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EDITO<br />

PAR JULIEN BRUN<br />

Gambie II<br />

Comme à chaque élection législative, les petits partis politiques<br />

crient à la partialité du système électoral, si fort que l’ADR a saisi<br />

la justice pour en dénoncer l’inconstitutionnalité. Divisés en quatre<br />

circonscriptions, les électeurs Luxembourgeois n’ont pas la même<br />

influence sur le résultat final et une disproportion est constatée<br />

entre le nombre de voix obtenues et celui de mandats attribués.<br />

Pour exemple, avec 28,3% de voix, le CSV obtient 35% des sièges<br />

alors que les 6,4% des Pirates, ne s’en voient attribués que 3,3%.<br />

Et comme à chaque fois, la réflexion sur une éventuelle<br />

circonscription unique est relancée sans véritable chance d’aboutir<br />

puisque les grands partis y perdraient de leur superbe.<br />

Autre ombre au tableau démocratique: 20% de femmes élues<br />

parmi 45% de candidates inscrites sur les listes. Sur les 60 sièges<br />

de la Chambre des Députés, douze seulement sont désormais<br />

occupés par le sexe politiquement faible. À défaut de pouvoir peser<br />

sur un parlement à 80% masculin, une vingtaine d’associations,<br />

d’ONG et de syndicats ont cosigné une lettre réclamant la parité<br />

gouvernementale. La belle affaire…<br />

Xavier Bettel, dont le DP (16,91%) a su garder la constance en<br />

passant de 13 à 12 sièges, a été nommé formateur par le Grand-<br />

Duc. Le Premier supervise donc les pourparlers d’une reconduite de<br />

la coalition sortante qui, passant de 32 à 31 sièges, atteint la majorité<br />

parlementaire de justesse. Le DP-LSAP-Les Verts affiche, sourire<br />

aux lèvres, bonne entente photogénique et confiance commune pour<br />

constituer un programme de gouvernement pour les cinq années à<br />

venir. Cette coalition, dont nul doute de ses chances de reconduite,<br />

n’en reste pas moins une alliance de partis politiques distincts et de<br />

programmes qui parfois s’opposent.<br />

Car dans quelle mesure le LSAP (17,6%), amputé de trois mandats,<br />

pourra-t-il dire non à l’instauration de l’ordre d’expulsion du DP<br />

et imposer une baisse des impôts sur les sociétés, une taxe sur les<br />

transactions financières, une semaine de 38 heures, six semaines de<br />

congé pour tous et une augmentation du salaire social minimum de<br />

100 euros alors que le DP s’y était opposé du temps de la campagne?<br />

D’autant plus que la coalition gouvernementale devra satisfaire les<br />

écolos qui en passant de six à neuf mandats avec 15,12%, ne se<br />

contenteront plus de trois ministères au portefeuille et voudront<br />

assoir leur influence politique.<br />

Le CSV (28,31%) - qui compte presque deux fois plus de voix<br />

que le LSAP et autant que le DP et Les Verts réunis - attend avec<br />

impatience les négociations, espérant y repérer quelques inévitables<br />

courbettes, génuflexions et autres révérences de programmes. Car il<br />

a beau faire les yeux doux au DP en lui promettant une forte alliance<br />

de 32 sièges, faisant même allusion à un possible ménage à trois avec<br />

les séduisants Verts qui en réunirait 42, rien n’y fait. Le premier<br />

parti politique du pays, se voit une seconde fois évincé du pouvoir<br />

et tel un spectateur impuissant, regarde les Libéraux lui préférer<br />

son ex-partenaire socialiste de l’ère Juncker. Même si les mariages<br />

politiques ne sont jamais d’amour mais toujours de raison, il y aurait<br />

de quoi être jaloux. n

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