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L'Essentiel Prépas #15_mars 2018

L'Essentiel Prépas, magazine numérique dédié aux professeurs de classes préparatoires aux grandes écoles. Ce webzine est proposé par HEADway Advisory, le cabinet de conseil dédié aux acteurs de l'enseignement supérieur, de la formation et de la recherche.

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ENTRETIEN<br />

« Le gouvernement<br />

est dans un esprit<br />

de dialogue »<br />

© DR<br />

L’Union des grandes écoles indépendantes<br />

(UGEI) regroupe 34 grandes écoles de<br />

commerce et d’ingénieurs de droit privé,<br />

dont 21 EESPIG (établissement<br />

d’enseignement supérieur privé d’intérêt<br />

général) membres de la Conférence des<br />

Grandes écoles (CGE) telles l’EM Normandie<br />

ou Montpellier BS. Jean-Michel Nicolle,<br />

président de l’UGEI et directeur de l’école<br />

d'ingénieurs EPF, se penche avec nous sur<br />

les grands enjeux qu’elles rencontrent<br />

aujourd'hui.<br />

Olivier Rollot : La réforme de l’apprentissage – et singulièrement<br />

de la taxe d’apprentissage – qui va bientôt intervenir<br />

pourrait avoir des effets délétères sur de nombreuses<br />

Grande Écoles. Dans quel esprit abordez-vous la<br />

dernière phase des négociations ?<br />

Jean-Michel Nicolle : L’apprentissage est une richesse pour<br />

notre enseignement supérieur, il est un extraordinaire levier de<br />

promotion sociale mais son organisation devenait moins lisible,<br />

peu optimisée voire inéquitable sur le territoire national. La<br />

faiblesse de la coordination des nombreux acteurs ne permettait<br />

pas de véritable perspective globale et de pilotage efficient. Par<br />

ailleurs, au cours de la dernière décennie, le chômage, en particulier<br />

des jeunes, n’a pas diminué alors que des fonds de formation<br />

considérables sont disponibles pour financer l’adaptation des<br />

compétences aux besoins du marché.<br />

La formation tout au long de la vie nécessite une articulation plus<br />

fine entre apprentissage et formation continue et la réforme de<br />

l’apprentissage est un élément d’une réforme plus large de la<br />

formation professionnelle. Elle répond à une nécessité stratégique<br />

pour notre économie, celle de l’adéquation continue des compétences<br />

aux besoins des entreprises. Elle offre une opportunité<br />

pour un rapprochement de deux mondes qui, de mon point de<br />

vue, coopéraient insuffisamment, celui de l’entreprise et de l’enseignement<br />

supérieur.<br />

Aujourd'hui l’État souhaite rééquilibrer les rôles assumés par les<br />

régions et les branches professionnelles et donner à ces dernières<br />

plus de responsabilités dans le pilotage des formations en fonction<br />

des besoins et leur financement. De fait, cela atténuera sensiblement<br />

la responsabilité des régions mais je pense que cette nouvelle<br />

distribution est aussi une opportunité qui ouvre de nouveaux<br />

espaces de dialogues entre les collectivités et les entreprises.<br />

La responsabilité attribuée aux branches permet un meilleur équilibrage<br />

de l’offre sur l’ensemble du territoire mais attention de<br />

bien considérer que la réponse de formation ne vise pas à couvrir<br />

les seuls besoins immédiats de l’économie mais prenne en consi-<br />

dération les besoins futurs. L’utilitarisme à ses limites et l’objectif<br />

est bien de donner aux jeunes une capacité d’adaptation, une<br />

flexibilité opérationnelle qui leur permettra de saisir les opportunités<br />

tout au long de leurs 40 ou 45 ans de vie professionnelle !<br />

La proposition de la Conférence des directeurs des écoles françaises<br />

d'ingénieur (Cdefi), de créer un Observatoire de l’apprentissage<br />

vise à servir l’objectif d’une meilleure connaissance des<br />

pratiques de l’apprentissage et de son financement dans les<br />

écoles d’ingénieurs. Nous entrons désormais dans une période<br />

de changement qui nourrit des craintes pour les Grandes Écoles<br />

dont le modèle économique est fragile et les ressources de taxe<br />

d’apprentissage essentielles pour leur financement après une<br />

réforme de 2014 qui a durement affecté leur équilibre financier.<br />

O. R : C’est particulièrement la question de la pérennité du<br />

« barème », cette partie de la taxe d’apprentissage que les<br />

entreprises peuvent accorder aux entreprises qu’elles<br />

choisissent, qui vous préoccupe. Mais on a pu également<br />

s’interroger sur l’avenir du « hors barème », c’est-à-dire<br />

tout simplement de la pérennité de l’apprentissage dans<br />

l’enseignement supérieur.<br />

J-M. N : En 2014 la réforme du « barème » avait pénalisé l’enseignement<br />

supérieur et, en particulier, des Grande Écoles et des<br />

universités puisqu’une partie plus importante du financement<br />

avait été fléchée vers les formations ne dépassant pas le bac+2.<br />

Si nous perdions encore des ressources les conséquences<br />

seraient calamiteuses pour beaucoup de Grandes Écoles,<br />

publiques ou privées d’ailleurs, pour lesquelles la taxe d’apprentissage<br />

peut représenter 5 ou 6 %, parfois plus, du montant des<br />

ressources totales. Probablement que certaines écoles spécialisées<br />

largement soutenues par leur branche professionnelle,<br />

comme les écoles d’informatique et de génie civil, seraient plus<br />

touchées alors même qu’elles répondent à un besoin extrêmement<br />

fort de recrutement dans cette phase de reprise de la<br />

croissance économique.<br />

>>> suite page 28<br />

→ → EESPIG kézako<br />

Une grande partie des<br />

adhérents de l’UGEI<br />

bénéficient du label<br />

EESPIG (établissement<br />

d’enseignement supérieur<br />

privé d’intérêt général) qui<br />

signifie qu’ils remplissent<br />

une mission de service<br />

public dans un esprit de<br />

« non lucrativité ». Ce<br />

qui ne manque pas de<br />

provoquer des dissensions<br />

entre les écoles qui le<br />

possèdent et les autres. « Le<br />

label EESPIG ne doit pas<br />

être source de fracture au<br />

sein de notre enseignement<br />

supérieur national. Il<br />

est essentiellement lié<br />

à la non-lucrativité et<br />

donc à la traçabilité des<br />

ressources publiques. Pour<br />

le reste, l’ensemble des<br />

établissements de l’UGEI<br />

font l’objet d’évaluations<br />

qui garantissent la qualité<br />

de leurs missions au service<br />

de la société. Ne créons pas<br />

un nouvel ostracisme car<br />

la croissance a besoin de<br />

toutes nos écoles ! », insiste<br />

Jean-Michel Nicolle.<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 27 MARS <strong>2018</strong> | N°15

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