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Je la rejoins au rez-de-chaussée ; el<strong>le</strong> est complètement affolée.<br />
Il est vrai que, complétant <strong>le</strong> vacarme extérieur, il se trouve que <strong>le</strong>s murs de l’appartement se<br />
sont transformés en véritab<strong>le</strong>s fontaines.<br />
Ell’doit pas aimer l’eau.<br />
Je tente de la faire monter avec moi…Impossib<strong>le</strong> ; el<strong>le</strong> refuse catégoriquement de s’engager dans<br />
l’escalier.<br />
Bon, je décide de rester un moment avec el<strong>le</strong> pour la calmer ; on verra plus tard.<br />
Vingt minutes plus tard, alors qu’el<strong>le</strong> semb<strong>le</strong> avoir recouvré son sang froid, je remonte à l’étage<br />
avec la ferme intention de retrouver mon lit et y terminer ma nuit.<br />
Le plafond m’y a précédé ; y’a pas d’place pour nous deux, et puis j’ai pas l’habitude de dormir<br />
sous la douche, surtout quand el<strong>le</strong> est froide.<br />
La partie extérieure de la climatisation de mon appartement, malmenée par la bourrasque, s’étant<br />
résignée à déclarer forfait avait, dans la foulée, sans doute pour se sentir moins seu<strong>le</strong>, décidé<br />
d’emmener avec el<strong>le</strong> une partie de la toiture.<br />
Bon, j’ai une bonne assurance tant sur la maison que sur la voiture.<br />
L’une de mes amies, lassée d’un fonctionnariat consulaire à prix ré<strong>du</strong>it, recyclée dans<br />
l’immobilier, me fait habi<strong>le</strong>ment passer de clochard de luxe à respectab<strong>le</strong> propriétaire terrien.<br />
Mon vendeur de voitures favori me réinstal<strong>le</strong> dans une autre non moins somptueuse, et nettement<br />
plus récente Cadillac qui, <strong>du</strong> reste, grâce aux méfaits d’un téléphone cellulaire associé a l’oreil<strong>le</strong><br />
délicatement ourlée d’une charmante mais quelque peu distraite con<strong>du</strong>ctrice, el<strong>le</strong> non plus, ne<br />
<strong>du</strong>rera pas longtemps.<br />
Au jour d’hui, <strong>du</strong> fond d’un confortab<strong>le</strong> fauteuil, a plus de 70 ans je contemp<strong>le</strong>, amusé, voire<br />
carrément hilare, <strong>le</strong>s aléas d’une vie rien moins que pas très exemplaire.<br />
Enfin c’est en tout cas, vu de loin, l’impression que ça donne.<br />
D’autant qu’une conversation avec mon <strong>fil</strong>s ainé - que je n’avais pas revu a l’époque depuis près<br />
de 15 ans - ne me laisse aucun doute quant’ a la haute estime en laquel<strong>le</strong> ma lointaine<br />
descendance tient mes hauts faits d’armes.<br />
« Regarde Papa, disait il à son frère, (ou peut être était ce l’inverse) de tout ce qu’il a vécu,<br />
qu’est ce donc qui lui reste ? »<br />
Il est tel<strong>le</strong>ment persuadé de mon indigence qu’accompagné <strong>du</strong>dit frangin, il franchit l’océan pour<br />
s’en assurer de visu.<br />
Bon, ils s’en reviennent confortés ; peut être craignaient ils de me voir quelque jour débarquer,<br />
main ten<strong>du</strong>e, paume dessus.<br />
Un certain nombre de gens semb<strong>le</strong>nt pourtant envier mon parcours ; comme si c’était un exploit<br />
et non <strong>le</strong> résultat d’une perpétuel<strong>le</strong> fuite en avant…bon d’accord, y savent pas ...eux.<br />
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