Echo de la Réhab - N°22 - Trans[a]parence - Mars 2018
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L ' é c h o d e l a R é h a b - n ° 2 2<br />
Té m o i g n a g e s<br />
p a g e 5 1<br />
Voir<br />
J’ai mis beaucoup <strong>de</strong> force pour ne pas<br />
<strong>la</strong>isser apparaitre ce qui a <strong>la</strong>issé <strong>de</strong>s<br />
traces physiques pendant une semaine<br />
<strong>de</strong> souffrance intense. Est-ce que le fait<br />
<strong>de</strong> se scarifier est une forme <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>struction ? A force que personne ne<br />
voie, j’ai fini par en arriver à ce que ça<br />
se voie, et à remp<strong>la</strong>cer <strong>la</strong> souffrance<br />
psychique par <strong>la</strong> souffrance physique.<br />
Ne jugez pas, je ne suis pas fière <strong>de</strong> ça.<br />
Mais là où j’ai vu le plus <strong>de</strong> mal, c’est<br />
qu’avant, peu importe ma souffrance, je<br />
ne faisais souffrir personne. Mais là où<br />
j’ai fait du mal, beaucoup <strong>de</strong> mal, car<br />
aujourd’hui ça ne touchait plus que<br />
moi : j’ai fait du mal à cette personne,<br />
bien plus qu’à moi-même.<br />
Je vou<strong>la</strong>is toucher ce sujet, moi qui ai<br />
grandi seule sans jamais avoir<br />
l’attention <strong>de</strong> personne. Aujourd’hui,<br />
ce<strong>la</strong> a changé et je dois revoir ce qui<br />
touche ma personne ; car <strong>de</strong>puis 14 ans,<br />
on est <strong>de</strong>ux, et j’en ai pris conscience<br />
que, maintenant, <strong>la</strong> liberté s’arrête là où<br />
l’autre dépend d’une liberté commune.<br />
OPHÉLIE.<br />
Écouter<br />
On se découvre, le temps d’une<br />
rencontre. On discute chacun sans<br />
préjuger. L’écoute est un grand début.<br />
Soyons tolérant, regar<strong>de</strong>z autour <strong>de</strong><br />
vous et regar<strong>de</strong>z ce que vous pouvez<br />
voir. J’ai le sentiment que l’on ne se<br />
connait pas assez.<br />
Je revendique <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die psychique, je<br />
dis merci à ceux qui me ten<strong>de</strong>nt <strong>la</strong><br />
main. Ten<strong>de</strong>z bien l’oreille<br />
et vous serez écouté.<br />
BENOIT H.<br />
Rencontrer<br />
Je suis entrée le 11 août 2017 et il faut<br />
que je me force à aller rencontrer <strong>de</strong>s<br />
gens, que ce soit dans le milieu du<br />
mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie, je me sens bien à<br />
l’hôpital <strong>de</strong> jour, j’espère qu’il existera<br />
toujours. J’ai <strong>de</strong> très bons ami(e)s et une<br />
amie qui est à l’extérieur <strong>de</strong> l’hôpital <strong>de</strong><br />
jour, j’aimerais les revoir en <strong>de</strong>hors, mes<br />
amis, les inviter chez moi, aussi,<br />
à boire le café.<br />
LAURENCE.<br />
Déclic<br />
C’est le groupe <strong>de</strong> patients qui m’a donné <strong>la</strong> force <strong>de</strong> faire avancer mon dossier,<br />
grâce à leurs poèmes, leur joie <strong>de</strong> vivre, leurs compliments, leur sourire, leurs<br />
motivations. On peut faire le vi<strong>de</strong> et se consacrer au journal.<br />
Je me sens plus calme et m’intéresse plus aux autres, le journal m’apaise, c’est une<br />
drogue.<br />
Leurs poèmes me réchauffent le cœur me donne envie, le goût d’avancer, <strong>de</strong> foncer.<br />
On sent un groupe soudé.<br />
JACQUELINE