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Le Chevalier - N°52

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faire connaître cette disposition de la Diète<br />

aux intéressés de votre louable dizain, dont<br />

il résulte que le parcours dans les vignes<br />

doit cesser au moment où cette résolution<br />

de la Diète sera publiée ». Dernier recours<br />

possible pour les parties concernées: saisir<br />

la justice. Si la légitimité du droit de parcours<br />

était établie, « son rachat sera opéré<br />

d’après le mode prescrit par la loi du 29<br />

mai 1809 et alors l’intérêt du capital du<br />

rachat sera taxé ». <strong>Le</strong>s documents étudiés<br />

ne font pas mention d’une suite juridique.<br />

Malgré la législation très claire de 1821,<br />

la Commune de <strong>Le</strong>ns rappelle encore au<br />

début du XXe siècle, dans le point 5 de son<br />

règlement de police, « que le parcours de<br />

tout bétail est interdit durant<br />

toute l’année sur les vignes, les jardins, les<br />

champs et les prairies artificielles ». Cet<br />

arrêté laisse penser que le parcours du<br />

bétail dans les vignes devait encore avoir<br />

quelques partisans.<br />

Qu’en est-il<br />

aujourd’hui?<br />

Si, officiellement le parcours de tout bétail<br />

dans les vignes a été déclaré non autorisé<br />

depuis presque deux cents ans en Valais,<br />

une tendance inverse commence à se faire<br />

montre actuellement dans certains pays<br />

et régions. Cette nouvelle propension est<br />

encouragée par le fait que de plus en plus<br />

de sols de vignobles sont enherbés.<br />

Si les moutons sont actuellement préférés<br />

aux autres ovins, c’est parce que, bien<br />

qu’herbivores, ils ont une alimentation<br />

assez diversifiée et se nourrissent toute la<br />

journée. Il sont ainsi très utiles pour entretenir<br />

les rangs et les abords de parcelles<br />

car ils engloutissent aussi bien les ronces<br />

que les mauvaises herbes. Cette pratique<br />

limite considérablement l’emploi d’engins<br />

mécaniques ainsi que le herbicides qui<br />

peuvent avoir un effet négatif sur le structure<br />

et la fertilité du sol. Petit bémol: les<br />

moutons sont très voraces et peuvent causer<br />

de gros dégâts dans les vignes s’ils<br />

sont mal encadrés ou lâchés au mauvais<br />

moment. En effet, les feuilles et les bourgeons<br />

de vigne sont très attractifs pour les<br />

brebis. Quant au rendement du « travail »<br />

des moutons, il est satisfaisant puisqu’il<br />

faut 15 jours à un troupeau de 20 têtes<br />

pour « tondre » un hectare de vigne.<br />

En Suisse romande, le pâturage des vignes<br />

a aussi ses adeptes. Ainsi le journal « 24<br />

heures » dans une récente édition et sous<br />

la plume de M. Federico Camponovo,<br />

publie une interview de M. Nicolas Pittet,<br />

un vigneron à Villette, qui a toujours rêvé<br />

de voir des moutons dans ses vignes. <strong>Le</strong><br />

vigneron ne se lasse pas du spectacle<br />

de ses moutons qui arpentent désormais<br />

l’une de ses parcelles. « Ils sont de formidables<br />

tondeuses écologiques et des<br />

fertilisants hors pair, et c’est un bonheur<br />

que de les voir trotter dans les allées. Pour<br />

moi qui aurais aimé être à la fois paysan et<br />

vigneron, c’est une forme de décroissance<br />

bienvenue, un retour aux traditions, à la<br />

vraie vie de la vigne ».<br />

Evidemment, comme la plupart des vignerons<br />

ne sont pas propriétaires de bétail et<br />

tout spécialement de moutons, il convient<br />

de trouver un partenaire désireux de<br />

mettre ses bêtes à disposition durant le<br />

repos de la vigne pendant quatre mois soit<br />

dès novembre et avant le débourrement de<br />

la végétation qui intervient généralement<br />

en avril. Cette collaboration vigneron-éleveur<br />

est profitable d’abord au vigneron<br />

puisque la présence des animaux enrichit<br />

le terrain. Elle l’est aussi pour l’éleveur qui<br />

est assuré que ses bêtes sont bien traitées<br />

et nourries.<br />

Quant à l’utilisation de chevaux de trait<br />

dans les vignes qui remonte au XVIe siècle,<br />

elle se justifie du fait que face au poids des<br />

tracteurs et des chenillards, le labour au<br />

cheval, s’il doit être accompli, présente<br />

l’avantage de beaucoup moins comprimer<br />

la terre - qu’il s’agit de désherber et d’aérer<br />

- et de permettre une meilleure irrigation<br />

par l’eau de pluie. La terre devient plus<br />

meuble et les ceps plus vigoureux.<br />

En outre, le cheval représente un investissement<br />

bien moins onéreux que l’achat<br />

d’un tracteur mais le travail avec le cheval<br />

demande du matériel et un équipement<br />

spécifique. <strong>Le</strong> cheval étant un être vivant<br />

et de surcroît très sensible, le vigneron doit<br />

être en permanence sur ses gardes, faute<br />

de quoi le travail avec un équidé peut se<br />

révéler très dangereux.

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