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phénomène SIGNÉ BARRIÈRE N°11<br />
© Lucasfilm<br />
© Mary Evans Picture Library 2009<br />
1 2<br />
1 Le très zen et très anglais<br />
Sir Alec Guinness (Obi-Wan<br />
Kenobi) et George Lucas.<br />
2 Photo de famille sur le<br />
tournage du “Retour du Jedi”.<br />
3 George Lucas dans le<br />
capharnaüm des studios<br />
Lucasfilm.<br />
Et les files d’attente s’allonger d’heure en<br />
heure en ce 18 mai. Le phénomène est né<br />
et va complètement lui échapper. En deux<br />
mois, il devient le metteur en scène du<br />
plus grand succès de l’histoire du cinéma.<br />
Dès lors, Lucas n’aura qu’une idée : fuir<br />
Hollywood et ses décideurs en cols<br />
blancs qui n’y connaissent rien au cinéma,<br />
pense t-il. Il construit un ranch près de<br />
San Francisco pour y abriter sa société<br />
Lucasfilm. Les revenus monstrueux<br />
de Star Wars (film et merchandising)<br />
lui offrent une ligne de crédit illimitée.<br />
Hollywood n’aura plus son mot à dire,<br />
la Fox ne devenant qu’un distributeur<br />
physique des épisodes suivants (qu’il<br />
produit sur ses propres deniers), sans<br />
aucune influence sur le contenu. Et il<br />
fera de sa saga une sorte de pied de nez<br />
à la Mecque du cinéma. Et si l’Empire,<br />
c’était en fait les studios hollywoodiens<br />
et leurs pratiques implacables ? Et si les<br />
rebelles étaient les tenants du cinéma<br />
indépendant ? Cette lecture de Star Wars<br />
a ses défenseurs : Lucas est libre et tient<br />
à le faire savoir. D’ailleurs, au début des<br />
années 1980, l’homme qui valait déjà<br />
3 milliards de dollars voit Ronald Reagan<br />
utiliser le terme de Guerre des Étoiles pour<br />
son projet de missiles contre la Russie. Le<br />
sang de ce démocrate convaincu ne fera<br />
qu’un tour et il réussira à faire interdire<br />
officiellement cette appellation.<br />
3 ans plus tard, c’est pourtant Hollywood<br />
qui reviendra frapper chez George Lucas.<br />
Star Wars était plus ou moins en sommeil<br />
quand, fin 2011, une première petite<br />
bombe explosa : Kathleen Kennedy (lire<br />
<strong>page</strong> 31), jusque-là productrice attitrée<br />
de tous les films de Steven Spielberg, est<br />
nommée vice-présidente de Lucasfilm. En<br />
fait, voilà le premier étage d’une fusée qui<br />
va prendre corps quelques mois plus tard.<br />
Pour l’heure, il s’agit officiellement pour<br />
George Lucas de prendre un peu le large,<br />
laissant l’opérationnel à une nouvelle<br />
équipe. Mais à cette époque, Lucas avait<br />
déjà un plan derrière la tête. Un passage<br />
de relais qu’il voulait en douceur. Et qu’il<br />
voulait aussi décider lui-même.<br />
On le sait, si Star Wars aura été l’entreprise<br />
d’une vie, Lucas avait depuis longtemps<br />
l’idée de reprendre sa liberté, de ne plus<br />
avoir à gérer cet héritage immense qui<br />
lui pesait de plus en plus. De repartir<br />
comme il l’a souvent confié, vers ses<br />
vraies envies : réaliser et produire des<br />
films expérimentaux. L’envie à la fois<br />
d’une retraite paisible mais cette volonté<br />
vissée au corps de ne pas laisser son bébé<br />
dans n’importe quelles mains. Le choix de<br />
Kathleen Kennedy est à cet égard une<br />
évidence, même si cette dernière est<br />
surprise par la proposition qui lui est faite.<br />
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