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LE JOURNAL D'ASIE par HENRI FROMENT-MEURICE ... - Geopolitis

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Thang ne nous a pas caché que Thieu voulait se débarrasser de Ky.J’ai compris qu’à cause de Ky, Lam, le chef de la délégation de Saigon à la conférence,ne savait pas tout. Thang dit lui avoir caché sa présence : c’est commode pour nous !24 marsJ’ai transmis le message de Nguyen Cao Thang à Mai Van Bo et à Nguyen Van Tien duFront. Ils m’ont <strong>par</strong>u connaître le personnage et ne pas réagir défavorablement. Ils se sontenquis toutefois des pouvoirs exacts du personnage. Je leur ai dit que, bien évidemment,il n’y avait pas de lettre l’accréditant.Cela étant, j’espère que nous n’avons pas à faire à un mégalomane.J’ai profité de mon entretien avec Mai Van Bo pour revenir sur la conversation Pham VanDông – Quirielle. Il m’a confirmé qu’il n’y avait pas de tournant dans l’attitude de Hanoi : «Nous constatons que Nixon intensifie la guerre ; donc nous usons de notre droit à légitimedéfense ; <strong>par</strong> conséquent, si les Américains veulent que les conversations aboutissent, ilsdoivent renoncer à négocier à <strong>par</strong>tir d’une position de force. »Bo m’a dit aussi qu’il y avait eu rencontre entre Lodge et Xuan Thuy (chef de la délégationde Hanoi). Lodge aurait évoqué « l’understanding » qui serait intervenu lors de lacessation des bombardements. Thuy a nié qu’il y en eût jamais un. La cessation avait étéinconditionnelle.L’homme du Front m’a intéressé. Il a été dans la résistance pratiquement sans interruptiondepuis son adolescence. Ce n’est que de 1954 à 1959 qu’il a habité au grand jour àSaigon. Mais fin 59, il reprend le maquis. C’est seulement fin 60, après la constitution duFront, dit-il, que le Nord a commencé à aider le Sud. Sa résistance serait donc spontanée.Dirigée contre Diem et la non–application des accords de Genève, elle serait en somme lerésultat de la déception de ceux qu’il appelle « les anciens combattants ».Debré m’a appelé dans la soirée pour me demander où j’en étais avec Thang.Je lui ai demandé ce qu’il voulait que nous fassions pour la reprise avec Saigon. Il m’aconseillé d’écrire à Giovangrandi pour l’informer que nous serions prêts à discuter dudossier économique. Pour la politique, il est plus réservé.Il me semble, pour ma <strong>par</strong>t, que nous ne devons pas reprendre les relations diplomatiquesavec le Sud. Ce serait nous déséquilibrer vis-à-vis du Nord et provoquer le Front.Le Conseiller soviétique est venu m’expliquer que l’incident de l’Oussouri prouvait que laChine était susceptible d’employer la force. Je ne me suis pas laissé entraîner sur ceterrain.Il est clair que les Soviétiques exploitent l’affaire à fond pour ameuter le monde entiercontre la Chine. Ils jouent du péril jaune et se présentent dans toute l’Asie comme lesgrands défenseurs des petits pays menacés <strong>par</strong> les méchants Chinois. Ça doit prendreassez bien. Mais peut-être pas autant qu’ils l’espèrent.26 marsJ’ai convoqué ce matin Thang pour lui dire que j’avais transmis son message. Mai Van Boa demandé à me voir samedi 29. C’est un peu tard. Pourquoi ?Entre temps, Thieu a fait des déclarations tonitruantes à Saigon : acceptationinconditionnelle de contacts secrets avec le Front, accent mis sur la solution politique,silence sur toute escalade militaire, possibilité pour le Front, après dissolution, de seconstituer en un <strong>par</strong>ti politique. C’est un progrès sérieux.Mais, dans l’immédiat, cela complique le contact envisagé : Ha Van Lau et le Front, enacceptant le contact envisagé, ne vont-ils pas penser qu’ils s’engagent à accepter lespropositions de Thieu ? Thang pense qu’il faudrait leur faire comprendre qu’il n’y a pas delien.L’homme du Front me fait dire qu’il veut me voir demain. Je crains qu’il ne refuse lecontact ou n’exige des conditions inacceptables, d’ordre « protocolaire ».L’Ambassadeur du Laos me dit qu’il sort de chez Tricot auquel il a remis une lettre deSouvanna Phouma pour le Général, lui demandant son appui pour faire cesser lesactivités militaires du Viet-Minh au Laos.28 marsHier l’homme du Front est venu m’apporter sa réponse. Elle est, bien entendu, négative. «Nous étions en train d’étudier quand Thieu a fait ses déclarations publiques. »Je lui ai demandé si la réponse aurait été différente au cas où Thieu n’aurait pas fait cesdéclarations. Ce qu’il m’a répondu n’était pas négatif. « Nous ne sommes pas contre descontacts privés, mais à condition qu’ils soient utiles. Or nous ne pensons pasqu’actuellement, avec les intentions manifestées <strong>par</strong> Saigon, ils puissent l’être. »J’en ai conclu que dans d’autres conditions ils pourraient l’être. Aussi ai-je demandé sices contacts pourraient être pris même dans la situation existant actuellement à Saigon,

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