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Société<br />
L’animal n’est plus un objet<br />
Descartes disait du cri de l’animal qu’il était comme le bruit d’une horloge. Il comparait<br />
son corps à une machine dénuée de conscience et de pensée. L’Homme au centre des<br />
choses, pouvait alors en disposer selon son gré. L’«animal-machine» bercé de<br />
l’anthropocentrisme occidental a depuis le 17 e siècle, fortement influencé notre droit.<br />
Rencontre avec Fernand Etgen, ministre de l’Agriculture qui nous présente le projet de loi qui<br />
entend «assurer la dignité, la protection de la vie, la sécurité et le bien-être des animaux».<br />
(Un) Être vivant<br />
non humain doué de sensibilité<br />
en ce qu'il est doté<br />
d'un système nerveux le<br />
rendant scientifiquement<br />
apte à ressentir la douleur<br />
et à éprouver d'autres<br />
émotions<br />
“<br />
”<br />
Un projet de loi plébiscité<br />
Si dans un premier temps, le gouvernement<br />
voulait apporter des modifications à la législation<br />
de 1983 toujours en vigueur, «il lui est<br />
très vite apparu qu’une nouvelle loi était la<br />
meilleure des solutions», explique le ministre<br />
et d’ajouter que «l’ancienne sera abrogée».<br />
Même si le projet de loi est déjà applaudi par<br />
nombre d’organisations internationales de<br />
protection animalière, «il est plus porté par<br />
les données scientifiques que par les attentes<br />
de la société». L’évolution technologique et<br />
les recherches scientifiques permettent en<br />
effet d’apporter des résultats clairs et précis<br />
sur lesquels se base le texte pour intégrer la<br />
notion de dignité.<br />
Le ministreEtgen insiste sur le fait que ce projet<br />
de loi résulte de plusieurs collaborations.<br />
Les deux groupes pétitionnaires et plusieurs<br />
associations de protection des animaux ont<br />
émis leurs suggestions et l’avis du parquet<br />
était indispensable à l’établissement de sanctions<br />
adéquates. Si la Chambre de<br />
l’Agriculture doit encore remettre ses opinions,<br />
il est déjà possible d’affirmer que le<br />
projet de loi trouve une large approbation qui<br />
s’étend jusque sur les bancs de l’opposition.<br />
De nombreuses associations critiquaient<br />
la légèreté des sanctions de la loi de 1983<br />
qui prévoyait une peine de «huit jours à<br />
six mois et d'une amende de 2.501 à<br />
200.000 (anciens) francs ou d’une de ces<br />
peines seulement». En catégorisant les<br />
délits, la nouvelle législation est beaucoup<br />
plus détaillée et les sanctions y sont plus<br />
sévères. Les animaux détenus dans de<br />
mauvaises conditions pourront désormais<br />
être retirés à leurs propriétaires et les actes<br />
de cruautés, punis de trois ans d’emprisonnement<br />
et de 200.000 euros d’amende qui<br />
pourront même être doublés en cas de<br />
récidive.<br />
Métamorphoses sociétales<br />
L’anthropocentrisme, considérant l’Homme<br />
comme entité centrale de l’univers et dont<br />
Aristote fut le premier à en faire la théorie,<br />
fut ébranlé maintes fois depuis Copernic et<br />
Galilée. Ce n’est pourtant qu’en 1822 par<br />
le “Martin’s Act“ - qui interdisait alors les<br />
châtiments cruels envers le bétail anglais -<br />
que le bien-être animalier est pour la<br />
première fois pris en compte par une<br />
législation.<br />
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<strong>LG</strong> - Novembre 2016