La Bible Aujourd'hui ! avril-juin 2016
La Bible Aujourd'hui ! est le magazine d'information de la Société biblique francophone de Belgique. Au sommaire de cette édition : traduction de la Bible en questions, le groupe de travail Europe & Moyen-Orient, un évangile pour les hôpitaux.
La Bible Aujourd'hui ! est le magazine d'information de la Société biblique francophone de Belgique. Au sommaire de cette édition : traduction de la Bible en questions, le groupe de travail Europe & Moyen-Orient, un évangile pour les hôpitaux.
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p. 4<br />
Traduire, ou permettre<br />
une vraie<br />
rencontre avec<br />
le texte<br />
par Germain Mahieu<br />
Une nouvelle traduction ? Une nouvelle révision ? Mais pourquoi<br />
? Ne s’agit-il pas d’une démarche avant tout commerciale<br />
? Est-ce qu’en retravaillant sans cesse le texte, on ne<br />
risque pas de s’éloigner toujours plus de l’original hébreu<br />
et grec ? S’il est vrai que la révision d’une traduction peut<br />
renouveler l’intérêt de beaucoup de lecteurs pour la <strong>Bible</strong>,<br />
il faut savoir qu’une révision complète d’une traduction<br />
nécessite un important investissement financier. Celle-ci<br />
peut facilement atteindre un budget de 200 000 €, hors frais<br />
d’impression. Il faudra, en effet, plusieurs années de travail<br />
en équipe pour réaliser sérieusement cette révision, et<br />
plusieurs années de ventes avant de récupérer cet investissement.<br />
<strong>La</strong> motivation n’est donc pas prioritairement économique<br />
ou commerciale.<br />
Faciliter la rencontre<br />
avec le texte original<br />
<strong>La</strong> traduction est au service d’une rencontre du lecteur avec<br />
le texte. Elle doit donc respecter le texte original (hébreu<br />
et grec) et le lecteur. Une traduction qui s’adresse à un<br />
lecteur érudit connaissant la culture biblique sera donc différente<br />
d’une traduction qui s’adresse à un nouveau lecteur<br />
qui va être plongé pour la première fois dans l’univers de<br />
la <strong>Bible</strong>. Dans l’Alliance Biblique Universelle, face à cette<br />
double exigence de la rencontre et du respect du texte,<br />
deux stratégies coexistent :<br />
<strong>La</strong> correspondance formelle qui permet d’amener le lecteur<br />
au texte dans la langue où il a été écrit : la langue<br />
source. Ces traductions suivent au plus près l’original et<br />
comptent sur la bonne culture religieuse et biblique du lecteur<br />
: « Jean-Baptiste parut dans le désert, proclamant un<br />
baptême de conversion en vue du pardon des péchés. »<br />
Marc 1.4 (TOB 2010)<br />
L’équivalence fonctionnelle qui permet d’amener le plus<br />
possible le texte au lecteur pour qu’il puisse le comprendre,<br />
sans culture biblique ou religieuse préalable. Il faut alors<br />
éviter des mots et des formules qui risquent d’être mal<br />
comprises et reformuler le texte en privilégiant la languecible,<br />
celle du lecteur : « Ainsi Jean-Baptiste parut dans le<br />
désert ; il lançait cet appel : Changez de comportement,<br />
faites-vous baptiser et Dieu pardonnera vos péchés »<br />
Marc 1.4 (Français courant - FC)<br />
Il est bien sûr possible de tenter un compromis entre ces<br />
deux stratégies. Une aide au lecteur peut aussi être apportée<br />
par des notes de traductions. Afin de bien comprendre<br />
le travail d’un traducteur, allons voir devant quel genre<br />
de matériaux il se trouve. Voici ce que dit, mot à mot le<br />
texte hébreu du Psaume 23 :<br />
R<br />
ien qu’en évitant<br />
des sonorités<br />
inadéquates pour<br />
une parole qui peut<br />
être lue en public, on<br />
en facilite vraiment<br />
la compréhension.<br />
« YHVH me faisant paître ne pas<br />
je manquerai. Dans les pâturages<br />
de herbe verte il me fait coucher<br />
auprès de eaux de repos il me<br />
conduit. Mon être (âme) il fait<br />
revenir… ». Comment transcrire<br />
ces mots en français correct ? Les<br />
traducteurs de la TOB le diront<br />
ainsi : « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien.<br />
Sur de frais herbages, il me fait coucher ; près des eaux du<br />
repos, il me mène, il me ranime… » Ceux de la FC diront :<br />
« Le Seigneur est mon berger, je ne manquerai de rien.<br />
Il me met au repos dans des prés d’herbe fraîche, il me<br />
conduit au calme près de l’eau. Il ranime mes forces… ».