BâtirécologiqueChronique d’uneconstruction<strong>en</strong> boisEmmanuel CarcanoEd. Terre vivante(38710 M<strong>en</strong>s)2007 - 166 p. - 21€LivresVo<strong>ici</strong>, richem<strong>en</strong>t illustrée,l’évolution pas à pas d’unchantier de maison écologique <strong>en</strong>bois : permis de construire, mise<strong>en</strong> place d’un puits canadi<strong>en</strong>,d’une cuve de rét<strong>en</strong>tion des eauxde pluie, fondation <strong>en</strong> moellons,ossature bois, plancher cloué,isolation <strong>en</strong> ouate de cellulose,toiture végétalisée, toitureclassique, vitrages, m<strong>en</strong>uiserie,briques autour du chauffage bois,bardage extérieur, chauffagesolaire thermique et <strong>en</strong> annexe,le budget (110 000 €) et lesoutils nécessaires. A chaqueétape, explication des choix,des compromis, des précautionsà pr<strong>en</strong>dre. Un exemple concret.MB.Œuvrescomplètes,Chansons, poèmes,romans, préfaces,écrits libertaires,correspondance,Georges Brass<strong>en</strong>s,édition établie parJean-Paul Liégeois,Ed. Le Cherche midi2007 - 1580 p. - 25€Le bonheur ! L’intégraleextrêmem<strong>en</strong>t complète deGeorges Brass<strong>en</strong>s, que demanderde plus ? On trouve dans ce livrede plus de mille cinq c<strong>en</strong>ts pagestoutes ses chansons <strong>en</strong>registrées,évidemm<strong>en</strong>t, mais aussi les chansonschantées par d’autres, les(nombreuses) chansons dejeunesse inspirées par Tr<strong>en</strong>et,les variantes et de nombreuxbrouillons, notamm<strong>en</strong>t dechansons inédites. Figure aussil’œuvre poétique de Brass<strong>en</strong>s, soittrois recueils, un long poème quiest quasi une pièce de théâtre, etdivers poèmes épars. Citons égalem<strong>en</strong>tdeux courts romans, sansdoute mineurs.Les écrits libertaires, et plus<strong>en</strong>core la correspondance, sontdes témoignages irremplaçablesde leur époque (l’après-guerre),et des mines d’information sur lavision des choses qu’avait le jeuneBrass<strong>en</strong>s baignant dans lesmilieux anars parisi<strong>en</strong>s. Les chroniquesparues sous pseudonymedans Le Libertaire sont d’unevigueur impressionnante. Les préfaces,parfois surpr<strong>en</strong>antes, nousr<strong>en</strong>seign<strong>en</strong>t sur certaines des fréqu<strong>en</strong>tationsde l’auteur à l’époqueoù il était connu, ainsi que surson approche de la question :“J’ai horreur d’écrire des préfaces,et vous détestez certainem<strong>en</strong>t<strong>en</strong> lire”. Brass<strong>en</strong>s, quoi...Ajoutons que chaque partie estprécédée d’une prés<strong>en</strong>tation éclairanteet que le tout est complétépar une série d’index. Bref, toutBrass<strong>en</strong>s pour 25 €, ça ne se discutepas longtemps. Jean-MarcLuquet.Femme =danger ?Pour <strong>en</strong> finiravec le mythede la femmedangereuseGonzague de SallmardEd. Homnisphères,collection Décrypt’age2007 - 224 p. - 14€De l’antiquité à nos jours, l’auteurnous dresse un compte-r<strong>en</strong>duclair et sans concession de lamanière dont la femme fut traitéepar l’homme. Toutes les époquesont vu naître <strong>en</strong>vers la femme desaccusations sans fondem<strong>en</strong>t si c<strong>en</strong>’est celui de conserver le pouvoiraux mains de l’homme. Des supposéestares physiques auxS!l<strong>en</strong>ce ne commercialise pas les livres prés<strong>en</strong>tés dans cette rubrique.faiblesses psychiques, de laconception de la femme commedangereuse au fonctionnem<strong>en</strong>tdes sociétés à la femme incapable,<strong>en</strong> passant par les accusationsde sorcellerie et les idéesfausses colportées par les romanciers,le clergé, les médecins…c’est à un effroyable résumé historiquedu sexisme auquel nousconvie Gonzague.À lire de toute urg<strong>en</strong>ce pour ser<strong>en</strong>dre compte de ce qu’ont eu àsubir les femmes et des préjugésqu’il nous reste <strong>en</strong>core à abattrepour l’égalité des droits. JP.Petite traitéde naturopathieà l’usage des maladesqui veul<strong>en</strong>t retrouverla santé et des bi<strong>en</strong>sportants qui veul<strong>en</strong>tle resterde Christopher VaseyEd. Jouv<strong>en</strong>ce2007- 160 p. - 14,50€Même s’il comporte un longpassage consacré aux principesde la naturopathie, ce livre seveut surtout un manuel pratiquepour corriger le terrain de chaqueindividu, et pour le garder <strong>en</strong>équilibre. Il s’adresse avant toutaux particuliers qui trouveront d<strong>en</strong>ombreuses réponses aux raisonspour lesquelles ils tomb<strong>en</strong>tmalades et comm<strong>en</strong>t ils peuv<strong>en</strong>tremédier aux déséquilibres. Il setermine par un dictionnaire thématiquedes concepts de la naturopathie.Le côté pratique esttrop succinctem<strong>en</strong>t abordé, maiscet ouvrage est tout de même unebonne base sur le sujet. MJ.Les couvre-solsDavid S. Mack<strong>en</strong>sieEd. du Rouergue2007 - 240 p. - 22€Très richem<strong>en</strong>t illustré, ce livr<strong>en</strong>ous prés<strong>en</strong>te plus de 1000couvre-sols vivaces avec pourchacun un descriptif completdont la zone de culture possible.Après une introduction qui nousrappelle les différ<strong>en</strong>ts rôles descouvre-sols et les grandes lignesde leur <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, un classem<strong>en</strong>tpar type nous permet de nousy retrouver devant l’importancede ce répertoire de plantes.Chacun pourra y puiser desespèces de quoi embellir des parcellesde terrains diff<strong>ici</strong>les à couvrir: buttes, parcelle ombragées,bordures de bâtim<strong>en</strong>ts, etc. D<strong>en</strong>ombreux couvre-sols permett<strong>en</strong>tainsi de lutter contre l’érosion,d’autres s’adapt<strong>en</strong>t à desconditions extrêmes : sécheresse,humidité, ombre, salinité du solpar exemple.Un festival de couleurs etde formes qui fera rêver tantle jardinier amateur que lepaysagiste professionnel.Un carnet de bonnes adressesmanque toutefois à ce guide pourêtre parfait, mais il aurait été diff<strong>ici</strong>leà constituer par son auteurétatsuni<strong>en</strong> œuvrant dans leMichigan. Une belle traductionque l’éditeur français pourraitcompléter lors d’une prochaineédition par un répertoire depépiniéristes et de sem<strong>en</strong>ciersproposant un panel de couvre-solsdans nos régions. DF.Rapide essaide théologieautomobileGaspard-Marie JanvierEd. Mille et une nuit2006 - 170 p. - 12€C’est avec humour que se trouvedéveloppée la thèse prés<strong>en</strong>téedans le titre. Un humour qui metau jour les offrandes et lespréceptes de la nouvelle religionqu’est l’automobile et quel’auteur se propose de dévoileravec force citations philosophiquesmais aussi religieuses (del’islam, de la chréti<strong>en</strong>té…).Parmi les points traités nouspourrons ret<strong>en</strong>ir celui de latransformation de l’être humainqui, derrière son volant, changetotalem<strong>en</strong>t de comportem<strong>en</strong>tet qui, pas vu pas pris, fonce àtravers ces paysages dénaturéspour ses besoins, extermine touteespèce animale croisant sa routeet finit par s’accaparer tous lesSILENCE N°350 Octobre 200750
L E L I V R E D U M O I Sdroits… La loi du plus fort, duplus carrossable, dev<strong>en</strong>ant larègle. C’est à un véritable tourd’horizon des méfaits de l’automobileet de ses effets sur nossociétés que Gaspard-MarieJanvier nous invite, et, malgréquelques longueurs, l’essaiest plutôt réussi. JP.La robede MédéeConsidérationssur la décimationdes abeillesGuy BernelasDistribution l’Ange Bleu(41100 V<strong>en</strong>dôme)2006 - 144 p. – 10€Au début des années 1990, lafirme agrochimique Bayer mettaitsur le marché un insect<strong>ici</strong>de àbase d’imidaclopride, puissantneurotoxique, sous le nom deGaucho. Il s’<strong>en</strong>suivit un dépérissem<strong>en</strong>trapide des abeilles butinantLa peurde la natureFrançois TerrassonEd. Sang de la Terre2007 - 272 p. - 21€Réédition d’un livre publié <strong>en</strong>1988 par un naturaliste aussipassionné qu’atypique, mort <strong>en</strong>2006. La thèse est aussi provocantequ’implacablem<strong>en</strong>t réaliste :si notre société détruit son <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tnaturel, c’est par répulsion<strong>en</strong>vers celui-ci. Nous fondons notrecivilisation techn<strong>ici</strong><strong>en</strong>ne et urbaine sur le refoulem<strong>en</strong>t de tout ce quiéchappe à notre volonté, ce qui est une définition possible de la“nature”. Nous sommes d’accord pour aménager des zones de paysage,pour protéger les ours et les chamois, mais gare à ce qui grouille, aupoisseux, <strong>en</strong> un mot à l’organique ! Ces derniers sont moins à protégerqu’à éliminer de notre vision épurée — car apeurée — de la nature.La peur et « l’apartheid » de la nature extérieure vont de pair avecceux de la nature intérieure : “Les sociétés qui détruis<strong>en</strong>t la naturesont aussi des sociétés de répression émotive. Des sociétés où l’onassèche les marais, mais aussi les yeux de ceux qui ont <strong>en</strong>vie de pleurerparce que c’est une émotion dégradante”. C’est tout le monde des émotions,de l’inconsci<strong>en</strong>t, qui font ainsi l’objet d’une exclusion, mais égalem<strong>en</strong>tla mort, l’<strong>en</strong>fance et… la femme, jugés proches de la nature, cegouffre effrayant car non maîtrisable. François Terrasson nous <strong>en</strong>traînepar des chemins inatt<strong>en</strong>dus à travers les mythes et les contes pourr<strong>en</strong>dre compte de ces représ<strong>en</strong>tations de la nature profondém<strong>en</strong>tancrées <strong>en</strong> nous et dont les conséqu<strong>en</strong>ces historiques sont incalculables.Un livre au style très atypique, limpide et facile de lecture, agrém<strong>en</strong>téde nombreuses photos. Une lecture ess<strong>en</strong>tielle qui ne laissera pasle lecteur indemne. GG.les tournesols mais égalem<strong>en</strong>t lemaïs traité avec cette substance.Cet ouvrage résume dans unepremière partie le combat desapiculteurs face à Bayer maiségalem<strong>en</strong>t face à l’État françaisqui mit tout <strong>en</strong> œuvre pourral<strong>en</strong>tir les résultats d’études, lesprocès… Au final les apiculteursont perdu.Dans la suite de l’ouvrage il estquestion des relations <strong>en</strong>tre lemilieu sci<strong>en</strong>tifique, les firmesindustrielles et l’État mais égalem<strong>en</strong>tde critiques quant aux protocolesd’expérim<strong>en</strong>tation, de lanon-exist<strong>en</strong>ce de laboratoires detoxicologie <strong>en</strong> France et du sil<strong>en</strong>cegénéral de tout un chacun.Après un bref historique de lacontamination chimique annoncéedepuis plusieurs déc<strong>en</strong>nies par desRachel Carson, Charbonneau… cesera le tour des consommateursdont, selon Bernelas, “le cons<strong>en</strong>suspopulaire <strong>en</strong> faveur de lasociété industrielle n’est pas selonnous la manifestation dela raison commune, mais lamanifestation d’un manquecommun de raison”.De nombreux problèmes inhér<strong>en</strong>tsà la société de consommation sont<strong>ici</strong> traités sous l’angle du rapportà l’agriculture, à la nature et àl’humain. Ouvrage intéressant quimet à plat certains comportem<strong>en</strong>tspolitiques et économiquesdéjà connus mais analysés <strong>ici</strong> dansle contexte particulier des apiculteurs.JP.T H É Â T R ELes fainéantsdans la valléefertileComédie <strong>en</strong> trois actesAlbert CosseryEd. Joëlle Losfeld(Gallimard)2004 - 122 p. - 10,50€Le grand écrivain égypti<strong>en</strong> AlbertCossery nous invite <strong>ici</strong> à uneincursion jubilatoire dans unefamille assez particulière : Hafezet ses trois fils ont érigé la sieste<strong>en</strong> un véritable art de vivre. A telpoint que Galal ne se lève du litoù il est couché depuis 7 ans qu’àcontrecœur, de temps à autre,pour pr<strong>en</strong>dre un repas. La tranquillitédu lieu semblerait nedevoir jamais être perturbée, sides idées tout à fait néfastes n’<strong>en</strong>étai<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>ues à traverser l’espritde certains de ses habitants. Levieux Hafez a <strong>en</strong> effet décidé dese marier. De quoi perturber lesommeil général et décl<strong>en</strong>cher lesintrigues les plus perfides pouréviter le drame de surgir : la prés<strong>en</strong>ced’une femme dans cettemaison, avec toute l’agitationinutile et dérangeante que celle-ciimpliquerait ! Rafik aura-t-il lecourage de… monter l’escalierpour aller dans la chambre de sonpère discuter avec lui ? Autrecalamité : c’est Serag qui s’estmis <strong>en</strong> tête de… travailler ! Laréaction de la famille ne se faitpas att<strong>en</strong>dre : “Travailler ! Jeme demande comm<strong>en</strong>t cette idéea pu germer dans ta cervelle. !(…) Crois-moi, il n’y a qu’uneseule dignité pour un homme !LivresDe rester au lit. Quelle sorte demonstre es-tu donc ?”. Cettepièce donne la preuve que l’élogede la paresse est un exercice quise prête plus volontiers <strong>en</strong>core àla comédie qu’à un sévère essaide philosophie ! GG.Une étoilepour Noël ouL’ignominiede la bontéNasser DjemaïActes Sud - Papiers2006 - 47p. - 8,50€Dans une ville anonyme se nouele destin de Nabil, adolesc<strong>en</strong>tdoué issu d’une modeste familled’immigrés. Faisant d’abord lafierté de son père qui met <strong>en</strong> luises espoirs d’asc<strong>en</strong>sion sociale, legarçon subit l’influ<strong>en</strong>ce grandissantede la famille de Jean-Luc,garçon de bonne famille qu’il fréqu<strong>en</strong>teassidûm<strong>en</strong>t. Séduit par laperspective d’une intégration fulgurante,Nabil va-t-il y perdre sonid<strong>en</strong>tité ? En seize tableaux s<strong>en</strong>oue le drame d’une générationdéchirée <strong>en</strong>tre la fidélité à ses origineset les sirènes d’une intégrationforc<strong>en</strong>ée qui peut m<strong>en</strong>er trèsloin… Une piècequi a le mérite deconcilier épaisseurdes personnages etévocation d’un rapportde dominationculturelle et declasse très peuéclairé dans notresociété. Une lectureviol<strong>en</strong>te et touchanteà la fois. GG.L’éducationpopulaire,Monsieur,ils n’<strong>en</strong> ontpas vouluFranck LepageEd. du Cerisier(B-7033 Cuesmes)2007 - 110 p. - 8€Lorsqu’on parle de culture, dequoi parle-t-on ? L’auteur qui aessayé de démocratiser la culturecomme l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d la “gauche” tireaujourd’hui un trait sur la question: il y a fausse route ! Carp<strong>en</strong>dant que l’on offre un peu deculture aux pauvres, les plusriches s’<strong>en</strong> gav<strong>en</strong>t toujours plusSILENCE N°350 Octobre 200751