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FRANZ LISZT - nca - new classical adventure

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qui habitaient la Florence contemporaine et qu’on<br />

ne connaît plus aujourd’hui que par les vers du<br />

poète.<br />

Sur le plan formel, la Divine Comédie se caractérise<br />

par une grande cohérence harmonieuse. Áprès un<br />

premier chant introductif, le voyageur va traverser<br />

l’Enfer, puis le Purgatoire et enfin le Paradis,<br />

chacune des sections comportant 33 chants (canti).<br />

En plus, chacun des trois règnes de l’au-delà est<br />

articulé en neufs degrés successifs. La versification<br />

utilise exclusivement une forme strophique dite<br />

terza rima, ou rime tierce, composée de vers<br />

hendécasyllabiques regroupés en tercets à rime<br />

enchaînée.<br />

56 57<br />

Quant à Franz Liszt, la Divine Comédie lui était<br />

familière depuis ses années à Paris. Vers la fin des<br />

années 1830, durant ses années de voyage en Italie,<br />

il se livra, avec Marie d’Agoult, son amante et muse,<br />

à une lecture plus intense des œuvres poétiques de<br />

Dante et de Petrarque. C’est peu de temps après<br />

que virent le jour les premières esquisses de ce que<br />

deviendra la « Sonate Dante » ; achevée en version<br />

définitive dès l’année 1849, cette œuvre pour piano<br />

ne sera cependant publiée qu’en 1861.<br />

Pourtant, c’est en 1847 déjà que Liszt avait noté<br />

ses premières idées pour une symphonie d’après<br />

la Divine Comédie. En 1855, à Weimar, venant<br />

d’achever la première version de sa « Symphonie<br />

Faust », il se mit enfin à la composition qui paraît<br />

avoir été achevée déjà en 1856. S’inspirant des<br />

illustrations de la Divine Comédie par Bonaventure<br />

Genelli (plusieurs séries d’images qui virent le jour<br />

entre 1840 et 1846), Liszt avait originellement<br />

l’intention de faire projeter sur un écran, moyennant<br />

le diorama récemment inventé, les images de Genelli<br />

pour les faire accompagner de sa musique. Cette<br />

idée novatrice fut finalement écartée, de même que<br />

le projet de construire une machine à vent destinée<br />

à être employée dans la partie Inferno.<br />

L’œuvre connut une première représentation<br />

désastreuse (car insuffisamment répétée) à<br />

Dresde en 1857, mais gagna progressivement en<br />

reconnaissance dans les années à suivre. En 1859,<br />

Liszt en rédigea lui-même une transcription pour<br />

deux pianos.<br />

À la différence de la « Sonate Dante », la symphonie<br />

est conçue en plusieurs mouvements. Originellement,<br />

Liszt paraît avoir projeté de consacrer un mouvement<br />

à chacune des trois parties de l’ouvrage dantesque.<br />

Wagner, avec qui Liszt discutait son projet par<br />

lettre, lui déconseilla, en 1855, de composer un<br />

« Paradiso », soutenant qu’il n’est pas dans les<br />

capacités humaines, ni dans celles de la musique,<br />

de pressentir et de décrire les magnificences du<br />

Ciel. La question reste indécise de savoir dans quelle<br />

mesure les objections de Wagner ont réellement<br />

influencé les choix de Liszt. On constate néanmoins<br />

que dans la version réalisée, la symphonie n’a en<br />

effet que deux mouvements, avec à la place du<br />

« Paradiso » un Magnificat pour choeur de garçons<br />

ou de femmes qui enchaîne immédiatement avec<br />

le « Purgatorio » et qui, au lieu de détailler les joies<br />

du Paradis, se borne à les laisser deviner. En faisant<br />

intervenir la voix humaine qui signale à l’auditeur<br />

l’aboutissement à une qualité fondementalement<br />

nouvelle et différente, Liszt réussit en tout cas un<br />

coup de génie contre l’argument de Wagner à qui la<br />

partition est tout de même dédiée.<br />

La partition de « Inferno » s’ouvre sur de poignants<br />

appels de trombones. Il s‘agit là d’une triple dévise<br />

modelée sur ces vers du 3e chant citant l’inscription<br />

gravée au-dessus de la porte de l’Enfer :<br />

Per me si va nella città dolente<br />

Per me si va nell’ eterno dolore<br />

Per me si va tra la perduta gente<br />

(dans la traduction de l’Abbé Lammennais,<br />

contemporain de Liszt : Par moi l’on va dans la cité des<br />

pleurs ; par moi l’on va dans l’éternelle douleur ; par moi<br />

l’on va chez la race perdue.)<br />

Les cors et les trompettes y répondent par un<br />

leitmotiv auquel est associé le vers final de<br />

l’inscription, reproduit sur la partition à chaque<br />

apparition du motif :<br />

Lasciate ogni speranza, voi ch’entrate!<br />

(Vous qui entrez, laissez toute espérance.)<br />

Dans « Inferno », mouvement de forme sonate<br />

modifiée, Liszt met en œuvre tous les moyens à<br />

sa disposition pour représenter musicalement les<br />

feux d‘enfer et les tourments infernaux (« … des<br />

paroles de douleur, des accents de colère, des voix<br />

hautes et rauques, et avec elles un bruit de mains,<br />

faisaient un fracas qui sans cesse tournoie dans<br />

cet air à jamais ténébreux »). Comme déjà dans<br />

français

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