Monde du travail et emploi: bref tour d'horizon - SP Schweiz

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1. Situation générale initiale 2 Le chômage constitue un des problèmes majeurs de notre monde. Depuis 1970, la population apte au travail a doublé, pour atteindre en 1996 près de 3,5 milliards de personnes. Seuls deux tiers d’entre elles environ exercent une activité professionnelle. 15 % seulement de ces travailleurs actifs habitent dans les deux douzaines de pays à hauts revenus. Selon la Banque mondiale, en 1993 1,3 milliard d’individus vivaient dans la misère, disposant de moins de 1 dollar par jour. Des millions d’habitants des pays en voie de développement, surtout des jeunes femmes et des enfants, travaillent dans des conditions inhumaines et pour des salaires de misère. Les flux migratoires mondiaux sont aussi une conséquence de cette situation précaire. On a estimé à au moins 125 millions le nombre de migrants et de migrantes au milieu des années 90. Un revenu inexistant ou trop faible entraîne une vie misérable et représente un obstacle matériel qui empêche de participer à la vie sociale et économique. Notons tout de même que, dans la dernière décennie, les soins médicaux et l’éducation délivrés aux populations des pays pauvres ont pu connaître une légère amélioration – avec bien sûr quelques exceptions. 2 Si, dans les dernières années, le chômage et la pauvreté ont quelque peu reculé dans les pays nouvellement industrialisés 3 , la crise asiatique a provoqué un véritable retour de bâton, menaçant de réduire à néant toutes les améliorations qui ont été réalisées. La crise financière en Asie a entraîné à elle seule au moins 10 millions de chômeurs supplémentaires. On peut également craindre de telles régressions en Amérique latine ; quant à la Russie, qui se trouve de toute façon en crise, elle est également touchée par ce bouleversement. Bien que la globalisation ait donné un coup d’accélérateur à un grand nombre d’évolutions problématiques, on ne peut lui imputer l’ensemble de ces problèmes. Ainsi, le marché intérieur et la demande intérieure continuent de jouer un rôle central, même pour les entreprises multinationales : celles-ci continuent en effet de réaliser 75 % de leur valeur ajoutée dans le pays où elles ont leur siège (même si les firmes helvétiques font exception à cette règle). Les investissements directs sont cependant répartis de façon très inégale : 10 pays se partagent environ les 2/3 de l’ensemble de ces investissements, alors que les 100 pays les moins bien dotés n’en attirent que 1 %. La globalisation a essuyé un certain échec avec la « crise asiatique » et elle s’est ralentie. Au sein de l’OMC, plusieurs projets ont été fortement retardés 4 . C’est aussi dans ce contexte qu’il faut situer l’échec de l’accord multilatéral sur les investissements (AMI). Mais parallèlement à la globalisation, des espaces économiques et des accords économiques régionaux (par exemple l’UE, l’AFTA, l’APEC et le Mercosur) tendent à se développer. Désormais, les services et les branches de l’industrie qui se consacrent aux technologies nouvelles sont les secteurs dynamiques de l’économie et il sont l’apanage du peloton de tête des pays industrialisés et des entreprises multinationales qui y ont leur siège. Les nouvelles technologies de l’information et la globalisation représentent aussi les plus grands défis auxquels soit confronté le monde du travail. Nous devons constater, avec lucidité et pragmatisme, que l’accès à 2 Ainsi, l’indicateur sur le développement humain (IDH) établi par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a évolué positivement pour la plupart des « pays en voie de développement ». 3 On parle aussi à ce propos des « marchés émergents », des marchés en expansion. 4 « Unerledigte Geschäfte der WTO », dans : NZZ du 12.1.1999 Parti socialiste suisse – Congrès du 29 mai 1999 ?? Monde du travail et emploi : bref tour d’horizon
3 la culture, à l’éducation, à la formation continue et aux technologies nouvelles est bien le facteur-clé permettant d’avoir aujourd’hui une chance dans le « nouvel ordre économique mondial » et d’assurer son existence pour l’avenir. La globalisation et la mise en œ uvre massive des technologies de l’information et de la communication accélèrent le processus d’innovation et de réorganisation (globale) dans presque tous les secteurs de l’économie, ce qui entraîne des rationalisations et un remplacement des formes de production traditionnelles. En effet, de nouvelles formes de division du travail à grande distance deviennent possibles. Tant du point de vue spatial et temporel que social, la flexibilité et le morcellement du travail vont croissant. Le travail lié à l’information et au savoir devient ainsi la source principale de la production de valeur. La pression de la concurrence augmente et, par là même, la pression qui s’exerce sur les travailleurs. Il ne faut cependant pas oublier que l’évolution de la société entraîne toujours certaines mutations structurelles et que celles-ci offrent aussi certaines chances nouvelles. Par exemple, les nouvelles technologies deviennent meilleur marché et ces processus entraînent la création de nombreuses places de travail. Ce qui est décisif, c’est de savoir quels mécanismes de régulation on pourra imposer au niveau politique face à ces mutations. Les instruments susceptibles de réguler les conditions de travail au niveau du globe sont plutôt modestes. À Genève, l’Organisation internationale du travail (OIT) essaie d’établir des normes internationales (minimales), qui sont fixées dans plus de 180 conventions (par exemple celle qui interdit le travail des enfants) et dans plus de 188 recommandations. Mais, contrairement à l’OMC, à la Banque mondiale ou au FMI, l’OIT n’a pas le pouvoir d’infliger des sanctions. On n’a pas encore obtenu que des normes sociales (clauses sociales) soient intégrées dans les accords commerciaux, par exemple dans le cadre de l’OMC 5 . C’est pourquoi des actions à d’autres niveaux sont aussi importantes ; elles sont la plupart du temps menées par des organisations non gouvernementales (ONG), comme dans le cas de l’encouragement du commerce équitable (par ex. le café Max Havelaar), des campagnes de boycott contre les biens de consommation produits par travail des enfants (par ex. les produits Adidas ou Nike) ou de la récente campagne de sensibilisation « Vêtements Propres » 6 . On comprend donc pourquoi la politique de l’emploi et du marché du travail, ainsi que la régulation des conditions de travail sont encore demeurées jusqu’à aujourd’hui presque exclusivement une affaire nationale. Certes, l’UE connaît un certain nombre de normes minimales, meilleures que celles en vigueur en Suisse (assurance maternité, participation, charte sociale). C’est en particulier sous l’impulsion du gouvernement français, qu’on a inclus dans le Traité d’Amsterdam (1997) un chapitre sur l’emploi, conférant ainsi à la politique européenne de l’emploi une importance nouvelle. Il faut pourtant aller au-delà de ces premiers balbutiements. 5 Le PS suisse a signé la « Déclaration pour la clause sociale des syndicats, des organisations en faveur du développement, de l’environnement, des droits des femmes et pour la promotion des droits de la personne ». 6 La campagne, lancée le 12.1.1999, est menée par « Pain pour le prochain », la « Déclaration de Berne » et l’« Action de carême ». Parti socialiste suisse – Congrès du 29 mai 1999 ?? Monde du travail et emploi : bref tour d’horizon
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