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Le Chevalier - N°52

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Vin du Valais: d’où viens-tu?<br />

Aussi, l’interdiction de pâturer faite aux<br />

habitants de Varone, Salgesch, <strong>Le</strong>ns,<br />

Ayent, Grimisuat, Saillon, Saint-Léonard<br />

et de la Contrée de Sierre provoque d’intenses<br />

résistances. Au vu des nombreuses<br />

réclamations reçues, « les communes<br />

désignées sont invitées à transmettre les<br />

motifs d’opposition qu’elles ont formés et<br />

à développer dans les mémoires qu’elles<br />

lui (le Conseil d’Etat de la République<br />

du Valais) adresseront tous les moyens<br />

qu’elles croient avoir pour établir ce droit<br />

de parcours ». Ce courrier est daté du 12<br />

janvier 1823, soit six mois après la notification<br />

de l’interdiction.<br />

La Contrée de Sierre adressera le 14 avril<br />

suivant, c’est-à-dire avec 14 jours de retard<br />

sur le délai fixé par le Conseil d’Etat,<br />

six pages de justifications sur le bien-fondé<br />

et l’ancienneté de ce droit de parcours<br />

sur le territoire de la Contrée.<br />

6<br />

Argument avancé: « le droit des propriétaires<br />

du sol de le grever d’un droit de parcours<br />

ou non. Une servitude réelle admise<br />

par le droit des gens et par le droit civil.<br />

Dans la supposition même que le parcours<br />

des vignes soit abusif est préjudiciable<br />

au fond qui est grevé, il est certainement<br />

pas plus odieux que le droit de poser des<br />

poutres sur le mur du voisin ou de lever un<br />

bâtiment sur celui d’un autre ».<br />

Des animaux<br />

dans les vignes<br />

L’interdiction du droit de parcours du bétail<br />

dans les vignes provoque une levée de<br />

boucliers en 1820. Cette pratique relève<br />

de la survie du troupeau dans certaines<br />

communes.<br />

Cochons, brebis et autres moutons foulant<br />

librement le sol des vignes pour y brouter,<br />

l’évocation a de quoi surprendre. Et pourtant,<br />

avant que l’interdiction précitée ne<br />

vienne mettre fin à cette pratique, le parcours<br />

des animaux dans les vignes était<br />

courant, à tel point que l’arrêté souleva un<br />

tollé parmi ses pratiquants.<br />

Afin de remettre cette coutume dans son<br />

contexte, il est bon de garder en mémoire<br />

que toutes les vignes n’étaient pas forcément<br />

contiguës à une autre propriété viticole.<br />

« On convertissait les champs et prés<br />

en vignes, d’où le résultat que ces vignes,<br />

nouvellement plantées, se trouvaient<br />

entièrement enclavées dans les prés de<br />

manière qu’outre ces vignes neuves sujettes<br />

elles-mêmes ci-devant au parcours,<br />

les prés dont elles étaient entourées ne<br />

pouvaient être pâturés sans les vignes, à<br />

moins que celles-ci soient closes, mais,<br />

étant laissées ouvertes, ont par là-même<br />

été abandonnées au parcours » révèle un<br />

document daté du XIXe siècle et émanant<br />

de la Contrée de Sierre.<br />

Pourtant la pratique évoquée ci-dessus<br />

n’est pas le fruit du hasard, elle relève plutôt<br />

d’une coutume, notamment dans les<br />

villages n’ayant pas beaucoup de territoire<br />

à disposition pour faire paître leur bétail. A<br />

l’image de celui de Grimisuat qui n’a »ni<br />

biens communaux où il puisse paître ses<br />

moutons, que sur les propriétés particulières<br />

après les moissons ».<br />

<strong>Le</strong>s moutons de<br />

Grimisuat savent trier<br />

Autre argument avancé: nécessité fait loi,<br />

du moins à Grimisuat qui argue que « l’interdiction<br />

du parcours des vignes après les<br />

vendanges est une privation de garder des<br />

moutons. De plus, les moutons ne mangent<br />

que les herbes qui ne sont d’aucune utilité,<br />

à savoir celles dont le bois n’est pas<br />

mûr. <strong>Le</strong>s moutons font souvent le profit du<br />

propriétaire de la vigne en ce sens qu’il<br />

arrive fréquemment à ceux qui taillent les<br />

ceps que, par défaut de connaissance, ils<br />

laissent les sarments non mûrs et coupent<br />

le beau ».<br />

La fin du parcours<br />

dans les vignes<br />

Mais finalement, le 12 juillet 1821, la Diète<br />

tranche: »La feuille dont la vigne se dépouille<br />

aux approches des frimas, est un<br />

élément et une substance nutritive pour la<br />

saison qui suit, la Diète prononce et déclare<br />

le parcours dans les vignes suspendu ».<br />

<strong>Le</strong> document officiel est très clair en la<br />

matière: »Veuillez, Monsieur le Président,

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