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LE JOURNAL D'ASIE par HENRI FROMENT-MEURICE ... - Geopolitis

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à la reconstruction. Pompidou serait d’accord. Je demande s’il a l’intention de faire dessuggestions : « Peut-être, mais cela dépend de ce qui peut se passer d’ici là. »Evidemment il sait, mais se demande si je sais. J’interroge, « vraiment ». « T’a-t-on <strong>par</strong>lé? Alphand, Beaumarchais t’ont-ils mis au courant ? » « Non ». C’est de plus en plus idiot.Retour au Quai. Cuvillier me téléphone : vous êtes affranchi du côté de Gaucher.Finalement le Ministre a répondu à Lucet qu’il informe Kissinger de ce que LDT a dit, etnon pas de ce que je lui ai dit.Tout cela est de plus en plus simple.Si c’est LDT qui a demandé à voir Kissinger, que peut-il avoir à lui dire ? Que Hanoi estprêt à négocier si Nixon renvoie son représentant ayant pleins pouvoirs ? Mais celasuffira-t-il à décider Nixon ? Car sur le fond, la position de Hanoi, telle que LDT l’aexposée, n’a pas bougé d’un iota et est inacceptable pour Washington, telle que Nixon aexposé la sienne. Il faut que quelqu’un bouge sur quelque chose. C’est fascinant.22 févrierDepuis quelque temps, nous savions <strong>par</strong> des interceptions que des contacts étaient prisentre Mai Van Bo et l’Attaché militaire américain, le Général Walters. J’ai fait vérifier : il yen a eu cinq depuis quelques semaines. Mais je ne puis dire s’il s’agit toujours decontacts suivis de rencontres. En tout cas, c’est Walters qui semble aller Rue Le Verrierchez Bo. Le dernier contact avait pour but d’organiser une rencontre le samedi 22. Waltersserait accompagné cette fois : il s’agit de toute évidence de Kissinger.A la suite des instructions de Schumann, Lucet a revu Kissinger. Il lui a fait <strong>par</strong>t del’entretien entre le Ministre et Le Duc Tho, mais ne lui a révélé que ce que Tho a exposé àSchumann. Il était normal dans ces conditions que Kissinger trouve cela assez dénuéd’intérêt, car ce qui était intéressant, c’étaient précisément les suggestions de Schumann: annonce <strong>par</strong> les Etats-Unis de leur retrait global dans un délai déterminé sans «<strong>par</strong>allélisme juridique » ; constitution d’une autorité politique provisoire, et les réactionsinitiales de Le Duc Tho.Je retiens que celui-ci a souligné que « cette fois nous n’entrerons pas dans les détails »,ce qui peut laisser supposer qu’il souhaite avoir plus tard un nouvel entretien.Donc Kissinger a dû voir Tho hier. Xuan Thuy était-il là ? Et Bo ? En tout cas, Ha Van Lauvenait de <strong>par</strong>tir pour Hanoi où précisément venait d’arriver Firioubine. Y a-t-il unetentative concertée américano-soviétique ? L’attitude russe est si étrange que je nejurerais pas du contraire.Mais au Quai nul ne sait, m’a dit Cuvillier, ou alors le Ministre seul, quels arrangementsont été pris pour que Kissinger voie Pompidou, soit hier, soit aujourd’hui. MêmeBeaumarchais ne sait pas, d’après lui, qu’un tel entretien a été demandé.C’est hier, jour de la rencontre, que la Plaine des Jarres est tombée. Bien sûr, ce n’estpas Bidault entrant à la Conférence de Genève le jour de la chute de Diên Biên Phu. Maisje ne peux m’empêcher de penser que Hanoi a voulu marquer, ce jour-là précisément, saforce et sa détermination.Si les Soviétiques se pré<strong>par</strong>aient à une guerre avec la Chine, ils ne se conduiraient pasautrement : renforcement à tout prix de la sécurité européenne, conversation avec lesAméricains sur la limitation des armements stratégiques, resserrement des contrôlesintérieurs, transfert de troupes en Asie, accroissement du soutien aux Arabes (?), lutted’influence accrue sur Hanoi.Manac’h dit que Pékin joue le Front <strong>par</strong>-dessus la tête de Hanoi-Moscou. Il n’a peut-êtrepas tort.Cuvillier croit se souvenir que Kissinger a accepté de voir aussi le Front. Si c’est vrai, lefait est capital et tendrait à présumer que la demande vient de Kissinger. Ou alors il auraitfallu que Hanoi déclare accepter un contact secret à la condition que le Front y <strong>par</strong>ticipe.23 févrierCe matin en arrivant au bureau, l’on me dit que Mai Van Bo a demandé à me voir de touteurgence pour me faire une communication importante. Je le reçois à 10h30.J’avoue que je ne m’attendais pas à ce qu’il me <strong>par</strong>le de la rencontre avec Kissinger.Pourtant c’est bien de cela qu’il s’agit ! Il vient, me dit-il, informer le Gouvernementfrançais qu’une rencontre a eu lieu samedi dernier 21 entre M. Kissinger et MM. Le DucTho, Xuan Thuy et lui-même. Je m’oblige à sursauter sur mon fauteuil (Pense-t-il qu’ilm’apprend quelque chose ? Peut-être croit-il que seuls Pompidou et Schumann sontinformés ?). Il précise : à la demande de Kissinger qui a fait savoir que le Gouvernementaméricain était prêt à aller plus loin. « C’est à cette condition que nous avons accepté. »Mais, poursuit Bo, nous avons constaté qu’en fait la position américaine n’a pas changé.Sur aucun point Kissinger n’a dit quelque chose de nouveau. Alors nous pensons que lesAméricains ont voulu faire un sondage, voir quelle était notre position. Kissinger nous dit :« Nixon (et moi) nous sommes au pouvoir pour 7 ans ; nous ne sommes donc pas pressés.

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