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Tschumi - L'analyse

Compilation de travaux d'étudiants de première année de master en architecture à l'Université Catholique de Louvain, portant sur l'oeuvre de Bernard Tschumi.

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La première affirmation<br />

de <strong>Tschumi</strong> décrit et soutien<br />

l’implicite et inévitable relation<br />

entre l’espace et l’action. Les deux<br />

notions sont inséparables, mais<br />

plongées dans une intense et<br />

constante confrontation.<br />

La violence que <strong>Tschumi</strong> cite<br />

dans la deuxième affirmation<br />

représente métaphoriquement cet<br />

intensité, à laquelle nous sommes<br />

soumis, en tant qu’usagers, chaque<br />

fois que nous entrons dans un<br />

édifice.<br />

Toutefois, est-ce l’espace qui<br />

domine sur l’action ou plutôt<br />

l’action qui domine sur l’espace ?<br />

La présence même de l’usager<br />

à l’intérieur d’un espace est déjà un<br />

acte de violence.<br />

SCHLEMMER Oskar, Gesture Dance Diagram,<br />

1926 (TSCHUMI Bernard, Architecture and<br />

Disjunction, Cambridge, Massachusetts,<br />

ÉtatsUnis: The MIT Press, 1996, pp.131)<br />

La présence humaine insinue<br />

le mouvement et perturbe donc la<br />

pureté statique de l’architecture.<br />

Dans ce cas, l’architecture<br />

soumise aux exigences des usagers<br />

n’est plus qu’une coquille, vidée de<br />

sa nature la plus profonde.<br />

En contrepartie, le contrôle<br />

excessif de l’Architecture sur<br />

l’usager est aussi un acte de<br />

violence.<br />

<strong>Tschumi</strong> prend comme exemple<br />

la Villa Rotonda de Palladio : si<br />

on la traverse en suivant l’un de<br />

ses axe, en passant par l’espace<br />

central jusqu’à l’autre côté, on se ne<br />

retrouve pas confronté au paysage,<br />

mais aux marches d’une autre Villa<br />

Rotonda, et encore une autre, et<br />

une autre, et une autre 2 ...<br />

La répétition excessive deviens<br />

très vite sadique et violente, et<br />

prive l’usager du confort de l’image<br />

de l’espace idéal qu’il a construit<br />

dans son subconscient.<br />

PALLADIO Andrea, Villa Rotonda, Vicence, Italie,<br />

1566-1571, elevation<br />

(www.architecturalvisitscom, [15.05.2014])<br />

La relation entre espace et<br />

action n’implique pas seulement<br />

un rapport de hiérarchie entre les<br />

deux.<br />

En effet, cette relation est dans<br />

la plus part des cas symétrique:<br />

les deux champs s’influencent<br />

réciproquement, jusqu’au moment<br />

où il devient presque impossible de<br />

les distinguer l’un de l’autre.<br />

Ils sont à la fois indépendants<br />

et interdépendants.<br />

Dans son article, <strong>Tschumi</strong> ne<br />

propose pas seulement de décrire<br />

cette relation, mais aussi d’en<br />

subvertir les règles, en introduisant<br />

et en mettant en exergue la notion<br />

de violence, qui était déjà présente<br />

dans le mécanisme architectural,<br />

mais qui n’avait jamais été acceptée<br />

par les théories plus répandues.<br />

«Like any form of violence,<br />

the violence of architecture also<br />

contains the possibility of change,<br />

of renewal. […] It should be<br />

understood, and its contradictions<br />

maintained in a dynamic<br />

manner, with their conflicts and<br />

complementarity.» 3<br />

<strong>Tschumi</strong> et le cinéma<br />

La filmographie a une grande<br />

influence dans le travail de<br />

<strong>Tschumi</strong>, qui réunit la spatialité<br />

du cinéma avec le dynamisme<br />

de l’architecture. Il s’inspire<br />

particulièrement du cinéaste<br />

russe Serguei Eisenstein et organise<br />

les Transcripts en longues<br />

séquences filmographiques, souvent<br />

fragmentées en scènes ou en prises.<br />

EISENSTEIN Sergei, Bronenosets Potyomkin [Le<br />

Cuirassé Potemkine], prod. Goskino, 1925 ,<br />

80 min, (TSCHUMI Bernard, Architecture and<br />

Disjunction, Cambridge, Massachusetts,<br />

États-Unis: The MIT Press, 1996, pp.136)<br />

Contenu de The Manhattan<br />

Transcripts<br />

Les planches d’illustrations des<br />

Transcripts ne représentent ni un<br />

projet, ni la réalité d’un lieu.<br />

Par différents modes de<br />

représentation, communément<br />

employés par les architectes (la<br />

photographie, le plan, la coupe,<br />

l’axonométrie et la perspective),<br />

<strong>Tschumi</strong> tente d’exprimer au<br />

travers de différentes scènes la<br />

disjonction entre l’usage, la forme,<br />

et les valeurs sociales d’un espace.<br />

1. TSCHUMI Bernard, Violence of Architecture (1982), dans : TSCHUMI Bernard, Architecture<br />

and Disjunction, Cambridge, Massachusetts, États-Unis: The MIT Press, 1996, p.121<br />

2. TSCHUMI Bernard, Violence of Architecture (1982), dans : TSCHUMI Bernard, Architecture<br />

and Disjunction, Cambridge, Massachusetts, États-Unis: The MIT Press, 1996, p.124<br />

3. TSCHUMI Bernard, Violence of Architecture (1982), dans : TSCHUMI Bernard, Architecture<br />

and Disjunction, Cambridge, Massachusetts, États-Unis: The MIT Press, 1996, p.132<br />

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