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LA LUTTE CONTRE LES DISCRIMINATIONS - CRPV-PACA

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Des concepts... 13Alors, comment lutter contre les discriminations ?Qu’est-ce qu’une action de lutte contre les discriminations? Nous abordons le troisième point. Celui quidoit tenir la promesse de l’intitulé du séminaire : despratiques à l’évaluation des actions.Tout d’abord, notre action suppose de ne pas noustromper d’objet. La non-discrimination, ce n’est pas lalutte contre les exclusions, l’égalité des chances et encoremoins, la diversité (vous l’avez compris, la clientèlede l’hôtel de Madame peut être, à la fois, très diverse– composée de toutes les origines de la migration –et très discriminée). C’est un lieu commun d’affirmerqu’il est important de ne pas confondre lutte contreles discriminations et lutte contre l’exclusion ou pourl’égalité des chances. C’est absolument exact même siparfois on fait un peu trop la leçon aux acteurs aveccette façon de soupirer devant le parrainage, les filièresspécifiques pour accéder aux grandes écoles, lesformations sur l’interculturel…Dans le fond, il faut tenir bon sur le référentiel Luttecontre les Discriminations tout simplement parce quel’émergence de ce référentiel est un progrès. Par leprisme des discriminations, on affirme que les personnesexposées aux discriminations ne souffrent pas d’undéficit d’intégration… ça soulage. C’est ainsi, il existedes référentiels différents concurrents ou complémentaires.Nous devons traiter avec cette complexité. Lesmots ne sont pas rien, ils sont politiques. Mais, pourautant, il ne faut tomber dans la volonté de pureté sémantique,ni dans le discrédit des bonnes volontés. Jene crois pas qu’on lutte contre les discriminations avecdes bons sentiments mais je ne crois pas non plus queles bons sentiments soient pires que les mauvais. Nousavons une responsabilité, consultants, chercheurs, institutionsà éclairer mais aussi à encourager. C’est untrès beau mot encourager, ensemencer du courage.Du courage, il nous en faut car la non-discrimination,c’est à Madame qu’elle doit s’attaquer. C’est contrele discriminateur en personne ou l’ensemble des causesde la discrimination systémique qu’il faut lutter.Il s’agit, alors, de rendre le droit effectif, instrumentd’une vision normative de la société. Pour cela, on nedoit pas reculer devant la conflictualité car peu de Madamesont prêtes à renoncer, au premier argument, àla puissance ou à la rentabilité. Rendre le droit effectif,c’est d’abord donner du droit. J’ajoute que nousne sommes pas toujours aidés et que, par exemple,la Haute-Autorité de Lutte contre les Discriminationset pour l’Egalité est un élément problématique, sinonmystérieux, de cette irréalisation du droit, de ce différéperpétuel.Si ce travail par le droit est harassant, c’est que le droitde la discrimination n’a jamais été désiré par ceux quiont à le mettre en oeuvre. Vous connaissez sans doutecette pensée de Blaise Pascal : « Comme on n’a jamaisfait que ce qui est juste soit fort, on a fait que ce qui estfort soit juste ». Les directives européennes sont cettetentative – cette utopie réalisable - de démentir BlaisePascal en rendant fort ce qui est juste. En même temps,comment nier que défendre l’effectivité du droit, c’estfaire, incessamment, l’épreuve de son échec ? Ce quiest fort (l’Etat quand il interdit certaines professionsaux étrangers, l’employeur quand il anticipe les réactionsde ses clients, le bailleur quand il discrimine aunom de la « mixité sociale », l’école quand elle orientesur la base de représentations partagées et pourtanterronées…), ce qui est fort, donc, a beau être délégitiméquand il discrimine, la dissymétrie pèse son poids.Alors, certains acteurs se découragent devant ceconstat que, le plus souvent, les victimes choisissent dene pas aller au bout de la plainte. Ici encore, chacuntraite avec ses effets de croyance. Ne pas croire qu’onobtiendra justice, c’est agir à partir de cette croyanceet entrer dans un rapport incompossible avec l’appareiljudiciaire. Mais, il faut tenir bon car le droit est unedonation mutuelle. Il faut donner le droit au droit où,alors, il n’y a plus de droit.Une action de lutte contre les discriminations intègrera,donc, le droit comme élément structurant de sadémarche. Mais ce n’est pas suffisant et j’en viens autroisième et dernier point de mon intervention : luttercontre les discriminations, c’est manifester. La manifestationest un symbole lumineux de la lutte. Dans leroman Germinal de Zola, il y a ce passage où Lantier, lemineur, appelle ses camarades à la lutte. Zola nous lesdécrit assemblés devant un fond d’arbres indistincts.Au mot « Justice » tous les mineurs applaudissent dansun bruit de « feuilles séchées ». La justice peut vousfaire tomber de l’arbre, assurément. Mais dans cettesituation, fondamentalement, il s’agit de mineurs pourqui la condition ouvrière se manifeste dans cette manifestationimprovisée. Les hommes se comprennentcomme ouvrier et entrent dans une nouvelle compositionavec le travail sur un mode actif. Un instant, ilscroient possible de faire tourner le monde. Ainsi, quela manifestation soit un « effet du manifeste » ou ledéfilé pour la lutte, il me semble que cette image ouce symbole est opératoire dans la politique de la ville.Une manifestation est un acte saisissant. C’est l’unedes seules expériences humaines d’ubiquité, où l’onpeut être à plusieurs endroits en même temps. Ainsi,si je manifeste entre la Cité Nationale de l’Histoire del’Immigration et le Centre de Rétention de Vincennes,je suis à la fois physiquement dans un endroit déter-

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