13.06.2018 Views

Le Chevalier - N°47

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Au milieu du XVIIe siècle, les vignes se trouvent<br />

donc entre les mains d’un spécialiste. Cela<br />

indique de la part des chanoines, une volonté<br />

de profiter au mieux de leurs vastes vignobles.<br />

Un livre de raison tenu dans le dernier quart du<br />

XVIIe siècle entrouvre une fenêtre sur la ruche<br />

abbatiale. On y voit plusieurs personnages<br />

travailler dans les vignes, participer aux vendanges<br />

et oeuvrer à la cave. Certains ne font<br />

que passer, d’autres sont là régulièrement. Par<br />

exemple, Humbert Munier travaille dans les<br />

vignes en octobre 1678. En 1679, il vendange<br />

5 jours à Saint-Maurice et 3 jours à Martigny.<br />

Faire le vin et le<br />

conserver<br />

Il semblerait logique que la chaîne d’opérations<br />

tendue entre l’extraction du jus des grappes<br />

et le soin du vin soit concentrée à l’Abbaye,<br />

à proximité des consommateurs. Cela ne se<br />

vérifie que partiellement. Un inventaire dressé<br />

en1646 décrit dans le monastère un local<br />

appelé «le pressoir». On y trouve «le pressoir<br />

fait par l’abbé Odet» ainsi que «quatre grandes<br />

et belles tines pour réduire la vendange, l’une<br />

d’elle est toutefois moindre que les autres». La<br />

cure de Notre-Dame de Sous-le-Bourg possède<br />

une de ces cuves, une autre appartient à<br />

l’aumônier du monastère et les deux dernières<br />

à son chantre. L’inventaire mentionne aussi des<br />

ustensiles de vendange dans la cave abbatiale:<br />

«cinq gerles pour la vendange, tant grandes<br />

que petites, dont trois sont en mélèze et deux<br />

en sapin», quatre brantes «propres à porter<br />

vendanges» et deux entonnoirs.<br />

Cuver et presser sur<br />

place<br />

<strong>Le</strong>s chanoines préfèrent cependant adopter,<br />

pour organiser le temps et les déplacements,<br />

une logique différente, assez courante dans<br />

le Valais médiéval. Comme les ‘vignobles les<br />

plus importants se trouvent à quelque distance<br />

du monastère, dans les collines qui séparent<br />

Saint-Maurice et Bex, on y construit des installations<br />

de cuvage et de pressage, que les textes<br />

signalent depuis le XIIIe siècle en ces lieux. L’un<br />

de ces édifices élevé dans le vignoble de Cries,<br />

ressort assez bien des textes modernes. L’inventaire<br />

abbatiale de 1646 y recense «quatre<br />

grandes tines ou cuves, dont l’une est d’environ<br />

17 ou 18 chars, l’autre de 12, l’autre de 8,<br />

l’autre de 5 ou de 6», et un «grand pressoir»<br />

installé par Martin Duplâtre, abbé de 1527 à<br />

1587. <strong>Le</strong> bâtiment abrite aussi huit brantes et<br />

six «grandes et moyennes».<strong>Le</strong>s brantes servent<br />

à transporter le raisin de la vigne vers un lieu<br />

de collecte où on les vide dans les gerles. Une<br />

fois pleines, celles-ci seront vidées dans des<br />

récipients montés sur des chars qui conduiront<br />

la vendange vers les cuves et le pressoir.<br />

Une cave de 50’000<br />

litres en 1646<br />

<strong>Le</strong>s vins tirés des vignes du monastère et des<br />

redevances foncières s’élèvent et reposent<br />

dans la vaste cave de l’Abbaye. En 1646, un<br />

inventaire recense 29 tonneaux dénommés<br />

«bosses» et «22 tonneaux de charge». <strong>Le</strong>ur<br />

capacité est donnée parfois en setiers, mais le<br />

plus souvent en «charrets de vin», sans doute<br />

des tonneaux construits pour être installés<br />

sur un char. <strong>Le</strong>ur contenance est grossièrement<br />

mesurable: cet inventaire signale trois<br />

pièces de tonnellerie «faites à façon de demichar<br />

contenant chacune 8 setiers», le tonneau<br />

de charge contiendrait donc 16 setiers,<br />

soit quelque 550 litres. Cette cave peut donc<br />

accueillir quelque 28’000 litres dans ses tonneaux<br />

ordinaires, plus14’000 litres environ<br />

dans les «22 tonneaux de charge», soit en tout<br />

42’000 litres; les adjonctions représentent au<br />

minimum 5’800 litres, ce qui amène la capacité<br />

de la cave à environ 50’000 litres.<br />

Extraits de textes provenant de «Histoire de la<br />

Vigne et du Vin du Valais» publiés avec l’aimable<br />

autorisation de Mme Anne-Dominique<br />

Zufferey, directrice du Musée Valaisan de la<br />

Vigne et du Vin)<br />

7

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!