FRANZ LISZT - nca - new classical adventure

également les indications très précises, par exemple
quant aux différents types de baguettes à utiliser.
La manière dont Liszt exploite les ressources de
l’instrumentation afin de réaliser musicalement
un programme poétique se laisse étudier de façon
exemplaire dans la « Symphonie Dante » créée à
Dresde en 1857. Dans la partie Inferno, les violents
contrastes entre les sombres tutti d’orchestre,
dominés par les cuivres, et les passages marqués par
les soli de clarinette basse et de cor anglais sont
mis en évidence avec vigueur. Chez Liszt (de même
que chez Berlioz et Wagner), le cor anglais évoque
souvent les réminiscences d’un passé regretté.
Les glissandi de la harpe laissent penser aux
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« figures fantomatiques surgissant de l’Enfer de la
malheureuse Francesca da Rimini et de son amant »
(Richard Strauss). À la scène d’amour qui s’ensuit,
de même qu’au procès de purification dépeint dans
la partie Purgatorio et à l’evocation conclusive du
Paradis, Liszt a su conférer, grâce notamment au
traîtement extrêmement différencié des bois et à la
division des cordes, une plasticité de l’expression et
une force dramatique hors du commun.
Klaus Aringer
FRANZ LISZT (1811-1886)
Une symphonie d’après la Divine Comédie de
Dante pour choeur de femmes et orchestre
Inferno
Purgatorio – Magnificat
L’immense poème épique qu’est la Divina
Commedia ou Divine Comédie a été écrit par le
poète et philosophe florentin Dante Alighieri
(environ 1265-1321). Commencé vers 1307 et
achevé peu de temps avant la mort du poète,
l‘ouvrage qui représente, en tant que premier
grand texte poétique en langue italienne, l’un
des majeurs monuments littéraires, est considéré
aujourd’hui comme l’un des plus grands – sinon
le plus grand – chefs-d’œuvre de la littérature
italienne, voire comme l’une des plus importantes
réalisations de la littérature universelle. Dans la
Divine Comédie, Dante fait le récit d’un voyage
dans l’au-delà accompli par lui-même, voyage qui
lui était devenu nécessaire « car la voie droite était
perdue » et qui vise donc la purification de l’âme.
Le fait qu’il lui a été accordé d’accéder vivant au
Franz Liszt (1843)
monde des morts est perçu par le personnage du
voyageur comme une grâce immense. Guidé par
le poète romain Virgile, Dante se met d’abord à
traverser l‘Enfer (Inferno), à partir des Limbes
où demeurent les coupables sans faute – les
enfants non-baptisés et les poètes et penseurs
de l’Antiquité – jusqu’au plus profond de l’Enfer
où Lucifer écrase entre ses dents les trois archi-
traîtres Judas, Brutus et Cassius. Ensuite, Dante et
Virgile abordent le deuxième règne de l’au-delà,
le mont du Purgatoire (Purgatorio). Chaque âme
occupant ici une place relative à son péché, les
personnages qu’ils croisent durant leur montée
deviennent de plus en plus nobles au fur et à
mesure que les deux voyageurs s’approchent du
sommet. Arrivé sur la cime du mont du Purgatoire,
Dante est accueilli par Béatrice, femme angélique
idéalisée qui vient prendre la place de Virgile pour
le guider au Paradis (Paradiso) où il parvient enfin
à la vision lui accordée de la Trinité et de Dieu.
La Divine Comédie de Dante reflète l’univers de la
pensée du Moyen Âge tardif dans sa totalité. L’au-
delà dantesque est peuplé de figures mythologiques,
d’artistes, de savants et de nombreux personnages
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