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LG 193

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Société<br />

Les secours venus du ciel<br />

«J’ai l’habitude de dire que nous sauvons une vie par jour», déclare le souriant René Closter.<br />

Originaire de Troisvierges, il est le président et fondateur du Luxembourg Air Rescue (L.A.R.),<br />

l’organe luxembourgeois de transport aérien d’urgence, de rapatriement de personne et<br />

de transfert d’organe. Rencontre avec cet ancien pompier obstiné, qui a su par son<br />

dynamisme et sa force de caractère surmonter les obstacles pour créer une absl qui<br />

rallie chaque point du pays en dix minutes, mais ne s’arrête pas aux frontières.<br />

“<br />

Je me suis lancé<br />

dans cette aventure tout<br />

seul puisqu’aucune institution<br />

ne me soutenait<br />

”<br />

Sortie de l’œuf<br />

Tout commence avec un accident. Dans la<br />

commune de Steinsel, un petit garçon tout<br />

juste descendu de son bus scolaire est renversé<br />

par une benne à ordures. L’un de ses<br />

pieds est sectionné. «Nous devions l’emmener<br />

rapidement au Centre Hospitalier de Toul,<br />

au-delà de Nancy, pour essayer de sauver son<br />

pied», se souvient René Closter. A l’époque, il<br />

est pompier professionnel. Vu l’urgence de la<br />

situation, les secours tentent de faire venir un<br />

hélicoptère de l’étranger pour prendre en<br />

charge l’enfant. D’Allemagne, de France ou<br />

de Belgique: aucun n’est disponible. «Nous<br />

avons dû emmener ce petit gars en ambulance.<br />

Il était sous le choc mais conscient, et il<br />

demandait sans cesse: “Monsieur, ou est<br />

mon pied?”. Difficile de lui expliquer qu’il se<br />

trouvait dans un genre de réfrigérateur»,<br />

raconte-t-il. Malheureusement, cette journée<br />

de juillet 1986 est synonyme de départs en<br />

vacances. L’autoroute est bondée et il faut<br />

quatre heures à l’équipe pour relier l’hôpital.<br />

Tout espoir de greffe est anéanti. «Il avait six ans, le<br />

même âge que mon fils à l’époque», précise-t-il.<br />

Homme de terrain qui comptabilise 14.000<br />

interventions à son actif, René Closter n’est<br />

pas facilement choqué. Mais ce drame le<br />

déstabilise. Il est conscient de l’intensification<br />

générale du trafic routier et des longues<br />

distances pour atteindre certains hôpitaux.<br />

«Ce jour-là, j’ai pris une décision: celle de<br />

créer un service de secours par les airs. Et je<br />

me suis lancé dans cette aventure tout seul<br />

puisqu’aucune institution ne me soutenait».<br />

En effet, l’idée n’est pas nouvelle dans l’esprit<br />

du luxembourgeois. Il l’a déjà proposée<br />

aux politiques et aux professionnels de la<br />

santé mais s’est toujours heurté à un refus<br />

catégorique. A l’époque, le SAMU venait de<br />

naître et n’était pas encore bien intégré dans<br />

le paysage. L’Etat craignait qu’un service<br />

héliporté d’urgence ne soit un gouffre financier.<br />

De plus, le Grand-Duché n’avait jamais<br />

disposé d’hélicoptère sur son territoire. «Tout<br />

le monde était contre ce projet. Mais j’ai pris<br />

une hypothèque sur ma maison et j’ai créé<br />

Luxembourg Air Rescue». Le 18 avril 1988,<br />

l’asbl est née.<br />

Envol<br />

Pendant des années, l’association vivote. Son<br />

siège social est installé dans une vieille tente de<br />

l’armée car la majorité du budget est attribué à<br />

la location d’un hélicoptère allemand et de son<br />

pilote. Pendant ce temps, René Closter quitte<br />

son emploi pour un poste de responsable de la<br />

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<strong>LG</strong> - Décembre 2016

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