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Le « Disibodenberg » – Mont Saint-Disibod<br />
Le « Disibodenberg » – Mont Saint-Disibod<br />
monde, à l’âge de 20 ans, pour y mener une vie de recluse. Elle prit en<br />
main l’éducation de la jeune Hildegarde et de deux autres jeunes filles qui<br />
lui furent également confiées. La découverte d’une biographie de Jutta,<br />
qui sera plus tard béatifiée, permet de conclure de la spiritualité qui imprégnera<br />
Hildegarde dans sa jeunesse. Parallèlement à sa formation religieuse,<br />
son instruction doit lui avoir permis d’acquérir une culture riche et<br />
variée. Les monastères bénédictins étaient anciennement de véritables<br />
bastions de l’Art et de la Science. Avec, plus tard, à ses côtés, le moine<br />
Volmar, son conseiller érudit, elle sera très vite introduite dans le monde<br />
complexe de la tradition bénédictine. L’ensemble de son œuvre témoigne<br />
de cette culture universelle qui se traduit dans sa façon d’aborder la théologie,<br />
l’histoire naturelle et la médecine, dans sa représentation du « Cosmos<br />
» du monde et de l‘homme, dans la composition de ses chants et à<br />
travers son abondante correspondance.<br />
Entre 1112 et 1115, Hildegarde opte définitivement pour la vie monastique<br />
et prononce les vœux de l’Ordre Bénédictin. À cette occasion, il<br />
est fait mention, dans sa biographie, de l’évêque Otto de Bamberg. Celui-ci<br />
remplaçait l’archevêque Adalbert I, maintenu en captivité par<br />
l‘empereur. En 1136, Jutta de Sponheim, « Magistra » – « Maîtresse » –<br />
du couvent du Disibodenberg, meurt. Et c’est d’un « commun accord »<br />
comme il nous l’a été transmis, qu’Hildegarde est choisie pour lui succéder,<br />
par l’assemblée conventuelle qui s’est élargie à 12 femmes. L’année<br />
1141 va représenter un tournant décisif dans la vie de la nouvelle « Magistra<br />
» du Disibodenberg. « À l’âge de 42 ans et 7 mois », comme elle le<br />
précise exactement, elle va vivre un évènement qu’elle appellera sa<br />
« Vision » et qui va l’engager dans une voie totalement nouvelle. Depuis<br />
son plus jeune âge, Hildegarde était douée d’une intuition exceptionnelle.<br />
Mais à présent, c’est comme si elle avait été saisie par le Feu de<br />
l’Esprit divin, comme une miniature de son premier ouvrage « Scivias »<br />
essaie de le représenter et, dans cette Lumière, elle voit la « Lumière vivante<br />
». Elle La voit et L’entend non par ses « yeux corporels » ou par ses<br />
« oreilles humaines extérieures », mais seulement « intérieurement »,<br />
« en étant éveillée », les yeux corporels ouverts et en dehors de toute<br />
extase. Le genre de vision place Hildegarde au même rang que les Prophètes<br />
de l’Ancien Testament qui reçoivent eux aussi cette même mission<br />
« Écris ce que tu vois et entends ».<br />
Ce n’est pas sans réticence qu’elle se conformera à cet ordre et débute,<br />
en 1141, au Disibodenberg, la rédaction de son premier ouvrage à caractère<br />
théologique et visionnaire, le « Scivias », achevé en 1151. Dans le<br />
doute qui l’assaille à plusieurs reprises pendant son travail, elle consultera<br />
l’abbé Bernard de Clairvaux qui, perplexe au départ, finira par plaider<br />
et s’engager en sa faveur lors du synode de Trêves 1147/48, en présence<br />
du pape Eugène III : il soutiendra les écrits des Visions avec une<br />
telle ferveur et conviction que les textes, après avoir été examinés, seront<br />
lus par le pape en personne devant l’assemblée de cardinaux. Il re-<br />
Ruines du monastère du Disibodenberg<br />
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