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LG 192

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La parole à l’opposition<br />

Le budget de l’Etat 2017 ou les finances saines?<br />

Le Luxembourg connaît un problème<br />

structurel. Avec plus de 16.000 personnes<br />

dépendantes de l’ADEM et<br />

avec plus que 16% de personnes touchées<br />

par un risque de pauvreté, il<br />

faudrait s’attendre à un budget qui<br />

pose la question sociale. Cependant<br />

on ne lit rien à ce sujet dans ce budget<br />

qui continue une politique de<br />

«perpetuum mobile». En effet le gouvernement<br />

finance son projet de<br />

réforme fiscale avec l’argent que la<br />

dernière réforme a apporté. En faisant<br />

le solde, la plupart des citoyens ont<br />

toujours moins qu’avant la prise de<br />

pouvoir du gouvernement actuel.<br />

En plus de ne pas penser aux plus<br />

démunis, le gouvernement va endetter<br />

nos enfants et petits-enfants<br />

encore davantage et non pas pour<br />

financer des nouveaux emplois moins<br />

qualifiés comme il le faudrait mais<br />

pour faire profiter les quelques<br />

douzaines d’investisseurs dans des<br />

initiatives ayant pour seul but<br />

d’agrandir nos ministres. L’argent<br />

nouvellement emprunté pourrait<br />

payer plus de 21.000 salaires pendant<br />

une année. Il faut alors s’interroger<br />

sur l’utilité d’un nouvel emprunt qui<br />

faisait augmenter notre dette souveraine<br />

de 50% par rapport à 2013 – et<br />

de 500% par rapport à 2007 –<br />

jusqu’en 2020. De parler alors de<br />

finances saines est schizophrénique.<br />

Le premier but d’un pays comme le<br />

Luxembourg devrait être de réduire la<br />

dette souveraine et de constituer des<br />

fonds pour le futur qui permettraient<br />

d’affronter les changements sociodémographiques<br />

qui sont en train de se<br />

développer.<br />

Finalement le budget de l’Etat 2017<br />

est irresponsable car il ne tient pas<br />

compte des vrais problèmes du<br />

Luxembourg mais essaie de les cacher<br />

ou de les faire oublier en distribuant<br />

l’argent librement aux électeurs. C’est<br />

une stratégie irresponsable.<br />

Jusqu'à récemment, des mesures<br />

d'économies étaient de mise au<br />

Luxembourg, toutes regroupées sous le<br />

soi-disant "paquet d'avenir", et s'agissant<br />

d'une politique d'austérité d'une<br />

nécessité impérieuse. Tout à coup, le<br />

gouvernement annonce une augmentation<br />

des dépenses.<br />

Bien plus encore, des investissements<br />

sont prévus et des cadeaux fiscaux<br />

seront distribués. Que s’est-il passé?<br />

Non, il ne s'agit pas d'un changement de<br />

cap idéologique, mais de nouvelles<br />

prévisions de croissance. Le moteur de la<br />

croissance, auquel sont liées toutes les<br />

dépenses, restera avant tout la place<br />

financière. C'est pourquoi le ministre des<br />

Finances a tenu à mettre en évidence la<br />

coopération avec la City de Londres après<br />

le Brexit. Des investissements étatiques<br />

devront soutenir cette croissance, comme<br />

par exemple l'aménagement de la voirie<br />

indispensable pour l'Etat de 1 million<br />

d'habitants. On court après les nantis et<br />

les caisses des promoteurs se remplissent,<br />

alors qu'en même temps les moins<br />

fortunés sont en train de décrocher.<br />

En revanche, dès que la place financière<br />

rencontrera des difficultés et si la<br />

croissance ne sera pas celle escomptée,<br />

on reviendra à la case départ des mesures<br />

d'austérité. Camouflé par ces haut et<br />

bas constants, le fardeau fiscal des entreprises<br />

se réduit de plus en plus, alors que<br />

les charges financières qui pèsent sur les<br />

consommateurs, tel que l'augmentation<br />

de la TVA de 2015, ne sont pas corrigées.<br />

Le futur du pays et du système social<br />

doit être indépendant de la croissance.<br />

Il s'agit de créer des garanties pour les<br />

habitants au lieu de continuer à miser<br />

sur des miettes tombées de la table de<br />

l'industrie financière mondiale.<br />

Ainsi, des investissements durables tels<br />

que des logements publics s'imposent<br />

tout comme une réorientation de<br />

l'aménagement du territoire afin de<br />

rendre obsolète de longs trajets de<br />

transport.<br />

Le 12 octobre dernier, le gouvernement<br />

a présenté le budget de l'Etat<br />

pour 2017 qu’il a placé sous le signe<br />

de la stabilité des dépenses, de la<br />

qualité, de la solidarité et de la compétitivité.<br />

Or, cette présentation est trompeuse.<br />

Le CSV constate que les chiffres<br />

présentés vont à l'encontre des<br />

promesses faites par le gouvernement:<br />

assainir les finances publiques et<br />

réduire la dette publique. Malgré une<br />

très forte croissance de plus de 4% et<br />

des taux d’intérêt historiquement bas,<br />

le déficit de l’administration centrale<br />

ne cesse d’augmenter pour s’élever<br />

en 2017 à près d'un milliard d'euros.<br />

Des nouvelles dépenses courantes<br />

telles que la mise en œuvre de la<br />

réforme fiscale en 2017, la création de<br />

1.000 nouveaux postes au service de<br />

l’Etat ou encorel’éducation plurilingue<br />

vont intensifier l’effet de ciseaux entre<br />

recettes et dépenses.<br />

Par ailleurs, nous observons, en valeur<br />

absolue, une croissance de la dette<br />

publique. Sur la période de 2017 à 2020<br />

elle va augmenter de 13,5 milliards<br />

d’euros à 16 milliards d’euros.<br />

Il importe pour le CSV de réduire la<br />

dette de l'Etat tant que la conjoncture<br />

économique y est propice et ceci pour<br />

mieux se préparer à des chocs économiques<br />

futurs.<br />

Le CSV salue le fait que le gouvernement<br />

ait évoqué «une croissance<br />

qualitative» mais se doit de constater<br />

que la majorité des «investissements<br />

durables» annoncés pour la modernisation<br />

des infrastructures du pays comme le<br />

tram ont déjà été mis sur les rails par<br />

les précédents gouvernements.<br />

Contrairement aux apparences, le<br />

budget 2017 ne prépare pas l’avenir<br />

du pays et le CSV ne peut pas<br />

partager l’optimisme du gouvernement<br />

sur l’état des finances publiques.<br />

6,5 % de croissance économique et<br />

un milliard d’endettement supplémentaire:<br />

ces deux pôles budgétaires<br />

confirment la qualification par l’ADR<br />

du budget 2017 comme, étant à la<br />

fois fou et irresponsable. A l’image<br />

des cadeaux fiscaux, le gouvernement<br />

dépense sans compter pour satisfaire<br />

ses clientèles, car avec une coalition à<br />

trois que peu réunit, les clientèles sont<br />

multiples.<br />

Le budget 2017, c’est d’abord l’échec<br />

des plans d’épargne bleu-rouge-vert.<br />

La situation des finances de l’administration<br />

centrale ne s’est pas améliorée<br />

malgré un «Zukunftspak» avec 260<br />

mesures, dont beaucoup socialement<br />

injustes, frappant les ménages à faible<br />

revenu. Il s’agit de ne pas s’y tromper:<br />

c’était l’équilibrage des recettes et<br />

dépenses de l’administration centrale<br />

qui était visé par ces mesures, le budget<br />

global du Grand-Duché, finances<br />

des communes et de la sécurité sociale<br />

comprises, étant en équilibre précaire.<br />

Deuxième constatation: Non content<br />

de faire de nouveaux emprunts, l’Etat<br />

luxembourgeois ne rembourse pas ses<br />

dettes. Le service de la dette se<br />

contente du payement des intérêts, le<br />

capital emprunté étant systématiquement<br />

refinancé par un nouveau prêt.<br />

C’est la spirale de l’endettement à un<br />

niveau que d’autres pays nous<br />

envient.<br />

Troisième constat: Les signes économiques<br />

sont à l’assainissement budgétaire.<br />

Conjoncture favorable, taux d’intérêt<br />

bas, note énergétique réduite, c’est le<br />

moment ou jamais de rembourser les<br />

crédits étatiques, d’alléger l’hypothèque<br />

financière des générations futures.<br />

Surtout que les dépenses luxembourgeoises<br />

présentent un haut potentiel<br />

d’épargne. Citons ici le projet du tram<br />

qui n’aura que peu d’impact sur les<br />

sérieux problèmes de mobilité que<br />

connaît le pays et qui n’est qu’un<br />

projet de prestige.<br />

Sven Clement, du Parti Pirate<br />

Communiqué par déi Lénk<br />

Communiqué par le CSV<br />

Communiqué par l’ADR<br />

18<br />

<strong>LG</strong> - Novembre 2016

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