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LE JOURNAL D'ASIE par HENRI FROMENT-MEURICE ... - Geopolitis

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égime. Les Américains doivent <strong>par</strong>tir en emmenant dans leurs bagages leurs valets.Ce matin Mai Van Bo, que j’avais fait venir pour lui dire au fond que notre attitude n’avaitpas changé, que nous continuions de maintenir toutes nos idées, que de Gaulle avait dit àNixon qu’il fallait en finir rapidement, que nous étions pour un Cabinet de Paix et quenous ne pensions nullement à reprendre des relations avec Saigon, m’a confirmé qu’il n’yavait eu aucun progrès au cours des entretiens secrets. (Dean devait préciser un peu plustard qu’il n’y en avait pas eu de nouveaux depuis fin mars). Il estime que les déclarationsde Thieu exigeant la dissolution du Front sont insolentes et qu’étant donné cette position,il n’est pas possible d’entrer en contact avec les représentants de Thieu. Il faut donc unCabinet de Paix, qui mène à un gouvernement de coalition. Il faut aussi que les Etats-Unisdiscutent avec le Front.Nous avons <strong>par</strong>lé aussi du retrait mutuel des forces. J’ai l’impression que là il s’agit d’unequestion de principe. Le Nord refuse de <strong>par</strong>ler de retrait mutuel, car ce serait mettre sur lemême plan Américains et Nord-Vietnamiens. Mais ils sont d’accord pour reconnaître qu’il ya un problème du retrait.Dean m’a dit que le communiqué de l’Ambassade américaine à Saigon mentionnantl’hypothèse d’une absence d’accord sur un retrait mutuel était certes important, mais qu’ilavait ordre de ne pas le commenter.16 avrilDéjeuner chez Shriver avec Cabot Lodge pour le dé<strong>par</strong>t de Manac’h, en fait pour marquerle dégel entre Lodge et le Quai d’Orsay. Il est clair qu’entre les deux Américains, en toutcas, le dégel n’est pas encore venu. Quant au nôtre, je n’y compte guère. Derrière sesamabilités Lodge est pincé. Nous <strong>par</strong>lons très peu du Vietnam, mais assez pour qu’ilm’explique toute la confiance qu’il a en Thieu. Il ne <strong>par</strong>aît nullement pressé.De son côté, Shriver, plein de bonne volonté, m’explique que les Américains vont sedésengager, réduire leurs effectifs et consolider Thieu qui est vraiment un homme trèsremarquable : on laissera ensuite le Front et Saigon se débrouiller.Cette politique me <strong>par</strong>aît stupide. Jamais Hanoi n’acceptera d’entrer dans ce jeu etpréférera intensifier la guerre pour retenir les Américains plutôt que de se prêter à unesorte de retrait semi-négocié, abandonnant le Front à une armée sudiste renforcée. Toutcela est simpliste. Les Américains doivent comprendre qu’il leur faut boire la coupejusqu’à la lie et avoir le courage de négocier un accord politique.Lettre très chaleureuse du Prince Buu Loc : il me dit des choses si aimables que j’ai peineà le croire sincère. Mais quel rôle joue-t-il aujourd’hui, ce malheureux homme ?Lettre de Au Truong Thanh auquel j’avais écrit que je souhaitais poursuivre avec lui ledialogue commencé avec Manac’h.Réunion chez Debré sur l’Indochine.Il aurait tendance, sous la pression des milieux d’affaires, à vouloir rétablir les relationsdiplomatiques avec Saigon, une fois réglé le contentieux économique. Soutenu <strong>par</strong>Alphand et Beaumarchais, j’ai bloqué. Mai Van Bo m’a prévenu : ce serait un désastrepour notre position générale.Je pousse à ce que l’on dise au Nord que nous <strong>par</strong>ticiperons à sa reconstruction.Je m’aperçois en lisant le compte-rendu de la conversation entre Rogers et Debré quel’Américain lui a demandé de soumettre la double formule pour les conversations privéesau Nord. Si cela signifie que nous ne devons pas <strong>par</strong>ler au Front, c’est mauvais. Il y auraitune chance supplémentaire si nous étions autorisés à transmettre leur message au Front.Cela signifierait qu’enfin Washington veut <strong>par</strong>ler au Front.Alphand accepte que nous adressions un télégramme à Lucet pour qu’il le dise à Rogers,en ajoutant qu’il doit aussi promettre le secret, car Hanoi, Bo nous l’a dit, a été furieuxdes fuites sur le précédent contact entre Lodge et Thuy.Tran Buu Kiem m’invite à déjeuner à Verrières pour la semaine prochaine. C’est la suitedu dîner Tabouis.22 avrilDéjeuner chez Dean avec Habib, le penseur de la délégation américaine. Enfin un hommesérieux. La conversation est longue, agréable, intéressante. Tout, ou presque tout, peutêtre dit.Je commence <strong>par</strong> le tâter sur l’armée sud-vietnamienne. Bien sûr il se méfie des militairesaméricains et de leurs mensonges. Néanmoins il <strong>par</strong>aît penser sincèrement qu’une relèveest possible, progressivement. Il y a des progrès, de bonnes unités.Sur le retrait : oui, des retraits unilatéraux américains peuvent être envisagés. Mais iln’est pas possible que les Nord-Vietnamiens refusent d’admettre pratiquement qu’euxaussi doivent retirer leurs troupes. « Vietnamiser » la guerre est un objectif certes.Néanmoins, le réalisme serait que le Nord accepte de discuter sérieusement de retrait. Sa« théologie » sur le principe de « l’agression » américaine ne devrait pas l’empêcher

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