et activement <strong>à</strong> renforcer les capacités locales, qui doivent être consolidées pour le long terme.Décrire <strong>la</strong> crise, et surtout estimer le niveau de sécurité alimentaire qu’il y avait avant, en re<strong>la</strong>tiondirecte avec les sous-groupes de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion, est fondamental pour construire des stratégies d’interventiontechniques cohérentes.n II.2.2 Hypothèses préa<strong>la</strong>bles <strong>à</strong> l’évaluation de <strong>la</strong> sécurité alimentaireMême si l’objectif de ce livre n’est pas d’étudier en profondeur les aspects méthodologiques techniquesdes évaluations, (le livre Évaluation et Surveil<strong>la</strong>nce de <strong>la</strong> Sécurité Alimentaire y répond), il estcependant important de comprendre les hypothèses selon lesquelles <strong>la</strong> situation est étudiée et quidéterminent les niveaux de besoin.L’analyse de <strong>la</strong> situation et <strong>la</strong> définition des besoins suivent une approche de <strong>la</strong> vulnérabilité <strong>à</strong> l’insécuritéalimentaire multisectorielle. Ce<strong>la</strong> implique une analyse du contexte (macro) et une analyse auniveau du ménage (micro), basées sur trois hypothèses principales :• La vulnérabilité <strong>à</strong> l’insécurité alimentaire est fonction du contexte environnemental / économique/ sociopolitique,• La vulnérabilité <strong>à</strong> l’insécurité alimentaire est variable selon le groupe de richesse auxquel lesménages appartiennent,• La vulnérabilité <strong>à</strong> l’insécurité alimentaire évolue au cours du temps.Au niveau de l’analyse, ces trois hypothèses seront abordées <strong>à</strong> travers <strong>la</strong> cartographie des zonesde sécurité alimentaire et <strong>la</strong> définition de <strong>la</strong> typologie de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion et évolueront d’une période <strong>à</strong>l’autre.n II.2.2.1 Évaluation de <strong>la</strong> sécurité alimentaire : zonage, analyse de contexteLes ressources naturelles, les événements politiques, les activités agricoles et économiques et leursdéveloppements respectifs ainsi que les aspects socioculturels sont les premiers éléments qui déterminentle degré de risque dans une zone. En général, les zones sont définies en terme de zonessocio-économiques sont des zones géographiques offrant des moyens d’existence <strong>à</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion,basées sur les mêmes caractéristiques internes, les mêmes potentiels et les mêmes contraintes 17 .Toutes les informations recueillies sont assemblées puis synthétisées, afin de faire émerger les pointsforts (capacités) et les points faibles (vulnérabilités) de chaque zone et d’établir une courbe de vulnérabilité18 . Ce c<strong>la</strong>ssement par zone prend en compte le degré de risque humanitaire selon <strong>la</strong> disponibilitéet les conditions d’accès <strong>à</strong> <strong>la</strong> nourriture, en considérant également le potentiel économiqueet écologique, le degré de développement, le niveau de stabilisation politique et <strong>la</strong> couverture desbesoins assurés par d’autres acteurs (gouvernement, ONG ou autres organisations locales …).n II.2.2.2 Évaluation de <strong>la</strong> sécurité alimentaire : typologie de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tionLa vulnérabilité <strong>à</strong> l’insécurité alimentaire des ménages est fonction de <strong>la</strong> capacité de <strong>la</strong> famille <strong>à</strong> faireface <strong>à</strong> <strong>la</strong> crise et <strong>à</strong> activer des mécanismes d’adaptation; « il y a une re<strong>la</strong>tion évidente entre <strong>la</strong> manièredont les gens font face <strong>à</strong> une crise et les opportunités re<strong>la</strong>tives pour construire les capacités locales »(Lautze, 1997).L’identification des zones socio-économiques est essentielle mais représente seulement le point dedépart. Des différences existent entre les stratégies de survie des ménages et leur capacité <strong>à</strong> faireface <strong>à</strong> une crise, et ce, au sein de chaque zone. Nous avons donc besoin de définir des sous-groupesde personnes selon <strong>la</strong> manière dont les ménages font face <strong>à</strong> une telle crise (c’est fréquemment, maispas exclusivement, lié <strong>à</strong> leur niveau socio-économique). Ces niveaux de sécurité alimentaire sont17 / Pour un exemple de zone socio économique, reportez-vous <strong>à</strong> l’Annexe 6 : Zones socio-économiques au Tadjikistan.18 / Cette courbe est spécifique <strong>à</strong> chaque contexte, il est donc impossible d’avoir des indicateurs de vulnérabilité standardisésqui pourraient être utilisés systématiquement.28Introduction <strong>à</strong> <strong>la</strong> sécurité alimentaire - principes d’intervention
évalués en termes de vulnérabilités et de capacités (Anderson, 1996).La première étape est de comprendre <strong>la</strong> manière dont <strong>la</strong> communauté fonctionne et les caractéristiquesdes différents types de ménages. Les facteurs tels que l’économie générale du ménage,les systèmes agricoles, les systèmes de santé, les systèmes d’échange, les systèmes d’entraide,l’économie alimentaire du ménage, les liens intrafamiliaux, et les mécanismes d’adaptation pourdes événements particuliers doivent être examinés. Ensuite, le capital dont dispose le ménage, lesmembres le composant, leurs activités respectives et l’impact direct de <strong>la</strong> crise sur le ménage sontles facteurs étudiés afin de déterminer les moyens (les capacités) <strong>à</strong> <strong>la</strong> disposition de <strong>la</strong> famille pourréduire les effets néfastes des événements.La sécurité alimentaire du ménage est établie par <strong>la</strong> conjonction de <strong>la</strong> production agricole, <strong>la</strong> cueillette,<strong>la</strong> chasse, <strong>la</strong> pêche, les activités économiques non agricoles et/ou les mécanismes sociaux. L’accès<strong>à</strong> l’alimentation peut être affecté par divers événements et circonstances. Si les mécanismesde d’adaptation sont épuisés (par exemple, lorsque les sources d’alimentation disponibles <strong>à</strong> l’étatsauvage sont épuisées) les personnes deviennent vulnérables et se retrouvent dans une situationd’insécurité alimentaire. Chaque ménage a sa propre manière de réagir, entraînant différents niveauxde vulnérabilité au sein d’une popu<strong>la</strong>tion vivant <strong>la</strong> même crise.Lorsque qu’un ménage a mis en p<strong>la</strong>ce, en vain, ses stratégies d’adaptation, il entre dans une situationde vulnérabilité chronique. Dans un contexte de plusieurs situations défavorables successives,un ménage mobilise son capital sans être capable pour autant de le réinvestir. Il essaie de faire face,événement après événement, jusqu’<strong>à</strong> une amélioration de <strong>la</strong> situation ou l’échec des mécanismesd’adaptation.L’analyse de <strong>la</strong> vulnérabilité est essentielle pour déterminer le niveau de sécurité alimentaire d’unménage. La vulnérabilité / le niveau de sécurité alimentaire d’une popu<strong>la</strong>tion ou d’une famille peutêtre évalué en comprenant :• Les mécanismes d’adaptation développés pour faire face <strong>à</strong> une crise,• La réaction d’une popu<strong>la</strong>tion ou d’un ménage face <strong>à</strong> cette crise.La discussion au niveau communautaire, montre qu’il y a des groupes de popu<strong>la</strong>tion différents ausein de chaque zone socio-économique, avec des caractéristiques spécifiques pour chacun de cesgroupes de popu<strong>la</strong>tion (connexes par exemple aux zones de terres semées, au nombre de bétailgardé, ou aux sources principales de nourriture et de revenus). Ces critères déterminent <strong>la</strong> capacitéde chaque groupe de richesse <strong>à</strong> faire face aussi bien aux événements négatifs en cours qu’<strong>à</strong> ceux<strong>à</strong> venir. Un ou plusieurs groupes de ménages peuvent être définis comme étant vulnérables <strong>à</strong> l’insécuritéalimentaire. En d’autres termes, ils ne sont pas capables de se procurer l’apport alimentairede base nécessaire (<strong>à</strong> travers <strong>la</strong> production, l’achat ou l’échange) et/ou n’ont pas <strong>la</strong> capacité de faireface aux événements d’une crise.Comme pour le zonage, l’objectif est de définir les différents sous-groupes de popu<strong>la</strong>tion selon leurdegré de vulnérabilité <strong>à</strong> l’insécurité alimentaire.Les figures 5 et 6 montrent deux situations où trois catégories de ménages ont été identifiées. Cestrois catégories ont été caractérisées d’une part par leur niveau de sécurité alimentaire et d’autre partpar <strong>la</strong> manière dont elles ont été affectées par <strong>la</strong> crise et dont elles ont réagi face <strong>à</strong> celle-ci.Introduction <strong>à</strong> <strong>la</strong> sécurité alimentaire - principes d’intervention 29