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Iran: vers un espace public confessionnel? - Sciences Po

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<strong>un</strong>s des meilleurs quotidiens du pays, Salam, Hamshahri, Akhbar, <strong>Iran</strong>, Ettela’at, auprèsdesquels Resalat, l’organe de la droite conservatrice, fait pâle figure. Il est également significatifque, tout au long de la campagne, Hamshahri ait été quotidiennement disponiblesur le web (il y a même donné les premiers résultats le jour du dépouillement, quasimenten temps réel), quand Resalat accusait <strong>un</strong> retard de plusieurs semaines. La candidaturede Mohammad Khatami, mais aussi le dynamisme de sa campagne ont très rapidementchangé les termes d’<strong>un</strong>e situation que l’on avait pu croire définitivement fermée àl’avantage de Ali-Akbar Nategh Nouri, dès lors que l’éventualité d’<strong>un</strong>e troisième candidaturede Ali-Akbar Hachemi Rafsandjani, interdite par la Constitution, avait été définitivementabandonnée à l’automne 1996, que l’ancien premier ministre Mir Hossein Moussavi avaitrenoncé à se présenter et que la Société des enseignants de théologie de Qom s’étaitdéclarée en faveur du président du Parlement. Progressivement, le nouveau héraut desReconstructeurs et de la gauche a élargi son audience et amené <strong>un</strong> nombre croissant deforces à le soutenir. Certains membres de la Société des enseignants de théologie de Qomont ainsi fait savoir que la motion votée en faveur de Ali-Akbar Nategh Nouri en novembrel’avait été dans <strong>un</strong> contexte différent et dans <strong>un</strong>e certaine précipitation. De même le Guidede la Révolution a démenti, quelques jours avant le scrutin, avoir <strong>un</strong>e préférence pourl’<strong>un</strong> des quatre candidats en compétition. Quant à la mouvance des motalefeh 1 ou à laSociété du clergé combattant, elles s’étaient prononcées pour le président du Parlementen l’absence de quelques-<strong>un</strong>s de ses ténors, dont Ali-Akbar Hachemi Rafsandjani. Il étaitde notoriété publique que celui-ci souhaitait la victoire de Mohammad Khatami. Dans cesconditions, la candidature de Ali-Akbar Nategh Nouri s’est “ balladurisée ”, éventualitéqui avait été envisagée dès le début de 1996 tant celui-ci était sorti tôt du bois 2 . A biendes égards, les résultats des législatives de mars-avril 1996 avaient annoncé cet échec 3 .Loin de remporter le triomphe dont on l’a alors créditée, la droite conservatrice avait perduson hégémonie au sein du Parlement et, même si elle y restait majoritaire, elle devaitdésormais composer avec <strong>un</strong>e cinquantaine d’élus de gauche, <strong>un</strong>e septentaine de Reconstructeurset <strong>un</strong>e trentaine d’indépendants. Le Khorassan avait déjà envoyé <strong>un</strong>e dizainede députés de gauche sur 25 élus. Le 7 février 1997, les élections partielles dansdi<strong>vers</strong>es circonscriptions avaient également confirmé cette orientation du vote, en particulierà Ispahan.En deuxième lieu, la candidature de Mohammad Khatami s’est avérée cristalliser surla scène politique certaines transformations profondes de la société iranienne. Non quel’on doive opposer de façon simpliste cette dernière au “ pouvoir ” ou au “ régime ”. Toutela force de Mohammad Khatami est justement venue de ce qu’il cumulait les qualitésde l’homme du sérail, proche de Ali-Akbar Hachemi Rafsandjani, et celles de l’outsider,l’honorabilité islamique de l’hodjatoleslam et le prestige de l’<strong>un</strong>i<strong>vers</strong>itaire, les lettres de1 Courant politique des années soixante, il représente aujourd'hui la composante la plus importante de la droiteconservatrice et regroupe des hommes d'affaires, des bazari, des intellectuels, des ministres et des clercsde rang intermédiaire.2 F. Adelkhah, " Ebullition préélectorale en <strong>Iran</strong> ", La Croix, 10 janvier 1996.3 F. Adelkhah, Les élections législatives en <strong>Iran</strong>. La somme des parti(e)s n'est pas égale au tout..., Etudesdu CERI n 18, juillet 1996.Les Etudes du CERI - n ° 27 - juin 1997 3

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