13.07.2015 Views

LE JOURNAL D'ASIE par HENRI FROMENT-MEURICE ... - Geopolitis

LE JOURNAL D'ASIE par HENRI FROMENT-MEURICE ... - Geopolitis

LE JOURNAL D'ASIE par HENRI FROMENT-MEURICE ... - Geopolitis

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Il me dit aussi que les Etats-Unis ne veulent pas négocier avec le Front <strong>par</strong> notreintermédiaire.2 avrilLe Theule fait à la sortie du Conseil des Ministres des déclarations tout à fait inutiles,rapportant des propos optimistes de Debré : « des indices favorables à la paix se sontproduits ces derniers temps. »Aussitôt les Américains réagissent, <strong>par</strong>lent de « fausses illusions ». Dean bondit auDé<strong>par</strong>tement : « à quoi M. Debré fait-il allusion ? » Je charge Bolle de le noyer dans unnuage de fumée.La vérité est que Debré a commenté la note que je lui ai faite en la teintant, me semble-til,d’un optimisme plus marqué que le mien. Mais surtout le Général a vu Nixon.4 avrilJe vois Debré, lui raconte l’effet des déclarations Le Theule et lui dit qu’il vaudrait mieuxse montrer discret. Il en est bien d’accord et se montre un peu irrité.Puis je lui demande ce qui est sorti de l’entretien entre le Général et Nixon (en fait je lesavais déjà, <strong>par</strong>ce qu’Alphand m’a lu le compte-rendu la veille). Il en a retenu deuxchoses : d’abord que Nixon a déclaré vouloir la paix et se donner un certain temps (un an,pense Debré), ensuite qu’il pré<strong>par</strong>e une nouvelle proposition qu’il fera assezprochainement. Quant au Général, il a de nouveau conseillé un geste « courageux » : queles Etats-Unis retirent leurs troupes.Je dis à Debré qu’à mon avis le temps serait venu pour nous de tracer le cadre, plusvaste, du désengagement américain, qu’il ne suffit pas de dire aux Etats-Unis : « voyez ceque nous avons fait en Algérie », <strong>par</strong>ce qu’ils répondront : « voyez le résultat, lesSoviétiques ont pris votre place et construisent des bases de fusées », et qu’il faut <strong>par</strong>conséquent leur montrer qu’un désengagement ne signifie pas l’abandon. Pour cela, il fautproposer un vaste plan de neutralisation du Sud-Est asiatique.Debré est d’accord et me demande de le faire réfléchir sur le sujet.Il me donne également son accord pour que nous <strong>par</strong>lions davantage avec lesSoviétiques, notamment du Laos, pour que nous examinions si Ross peut jouer un « rôlede truchement » entre Souvanna Phouma et Souphanouvong.Il me conseille également de <strong>par</strong>ler avec les Chinois et de voir si l’on peut avoir avec euxdes conversations politiques intéressantes.Je lui <strong>par</strong>le à ce propos de l’extravagant article de Dadiants appelant, dans « le Monde »,tout l’Occident à s’unir derrière l’URSS pour défendre « la frontière de l’Oussouri » etcom<strong>par</strong>ant Mao à Hitler. Nous n’avons pas à nous laisser entraîner dans ce jeu, quelleque soit l’importance, pour nous, de nos relations avec les Soviets. Il est aussi d’accordlà-dessus.Je vois Lam, le chef de la délégation de Saigon. Il me rappelle que nous nous y sommesconnus il y a quinze ans.Il me demande ce que je pense de l’état actuel des choses. Je réponds que je ne voisguère de progrès à la table de conférence, ce qui n’exclut pas des signes extérieurs quidonnent à penser que dans l’ensemble les esprits sont plus orientés vers la solutionpolitique que vers la solution militaire. Il me semble trouver que je minimise lesconcessions faites <strong>par</strong> Saigon. Je ne veux pas en effet que nous <strong>par</strong>aissions cautionnerles propositions de Thieu et vendre sa salade.J’ai eu deux conversations intéressantes avec Chauvel et Laloy. Tous deux estiment :d’abord que nous n’avons pas tellement intérêt à nous mêler de la négociation au stadeactuel, c’est-à-dire à avancer des solutions ; ensuite que nous n’avons pas à nouspréoccuper de sauver le régime de Saigon ; enfin que, si nous pouvons faire accepter unezone neutre du Sud Est asiatique <strong>par</strong> des communistes, ce sera très important. Dégager lapossibilité d’un régime communiste neutre, dit Laloy, serait du plus haut intérêt.J’avais dit aussi à Debré que je souhaitais que nous ne donnions pas aux gens du Nord etdu Front l’impression que nous nous rapprochions des Américains et que nous écoutionsd’une oreille complaisante tout ce qu’ils nous disaient sur la volonté de paix de Nixon etde Thieu. Pouvais-je leur dire que notre position n’avait pas changé ? « Vous pouvez, m’arépondu Debré, leur dire trois choses : que le Général, <strong>par</strong>lant à Nixon, a remis l’accentsur la nécessité d’en terminer rapidement, que nous sommes favorables à desmodifications dans l’équipe et que nous estimons toujours qu’il ne faut pas sé<strong>par</strong>er lesproblèmes politiques et militaires. »9 avrilDean me dit en substance : l’important, c’est d’avoir des contacts privés. Mais comment yarriver ?

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!