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L'Essentiel Prépas #16 _ Avril 2018

L'Essentiel Prépas, magazine dédié aux professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales. Magazine numérique édité par HEADway Advisory.

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AVRIL <strong>2018</strong> | N° 16<br />

ÉCONOMIQUES<br />

& COMMERCIALES<br />

PAROLES DE PROF<br />

Regards croisés entre Histoire et Économie pour appréhender le monde contemporain<br />

DOSSIER<br />

Comment<br />

sont organisées<br />

les écoles de<br />

management<br />

ENTRETIENS<br />

Le hall de Kedge BS<br />

à Bordeaux.<br />

Thomas Froehlicher<br />

Rennes SB<br />

Henri Buzy-Cazaux<br />

ISC Paris<br />

YouTube


EDITO<br />

Parcoursup est entré<br />

dans sa phase décisive<br />

La première phase de Parcoursup, celle de saisie des vœux, s’est achevée le 13 mars.<br />

887 681 candidats inscrits ont formulé au moins un vœu pour cette session <strong>2018</strong>,<br />

dont 666 002 en terminale, 122 620 étudiants en réorientation, et 99 059 candidats<br />

dans une autre situation (non scolarisés, candidats inscrits à l’étranger…), soit une<br />

hausse de 5,23 % par rapport à 2017. Au total, ce sont un peu plus de 7 millions de<br />

vœux qui ont été enregistrés, soit une hausse de 6,8 % par rapport à 2017. Le nombre<br />

moyen de vœux par candidat s’établit à 7,9 vœux par candidat. Les futurs bacheliers<br />

avaient ensuite jusqu’au 31 mars pour finaliser leur dossier et confirmer leurs<br />

vœux. Les établissements d’enseignement supérieur vont maintenant leur répondre<br />

du 22 mai au… 21 septembre. Des semaines compliquées s’annoncent pour tous<br />

comme le résume le président de l’université Paris-Descartes, Frédéric Dardel : « Je<br />

suis un peu dans la position du gars, sur la plage, qui sait qu'il va prendre la grosse<br />

vague dans la figure et qui ne sait pas comment ça va le bousculer »<br />

Comment les universités vont-elles s’organiser ? « Aucune université ne peut<br />

aujourd'hui indiquer comment va se dérouler la phase d’examen des dossiers »,<br />

explique le président de l’université de Strasbourg, Michel Deneken, qui entendait<br />

s’appuyer sur l’expertise de ses instituts universitaires de technologies (IUT), habitués<br />

à l’examen des dossiers et à l’utilisation d’outils d’aide à la décision. « Nous ne partons<br />

pas de rien, confirme le président de la Conférence des présidents d'université, Gilles<br />

Roussel. Nos composantes doivent maintenant s’approprier les critères pour faire<br />

réussir le plus d’étudiants possible. » Pas si facile comme en témoignent les multiples<br />

tensions qui touchent depuis les universités. Dans un rapport l’Inspection générale<br />

de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche (IGAENR) soulignait<br />

d’ailleurs début <strong>2018</strong> les difficultés « philosophiques » (opposition ou réserve à l’idée<br />

d’examiner et de classer les candidatures) ou techniques (les procédures ne sont pas<br />

formalisées).<br />

Quels délais ? Si les points précédents ne concernent que les universités, tous ceux<br />

qui recrutent après le bac s’inquiètent des délais de décision que vont avoir les futurs<br />

bacheliers. Notamment en raison de l’abandon de la hiérarchisation des vœux. Un point<br />

qu’ont particulièrement soulevé les proviseurs de lycées proposant des classes préparatoires<br />

comme Chantal Collet, proviseure du lycée Saint-Louis à Paris : « Les élèves<br />

auront sept jours pour répondre, positivement ou pas, à la proposition qu’on leur fait.<br />

Mais prenons l’exemple des lycées proposant les classes préparatoires les plus renommées.<br />

Disons les six plus demandés. Avec APB, et compte tenu du nombre de divisions,<br />

chacun de ces lycées permettait à environ 200 élèves de recevoir une réponse positive<br />

en MPSI. En tout 1200 élèves. Avec Parcoursup, lors de la toute première réponse,<br />

ils ne seront probablement qu’environ 500 voire moins, les tout meilleurs, à recevoir<br />

plusieurs réponses positives à leurs vœux. Dès le 501 e tous les autres vont être en liste<br />

d’attente. » Du point de vue des élèves, il valait mieux ne pas savoir si on était sur la<br />

liste principale ou sur la liste d'attente, tant qu'on est pris !<br />

Un candidat accepté à la fois en MPSI et PCSI dans le même lycée va même occuper<br />

provisoirement deux places ! De très bons candidats vont devoir donc être rassurés le<br />

temps que ceux qui sont devant eux fassent leur choix. « Nous allons devoir inciter les<br />

élèves de terminale tout de suite acceptés à faire un choix rapide pour ne pas bloquer<br />

tous les autres. Par ailleurs, et puisque, dès qu’un candidat<br />

dit « oui », il libère une place, le processus sera continu avec<br />

des réponses chaque jour, ce qui va demander beaucoup<br />

d’attention de la part des candidats », remarque le proviseur<br />

de Louis-Le-Grand, Jean Bastianelli. Mais le risque<br />

c'est aussi que cette année, les élèves préfèrent accepter<br />

la première proposition que d'attendre un « oui » définitif, en<br />

particulier lorsqu'ils ont besoin de chercher un logement…<br />

Olivier Rollot<br />

Rédacteur en chef<br />

Sommaire<br />

AVRIL <strong>2018</strong> | N° 16<br />

• « L’Essentiel du Sup - <strong>Prépas</strong> » est une publication du groupe<br />

| 33 rue d’Amsterdam | 75008 Paris<br />

• Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont<br />

• Rédacteur en chef : Olivier Rollot | o.rollot@headway-advisory.com<br />

• Responsable commerciale : Fanny Bole du Chomont<br />

| f.boleduchomont@headway-advisory.com - 01 71 18 22 62<br />

• Photo de couverture : Kedge BS<br />

Les ESSENTIEL DU MOIS 4 à 8<br />

ENTRETIEN 10 & 11<br />

Comment sont<br />

organisées<br />

les écoles de<br />

management ?<br />

Thomas Froehlicher :<br />

« J’apprécie la jeunesse et<br />

l’énergie de Rennes SB »<br />

DOSSIER 12 à 15<br />

PUBLI-INFORMATION 16 & 17<br />

La recherche au Groupe ESC<br />

Clermont : suivre et accompagner<br />

les évolutions<br />

PAROLES DE PROF 18 & 19<br />

Regards croisés entre Histoire et<br />

Économie : les apports réciproques<br />

de deux dimensions qui éclairent<br />

l’appréhension du monde<br />

contemporain<br />

ENTRETIEN 20 & 21<br />

Henri Buzy-Cazaux :<br />

« À l’ISC Paris, on est heureux<br />

pendant ses études ! »<br />

DÉBAT 22<br />

Comment bâtir des<br />

« universités européennes »?<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 2 AVRIL <strong>2018</strong> | N°16


NANTES | PARIS | BEIJING | SHENZHEN<br />

www.audencia.com<br />

6 e au SIGEM<br />

depuis 2002<br />

« Parce que l’audace s’affirme avec le savoir, nous développons vos expériences,<br />

Parce que le talent s’exprime grâce à la culture, nous multiplions les influences,<br />

Parce que leadership et responsabilité doivent se faire écho, nous visons plus haut.<br />

Notre vocation ? Vous permettre de développer la vôtre ! »<br />

Nicolas ARNAUD<br />

Directeur Audencia Grande École<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 3 AVRIL <strong>2018</strong> | N°16


L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

EN BREF<br />

→→<br />

KEDGE lance une<br />

série de reportages<br />

vidéo<br />

L’objectif est de<br />

mettre en lumière<br />

la communauté<br />

d’étudiants et de<br />

diplômés de l’école,<br />

en France et à<br />

l’international. La<br />

première étape du<br />

tournage débute ce<br />

mois-ci en Chine, à<br />

Shanghai et Suzhou,<br />

où KEDGE est<br />

implantée.<br />

→ Michel Baroni,<br />

63 ans, a été nommé<br />

doyen de l’ESSEC<br />

Business School<br />

après avoir été élu<br />

par l’ensemble des<br />

professeurs. Il succède<br />

à Vincenzo Esposito<br />

Vinzi, qui a pris la<br />

direction générale de<br />

l’école fin 2017. Michel<br />

Baroni est professeur<br />

de finance à l’ESSEC<br />

depuis 1999.<br />

→ Babak<br />

Mehmanpazir a été<br />

nommé directeur<br />

général adjoint de l’EM<br />

Strasbourg. Maitre<br />

de conférences en<br />

stratégie à l’Université<br />

de Strasbourg, Babak<br />

Mehmanpazir a<br />

occupé le poste de<br />

directeur délégué en<br />

charge du Programme<br />

Grande Ecole (PGE)<br />

depuis 2008 après avoir<br />

participé à la création<br />

de l'EM Strasbourg<br />

Business School en sa<br />

qualité de directeur<br />

général de l'IECS<br />

(2005-2008).<br />

La BCE veut mieux identifier son option<br />

technologique<br />

À partir du concours 2020, le concours post-prépas de la BCE<br />

(Banque commune d’épreuves) entend limiter l’inscription à l’option<br />

technologique de la filière économique et commerciale aux<br />

candidats titulaires d’un baccalauréat technologique, technique<br />

ou professionnel. Il s’agit est à la fois d’encourager les candidats<br />

issus de la voie technologique à faire le choix d’une CPGE à l’issue<br />

du bac et de leur laisser toutes les chances de réussite, en empêchant<br />

les tactiques de contournement de candidats issus d’un bac<br />

Skema rejoint Hesam<br />

Suite au vote du conseil d’administration qui s’est tenu le 20 mars<br />

Skema rejoint la Comue (communauté d'universités et d'établissements)<br />

Hesam qui compte déjà en son sein les Arts et Métiers<br />

ou des écoles comme Boulle ou l’École du Louvre. Pour Skema il<br />

s’agit notamment « de s'impliquer dans les réponses aux appels<br />

d’offres mondiaux aux côtés des autres membres ». Skema entend<br />

également engager sa coopération sur de nouveaux parcours de<br />

bachelors et de masters interdisciplinaires, tracer de nouveaux<br />

itinéraires métiers en doctorat, lancer des projets européens et<br />

internationaux et faire de l'Afrique la base de développements<br />

internationaux communs. n<br />

BSB a ouvert son<br />

capital aux entreprises<br />

BSB (Burgundy School of Business) a apporté un démenti<br />

bienvenu à tous ceux qui désespèraient que les EESC (établissements<br />

d’enseignement supérieur consulaire) ouvrent jamais<br />

leur capital à des entreprises. Le 1 er janvier <strong>2018</strong>, elle a en effet<br />

la première école de management à procéder à l’ouverture de<br />

son capital. Deux banques mutualistes (la Caisse d’Epargne de<br />

Bourgogne Franche-Comté et la Banque Populaire de Bourgogne<br />

Franche-Comté) y ont souscrit ainsi que trois dirigeants d’entreprises.<br />

Quelle autre école suivra maintenant le mouvement ?<br />

→ En novembre 2016, BSB était passée au statut d’EESC à<br />

l’initiative de la CCI Côte d’Or et de l’AGESC (Association de<br />

Gestion de l’ESC Dijon-Bourgogne). n<br />

79% d'une génération<br />

titulaire du baccalauréat<br />

Selon les résultats définitifs de la session 2017 du baccalauréat<br />

c’est 79% d'une génération qui est titulaire du baccalauréat.<br />

Avec 732 700 candidats et 643 800 bacheliers, le taux de<br />

réussite atteint 87,9% : 90,6% en général, 90,4% en technologique<br />

et 81,5% en professionnel. Il diminue très légèrement<br />

dans la voie technologique, et de façon plus marquée dans les<br />

voies générale et professionnelle en recul de près d’un point.<br />

La proportion de bacheliers dans une génération fluctue entre<br />

78 % et 79 % depuis quatre sessions. Elle augmente très légèrement<br />

cette année (+ 0,3 point), la hausse dans la voie générale<br />

étant partiellement compensée par la baisse dans la voie<br />

professionnelle. Elle atteint 79,1% en 2017. n<br />

général qui sont contraires à cette logique de filières. L’inscription<br />

aux autres options de la filière économique et commerciale est<br />

réservée aux candidats titulaires d’un baccalauréat général. De<br />

plus un candidat ayant présenté le concours dans une option / voie<br />

n’est pas autorisé à le retenter dans une option / voie différente.<br />

→ Ces mesures s’adressent aux élèves qui intégreront les CPGE à<br />

la rentrée <strong>2018</strong> et passeront les concours en 2020. n<br />

De nouvelles implantations<br />

parisiennes<br />

HEC devrait prochainement s’installer dans de nouveaux locaux<br />

parisiens sur quelque 7 000 m 2 près de la Porte Maillot. Grenoble<br />

EM aurait également trouvé de nouveaux locaux près de la Gare de<br />

Lyon alors que l’EM Normandie, avec laquelle elle en partage dans<br />

le 16 e arrondissement commence à s’y trouver à l’étroit. Skema<br />

aurait trouvé des locaux où elle pourrait enfin mettre en avant sa<br />

marque, ce qui lui est impossible au sein du Pôle Léonard de Vinci.<br />

Enfin Neoma et Kedge vont déménager pour intégrer des locaux<br />

plus importants. n<br />

Nouveau bac : on en sait plus<br />

L'Étudiant révèle les propositions du ministère de l'Éducation nationale<br />

pour le nouveau bac et notamment quels seront les coefficients<br />

de chaque épreuve :<br />

- 10 (5 pour l'écrit, 5 pour l'oral) pour l'épreuve anticipée de français ;<br />

- 8 pour l'épreuve de philosophie ;<br />

- 10 pour l'épreuve terminale orale ;<br />

- 16 pour chacune des épreuves de spécialités.<br />

Par ailleurs les sujets des partiels (histoire-géographie ; langue<br />

vivante A ; langue vivante B ; humanités scientifiques et numériques<br />

; éducation physique et sportive et une discipline de spécialité)<br />

seraient nationaux choisis au sein d’une banque nationale numérique<br />

de sujets. Quant aux copies elles seraient anonymes et les élèves ne<br />

seraient pas évalués par leurs enseignants.<br />

Alors tout cela concourt-il vraiment à une simplification du bac<br />

s’interrogent des syndicats d’enseignants ? La secrétaire générale<br />

du syndicat réformiste SGEN, Catherine Nave-Bekhti, regrette une<br />

réforme « incohérente et bâclée » quand Claire Guéville, responsable<br />

du secteur lycée du SNES-FSU, parle d’une « usine à gaz » (lire dans<br />

Le Monde). n<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 4 AVRIL <strong>2018</strong> | N°16


L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

TBS crée son « Business Starter »<br />

En s'appuyant sur l'expérience de son incubateur TBSeeds,<br />

Toulouse Business School lance son pôle entrepreneuriat : le<br />

Business Starter. Le Business Starter regroupe l'ensemble des<br />

ressources pédagogiques et des services proposés par TBS<br />

pour promouvoir et accompagner l'entrepreneuriat. 14 enseignants-chercheurs<br />

y apporteront leur concours. Et pas seulement<br />

en aidant les étudiants de TBS. Partenaire de l'INSA, TBS<br />

a contracté plusieurs accords avec des écoles d’ingénieurs<br />

toulousaines pour « assurer une véritable synergie entre étudiants<br />

ingénieurs et managers porteurs de projets de startups et de<br />

contribuer à la création de valeurs ». « De nombreuses initiatives,<br />

transformées en succès ont été lancées par TBS autour<br />

de l'entrepreneuriat. Il était temps, pour des raisons d'efficacité<br />

et de synergies, de les rassembler autour d'un label commun »,<br />

explique François Bonvalet, le directeur général de TBS.<br />

→ Mis en place cette<br />

année sur le campus<br />

de Toulouse, le Business<br />

Starter sera déployé<br />

à la rentrée prochaine<br />

sur les campus de<br />

Barcelone, Casablanca<br />

et Paris. À partir de la<br />

rentrée 2019, TBSeeds<br />

sera ouvert aux alumni<br />

de TBS. Le dispositif,<br />

identique à celui proposé<br />

aux étudiants, devrait<br />

accueillir de 7 à 10<br />

projets par semestre. n<br />

L’ISC réorganise sa recherche<br />

Le laboratoire de recherche de l’ISC Paris, dirigé par le professeur<br />

Coralie Dalmay, fait peau neuve autour de quatre axes de<br />

recherche : « Recherches en finance, régulation et mutations<br />

économiques », « Management, Stratégies et Transformations<br />

Organisationnelles », « Pratiques marketing et comportements<br />

des consommateurs » et « Axe de création de matériaux et de<br />

cas pédagogiques ». Ce dernier a pour objectif de produire des<br />

cas et matériaux pédagogiques en vue de les déposer à une<br />

des centrales des cas comme à « générer des contributions<br />

dans des revues professionnelles ou des ouvrages par exemple,<br />

au service de la mission, transversalement aux trois axes<br />

thématiques précédents ».<br />

→ Ces cinq dernières années le laboratoire de l’ISC a produit<br />

103 articles dans des revues classées, 40 dans des revues à<br />

portée professionnelles, 82 chapitres d’ouvrages/ouvrages, plus<br />

de 150 communications scientifiques ainsi qu’une vingtaine de<br />

cas pédagogiques. n<br />

EN BREF<br />

→→<br />

Une « International<br />

Summer School » à KEDGE<br />

Après son Premium Summer<br />

School, en partenariat avec<br />

l’école d’art culinaire<br />

FERRANDI Paris, Kedge lance<br />

son International Summer<br />

School. Du 18 juin au 27 juillet<br />

les étudiants peuvent suivre un<br />

module sur un seul campus ou<br />

s’organiser un tour de France et<br />

suivre jusqu’à six modules<br />

(« Design Thinking & Managing<br />

the Creative Process »,<br />

Entrepreneurship », etc.) sur<br />

chacun des campus de l’école.<br />

→→<br />

GEM lance un MOOC de<br />

géopolitique. Quelques jours<br />

après la 10 e édition de son<br />

Festival de géopolitique,<br />

Grenoble EM a lancé un<br />

programme de géopolitique<br />

Global Studies : International<br />

Relations and World Politics<br />

sur la plateforme FutureLearn.<br />

100 % en ligne, il a démarré le<br />

26 mars et comprend cours<br />

gratuits, attestation d’apprentissage<br />

et examen payants avec<br />

4 crédits ECTS à la clé.<br />

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VOS ÉLÈVES DANS LA<br />

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Comment se valoriser lors de leur entretien de motivation, se différencier,<br />

se «vendre» ?<br />

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QUELQUES CLÉS DE LECTURE<br />

POUR MIEUX SE PROJETER<br />

• Conférence<br />

«Une Grande École de Management et après ?»<br />

Animée par Stéphan BOURCIEU, Directeur Général de BSB.<br />

• Ateliers thématiques issus des 6 domaines d’expertise de<br />

l’École<br />

Finance – Marketing - Arts & Cultural Management – Digital - Wine &<br />

Spirits Management - Entrepreneurship.<br />

Animés par nos enseignants chercheurs.<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 5 AVRIL <strong>2018</strong> | N°16


L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

EN BREF<br />

→→<br />

TBS fait le point<br />

sur son programme<br />

Equal.ID<br />

En 2016, Toulouse<br />

Business School<br />

inaugurait son<br />

programme Equal.ID,<br />

visant à lutter contre<br />

les inégalités femmes/<br />

hommes en entreprise<br />

et l'autocensure de ses<br />

étudiantes et jeunes<br />

diplômées dans leur<br />

parcours professionnel.<br />

Depuis 116 étudiantes<br />

sont accompagnées<br />

par près de 88 femmes<br />

mentors. À l'occasion<br />

de la Journée de la<br />

femme, TBS a réalisé<br />

un documentaire qui<br />

retrace l'expérience<br />

de 3 étudiantes en<br />

phase d'insertion<br />

professionnelle qui ont<br />

suivi le programme.<br />

→→<br />

Skema scrute la<br />

féminisation des<br />

grandes entreprises<br />

L'Observatoire SKEMA<br />

de la féminisation des<br />

entreprises a comparé<br />

la diversité des 53 plus<br />

grandes entreprises<br />

privées françaises<br />

et des 53 plus<br />

grandes entreprises<br />

allemandes. Résultat :<br />

les grandes entreprises<br />

françaises sont plus<br />

féminisées que les<br />

grandes entreprises<br />

allemandes et l'écart<br />

s'accentue dans les<br />

échelons supérieurs de<br />

l'organisation.<br />

→→<br />

L’Ile-de-France<br />

lance son portail<br />

d’orientation<br />

La région Ile-de-<br />

France lance Oriane,<br />

portail d'orientation et<br />

d'offres de formation<br />

de la Région Ile-de-<br />

France. Fruit de deux<br />

ans de travail, le portail<br />

Oriane a vocation<br />

à ce que collégiens,<br />

lycéens, apprentis,<br />

étudiants, salariés et<br />

demandeurs d'emplois<br />

puissent s'orienter vers<br />

les bonnes formations,<br />

pour trouver un emploi<br />

près de chez eux et<br />

dans les domaines les<br />

plus proches de leurs<br />

compétences.<br />

Audencia remporte le<br />

bronze du Grand prix<br />

stratégies du digital <strong>2018</strong><br />

Audencia Business School a obtenu la 3 ème place au Grand Prix<br />

Stratégies du Digital <strong>2018</strong> dans la catégorie « Eco-système digital<br />

», une web série réalisée par Havas pour l’Armée de l’air<br />

emportant le premier prix. Le jury a ainsi récompensé la transformation<br />

de son éco-système digital menée depuis plus d’un<br />

an. À noter qu’Audencia est la seule entreprise à avoir réalisé sa<br />

campagne en interne.<br />

19 000 nouvelles places dans l’enseignement supérieur<br />

Les Graduate Programmes<br />

plébiscités par les<br />

entreprises et les étudiants<br />

Les résultats de la nouvelle étude de l'EDHEC NewGen Talent Centre<br />

confirment le vif intérêt des jeunes diplômés français et internationaux<br />

pour les Graduate Programmes, ces parcours d'intégration en<br />

entreprise à base de rotations et de développement des compétences<br />

qui promettent une accélération des débuts de carrières. Alors<br />

que 48 % des diplômés de moins de 30 ans quittent leur poste en<br />

moins de 22 mois, les Graduate Programmes parviennent en effet<br />

à fidéliser 75 % des participants. « Les jeunes diplômés veulent<br />

que leur premier emploi leur fasse vivre une aventure exaltante et<br />

contributive dans lequel ils aient de l'impact. Les meilleurs Graduate<br />

Programmes concentrent les caractéristiques recherchées par ces<br />

jeunes talents : challenge, développement des compétences, diversité<br />

des missions, perspective internationale, mentoring », explique<br />

Manuelle Malot, la directrice de l'EDHEC NewGen Talent Centre.<br />

→ 630 entreprises offrent 1 300 programmes, soit 46 % de plus<br />

qu'il y a 2 ans (source site graduate-programmes.com). n<br />

Avec un «score d’influence» de 171 ce sont, ex-aequo, l’Essec,<br />

HEC et Sciences Po qui dominent le classement des écoles les<br />

plus influentes sur Twitter que publient Les Échos Start. Prouvant<br />

une nouvelle fois que nombre d’abonnés ne rime pas forcément<br />

avec une influence qui tient d’abord à l’engagement des followers.<br />

→ Audencia a également été récompensée en novembre dernier<br />

par COM-ENT pour sa stratégie digitale avec l'attribution d'un Prix<br />

d'Honneur n<br />

En y ajoutant les 2 000 places financées en BTS ce sont 19 000<br />

places supplémentaires que le gouvernement aurait déjà financés<br />

dans l’enseignement supérieur en <strong>2018</strong>. 22 000 étant en tout<br />

prévues pour recevoir les 28 000 bacheliers supplémentaires qui<br />

vont s’inscrire cette année c’est sans doute à l’enseignement privé<br />

que le gouvernement entend déléguer un différentiel qui correspond<br />

à peu près d’ailleurs à son poids dans l’enseignement supérieur<br />

français. Dans le détail ce sont d’abord les licences STAPS<br />

(3 000 places) qui en bénéficient devant le droit et l’économie-gestion<br />

(2 000 chacune) et la PACES (1 700). 3 400 de ses nouvelles<br />

places ouvriront en Ile-de-France, 1 800 en Occitanie comme en<br />

PACA. n<br />

Grenoble EM va former<br />

des autistes aux data<br />

Grenoble EM et le Centre ressource de réhabilitation psychosociale<br />

et de remédiation cognitive (C3R) s’associent pour former<br />

les personnes porteuses du syndrome d’Asperger (une forme<br />

d’autisme) au domaine des data. Accessible après le bac, le<br />

cursus est réservé aux personnes de plus de 18 ans porteuses<br />

du syndrome Asperger et principalement référées par des<br />

Centres de ressources autisme. Il alternera cours en ligne et<br />

sessions en présentiel pendant 6 mois. « Les cours à distance<br />

seront assurés par des professeurs de GEM et porteront sur le<br />

big data, le développement de logiciels, et la cybersécurité. La<br />

partie en présentiel sera assurée par des coachs aspergers et<br />

sera axée sur la recherche d’emploi, l’aspect social, l’intégration<br />

et le maintien en entreprise » explique Laurence Sirac, directrice<br />

du programme et responsable de l’insertion professionnelle au<br />

sein de GEM pour les MBA et les masters, elle-même diagnostiquée<br />

Asperger.<br />

→ 900 000 emplois dans les data sont non pourvus selon<br />

une étude e-skills monitor 2013). La formation ouvrira en<br />

janvier 2019 n<br />

Quelles sont les universités et écoles<br />

les plus influentes sur Twitter ?<br />

Ce score de 171 est en effet obtenu en partant respectivement de<br />

36 000, 55 000 et 86 500 abonnés. Cinquième l’École polytechnique<br />

est la première école d'ingénieurs.<br />

Du côté des universités c’est Bordeaux qui l’emporte, avec un<br />

excellent score de 70, devant Paris 1 et Paris-Dauphine. n<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 6 AVRIL <strong>2018</strong> | N°16


Plus 2 places au classement SIGEM 2017.<br />

Augmentation de la barre d’admissibilité.<br />

Plus 1 place au classement des meilleures<br />

Business Schools européennes<br />

du Financial Times.<br />

PROGRAMME GRANDE ÉCOLE ● DIPLÔME VISÉ BAC+5 ● GRADE DE MASTER<br />

Pionnière dans l’âme, l’EM NORMANDIE n’a cessé de se réinventer pour offrir à ses<br />

étudiants une vision d’avenir, en adéquation avec les attentes du monde de l’entreprise.<br />

Parcours Élite International spécial prépas, Parcours Accompagnement Professionnel<br />

spécial prépas pour l’alternance, les stages d’année optionnelle, de fin d’études… sont<br />

autant de clés pour garantir la réussite et l’épanouissement professionnels futurs des<br />

étudiants.<br />

L’ESPRIT DE CONQUÊTE<br />

Programme Grande Ecole<br />

en Formation Initiale.<br />

em-normandie.fr<br />

CAEN ● LE HAVRE ● PARIS ● DUBLIN ● OXFORD<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 7 AVRIL <strong>2018</strong> | N°16


L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

EN BREF<br />

→→<br />

Kedge BS spécialiste de<br />

la supply chain<br />

C’est l’une de ses grandes<br />

spécialités. Deux professeurs<br />

de Kedge BS, Jason Monios<br />

et Pierre Cariou, sont<br />

classés à la 5 e et à la 9 e place<br />

dans un article de la revue<br />

International Journal of<br />

Shipping and Transport<br />

Logistics qui dresse la liste<br />

des 50 meilleurs enseignantschercheurs<br />

spécialisés dans le<br />

transport maritime, au<br />

niveau mondial.<br />

→→<br />

Trois mesures pour<br />

mieux reconnaître le<br />

doctorat<br />

Frédérique Vidal a clôturé le<br />

27 mars la Journée nationale<br />

du doctorat, dans le grand<br />

amphithéâtre de la Sorbonne.<br />

L’occasion d’annoncer trois<br />

mesures permettant une<br />

meilleure reconnaissance du<br />

diplôme de doctorat au plan<br />

national et international :<br />

• l’inscription des doctorats<br />

au Répertoire National<br />

des Certifications<br />

Professionnelles (RNCP) ;<br />

• l’augmentation du nombre<br />

de Convention Industrielle<br />

de « Formation par la<br />

Recherche (CIFRE) ;<br />

• le lancement cet été d’un<br />

nouvel appel à projets pour<br />

les Écoles Universitaires de<br />

Recherche (EUR).<br />

Quelles sont les<br />

entreprises préférées<br />

des étudiants ?<br />

Universum a révélé les résultats de son enquête annuelle<br />

sur les entreprises préférées des étudiants des Grandes<br />

Ecoles. Auprès des étudiants d’écoles de management, LVMH<br />

conserve, pour la 13 e année consécutive, sa première place<br />

sur le podium. Ensuite, L’Oréal Group détrône Google et prend<br />

la deuxième place. Chanel et Apple conservent respectivement<br />

leur 4 e et 5 e place. Amazon fait une progression de 13 places,<br />

la plus importante de tout le classement, alors que les autres<br />

géants américains Google, Microsoft (-3 places) et Apple sont<br />

en perte de vitesse. On note également une progression de huit<br />

places de Deloitte qui, pour la première fois, intègre le top10<br />

(KPMG est 11 e , EY 12 e , PwC 23 e ). n<br />

ENA : le jury n’aime<br />

décidément pas<br />

les candidats !<br />

C’est rituel : chaque année ou presque le jury de l’ENA remet<br />

un rapport dans lequel il se plaint du « conformisme » des<br />

candidats qu’il vient, on se demande bien pourquoi, de sélectionner…<br />

À lire dans Le Point tout en relisant le propos de la<br />

présidente du jury qui dit d’une part que « les candidats se<br />

rassurent à tort en faisant état de toute la connaissance approchant<br />

de près et parfois de loin le sujet mais, ce faisant, ils<br />

ratent l’occasion de s’approprier leurs connaissances pour livrer<br />

leur réflexion personnelle ». Mais aussi qu’« incriminer sans<br />

nuance le formatage des idées n’est donc ni très juste, ni très<br />

réaliste et peut même laisser penser que ce qui est attendu est<br />

l’originalité à tout prix. Il n'en est rien ». n<br />

L’« Université de Paris » renaîtra en 2019<br />

Le nom a été déposé par la mairie de Paris qui a accepté<br />

de le rétrocéder aux universités Paris Descartes, Paris<br />

Diderot et à l’institut de physique du globe de Paris. Portée<br />

par la Comue USPC, la toute nouvelle Université de Paris<br />

devrait voir le jour dès le 1er janvier 2019 avec la fusion des<br />

universités Paris Descartes et Paris Diderot et de l’intégration<br />

de l’institut de physique du globe de Paris. Un nom très<br />

symbolique, qui rappelle celui de l’ancienne université de<br />

Paris d’avant 1970, et irrite fortement d’autres universités<br />

parisiennes, et notamment celles qui ne sont pas labellisées<br />

ou ont été « éjectées » du projet (Paris 3 et 13). « À Londres<br />

plusieurs établissements portent le nom de "London" et à<br />

Paris plusieurs de "Sorbonne », leur répond Christine Clerici,<br />

présidente de Paris Diderot et qui devrait prendre celle du<br />

nouvel ensemble. Reste surtout à convaincre les équipes des<br />

deux universités de se réunir, notamment dans leurs disciplines<br />

communes et en particulier les UFR de médecine. n<br />

Idex : quatre gagnants, un perdant<br />

Le jury des Idex (initiatives d’excellence) s’est réuni du<br />

11 au 17 mars <strong>2018</strong> pour apprécier l’état d’avancement<br />

des trois projets du premier programme d’Investissements<br />

d’avenir (PIA 1) non encore confirmés (Paris-<br />

Saclay, Paris Sciences et Lettres et Sorbonne Universités)<br />

et pour examiner les nouveaux projets de deux Idex arrêtées<br />

en 2016 (Toulouse et Université Sorbonne Paris-Cité).<br />

Nouvelle licence :<br />

la ministre précise ses intentions<br />

Frédérique Vidal s’est exprimée devant le Conseil national de<br />

l'enseignement supérieur et de la recherche (CNESER) sur les<br />

contours que pourraient prendre les nouvelles licences universitaires<br />

à l’issue de la concertation qui vient de débuter. La loi ORE<br />

a en effet introduit le principe de personnalisation et de diversification<br />

des parcours au service de la réussite des étudiants.<br />

Pour autant, la ministre, insiste sur ce point : rendre possible la<br />

diversification et la personnalisation des parcours, « ce n’est pas<br />

remettre en question la nécessité d’un cadre national mais (…)<br />

faire évoluer nos règles, afin d’avoir un cadre souple ».<br />

Dans son esprit la diversification sera d’abord celle des<br />

Le grand vainqueur en est l’Idex « Sorbonne Université »,<br />

qui est confirmé et bénéficiera sans limitation de durée d’un<br />

financement annuel le jury ayant notamment « pris acte<br />

de la fusion des universités Pierre et Marie Curie et Paris-<br />

Sorbonne ». Trois des quatre projets doivent encore faire leurs<br />

preuves quand l’Idex de l’université de Toulouse, miné par les<br />

dissensions internes et les grèves, échoue de nouveau n<br />

parcours, dont une partie sera « plus flexible, plus concentrée<br />

ou plus professionnalisante », et celle de l’offre qui « facilitera<br />

sans les contraindre les changements d’orientation » au sein<br />

de l’établissement (notamment dans une autre mention de<br />

Licence ou en DUT) ou à l’extérieur de l’établissement. Quant<br />

à la personnalisation des parcours, elle comprendra remises à<br />

niveau, compléments nécessaires de formation, semestres de<br />

consolidation, rythmes d’études, ingénierie de formation rendue<br />

nécessaire par un projet professionnel original etc. Des postes<br />

de directeurs et directrices d’études seront créés à cet effet.<br />

Quatre groupes de travail se réuniront durant le mois d’avril. n<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 8 AVRIL <strong>2018</strong> | N°16


L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 9 AVRIL <strong>2018</strong> | N°16


ENTRETIEN<br />

« J’apprécie la jeunesse<br />

et l’énergie de Rennes SB »<br />

© Rennes SB<br />

Thomas Froehlicher vient de prendre la direction d’une école qui,<br />

en quelques années, a su faire la preuve de la pertinence d’un<br />

modèle original fondé sur une large internationalisation et une<br />

imprégnation multiculturelle uniques. Sa vision de Rennes SB.<br />

Olivier Rollot : Il y a maintenant deux mois que vous<br />

êtes arrivé à la tête de Rennes SB. C’est le temps qu’on<br />

se donne généralement pour réaliser ce qu’on appelle<br />

un « rapport d’étonnement ». Si vous deviez en faire un<br />

que diriez-vous ?<br />

Thomas Froehlicher : D’abord que j’ai pu confirmer ce qui<br />

m’avait attiré à Rennes SB : la bonne santé et l’énergie d’une<br />

école qui vient de renouveler son accréditation AACSB après<br />

Equis et Amba. Une école qui est dans une situation financière<br />

très solide sans toucher aucune subvention, y compris de sa<br />

chambre de commerce et d’industrie. Les ratios chiffre d’affaires<br />

/ revenu net sont les mêmes que ceux que j’ai connus<br />

à Kedge même si la taille est différente. J’ai pu également<br />

me voir rapidement confirmer l’ADN international d’une école<br />

dans laquelle il faut forcément parler en anglais si on veut être<br />

compris de tous. Nous venons d’ailleurs de réaliser une très<br />

belle rentrée de janvier dans nos MSc en recrutant nombre<br />

d’étudiants étrangers.<br />

En résumé j’apprécie la jeunesse et l’énergie d’une école qui<br />

est non seulement la plus jeune à être triple accréditée mais<br />

aussi celle qui l'a obtenue le plus vite. Le challenge est maintenant<br />

de produire, pour la prochaine rentrée, un plan stratégique<br />

qui permette de discipliner toute cette énergie tout en<br />

poursuivant cette belle trajectoire qu’a conduite mon prédécesseur,<br />

Olivier Aptel. Maintenant que nous sommes dans le<br />

top 10 il faut encore enrichir notre proposition de valeur par<br />

un travail en profondeur dans lequel je vais mobiliser toutes les<br />

équipes.<br />

O. R : Le mode de gouvernance de Rennes SB – associatif<br />

- fait-il partie de ses atouts ?<br />

T. F : Nous possédons une gouvernance très dynamique entre<br />

un conseil de surveillance, où on retrouve les grands acteurs<br />

institutionnels comme notre CCI et que préside son président,<br />

et un directoire dont le président est François Chatel et auquel<br />

siègent cinq autres dirigeants d’entreprise représentatifs de<br />

la région. Cette double structure nous permet de prendre des<br />

décisions rapides. Nous bénéficions à la fois d’une belle autonomie<br />

et d’une bonne gouvernance.<br />

O. R : Regardez-vous du côté du statut d’EESC (établissement<br />

d’enseignement supérieur consulaire) pour<br />

mieux assurer votre développement ?<br />

T. F : Être une association nous convient mais nous regardons<br />

également ce que pourrait nous apporter le statut d’EESC.<br />

Nous n’avons en tout cas aucun souci pour nous développer<br />

et nous venons d’inaugurer un nouveau bâtiment et une résidence<br />

pour les étudiants. Nous avons la chance d’être tous sur<br />

le même campus au centre de Rennes et de pouvoir encore<br />

nous y étendre.<br />

O. R : Faire partie du top 10 des écoles de management<br />

françaises cela reste un sacré challenge pour toutes les<br />

>>> suite page 11<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 10 AVRIL <strong>2018</strong> | N°16


suite de la page 10<br />

écoles qui ne font partie du top 5. Comment allez-vous<br />

vous y maintenir, ou y entrer selon les classements ?<br />

T. F : Il ne faut pas se masquer les yeux : nous devons d’abord<br />

répondre à un enjeu de masse critique. Nous devons parvenir<br />

à dépasser les 50 millions d’euros de chiffre d’affaires.<br />

Aujourd'hui nous en sommes à 35 M€ et nous atteindrons les<br />

40 M€ en <strong>2018</strong>. Cela ne veut pas dire qu’il faut lancer une<br />

course folle à la taille, avec des implantations dans le monde<br />

entier qui multiplient d’autant les dépenses sans garantir pour<br />

autant la qualité d’un développement.<br />

Être une marque internationale passe beaucoup par ses diplômés<br />

et il faut avoir des promotions relativement importantes<br />

pour avoir de l’influence. Un impact qu’on peut également<br />

mesurer par une recherche qui est délivrée par un corps<br />

professoral aujourd'hui composé à 94 % d’étrangers.<br />

O. R : La force de Rennes SB c’est d’abord d’être l’une<br />

des écoles de management françaises dont l’imprégnation<br />

internationale est la plus forte !<br />

T. F : Nous avons passé 280 accords de partenariat dans les<br />

mondes. Les étudiants étrangers que nous recevons dans<br />

nos MSc partagent beaucoup de cours avec nos étudiants du<br />

programme Grande École qui, pour beaucoup, sont venus nous<br />

rejoindre pour profiter d’une ambiance internationale qui se<br />

ressent dès qu’on traverse la cafétéria. Il nous reste à améliorer<br />

encore cette dimension interculturelle. Nous pourrions par<br />

exemple développer des cours anglo-allemands, anglo-chinois<br />

ou anglo-arabes dans lesquels nos professeurs enseigneraient<br />

dans leur propre langue.<br />

O. R : Et ce ne doit pas non plus être facile de recruter<br />

tous ces professeurs ? Sans parler de les garder…<br />

T. F : Ce n’est pas si difficile en passant des annonces sur<br />

les plateformes de recrutement. Le tout c’est de s’y prendre<br />

suffisamment à l’avance, au moins 1 an, pour avoir le temps<br />

d’accompagner les nouveaux recrutés et, éventuellement,<br />

leur famille. Heureusement Rennes fait aujourd'hui partie<br />

des métropoles qui attirent le plus : elle se classe même à la<br />

huitième place pour la recherche et l’enseignement supérieur.<br />

O. R : Cela n’est pas un peu compliqué de gérer un<br />

corps professoral qui ne maîtrise pas toujours très bien<br />

le français ?<br />

T. F : C’est effectivement parfois difficile de trouver des professeurs<br />

capables d’enseigner en français pour des formations<br />

plus tournées vers la grande région Ouest que vers l’international<br />

comme le sont notre programme Grande École ou nos<br />

MSc. Car nous sommes au fond une école internationale<br />

anglophone et ce n’est pas facile non plus de dénicher des<br />

professeurs susceptibles de favoriser le fundraising quand<br />

il faut aller prêcher la bonne parole en français dans les<br />

entreprises.<br />

O. R : Avec tout ce développement international Rennes<br />

SB est-elle restée assez proche de son territoire ?<br />

T. F : Nous avons un énorme travail à réaliser pour nous ancrer<br />

beaucoup plus dans notre communauté locale. Aujourd'hui les<br />

deux universités et les écoles d'ingénieurs sont en train de se<br />

rapprocher sans nous et c’est dommage. L’IGR-IAE de Rennes<br />

possède, par exemple, de très belles équipes en finance.<br />

Partout où j’ai travaillé j’ai toujours cherché à créer du lien avec<br />

l’écosystème de l’enseignement supérieur, de l’innovation et de<br />

l’entrepreneuriat et je le ferai ici aussi.<br />

O. R : Plus largement que vous inspire la question de<br />

l’évolution nécessaire des formations en gestion et<br />

management ?<br />

ENTRETIEN<br />

La salle des marchés<br />

de Rennes SB<br />

T. F : C’est notre grand chantier. Je crois d’abord que toutes les<br />

formes d’hybridation sont attendues par les entreprises qui se<br />

construisent sur un modèle que je qualifierais d’« ambidextrie ».<br />

Nous devons en effet former des professionnels tout à la fois<br />

capables d’être opérationnels et d’imaginer l’avenir, la disruption,<br />

de leur secteur. Nous formons plus que des professionnels, des<br />

pionniers qui doivent avoir une pensée extrêmement ouverte et se<br />

nourrir de la complexité de leur environnement.<br />

O. R : Mais comment faites-vous pour former vos étudiants<br />

à ces dimensions ?<br />

T. F : Nous devons proposer les pédagogies nécessaires pour<br />

former des jeunes qui vivent déjà dans une « humanité digitale<br />

». La vision digitale est dépassée et nous sommes déjà à<br />

nous interroger sur les effets du transhumanisme ou de l’intelligence<br />

artificielle (IA). Nous sommes dans Asimov ! Il faut être<br />

bien conscients de ce qu’est une « data driven » économie dans<br />

laquelle la donnée est la première richesse, surabondante et pour<br />

laquelle nous devons réinventer tous les business models !<br />

C’est aussi pour cela que les intitulés de cours évoluent. On ne<br />

parle plus simplement de « marketing », de « supply chain » ou<br />

de « stratégie d’entreprise » mais d’enseignements interdisciplinaires<br />

encapsulés dans des challenges. Avec Crédit Mutuel Arkéa<br />

nous avons par exemple demandé à nos étudiants de repenser<br />

entièrement le monde du retail bancaire en mode « design<br />

sprint ».<br />

Pour répondre à ces défis nous devons également faire évoluer<br />

les espaces dans nos campus pour mieux mettre en œuvre une<br />

pédagogie qui répond à des situations réelles. Sur notre campus<br />

toute une vie associative, bien caractérisée par notre « rue des<br />

associations », permet également cette mise en situation permanente<br />

des étudiants.<br />

O. R : Rennes SB est la seule école de management française<br />

à posséder un poste de « happy student officer ».<br />

Pourquoi ?<br />

T. F : Nous nous organisons pour apporter de plus en plus de<br />

valeur ajoutée à nos étudiants. Après la très forte croissance qu’a<br />

vécue Rennes SB ces dix dernières années nous pouvons encore<br />

nous améliorer sur le service apporté, le suivi des carrières ou la<br />

qualité au quotidien. C’est un sujet qui est tout en haut de la pile<br />

de tous ceux que je dois traiter.<br />

O. R : Vous avez déjà des idées de la stratégie que vous allez<br />

mettre en œuvre à la rentrée ?<br />

T. F : Je sais déjà que nous sommes au niveau, l’accréditation<br />

Equis est là pour le confirmer, sur tous les aspects internationaux.<br />

Maintenant il nous reste à mettre en avant des contenus distinctifs.<br />

Il y a trente ans nous étions les premiers sur l’international.<br />

Il y a dix ans nous avions décidé d’être global, responsable et de<br />

former des jeunes créatifs. Tout cela nous le faisons aujourd'hui. n<br />

© Rennes SB<br />

→ Thomas Froehlicher<br />

a succédé à Olivier Aptel<br />

à la direction générale de<br />

Rennes SB en novembre<br />

2017. À charge pour lui de<br />

continuer le formidable<br />

travail entrepris par son<br />

prédécesseur qui, en<br />

quelques années, a fait<br />

entrer une école en mal<br />

de modèle dans le top 10<br />

des meilleures écoles de<br />

management. Thomas<br />

Froehlicher était jusqu’au<br />

mois de juillet 2017, et<br />

depuis août 2014, directeur<br />

général de Kedge BS après<br />

avoir dirigé HEC Liège<br />

(2009 à 2014) et l’ICN de<br />

2002 à 2006.<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 11 AVRIL <strong>2018</strong> | N°16


D O S S I E R<br />

Comment sont<br />

organisées les écoles<br />

de management ?<br />

EESC (établissement d’enseignement<br />

supérieur consulaire), associations à<br />

but non lucratif, société, indépendantes,<br />

dans de grands groupes, les écoles de<br />

management sont organisées selon des<br />

modalités bien différentes. Panorama.<br />

© DR<br />

Le hall de Kedge BS à Bordeaux<br />

C<br />

’est le sigle à connaître : EESC pour « établissement d’enseignement<br />

supérieur consulaire ». Longtemps services des<br />

chambres de commerce et d’industrie dont elles étaient l’émanation<br />

les Grandes Écoles de management « consulaires » s’en<br />

émancipent peu à peu pour devenir soit des associations soit<br />

aujourd'hui pour beaucoup des EESC. Après sa « grande sœur »<br />

d’HEC en 2016, c’est le cas depuis le 2 janvier <strong>2018</strong> d’ESCP<br />

Europe qui dispose ainsi d’une identité juridique propre alors<br />

qu’elle était jusqu’ici un service de la CCI Paris Ile-de-France.<br />

Pour autant celle-ci en possède toujours 99,90 % des parts. « À<br />

terme, d’ici 2022, nous bénéficierons d’une autonomie financière<br />

totale, conformément au business plan élaboré et validé<br />

avec notre actionnaire », se félicite son directeur général Frank<br />

Bournois, aujourd'hui mandataire social d’une EESC dont le<br />

statut se rapproche beaucoup d’une entreprise. Si ce n’est que<br />

la majorité doit rester aux CCI, qu’aucun investisseur ne peut y<br />

dépasser les 33 % du capital et que les EESC n’ont pas le droit<br />

de verser de dividendes. Tout le profit qu’elles effectuent doit<br />

en effet y être réinvesti. Moyen en quoi les EESC ne payent pas<br />

d’impôt et ne sont pas soumises à la TVA.<br />

: Une véritable indépendance<br />

En obtenant le statut d’EESC les ex-écoles consulaires<br />

conquièrent peu à peu une indépendance qui passe d’abord par<br />

une véritable personnalité morale. « Ce passage a modifié nos<br />

capacités d’agir. Nous pouvons faire désormais ce nous enseignons<br />

! À commencer par les basiques, récompenser, sanctionner.<br />

Là où auparavant on travaillait avant tout sur la bonne volonté<br />

de chacun. Plus précisément, nous disposons désormais de vrais<br />

leviers de management et de leadership, communs en cela à<br />

>>> suite page 13<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 12 AVRIL <strong>2018</strong> | N°16


D O S S I E R<br />

Le campus d’HEC, première<br />

école de management à être<br />

devenue une EESC<br />

© HEC Paris<br />

>>> suite de la page 12<br />

ceux que l’on peut trouver dans une entreprise privée », se félicite<br />

le directeur général de Grenoble EM, Loïck Roche.<br />

Comme toute entreprise les EESC possèdent un conseil d’administration<br />

et des instances représentatives du personnel. « Cela<br />

nous a permis d’acquérir de la maturité dans nos relations<br />

sociales et de constater l’adhésion au projet. Alors que seulement<br />

67 de nos 200 salariés ont pour l’instant intégré l’école<br />

sous le statut d’EESC, 87 % ont voté au sein des collèges de<br />

l’EESC plutôt que de rester dans les collèges de la CCI », note<br />

François Bonvalet, le directeur général de Toulouse BS. Les<br />

personnels qui choisissent de devenir salariés de leur EESC ont<br />

d’ailleurs l’option de revenir dans leur CCI s’ils le souhaitent<br />

pendant 15 ans.<br />

: Propriétaire des murs… ou pas<br />

Les EESC peuvent ou pas se voir dévaloir leur patrimoine immobilier.<br />

C’est le cas d’HEC, à laquelle la Chambre de commerce<br />

et d’industrie Paris Ile-de-France a apporté l’ensemble des bâtiments<br />

du campus et du foncier en pleine propriété ainsi que la<br />

marque HEC, mais pas d’ESCP Europe, de Neoma BS ou encore<br />

de Toulouse BS. « Ce n’était pas un combat pour nous. Notre<br />

métier ce n’est pas de posséder des bâtiments. C’est donc la<br />

CCI qui conserve la propriété de l’immobilier et avec laquelle<br />

nous pourrons monter des structures mixtes. Nous commençons<br />

à être un peu à l’étroit dans nos murs et nous étudions<br />

différentes possibilités d’expansion. Mais si nous investissons<br />

dans l’immobilier ce sera plutôt dans nos implantations de<br />

Barcelone ou Casablanca », assure François Bonvalet.<br />

Un avis que ne partage pas Stéphan Bourcieu dont l’école, la<br />

Burgundy School of Business, a obtenu la dévolution de son<br />

immobilier : « Cela nous paraissait nécessaire puisque, de toute<br />

façon, nous devons payer pour l’entretenir et l’agrandir. De plus<br />

c’est une décision structurelle puisqu’il n’y a qu’au lancement<br />

de l’EESC que le patrimoine de l’école peut lui être dévolu sans<br />

payer ni taxes ni impôts ».<br />

: Plus facile de lever des fonds<br />

Le statut d’EESC a permis à BSB de lever des fonds pour rénover<br />

tout son campus et pour acheter un petit immeuble près de<br />

l’école pour y implanter son incubateur. 650 m 2 dans lesquels<br />

→→<br />

La nouvelle<br />

gouvernance d’ESCP<br />

Europe<br />

Dans le cadre de l’EESC,<br />

le conseil d’administration<br />

d’ESCP Europe est<br />

aujourd'hui composé de<br />

24 personnes. La majorité,<br />

13 membres, est désignée<br />

par la CCI Paris Ile-de-<br />

France. Il est complété<br />

par la doyenne du<br />

corps professoral, deux<br />

représentants élus du corps<br />

professoral, un représentant<br />

élu de l’administration, un<br />

autre des étudiants, ainsi<br />

que deux représentants<br />

de la Fondation et des<br />

Alumni et un membre<br />

du board de chacun des<br />

campus (Londres, Madrid,<br />

Berlin et Turin). L’école est<br />

également dotée de trois<br />

comités de gouvernance<br />

pour la stratégie, l’audit et<br />

les nominations.<br />

>>> suite page 14<br />

Statut associatif : l’exemple de l’ISC Paris<br />

Les écoles privées ont, pour la plupart, adopté un statut associatif. Dans<br />

ce cadre elles peuvent aussi bien faire partie de grands groupes qu’être<br />

indépendantes. C’est le cas de l’ISC Paris comme l’explique son directeur,<br />

Henry Buzy-Cazaux : « Certes le statut d’EESPIG nous apporte des financements<br />

de l’État, de même que la taxe d’apprentissage contribue à nos<br />

ressources. Mais nous sommes avant tout une association indépendante<br />

de tout groupe, qui doit s’attacher à développer ses produits d’exploitation.<br />

Nous ne bénéficions d’aucun soutien vis-à-vis duquel nous serions<br />

dépendants et notre équation économique est simple ». Et de regretter une<br />

concurrence qu’il juge parfois biaisée : « Des écoles consœurs, dans l’univers<br />

consulaire, sont encore dans des situations artificielles qu’elles savent<br />

fragiles. Certaines de leurs charges étaient supportées par leur tutelle. Ce<br />

n’est pas notre cas ».<br />

Comme d’autres écoles associatives, l’ISC Paris tient à cette indépendance<br />

pour qu’elle lui épargne l’obsession du compte d’exploitation. « Je<br />

ne porte pas de jugement sur les actionnaires, fonds d’investissement. Je<br />

suis seulement convaincu que la gestion à court terme et étroitement financière<br />

ne fait pas bon ménage avec les missions d’une Grande École comme<br />

la nôtre. Pour autant, nous veillons à notre profitabilité, gage de notre durabilité<br />

», reprend Henry Buzy-Cazaux.<br />

Une indépendance qui ne veut pas dire splendide isolement conclut<br />

Henry Buzy-Cazaux : « Ce que je souhaite c’est que nous gardions notre<br />

indépendance tout en concluant des alliances avec d’autres écoles comparables<br />

à la nôtre aussi comme des ESC originales, l’Efrei ou l’UCP, mais<br />

aussi avec des entreprises. Avec elles, dont nous sommes ontologiquement<br />

proches, nous devons inventer une nouvelle façon de travailler pour qu’elles<br />

nous accompagnent au mieux dans la formation de nos jeunes, de nos apprenants<br />

». n<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 13 AVRIL <strong>2018</strong> | N°16


D O S S I E R<br />

© Groupe ESC Clermont<br />

Association depuis 2015 avec une gouvernance dans<br />

la philosophie des EESC, l’ESC Clermont n’exclut pas<br />

un jour d’opter pour le statut<br />

>>> suite de la page 13 vont sont installés 15 entreprises avec trois salles de réunion.<br />

« Un lieu d’incubation parfait pour faire du co-working. Il nous<br />

fallait 1 million d’euros pour acheter l’immeuble et le statut<br />

d’EESC nous a permis d’emprunter dans des conditions très<br />

favorables », reprend Stéphan Bourcieu. Du côté de Toulouse<br />

BS on vient d’achever de finaliser la valorisation de l’école.<br />

« Début <strong>2018</strong> nous avons débuté des actions de fundraising et<br />

nous pensons recevoir la première entreprise actionnaire avant<br />

l’été <strong>2018</strong> », confie François Bonvalet.<br />

En théorie toute personne physique et morale, aussi bien des<br />

fondations que des associations d’anciens, des collectivités<br />

locales, des entreprises, des particuliers ou même d’autres<br />

écoles dans le cadre de participations croisées, peut investir<br />

dans une EESC. En pratique HEC n’a aujourd'hui comme<br />

actionnaire que son association d’anciens et sa fondation qui<br />

accroitra sa participation au capital au fur et à mesure des<br />

investissements qu’elle pourra réaliser. Dans la mesure où il<br />

ne s’agit pas d’un actionnariat classique si d’autres entreprises<br />

devenaient actionnaires ce serait pour marquer un attachement<br />

particulier à l’école. Et aujourd'hui ce n’est le cas que pour la<br />

Burgundy School of Business. Le 1 er janvier <strong>2018</strong>, un peu plus<br />

d’un an après être devenue une EESC (en novembre 2016),<br />

celle-ci a été la première école de management à procéder à<br />

l’ouverture de son capital. Deux banques mutualistes (la Caisse<br />

d’Épargne de Bourgogne Franche-Comté et la Banque Populaire<br />

de Bourgogne Franche-Comté) y ont souscrit ainsi que<br />

trois dirigeants d’entreprises. « On oublie parfois qu’au-delà de<br />

la distribution de dividendes un actionnaire peut également être<br />

intéressé par la valeur créée. Ce qui serait des dividendes est<br />

réinvesti dans une entreprise dont la valeur augmente le jour de<br />

la sortie de l’actionnaire », relève Stéphan Bourcieu.<br />

Des arguments qui ne convainquent pas Bernard Belletante,<br />

directeur général d’une emlyon BS qui est une association<br />

depuis 1965 et entend le rester : « Je suis convaincu que nos<br />

écoles doivent avoir des fonds propres et, pour cela, travailler<br />

dans une logique capitalistique. Mais tel qu’est conçu le statut<br />

d’EESC, avec des chambres de commerce et d’industrie majoritaires<br />

et l’impossibilité de distribuer des dividendes, aucune<br />

entreprise n’investira ». Alors quelle autre école suivra maintenant<br />

le mouvement initié par BSB ? n<br />

Sébastien Gémon<br />

Faire partie d’un grand groupe : l’exemple de l’Inseec<br />

L’Inseec Business School fait partie d’un large groupe, Inseec U., qui<br />

compte également une école d'ingénieurs, l’ECE, ou encore une école<br />

spécialisée dans la création, le digital et la communication, CREA GE-<br />

NEVE. Autant de synergies possibles explique son directeur, Rémy<br />

Challe : « Inseec U. est un formidable écosystème pour créer des passerelles<br />

entre les écoles et les disciplines. Nous avons ainsi créé un parcours<br />

dédié à l’entrepreneuriat digital, la "Start-up Factory", en partenariat<br />

avec l’ECE ». Chaque année une trentaine d’étudiants de l’Inseec BS et<br />

de l’école d’ingénieurs ECE suivent ainsi un programme commun pour<br />

concrétiser leur projet de création de start-up, en profitant des campus<br />

internationaux du groupe. Elle commence par une semaine de Hackathon<br />

à Genève, sur le campus de CREA GENEVE au cours de laquelle<br />

les managers et ingénieurs ont pu apprendre à se connaître. Ils partent<br />

ensuite pour dix semaines à San Francisco, sur le campus américain<br />

d’INSEEC U., pour suivre un programme qui panache des enseignements<br />

et ateliers techniques (Lean Startup, Design Thinking, Digital<br />

Marketing, Growth Hacking…), des rencontres avec des entrepreneurs<br />

de la Silicon Valley, des conférences, des visites, des événements de<br />

networking…<br />

À leur retour les élèves-entrepreneurs peuvent intégrer l’un des incubateurs<br />

du groupe, à Paris, Bordeaux ou Lyon, ou suivre le fellow program<br />

de la Citris Foundry. n<br />

>>> suite page 15<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 14 AVRIL <strong>2018</strong> | N°16


D O S S I E R<br />

>>> suite de la page 14<br />

Qui sont les EESPIG ?<br />

Il ne s’agit pas à proprement parler d’un statut mais d’une reconnaissance.<br />

Les établissements d’enseignement supérieur privé d’intérêt général<br />

(EESPIG) sont des associations auxquelles la puissance publique<br />

a reconnu une mission d’intérêt général. Pour bénéficier de cette qualification,<br />

l'établissement doit « justifier d'une gestion désintéressée et<br />

s'engager sur le caractère non lucratif de son activité dans le cadre d'un<br />

dossier soumis à la direction générale de l'enseignement supérieur et<br />

de l'insertion professionnelle ». Moyen en quoi les écoles « eespigées »<br />

peuvent toucher des subventions dans le cadre d’engagements et d’un<br />

contrat. Une véritable reconnaissance de la place de l’enseignement supérieur<br />

privé obtenue aussi bien par l’Edhec que l’EM Normandie, l’Essec<br />

ou encore l’ESC Troyes. « Il reste que le financement est très insuffisant<br />

pour que les EESPIG puissent assurer efficacement leur mission et<br />

en particulier leur mission sociale. Avec 700 € par an par étudiant contre<br />

12 000 € en moyenne dans l’enseignement supérieur public on comprend<br />

que le modèle de financement repose très majoritairement sur les familles<br />

par ailleurs contribuables », estime le président de l’Ugei (Union<br />

des grandes écoles indépendantes), Jean-Michel Nicolle, dont beaucoup<br />

d’écoles membres possèdent le statut.<br />

Beaucoup mais pas toutes. Une entreprise privée ne peut évidemment<br />

pas être EESPIG mais pas non plus une école sous statut associatif liée à<br />

un groupe privé. Ce que regrette par exemple le vice-président exécutif<br />

du groupe Ionis, propriétaire de l’ISG, Fabrice Bardèche : « Les EESPIG<br />

ne sont pas les parangons de vertu qu’on veut nous présenter. Ne pas être<br />

lucratif ne préjuge en rien d’un fonctionnement moral ou pédagogique.<br />

Il y a là une sorte d’ordre moral fort discutable ». Ce qu’analyse ainsi<br />

Jean-Michel Nicolle : « Le label EESPIG ne doit pas être source de fracture<br />

au sein de notre enseignement supérieur national. Il est essentiellement<br />

lié à la non-lucrativité et donc à la traçabilité des ressources publiques.<br />

Pour le reste, l’ensemble des établissements de l’UGEI font l’objet<br />

d’évaluations qui garantissent la qualité de leurs missions au service de<br />

la société. Ne créons pas un nouvel ostracisme car la croissance a besoin<br />

de toutes nos écoles ! »<br />

→ Selon le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de<br />

l’Innovation seuls les établissements créés par des associations, fondations<br />

reconnues d'utilité publique, ou syndicats professionnels (au sens<br />

de l'article L2131-1 du Code du travail) peuvent obtenir la qualification<br />

d'établissement d'enseignement supérieur privé d'intérêt général (EES-<br />

PIG). Cette qualification donne lieu à la signature d'un contrat pluriannuel<br />

entre l'État et l'établissement fixant les objectifs stratégiques de<br />

l'établissement pour répondre aux priorités nationales de l'enseignement<br />

supérieur et de la recherche. Elle est accordée pour la durée du<br />

contrat et peut être reconduite après évaluation par une instance nationale<br />

dans le cadre du renouvellement de ce dernier. Plus de détails sur<br />

le site du MESRI n<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 15 AVRIL <strong>2018</strong> | N°16


PUBLI-INFORMATION<br />

La recherche au Groupe ESC Clermont :<br />

suivre et accompagner les évolutions<br />

Le monde change,<br />

les entreprises changent, les<br />

organisations se transforment,<br />

le management aussi.<br />

Avec plus d'échanges,<br />

d'initiatives et moins<br />

d'ordres à donner dans les<br />

organisations ; plus de<br />

responsabilités, plus de<br />

projets et moins de<br />

routines ; plus de pensée et<br />

moins d'automatismes,<br />

mais aussi plus d’adaptabilité<br />

et moins de certitudes ;<br />

plus de risques, moins de<br />

visibilité ; plus de flexibilité<br />

et moins de planification…<br />

La liste est longue et<br />

pourrait ne pas s'arrêter là.<br />

Dans ce même temps la recherche suit et rend<br />

tangibles ces mouvements quand l’enseignement<br />

du management participe à l'émergence de ses<br />

nouvelles formes. L’organisation de demain, voire<br />

après-demain, ne se pilotera pas comme on avait<br />

appris à le faire avant-hier, voire hier. C'est le rôle<br />

des écoles de gestion de produire les connaissances<br />

qu'elles enseignent, de les éprouver, de les confronter,<br />

de les débattre… En observant ces entreprises qui<br />

essaient, tâtonnent, innovent, réussissent - ou pas -.<br />

En inventant à leurs côtés de nouvelles manières de<br />

faire, en construisant chemin faisant des alternatives<br />

crédibles, des alternatives plurielles car ces chemins<br />

sont variés, complémentaires ou contradictoires.<br />

C'est ainsi que tout professeur de l'Enseignement Supérieur<br />

et de la Recherche participe à la création et au<br />

renouvellement des connaissances qu'il enseigne, afin<br />

de faire progresser sa discipline. Le Groupe ESC Clermont<br />

n’échappe pas à cette règle, bien au contraire,<br />

tout en faisant valoir la spécificité des Sciences de<br />

Gestion : elles génèrent des connaissances pour l'action<br />

et cette production de connaissances nouvelles<br />

se réalise directement au contact des entreprises.<br />

▼<br />

▼<br />

L'activité de recherche à l'ESC, dans les faits<br />

Le Groupe ESC Clermont est co-fondateur avec l'IAE Auvergne (Université<br />

Clermont Auvergne-UCA) du Centre de Recherche Clermontois<br />

en Gestion et Management (CRCGM) en 2008. Laboratoire d'exercice<br />

pour les enseignants-chercheurs, il accueille environ 50 Enseignants-Chercheurs<br />

(dont 15 habilités à diriger des recherches) et 40<br />

doctorants issus des deux établissements.<br />

Les thèmes de recherche des enseignants-chercheurs s'inscrivent dans l’un des trois<br />

axes de recherche du CRCGM, chacun réunissant différents programmes ou chaires :<br />

1 - Potentiel Humain-Organisation-Innovation (PHOI)<br />

Cet axe a pour objectif d'étudier les transformations profondes auxquelles les entreprises<br />

et les salariés sont confrontés dans le nouveau contexte de l'économie de la<br />

connaissance et d'innovation permanente. Il est composé de trois équipes.<br />

• Le programme « Management des Situations Extrêmes<br />

» vise à identifier les nouvelles règles du jeu managérial<br />

liées à la logique des projets innovants d’exploration.<br />

Ce programme dispose d'une chaire, l'Open Lab<br />

Exploration Innovation.<br />

• Un second programme, soutenu par la chaire Alter-Gouvernance partagée avec l'axe<br />

2, étudie les modes de gouvernance qui favorisent l’engagement des salariés et la<br />

coopération dans le travail en cohérence avec le contexte économique contemporain.<br />

• Enfin, le programme « Nouveaux chantiers de la GRH » regroupe les travaux autour<br />

des notions de responsabilité sociale, socialisation organisationnelle, diversité, PME,<br />

climat de travail, management de la compétence, entreprises libérées.<br />

suite page 17<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 16 AVRIL <strong>2018</strong> | N°16


PUBLI-INFORMATION<br />

suite de la page 16<br />

2 - Finance, Information et Responsabilité d’Entreprise (FIRE)<br />

Cet axe questionne les liens de pouvoir et d’information qui relient la<br />

gouvernance d’entreprise à ses actionnaires et son environnement au<br />

sens large. Il regroupe ainsi deux programmes de recherche :<br />

• le premier, intitulé « Gouvernance, information et<br />

performance des entreprises socialement responsables<br />

» interroge l’influence des mécanismes de<br />

gouvernance et de RSE des entreprises sur les décisions<br />

comptables et financières du dirigeant et sur la performance de<br />

l’entreprise. Il est soutenu par deux chaires : la chaire Alter-Gouvernance<br />

partagée avec l'axe 1, et la chaire Valeur & RSE.<br />

• Le second (« Gestion des risques et marchés financiers internationaux<br />

») étudie l'impact de la dynamique des marchés financiers internationaux<br />

sur la gestion des risques, notamment pour les marchés<br />

des matières premières et de l'assurance.<br />

3 - Stratégie, Territoires et Réseaux d’Acteurs (STERA)<br />

Cet axe regroupe les travaux menés sur la chaîne de valeur et les<br />

dynamiques territoriales comme objets de recherche en Sciences de<br />

Gestion. Une orientation sur le management de la santé et des organisations<br />

correspondantes se dessine, avec le programme ASCLEPIOS<br />

(Management et innovation des organismes de lutte contre le cancer<br />

- Thème Stratégie, Parcours, Patients). Ce programme est soutenu par<br />

la Chaire Santé et Territoires.<br />

Trois exemples de recherches en cours<br />

Sur les cinq dernières années, treize opérations de recherche impliquant<br />

des professeurs de l'École, en tant que pilote ou membre, ont<br />

été réalisées ou sont en cours. La plupart s'appuient sur des contrats<br />

financés. Parmi celles-ci, sept sont actuellement en cours et les trois<br />

principales sont décrites ci-dessous.<br />

>>> Projet "Innovations organisationnelles et managériales en<br />

PME". Ce projet est piloté par une équipe d’enseignants-chercheurs<br />

du Groupe ESC Clermont (People : S. Marmorat, JC. Casalegno, B.<br />

Nivet, D. Landivar), en réponse à un appel d’offres ANACT financé<br />

par le Fonds National pour l'Amélioration des Conditions de Travail.<br />

Il s’agit d’une recherche-action avec production de connaissances<br />

empiriques sur les formes concrètes de "libération" des entreprises<br />

au sens de Getz, en participant à l'accompagnement de PME.<br />

>>> Projet "Sur les chemins de la responsabilisation". Ce projet<br />

est aussi piloté par la même équipe d’enseignants-chercheurs du<br />

Groupe ESC Clermont (People), à la demande du Groupe Michelin<br />

(équipe "Réseau de responsabilisation", dirigée par B. Ballarin). Son<br />

objet est la réalisation d'un bilan du processus dit de "Responsabilisation"<br />

(inspiré du courant de la libération des entreprises) dans cinq<br />

établissements du Groupe Michelin en France et à l'étranger. Comment<br />

opérateurs et managers des établissements étudiés s'emparent-ils du<br />

processus de transformation managériale initié et qu'inventent-ils ?<br />

>>> Projet « Structuration scientifique du champ du Management<br />

des Connaissances (KM) » : ce projet est piloté par l’IAE<br />

Auvergne (UCA), et inclut la participation d’enseignants-chercheurs<br />

du Groupe ESC Clermont (D. Landivar, M. Lecoutre, E. Bonnet, A.<br />

Gorgeon). Il s’agit de l’un des projets « Emergence » financés dans<br />

le cadre du programme I-SITE de l’Université Clermont Auvergne. La<br />

recherche est menée en partenariat avec les laboratoires ACTé (UFR<br />

STAPS), IRSTEA (VetAgroSup) et le département RDI Michelin. La<br />

recherche vise à constituer une structuration du champ scientifique<br />

▼<br />

du management des connaissances, discipline nouvelle qui connait<br />

une évolution exponentielle depuis 1990 (12 000 articles et 27<br />

revues en 2017).<br />

Ces contrats s'appuient ainsi sur des thèmes de recherche des professeurs<br />

de l'École en cartographie numérique/big data, en exploration<br />

des communautés de pratiques, en analyse de réseau, ou encore en<br />

observation des nouvelles formes de management dans les PME ou<br />

les multinationales.<br />

Au-delà des Sciences de Gestion,<br />

un regard qui tend à s’ouvrir<br />

D’autres professeurs permanents du Groupe ESC Clermont viennent<br />

appuyer la recherche et l’enseignement en Sciences de Gestion avec<br />

Mélissa Fox-Muraton Diego Landivar Alexandre Monin<br />

un regard propre à leur discipline. En philosophie, par exemple, avec<br />

Mélissa Fox-Muraton qui est rattachée au centre Philosophies et<br />

Rationalités (PHIER) de l’Université Clermont Auvergne. Spécialiste<br />

internationale de Soren Kierkegaard, elle travaille sur les questions<br />

d’éthique et leur rapport, notamment, à l’économie. En humanités<br />

numériques, aussi, avec des enseignants-chercheurs comme Diego<br />

Landivar et Alexandre Monnin. Diego Landivar est professeur<br />

d’économie et son travail à partir des méthodes quantitatives s’est<br />

ouvert aux sciences sociales et aux sciences politiques à travers la<br />

cartographie des controverses et les humanités digitales. Alexandre<br />

Monnin, pour sa part, travaille sur la philosophie du web et est un<br />

expert reconnu sur les questions d’Open Data. Trois exemples de regards<br />

qui permettent de décloisonner la recherche au sein du Groupe<br />

ESC Clermont.<br />

Les étudiants, futurs acteurs de la recherche<br />

Chaque année quelques élèves issus du M2<br />

Grande École souhaitent s'engager dans un<br />

parcours doctoral. Un dispositif, financé avec<br />

le soutien de la Fondation du Groupe ESC<br />

Clermont, a été mis en place pour cela : une convention conclue<br />

avec l'IAE Auvergne (UCA) leur permet ainsi de suivre les cours de la<br />

Qualification Complémentaire Recherche, enseignements d'initiation<br />

à la recherche proposés au CRCGM. La validation de ces enseignements<br />

autorise ces étudiants à candidater directement en doctorat<br />

dès leur sortie de l’École. Seconde étape, le dispositif Parcours<br />

recherche doctorale permet aussi de financer l’engagement en thèse<br />

de l’un de ces élèves qui devra s'inscrire en doctorat au CRCGM et<br />

sera encadré par un enseignant HDR de l'École ou de l’IAE selon le<br />

sujet de sa thèse.<br />

Comme on peut le voir, les activités de recherche<br />

sont à bien des égards un formidable moteur,<br />

aussi bien pour Groupe ESC Clermont que pour l'ensemble<br />

des acteurs de son environnement, que ce<br />

soient des partenaires entreprise ou académiques.<br />

Marc Lecoutre, Directeur délégué à la Recherche.<br />

▼<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 17 AVRIL <strong>2018</strong> | N°16


PAROLES DE PROF<br />

Regards croisés entre Histoire et Économie :<br />

les apports réciproques de deux dimensions qui<br />

éclairent l’appréhension du monde contemporain<br />

Par Michel Bernard,<br />

Professeur de Chaire<br />

supérieure, Lycée<br />

Moissan, Meaux et<br />

Gérard Péhaut, Professeur de Chaire supérieure,<br />

Lycée Voltaire, Orléans<br />

Depuis 1982, la voie économique des classes préparatoires économiques et<br />

commerciales offre aux étudiants qui y préparent les concours d’entrée dans<br />

les écoles supérieures de management, un enseignement particulier et original<br />

qui associe, en un même cours, l’Économie, la Sociologie et l’Histoire du monde<br />

contemporain, en une approche à la fois pluri et transdisciplinaire : l’ESH.<br />

→→<br />

Bibliographie<br />

ACEMOGLU Doran et<br />

ROBINSON James A. :<br />

Prospérité, puissance et pauvreté,<br />

Pourquoi certains pays réussissent<br />

mieux que d’autres, Markus Alter,<br />

Genève, 2015.<br />

APPELBY Joyce : Capitalisme,<br />

histoire d’une révolution<br />

permanente, Piranha, Paris, 2016<br />

DAUMAS Jean-Claude :<br />

L’Histoire économique en<br />

mouvement, entre héritages<br />

et renouvellements, Presses<br />

Universitaires du Septentrion,<br />

Villeneuve d’Ascq, 2012.<br />

NOREL Philippe : L’histoire<br />

économi-que globale, Collection<br />

Economie Humaine, Le Seuil,<br />

Paris, 2009.<br />

POMERANZ Kenneth : Une<br />

grande divergence, La Chine,<br />

l’Europe et la construction de<br />

l’économie mondiale, L’évolution<br />

de l’humanité, Albin Michel,<br />

Paris, 2010.<br />

Les crises récentes et les transformations de l’économie mondiale<br />

soutiennent une demande de compréhension et d’éclairage<br />

de la part du public, des étudiants et des enseignants. Dans ce<br />

cadre, l’histoire économique, relativement absente des enseignements<br />

universitaires, trouve toute sa place dans les programmes de<br />

nos classes préparatoires : elle permet de comprendre le présent<br />

par la connaissance du passé, rend intelligibles les évolutions et les<br />

problèmes contemporains, des crises financières en passant par<br />

les problématiques de l’industrialisation ou la montée en puissance<br />

de la Chine. De nombreux ouvrages économiques récents, extrêmement<br />

divers tant du point de vue des méthodes que des<br />

approches, offrent un éclairage nouveau sur les transformations du<br />

monde : on pourra ici citer, sans hiérarchie, les travaux de Barry<br />

Eichengreen, de Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff, des institutionnalistes<br />

que sont Doran Acemoglu et James Robinson ou<br />

encore pour clore ce rapide tour d’horizon, les ouvrages de Kenneth<br />

Pomeranz ou Thomas Piketty.<br />

: Le renouvellement de l’histoire<br />

économique<br />

Depuis quelques années, l’histoire économique s’est renouvelée,<br />

réalisant un double aggiornamento : l’emprunt des méthodes<br />

comptables de l’économiste a doté l’historien d’une solide base<br />

chiffrée, celle de l’histoire quantitative, parfois même contrefactuelle<br />

; la prise en compte des structures, de leurs pesanteurs<br />

et de leurs transformations, a conféré aux historiens une nouvelle<br />

identité, celle des « Annales ». Ainsi l’histoire est-elle devenue<br />

économique et sociale (cf. le beau projet de Pierre Léon : une<br />

« Histoire Économique et Sociale du Monde », Armand Colin, 1977).<br />

L’introduction de la dimension historique inscrit ces enseignements<br />

dans le temps long. La référence aux faits stylisés de la croissance<br />

est significative des questionnements. Il s’agit de montrer<br />

aux étudiants comment la croissance économique s’est accélérée<br />

et comment elle a conduit à des changements radicaux ; qu’on la<br />

considère comme un phénomène cumulatif de longue période ou<br />

comme une succession de paradigmes entrecoupés de ruptures<br />

ou de crises.<br />

Pour résumer trois grandes questions doivent être prises en<br />

compte (il ne s’agit d’ailleurs pas de les admettre comme intangibles<br />

tant les débats sont vifs autour de leur libellé…) :<br />

>>> suite page 19<br />

La cliométrie<br />

Née à la fin du XIX e siècle (la première chaire<br />

d’histoire économique fut créée à Harvard, en<br />

1892, pour Ashley), l’histoire économique a acquis<br />

ses lettres de noblesse avec la New Economic<br />

History américaine, sorte d’économétrie<br />

rétrospective, à laquelle se rattache en France<br />

l’Histoire quantitative. La démarche des<br />

« quantitativistes » (ne pas confondre avec la<br />

théorie quantitative de la monnaie !) permet<br />

à l’historien de disposer de séries homogènes<br />

longues là où il n’avait hier que données<br />

éparpillées et fragmentaires : les statistiques<br />

de prix et de productions (hier exprimées en<br />

quantités : x tonnes d’acier) sont aujourd’hui<br />

complétées par des données agrégées : des taux de<br />

croissance du PIB, de la production industrielle, de<br />

la production agricole, et même de la productivité<br />

du travail.<br />

Signe de cette fécondation mutuelle de la<br />

Comptabilité nationale et de l’histoire : la<br />

cliométrie est aujourd’hui autant affaire<br />

d’historiens que d’économistes. Des « classiques »<br />

ont pu ainsi être revisités tel le vieux débat sur<br />

l’absence de take-off en France, réactualisé par<br />

l’accélération de la production et de la productivité<br />

industrielles dans les années 1830 mise en<br />

évidence par les séries longues sur la croissance<br />

de l’économie française depuis le début du XIX e<br />

siècle (Jean-Claude Toutain, Maurice Lévy-<br />

Leboyer), ou tel que le rôle de l’esclavage dans la<br />

croissance américaine au XIX e siècle (Robert W.<br />

Vogel), ou encore en mettant en évidence le rôle<br />

des institutions, ces « contraintes humainement<br />

conçues qui structurent les interactions politiques,<br />

économiques et sociales » dans la croissance<br />

économique (Douglass W. North, ces deux<br />

derniers auteurs ayant partagé le prix Nobel<br />

d’économie en 1993 pour « avoir renouvelé la<br />

recherche en histoire économique en appliquant<br />

la théorie et les méthodes quantitatives dans le<br />

but d’expliquer le changement économique et<br />

institutionnel »). n<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 18 AVRIL <strong>2018</strong> | N°16


PAROLES DE PROF<br />

>>> suite de la page 18<br />

- comment la croissance a-t-elle rompu les équilibres de très longue période, antérieurs<br />

à la révolution industrielle, qui sont marqués par la permanence des niveaux<br />

de vie qui font que, partout dans le monde, « le fils vit comme son père » ?<br />

- comment cette croissance se manifeste-t-elle avec, en particulier, cette extraordinaire<br />

accélération depuis la Seconde Guerre mondiale qui fait que le « fils vit<br />

mieux que le père », tout au moins dans les pays développés. Comment expliquer<br />

les écarts, les décrochages, les retards ? Comment expliquer les réussites des politiques<br />

économiques mais aussi leurs échecs, comment expliquer que l’on ne puisse,<br />

malgré l’expérience acquise en finir avec les crises ? Comment analyser les transformations<br />

permanentes engendrées par les progrès et innovations de toutes sortes ?<br />

- comment expliquer les phénomènes de rattrapage, les changements d’équilibres<br />

et de rapports de force entre les continents, les pays, les aires culturelles et finalement<br />

appréhender la réalité d’une mondialisation que l’on peut concevoir comme<br />

une sorte d’uniformisation ou bien, au contraire, comme la juxtaposition de modèles,<br />

d’expériences, de choix différents qui sont en relation permanente avec le développement<br />

des flux de toute nature et la domination du marché ?<br />

: La démarche de l’ESH<br />

Les programmes d’ESH font largement écho à la démarche de nombreux chercheurs<br />

qui souhaitent un rapprochement entre histoire et science économiques à<br />

l’instar de ce qui se produit dans les pays anglo-saxons. Les expériences des historiens<br />

et des économistes doivent permettre un enrichissement mutuel. Les premiers<br />

doivent s’attacher à mieux maîtriser les outils couramment utilisés par les économistes,<br />

en particulier les méthodes statistiques et quantitatives quand les économistes<br />

devraient parfois mieux prendre en compte, dans leurs modèles, les faits<br />

et les réalités des sociétés dans lesquelles se déroulent les activités économiques.<br />

D’excellents exemples de ces problématiques sont fournis par la confrontation des<br />

expériences méthodologiques. La théorie de la croissance unifiée, présentée par<br />

Oded Galor (« United Growth Theory », Princeton, 2011) montre que l’histoire n’est<br />

que le cadre dans lequel joue un modèle théorique et mathématique, c’est-à-dire<br />

fondé sur des données quantifiables et une approche formalisée, de croissance<br />

de l’Antiquité à nos jours. C’est évidemment assez éloigné de la perspective des<br />

historiens qui, même s’ils font leurs les instruments d’analyse mis au point par les<br />

économistes, cherchent avant tout à expliquer le passé tel qu’il s’est passé plutôt<br />

que de plaquer des modèles abstraits et parfois généralisables aux différents lieux<br />

et époques.<br />

Si l’ambition de l’enseignement de l’ESH est plus modeste, l’intérêt manifeste<br />

de l’approche pluridisciplinaire qu’il engendre est de permettre aux étudiants<br />

d’éviter deux grands écueils propres à notre époque de grandes mutations technologiques<br />

: la tentation d’une histoire désincarnée et le relativisme historique. Il favorise<br />

la contextualisation et rend possible la maîtrise des grandes évolutions et des<br />

grandes périodes historiques : ainsi, les phases de la croissance depuis le XIX e siècle,<br />

la succession des transformations technologiques, la mise en place du marché ou sa<br />

contestation, l’évolution de la pensée et des théories économiques deviennent familières<br />

à de futurs dirigeants et managers en leur expliquant le pourquoi de l’économie<br />

actuelle. Il combat aussi une tendance parfois un peu marquée au relativisme<br />

historique qui conduit souvent à analyser le passé au regard des valeurs ou des<br />

théories contemporaines.<br />

: Une histoire économique globale ?<br />

Depuis quelques années, l’histoire économique connaît donc un regain d’intérêt<br />

et certaines approches permettent de répondre au désir de rapprochement de<br />

l’histoire et de l’économie. Une des réponses possibles est l’histoire économique<br />

globale. Cette approche de l’histoire se caractérise par la mise en relation, pour<br />

un objet donné, de périodes ou d’espaces géographiques différents. Rompant avec<br />

les cadres académiques traditionnels, s’intégrant mal au découpage en quatre<br />

périodes historiques il s’agit plus d’une méthode de travail que d’un champ disciplinaire<br />

proprement dit à l’origine duquel on trouve le projet développé, à la fin des<br />

années 40, par l’UNESCO (United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization),<br />

d’écrire une histoire de l’humanité sans orientation géographique particulière,<br />

ce qui fut fait par Louis Gottschalck, Marshall Hodgson et William Mc Neill.<br />

Une des particularités de l’histoire globale est la volonté de rendre en compte les<br />

effets de la mondialisation en intégrant tous les lieux, toutes les sociétés et toutes<br />

les époques en « décentrant » le regard, en usant des comparaisons et en raisonnant<br />

à l’échelle mondiale. Largement inspirée des travaux fondateurs de Fernand<br />

Braudel, en particulier de « Civilisation matérielle, économie et capitalisme (XV e -<br />

XVIII e siècles) » (1969), l’histoire globale agrège des disciplines. Cette dimension,<br />

au cœur de l’ESH, permet de croiser les acquis de la géohistoire (pourquoi telle<br />

zone est-elle dynamique et telle autre pas à tel moment donné ?), ceux de l’histoire<br />

vue d’ailleurs, l’histoire croisée ou bien encore l’histoire environnementale.<br />

En outre, l’histoire globale ouvre aussi des perspectives sur ce qui vient après et<br />

ne cherche pas à se limiter à l’explication des événements passés.<br />

En France ce n’est pas simple. L’histoire économique est héritière des travaux<br />

fondateurs d’Ernest Labrousse et Fernand Braudel et donc de l’école des Annales.<br />

Pour le premier, les méthodes étaient largement quantitatives, fondées sur des<br />

séries, en particulier de prix que des centaines de petites mains s’efforçaient de<br />

reconstituer, comme, par exemple, celles des Mercuriales. De ces mouvements de<br />

prix se déduisaient des tendances qui permettaient souvent d’aller vers le social<br />

(par exemple l’explication de la Révolution française par les mouvements des prix<br />

des céréales). L’histoire globale n’est pas née en France. Le travail fondateur est<br />

dû à Kenneth Pomeranz qui dans « La grande divergence » se demande pourquoi<br />

l’Angleterre a fait mieux que la Chine (il répond à la question souvent posée<br />

aux étudiants : Pourquoi l’Angleterre ?). En France, la publication de l’ouvrage de<br />

Philippe Norel, « L’histoire économique globale » (2009) comble cette lacune, en<br />

faisant le point sur les tendances actuelles, et dote les étudiants d’un ouvrage les<br />

poussant à réfléchir au sens des évolutions de l’économie mondiale.<br />

Comment pouvons-nous utiliser l’histoire ? Au-delà d’un arrière-plan, elle nous<br />

fournit des cadres explicatifs (et aussi des exemples factuels). Elle détermine<br />

les grandes tendances dans lesquelles s’inscrivent nos problématiques. C’est<br />

ainsi que nous pouvons tout à la fois mobiliser les travaux de longue durée d’A.<br />

Maddison, les acquis de la cliométrie et de la nouvelle économie institutionnelle<br />

(Douglass C. North, « Institutions, Institutional Change and Economic Performance<br />

», Cambridge University Press, 1990) ou plus récemment, les ouvrages de<br />

Doran Acemoglu et James Robinson (« Prospérité, puissance et pauvreté : Pourquoi<br />

certains pays réussissent mieux que d'autres », Markus Haller, 2015). Bien<br />

entendu cela ne doit pas conduire à rejeter les approches plus anciennes. Les<br />

théories de la croissance proposées, dans les années soixante par Walt W. Rostow<br />

ou Alexander Gerschenkron, les travaux de Paul Bairoch, « L’Histoire économique<br />

et sociale du monde » sous la direction de Pierre Léon conservent tout leur intérêt<br />

pour qui veut relier les questionnements économiques au temps long et montrer<br />

qu’une grande partie des questions que nous nous posons sur notre environnement<br />

économique et social ne sont pas nouvelles même si le contexte change. n<br />

L’école des Annales<br />

« Les économies ont les crises de leurs structures » (selon<br />

l’expression d’Ernest Labrousse), tel pourrait être en raccourci le<br />

message des Annales, qui a pris progressivement corps au cours des<br />

années trente. Délaissant l’histoire événementielle au profit de la<br />

longue durée, les individus au profit des structures (la Méditerranée<br />

au temps de Philippe II plutôt que Philippe II en Méditerranée),<br />

l’École des Annales* a privilégié une lecture économiste, voire<br />

économiciste (le poids de ses influences marxistes ?), de l’histoire,<br />

traquant les régularités, privilégiant la continuité. Selon Fernand<br />

Braudel « il n’y a jamais entre passé, même passé lointain, et<br />

temps présent de rupture totale, de discontinuité absolue ou, si l’on<br />

préfère, de non-contamination » (« La dynamique du capitalisme »,<br />

Arthaud, 1985 : un ouvrage court, clair et brillant, indispensable).<br />

Ainsi sommes-nous invités à mettre la crise actuelle en perspective<br />

historique, à replacer les bouleversements contemporains dans la<br />

longue chaîne de l’histoire du développement, depuis l’assolement<br />

quadriennal et le marnage des terres de Charles Townshend<br />

(1674-1738) dans le Norfolk à l’émergence de l’Asie du Sud-Est.<br />

Alors pouvons-nous mieux appréhender comment des « jeux<br />

de l’échange » naquit « le temps du monde » (respectivement les<br />

titres des tomes II et III de « Civilisation matérielle, Économie et<br />

Capitalisme ; XV e -XVIII e siècles)… n<br />

* d’après le titre de la revue « Annales d’histoire économique et sociale » fondée<br />

en 1929 par Lucien Febvre (un moderniste) et Marc Bloch (un médiéviste) pour<br />

rompre avec l’histoire événementielle et rapprocher la méthode historique des<br />

sciences humaines.<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 19 AVRIL <strong>2018</strong> | N°16


ENTRETIEN<br />

© ISC Paris<br />

« À l’ISC Paris,<br />

on est heureux<br />

pendant ses études ! »<br />

Directeur de l’ISC Paris depuis octobre 2017, Henry Buzy-<br />

Cazaux entend s’inscrire dans le projet initial d’une école<br />

qui a toujours été proche des entreprises. Le regard d’un<br />

spécialiste de l’immobilier reconnu qui démarre tout juste<br />

une vie de directeur d’école de management.<br />

Olivier Rollot : Après en avoir été trésorier depuis 2013,<br />

vous dirigez l’ISC PARIS depuis le mois d’octobre. Quel<br />

premier bilan pouvez-vous tirer de ces cinq premiers<br />

mois ?<br />

Henry Buzy-Cazaux : J’ai trouvé à l’ISC Paris un souffle particulier<br />

incarné par une équipe de 150 personnes qui portent<br />

ensemble l’identité de l’école. Une école membre de la Conférence<br />

des grandes écoles, EESPIG (établissement d’enseignement<br />

supérieur privé d’intérêt général) et reconnue dans les<br />

classements comme l’une des bonnes écoles de management de<br />

milieu de tableau. Nous n’avons pas à rougir de notre positionnement<br />

et des cadres des trois principales écoles françaises nous<br />

rejoignent d’ailleurs régulièrement.<br />

En fait et, depuis notre fondation en 1963, nous suivons les<br />

préceptes de notre fondateur, Paul Icard, pour lequel une école<br />

devait être proche de l’entreprise, et, osons le dire, du commerce<br />

toujours caractérisé par le « C » de notre sigle. Beaucoup<br />

d’écoles l’ont rejeté pour ne parler que de management et ce<br />

n’est pas notre cas.<br />

O. R : Comment se caractérise cette proximité avec l’entreprise<br />

dans l’enseignement de l’ISC Paris ?<br />

H. B-C : D’abord par le concept d’« entreprise étudiante » qui<br />

contribue à 50 % du temps pédagogique. Une vie associative<br />

intégrant l’entrepreneuriat que nous devons au fondateur (Paul<br />

Icard), dont l’intuition a été respectée et développée depuis 55<br />

ans. L’inspirateur de notre stratégie nous a dotés d’une seconde<br />

différence forte : féru de psychologie, il a voulu que nous respections<br />

les personnalités et que nous ne les uniformisions pas.<br />

Pour nous la personnalité doit absolument être utilisée comme<br />

un levier d’épanouissement. Dans cet esprit la diversité de notre<br />

recrutement – jusqu’à 50 % de boursiers en bachelor - est un<br />

atout majeur. C’est notre fierté de voir que les profils issus de la<br />

diversité que nous formons connaissent ensuite de très belles<br />

réussites professionnelles.<br />

Nous sommes aussi une école au sein de laquelle on apprend<br />

la modestie, l’humilité, au sein d’entreprises étudiantes qui<br />

accordent une place particulière à l’échec. Il faut savoir tâtonner,<br />

échouer, se reprendre, c’est cela qui permet la créativité<br />

gagnante.<br />

O. R : Cela vous différencie vraiment des autres Grandes<br />

Écoles ?<br />

H. B-C : Dans le cursus de beaucoup de Grande Écoles on en<br />

reste encore à « tu vas en baver mais ensuite tu auras une place<br />

au soleil ». Résultat : nous sommes gouvernés par des gens qui<br />

en gardent toujours une sorte d’amertume et répètent aux jeunes<br />

que « ça va être très dur pour eux aussi ». Écoutez : pourquoi en<br />

France on vous souhaite « bon courage du matin au soir » ?<br />

Tout cela n’a pas sa place chez nous. Il faut être heureux dans<br />

ses études et à l’ISC Paris on est heureux pendant ses études !<br />

Nous sommes des « donneurs de sens », ni des adeptes de la<br />

fête associative ni des académiques déconnectés du réel. Les<br />

entreprises apprécient nos diplômés car ils sont à la fois pragmatiques,<br />

modestes, résilients et courageux.<br />

O. R : Mais comment se différencier dans un paysage dominé<br />

par les accréditations et les classements ?<br />

H. B-C : Les classements devraient être capables de s’appuyer<br />

sur des critères différents comme une meilleure prise en compte<br />

de l’entrepreneuriat, qui signifie forcément des rémunérations<br />

>>> suite page 21<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 20 AVRIL <strong>2018</strong> | N°16


ENTRETIEN<br />

Les locaux de l’ISC à Paris<br />

© ISC Paris<br />

>>> suite de la page 20<br />

moins importantes. La prise de risque ne fait pas assez partie<br />

du crible d’analyse.<br />

Quant aux accréditations il ne faut pas vendre son âme au<br />

diable pour les obtenir. L'ISC Paris a été la première école<br />

de commerce indépendante privée française à bénéficier de<br />

l'accréditation internationale AACSB (Association to Advance<br />

Collegiate Schools of Business). Nous en aurons d’autres<br />

sans sacrifier pour autant notre modèle. Un très bon restaurant<br />

peut n’avoir qu’une étoile au Michelin quand certains<br />

préfèrent rendre leurs trois étoiles plutôt que de se plier aux<br />

diktats. Nous sommes et serons étoilés, mais nous n’oublierons<br />

jamais que nous sommes là d’abord pour servir et<br />

accompagner le mieux possible nos étudiants et les entreprises<br />

qui les recrutent.<br />

O. R : La nécessité pour les écoles de management de<br />

produire de la recherche de haut niveau ne les amènet-elle<br />

pas souvent à être déconnectées des besoins<br />

des entreprises ?<br />

H. B-C : Notre directeur académique privilégie justement les<br />

recherches de haut niveau utiles aux entreprises. La communauté<br />

de l’enseignement de la gestion s’est payée de mots en<br />

croyant que la recherche leur servirait forcément. L’Insead est<br />

à cet égard exemplaire : la phase avec les entreprises lui tient<br />

lui de reconnaissance absolue… et lui autorise un modèle<br />

économique exceptionnel. Elle vit en symbiose avec les entreprises,<br />

qui sont ses clientes<br />

O. R : Le statut d’EESPIG (établissement d’enseignement<br />

supérieur privé d’intérêt général) vous apporte-til<br />

suffisamment de moyens pour garantir l’indépendance<br />

de l’ISC Paris ?<br />

H. B-C : Certes le statut d’EESPIG nous apporte des financements<br />

de l’État, de même que la taxe d’apprentissage contribue<br />

à nos ressources. Mais nous sommes avant tout une<br />

association indépendante de tout groupe, qui doit s’attacher<br />

à développer ses produits d’exploitation. Nous ne bénéficions<br />

d’aucun soutien vis-à-vis duquel nous serions dépendants et<br />

notre équation économique est simple. Des écoles consœurs,<br />

dans l’univers consulaire, sont encore dans des situations artificielles<br />

qu’elles savent fragiles. Certaines de leurs charges étaient<br />

supportées par leur tutelle. Ce n’est pas notre cas.<br />

Aujourd'hui il est de bon ton d’annoncer la mort des Grandes<br />

Écoles à la française mais je vois toujours les vertus de la méritocratie,<br />

de l’effort, de valeurs qui ne sont pas périmées. D’un<br />

viatique pour la réussite qu’on doit entretenir toute sa vie et qui<br />

contribue aux entreprises. C’est en cela que nous avons une belle<br />

mission. Comme en politique nous nous occupons d’un destin<br />

collectif.<br />

O. R : Imaginez-vous des alliances avec d’autres<br />

groupes ?<br />

H. B-C : Nous sommes aujourd'hui totalement indépendants.<br />

Nous tenons à cette indépendance pour qu’elle nous épargne<br />

l’obsession du compte d’exploitation. Je ne porte pas de jugement<br />

sur les actionnaires, fonds d’investissement. Je suis seulement<br />

convaincu que La gestion à court terme et étroitement<br />

financière ne fait pas bon ménage avec les missions d’une<br />

Grande École comme la nôtre. Pour autant, nous veillons à notre<br />

profitabilité, gage de notre durabilité.<br />

Ce que je souhaite c’est que nous gardions notre indépendance<br />

tout en concluant des alliances avec d’autres écoles comparables<br />

à la nôtre aussi comme des ESC originales, l’Efrei ou l’UCP, mais<br />

aussi avec des entreprises. Avec elles, dont nous sommes ontologiquement<br />

proches, nous devons inventer une nouvelle façon<br />

de travailler pour qu’elles nous accompagnent au mieux dans la<br />

formation de nos jeunes, de nos apprenants.<br />

O. R : Pensez-vous augmenter vos frais de scolarité à<br />

l’avenir (qui sont aujourd'hui de 10950 € par an pour le<br />

programme Grande École) ?<br />

H. B-C : Je suis prudent sur cette voie, pour nous, comme pour<br />

les autres grandes écoles de management. Nous ne devons pas<br />

nous éloigner de la solvabilité des familles. En outre, la solution<br />

d’endetter les étudiants présente des dangers : nous sommes<br />

là pour les doter d’atouts pour la réussite, pas pour hypothéquer<br />

leur avenir pour plusieurs années. n<br />

→ Henry Buzy-Cazaux<br />

a dirigé la FNAIM<br />

(Fédération nationale<br />

de l’immobilier) à deux<br />

reprises, managé et<br />

introduit en Bourse le<br />

Groupe Foncia au côté de<br />

son fondateur, puis monté<br />

une école spécialisée<br />

dans le secteur. D’abord<br />

enseignant, il a passé le<br />

concours d’instituteur et<br />

enseigné en ZEP avant<br />

de se voir offrir une<br />

mission de lutte contre<br />

l’illettrisme. Après avoir<br />

passé l’agrégation de<br />

philosophie, il intègre<br />

l’Essec. Quand Bruno<br />

Neil a démissionné de la<br />

direction de l’ISC Paris mi<br />

2017, l’ISC Paris a décidé<br />

de confier sa succession à<br />

un tout autre profil en le<br />

choisissant.<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 21 AVRIL <strong>2018</strong> | N°16


DÉBAT<br />

Comment bâtir<br />

des « universités<br />

européennes »?<br />

Il y a trente ans l’ensemble des ministres de l’Education et de l’Enseignement<br />

supérieur européens lançaient ce qu’on va appeler le Processus de Bologne.<br />

En septembre 2017 Emmanuel Macron allait plus loin en évoquant la création<br />

d’universités européennes à La Sorbonne. Mais comment procéder ?<br />

→ Le processus de<br />

Bologne a été initié<br />

en 1998 par la France,<br />

l’Allemagne, l’Italie<br />

et le Royaume-Uni<br />

avec pour objectif la<br />

mise en place d’un<br />

espace européen<br />

de l’enseignement<br />

supérieur. Aujourd’hui<br />

48 pays participent<br />

au projet autour de 3<br />

grands principes :<br />

• organiser des études<br />

en 3 cycles (Licence –<br />

Master – Doctorat) ;<br />

• développer des outils<br />

de la reconnaissance<br />

académique et<br />

professionnelle,<br />

notamment avec un<br />

système européen<br />

de transfert et<br />

d’accumulation de<br />

crédits (ECTS) ;<br />

• mettre en place une<br />

démarche qualité.<br />

Relire le rapport de<br />

Bernard Ramanantsoa :<br />

L’enseignement<br />

supérieur français<br />

Par-delà les frontières :<br />

L’urgence d’une<br />

stratégie et la dernière<br />

note de Campus<br />

France sur La mobilité<br />

internationale des<br />

étudiants européens<br />

L<br />

’idée d’« université européenne » a vite provoqué l’enthousiasme<br />

dans les universités françaises. Mais quel est le<br />

modèle ? Élitiste avec pas plus de trois ou quatre grands réseaux<br />

européens, un peu sur le modèle de l’University of California ? Ou<br />

ouvert à tous ? « On n’imagine pas de réseaux comportant plus<br />

de six universités, sinon cela sera difficile à gérer. Faut-il des<br />

réseaux thématiques ? Des réseaux entre des universités déjà<br />

très présentes à l’international ? Il nous faut aussi des réseaux<br />

plus larges y compris dans des pays comme la Pologne ou la<br />

Roumanie qui sont aujourd'hui moins visibles à l’international »,<br />

résume le président de la Conférence des présidents d'université,<br />

Gilles Roussel lors de son colloque annuel.<br />

Au niveau européen deux groupes de travail ont été créés par<br />

la Commission européenne et sa direction Éducation et culture.<br />

« Nous en parlons également avec la direction Recherche pour<br />

nous mettre d’accord sur le concept comme le nom de ces<br />

futures universités », établit Francesca Maltauro, responsable<br />

du projet au sein de la Commission « venue écouter les idées<br />

des universités françaises » lors du colloque de la CPU. Car rien<br />

n’est vraiment clair. « "Mal nommer les choses c’est ajouter au<br />

malheur du monde" disait Camus », s’exclame le tout nouveau<br />

président du CNRS, Albert Petit, inquiet que « l’Europe nous<br />

conçoive une de ces "usines à gaz" dont elle a le secret avec trop<br />

de contraintes qui empêche leur développement ». « C’est vraiment<br />

la notion de circulation de l’information et de la recherche<br />

propre à faire de l’Europe un espace naturel pour les étudiants<br />

qui conduit notre réflexion avec l’Union européenne », lui répond<br />

la ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de<br />

l’Innovation, Frédérique Vidal. Les étudiants devront pouvoir<br />

démarrer leur cursus dans à un endroit, le poursuivre dans<br />

un autre sans demander d’équivalence pour obtenir non pas<br />

quatre ou cinq diplômes mais un diplôme européen. Le tout sans<br />

« modèle unique », insiste la ministre qui n’en définit pas moins<br />

qu’il y aura un « modèle pour toute l’Europe avec une certaine<br />

autonomie ».<br />

: Deux modèles existants<br />

Si les accords entre universités et Grande Écoles européennes<br />

sont multiples deux exemples permettent mieux d’imaginer<br />

comment on peut aller plus loin. Avec Eucor-Le campus européen,<br />

l’université de Strasbourg fait partie d’un consortium<br />

d’universités françaises, allemandes et suisses (Bâle, Freiburg,<br />

Haute-Alsace, Karlsruhe Institut für Technologie et Strasbourg).<br />

Est-ce là le modèle de l’université européenne ? « Plusieurs<br />

modèles sont possibles. Le nôtre est celui d’une université<br />

transfrontalière dans le cadre d’une structure juridique qui a sa<br />

personnalité propre et nous permet de construire une plateforme<br />

commune. Nous ne pouvons pas aller jusqu’à une fusion mais<br />

nous pouvons proposer des parcours intégrés, des diplômes<br />

binationaux ou ouvrir des laboratoires communs », explique le<br />

président de l’université, Michel Deneken.<br />

Le modèle est différent du côté d’ESCP Europe comme l’explique<br />

son directeur, Frank Bournois : « Nous sommes le rêve<br />

d’Emmanuel Macron réalisé depuis plus de 40 ans avec la création<br />

de l’EAP en 1973. Il n’y a qu’à ESCP Europe que tous les<br />

étudiants ne peuvent être diplômés qu’à condition d’avoir réalisé<br />

un parcours européen. Nous nous investissons depuis longtemps<br />

dans la fabrication d’un modèle unique de formation européen<br />

et sommes prêts à accompagner le mouvement voulu par le<br />

Président ». On ne peut pas être diplômé d’ESCP Europe en ayant<br />

seulement étudié à Berlin ou Paris et son bachelor s’effectue<br />

dans trois pays et trois langues. Surtout ESCP Europe est reconnue<br />

et accréditée dans chaque pays par les organismes locaux.<br />

Son Master in Management (diplôme Grande École) permet d’obtenir<br />

jusqu’à quatre grades masters simultanément délivrés dans<br />

quatre pays différents.<br />

: Des étudiants encore trop<br />

« franco-français »<br />

D’ici à 2020 les universités françaises voudraient faire passer<br />

le taux de leurs étudiants qui partent au moins deux mois à<br />

l’étranger – en études ou en stage – de 15 à 20 %. Et pour cela<br />

il faudra d’abord convaincre leurs professeurs… « Comment<br />

conjuguer mobilité et recrutement en master quand les étudiants<br />

en licence sont inquiets de leur niveau réel ou de l’opinion de<br />

leurs professeurs quant à leur niveau réel après un séjour à l’international<br />

», s’interroge David Alis, le président de l’Université<br />

Rennes 1. L’étude menée fin 2016 par Campus France indique<br />

que cette réticence de leurs professeurs à les laisser s’expatrier<br />

est le principal facteur qui explique la réticence des étudiants<br />

français devant même le coût de cette expatriation. « C’est notre<br />

principal combat que de lutter contre les enseignants qui ne<br />

veulent pas voir leurs étudiants partir », confirme Pierre Paul-Zallio,<br />

le directeur de l’ENS Paris-Saclay.<br />

Un problème qui remonte à loin : la plupart des équipes universitaires<br />

n’intègrent absolument pas cette dimension internationale<br />

dans leur projet. Si c’est compréhensible en droit – spécialité<br />

très ancrée nationalement – cela ne l’est pas dans la plupart des<br />

autres disciplines. « Nous comptabilisons 1 300 programmes en<br />

anglais en France contre 1 700 en Allemagne et 2 000 aux Pays-<br />

Bas », remarque la directrice de Campus France, Béatrice Khaiat,<br />

qui milite pour une « mobilité étudiante obligatoire ». n<br />

Olivier Rollot<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 22 AVRIL <strong>2018</strong> | N°16

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