Monde du travail et emploi: bref tour d'horizon - SP Schweiz
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que n’égale guère un autre pays. La motivation au <strong>travail</strong> la plus forte au monde, les<br />
longs horaires de <strong>travail</strong>, le faible taux d’absentéisme <strong>et</strong> le nombre restreint de jours<br />
de grève y sont pour quelque chose.<br />
Les Suisses sont en eff<strong>et</strong> les champions <strong>du</strong> monde de la pro<strong>du</strong>ctivité <strong>du</strong> <strong>travail</strong> 13 :<br />
dans l’in<strong>du</strong>strie des machines, elle a augmenté d’environ un tiers depuis 1990 14 . Si<br />
l’on fait une comparaison internationale, il est évident que les pays qui ont les coûts<br />
salariaux les plus élevés ont aussi la plus haute pro<strong>du</strong>ctivité <strong>du</strong> <strong>travail</strong> – <strong>et</strong><br />
réciproquement. C’est là que se joue la capacité concurrentielle de l’économie<br />
helvétique. Ceux qui cherchent toujours à comparer notre pays avec les pays à bas<br />
salaires parient donc sur le mauvais cheval.<br />
Souvent le patronat ne considère les salaires <strong>et</strong> les charges accessoires que comme<br />
des facteurs de coût. C’est une erreur, car les salaires <strong>et</strong> les revenus provenant des<br />
assurances sociales génèrent aussi une demande de biens <strong>et</strong> de services. Sans<br />
c<strong>et</strong>te demande, les entreprises resteraient avec leurs pro<strong>du</strong>its sur les bras. On ne<br />
cesse d’entendre qu’un franc sur deux est gagné à l’étranger, mais, même dans<br />
l’économie suisse, si fortement <strong>tour</strong>née vers l’étranger, les trois quarts des biens <strong>et</strong><br />
des services sont pro<strong>du</strong>its par les habitants <strong>du</strong> pays <strong>et</strong> pour les habitants <strong>du</strong> pays. 15<br />
Les salaires génèrent une demande <strong>et</strong>, l’année dernière, c’est en Suisse la demande<br />
intérieure qui, de plus en plus n<strong>et</strong>tement, a soutenu la conjoncture.<br />
La récession des années 90 a été en grande partie une pro<strong>du</strong>ction maison : La<br />
récession des années 90 <strong>et</strong> ses suppressions massives de places de <strong>travail</strong> n’ont<br />
qu’un très lointain rapport avec la globalisation. On le constate aussi en observant<br />
qu’aucun autre pays in<strong>du</strong>strialisé n’a connu une croissance économique à ce point<br />
négative 16 . Deux acteurs ont principalement contribué à aggraver la crise : la<br />
Banque nationale suisse <strong>et</strong> les pouvoirs publics 17 .<br />
En 1991/1992, la Suisse a connu une période de taux d’intérêts extrêmement<br />
élevés (7-8 % à court terme), qui ont eu des répercussions négatives sur les intérêts<br />
hypothécaires, les loyers <strong>et</strong> les intérêts des crédits commerciaux. Puis il y a eu la<br />
récession de l’économie mondiale (USA 1991/92; Europe occidentale 1993/94). La<br />
situation économique de la Suisse s’est dégradée de façon constante, encore<br />
aggravée par le crash de l’immobilier. C<strong>et</strong>te période de taux d’intérêts élevés nous a<br />
coûté au moins 50’000 places de <strong>travail</strong>. La Banque nationale a sacrifié au combat<br />
contre l’inflation (à la stabilité monétaire) tous les objectifs de politique<br />
conjoncturelle.<br />
Lorsqu’ensuite les intérêts ont amorcé leur baisse, en 1995, le franc s’est fortement<br />
apprécié, d’environ 15 % (par rapport à la valeur des exportations). Les pro<strong>du</strong>its<br />
suisses d’exportation ont renchéri en proportion. Les entreprises helvétiques ont<br />
réagi en entreprenant des rationalisations <strong>et</strong> restructurations brutales.<br />
13 Cf. le graphique de Strahm (1997), page 156<br />
14 Cf. NZZ <strong>du</strong> 12.3.1998<br />
15 Cf. Vontobel (1998), p. 110 sqq. « D’une part, il va de soi que les prestations des sous-traitants<br />
sont déjà incluses dans la valeur à l’exportation <strong>et</strong> qu’il ne faudrait pas les compter deux fois. D’autre<br />
part, ni les exportations, ni les importations, prises en elles-mêmes, ne font partie <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it intérieur<br />
brut. Pour calculer la part des exportations dans le PIB, il faut donc dé<strong>du</strong>ire, dans les exportations<br />
d’une année, toutes les importations qu’elles recèlent. Il faudrait enfin comparer ce transfert n<strong>et</strong> [… ]<br />
avec le PIB. » (111, tra<strong>du</strong>ction par nos soins)<br />
16 En 1996, le pro<strong>du</strong>it national brut réel était encore légèrement inférieur à celui de 1990.<br />
17 Cf. à ce propos Gaillard, Serge / Hänsenberger Urs: Mon<strong>et</strong>arische Politik führt in die Defizite. Die<br />
Finanzen der öffentlichen Hand in den 90er Jahren. Dans : Rote Revue 2/98 (non tra<strong>du</strong>it)<br />
Parti socialiste suisse – Congrès <strong>du</strong> 29 mai 1999 ?? <strong>Monde</strong> <strong>du</strong> <strong>travail</strong> <strong>et</strong> <strong>emploi</strong> : <strong>bref</strong> <strong>tour</strong> d’horizon