13.07.2015 Views

LE JOURNAL D'ASIE par HENRI FROMENT-MEURICE ... - Geopolitis

LE JOURNAL D'ASIE par HENRI FROMENT-MEURICE ... - Geopolitis

LE JOURNAL D'ASIE par HENRI FROMENT-MEURICE ... - Geopolitis

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

nord-vietnamiennes.Optimisme tel et si fort en contradiction avec le récit fait <strong>par</strong> l’autre <strong>par</strong>tie, dit Schumann,que, malgré les failles et les contradictions que j’ai pu noter dans ce dernier, l’on peut sedemander si K. ne se fait pas des illusions.J’interroge S : tout ceci est très intéressant, mais qu’a dit Pompidou à Nixon ? J’ai envérité le sentiment que S. n’en sait pas grand chose. Car il m’explique qu’au beau milieude l’entretien entre Pompidou et Nixon, celui-ci a pris un tour tellement secret que l’on amême fait sortir Andronikov, ne laissant sans doute comme interprète que le GénéralWalters. En conséquence le compte-rendu Pompidou-Nixon que S. a lu ne comporte riend’intéressant sur le Vietnam.Néanmoins, ajoute S., le Vietnam a joué un grand rôle, je dirais même un rôle décisif. Enfait, Nixon non seulement a <strong>par</strong>faitement admis notre position indépendante, mais nous enest extrêmement reconnaissant. Lorsqu’il a dit que l’on pourrait être amis et alliés, tout enayant des positions différentes, c’est autant sinon plus au Vietnam qu’au Proche Orientqu’il pensait.Autres précisions, si l’on peut dire : Rogers ne sait toujours rien ( !) si bien que Pompidoua pu dire au Conseil des Ministres que s’il lui arrive de ne pas avoir dit quelque chose auMinistre des Affaires Etrangères, c’est <strong>par</strong> oubli, tandis que s’il arrive à Nixon de direquelque chose à Rogers, c’est <strong>par</strong> erreur.S. me demande d’essayer de voir Mai Van Bo et je comprends qu’il souhaiterait que jetâche de savoir où l’on en est du côté de Hanoi afin d’en informer Kissinger et Nixon avantle 16. Je vais essayer, mais Bo me dira-t-il quelque chose si je ne lui dis rien concernantce que Pompidou a dit à Nixon ? Je demande à S. ce que je puis en dire. En vérité rien detrès concret. Puis-je au moins dire que Pompidou a émis des doutes sur la vietnamisation? Oui, cela c’est vrai. Qu’il a <strong>par</strong>lé d’une formule pour le retrait ? Non, cela ne serait pashonnête.Je vois demain Jean-Bernard Raimond et vais tenter d’avoir quelque chose de plus précis.10 marsDéjeuner à l’Elysée pour Sihanouk.Schumann me dit qu’il a demandé ce matin à Pompidou, comme je le lui avais demandé,ce que je puis dire aux Nord-Vietnamiens des entretiens Pompidou-Nixon.Réponse. Nous avons l’impression que les Américains, qui ont commencé à effectuer desérieux retraits, suivent avec la plus grande vigilance vos « infiltrations » et constatentleur diminution. Si celles-ci se poursuivent, nous pensons qu’ils sont prêts à accroîtreleurs propres retraits et à redonner de l’impulsion aux conversations de Paris.Je demande ce que l’on peut dire exactement au sujet du principe du retrait mutuel : lesAméricains sont-ils prêts à l’abandonner ? Je doute que l’on puisse aller jusque là. S. mele confirme. Il faut demeurer prudent, mais il lui <strong>par</strong>aît assez clair que ce qui intéresse lesAméricains, c’est la diminution des infiltrations.Dans tout cela, pas un mot sur la question politique.S. me dit qu’il a lu le compte-rendu. Je lui demande si Pompidou a développé nos vues àNixon. A franchement <strong>par</strong>ler, me dit-il, comme Pompidou savait que la première entrevueavait eu lieu et qu’une seconde suivrait, il n’a pas beaucoup poussé la conversation.S. me confirme que Pompidou a vu Kissinger la veille de son dé<strong>par</strong>t, après l’entrevue avecLe Duc Tho. La prochaine sera organisée non plus avec l’aide matérielle du Quai, maisdirectement à l’Elysée <strong>par</strong> Jobert : souci de renforcer le secret ? Sans doute. Mais commeP. ne peut pas voir K. à chaque fois, c’est S. qui devrait le voir. Pour l’instant, on n’aencore rien.Mon sentiment profond est que P. est satisfait de constater que N. a repris les contacts etest décidé à poursuivre les retraits et qu’il n’a pas l’intention de rompre des lances sur leVietnam avec les Etats-Unis.11 marsEntretien en tête-à-tête avec Sihanouk ce matin. Voix de tête quasi insupportable. Noussommes seuls : pourquoi hurle-t-il comme dans un stade ? Pourtant dans la pièce necesse de tourner un personnage barbu : a-t-il peur que j’assassine son Prince ?Sihanouk me <strong>par</strong>le de son article dans « Preuves » qui a tant surpris : quasi proaméricain.Il ne <strong>par</strong>aît pas ému outre-mesure <strong>par</strong> les manifestations anti-vietnamiennes qui ont éclatéen province.Il doit <strong>par</strong>tir le lendemain <strong>par</strong> la route pour Prague, puis Moscou et Pékin.Le personnage me laisse une impression bizarre : est-il sérieux ?Il me donne en cadeau des disques de sa propre musique.C’est le one-man show intégral.Raimond me donne quelques indications sur la <strong>par</strong>tie du compte-rendu Pompidou-Nixon

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!