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La parole à l’opposition<br />
Le budget de l’Etat 2017 ou les finances saines?<br />
Le Luxembourg connaît un problème<br />
structurel. Avec plus de 16.000 personnes<br />
dépendantes de l’ADEM et<br />
avec plus que 16% de personnes touchées<br />
par un risque de pauvreté, il<br />
faudrait s’attendre à un budget qui<br />
pose la question sociale. Cependant<br />
on ne lit rien à ce sujet dans ce budget<br />
qui continue une politique de<br />
«perpetuum mobile». En effet le gouvernement<br />
finance son projet de<br />
réforme fiscale avec l’argent que la<br />
dernière réforme a apporté. En faisant<br />
le solde, la plupart des citoyens ont<br />
toujours moins qu’avant la prise de<br />
pouvoir du gouvernement actuel.<br />
En plus de ne pas penser aux plus<br />
démunis, le gouvernement va endetter<br />
nos enfants et petits-enfants<br />
encore davantage et non pas pour<br />
financer des nouveaux emplois moins<br />
qualifiés comme il le faudrait mais<br />
pour faire profiter les quelques<br />
douzaines d’investisseurs dans des<br />
initiatives ayant pour seul but<br />
d’agrandir nos ministres. L’argent<br />
nouvellement emprunté pourrait<br />
payer plus de 21.000 salaires pendant<br />
une année. Il faut alors s’interroger<br />
sur l’utilité d’un nouvel emprunt qui<br />
faisait augmenter notre dette souveraine<br />
de 50% par rapport à 2013 – et<br />
de 500% par rapport à 2007 –<br />
jusqu’en 2020. De parler alors de<br />
finances saines est schizophrénique.<br />
Le premier but d’un pays comme le<br />
Luxembourg devrait être de réduire la<br />
dette souveraine et de constituer des<br />
fonds pour le futur qui permettraient<br />
d’affronter les changements sociodémographiques<br />
qui sont en train de se<br />
développer.<br />
Finalement le budget de l’Etat 2017<br />
est irresponsable car il ne tient pas<br />
compte des vrais problèmes du<br />
Luxembourg mais essaie de les cacher<br />
ou de les faire oublier en distribuant<br />
l’argent librement aux électeurs. C’est<br />
une stratégie irresponsable.<br />
Jusqu'à récemment, des mesures<br />
d'économies étaient de mise au<br />
Luxembourg, toutes regroupées sous le<br />
soi-disant "paquet d'avenir", et s'agissant<br />
d'une politique d'austérité d'une<br />
nécessité impérieuse. Tout à coup, le<br />
gouvernement annonce une augmentation<br />
des dépenses.<br />
Bien plus encore, des investissements<br />
sont prévus et des cadeaux fiscaux<br />
seront distribués. Que s’est-il passé?<br />
Non, il ne s'agit pas d'un changement de<br />
cap idéologique, mais de nouvelles<br />
prévisions de croissance. Le moteur de la<br />
croissance, auquel sont liées toutes les<br />
dépenses, restera avant tout la place<br />
financière. C'est pourquoi le ministre des<br />
Finances a tenu à mettre en évidence la<br />
coopération avec la City de Londres après<br />
le Brexit. Des investissements étatiques<br />
devront soutenir cette croissance, comme<br />
par exemple l'aménagement de la voirie<br />
indispensable pour l'Etat de 1 million<br />
d'habitants. On court après les nantis et<br />
les caisses des promoteurs se remplissent,<br />
alors qu'en même temps les moins<br />
fortunés sont en train de décrocher.<br />
En revanche, dès que la place financière<br />
rencontrera des difficultés et si la<br />
croissance ne sera pas celle escomptée,<br />
on reviendra à la case départ des mesures<br />
d'austérité. Camouflé par ces haut et<br />
bas constants, le fardeau fiscal des entreprises<br />
se réduit de plus en plus, alors que<br />
les charges financières qui pèsent sur les<br />
consommateurs, tel que l'augmentation<br />
de la TVA de 2015, ne sont pas corrigées.<br />
Le futur du pays et du système social<br />
doit être indépendant de la croissance.<br />
Il s'agit de créer des garanties pour les<br />
habitants au lieu de continuer à miser<br />
sur des miettes tombées de la table de<br />
l'industrie financière mondiale.<br />
Ainsi, des investissements durables tels<br />
que des logements publics s'imposent<br />
tout comme une réorientation de<br />
l'aménagement du territoire afin de<br />
rendre obsolète de longs trajets de<br />
transport.<br />
Le 12 octobre dernier, le gouvernement<br />
a présenté le budget de l'Etat<br />
pour 2017 qu’il a placé sous le signe<br />
de la stabilité des dépenses, de la<br />
qualité, de la solidarité et de la compétitivité.<br />
Or, cette présentation est trompeuse.<br />
Le CSV constate que les chiffres<br />
présentés vont à l'encontre des<br />
promesses faites par le gouvernement:<br />
assainir les finances publiques et<br />
réduire la dette publique. Malgré une<br />
très forte croissance de plus de 4% et<br />
des taux d’intérêt historiquement bas,<br />
le déficit de l’administration centrale<br />
ne cesse d’augmenter pour s’élever<br />
en 2017 à près d'un milliard d'euros.<br />
Des nouvelles dépenses courantes<br />
telles que la mise en œuvre de la<br />
réforme fiscale en 2017, la création de<br />
1.000 nouveaux postes au service de<br />
l’Etat ou encorel’éducation plurilingue<br />
vont intensifier l’effet de ciseaux entre<br />
recettes et dépenses.<br />
Par ailleurs, nous observons, en valeur<br />
absolue, une croissance de la dette<br />
publique. Sur la période de 2017 à 2020<br />
elle va augmenter de 13,5 milliards<br />
d’euros à 16 milliards d’euros.<br />
Il importe pour le CSV de réduire la<br />
dette de l'Etat tant que la conjoncture<br />
économique y est propice et ceci pour<br />
mieux se préparer à des chocs économiques<br />
futurs.<br />
Le CSV salue le fait que le gouvernement<br />
ait évoqué «une croissance<br />
qualitative» mais se doit de constater<br />
que la majorité des «investissements<br />
durables» annoncés pour la modernisation<br />
des infrastructures du pays comme le<br />
tram ont déjà été mis sur les rails par<br />
les précédents gouvernements.<br />
Contrairement aux apparences, le<br />
budget 2017 ne prépare pas l’avenir<br />
du pays et le CSV ne peut pas<br />
partager l’optimisme du gouvernement<br />
sur l’état des finances publiques.<br />
6,5 % de croissance économique et<br />
un milliard d’endettement supplémentaire:<br />
ces deux pôles budgétaires<br />
confirment la qualification par l’ADR<br />
du budget 2017 comme, étant à la<br />
fois fou et irresponsable. A l’image<br />
des cadeaux fiscaux, le gouvernement<br />
dépense sans compter pour satisfaire<br />
ses clientèles, car avec une coalition à<br />
trois que peu réunit, les clientèles sont<br />
multiples.<br />
Le budget 2017, c’est d’abord l’échec<br />
des plans d’épargne bleu-rouge-vert.<br />
La situation des finances de l’administration<br />
centrale ne s’est pas améliorée<br />
malgré un «Zukunftspak» avec 260<br />
mesures, dont beaucoup socialement<br />
injustes, frappant les ménages à faible<br />
revenu. Il s’agit de ne pas s’y tromper:<br />
c’était l’équilibrage des recettes et<br />
dépenses de l’administration centrale<br />
qui était visé par ces mesures, le budget<br />
global du Grand-Duché, finances<br />
des communes et de la sécurité sociale<br />
comprises, étant en équilibre précaire.<br />
Deuxième constatation: Non content<br />
de faire de nouveaux emprunts, l’Etat<br />
luxembourgeois ne rembourse pas ses<br />
dettes. Le service de la dette se<br />
contente du payement des intérêts, le<br />
capital emprunté étant systématiquement<br />
refinancé par un nouveau prêt.<br />
C’est la spirale de l’endettement à un<br />
niveau que d’autres pays nous<br />
envient.<br />
Troisième constat: Les signes économiques<br />
sont à l’assainissement budgétaire.<br />
Conjoncture favorable, taux d’intérêt<br />
bas, note énergétique réduite, c’est le<br />
moment ou jamais de rembourser les<br />
crédits étatiques, d’alléger l’hypothèque<br />
financière des générations futures.<br />
Surtout que les dépenses luxembourgeoises<br />
présentent un haut potentiel<br />
d’épargne. Citons ici le projet du tram<br />
qui n’aura que peu d’impact sur les<br />
sérieux problèmes de mobilité que<br />
connaît le pays et qui n’est qu’un<br />
projet de prestige.<br />
Sven Clement, du Parti Pirate<br />
Communiqué par déi Lénk<br />
Communiqué par le CSV<br />
Communiqué par l’ADR<br />
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<strong>LG</strong> - Novembre 2016