théâtre _© Delphine Perrin
0 théâtre Annabelle Sergent est de retour À la Comédie, fin septembre, une lecture théâtralisée dévoilera le texte de la prochaine création jeune public d’Annabelle Sergent. Une habituée des plateaux rémois. L’histoire qui relie l’artiste Annabelle Sergent et Reims est déjà longue. Elle remonte maintenant à une douzaine d’années, lorsque la jeune femme participait à un stage de découverte autour de la création théâtrale pour les jeunes enfants que co-organisaient des opérateurs belges, québécois et l’incontournable festival rémois Méli’môme. Dès lors naissait une réelle complicité entre Annabelle Sergent, comédienne, autrice et metteuse en scène, et Joël Simon, le directeur de Méli’môme / Nova Villa, la structure rémoise dédiée au jeune public, aujourd’hui installée en plein cœur de la ville, au Cellier. Depuis, Annabelle Sergent a présenté chacune de ses créations à Reims, le plus souvent dans une association entre Méli’môme et la Comédie de Reims. Nouveau cycle Pendant dix ans, Annabelle Sergent a creusé un sillon original en réécrivant, à sa manière, trois contes traditionnels : Bottes de prince et bigoudis (2006) pour Blanche-Neige, P.P. les p’tits cailloux (2010) pour Le Petit poucet et plus récemment Le roi des rats (2015) autour du Joueur de Flûte d’Hamelin. Un nouveau cycle s’ouvre pour Annabelle Sergent et sa compagnie. Celui-ci connaîtra au moins deux étapes, puisque c’est l’objectif qu’elle se fixe dans son questionnement autour de la place des enfants dans les conflits. Le drame des attentats de novembre 2015 la frappe de plein fouet. Sidérée et cherchant à comprendre, Annabelle Sergent se documente sur ces guerres éloignées et pourtant si proches, sur l’exil, la violence. Enfants déplacés, déjà brisés par ce qu’ils ont vécu mais aussi petits européens qui peinent à comprendre la réalité de l’horreur qui leur est livrée au quotidien dans un flot d’images souvent dépourvues d’analyses. Sans recul. Un jour, l’un des enfants d’Annabelle Sergent lui explique au retour de l’école que « l’oncle de Gladys est mort d’un cancer du Bataclan ». Un simple « télescopage » dans les mots d’un enfant, mais aussi l’expression d’une violence crue intégrée, présente, figure inquiétante de la mort et du deuil. L’urgence d’une parole aux plus petits lui est apparue comme une évidence. À quatre mains Waynak, verra le jour sur le plateau de La Comédie de Reims, en mars prochain, à l’occasion du festival Méli’môme. Mais une première lecture théâtralisée du texte est prévue, fin septembre. Waynak, c’est une expression de langue arabe : T’es où ? L’histoire parle de deux enfants, d’une jeune fille née sur le sol français et d’un jeune garçon né sur un sol en guerre, et de leur rencontre ici en France. Ou comment vit-on ce rapport à la guerre et à l’exil ici et ailleurs, de part et d’autre de la frontière. « Mon axe de recherche artistique s’articule autour du langage, explique Annabelle Sergent, de manière à identifier comment la tension sociale actuelle imprègne le discours et l’imaginaire des enfants ». Des temps préalables à l’écriture ont été partagés avec des enfants et des jeunes, notamment à Reims au Collège Maryse Bastié. Annabelle Sergent s’y est rendue à plusieurs reprises avec sa co-autrice, Catherine Verlaguet, à la rencontre d’enfants migrants arrivés en France depuis quelques mois, quelques semaines à peine. « Parfois, ce n’était pas simples de se comprendre car les langues sont multiples. On se débrouillait, comme on pouvait, avec Google Translation ! », sourit la jeune femme. « Que se passe-t-il dans la tête, dans les imaginaires de ces enfants, lorsqu’ils doivent s’endormir ?, se demande-t-elle. Y a-t-il encore une place pour l’espoir ? » Premiers éléments de réponse le 28 septembre pour une lecture qui sans doute fera date. La création de Waynak est attendue avec impatience dans de nombreux théâtres de France. Waynak Texte d’Annabelle Sergent et Catherine Verlaguet Av e c Elisa Ruschke & Benoît Seguin Création en mars 2018 à la Comédie dans le cadre de Méli’môme (coproduction Nova Villa) Lecture théâtralisée, jeudi 28 septembre à 18h30 (14h30 pour la séance scolaire), à l’Atelier de la Comédie texte Cyrille Planson