Journal ASMAC No 4 - Août 2012
L'art et la médecine - Le NON et ses conséquences Métabolisme: diabète
L'art et la médecine - Le NON et ses conséquences
Métabolisme: diabète
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Perspectives<br />
Figure 2: Détermination évolutive des objectifs pour l’HbA1c, adaptée à diverses situations<br />
cliniques dans le suivi du patient diabétique.<br />
Tableau 1: critères diagnostiques du diabète<br />
HbA1c: critères selon consensus 2009<br />
Tolérance au glucose normale < 5,7 %<br />
Intolérance au glucose 5,7–6,4 %<br />
Diabète ≥ 6,5 %<br />
HGPO à 75 de glucose: critères OMS/IDF (glycémies veineuses)<br />
Les directives et leurs<br />
limites<br />
Au cours des vingt dernières années, le<br />
cadre de la pratique clinique a été profondément<br />
transformé, tant par l’accroissement<br />
des options thérapeutiques à disposition<br />
que par les résultats de plusieurs<br />
études-clés [4, 5, 6, 7]. Pour le praticien en<br />
quête de repères, il est cependant difficile<br />
de se maintenir à jour par rapport à cette<br />
inflation de connaissances et de moyens<br />
disponibles. Les recommandations élaborées<br />
par les associations spécialisées nationales<br />
et internationales constituent une<br />
des réponses à cette difficulté [8]. Ces<br />
documents de référence, dont certains<br />
sont librement accessibles sur le web [9,<br />
10], visent à définir des standards de pratique<br />
dérivés de connaissances scientifiquement<br />
fondées. Il s’agit d’informations<br />
précieuses, mais jamais suffisantes à elles<br />
seules pour déterminer la prise en charge<br />
du patient individuel. En effet les résultats<br />
des études correspondent à des moyennes<br />
0 min (à jeun) 120 min post HGPO<br />
Tolérance au glucose normale < 5,6 mmol/l < 7,8 mmol/l<br />
Intolérance au glucose 5,6–6,9 mmol/l 7,8–11,0 mmol/l<br />
Diabète ≥ 7,0 mmol/l ≥ 11,1 mmol/l<br />
obtenues par la comparaison de groupes<br />
de patients sélectionnés et de stratégies<br />
thérapeutiques limitées. Ces résultats ne<br />
sont donc pas directement applicables aux<br />
patients individuels dans leur diversité.<br />
L’indispensable individualisation de la<br />
prise en charge du diabète de type 2 dans<br />
la pratique, doit donc pouvoir s’appuyer<br />
sur d’autres connaissances et réflexions.<br />
La question des objectifs glycémiques illustre<br />
bien cette problématique. Viser une<br />
hémoglobine glyquée (HbA1c) de 7%, valeur<br />
retenue dans la plupart des recommandations<br />
actuelles, est certainement<br />
approprié pour le patient diabétique<br />
moyen. En cas de diabète de longue évolution<br />
entraînant une labilité glycémique,<br />
ou chez un patient polymorbide, l’objectif<br />
compatible avec l’évitement des hypoglycémies<br />
se situe plutôt vers 8 à 8,5%. A<br />
contrario, une HbA1c autour de 6% peut<br />
souvent être maintenue par des mesures<br />
non pharmacologiques uniquement en<br />
cas de diabète dépisté à un stade précoce<br />
(figure 2). Une logique semblable peut<br />
s’appliquer à la plupart des recommandations<br />
pour le suivi du diabète, des facteurs<br />
de risque associés et le dépistage périodique<br />
des complications, énumérées dans<br />
le tableau 2. La question du dépistage de<br />
la maladie coronarienne silencieuse a<br />
quant à elle suscité de vifs débats ces dernières<br />
années. Jusqu’à récemment, ce<br />
dépistage était recommandé pour tout<br />
patient diabétique de type 2 présentant au<br />
moins deux autres facteurs de risque cardiovasculaire.<br />
Les dernières études [11]<br />
ont cependant montré que ces critères<br />
conduisaient à un nombre disproportionné<br />
de dépistages inutiles. En l’absence<br />
de consensus, il paraît actuellement raisonnable<br />
de dépister électivement les patients<br />
dont le diabète et les facteurs de<br />
risque associés ont été mal contrôlés pendant<br />
plusieurs années, et/ou qui présentent<br />
déjà d’autres complications du<br />
diabète ou marqueurs d’atteinte vasculaire<br />
(microalbuminurie, rétinopathie,<br />
plaques athéromateuses carotidiennes ou<br />
fémorales). L’enseignement principal à<br />
retenir concernant la prise en charge du<br />
patient diabétique de type 2 reste l’impact<br />
majeur d’une intervention visant le<br />
contrôle simultané des facteurs de risque<br />
cardiovasculaire multiples typiquement<br />
associés au diabète de type 2 démontré<br />
dans l’étude Steno-2 [7]. Alors que dans<br />
des études sur le contrôle d’un seul facteur<br />
de risque, il faut en général traiter plusieurs<br />
dizaines de patients pour prévenir<br />
un événement, dans Steno-2 ce nombre<br />
n’était que de 5 après 8 ans. Ce résultat<br />
remarquable a en outre été obtenu avec<br />
une atteinte des objectifs thérapeutiques<br />
qui n’était que partielle.<br />
Un répertoire thérapeutique<br />
en expansion<br />
Le tableau 3 donne une vue d’ensemble<br />
des principales caractéristiques des classes<br />
pharmacologiques actuellement disponibles.<br />
Il inclut également les mesures non<br />
pharmacologiques, qui font partie intégrante<br />
de la prise en charge du diabète à<br />
chaque stade [12]. En ce qui concerne le<br />
choix parmi les options médicamenteuses,<br />
le nombre de situations où une<br />
seule s’impose est assez limité. Tel est le<br />
cas pour le traitement initial d’un diabète<br />
de type 2, pour lequel la metformine reste<br />
le premier choix indiscuté. Les principaux<br />
arguments sont son faible coût et une<br />
42 VSAO JOURNAL <strong>ASMAC</strong> N o 4 <strong>Août</strong> <strong>2012</strong>