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Numéro 65 - Le libraire

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PORTRAIT D’ÉDITEURR OBERTG IROUX<strong>Le</strong> visage du triptyque50 • LE LIBRAIRE • JUIN-JUILLET 2011Juin 1971. Robert Giroux en était à sa troisième année, à Paris,à peaufiner son doctorat sur Mallarmé lorsque son directeur dethèse lui a refusé la lettre dont il avait besoin pour entamer unenouvelle session à la Faculté de Vincennes. « Va faire quelquechose d’intéressant au Québec », lui a-t-il plutôt ordonné.Fou de rage, Giroux revint vers sa terre natale, sans savoir quecet homme venait pourtant de lui rendre le plus grand servicede sa vie…ParJosée-Anne ParadisRobert Giroux, de la maison d’édition montréalaise Triptyque, ne cadre pas avecl’idée qu’on se fait d’un éditeur stressé, en cravate et qui calcule la rentabilité dechaque mot. Non, cet homme de lettres,souriant et galant, a plutôt une étincelle dansles yeux et apprécie les rapports humains,notamment ceux qu’entretiennent l’auteur etl’éditeur : « Il doit y avoir une compatibilitéentre les deux, c’est important. Quand unauteur arrive chez Triptyque, il est pris encharge. On l’accueille, on l’encadre, et on luipermet ainsi d’accéder au milieu professionneldu livre, lequel mène parfois jusqu’aux prixlittéraires. » <strong>Le</strong> travail, pour Robert Girouxcomme pour son protégé, reste encore à faireconjointement : « On n’est pas des imprimeurs,on est des éditeurs. Et l’éditeur a desprétentions qu’il est prêt à défendre. » De plus,les différents membres de l’équipe ont tous uneplace importante : « Je souhaite que ceux-ciaient de l’initiative. Il ne faut pas que Triptyquesoit juste “Giroux”! », ajoute-t-il bienhumblement.Fertile trioEn 1980, alors que se profilait à l’horizon leréférendum sur la souveraineté québécoise, leprofesseur de lettres qu’était Robert Giroux sevoit offrir la direction de la maison Triptyque,fondée trois ans auparavant par desautodidactes de la contre-culture, passionnésde livres et loin de provenir du milieu élitisteuniversitaire : Paul Desruisseaux, RaymondMartin et Guy Melançon. À eux trois, ilsformaient les pans de ce fameux triptyque àl’origine du nom de la maison. Giroux accepte alors ce poste de direction, mais àune condition. Comme Triptyque s’intéressait principalement à la poésie etgravitait autour de la revue littéraire Moebius, la condition était que « la maisons’ouvre à d’autres discours littéraires, comme la fiction ».Son audace aura porté fruit puisque Triptyque, qui comprend aujourd’hui plus de715 titres, se concentre dorénavant sur trois grands axes : la fiction, la poésie etsa collection Chanson/Musique. Quelques polars (dont Tableaux maudits dePhilippe Bensimon et Peaux de chagrins de Diane Vincent) et des livres de référence(tels <strong>Le</strong> style en friche d’André Marquis, vendu à près de 10 000 exemplaires, etles différents ouvrages sur le français québécois et les anglicismes signés JeanForest), bonifient également leur catalogue. Et bien entendu, la revue littéraireMoebius paraît encore quatre fois l’an, et offre à des auteurs confirmés ou à denouveaux inspirés une vitrine pour qu’éclose leur talent de nouvellistes. <strong>Le</strong> plusrécent numéro, piloté par Jean-Simon DesRochers, a pour thème « <strong>Le</strong> nu » etcomprend notamment des textes de Nicole Brossard, Éric Gougeon et Elsa Pépin.De gauche à droite : Céline Couq, Raymond Martin, Julia Marinescu, Robert Giroux et Lucie Bélanger.© Alain Robillard-Bastien

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