6.5 La floraison des GIE depuis 1992WaterAidDepuis le retour à la démocratie, l’Etat malien a adopté une attitude très souple et favorableaux groupements d’intérêt économique (GIE). Ce type d’entreprise bénéficie de trèsnombreux avantages par rapport aux formes plus classiques de sociétés commerciales(SARL, SA, EURL, SNC,...) :• des formalités d’enregistrement rapides et peu coûteuses ;• pas de capital initial minimal ;• nombreuses exonérations fiscales (TVA, patente, droits de douane,....).Ces avantages sont normalement destinés à bénéficier avant tout aux jeunes entreprises(c’est une manière de récompenser politiquement les jeunes qui ont renversé le régimeprécédent), aux jeunes chômeurs (car l’Etat ne peut guère embaucher) et à des secteursd’activité reconnus comme d’intérêt public (l’eau potable, l’assainissement, le ramassagedes ordures,.....).De très nombreux GIE sont ainsi apparus depuis 1992, particulièrement dans le domaine del’assainissement (vidange de fosses, latrines publiques, curage de fossés) et dans celui duramassage des ordures ménagères. Certains d’entre eux se sont développés au pointd’empiéter sérieusement sur le marché des sociétés commerciales (notamment en matièrede travaux publics ou de vidange de fosses) et on peut légitimement se demander s’il nes’agit pas de sociétés commerciales, camouflées en GIE pour bénéficier d’exonérationsfiscales, de certains marchés publics (comme ceux gérés par l’AGETIPE) ou de laprotection de l’Etat (comme nous a dit un directeur de GIE « en tant que GIE, on est moinsembêté par les agents de police quand on décharge les boues »).Cette situation n’est pas très saine, ni en termes de juste concurrence, ni en termes derentrées fiscales pour l’Etat.Il nous semble nécessaire de chercher les moyens d’homogénéiser plus fortement lesréglementations qui s’appliquent à l’ensemble des acteurs privés de l’assainissement, quelleque soit le statut de leur entreprise :• même réglementation en matière d’hygiène ;• même droits de douane pour le matériel d’assainissement ;• mêmes accès aux marchés publics, y compris ceux de l’AGETIPE.De nombreuses ONG se sont spécialisées dans l’assistance technique et l’encadrementdes GIE (World Education, ALPHALOG, AREM,....). Cette démarche est évidemment trèsintéressante, car elle permet de former ainsi, sur des chantiers réels, un grand nombre dejeunes, parmi les plus dynamiques de la ville.Dès que ces GIE ont atteint un bon niveau de professionnalisme, il faudrait les aider à setransformer en entreprises « normales », ce qui leur ouvrirait de nouveaux marchés et unemeilleure garantie de pérennité. Il n’est pas certain que les ONG, qui connaissent engénéral mal le monde de l’entreprise, soient les mieux placées pour accompagner cettemutation. Des structures comme la FNAM ou la future Chambre des Métiers seraientprobablement mieux adaptées à ce travail.Etude sectorielle eau et assainissement - <strong>Mali</strong> - B.Collignon, A.Morel à l’Huissier, M.Cissé - 16/11/2009 - page70
WaterAid7. Contraintes pour le travail de WaterAid au<strong>Mali</strong>7.1 Le contexte politique et institutionnel est favorable àl’action des ONGL’Etat malien a adopté (surtout depuis l’éviction de Moussa Traoré en 1991) une attitudetrès favorable à l’action des acteurs non gouvernementaux dans le domaine de l’eaupotable et de l’assainissement. Cette politique d’ouverture bénéficie aussi bien aux ONGqu’aux municipalités, aux villes européennes jumelées avec des villes maliennes ou mêmeaux opérateurs privés. Ce contexte favorable explique la floraison d’une multitude d’ONGlocale, sur lesquelles la tutelle de l’Etat reste très légère.Les formalités à accomplir pour enregistrer une association sont légères et rapides.Moyennant la négociation d’un accord cadre avec l’Etat, elles peuvent même bénéficierd’importantes exonérations de droits et taxes.7.2 De gros problèmes de logistique dans un paysimmense et doté d’un réseau routier insuffisantLe <strong>Mali</strong> est immense et son réseau routier est très peu développé et souvent de mauvaisequalité. Il est par exemple long et pénible de rejoindre Tombouctou, Kayes ou Yélimané àpartir de Bamako.La logistique représente donc un poste de dépense important pour tous les projets en milieurural, ainsi qu’une cause de pertes de temps. Facteur aggravant, le réseau téléphoniquen’est pas de bonne qualité et il est ainsi parfois difficile d’appeler en dehors de Bamako.Enfin, la combinaison des pannes du réseau téléphonique et des coupures de courant faitqu’il est souvent difficle d’envoyer des fax, même dans capitales régionales comme Kayesou Mopti.Etude sectorielle eau et assainissement - <strong>Mali</strong> - B.Collignon, A.Morel à l’Huissier, M.Cissé - 16/11/2009 - page71