki Abou Chadi, MustafaSadiq Al-Rafi'i, Ahmed Chawqi, Georges Henein, Joyce Mansour, Ibrahim Nagi etAhmed Rami qui ont été chantés par Oum Kalsoum.Du côté des femmes de lettres, on trouve très peu d’information à leur sujet. Nawâlel Saadâwi a commencé, dans les années 70, à aborder des sujets tabous, notammentl’excision, l’avortement, la sexualité, les sévices sexuels infligés aux enfants oul’oppression des femmes.Aujourd’hui, malgré la crise actuelle et les manifestations sanglantes qui ont eu lieuau Caire, j’aime à penser qu’il restera et naîtra encore en Égypte des poètes et desécrivains – et pourquoi pas des femmes? – pour nous la dépeindre avec passionet vérité, et que le Café Riche et le Café El Fishawi survivront pour les accueillir etles inspirer.Issue du milieu de la publicité et des communications, Nora Attala s’est pourtant tournée versla poésie. Sont-ce les gênes qui l’y ont poussée? Parce qu’en effet, cette poétesse native duCaire (d’origine grecque libanaise et franco-russe) est l’arrière-petite-nièce du traducteur descontes des Mille et une nuits ainsi que de sa femme, la prolifique écrivaine Lucie Delarue-Mardrus.Histoire de famille ou pas, Nora Attala a su se créer une place de choix dans le monde de lapoésie québécoise en publiant une quinzaine d’œuvres, dont certaines furent récompenséespar le prix Apollon d’Or et le Grand Prix de poésie de l’Union des poètes francophones. Depuisquelques années, elle occupe son temps entre ses enfants et des récitals de poésie, qui sontparfois accompagnés de musique jazzée.LE LIBRAIRE • JUIN-JUILLET 2011 • 45

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