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LE JOURNAL D'ASIE par HENRI FROMENT-MEURICE ... - Geopolitis

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Lucet a sans doute raison. C’était peut-être maladroit. Mais lui-même craint trop <strong>par</strong>foisque nous ne fassions de la peine aux Américains. En novembre, après le discours Nixondu 3, il <strong>par</strong>aissait désolé que nous n’approuvions pas ses déclarations.Bref, il faut trouver un terrain sur lequel Pompidou puisse affirmer notre position sanspour autant rompre des lances avec Nixon.Lucet confirme que Kissinger est très dur, beaucoup plus que Rogers.J’adore Charles Lucet. C’est l’un des hommes les plus fins que je connaisse.19 janvier2 janvier – Conversation avec Lipkowski. En vue de son entretien le 6 avec Pompidou, ildésire me consulter sur la Chine, le Vietnam, les initiatives à prendre. Je lui dis que levoyage Pompidou à Washington ne doit pas se traduire <strong>par</strong> un alignement de la positionfrançaise sur celle des Etats-Unis. Nous devons et pouvons faire des propositionsconcrètes aux Américains. S’ils les prennent, tant mieux ; s’ils les refusent, tant pis, maisdu moins aurons-nous vis-à-vis de Hanoi et de Pékin sauvegardé la continuité de notrepolitique vietnamienne. Je lui dis que j’ai un papier en pré<strong>par</strong>ation depuis 3 semaines surl’initiative à prendre : je trouve que notre inaction risque de nous faire perdre le crédit quenotre action passée nous a valu et que nous devrions bouger.Lipkowksy s’excite, approuve.Le 7, il me rappelle pour me raconter son entretien avec Pompidou. Celui-ci a toutapprouvé, <strong>par</strong>aît-il, et demande des suggestions. Lipkowski : « C’est votre tête et lamienne qui sont en jeu. Nous perdons la face, si nous n’accouchons de rien. » Je lerassure, mais pourquoi est-il toujours aussi excité ?Le soir, il raconte cela chez le Ministre. Accueil sceptique de Beaumarchais, Alphand.Schumann, <strong>par</strong>aît-il, l’est moins. Il dit aussi que Pompidou est d’accord pour une aideéconomique à Hanoi et quand Lipkowski lui <strong>par</strong>le de réticences de Giscard : « C’est icique se fait la politique étrangère. »Lucet qui assiste à la conversation et que j’ai vu à son arrivé de Washington, est assezaffolé. Il craint qu’on ne brouille les cartes avec Nixon, qu’on l’agace inutilement. Ils’inquiète d’apprendre que dans son discours au Congrès Pompidou veut critiquer lavietnamisation. Il supplie qu’on ne lui <strong>par</strong>le pas de changer Thieu.Les jours suivants, je m’enferme et j’accouche le 12 d’un papier qui passe en revue toutesles initiatives possibles. Surtout deux hypothèses : réunion d’une Conférence élargie,suggestions dans le cadre de la présente Conférence (type Jarring). J’opte plutôt pour laseconde et présente un plan de règlement <strong>par</strong> étapes.Pour l’entretien Pompidou – Nixon, je suggère que Pompidou insiste sur les pointssuivants : nécessité pour Nixon de s’engager sur la voie de la reconnaissance du principedu retrait américain, en abandonnant le principe de retrait mutuel, mais en cherchant à sefaire donner des indications précises sur la substance du point 3 (arrangements relatifsaux forces vietnamiennes) ; nécessité pour Nixon de préciser que le gouvernement deSaigon n’organisera pas les élections ; désignation d’un successeur à Cabot Lodge ;modification de la représentation sud-vietnamienne à Paris <strong>par</strong> désignation d’unedélégation de caractère fortement politique.Il me <strong>par</strong>aît extrêmement peu vraisemblable que Nixon accepte de s’engager sur cettevoie, car dans l’immédiat je le crois très obstiné sur sa position. Pour lui, c’est aux autresà faire un pas en avant. Mais je crois important pour Pompidou qu’il puisse faire savoirqu’il a présenté des suggestions constructives, sans pour autant qu’elles soientprovocantes pour Nixon. Notre crédit sera préservé.Schumann a accepté quelques jours plus tard de transmettre mes propositions à l’Elysée.Il reste à obtenir que Pompidou ne les néglige pas et en retienne au moins quelque chose.Lipkowski me dit, le 20, quelques compliments sur ce papier : il se sent personnellementsoulagé.Le 9, je vais voir Madame Binh à Verrières le Buisson. Je la trouve pâlotte et fatiguée,mais il est évident que, si elle voulait siéger avenue Kléber, elle le ferait. L’entretien duredeux heures.Le point le plus important : ce que j’arrive à extraire d’elle sur le point 3 : « Vous medemandez quand auront lieu ces négociations entre <strong>par</strong>ties vietnamiennes et si ellesdevront avoir pris fin avant la fin des hostilités ; je ne puis rien vous dire de précis, maiss’il est nécessaire qu’elles soient achevées pour que cessent les hostilités, il faudra fairecela. » Je n’ai jamais obtenu rien de plus précis, dans aucune conversation antérieure.Le 20, je relate à Habib ces entretiens avec Ha Van Lau et Madame Binh. Il convient queles propos de Madame Binh sont, sur ce point, sans précédent.Pour le reste, Madame Binh tient ferme sur l’impossibilité de <strong>par</strong>ler avec Thieu, sur lanécessité d’un Gouvernement de coalition. Précision négative en un sens : les accordsn’auront pas à préciser la date ni les modalités des élections ; ceci sera l’œuvre duGouvernement de coalition.N’empêche : sur le fond des choses, je persiste à sentir une souplesse possible. La clef

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