LE TOFU TE PARLE

casser un peu l’étiquette du véganisme à ce moment-là
et comprendre qu’il y a des réalités sociales différentes
qui dépendent de l’âge, de la famille, du milieu social, et
à ce moment-là, il faut faire au mieux. Pour moi ça ne
l’est pas, j’ai de la chance.
ON VA PARLER DE LA FAMILLE MAINTENANT, PLUS PAR-
TICULIÈREMENT DES ENFANTS. DE MON CÔTÉ J’AI 3 EN-
FANTS, ON EST DES « APPRENTIS VÉGANES ». CE N’EST
PAS TOUJOURS FACILE DE CONCILIER VÉGANISME ET
FAIRE PLAISIR AUSSI AUX ENFANTS (NIVEAU NOURRITURE
MAIS AUSSI NIVEAU SORTIES). CHEZ TOI, COMMENT S’EST
PASSÉE LA TRANSITION VERS LE VÉGANISME, AU NIVEAU
ALIMENTATION ? ET DU CÔTÉ DES SORTIES ? ET À L’EX-
TÉRIEUR, CHEZ LES COPAINS/COPINES PAR EXEMPLE ?
Je comprends, mais ma réalité est différente et je suis
extrêmement chanceux, parce que nos enfants ont immédiatement
compris. Leur maman était déjà végétarienne
avant, donc on mangeait très peu de viande parce
que c’était principalement
elle qui cuisinait à la mai-
“
son, donc ils n’avaient
pas cette culture. Mais on
mangeait quand même du
fromage, et le jour où on
est devenus végétaliens/
véganes, on leur a expliqué
pourquoi et ils étaient complètement
d’accord, parce
que mes enfants, comme
tous les enfants, ont beaucoup
d’empathie pour les
animaux. Ça vient peutêtre
du fait qu’on vit à la
campagne, on est souvent
dehors et quand on fait des
randonnées, qu’on voit les
animaux sauvages, ça les
sensibilise un peu plus. Et
on a eu la chance d’être à
50 mètres de l’école où ils
étaient, ça veut dire repas à
la maison, pas de repas en collectivité, donc ça supprime
une énorme problématique, parce que si tu es parent
végane et que tes enfants vont en collectivité, tu dois
composer. Tu dois accepter que tes enfants mangent des
produits d’origine animale à la cantine parce que si tu te
lances dans une bataille juridique, c’est perdu d’avance.
C’est une pression énorme, ça contribue à entretenir
une image comme quoi les parents végétaliens ont des
comportements qui les excluent. Ce n’est pas évident,
car les enfants sont soumis à des repas en collectivité
où on ne fait pas forcément ce qu’on veut, il y a une
réalité sociale qui est que la plupart des enfants ne sont
pas véganes donc dans la cours de récré et pendant les
goûters d’anniversaire, les bonbons et gâteaux sont très
rarement véganes.
Après les questions qui se posent sont : comment voiton
l’éducation de ses enfants ? Qu’est-ce qu’on accepte
Comment voit-on l’éducation
de ses enfants ? Moi,
ma position c’est de dire
aux enfants la réalité du
monde dans lequel on vit
: voilà comment nous, on
souhaite se comporter, en
excluant l’exploitation
des animaux.
ou pas ? Moi, ma position c’est de dire aux enfants la
réalité du monde dans lequel on vit : voilà comment
nous, on souhaite se comporter, en excluant l’exploitation
des animaux. Eux sont d’accord avec ça. Après je
leur dit qu’ils vont être exposés à des produits d’origine
animale dans les goûters, donc c’est à eux de voir, je ne
leur mets pas la pression. Et on s’aperçoit que d’euxmêmes,
ce sont des produits qu’ils ne mangent pas. Ou
bien on essaye de contourner le problème, quand ils
vont à un goûter, ils emmènent toujours un gâteau ou
des bonbons, comme ça ils sont sûrs de ne pas être mis
de côté. Mon fils a 8 ans, c’est arrivé récemment qu’il me
demande si ce qu’il venait de manger était bien végane,
et je lui ai répondu de ne pas se mettre la pression avec
ça, de faire de son mieux, et il fera des choix vraiment
conscients quand il aura 14/16 ans, il fera vraiment
comme il veut faire. Mais pour l’instant, c’est hors de
question d’avoir des produits d’origine animale à la maison,
on leur explique pourquoi. C’est imposé mais pas
en forçant, on n’a pas ce rapport-là
avec nos enfants. On
“
leur explique pourquoi on le
fait, comment on le fait, et
surtout, qu’on a une alternative
facile. Avoir des enfants
véganes, il y a 5 ans, c’était
plus compliqué parce qu’il y
avait moins de produits véganes
festifs ou gourmands
facilement accessibles, mais
aujourd’hui dans les magasins
bio ou dans les boutiques
en lignes, tu trouves de
la chantilly, des bonbons, des
pizzas, des burgers… Donc
plus ça va, plus c’est facile
d’avoir des enfants véganes.
ET AU NIVEAU DES SORTIES
: PARCS ANIMALIERS, ZOOS,
AQUARIUMS… ?
Alors vraiment pas, on est
plutôt reportages animaliers, et ça leur suffit. Quand
tu enlèves le côté « regarde, ils sont heureux dans leurs
grandes cages », quand tu expliques la réalité d’un zoo,
ils sont les premiers à ne plus vouloir y aller. Même
quand tu débutes dans ta démarche végane, bien souvent,
c’est les premiers à te remettre en question sur
ce genre de sujet. Et au contraire, maintenant on aime
trouver des activités où l’exploitation animale n’est plus
en jeu. Et pour l’anecdote, ma fille vient de commencer
une correspondance qui s’appelle Epopia, qui est une
sorte de jeu de rôle dont tu es le héros, où elle écrit sa
propre histoire, et les gens d’Epopia lisent et renvoient
des réponses. Et le contexte, c’est qu’elle est directrice
d’une réserve naturelle. Donc ma fille réfléchit à écrire
son aventure pour que ça ne se transforme pas en zoo,
et dans les propositions que lui envoie l’équipe d’Epopia,
il y a des choix qui la font réfléchir. C’est à dire qu’on
lui a proposé de choisir un animal de la réserve pour
que ça devienne son animal de compagnie. Et ma fille
a répondu qu’elle ne voulait pas qu’on sorte un animal
de la réserve naturelle, par contre qu’on regarde pour
recueillir un animal qui a été abandonné ou dont les
propriétaires ne peuvent plus s’occuper. J’ai hâte de voir
comment va se poursuivre cette correspondance et
comment son histoire va se transformer.
EST-CE QUE ÇA T’ARRIVE D’AVOIR DES RÉFLEXIONS SUR
LE VÉGANISME CHEZ LES ENFANTS SUITE AUX RÉCENTES
AFFAIRES RELAYÉES PAR LES MÉDIAS ?
Encore une fois ma situation est particulière, mais être
parent végétalien d’enfants végétaliens va poser de plus
en plus de problèmes. On a vu ce qui se passe en Italie,
on voit ce qui se passe en France avec une famille qui
est embêtée par la justice parce que le végétalisme est
encore perçu comme un phénomène sectaire, de repli
ou tellement marginal que ça enferme les gens et ça les
fait passer pour des fous. Et c’est pour ça que c’est très
important de vulgariser le véganisme et de montrer,
nous tous, qu’on va bien, qu’on travaille dans des domaines
pointus, qu’on travaille dans différentes branches,
et qu’on fait partie de la société. Et que le végétalisme
n’est pas dangereux quand il est bien mené. Parce que
si on commençait à mettre en prison les parents d’enfants
qui font manger n’importe quoi à leurs enfants,
on n’aurait pas fini. Personne n’est à l’abri de donner
n’importe quoi à manger à ses enfants : les végétaliens,
les végétariens, les personnes qui donnent des produits
d’origine animale aussi.
AS-TU VU LE SUJET DE TÉLÉMATIN LE 25/11 ? UNE
RÉACTION ?
Oui, c’est terrible, il y a beaucoup de choses qui vont
dans ce sens-là ! Il y a beaucoup d’émissions médiatiques
qui sautent à pieds joints dès qu’il y a une petite
info qui va contre le véganisme ou qui va réfuter
le végétalisme, parce que ça bouleverse tellement de
certitudes et le confort dans lequel se complait la société,
que dès qu’il y a un truc qui va contre-courant de
cette petite aiguille que représente le véganisme qui va
chatouiller un peu le confort dans lequel est la société,
ils sautent dessus. Des gens comme Enthoven, l’affaire
de l’alpiniste morte dans les alpes, ça génère des articles
complètements dégueulasses. Et dernièrement Morgane
Enselme qui arrête d’être végane après 2 ans, ça
fait un buzz incroyable, elle est a plus de 150.000 vues,
parce que d’un coup on met le projecteur sur le fait que
ça ne marche soi-disant pas. Et pendant ce temps, on
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