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Du grand brûlé koala à la belle Gëlle Fra

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Edition 2020 | n˚ 230

www.gemengen.lu

Paul Zeimet

Administrateur délégué

Soler

WILLY HEIN ET TOBIAS WILHELM

HEIN

Un centre de tri pour le Luxembourg

SÉGOLÈNE RICHARDEAU ET GERRIT CANIPEL

ALD AUTOMOTIVE

Gérer humainement ses ressources

VALÉRIE ARNOLD

PWC LUXEMBOURG

Pour une finance durable



EDITO

PAR JULIEN BRUN

Du grand brûlé koala à la belle Gëlle Fra

Les températures extrêmes et les vents violents ne finissent plus

d’attiser les flammes australiennes depuis cinq mois. Le bilan provisoire

est lourd: 26 personnes tuées, plus de 2.000 maisons détruites,

100.000 déplacés, une facture chiffrée à 433 millions d’euros 1 , des

milliards d’animaux morts 2 et déjà 8 millions d’hectares de biodiversité

réduits en poussière. Si les feux de brousse y sont endémiques,

de nombreux scientifiques dénoncent les effets du changement

climatique 3 . Or le climatosceptique Premier ministre australien Scott

Morrison est aussi un ardent défenseur de la lucrative industrie du

charbon qui produit un tiers des exportations mondiales. Macabre

ironie pour celui qui déclarait en décembre 2019 sur Channel 9:

«nous n’allons pas nous engager dans des objectifs irresponsables,

destructeurs d’emplois et nuisibles à l’économie». Irresponsabilité

politique ou déraison morale que de refuser la transition énergétique

au prétexte de préserver un diamant noir destructeur de biodiversité

et nuisible à ses propres concitoyens?

La durabilité du développement économique est tributaire de la

responsabilité sociale et environnementale des entreprises. Toutes

les Greta du monde auront beau faire bleu, qui d’autre que le

politique pour les contraindre au changement? Ce n’est pas comme

si la semaine de 40 heures, l’interdiction du travail des enfants et

les congés payés eurent été défendus par le capital tout de même,

auquel cas la conscience citoyenne n’aurait pas de mouron à se faire.

Le mouton lève-t-il les yeux au ciel en priant que le loup devienne

herbivore? À l’espoir d’un alignement volontaire sur les bonnes

pratiques, seule une réglementation contraignante, autrement

dit le droit, répond à l’urgence de la situation. Mais l’écologie et

l’économie ne se réconcilieront que si elles intègrent les enjeux

sociaux et démocratiques.

c’est-à-dire avec une date de naissance et de mort où la dictature

du prolétariat fait transition. L’homme n’étant pas uniquement un

être de culture mais également de nature, ce sont les marchés qui

toujours remportent cette bataille idéologique. La problématique

est moins le libéralisme que l’épithète qu’on lui accole; peut-il être

écologique, social, durable, raisonnable? Oui, mais à la condition

que le droit protège l’intérêt général de ceux sur qui le pouvoir

s’exerce, c’est-à-dire le peuple.

Le citoyen ne finit plus d’être confondu avec un client et les services

de communication, experts du maniement de la «novlangue»,

repeignent sous des couleurs attrayantes les tristes conditions

actuelles. Une entreprise socialement responsable s’inscrit

néanmoins pleinement dans la société qui la rend possible. Ses

bénéfices, condition intrinsèque à sa prospérité, servent ses

actionnaires mais aussi ses employés, ils profitent à la réduction

de son empreinte écologique et participent au renversement de la

paupérisation. Des riches toujours plus riches, des pauvres toujours

plus pauvres et l’étage médiant des classes moyennes précaires sont à

l’orée des migrations, de tensions sociales, de populismes politiques

au pouvoir; autant de dangers pour tous les commerces.

Prenons Luxembourg-Ville, que reste-t-il du vivre-ensemble encore

en vigueur jusqu’au milieu des «vingt splendides»? L’épicentre d’une

augmentation des prix de l’immobilier (+11% en 2019) ne finit plus

de repousser les plus bas salaires toujours plus loin. Réjouissement

des patriciens certes, mais ô désespoir des plébéiens. n

Dans une société cadenassée par l’Ancien Régime, le libéralisme

naît d’une impossibilité de penser et d’entreprendre librement. Se

demander si le communisme est préférable au capitalisme est un

débat du siècle dernier qui revient à penser le capital selon Marx,

[1] Le Conseil des assureurs d’Australie a annoncé que les demandes de dédommagements reçues par les compagnies s’élevaient à 700 millions de dollars australiens (433 millions d’euros), un

montant appelé à grimper.

[2] Selon les chercheurs de l’Université de Sydney. Ce chiffre inclut les mammifères, les oiseaux et les reptiles, mais pas les insectes ou les invertébrés.

[3] Selon le service européen Copernicus sur le changement climatique, 2019 a été la deuxième année la plus chaude dans le monde, concluant une décennie record. Le porte-parole des

services météorologiques australiens, Jonathan How, a indiqué en ce début d’année que des températures records ont été enregistrées à Sydney (48,1 degrés) et Canberra (42,9 degrés) et

qu’elles pourraient encore augmenter.


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EDITION SPÉCIALE

SOMMAIRE

BÂTIMENT & CONSTRUCTION

26 | ANGÉLINE PRÉVOT

GERI Management

COVERSTORY

06 | PAUL ZEIMET ET GUY UHRES

Soler S.A.

Pour des chantiers sécurisés

BÂTIMENT & CONSTRUCTION

28 | LAURENT SAEUL

Minusines

Soler ou l’énergie renouvelable

La conception et la définition du «Design»

au cœur des projets

ENERGIE

12 | ANOUK HILGER ET LAURENT MAGI

Enovos

ENERGIE

16 | GÜNTER KRINGS

Viessmann Luxembourg

LOGEMENT

36 | REBECCA FAGOT ET MARTIN KOX

Fonds du Logement

Enovos, premier acteur de la transition

énergétique au Luxembourg

Fournir des solutions intégrées

Nonnewisen: un quartier mêlant mixité

sociale, architecturale et des fonctions

ENERGIE

14 | JOACHIM COLLES ET ADELAIDE

WAMPACH - ista Luxembourg

CONSTRUCTION DURABLE

18 | PATRICIA STREBER

XXA architecture

LOGEMENT

40 | GILLES HEMPEL

Fondation pour l’Accès au Logement

Une action globale pour l’environnement

Audace et innovation au service

de l’écologie

Pour des logements abordables


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EDITION SPÉCIALE

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DEVELOPPEMENT DURABLE

42 | WILLY HEIN ET TOBIAS WILHELM

Hein Group

ECONOMIE

74 | VALÉRIE ARNOLD

PwC Luxembourg

LETZEBUERGER GEMENGEN

Publication éditée par Euro-Editions S.A.

www.gemengen.lu

Société éditrice

Euro-Editions S.A.

24, rue Michel Rodange • L-4660 Differdange

Régie publicitaire

Julien Malherbe

marketing@euroeditions.lu • Tél. 58 45 46 30

Un centre de tri pour le Luxembourg

DEVELOPPEMENT DURABLE

46 | SuperDrecksKëscht ®

Pour une finance durable

ICT

82 | DANIEL SAHLER

Fujitsu

Administration

Lucia Ori

Tél. 58 45 46-29 • Fax 58 49 19

admin@euroeditions.lu

Raouf Hatira • Tél. 58 45 46 23

secretariat@euroeditions.lu

Rédaction

Julien Brun

julien@euroeditions.lu • Tél. 58 45 46 26

Martina Cappuccio

martina@euroeditions.lu • Tél. 58 45 46 26

Pierre Birck

Adeline Jacob

Raouf Hatira

Emilie Di Vincenzo

Les déchets, un véritable potentiel

de ressources

DEVELOPPEMENT DURABLE

48 | ALAIN JACOB

LAMESCH

‘Voyages’ vers les Clouds

PORTRAITS

108 | ALINE MULLER

LISER

Conception et réalisation graphique

Sophie Glibert

sophie@euroeditions.lu • Tél. 58 45 46 25

Photographie

Marie De Decker

Eric Devillet

Agence Kapture

La digitalisation en marche

Au service de l’intérêt général

EMPLOI & FORMATION

60 | SÉGOLÈNE RICHARDEAU

ALD Automotive

PORTRAITS

116 | AINHOA ACHUTEGUI

neimënster

Impression

Imprimerie Centrale

Gérer humainement ses ressources

S’armer du courage d’oser

© Euro-Editions

Tous droits de reproduction réservés pour tous pays.

Tous manuscrits, photos et documents envoyés à la

rédaction ne peuvent être exploités qu’avec l’accord

de leurs auteurs. Publiés ou non, ils ne seront pas

restitués. Les reportages signés n’engagent que

leurs auteurs. Les prix figurant dans cette revue

sont indicatifs et peuvent être sujets à des variations

dont l’éditeur ne pourrait nullement être tenu pour

responsable.


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EDITION SPÉCIALE

COVERSTORY

Soler ou l’énergie

renouvelable

Paul Zeimet et Guy Uhres

Les objectifs luxembourgeois en ce qui concerne la part des

énergies renouvelables est de 11% en 2020 et de 25% en 2030.

La Société Luxembourgeoise des Énergies Renouvelables

y participe en s’occupant du développement de projet,

de la planification, de la construction et de l’exploitation

d’installations de production d’énergie à partir de sources

renouvelables dans différentes régions du pays. Interview de

Guy Uhres, responsable des énergies renouvelables, et de Paul

Zeimet, administrateur délégué de Soler.

Comment se développent les projets

éoliens?

PZ: Ce sont les communes qui, bien souvent,

nous sollicitent pour estimer leur potentiel en

termes d’énergie éolienne. Or, il est en règle

générale préférable d’adopter une approche

régionale qui réunit plusieurs communes.

C’est par exemple le cas de notre projet à

la Moselle pour lequel cinq éoliennes sont

actuellement à l’étude pour les communes

de Flaxweiler et de Wormeldange.

Une soixantaine d’éoliennes, reparties dans

différent projets, sont actuellement en

développement ou à l’étude.

Pour chaque projet, des études environnementales

doivent être réalisées au

préalable…

GU: Nous devons en effet réaliser une

évaluation d’incidents sur l’environnement.

Cette évaluation porte sur le son, les

ombrages, le champs visuel des habitants

mais aussi sur la faune et la flore. Nos

experts agréés apportent un soin particulier

aux oiseaux et chauve-souris. Une année

durant, ils sillonnent les sites; repèrent les

nids au printemps et les zones de chasse en

été. Et ce, dans le but d’éviter les collisions

et de réduire au maximum l’impact

écologique des éoliennes.

Les grandes migrations se font à de

beaucoup plus hautes altitudes que les

éoliennes. Néanmoins, au lac du Der

(France), des observateurs nous avertissent

de la migration des grues cendrées et ainsi

nous pouvons précisément prévoir leur

arrivée au Luxembourg. Nous arrêtons

alors les éoliennes en prévision et il en va

de même en cas de brouillard qui réduit

la visibilité des rapaces chassant dans les

champs en contre-bas par exemple.

Et une fois que les études sont réalisées?

PZ: Elles doivent être validées par

l’administration. S’en suit le permis de

construire et les procédures d’autorisation

Commodo-Incommodo. Des mesures

de compensation peuvent être requises

comme trouver des terrains alentours,

dont l’herbe coupée chaque semaine

permettra aux rapaces d’y chasser par

exemple. L’agriculteur labourant sa terre

en contre-bas doit nous prévenir pour

qu’on puisse arrêter les hélices et éviter

les risques d’impact avec les oiseaux qui y

chassent. Une ligne téléphonique est à leur

disposition et une équipe est dédiée aux

arrêts temporaires.

“Un acteur des

énergies renouvelables

partenaire

des communes

et à l’écoute

des citoyens”

GU: Il existe également des mesures

d’atténuation comme l’implémentation de

haies et de vergers. La création de structures

linéaires sert à orienter les chauves-souris

et les fruits attirent les insectes dont elles

se nourrissent. Il faut dès lors réussir à

convaincre les propriétaires terriens.

Il arrive parfois qu’il faille également

déplacer et reconstruire des nids, créer des

lisières dans les forêts et même sauver des

arbres à cavité par exemple.


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EDITION SPÉCIALE

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LG

EDITION SPÉCIALE

COVERSTORY

Soler anime des réunions d’information

dans lesquelles vous répondez aux

inquiétudes des citoyens…

PZ: Dès lors qu’il y a une volonté de la

commune de poursuivre un projet et que

la faisabilité technique est validée, nous

présentons le projet aux citoyens. Les

inquiétudes récurrentes sont la pollution de

leur champs visuel, le bruit et la protection de

l’environnement. Nos 20 années d’expérience

nous ont fait adopter un principe simple qui

est celui de la transparence. Et ces réunions

en amont du processus de développement

nous permettent de répondre aux questions

des citoyens.

Contrairement aux habitants du Nord, ceux

du Sud n’ont pas réellement d’expérience

des éoliennes. Ils connaissent néanmoins

les grands parcs belges et allemands et ont

donc peur d’une telle densité près de leurs

habitations. Il faut donc expliquer que nos

projets ne comportent que deux à trois

éoliennes contre dix chez nos voisins et que

nos règles appliquées au développement et

au choix des sites sont bien plus strictes.

GU: Ces réunions d’information publiques

réunissent en moyenne entre 50 et

120 personnes; ce qui prouve l’intérêt des

citoyens en la matière. Au Luxembourg,

les distances entre les éoliennes et les

habitations sont définies par le bruit.

La limite est de 37 décibels de nuit contre

42 en Allemagne. Quand on sait que

3 décibels de plus correspond au double

du bruit entendu, les normes sont en effet

plus strictes au Luxembourg. Certes il y a

plus de contraintes techniques mais seule

une approche de raison permet d’inclure les

citoyens dans nos projets.

C’est dans cette même optique d’inclusion

que nous proposons des participations

au capital de la société d’exploitation aux

communes et aux habitants.

Quelles sont les capacités de production?

PZ: Une éolienne de dernière génération

affiche une production moyenne de plus

de 7 GWh par an; ce qui équivaut à la

consommation de plus de 1.700 ménages de

4 personnes. Les évolutions techniques du

marché sont importantes et rapides et nous

remplaçons régulièrement les plus anciennes

éoliennes par de nouvelles générations.

Notre parc le plus ancien est le Windpower

à Mompach qui se compose de 4 éoliennes

avec une puissance installée de 2 MW au

total. Elles seront très prochainement

remplacées par une seule éolienne d’une

puissance de 3,2 MW.

GU: Études, planification, présentation,

construction, exploitation et remplacement;

ce suivi à long terme est un gage de confiance

auprès des communes et des populations. n

Soler en chiffres

42 éoliennes

3 centrales

hydroélectriques

110,75 MW

puissance installée

212 GWh production

moyenne par an

20 ans d’expérience

139.000 tonnes

de CO 2

économisés

Soler S.A.

2, rue Pierre d’Aspelt

L-1142 Luxembourg

B.P. 37 / L-2010 Luxembourg

info@soler.lu

www.soler.lu


Energy

from Luxembourg

Depuis 2001, nous développons,

planifions, construisons et exploitons

des installations de production d’énergie

par des parcs éoliens et stations

hydroélectriques au Luxembourg.

Nos sites témoignent de l’importance

que nous accordons à un développement

de nos activités dans le respect de la

nature et en harmonie avec les citoyens.

Grâce à nos nouveaux projets de

parcs éoliens, nous contribuons non

seulement aux objectifs européens en

matière d’énergies renouvelables, mais

assurons également la mise en place

d’une production énergétique durable

pour le Luxembourg.

www.soler.lu

xxxx


10 LG

EDITION SPÉCIALE

ENERGIE

L’énergie,

un avenir durable

pour le Luxembourg

PAR PIERRE BIRCK

L’efficacité énergétique combinée à une gestion raisonnée

et intelligente de l’espace, telle est la direction que semble

prendre le Grand-Duché de Luxembourg pour lutter contre

le réchauffement climatique. Claude Turmes, ministre de

l’Energie et de l’Aménagement du territoire, revient sur les

décisions de son ministère en matière d’énergies renouvelables

et présente sa vision de la Smart City, inclusive et résiliente.

Quelles sont les initiatives mises en

place au Luxembourg pour atteindre

l’objectif de 25% d’utilisation d’énergies

renouvelables en 2025?

Notre politique s’oriente vers plusieurs

directions pour les énergies renouvelables.

L’éolien d’abord car chaque grande éolienne

a une puissance entre 3.000 voire 4.000 kW,

soit l’équivalent d’une surface de huit à dix

hectares de panneaux photovoltaïques.

Le Luxembourg est aujourd’hui septième

européen en termes de puissance

photovoltaïque. A l’heure actuelle, nous

produisons 130 gigawattheures d’énergie

solaire et nous souhaitons atteindre 1.100

gigawattheures d’ici 2030. Nous avons ainsi

modifié le règlement grand-ducal pour

faciliter l’installation de panneaux solaires et

lancé un appel d’offre pour la construction

de parcs de plus grande envergure.

Mais d’autres sources d’énergie existent.

Je pense par exemple à la biomasse bois ou

encore au biogaz pour remplacer une partie

du gaz fossile dans le réseau.

Le plan national énergie et climat vise, à

l’horizon 2030, une réduction des gaz à

effet de serre de 50 à 55% par rapport à

2005 alors que l’Union européenne mise

sur baisse de 40%. Est-ce réalisable?

Ces objectifs européens ont été établis

en 2014 avant les Accords de Paris sur le

Climat. Depuis lors, le dernier rapport des

scientifiques n’est plus en phase avec ces

objectifs. Une réduction des gaz à effet

de serre de 50% au niveau global est en

effet nécessaire pour sauver notre planète.

Cet objectif est ambitieux mais réaliste; le

Luxembourg s’offre d’ailleurs les moyens

de l’atteindre puisqu’il se positionne comme

un pays test et modèle pour les solutions

climats. De plus, notre place financière

permet de soutenir les startups qui œuvrent

dans ce sens.

Comment voyez-vous la ville de demain

au Luxembourg de façon globale, mais

aussi d’un point de vue énergétique?

La conception des villes de demain passe

par une utilisation raisonnée de l’espace,

car notre territoire est limité en termes de

superficie. De plus, le Luxembourg connaît

une forte croissance démographique. Il est

donc nécessaire d’imaginer des quartiers

de haute qualité bien desservis par les

transports publics, avec des espaces verts

et des zones de rencontre. Dans un pays

aussi multiculturel que le nôtre, les espaces

publics participent à l’intégration sociale.

En ce sens, la transformation des friches

industrielles en écoquartiers fait par exemple

partie des objectifs du gouvernement.

Nous souhaitons également créer un

cercle vertueux qui s’appuie notamment

sur le principe d’économie circulaire et

qui participe à l’élaboration de la ville de

demain. Ce concept est en partie lié à la

construction durable. Chaque bâtiment doit

être déconstructible et non plus démoli.

Le bâtiment - je n’ai pas envie de dire

celui de demain, mais bien celui que l’on

construit aujourd’hui - est très efficient à

plusieurs niveaux: chauffage avec pompes

à chaleur, panneaux photovoltaïques

sur la toiture, isolation et ventilation

optimales,…

D’un point de vue production énergétique,

le photovoltaïque ou encore l’éolien seront

primordiaux dans le futur. Le système

électrique sera intelligent, notamment

grâce à la digitalisation des processus.

L’électromobilité prendra également

une place importante dans les transports,

qu’ils soient publics, de marchandises ou

simplement individuels.


La thématique de l’énergie dans la Smart

City impacte forcément les citoyens.

Est-ce difficile de changer les mentalités?

Comment le citoyen peut-il

devenir acteur de ce changement de

paradigme?

Le changement climatique est une problématique

planétaire. Ce projet sociétal

d’envergure qu’est la transition énergétique

est l’affaire de tous. C’est aux femmes et

hommes politiques d’aider le citoyen en

lui offrant un cadre adéquat favorisant des

initiatives plus durables par des subventions

et des programmes ciblés. L’Etat se doit

d’être un facilitateur. Il est impensable

que celui qui veut nuire à la protection de

l’environnement ait plus de droits que celui

qui souhaite être vertueux!

Nous avons par exemple choisi d’investir

massivement dans le transport public

pour diminuer l’usage de la voiture. Nous

souhaitons également modifier la loi dans

les syndics de copropriété pour faciliter

l’accès aux bornes de recharge et au

photovoltaïque.

Il y a de l’espoir pour l’avenir, en témoigne

la réaction positive des citoyens sur

notre programme solaire. En quelques

mois seulement, nous avons généré

50 mégawatts supplémentaires, c’est

encourageant!

Claude Turmes

Quels seront les impacts des mesures

énergétiques sur l’économie nationale?

Doit-on se tourner vers l’ancien ou le nouveau

monde? Cette question est indispensable

dans la politique actuelle. L’ancien

monde, c’est le diesel pour les camions, les

énergies fossiles,... Cette manne disparaîtra

forcément au profit de l’électrique et

d’autres technologies. Le Luxembourg,

grâce à son université, sa recherche, sa

place financière et son marché, peut devenir

le pays des solutions pour le climat. Il sera

donc important de gérer efficacement cette

transition ces prochaines années car l’enjeu

de notre économie se trouve dans ces

domaines et ces innovations. n


12 LG

EDITION SPÉCIALE

ENERGIE

Enovos, premier acteur

de la transition énergétique

au Luxembourg

Au Luxembourg, la transition énergétique se vit sans aucun doute avec un peu plus d’intensité

qu’ailleurs, car le pays ambitionne de devenir le leader européen de la lutte contre le

réchauffement climatique. Pour y parvenir, le Plan Climat, établi par le gouvernement, est

une feuille de route décrivant les moyens d’atteindre et de dépasser les objectifs imposés par

l’Union européenne. Ces mesures visent principalement à réduire la consommation d’énergie

dans l’habitat, les entreprises et les transports, et à développer les énergies renouvelables.

Anouk Hilger, Head of Renewable Energies, et Laurent Magi, Head of Energy Efficiency, les deux piliers majeurs de la transition


LG

EDITION SPÉCIALE

13

Enovos accompagne la transition énergétique

Enovos, premier fournisseur d’énergie en

Grande Région, est aussi l’un des principaux

acteurs de la transition énergétique

au Luxembourg.

Les résultats des efforts menés depuis

quelques années sont très encourageants.

Les actions, conseils et aides financières

mis en place par Enovos auprès des

particuliers et des entreprises ont déjà

permis d’économiser plus de 700 GWh

depuis le lancement du programme

enoprimes et notamment plus de 120

GWh en 2019 ce qui constitue un record

en matière d’économie d’énergie.

Inciter les particuliers et les entreprises

à économiser l’énergie

Enovos apporte conseils et solutions techniques

pour aider les particuliers et les entreprises

à utiliser l’énergie de manière durable et

responsable. Cela passe par de nombreuses

actions menées dans tous les secteurs concernés

tels que la rénovation et l’amélioration des

bâtiments existants, le remplacement d’anciens

équipements énergivores par de nouveaux plus

performants pour chauffer, produire de l’eau

chaude ou éclairer. La transition énergétique,

c’est aussi de nouvelles solutions de mobilité, et

notamment l’implantation d’infrastructures de

recharge intelligentes et des services associés

permettant de faciliter la pénétration sur le

marché des véhicules électriques et hybrides,

et aussi, la production d’électricité verte et

renouvelable.

La transition énergétique, c’est l’affaire

de tous, particuliers et entreprises

Les pouvoirs publics encouragent l’installation

de panneaux photovoltaïques par

des tarifs d’injection réglementés pour les

installations de petite et moyenne tailles et

également à travers des appels d’offres pour

les installations de grande taille. Enovos a

récemment remporté les appels d’offres lancés

par le gouvernement pour l’installation de

panneaux photovoltaïques en partenariat avec

de grandes entreprises luxembourgeoises qui

lui ont accordé leur confiance: Cactus, Panelux,

Luxtram, RTL, Post, Kichechef et Arthur

Welter. Ces projets représentent 14 mégawatt

de capacité de production, permettant une

augmentation de la production d’énergie

solaire de 10 %. L’objectif est d’atteindre

25 % d’énergies renouvelables en 2030 dans la

consommation du pays.

Les aides Enovos pour accompagner la

transition énergétique

Enovos accompagne la transition énergétique

grâce à un programme de subventions à

l’intention des particuliers et des entreprises.

Les enoprimes sont accordées pour la

réalisation de travaux de rénovation énergétique,

comme le remplacement d’une

vieille chaudière ou l’isolation de combles.

Le fonds nova naturstroum récompense

quant à lui les meilleurs projets d’énergies

renouvelables: la prime chauffage peut être

accordée pour l’installation d’un chauffage

central au bois ou d’une pompe à chaleur,

la prime mobilité pour des dispositifs de

recharge de véhicules électriques ou l’achat

d’un cyclomoteur électrique. Ces aides financières

peuvent être cumulées avec des aides

étatiques, dont les subventions Prime House.

Encourager le développement des énergies

renouvelables

Les économies d’énergie ne peuvent suffire

à assurer la transition énergétique; celle-ci

passe obligatoirement par le développement

d’énergies renouvelables, un secteur dans

lequel Enovos a concentré ses efforts et

réalisé des investissements importants.

Ses démarches ont été récompensées par

l’attribution de plusieurs projets soumis

à l’appel d’offres pour assurer la mise en

œuvre des principaux chantiers d’énergie

renouvelable au Luxembourg.

“Enovos apporte

conseils et solutions

techniques pour

aider les particuliers

et les entreprises

à utiliser l’énergie

de manière durable

et responsable”

Explorer toutes les voies

Tout cela est très positif, mais n’est pas

encore suffisant. Il faut aller plus loin

pour gagner notre pari, notamment en

développant d’autres sources d’énergie

renouvelables. C’est dans cette direction

qu’Enovos continue d’orienter ses efforts

en partenariat avec SEO: vers l’éolien,

dont il assure actuellement l’exploitation

de 7 parcs d’une capacité totale de

91 mégawatts produisant annuellement

185 GWh, et vers l’hydroélectrique pour

une production annuelle de 75 GWh.

Il faut aller vite et c’est en explorant toutes

les possibilités que l’on gagnera la lutte

contre le réchauffement climatique. n

Enovos Luxembourg

2, Domaine du Schlassgoard

L-4327 Esch-sur-Alzette

www.enovos.lu

www.enoprimes.lu

www.fnn.lu

www.renewables.enovos.lu


14 LG

EDITION SPÉCIALE

ENERGIE

Une action globale

pour l’environnement

Fort d’un récent partenariat avec la SuperDrecksKëscht ® ,

ista Luxembourg élargit son champ d’activité en proposant le

décompte par ménage de la collecte de déchets en immeuble.

Joachim Colles, Country-Manager, et Adelaide Wampach,

Operations-Manager chez ista Luxembourg nous détaillent,

dans une interview croisée, cette nouvelle initiative, les

nouveautés législatives concernant les décomptes énergétiques

ainsi que ses actions RSE.

Comment est né votre partenariat avec

la SuperDrecksKëscht ® ?

JC: Dans notre philosophie de travail,

nous envisageons le bâtiment dans sa

totalité et pas uniquement sous l’angle

énergétique. C’est pour cette raison qu’ista

Luxembourg a créé un partenariat avec la

SuperDrecksKëscht® dans le cadre du

développement d’un système économique

de décompte pour la collecte des déchets

résiduels. Treize premiers bâtiments ont

déjà été équipés dans le sud du Luxembourg

au cours du mois de décembre et d’autres

suivront au courant de l’année 2020.

Le système comprend un bac connecté

et superposé à la benne existante et à

laquelle les habitants ont accès via un badge

d’identification personnel. Au moment

où l’utilisateur referme la poubelle,

l’information est directement envoyée par

signal GPS au serveur, dans le respect de la

protection des données personnelles. Cette

poubelle connectée est installée dans le local

Joachim Colles et Adelaide Wampach


LG

EDITION SPÉCIALE

15

de tri des résidences et favorise la réduction

de déchets résiduels dans les ménages en

suscitant une prise de conscience chiffrée

de leur quantité.

Il est prévu que nous réalisions un décompte

par an par ménage. Nos estimations

prévoient grâce à ceux-ci une réduction de

50% des déchets résiduels, ce qui représente

une forte diminution des charges liées à la

récolte des déchets pour les locataires.

La législation luxembourgeoise soutientelle

cette prise de conscience?

JC: Une directive européenne énergétique

impose aux Etats membres d’émettre une

législation nationale avant le mois d’octobre

2020, obligeant la communication des

informations de consommation énergétique

annuelle par ménage concernant le chauffage,

la climatisation et l’eau. Dès octobre 2022,

cette législation devra également imposer

une communication mensuelle de ces

décomptes, qui devront également être 100%

automatisés. Chez ista Luxembourg, 30%

du matériel installé est déjà entièrement

automatisé, ce qui représente plus de 100.000

appareils. Toutes nos offres pour les nouvelles

constructions suivent ce modèle même si la

directive n’a pas encore été transposée dans la

loi luxembourgeoise.

Au-delà des informations de consommation,

nous envoyons également des estimations

chiffrées des futurs décomptes pour que les

habitants puissent contrôler et influencer

leurs charges de chauffage et d’eau chaude et

froide. En réduisant leur consommation, ils

ont ainsi la possibilité de diminuer leur impact

environnemental ainsi que leurs charges. Ces

procédés font chuter d’environ 20 à 30% la

consommation énergétique des ménages.

Une information sur les nouvelles

constructions et sur la bonne utilisation des

techniques du bâtiment est primordiale.

Par exemple, les constructions triple A

sont équipées d’une VMC qui rend inutile

le besoin d’ouvrir une fenêtre pour aérer.

Si les habitants n’en sont pas informés, ils

consommeront davantage d’énergie que

nécessaire.

Quelles sont les pistes pour conscientiser

les plus jeunes?

AW: La nouvelle génération est plus sensible

à la thématique environnementale et

est donc plus réceptive aux technologies que

nous proposons. Nos collègues allemands

en ont déjà fait l’expérience en se rendant

dans les écoles pour sensibiliser sur la

thématique de la préservation de l’énergie.

Dans ce cadre, la boite Klimakiste propose

des activités interactives permettant de

présenter des gestes de tous les jours qui

permettent d’économiser l’énergie. Nous

aimerions transposer cette initiative au

Luxembourg. Nous rassemblons une

expérience de 50 ans dans la répartition des

frais de chauffage et d’eau et possédons de

ce fait toutes les compétences requises pour

en parler à la nouvelle génération.

Quelle place tient la responsabilité sociétale

de votre entreprise dans vos activités?

AW: Une place primordiale! Nous veillons

par exemple à participer à l’apprentissage

des plus jeunes. Via l’association Day

Care que nous soutenons, nous avons reçu

pendant une journée des jeunes intéressés

par le métier. Nous les avons informés sur

notre travail et leur avons fait part de nos

conseils énergétiques. Être au contact d’une

nouvelle génération qui sera bientôt active

sur le marché du travail nous a permis de

comprendre ses besoins et ses ambitions.

JC: D’autres projets sont par ailleurs

développés en interne. Depuis le mois

de mars dernier notre nouveau système

digital permet par exemple de mieux relier

les services entre eux. Encore en phase

d’expérimentation et de développement,

cet outil devrait favoriser la communication

au sein de l’équipe. Nous sensibilisons

également les collaborateurs à l’économie

du papier. Pour les aider, nous avons équipé

les commerciaux d’ordinateurs portables

leur permettant de soumettre des offres

directement sur chantier.

“Réduire

les déchets

résiduels dans

les résidences en

suscitant une prise

de conscience

chiffrée de leur

quantité”

AW: Enfin, pour la deuxième année

consécutive, nous avons intégré le

programme «actions positives» du

ministère de l’Egalité des chances. Alors

que notre société est active dans un

secteur très technique, nous avons atteint

un équilibre hommes-femmes parmi nos

35 employés. En plus des aménagements

de nos bureaux avec l’ajout de plantes

et de panneaux acoustiques, nous avons

élargi l’horaire mobile pour faciliter les

déplacements des employés, octroyé

des aides pour encourager à la pratique

sportive, organisé des excursions pour

resserrer les liens de l’équipe, mis des

fruits bios à disposition,... Nous essayons

en somme de créer un environnement de

travail épanouissant et correspondant aux

besoins de nos employés. n

ista Luxembourg S.à r.l.

23, rue des Bruyères

L-1274 Howald

sales@ista.lu

www.ista.lu


Günter Krings


LG

EDITION SPÉCIALE

17

ENERGIE

Fournir des solutions intégrées

Largement connue en tant que producteur de chaudières depuis plus d’un siècle, la société

Viessmann a récemment étendu sa gamme de produits et de services. Günter Krings, directeur

d’agence au Luxembourg, présente l’offre de solutions intégrées placée sous le prisme de la

stratégie «3D» de l’entreprise: décentralisation, décarbonisation et digitalisation.

Quelles sont les solutions proposées par

Viessmann?

Notre société existe depuis 102 ans, et

notre gamme de produits s’est agrandie et

diversifiée au fil des années et en fonction

de l’arrivée de nouvelles technologies.

Le chauffage au fuel, au gaz, aux pellets

et copeaux de bois, à l’énergie solaire

thermique ou photovoltaïque, la ventilation

ou encore la pile à combustible font

désormais partie de notre panel d’offre. Ces

évolutions concernent donc les produits

et le matériel en tant que tel, soit la partie

hardware.

Cependant, pour satisfaire aux nouvelles

exigences et habitudes de l’utilisateur,

nous y avons ajouté la partie software et

connectivité. Un petit boîtier nommé

«Vitoconnect» peut par exemple être

rajouté à la chaudière d’une maison

unifamiliale, celui-ci se connecte au

Wi-Fi pour que le client final puisse gérer

sa chaudière avec son smartphone. Cette

technologie est même rétro compatible

avec d’anciens modèles. Le client a en

plus la possibilité de fournir l’accès à la

chaufferie à son installateur. Ce dernier

pourra donc déjà préparer les travaux à

effectuer et les pièces à emporter avant de

venir sur place. Un tel système couplé à

internet étend les services digitaux, comme

la gestion du chauffage à distance via notre

solution «Vitoguide» pour l’installateur et

l’application «Vicare» pour l’utilisateur.

Nos produits sont adaptés à toutes les

demandes: maisons unifamiliales, appartements,

communes, l’industrie ou les réseaux

de chauffage urbain. La digitalisation a donc

énormément impacté nos produits et nos

services, que ce soit en termes d’efficacité, de

rentabilité ou d’amélioration de l’expérience

et du confort client.

Ces solutions intégrées offrent-elles

d’autres avantages?

Oui, notamment en termes d’optimisation

car elles permettent d’augmenter le confort

et de mieux contrôler la consommation.

La solution «Vicare» est une application

permettant de réaliser des économies

d’énergie. Elle fonctionne avec la

géolocalisation du smartphone et donc la

détection de présence. En résumé, lorsque

tous les résidents quittent la maison, le

chauffage diminuera automatiquement.

Quant à l’installateur, il pourra planifier ses

entretiens, organiser le meilleur parcours et

donc gagner du temps et éviter des trajets

inutiles pour la maintenance des appareils.

“Décarbonisation,

décentralisation

et digitalisation”

D’autres solutions existent. La pile à

combustible par exemple a également

le vent en poupe. Notre groupe est l’un

des pionniers dans cette technologie

innovante. Notre pile à combustible

Vitovalor s’enclenche en fonction des

besoins de chaleur et produit en même

temps de l’électricité qui peut être

consommée ou stockée sur place. Son

gestionnaire d’énergie peut communiquer

avec d’autres composantes de la maison: la

machine à laver, le sèche-linge, la borne de

rechargement pour la voiture électrique,

l’installation photovoltaïque, la batterie

électrique,… Elle téléchargera les données

météorologiques par l’internet des objets

(IoT) et enclenchera, par exemple, des

consommateurs électriques le matin

pour libérer du volume de stockage dans

la batterie afin de pouvoir emmagasiner

l’énergie photovoltaïque de l’après-midi.

Comme toutes nos pompes à chaleur,

la pile à combustible est déjà prête pour

le futur: elle pourra communiquer avec

le fournisseur d’électricité pour être

informée de différents niveaux de prix

qui varieront au cours de la journée afin

de combiner de manière économique et

écologique les différents producteurs et

consommateurs sur place.

Quels sont les futurs challenges que

Viessmann devra relever à l’avenir?

Décarbonisation, décentralisation et

digitalisation: en somme, ce sont les mots

clés qui définissent le chemin vers la

transition énergétique, mais aussi notre

stratégie à plus long terme. Elle nous

permettra de devenir un fournisseur de

solutions intégrées. La décentralisation

permet la production d’énergie verte sur

place pour l’autoconsommer ensuite,

participant ainsi à la réduction des

émissions de CO 2

. La digitalisation et les

nombreuses solutions IoT englobent ce

système pour offrir davantage d’efficacité

en permettant la connexion des différents

acteurs, l’autogestion ou l’automatisation

de certaines tâches. Cette stratégie «3D»

élargit nos possibilités pour développer

des solutions et des systèmes intégrés

favorables à la mise en place d’habitations

intelligentes. n

Viessmann Luxembourg

35 Rue J-F Kennedy

L-7327 Steinsel

www.viessmann.lu


18 LG

EDITION SPÉCIALE

CONSTRUCTION DURABLE

Audace et innovation

au service de l’écologie

Le bureau XXA architecture est actuellement en charge de la conception d’une école de cycle 1

et d’une maison relais à Howald. Mettant l’écologie au cœur du projet, le bureau veille à

l’utilisation de matériaux durables et on ne peut plus locaux puisque le bois dont la construction

sera essentiellement constituée proviendra tout droit de la commune d’Hesperange. De plus,

des techniques du bâtiment innovantes assureront son autonomie énergétique et même un

surplus de production qui pourra être réinjecté dans le réseau. Patricia Streber, architecte et

CEO du bureau XXA architecture, nous dévoile les grandes lignes de ce projet pilote dont la

livraison est prévue pour la rentrée scolaire 2021.

En quoi consiste le projet de construction?

Nous avons été mandatés par la commune

d’Hesperange pour la construction d’un

nouveau bâtiment destiné à l’accueil

d’enfants du cycle 1 sur le terrain jouxtant

la maison relais et les écoles précoces et

maternelles d’Howald. Indépendante, cette

nouvelle structure sera toutefois reliée aux

bâtiments par une galerie couverte en verre.

A terme, l’édifice accueillera sept classes du

cycle 1 et autant de salles dédiées à la maison

relais, qui réuniront au total 150 enfants.

Différents équipements composeront ces

espaces, comme des modules d’escalade

et de sport, des ateliers de construction,

une salle de théâtre, une bibliothèque, un

espace dédié au bricolage,… A l’extérieur,

les enfants auront accès à une plaine de

jeu avec quelques arbres en bordure. Et à

l’arrière du terrain, on retrouvera la salle de

défoulement et un petit terrain de foot.

Le projet est le fruit de nombreux échanges

avec les futurs utilisateurs du bâtiment

qui ont exprimé leurs besoins, auxquels

nous avons tenté de répondre. Nous nous

assurons ainsi de leur satisfaction et surtout

de la compréhension de certains de nos

choix au fur et à mesure de l’avancement du

projet.

Parlez-nous de votre conception architecturale…

Situé à la limite de l’agglomération

d’Howald, nous avons voulu que ce

bâtiment fasse le lien entre la ville et la

nature. C’est notamment pour cette raison

que nous avons décidé de réaliser une

construction en bois… provenant des arbres

de la commune! Nous ferons même réaliser

des sculptures d’arbres en bois réassemblé

de la commune, qui feront partie de la

structure portante du bâtiment. Trois petits

poteaux métalliques dissimulés derrière

les sculptures garantiront la stabilité de

l’édifice.

“Première école

construite en

bois local au

Luxembourg”

Une des caractéristiques principales du

bâtiment est que ses façades seront faites

de liège, en partie apparent et de l’autre

recouvert d’un enduit. De cette manière, il

sera entièrement isolé par une couche de 20

cm de liège.

A l’intérieur, nous avons également

favorisé les matériaux naturels comme le

bois pour les murs et les casiers ainsi que

le liège pour le sol des salles de classes. Le

carrelage a quant à lui été privilégié pour

les espaces de circulation. Les murs en bois

sont isolés par une couche d’isolation en

jeans recyclé. Enfin, des enduits naturels

tels que la chaux et l’argile amélioreront le

confort acoustique et hygrométrique des

utilisateurs.

A travers le principe Cradle to Cradle

que nous voulons appliquer, nous devons

recourir à des ressources renouvelables

et en limiter les quantités. Nous devons

également privilégier les circuits courts

dans l’acheminement des matériaux ainsi

que la facilité de leur recyclage. C’est

dans cet objectif que nous avons voulu

utiliser du bois communal et faire appel

à une scierie luxembourgeoise pour son

redimensionnement.

Pour apporter de la luminosité aux deux

niveaux du bâtiment, nous avons conçu un

grand puits de lumière. Enfin, nous avons

veillé à placer les zones de vie au Sud et

celles de service au Nord afin de privilégier

l’apport de lumière naturelle. Nous avons

également pris le parti de construire une

toiture végétale car en tant qu’isolant

naturel, elle régulera la température et

contribuera ainsi à l’équilibre thermique du

bâtiment. Au premier étage, on retrouvera

deux terrasses directement accessibles

par les salles de classe. L’une d’entreelle

permettra aux enfants d’observer le

cycle des saisons sur le toit végétal ainsi

que l’hôtel à insectes et les ruches qui y

prendront place.

La conception générale du bâtiment

veille aux conforts visuel, hygrométrique,

acoustique et olfactif des utilisateurs.

Par exemple, en utilisant uniquement

des matériaux naturels, le bâtiment sera

préservé des odeurs synthétiques et

favorisera les odeurs naturelles telles que

celle du bois tout en limitant la présence

des formaldéhydes.

Quelles innovations en matière de

technique du bâtiment pourra-t-on y

observer?

La toiture plate de l’édifice sera recouverte

de panneaux photovoltaïques et solaires

qui produiront de l’électricité et de l’eau

chaude et nous rendront autonome à ce

niveau. Nous avons également installé un

système de chauffage innovant: un réservoir


LG

EDITION SPÉCIALE

19

Patricia Streber


20 LG

EDITION SPÉCIALE

CONSTRUCTION DURABLE

à glace alimenté par les panneaux solaires

sera installé dans le sol et nous récupérerons

l’énergie dégagée par le changement de

phase entre la glace et l’eau. La quantité

d’énergie dégagée par ce processus est telle

qu’elle assurera l’autonomie du bâtiment en

chauffage.

Le puits de lumière aura également une

fonction technique de rafraichissement

appelée «Natural cooling»; les fenêtres

motorisées situées dans les classes

s’ouvriront pendant la nuit et créeront un

courant d’air évacuant ensuite l’air chaud

par le puits de lumière. Cette technique

vient compléter le système de ventilation

classique qui sera installé dans les classes.

Pour éviter que l’air ne soit rendu trop sec

par la ventilation, un mur d’eau sera installé

au cœur du bâtiment. Il fera circuler l’eau

du premier étage au rez-de-chaussée pour

améliorer le confort hygrothermique.

L’éclairage LED sera par ailleurs entièrement

géré par un système domotique

relié à des capteurs, permettant une

meilleure gestion de celui-ci en fonction

de l’ensoleillement et de l’occupation

du bâtiment. Ce dernier sera de classe

passive; l’énergie qu’il produira suffira à

son utilisation et l’excédent pourra être

réinjecté dans le réseau. Grâce à notre

expérience de dix ans dans la construction

de bâtiments passifs, nous avons développé

des techniques qui pallient les défauts de ce

type de construction.

Parlez-nous de la Certification Deutsche

Gesellschaft für Nachhaltiges Bauen

(DGNB) à laquelle le bâtiment prétend?

Nous avons alerté la commune sur l’importance

d’une certification, pour que l’ampleur

des techniques écologiques développées dans

la construction soit reconnue. L’objectif

d’obtenir une certification DGNB nous

a apporté beaucoup de contraintes qui

semblaient au départ insurmontables, mais

toutes les équipes sont finalement entrées

dans cette dynamique, si bien qu’aujourd’hui

nous dépassons même nos objectifs initiaux!

Cet enthousiasme se répercute au sein des

entreprises de construction qui appliquent

maintenant ces nouvelles méthodes dans

leur travail quotidien.

“Un mur d’eau

sera installé au

cœur du bâtiment

pour humidifier

l’air rendu trop sec

par la ventilation”

La certification implique un choix de

matériaux ne contenant pratiquement pas

d’éléments toxiques. Chacun d’entre eux

doit donc être analysé par le bureau de

certification avant que nous ne puissions

l’utiliser. Par ailleurs, nous devons opérer

un tri sélectif strict des déchets sur le

chantier. D’autres éléments comme la

mobilité et l’accessibilité du bâtiment

sont pris en compte. A l’heure actuelle,

nous visons l’obtention de la certification

DGNB la plus haute. Il s’agirait ainsi de la

première école du Luxembourg à recevoir

une certification Platinium. Cela passe par

des efforts à notre niveau, mais aussi à celui

de l’ingénieur statique qui a dû réduire

les éléments métalliques et favoriser au

maximum les matériaux naturels ainsi qu’à

celui de la technique en vue de l’utilisation

du bâtiment.

Quels sont les impacts de ce type de

constructions sur ses utilisateurs?

Tout d’abord, il sensibilise l’ensemble

des corps de métier qu’il réunit dans

sa conception et réalisation, ainsi que

ses multiples utilisateurs (professeurs,

encadrants, enfants… et même les parents).

Le jeune public est très réceptif et nous

espérons que l’expérience de vie dans cette

structure les marquera et les encouragera à

adopter une démarche écologique.

Une fois la construction finalisée, nous

installerons des panneaux didactiques

expliquant les différentes techniques du

bâtiment ainsi que les principes écologiques

qui les régissent et afficheront en temps réel

le carbone économisé à tous les niveaux.

Nous prévoyons également de conserver

des pans de murs en bois apparent, pour

valoriser au maximum l’identité écologique

de l’édifice.

Enfin, nous prévoyons de revoir les

utilisateurs du bâtiment après quelques

mois d’utilisation, afin de pouvoir affiner

les réglages techniques et leur offrir un

meilleur confort général. n


Votre conseil de base en énergie

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Ce service est financé par myenergy et votre commune

Co-funded by

the European Union

Partenaire pour une transition

énergétique durable

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22 LG

EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 227 - OCTOBRE 2019

CONSTRUCTION DURABLE

Les espaces

en mutation

PROPOS RECUEILLIS PAR JULIEN BRUN

L’architecture influe sur les personnes pour le meilleur et

pour le pire. Cet art majeur de concevoir des espaces et de

bâtir des édifices est dorénavant intrinsèque aux techniques

qui les habitent. La modularité au gré des besoins, la mixité

sociale, le confort intérieur et l’accessibilité pour tous sont

au programme de ces quelques lignes. L’ingénieur Franck

Doron, Team Manager chez Betic, répond à nos questions.

Peut-on dire que la mixité est dorénavant

une tendance pour les nouveaux

bâtiments du Grand-Duché?

S’il y a une tendance aux bâtiments mixtes

au Luxembourg, c’est parce qu’ils sont

une réponse à certains besoins du pays.

Réunissant en un même lieu emplois,

logements, activités commerciales, clubs

sportifs, etc. ils sont antinomiques des

cités dortoirs et de leurs déplacements

pendulaires.

Donner la possibilité aux employés

d’habiter à proximité de leurs entreprises

et d’y trouver des services de tous les jours

participe au désengorgement des routes.

Ces lieux de vie différents offrent un

dynamisme unique à ces quartiers.

En quoi la modularité des espaces peutelle

répondre aux besoins de ceux qui y

habitent?

La grande majorité des commerces que

nous livrons dans ces bâtiments mixtes sont

modulables, ce qui veut dire que les espaces

peuvent s’adapter aux nouvelles nécessités

des résidents. Il peut s’agir d’une ancienne

crèche que l’on transforme en salle de sport

ou de l’arrangement des locaux en fonction

des besoins d’une entreprise qui emménage

par exemple.

Jusqu’à peu, détruire les murs, rajouter une

annexe ou déménager, en revoyant l’intégralité

du concept technique, donc en entraînant

des coûts financiers importants, étaient

les seules solutions aux changements de vie.

Gravity © MORENO ARCHITECTURE & ASSOCIÉS - PETITDIDIERPRIOUX architects

Un couple qui emménage dans son

logement souhaite utiliser un maximum

d’espace pour les besoins de deux personnes

mais les choses changent à la naissance des

enfants. Il en va de même lorsque les enfants

quittent le concon familial. Les besoins ne

sont pas les mêmes au cours d’une vie et

l’agencement des pièces peut alors être revu

grâce à des cloisons amovibles ou légères,

et ce, pour un budget très limité puisque les

techniques ont également été pensées pour

être adaptables.

Belval est un très bon exemple de quartier

en pleine mutation. La résidence Jazz est

opérationnelle depuis deux ans maintenant

et comporte 96 appartements et une grande

surface commerciale au rez-de-chaussée

qui bénéficie à cinq blocs d’habitations

voisins. Les startups, la salle de sport et

les commerces présents offrent un certain

dynamisme au pied de cette résidence où il

fait bon vivre.


À quelques pas de là, les tours Capelli sont

actuellement en cours de construction.

Le rez-de-chaussée accueillera des commerces,

les trois premiers niveaux seront réservés

à des espaces de bureaux et une centaine

d’appartements occuperont le reste des

étages. Au troisième, la passerelle qui fera la

jonction entre les parties opérationnelles et les

habitations sera là aussi, un lieu de rencontres.

Les étages, destinés à l’habitation, ont eux été

pensés pour faire évoluer le space planning. La

centaine d’appartements ont été étudiés afin

de pouvoir facilement déplacer les cloisons. Il a

pour cela fallu réinventer des techniques, dont

notamment le système de ventilation placé

dans les faux plafonds.

Et qu’en est-il de la mixité sociale…

Je répondrai en citant le projet Gravity de

Differdange qui est actuellement à l’étude.

La Ville de Differdange investira 40 millions

d’euros pour acheter 80 appartements dans

ce futur complexe immobilier afin d’assurer

la priorité aux personnes à revenus modestes,

en proposant les logements à coût

modéré.

“La technique

est morte,

vive la technique”

Ce projet réunira 3.500 m 2 de commerces,

3.000 m 2 de bureaux, de nombreux

appartements, une crèche, un espace de

«coliving» comprenant 120 studios meublés

pour des séjours de courte ou moyenne durée

(essentiellement à destination d’étudiants ou

Franck Doron à la Buvette des Rotondes

de jeunes travailleurs), des jardins, etc. Gravity

est donc pensé à la lumière de la mixité sociale.

La rue intérieure agrémentée de bancs et de

végétation sera un lieu de rencontres et de

discussions pour le voisinage. Il en va de même

pour la serre sur le toit où un espace potager

sera à disposition des habitants. Il y a donc

une véritable volonté des communes d’offrir

une solution palpable et même concrète

aux problématiques de coût du logement

dans le pays, comme le montre la Ville de

Differdange. Bien que tous les critères n’aient

pas encore été définis, on sait déjà qu’une

partie de ce nouveau parc sera réservé à la

population senior et à des familles qui, sans

cette aide, ne pourraient être logées dans des

conditions décentes.

En outre, une grande partie du bâtiment est

conçue dans l’optique de son démantèlement

futur. Ses matériaux pourront ainsi être

réutilisés ou recyclés, ce qui réduit fortement


24 LG

EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 227 - OCTOBRE 2019

CONSTRUCTION DURABLE

Capelli Towers © Architecture & environnement S.A .

son impact environnemental. Gravity est

donc un très bel exemple de ce qu’il est

possible de faire aujourd’hui, à savoir des

bâtiments aux fonctions mixtes créant du

lien social, aux prestations de qualité mais

financièrement abordables et s’inscrivant

en plus dans une logique d’économie

circulaire.

L’accessibilité est-elle aussi l’une de vos

préoccupations?

Effectivement et d’ailleurs une loi

ambitieuse prévue pour 2020 est

actuellement en cours de discussion.

Son objectif est notamment d’assurer un

minimum de 10% d’appartements conçus

et adaptés pour les personnes à mobilité

réduite mais elle tiendra également

compte des besoins des personnes en

situation de handicap sensoriel, cognitif

et psychologique. Elle entrainera donc

clairement des changements importants

dans les dessins architecturaux futurs

mais également dans ceux des techniques

spéciales (portes plus larges pour les

fauteuils roulants, salles de bains adaptées,

espaces de cuisine plus fonctionnels,

accessibilité à l’entrée, systèmes d’alerte

visiophone, etc.).

«La technique est morte, vive la

technique» est un slogan qui vous oblige

à vous réinventer…

Effectivement, mais seulement un slogan

parmi nos slogans. Tout le travail d’un

bureau d’études en techniques spéciales

est, par essence, de s’adapter aux tendances

actuelles, d’inventer celles à venir, de veiller

aux mauvaises idées, et c’est clairement

notre philosophie.

Nos métiers sont passionnants dans la

mesure où ils se réinventent constamment.

Je prends pour exemple l’intégration

toujours plus importante des outils

numériques. Il nous sera bientôt possible

de visualiser le projet final en 3D en se

promenant sur le chantier avec des lunettes

d’immersion. La technologie existe déjà

mais reste encore à l’améliorer. Nous

pourrons alors la coupler à nos nouvelles

méthodes travail, notamment le BIM

(Building information modeling), ce qui

révolutionnera encore notre manière

d’aborder un projet. n

“S’adapter

aux tendances

actuelles, inventer

celles à venir

et veiller aux

mauvaises idées”


Ensemble vers la transition énergétique

On a tout à gagner à développer les énergies renouvelables. Enovos s’engage pour le futur énergétique

du Luxembourg et vous accompagne dans vos démarches pour l’environnement. En tant qu’expert en

matière de production d’énergie verte, Enovos vous aide à mettre en place votre projet photovoltaïque,

de la planification à l’exploitation de votre installation.

Renseignez-vous sur renewables.enovos.lu et devenez,

vous aussi, partenaire de la transition énergétique.

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26 LG

EDITION SPÉCIALE

BÂTIMENT & CONSTRUCTION

Pour des chantiers sécurisés

D’après le rapport 2018 de l’ITM présenté en fin de l’année passée, trois chantiers sur dix

ont dû être fermés sur les 558 contrôles effectués. 442 accidents dont 110 graves et 10 morts,

c’est trop pour le Luxembourg, notamment lorsqu’on sait que son objectif est de zéro décès.

C’est pourquoi l’ITM entend doubler ses effectifs et multiplie déjà ses contrôles. Interview

d’Angéline Prévot, ingénieur civil et administrateur délégué de GERI Management et GM

project.

Angéline Prévot


LG

EDITION SPÉCIALE

27

Comment pourrait-on présenter GERI

Management?

GERI Management est spécialisée dans la

coordination de sécurité et de santé sur les

chantiers, dans l’état des lieux avant travaux

et dans les formations.

Si la sécurité s’est considérablement

améliorée ces dix dernières années, il y

a encore beaucoup trop d’accidents sur

les chantiers luxembourgeois. Chutes,

ensevelissements, manipulation de produits

chimiques, électrocution; les risques pour

les ouvriers sont nombreux et notre mission

consiste dès lors à sauver des vies.

Nous sommes actuellement présents sur

plusieurs centaines de chantiers à travers le

pays qui vont de la maison individuelle aux

grandes tours des quartiers d’affaires.

Le recours à un coordinateur de sécurité

est-il obligatoire au Luxembourg?

Oui mais la profession demeure relativement

méconnue au Luxembourg. Différents

projets de construction, parfois de taille

importante, ont dû être interrompus parce

que les maîtres d’ouvrage n’avaient pas

prévu de procédure en matière de sécurité.

D’autant plus que l’ITM intensifie ses

contrôles. En cas de manquements mineurs,

un délai de mise en conformité est accordé,

en cas de manquements majeurs, c’est

un minimum de dix jours d’arrêt qui sont

décrétés. Ce qui représente d’importantes

pénalités à la fois financières, de temps et

d’image pour les entreprises concernées.

Un chantier peut être exécuté à n’importe

quel moment de la journée, certains

tournent la nuit, d’autres le week-end. Il y

a aussi les délais de plus en plus serrés qui

poussent forcément à rogner sur la sécurité

pour gagner du temps, économiser de

l’argent et optimiser les ressources.

Nombreux sont ceux qui nous contactent

parce qu’ils ont eu un avertissement de

l’ITM. Bien évidemment, nous les aidons

à se remettre en conformité mais que de

temps, et donc d’argent perdus. Le recours

à un coordinateur de sécurité et de santé

doit devenir un réflexe.

“GERI

Management et

GMproject sont

des interlocutrices

de confiance

pour les maîtres

d’ouvrage”

lors de l’organisation des rendez-vous, de

la réalisation de l’état des lieux ainsi que de

la rédaction des procès-verbaux. Selon la

nature et l’importance des chantiers prévus,

nous préparons un courrier type que nous

envoyons dans le périmètre concerné. Nous

essayons toujours de prendre rapidement les

rendez-vous mais cela peut aller de quelques

maisons dans le cas d’une rénovation d’un

particulier, jusqu’à des rues complètes. Nos

ingénieurs et techniciens réalisent ensuite

un constat des fissures, malfaçons ou autres

dégradations déjà existantes et prennent les

photos pour preuve que nous cataloguons

dans un rapport co-signé par le propriétaire.

Et pour ce qui est de son entreprisesœur

GMproject?

Elle nous permet d’enrichir la gamme

de services proposés avec de la gestion

de projets. GM est née d’une demande

de nos clients qui souhaitaient que nous

élargissions notre mission au pilotage des

travaux.

Nous assistons donc le maître d’ouvrage

dans la coordination des travaux, veillons

à ce qu’il n’y ait pas de défaut technique,

l’aidons à trouver les entreprises les

plus adéquates et veillons au respect des

plannings. Nous accompagnons et guidons

également les clients dans leurs choix

des matériaux comme les carrelages, les

parquets, les différents bois, etc.

Essentiellement actifs sur les projets

résidentiels et de rénovation, nous n’avons

pas la vocation de concurrencer les

grands bureaux d’études déjà en place et

c’est pourquoi GM ne participe pas aux

soumissions publiques. Notre volonté est

de satisfaire aux demandes spécifiques de

nos propres clients. n

Pourquoi faire appel à une expertise

avant travaux?

Il est conseillé à l’entreprise exécutante

des travaux ou au maître d’ouvrage

d’effectuer au préalable, un état des lieux

des constructions voisines en cas de

mitoyenneté ou de proche voisinage. Cela

va de la rénovation d’une habitation d’un

particulier, aux gros projets d’envergure.

Ceci évite bien souvent des soucis avec le

voisinage et de plus en plus de compagnies

d’assurance réclament une telle expertise.

Bien souvent, c’est l’entreprise exécutante,

le maître d’ouvrage ou le particulier qui

nous contactent. Nous nous occupons dès

GERI Management & GMproject

198E Rue Pierre Gansen

L-4570 Niederkorn

info@geri.lu

gm@gmproject.lu


28 LG

EDITION SPÉCIALE

BÂTIMENT & CONSTRUCTION

La conception et la définition

du «Design» au cœur des projets

Les énergies renouvelables, les nouvelles techniques de

construction ou encore l’électromobilité poussent les

entreprises du bâtiment à repenser leurs activités. Minusines

a développé un service entièrement dédié à la conception de

projet. Laurent Saeul, son CEO, revient sur les opportunités

créées par cette compétence et sur l’avenir de sa société.

Une gamme de produits qui répond à

tous les besoins

Fondée en 1925 et spécialisée

dans le matériel électrique et

l’éclairage, Minusines n’a eu

de cesse de développer ses activités.

Aujourd’hui, la société se concentre davantage

sur la conception de projet, en collaborant

avec les divers corps de métier. «Ce

nouveau pilier prend de l’ampleur, car il est

lié à l’efficience énergétique, à l’économie

circulaire, aux transformations du marché

et aux réglementations. Au Luxembourg, il

y a par exemple cette volonté politique de

promouvoir l’électromobilité qui implique

des bornes de recharges ou de nouvelles

infrastructures en termes de production

d’énergie à travers d’autres alternatives telles

que les panneaux photovoltaïques que nous

proposons dans notre gamme de produits.

L’éclairage, la distribution d’énergie,

le chauffage, la ventilation, la

climatisation ou la domotique en

général en font partie», explique Laurent

Saeul, CEO de Minusines.

Dans un marché de plus en plus globalisé,

l’entreprise a ainsi une carte à jouer dans la

conception de projet, et ce, dès sa planification.

«Nous parvenons à couvrir les besoins en

termes de production, de consommation,

de distribution ou de stockage d’énergie.

L’automatisation permet de cadrer l’ensemble

de ce concept», décrit-t-il.

La complexité du marché

Selon Laurent Saeul, le manque de capacité

de déploiement est un phénomène tangible

au Luxembourg. En cause? Le manque de

main d’œuvre mais aussi la complexité d’un

marché qui a évolué en même temps que

l’explosion de solutions et des technologies.

L’électricien d’antan ne peut plus résoudre

à lui tout seul les différents travaux

électriques.

«L’installation de panneaux

photovoltaïques ou de bornes

de recharge pour les véhicules

E-CAR

nécessitent un ensemble de compétences

pluridisciplinaires qui sont justement

couverts par différents corps de métier.

Nous sommes en contact permanent

avec eux. Notre atout est de pouvoir les

mettre en lien avec nos clients et leurs

projets. Comment peut-on automatiser

la chaudière, la climatisation,… si tout

n’est pas connecté? En bref, en proposant

un service de conception, nous avons

une solution propre qui s’intègre dans

un marché qui est en transformation: de

l’électricien au chauffagiste en passant par

le charpentier», indique Laurent Saeul.

Selon lui, les différents corps de métier

qui composent le secteur du bâtiment

se sentent prêts et commencent déjà à

collaborer et réunir leurs forces pour

divers projets.

BIM, digitalisation, Green Building et

économie circulaire

Minusines a l’avantage d’être proche des

constructeurs d’équipement électrique,

de leurs innovations et de leurs nouvelles

technologies pour mieux les maîtriser

dès leurs mise sur le marché. Au cœur de

la digitalisation et pour suivre l’idée de

concept, Laurent Saeul et ses collaborateurs

s’intéressent de près à la technologie BIM

(Building Information Modeling). «Celleci

se lie à la méthodologie et offre une

multitude d’opportunités pour faire face

à la complexité du marché», explique le

CEO.

“Couvrir les

besoins en termes

de production,

de consommation,

de distribution

ou de stockage

d’énergie”

En agissant de la sorte, Minusines

embrasse le principe d’économie

IOT

circulaire en minimisant les coûts financiers

et énergétiques lors de l’utilisation du

bâtiment. «Avec nos nombreux clients et

nos connaissances du marché, nous pouvons

ainsi aider à définir et conceptualiser un

projet dans sa globalité dans le cadre d’un

«Green ou Smart Bulding» pour mieux

gérer l’énergie, l’éclairage, ou les divers

autres aspects tels que l’électromobilité ou

l’autoproduction», conclut Laurent Saeul. n

MINUSINES S.A.

8, Rue François Hogenberg

L-1735 Luxembourg

www.minusines.lu


Laurent Saeul


30 LG

EDITION SPÉCIALE

BÂTIMENT & CONSTRUCTION


LG

EDITION SPÉCIALE

31

2020, année de

la neutralité carbone

pour Wako

Déployant depuis plusieurs mois sa stratégie de réduction et de

compensation des émissions de CO 2

, Wako conseille également

sa clientèle quant à l’amélioration de la performance énergétique

de son habitation par le renouvellement des châssis. Daniel

Feyder, attaché de direction, et Catherine Marsch, responsable

marketing, nous parlent en détail de ces initiatives.

ainsi que des déchets qui en découlent sont

allégés; leur transport est ainsi optimisé

et les émissions y étant liées diminueront

automatiquement. Nos fournisseurs déploient

également des efforts en début de chaine,

pour diminuer leur empreinte dès le

processus de fabrication des matériaux. Ils

y voient un double intérêt: écologique et

économique.

“Compenser nos

émissions de CO 2

en plantant des

arbres à Madagascar

via Graine de Vie”

Quand Wako atteindra-t-elle son objectif

zéro carbone?

CM: Ce projet a débuté il y a quelques

mois et devrait aboutir à la fin de l’année

2020. Il s’agit toutefois d’un engagement

à long terme qui ne connait pas de fin et

qui pourrait déboucher, nous l’espérons,

sur une empreinte négative en carbone au

cours des années suivantes.

Pour y parvenir, nous diminuerons nos

émissions de 20% à travers nos trois sites.

Toutefois, ces émissions étant inhérentes

à notre activité, nous avons décidé de

compenser les 80% restants en plantant des

arbres à Madagascar via l’ASBL Graine de

Vie.

Pour aller plus loin, nous sensibilisons

également nos clients et fournisseurs à

cette démarche. Nous proposons ainsi à

nos partenaires commerciaux d’intégrer

le projet en compensant une partie

de leurs émissions et encourageons

le consommateur final à effectuer des

versements à l’association Graine de Vie

afin de compenser l’empreinte de ses

châssis. A partir de 120 euros de dons, ces

derniers pourront être déduits fiscalement.

Graine de Vie nous envoie mensuellement

la liste des donateurs qui ont agi par

notre intermédiaire, ce qui nous permet

d’observer que l’initiative a de plus de plus

de succès!

DF: Beaucoup de nos clients promoteurs

participent actuellement à cette initiative!

Pour assurer la visibilité de cette bonne

action, nous proposons de leur fournir des

panneaux chantiers et stickers «chantier

100% compensé».

Quels ont été les derniers efforts réalisés?

CM: Nous avons organisé un team-building

rassemblant tous les membres du personnel

de Wako pour entendre leurs idées quant à

la poursuite de nos efforts. Les réponses ont

été nombreuses et enthousiastes! Certaines

idées demandent de grands changements

et sont plutôt envisagées sur le moyen ou

long terme mais d’autres projets concrets

ont été mis en place assez rapidement

comme l’organisation de covoiturage, la

sensibilisation par rapport au tri des déchets,

le remplacement de l’éclairage actuel par

des LED ou encore l’optimisation et la

réduction des transports professionnels.

DF: Nous sommes en train de renouveler

notre flotte de véhicules; une troisième

voiture électrique vient par exemple de

rejoindre la flotte du groupe. Il en va de

même pour les voitures de fonction pour

lesquelles nous proposons aussi des modèles

hybrides.

CM: Enfin, pour réduire la part de canettes

et bouteilles en plastique jetées sur nos

sites, nous avons offert une gourde à chacun

de nos employés à l’occasion des fêtes de

fin d’année qu’ils pourront remplir aux

fontaines d’eau de l’entreprise.

DF: Quant au tri des déchets, nos sites

luxembourgeois collaborent avec la

SuperDrecksKëscht depuis plus de dix

ans dans ce cadre. De plus, nous essayons

de réduire la quantité d’emballages en

sensibilisant nos fournisseurs, qui sont à

l’écoute et font de plus en plus d’efforts à ce

niveau. Il faut dire que grâce à cette mesure,

le poids et le volume de la marchandise

Comment aidez-vous votre clientèle à

améliorer la performance énergétique

de son habitation?

DF: Concernant les rénovations, on observe

encore des habitations équipées de châssis

en bois avec du simple vitrage; grâce à un

châssis en PVC 82 mm avec triple vitrage,

l’économie d’énergie à réaliser est alors très

importante! Nous fournissons aussi des

châssis adaptés aux nouvelles constructions

passives. Nous proposons d’ailleurs un

nouveau vitrage de la marque Eklaz, encore

plus performant en matière d’isolation et

récupérant davantage d’énergie solaire.

Les vitrages permettant la récupération

d’énergie solaire doivent être combinés avec

une bonne protection solaire extérieure

pour l’été. En effet, celle-ci évitera la

surchauffe et le recours à une climatisation.

Dans ce cadre, nous proposons un système

domotique d’automatisation des stores et

volets en fonction de l’ensoleillement afin

d’en tirer le meilleur parti. Ces systèmes

sont également gérables à distance, via un

smartphone.

Enfin, nous installons des murs-rideaux des

marques Schüco et Aliplast, à haute valeur

d’isolation, destinés aux bâtiments publics

ou d’entreprises. n

Wako

Z.A.C. Haneboesch II

L-4563 Differdange/Niederkorn

info@wako.lu

www.wako.lu


32 LG

EDITION SPÉCIALE

BÂTIMENT & CONSTRUCTION

Un nouvel espace

de vente pour allier

tradition et innovation

Forte de ses 120 années d’expérience sur le marché

luxembourgeois, l’entreprise Baucenter Decker-Ries a décidé

de faire un pas de plus vers la modernité en développant

son showroom. Avec plus de 5.000 m 2 de salles d’exposition,

l’entreprise donne à voir à sa clientèle toute l’étendue de

son savoir-faire. Laurent Decker, directeur du Baucenter

Decker-Ries, revient avec nous sur les atouts de la société

centenaire.

Décrivez-nous l’entreprise et ses

différents départements.

Fondée en 1899, l’entreprise Decker-

Ries propose aujourd’hui la gamme de

produits la plus complète du milieu de la

construction et de l’habitat en garantissant

un conseil et un service hors pair. Les

activités de Decker-Ries sont diversifiées

et réparties en quatre départements:

matériaux de construction, carrelages &

sanitaires, menuiserie et cuisines.

Dans le département historique du

commerce de matériaux de construction,

nos articles s’étendent des matériaux de

gros-œuvre et de génie civil jusqu’aux

produits spécialisés de façade, d’isolation et

de toiture, sans oublier un choix très large

en produits d’alentours. Dans ce cadre, nous

sommes un partenaire privilégié pour les

communes et entreprises de construction,

mais également pour les clients particuliers.

Nous les fournissons en produits variés,

garantissant un conseil technique et une

grande réactivité. Ainsi, une flotte de

camions-grues, camionnettes, élévateurs,

pelles et autres voitures utilitaires assurent

un transport et une livraison rapide

jusqu’au chantier ou jusqu’au domicile de

nos clients.

En ce qui concerne nos départements

carrelages & sanitaires, menuiserie et

cuisines, notre gamme étendue et complète

de services vise avant tout à mettre

au service des clients un maximum de

compétences afin qu’ils puissent s’adresser

à un interlocuteur unique pour toutes leurs

demandes. En effet, le spectre des services

de Decker-Ries est tellement large que le

client ne doit pas multiplier les acteurs de

construction et corps de métier lorsqu’il

réalise des travaux. Ainsi, il peut laisser

libre cours à son imagination et demander

conseil à nos spécialistes au sein de nos

salles d’exposition, qui sont parmi les plus

grandes du pays.

Vous avez récemment rénové vos salles

d’exposition. Qu’ont-t-elles de particulier?

Nos salles d’expositions intérieures s’étendent

sur trois étages et plus de 5.000 m 2 et

constituent le noyau de nos activités. Nous

faisons découvrir le raffinement de nos

espaces et la qualité de nos services dans

l’ambiance unique du «House of Bath» avec

de nombreuses mises en situation de salles de

bains et dans l’univers interactif des portes

avec plus de 100 différents éléments exposés

ou encore dans notre showroom exclusif de

cuisines de dernière génération. Tous ces

espaces sont reliés par un nouvel ascenseur

pour permettre un passage et une circulation

optimale entre les différentes expositions.

Dans ce contexte, l’entreprise Decker-

Ries offre aujourd’hui un aménagement

intérieur complet de A à Z, en combinant

les différents services, des carrelages et

sanitaire aux menuiseries avec des portes

intérieures et extérieures, des fenêtres

en bois, PVC ou aluminium, des bannes

solaires, un vaste choix de parquets, des

meubles sur-mesure ou encore des plafonds

tendus et des cuisines équipées. Notre

savoir-faire s’illustre également à travers

l’exécution de nos travaux par une main

d’œuvre qualifiée et expérimentée.

“Notre programme

d’alentours est

exhaustif et permet

d’assouvir toute

soif de création”

Qu’en est-il de votre exposition extérieure?

Notre exposition extérieure, fraîchement

rénovée et élargie sur plus de 800 m 2 , est

une véritable source d’inspiration qui

permet à nos clients de créer des espaces

verts, des entrées de maison, des rampes

de garages et des terrasses où ils peuvent

retrouver le calme indispensable pour se

détendre quotidiennement à l’air libre. Avec

un large éventail de dallages, pavés, pierres

naturelles et tous les matériaux de pose,

l’espace d’exposition extérieur propose

aussi une large gamme d’accessoires comme


LG

EDITION SPÉCIALE

33

des escaliers, des palissades, des graviers,

des galets multicolores, des éléments

décoratifs, des bacs à fleur, des stores, du

bois de terrasse et des éclairages extérieurs.

Notre programme d’alentours est exhaustif

et permet d’assouvir toute soif de création.

Laurent Decker

Quels produits innovants sont exposés

dans vos différents espaces?

L’innovation est au centre de nos

expositions et nous sommes constamment

à la recherche de nouveaux produits

qualitatifs à la pointe de la technologie

et de la tendance esthétique. Ainsi, nos

conseillers visitent régulièrement des foires

spécialisées et des usines de fabrication

et participent à des formations internes

et externes afin de leur transmettre

une véritable volonté d’innovation et

de développer leurs connaissances des

évolutions technologiques.

En outre, depuis des générations,

notre entreprise ne travaille qu’avec

des fournisseurs renommés auxquels

nous faisons entièrement confiance.

Ces partenaires sont généralement des

entreprises spécialisées et reconnues

mondialement qui nous assurent une

qualité et une réactivité incomparables.

Les carrelages de très grand format, les

portes d’entrée de haute sécurité, les

plafonds illuminés, les hottes de cuisine

«invisibles», les bois de terrasse écologiques

en bambou ne sont que quelques éléments

de notre showroom exclusif en constante

mutation.

Quels sont vos projets pour le futur?

Forte d’un historique centenaire, de

l’expérience et de la passion de ses

employés qui s’y investissent chaque jour

et de la confiance de ses clients, l’entreprise

Decker-Ries continuera à diversifier et

développer ses différentes activités en

misant sur la qualité du service, une gamme

de vente impressionnante en construction

et habitat et une véritable culture

d’entreprise novatrice, en tant que société

construite sur des bases solides et durables

mais résolument tournée vers l’avenir. n

Baucenter Decker-Ries

90 Rue de Belval

L-4024 Esch-sur-Alzette

Tél.: 55 52 52

Fax: 57 02 97

info@decker-ries.lu

www.decker-ries.lu


34 LG

EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 227 - OCTOBRE 2019

BÂTIMENT & CONSTRUCTION

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au bénéfice de tous

Présentée au grand public le 26 septembre dernier, la Maîtrise

d’œuvre OAI (MOAI.LU) a pour vocation d’accompagner

les acteurs de la construction dans toutes les phases de la

réalisation d’un projet. Pierre Hurt, directeur de l’Ordre des

Architectes et des Ingénieurs-Conseils (OAI), nous présente

cette méthodologie créée par l’Ordre dans le but de soutenir

ses membres et de valoriser la phase de conception d’un

projet au profit d’une réalisation et d’une utilisation optimale

de l’ouvrage.

Comment est né le projet «MOAI»?

Trois directeurs de bureaux d’architectes ou

d’ingénieurs-conseils, qui sont actifs dans

l’Ordre, ont voulu partager leur expérience

dans la conception de bâtiments. Ainsi, Jos

Dell, architecte, Marc Feider, ingénieur en

génie civil, Gilles Christnach, ingénieur

en génie technique, ont formé le cœur de

la conception de la Maîtrise d’œuvre OAI.

Partant d’expériences pratiques quotidiennes,

nous avons voulu concrétiser notre méthode

de travail pour l’appliquer comme guide à

tous les projets en général. De nombreux

membres de l’OAI ont également participé à

son élaboration dans divers groupes de travail.

Entre autres, des échanges fructueux avec des

maîtres d’ouvrages publics, comme le Syvicol

et l’Administration des bâtiments publics, ont

contribué à établir cette méthodologie de

manière à répondre aux besoins concrets.

Au Luxembourg, l’on devra construire de

plus en plus intelligemment pour répondre

à une croissance soutenue. La MOAI a

pour vocation de synthétiser des bonnes

pratiques disponibles sous format papier,

digital, flipbook ou encore vidéos, afin de

soutenir les acteurs dans leurs démarches.

Pierre Hurt


LG

EDITION SPÉCIALE

35

Concrètement, en quoi consiste la

Maîtrise d’œuvre OAI?

Il s’agit d’une réponse holistique et

intelligente aux défis actuels pour créer un

cadre de vie résilient et favorisant un vivreensemble

de qualité.

Notre cadre de vie est constitué de multiples

éléments coexistant en équilibre. Un projet de

construction doit s’y inscrire en passant par

trois phases: la conception, le développement

et la réalisation. Il implique par ailleurs

cinq acteurs majeurs, à savoir le maître

d’ouvrage, les utilisateurs, les concepteurs,

les administrations et les entreprises. Chacun

de ces acteurs amène son lot de contraintes

à respecter. Il y a d’abord les besoins des

utilisateurs et l’intérêt économique du maître

d’ouvrage. L’administration garantit quant

à elle un cadre de vie de qualité répondant

aux valeurs fondamentales de notre vivreensemble

en établissant des lois et des normes.

Enfin, toutes les entreprises qui gravitent

autour de la réalisation d’un projet ont

chacune un intérêt commercial à préserver.

Pour le bien de la société, il est nécessaire

que l’équipe qui conçoit les constructions le

fasse avec un regard indépendant.

La MOAI souligne l’importance de l’intervention

de chaque acteur dans le processus

de construction; au sein de celui-ci, il est

toutefois primordial de compter des acteurs

de profession libérale, indépendants et

libres de tout conflit d’intérêts. Grâce à

leur déontologie forte, ils pourront marier

des intérêts souvent divergents et fédérer

les différents acteurs autour d’un projet

qui conviendra à la fois à son exploitant,

son utilisateur et à tout autre citoyen.

Les principes de l’économie circulaire

requièrent d’ailleurs qu’un soin particulier

soit apporté à la programmation et à la

conception du projet afin de tenir compte

de l’utilisation, de l’exploitation, mais

également de la réaffectation voire de la

déconstruction. La prestation intellectuelle

du concepteur doit être valorisée. En tant

que première pierre à l’édifice d’un projet,

elle en déterminera le fonctionnement,

l’identité et son utilisation tout au long de

la durée de vie d’un bâtiment.

Quels sont les avantages de cette

méthodologie pour ses utilisateurs?

Au vu de la complexité des projets, de la

rapidité de changement du cadre légal

et réglementaire et de la qualité exigée

par le marché, la méthodologie donne

une marche à suivre, point par point,

pour concevoir un projet répondant à ces

multiples exigences.

A l’aide d’outils comme le catalogue de

prestations ou les fiches «aide-mémoires»,

nous donnons aux concepteurs et autres

acteurs une marche à suivre claire et

détaillée. Il faut voir cette méthodologie

comme une sorte de check-list reprenant

tous les aspects d’un projet à prendre en

compte. Les 22 fiches aide-mémoires

donnent une vue synthétique du

déroulement d’une construction.

La MOAI est un document vivant, voué

à évoluer avec les apports de nos

membres et de tous les acteurs concernés.

Nous avons à cet effet créé un forum

d’échanges et de retours d’expériences sur

le site www.moai.lu afin de faire évoluer

la méthode. Nous espérons ainsi réunir

les bonnes pratiques développées par ces

acteurs et également apprendre de leurs

éventuelles mauvaises expériences.

Nous présenterons plus en détail cette

méthode lors du Moai.lu on tour, en

partenariat avec le Syvicol, à l’occasion

de trois séances d’information publiques

régionales qui se dérouleront les 3 décembre

au siège de l’OAI à Luxembourg, 14 janvier

à Ettelbruck et 11 février à Sanem. n

“Les principes de

l’économie circulaire

requièrent qu’un

soin particulier

soit apporté

à la programmation

et à la conception”

MOAI.LU

MAÎTRISE D’ŒUVRE OAI


36 LG

EDITION SPÉCIALE

LOGEMENT

Nonnewisen:

un quartier mêlant mixité sociale,

architecturale et des fonctions

Suite au remembrement de son site, le quartier «Nonnewisen

– Wunnen am Park» prend doucement vie à Esch-sur-Alzette.

Alors que les travaux d’infrastructures entrent dans leur phase

finale, les derniers projets sont entamés et devraient voir le

jour au cours de l’année 2021. Rebecca Fagot, chef de Projet

au Fonds du Logement, et Martin Kox, premier échevin de la

Ville d’Esch-sur-Alzette, nous parlent de l’actualité du projet

et de ses prochaines étapes dans une interview croisée.

Comment sont répartis les rôles entre la

Ville d’Esch-sur-Alzette et le Fonds du

Logement?

RF: La Ville d’Esch-sur-Alzette et le

Fonds du Logement procèdent tous deux

à la réalisation de projets de construction

répartis entre résidences et groupements

de maisons unifamiliales. En parallèle, ils

sont également en charge de la réalisation

de l’ensemble des travaux d’infrastructures.

Entre la Ville, le Fonds et les promoteurs

privés, beaucoup d’acteurs doivent travailler

sur une même zone dont la moitié est

actuellement en construction. Puisqu’une

partie du quartier est déjà habitée et que

ce dernier n’est accessible que par une

seule rue, nous avons mis en place des

règles de circulation. Nous organisons,

dans ce cadre, des comités de concertation

réunissant tous les acteurs concernés afin de

réguler la circulation et discuter des sujets

qui nous concernent tous comme la voirie,

les infrastructures, les réseaux,...

Comment s’est déroulé le remembrement

du site?

MK: Les discussions concernant ce remembrement

durent depuis plus de dix ans. Grâce

à la mise en place d’un nouveau collège

échevinal, la procédure s’est accélérée et

nous avons pu organiser une médiation pour

attribuer aux propriétaires concernés un

autre terrain à bâtir en échange du leur.

RF: Le système de remembrement implique

que l’on réalise une estimation de la valeur

du terrain cédé, chiffrée en termes de points

attribués en fonction de sa superficie et de

sa position. Nous leur proposons alors un

terrain équivalent en termes de points,

sur une place à bâtir au sein du même site.

Ces propriétaires privés pourront bâtir

des projets, sous les mêmes conditions que

le Fonds et la Ville, avec des restrictions

quant au type de bâtiments qu’il est possible

d’y construire. La mixité sociale est par

ailleurs garantie car on retrouve plusieurs

promoteurs différents répartis sur le site.

MK: Quant aux parcelles de la Ville

d’Esch-sur-Alzette, nous avons pour projet

d’y proposer des solutions alternatives

de logement comme des groupements

d’habitats participatifs construits autour

d’espaces communs prévus pour plusieurs

familles. Nous voulons également proposer

des habitations évolutives: un couple seul

pourrait d’abord emménager dans un

appartement une chambre, puis déménager

lorsque la famille s’agrandirait. Enfin,

lorsque les enfants quitteront le domicile, le

couple pourra revenir à un logement simple.

Quelles sont les prochaines étapes du

projet?

RF: Maintenant que les terrains sont

définitivement attribués, nous pouvons

démarrer la dernière phase de création

d’infrastructures et de viabilisation du site.

Nous prévoyons dans ce cadre la création

d’une voirie (la rue Lise Meitner) et des

chemins piétons. Le développement de

places publiques pour favoriser la vie de

quartier est par ailleurs en cours de réflexion.

Nous allons également installer de nouveaux

bassins de rétention d’eau de pluie. En

effet, le concept général hydraulique du

projet permet de ne pas rejeter les eaux

pluviales dans les réseaux existants, pour

éviter leur encombrement. Toutes les eaux

pluviales sont transférées dans des bassins

de rétention permettant leur évacuation

progressive vers la Dippach renaturée. Il est

donc impératif que ce concept soit mis en

place avant que nous commencions à bâtir.

“D’ici 2021, le

projet rassemblera

135 logements

supplémentaires

construits

par le Fonds et 81

par la commune”

MK: La renaturation de la Dippach est une

obligation légale; nous avons déjà débuté ces

travaux sur son côté droit et à l’endroit de

son passage sous la route Grande-Duchesse

Charlotte. Nous devons maintenant réaliser

les travaux en aval et en amont de la route

dans le courant de l’année 2020.

La Ville d’Esch-sur-Alzette a également

mis en place un réseau récupérant la chaleur

excédante émise par la centrale électrique

de Twinerg pour alimenter Belval en

chauffage urbain. Depuis la fermeture de

la centrale, c’est la chaleur d’ArcelorMittal

que nous récupérons pour la réinjecter dans

le réseau. Ce même système a été mis en

place pour alimenter en chauffage urbain

tous les projets du quartier Nonnewisen.


LG

EDITION SPÉCIALE

37

Rebecca Fagot et Martin Kox


38 LG

EDITION SPÉCIALE

LOGEMENT

RF: Il s’agit d’une volonté écologique

de la part de la Ville. Ce système permet

une économie d’énergie puisque l’on évite

l’installation de pompes à chaleur ou le

recours à un chauffage électrique.

Combien de logements doivent encore

être construits?

MK: Nous sommes actuellement en train

de démarrer deux nouveaux lots pour le

compte de la commune. Le premier (6N)

comprendra 26 maisons unifamiliales et

19 appartements en triple A: une partie

des rez-de-chaussées sera dédiée à des

surfaces commerciales ou destinées aux

professions libérales, comme dans la quasitotalité

du projet, et ce, dans l’objectif

d’assurer une mixité des fonctions. Les

toitures des bâtiments de ce lot seront soit

végétales pour optimiser la rétention des

eaux pluviales, soit équipées de panneaux

photovoltaïques. Il s’agit par ailleurs d’un

projet mixte béton et bois. Le second lot

(7NB) comprendra quant à lui 36 maisons

unifamiliales en triple A dont la structure

est en bois, le parement en brique et la

toiture végétale. Ces habitations recevront

d’ailleurs la certification LENOZ.

Enfin, nous allons lancer en début de

l’année prochaine un appel à candidatures

pour l’établissement d’un hôtel sur un lot

appartenant à la Ville et, courant 2020, un

autre lot, développé par Nesto, sera lancé

en vue de la réalisation de constructions en

bois conçues dans une logique d’économie

circulaire et à coûts modérés. Cette

construction modulaire pourra être réalisée

en six mois.

“Récupérer la

chaleur excédante

produite par

ArcelorMittal

pour l’injecter

dans le réseau de

chauffage urbain”

RF: Nous devrions terminer, en avril 2020,

le projet 7SA en béton classique mais

de classe énergétique AAA. Le lot 7ND

est quant à lui en cours et comprendra

40 appartements ainsi que le service de

rééducation précoce, déjà localisé à Eschsur-Alzette,

mais nécessitant des locaux plus

grands et surtout plus adaptés à l’évolution

de son activité. Ces constructions sont

également en béton classique et en triple A.

Nous avons également débuté la construction

de deux nouvelles résidences (5SA et 5SE) ainsi

que d’un nouveau projet de 17 maisons (5SB).

L’une de ces résidences et le groupe de maisons

sont des projets mixtes béton-bois. La seconde

résidence est construite en bois alvéolaire.

D’ici 2021, le quartier «Nonnewisen –

Wunnen am Park» rassemblera 135 logements

supplémentaires construits par le

Fonds et 81 par la commune, soit un total

de 216 logements.

MK: Pour chaque nouveau quartier créé,

nous voulions débuter par la construction

d’une école afin qu’elle soit fonctionnelle

et accueille les plus jeunes avant même la

remise des premiers logements du quartier;

une première école est déjà fonctionnelle

et nous sommes en train de réaliser les

infrastructures pour la seconde. Le quartier

accueille également une crèche.

Enfin, nous voulions assurer une mixité

architecturale sur le site et avons donc

fait appel à des architectes différents pour

chaque projet, ce qui représente environ une

trentaine d’architectes aux projets diversifiés.

Qu’en est-il du développement d’autres

fonctions que l’habitat sur le site?

RF: Avec la reprise du projet suite au

remembrement, les locaux commerciaux ou

pour professions libérales déjà construits se

remplissent petit à petit.

MK: Tout au nord de la zone, on retrouve la

zone d’activité commerciale et industrielle de

Lankelz. Un autre promoteur y construira un

site de logements, de commerces, de bureaux

ainsi qu’un hall et un musée sportifs. La

connexion entre les deux sites contribuera à

la bonne mixité des fonctions. La colline avec

ses espaces verts et sa place de jeux, située

entre les deux sites servira les deux, tout en

leur garantissant leur propre tranquillité. n

Fonds du Logement

52, Boulevard Marcel Cahen

L-1311 Luxembourg

info@fondsdulogement.lu

www.fondsdulogement.lu


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notre métier.

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Gilles Hempel


LG

EDITION SPÉCIALE

41

LOGEMENT

Pour des logements abordables

La Fondation pour l’Accès au Logement (FAL) est le gestionnaire de l’Agence Immobilière

Sociale (AIS) qui œuvre à l’inclusion sociale par le logement. Après dix années d’activités,

la fondation gère déjà 554 logements et une quarantaine d’employés. La FAL diversifie ses

activités en mettant en service sa propre agence de promotion immobilière sociale Abitatio.

Interview de son directeur, Gilles Hempel.

D’où vient l’idée de faire de la promotion

immobilière?

Elle est née d’une nécessité. L’AIS réinsère

des personnes en précarité de logement par

le biais de biens immobiliers sur le marché

privé et nos locataires ne peuvent donc

bénéficier que d’une mise à disposition de

trois ans. Ce laps de temps, nécessaire à

l’équilibre financier d’un ménage, parfois

pour trouver un travail et même suivre

des formations, ne suffit pourtant plus.

Nos locataires sont toujours aussi motivés

à retrouver une autonomie mais en dix

ans d’activités, nous avons constaté que

l’envolée des prix de l’immobilier ne laisse

aucune chance de se loger aux plus démunis.

(ndlr: Selon les chiffres d’Eurostat, les prix

des biens neufs et anciens à l’achat ont

progressé de 50% au Grand-Duché entre

2010 et 2018).

Nous accompagnons d’anciens chômeurs

et bénéficiaires du REVIS qui ont fini

le programme de réinsertion de l’AIS,

suivi des formations, retrouvé un travail,

remboursé leurs dettes mais même leur

CDI de 40h par semaine ne suffit pas.

Il nous fallait donc agir en tant que

promoteur immobilier afin de devenir

propriétaire d’appartements et ainsi offrir

des baux à durée indéterminée à des prix

abordables. Abitatio permettra donc à

l’AIS de répondre plus efficacement aux

demandes de ses listes d’attente.

Quels sont vos projets immobiliers en

cours et à venir?

Nous avons d’ores et déjà commencé les

travaux de notre premier projet de sept

appartements à Niederkorn prévu pour le

printemps 2020. Nous venons également

d’acquérir un terrain communal à Hosingen

sur lequel nous souhaitons construire six

appartements. Les travaux devraient débuter

à la fin de cette année. Nous sommes aussi

en discussion avec la commune de Bech qui

dispose d’une ancienne école qui pourrait

accueillir douze logements. D’autres projets

sont en cours de réflexion à Wilwerdange,

Harlange et Heinerscheid.

À moyen termes, nous devrions disposer

d’un parc immobilier de 45 logements mais

nous ne nous arrêterons pas à ce chiffre,

et sommes constamment à la recherche

d’opportunités. Les loyers y seront bien

évidemment moins élevés que ceux du

marché; pas plus de dix euros le mètre carré

ni plus du tiers des revenus du ménage.

Peut-on dire que la réussite d’Abitatio

dépend d’une étroite collaboration avec

les communes?

Conventionnés avec plus de la moitié

des communes du pays, nous savons que

nombreuses sont celles qui souhaiteraient

utiliser leurs terrains ou d’anciens

bâtiments pour y construire des logements

sociaux. Cependant, face à la lourde

charge que représente la gestion d’un parc

immobilier, elles y renoncent souvent. La

bonne volonté ne suffit pas, elles ne sont pas

toujours outillées en termes de personnel

ou de compétences pour entreprendre les

travaux. Nous, nous le sommes et c’est

pourquoi nous leur proposons de petits et

moyens projets et une gestion complète.

Luxembourg a depuis toujours favorisé

l’accès à la propriété mais dès lors qu’un

logement social cesse d’être sur le marché

de la location, il vient consolider l’envolée

des prix. Dans la mesure où ces logements

sont financés par de l’argent public, ils ne

devraient pas être disponibles à la vente. Le

logement est une cause nationale qui mérite

des solutions courageuses et nous essayons

modestement d’en trouver. n

“Le logement

est une cause

nationale”

Fondation pour l’Accès au Logement

202b, rue de Hamm

L-1713 Luxembourg

info@fondation-logement.lu

www.fondation-logement.lu


42 LG

EDITION SPÉCIALE

Willy Hein et Tobias Wilhelm


LG

EDITION SPÉCIALE

43

Un centre de tri

pour le Luxembourg

DÉVELOPPEMENT DURABLE

Couché sur les bords de la Moselle, le groupe Hein, c’est presque 90 ans d’histoire familiale

à travers quatre générations. Ses activités regroupent la sablière, le transport et les déchets.

Hein Déchets, créé en 1990, s’occupe du tri de l’ensemble des emballages collectés auprès des

ménages du Grand-Duché. Un an après le décès inattendu d’Alphonse Hein, LG rencontre

son successeur; interview croisée de Willy Hein, directeur, et de Tobias Wilhelm, responsable

d’exploitation.

Comment s’est passée la reprise de

l’entreprise familiale?

WH: Relativement bien, puisque cela faisait

dix ans que j’étais impliqué dans la direction

et que nous étions en train d’organiser cette

transition. Lorsque mon père est décédé en

novembre 2018, le plus dur a été de faire

sans sa compagnie et ses conseils mais j’ai

pu compter sur l’équipe Hein. Il faut dire

que l’entreprise a su garder son esprit

familial et c’est ce qui fait encore sa force

aujourd’hui.

Parlez-nous de la création de Hein

Déchets…

WH: Cette idée est née dans les années

80. Mon père se désolait des décharges

sauvages qui étaient encore monnaie

courante des entreprises de l’époque. Il a

pressenti le changement opéré depuis et a

développé une passion pour la gestion, le tri

et l’optimisation.

TW: Il n’était pas «un écolo» au sens

propre du mot mais plutôt un passionné du

potentiel du secteur. Le recyclage est peu

à peu entré dans les mentalités, et ce, avec

dynamisme et modernité. Hein Déchets a

donc commencé avec quelques conteneurs

et un broyeur de bois. Avec les années, nous

avons élargi notre panier de prestations et

sommes ainsi devenus un des principaux

acteurs dans le domaine du recyclage au

Luxembourg.

Quelles sont les activités de Hein Déchets?

WH: Sur notre site à Bech-Kleinmacher,

nous réceptionnons les principaux types

de déchets recyclables: papiers, cartons,

verre, plastique, bois, déchets de chantiers,

déchets verts, plâtre etc.

Ces déchets sont collectés par conteneurs,

par camion hayon ou peuvent aussi être livrés

directement par nos clients sur notre site.

Après pesage et contrôle à l’entrée, ils sont

triés, conditionnés et acheminés vers des

installations de recyclage agrées en respect

des mesures environnementales en vigueur.

TW: A côté de notre activité de conditionnement

des déchets recyclables, nous

gérons aussi le tri et le broyage de vieux

bois sous forme de copeaux pour les usines

de fabrication de panneaux agglomérés ou

selon, vers une valorisation en tant que

combustible alternatif.

Nous sommes également le partenaire

privilégié des entreprises de construction,

des industries et des décharges spécialisées

pour l’élimination des terres polluées.

Nous acheminons leurs déchets inertes

contaminés, d’amiante, de route, bitumineux

ou goudronneux, isolants minéraux mais

aussi les déchets de la production industrielle

vers des installations spécialisées et agréées.

Nous proposons un programme de gestion

complet pour le tri des déchets organiques

issus des cantines ou de la restauration par

exemple. Cela va de la mise à disposition des

moyens de collecte jusqu’au retraitement

en installation de biométhanisation agréé.

“Nous sommes

prêts pour assurer

un tri de qualité

pour les quinze ans

à venir”


44 LG

EDITION SPÉCIALE

DÉVELOPPEMENT DURABLE

Vous avez investi 7 millions d’euros dans

une nouvelle installation de tri; pouvezvous

nous la présenter?

WH: Hein Déchets est le partenaire de

Valorlux depuis 20 ans et assure à ce titre le

tri de tous les sacs bleus collectés auprès des

ménages du Grand-Duché.

Mise en service en janvier 2019, l’installation

traite actuellement 10.000 tonnes par an

mais ne tourne qu’à la moitié de ses capacités

qui sont à 23.000 tonnes par an. Nous avons

en effet anticipé l’augmentation des masses

collectées à venir. D’une part au regard de

la croissance démographique du pays (ndlr:

12.000 nouveaux habitants annuels) et

pouvons ainsi répondre théoriquement au

million d’habitants. Et de l’autre, l’Union

européenne souhaite que ses Etats membres

recyclent au moins 70% des emballages d’ici

2030 et Valorlux travaille en conséquence à

un futur élargissement de la collecte.

TW: L’installation se compose de 150

machines à trier et tapis roulants qui

combinés, peuvent réaliser le tri des

différentes matières. Il s’agit de bouteilles

en plastiques, de flacons de shampoing,

des tétrapacks, de boites en aluminium, de

conserves, etc. Onze personnes travaillent

dans l’installation et garantissent son bon

fonctionnement. Notre taux de refus est

entre 7% et 8%; ce qui prouve l’efficacité

de notre ligne de production.

Les emballages qui sont collectés dans le

cadre des différents projets pilotes (sac vert

au SIGRE et sac bleu élargi au SIDEC)

sont déjà triés dans la nouvelle installation.

Élargir la collecte revient in fine à faciliter

le tri réalisé en amont par le citoyen mais

aussi à recycler plus.

Quels sont vos projets pour l’avenir?

WH: Aucune révolution dans le viseur mais

œuvrer à une bonne évolution du groupe.

Nous sommes par exemple en train de

construire un nouvel atelier pour camions

et engins. Il devrait être mis en service

fin 2020 et sera en mesure de réaliser les

entretiens et les contrôles techniques. Une

belle occasion d’un prochain reportage

pour LG… n

Hein Group

1 quai de la Moselle

L-5405 Bech-Kleinmacher

www.heingroup.lu

“Nous traitons

huit tonnes

à l’heure,

ce qui équivaut

à 5.000 sacs bleus,

et à autant

de ménages”

Hein en chiffres

215 employés

Fondée en 1931

75 camions

7 millions d’euros investis

dans la nouvelle installation de tri

35 millions de chiffre d’affaires


LG

EDITION SPÉCIALE

45

Nouveautés durables en 2020

Le début de l’année 2020 apporte avec lui changements et

réformes dans de nombreux domaines. Si les travailleurs

retiendront surtout l’enclanchement de l’index au mois de

janvier, deux mesures favorisant la mobilité durable sont

également au programme de ces prochains mois.

Premièrement, l’on note que le régime

d’aides financières pour les véhicules à zéro

ou à faibles émissions de CO 2

continuera

à être d’application pour l’année 2020. Le

gouvernement justifie cette mesure: «La

promotion de l’électromobilité reste une

composante clé des efforts en matière de

décarbonisation du secteur des transports.

Elle fait partie intégrante du projet de

plan intégré en matière d’énergie et de

climat pour la période 2021-2030, lequel

ambitionne une réduction des émissions de

gaz à effet de serre de 55% à l’horizon 2030

par rapport à l’année de référence 2005».

En second lieu, la tant attendue gratuité des

transports publics sera bientôt d’application.

En effet, dès le 1 er mars prochain, les

navetteurs pourront circuler gratuitement

sur tout le territoire, sauf pour les personnes

souhaitant voyager en 1 re classe, pour

laquelle le titre de transport payant restera

d’actualité.

On rappelle également que le Luxembourg

a fixé ses objectifs nationaux en matière de

réduction de la production d’émissions de

gaz à effet de serre à 55% d’ici 2030. Pour y

parvenir, le secteur des transports connaîtra

diverses transformations au cours des dix

prochaines années. n

Source: gouvernement.lu/emwelt.lu

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46 LG

EDITION SPÉCIALE

DÉVELOPPEMENT DURABLE

Les déchets,

un véritable potentiel

de ressources

A son échelle, la SuperDrecksKëscht travaille à la protection

du climat en tentant de revaloriser au maximum les produits

qu’elle traite. A travers l’initiative SuperDrecksKëscht fir

Biirger, l’organisme veille à la bonne qualité du recyclage des

déchets problématiques en en organisant le tri. Petra Biwersi,

conseillère pour les centres de recyclage, et Frank Fellens,

conseiller en environnement, nous parlent du processus du

recyclage et nous expliquent le concept de «potentiel de

ressource» récemment développé.

En quoi consiste l’initiative SuperDrecks-

Këscht fir Biirger?

PB: Il s’agit de la collecte des déchets

problématiques ménagers, qui peuvent être

identifiés par le symbole de danger apposé

sur leurs emballages. On retrouve dans cette

catégorie les bombes aérosols, piles sèches,

batteries, accumulateurs, peintures, laques,

pesticides, engrais,… La collecte s’effectue

en centre de recyclage, mais nous prévoyons

également quatre passages de collecte

mobile par an dans chaque commune.

Notre personnel est formé à cette fonction

au travers des formations de base du

CNFPC, ainsi que d’autres modules plus

spécifiques. Nous prévoyons également des

formations professionnelles continues pour

assurer la mise à jour des compétences quant

aux nouveaux produits traités, procédures,

systèmes de collecte, normes de sécurité,…

FF: Tous les produits collectés sont

regroupés dans notre centre où nous

opérons un prétraitement. Le traitement

final se fait ensuite pour la plupart des cas

dans les pays frontaliers. Nous auditons

régulièrement nos filières de revalorisation

pour vérifier la qualité du processus de

recyclage et des ressources extraites.

Qu’est-ce que le concept de «potentiel

de ressources»?

PB: Dans notre jargon, nous préférons

parler de produit plutôt que de déchet car

nous envisageons son parcours selon une

logique d’économie circulaire: il est d’abord

créé, consommé, jeté, puis ensuite recyclé

et revalorisé en tant que matière première.

Il ne cesse donc jamais d’être un produit et

sa part de déchet est bien souvent minime.

FF: Il s’agit pour nous d’une ressource

que l’on peut réintroduire dans le cercle

de l’économie circulaire. Seule une petite

part des produits problématiques ne sont

pas traitables et sont directement éliminés,

comme les médicaments ou les pesticides.

Pour les autres, la part de recyclage varie

beaucoup d’un produit à l’autre.

Le concept que nous avons développé a

justement pour but de déterminer le potentiel

de ressources qu’il est possible d’extraire

d’un produit suite au processus de recyclage.

Par exemple, les tubes fluorescents ont un

potentiel de ressources de 96% car le verre

et les métaux qui les composent peuvent être

réintroduits sur le marché des ressources. Seuls

les 4% restants, soit la poudre fluorescente, est

considérée comme un déchet car elle contient

du mercure que nous ne pouvons revaloriser.

Concernant les bombes PU, nous

récupérons le métal de l’emballage. Le

polyuréthane et le gaz propulseur peuvent

quant à eux être en partie réinsérés

dans le processus de fabrication de ces

mêmes bombes. Nous pouvons valoriser

énergétiquement d’autres composants

afin d’en récupérer l’énergie et à la fin du

processus, la part de déchet n’est plus que

de 30%.

Quel type de déchet problématique est

le plus fréquemment collecté?

FF: Il s’agit de la peinture, qui représente

30% des déchets problématiques récoltés.

Dans la plupart des cas, nous pouvons

en récupérer le bidon métallique et le

réintroduire dans le circuit de production.

Par contre, la peinture ne pouvant pas être

recyclée, nous l’utilisons pour fabriquer un

combustible de substitution. Son potentiel

de ressources est donc de 20% et nous en

tirons une récupération d’énergie de 80%.


Certains fabricants, comme Peintures Robin,

se sont toutefois penchés sur la question du

recyclage de la peinture. Ainsi, ils ont créé

la peinture écoconçue Verdello, dont les

ingrédients sont combinés de manière à

pouvoir être récupérés et revalorisés dans

le processus de fabrication d’une nouvelle

peinture. Grâce à ce circuit fermé, le

potentiel de ressources est de 96%, soit plus

de quatre fois supérieur à la filière classique.

D’autres secteurs travaillent également en

circuit fermé et récupèrent eux-mêmes les

produits usagés auprès de leur clientèle.

Le fabricant Contern SA épargne alors des

matières premières en réutilisant les pièces

en béton, et l’on observe également une

économie de place dans les décharges, déjà

débordées.

Quels sont les gestes à adopter pour

optimiser le processus de recyclage?

PB: Pour obtenir une bonne qualité des

ressources en fin de recyclage, il faut bien

préparer le tri en amont. Nous veillons

donc à informer régulièrement le personnel

de collecte pour qu’il puisse à son tour

sensibiliser les citoyens à un tri efficace.

“Le meilleur

déchet est celui

qui n’existe pas!”

FF: Pour garantir un tri optimisé et sécurisé,

il faut surtout éviter de démonter les

produits ou de les mélanger entre eux. Audelà

des réactions chimiques dangereuses

qui pourraient survenir, il nous est trop

difficile de reséparer les liquides, nous ne

pourrons donc en tirer aucune ressource.

De préférence, il faut aussi laisser le produit

dans son récipient d’origine ou indiquer sur

le nouveau contenant son nom ou usage.

Enfin, nous encourageons les citoyens

utiliser les bacs spécifiques à chaque déchet,

distribués par la SuperDrecksKëscht pour

faciliter la collecte et le traitement et éviter

les problèmes de sécurité pour le personnel

qui doit les manipuler.

Bien sûr, il faut également tenter de

réduire sa part de déchet pour régler le

problème à la source. Notre campagne

«Clever Akafen», qui promeut les produits

écologiques dans les supermarchés, le dit

clairement: le meilleur déchet est celui qui

n’existe pas! n

SuperDrecksKëscht®

Z.I. Piret

L-7737 Colmar-Berg

www.sdk.lu


48 LG

EDITION SPÉCIALE

DÉVELOPPEMENT DURABLE

La digitalisation en marche

LAMESCH est bien connue de l’économie locale. Avec une offre de services diversifiée, elle

répond aux besoins de ses clients aussi bien dans la gestion des déchets que dans l’assainissement

au sens large. Cette offre de services demande une organisation logistique importante qui

peut être assistée par divers supports informatiques. La digitalisation est en marche et fait ses

preuves au sein de la société LAMESCH. Entretien avec Alain Jacob, administrateur directeur

général.

Alain Jacob

Quelles sont les expertises de votre

société?

Implantée au Luxembourg depuis presque

60 ans, notre société est avant tout spécialisée

dans la gestion des déchets. Quelle que soit

votre problématique, LAMESCH aura la

solution. Nous gérons aussi bien les déchets

recyclables et/ou valorisables tels que les

papiers-cartons, le plastique, le verre, les

biodégradables, les déchets de construction…

que les déchets dits spéciaux tels que les

déchets de garage, hospitaliers ou issus de

production industrielle, des solvants, des

bases… ou bien encore les DEEE. Notre offre

en terme de gestion de déchets est vaste. Les

seuls déchets pour lesquels nous ne sommes

pas habilités sont les déchets radioactifs ou

explosifs. Pour le reste, nous aurons toujours

une solution à vous apporter!

Au fil des années, notre offre de services s’est

développée. Nous proposons aujourd’hui

des solutions d’assainissement. Nous avons

une offre complète pour:

• les canalisations: qui va du simple

débouchage à la réhabilitation en passant

par l’inspection caméra et le contrôle

d’étanchéité;

• les vidanges: de fosse septique, de bacs à

graisses ou hydrocarbures;

• le pompage de matières sèches ou de

produits dangereux;

• et le nettoyage industriel.

Sans oublier notre offre de location de

matériel qui comprend tout type de

poubelles et petits containers de 120 litres

à 5 m³, de grands containers de 5,5 à 30 m³,

de compacteurs et de toilettes.


LG

EDITION SPÉCIALE

49

Une telle diversité de services demande

une grande organisation, comment

gérez-vous cela?

Nous travaillons depuis deux ans sur un

projet qui permet d’améliorer la qualité

de notre planification et de la réalisation

de nos services: le projet LAMPLAN qui

va de pair avec le projet LAMTAB. Avec

une flotte de plus de 200 véhicules et 600

salariés, le travail logistique d’association

chauffeurs/camions en fonction des ordres

de travail est complexe!

Concrètement, le projet LAMPLAN est

une aide à la planification. Le système

associe, en fonction des commandes en

cours, le personnel et le camion pour

réaliser le travail. Sont pris en compte

divers paramètres tels que les compétences

du personnel (formations et habilitations

diverses), les caractéristiques techniques

du matériel nécessaire à la réalisation du

travail, la zone géographique, le lieu de

destination des déchets et l’historique

des commandes. À la suite de l’analyse de

tous ces paramètres, le système propose

un planning de tournée optimal pour le

lendemain. Notre application nous permet

de gagner en efficacité et en rapidité

d’intervention en cas d’imprévu.

Ce programme de planification est associé

à une application nommée LAMTAB

installée sur des tablettes. Chaque chauffeur

est équipé d’une tablette qui communique

en temps réel avec la planification. Tous

les matins, le chauffeur s’identifie et prend

connaissance du programme de tournée qui

lui est attribué. L’application les informe

des particularités propres aux prestations

de la journée, de l’état du trafic et offre

la possibilité d’adapter le planning en fonction

des impératifs clients. L’information

trafic permet, elle, une efficacité et une

gestion contrôlée des émissions de CO 2

.

La mise en place des tablettes a permis

la dématérialisation des documents.

Désormais, les clients signent de manière

numérique et reçoivent une copie par email.

Nous voulons avant tout répondre aux

exigences de nos clients. Selon leur activité,

certains ont besoin que les interventions

soient réalisées à des horaires précis

ou que les containers soient placés à

un emplacement particulier. Grâce aux

applications que nous avons développées, le

chauffeur est informé via des coordonnées

GPS de l’emplacement du déchet, des

horaires d’intervention et des consignes de

sécurité.

La satisfaction client est au cœur de nos

préoccupations. En cas d’inaccessibilité

sur le lieu de travail, le client est informé

directement et si le travail ne peut être

réalisé, il est reprogrammé en accord avec

ce dernier.

Quelle est l’innovation principale de ces

outils?

Depuis nos débuts, nous tendons toujours

vers l’amélioration. Innover est dans notre

ADN!

Ces outils facilitent le travail et nous

permettent ainsi de satisfaire nos clients.

Grâce à eux, nous avons gagné en efficacité

de la prise de commande en passant par

la planification jusqu’à la réalisation du

travail. Ils offrent une aide à distance pour

le chauffeur, un suivi en temps réel des

commandes, un retour d’information et

l’envoi automatique des factures. Tout ça

sans oublier que cette dématérialisation

permet de préserver notre environnement

avec une utilisation plus modérée du papier!

Bien d’autres fonctions existent sur ces

supports mais ne peuvent être développées

ici. Chacune d’entre elles permet de

développer et simplifier la communication

avec le client, de répondre aux spécificités

de tous, tout en facilitant le travail des

personnes sur le terrain. n

“Depuis

nos débuts,

nous tendons

toujours vers

l’amélioration.

Innover est

dans notre ADN!”

LAMESCH Exploitation s.a.

12, ZI Wolser 2

B.P. 75

L-3201 Bettembourg

lamesch@lamesch.lu

www.lamesch.lu


50 LG

EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 225 - GUIDE DES COMMUNES 2019

DÉVELOPPEMENT DURABLE

Pour une agriculture

de raison

PAR JULIEN BRUN

Un proverbe perse dit qu’«une centaine de citadins ne

peuvent dénouer le nœud fait par un paysan». La réalité est

que l’industrie agro-alimentaire défait les traditions agricoles

ancestrales depuis presque un demi-siècle. Le Luxembourg

semble pourtant à l’abri des productions de masse, des

fermes aux mille vaches et des scandales sanitaires qui

secouent régulièrement l’Europe. Rencontre avec Romain

Schneider, ministre de l’Agriculture, de la Viticulture et du

Développement rural.

Si l’agriculture est victime du dérèglement

climatique, elle en est aussi

l’une des responsables; quel est le

modèle qui pourrait assurer une

production alimentaire respectueuse de

l’environnement?

Les agriculteurs sont en première ligne de

la défense des ressources naturelles dans

la mesure où ce sont eux qui sont dans

les prairies, champs et forêts. Les études

concernant le changement climatique

dénoncent des moteurs beaucoup plus

pollueurs que l’agriculture qui est à moins

de 10%. Je pense néanmoins qu’elle est

prête à prendre ses responsabilités.

Ces dernières années, nous avons beaucoup

fait, notamment par le biais de l’incitation

volontaire. Sur les 120.000 hectares réservés

à l’agriculture, 60.000 hectares sont couverts

par des mesures agro-environnementales

(eau, sol, biodiversité, etc.). Depuis l’année

passée, nous sommes même passés à 51%

de prairies permanentes par rapport à la

surface totale, ce qui permet, entre autres,

de récupérer le CO 2

et d’avoir un élevage

en plein air.

L’agriculture a des responsabilités et les

jeunes agriculteurs y sont sensibles. Prêts

à prendre les directions qui s’imposent, ils

y voient même des opportunités. Tout le

monde sait que d’ici cinq à dix ans, il n’y aura

plus de place sur le marché pour les produits

sans indication d’emballage quant à la nonutilisation

des OGM, des pesticides ou de la

réduction de CO 2

par exemple. Les cahiers

des charges sont de plus en plus stricts en

la matière et ceci parce que la demande des

consommateurs en termes de transparence

est de plus en plus grande. Il existe encore

de nombreuses étapes pour parvenir à une

agriculture plus responsable mais il n’existe

pas d’autre alternative.

Un point quant à la propagation du virus

de la peste porcine africaine...

Le Luxembourg est pour l’heure, toujours

exempt de la peste porcine africaine sur

son territoire. Cela vaut aussi bien pour

les exploitations porcines que pour les

sangliers. Nous avons testé plus de 200

sangliers trouvés morts dans la nature et

aucun cas n’a été détecté. La Belgique en

trouve dans le sud de la Wallonie mais ni le

Luxembourg, ni la France, ni l’Allemagne

ne semblent actuellement en être victime.

Le nouveau modèle de mise en œuvre de

la Politique Agricole Commune prévu

pour 2020, entend passer d’une politique

de conformité à une politique de résultat.

Les craintes d’une réduction de 15% des

aides accordées sont-elles fondées?

Elles pourraient l’être mais cela dépend

encore des deux grandes incertitudes

que sont le Brexit et la planification

pluriannuelle de l’Union européenne

encore en discussion. Nous ne pouvons

donc pas encore savoir quel sera le budget

de la PAC dans les années à venir.

Ce qui est certain, c’est que le Luxembourg,

par les mots du ministre des Finances et

des miens, s’est déjà engagé à maintenir

au niveau national les aides accordées aux

agriculteurs même en cas de diminution du

budget au niveau européen.

30% des aides sont actuellement liées à

des sujets environnementaux; accorder

plus d’autonomie aux pays membres

n’est-ce pas le risque que chaque pays

puisse faire ce qu’il veut en termes de

règles environnementales?

J’ai moi-même contribué à élaborer la

réforme de la PAC 2014-2020 qui a été

fondée sur un développement durable

de l’agriculture; force est de reconnaître

la complexité de son système et de ses

procédures. L’idée est d’intégrer certains

aspects de développement durable dans la

prime de base avec des conditionnalités et

des obligations concrètes. Certes, il n’y aura


plus une seule PAC identique dans tous

les pays membres, les objectifs relatifs à la

réduction du CO 2

pourront par exemple

différer selon les stratégies nationales, mais

il y aura néanmoins un cadre commun.

Les agriculteurs peuvent-ils espérer une

diminution de la charge administrative?

Dans la mesure où la charge actuelle pèse

déjà trop sur leurs épaules, il faut veiller à

l’alléger. À chaque conseil des ministres ou

réunion de travail, il est rappelé que la place

d’un agriculteur, c’est sur le terrain.

C’est pourquoi au niveau national, nous

privilégions la digitalisation pour que

l’agriculteur ne doive encoder qu’une seule

fois les données. La plus grande partie des

demandes de primes sont depuis l’année

passée réalisables en ligne, ce qui facilite

beaucoup les contraintes administratives.

La politique agricole commune qui a été

faite pour le marché unique doit être perçue

comme une plus-value et non comme

un frein à son métier mais cela dépendra

beaucoup de la composition politique au

niveau européen…

Le tissu agricole européen s’est construit

durant des siècles afin de coller au plus

proche des populations; l’agriculture

industrielle a-t-elle irrémédiablement

détruit ce modèle du consommer local?

Il faut pouvoir faire cette distinction mais

le Luxembourg n’a pas d’agriculture

industrielle. Nous n’avons pas d’élevage

industriel, ni de présence trop importante

de bêtes dans les étables. Je pense que

l’avenir de l’agriculture européenne passera

par le retour des petites et moyennes

exploitations de meilleure qualité. Certes,

cela sera difficile à réaliser uniformément

dans tous les pays mais la nouvelle PAC

s’oriente déjà vers les jeunes, les petites et

les moyennes structures.

Romain Schneider

De nombreux agriculteurs luxembourgeois

réalisent une vente directe aux consommateurs.

Les campagnes d’information

et les événements des derniers mois nous

prouvent qu’il y a une réelle demande. Que

ce soit «Fro de Bauer», «De Bauerenhaff

an der Stad» ou encore la Foire agricole

d’Ettelbruck, c’est toujours la même

volonté de mettre le visage du producteur

sur le produit. Cela permet de créer, ou de

recréer un lien entre le consommateur et

l’agriculteur.

Mon ambition est d’améliorer l’image de

marque de l’agriculture dans les années à

venir et le meilleur moyen pour y parvenir

est de montrer ce qui s’y fait. n


52 LG

EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 226 - SEPTEMBRE 2019

MOBILITÉ

En balade avec

le Verkéiersverbond

Le Luxembourg participe à la Semaine européenne de la

mobilité depuis 2005 et c’est le Verkéiersverbond qui coordonne

cet événement depuis 2007. A l’occasion de cette nouvelle

édition, la communauté des transports luxembourgeoise

nous présente sa nouvelle application de calcul d’itinéraires

multimodaux et nous parle des différentes actions prises au

niveau national et également par les communes. Interview

avec Gilles Dostert, directeur général du Verkéiersverbond.

Martina Cappuccio et Gilles Dostert

Quelles sont les nouveautés que propose

le Verkéiersverbond à l’occasion de la

Semaine européenne de la mobilité?

A l’occasion de cet événement, nous avons

procédé à la refonte de notre site internet.

Nouveau design, nouvelles langues – le

site est désormais accessible en français,

allemand et anglais – et adapté aux personnes

malvoyantes, mobiliteit.lu est maintenant

équipé d’un calculateur de d’itinéraires

multimodaux qui intégrera les données

liées au trafic en temps réel. La marche, les

transports en commun, la voiture et le vélo

sont intégrés à l’application qui prendra

également en compte la disponibilité des

vélos partagés, des places dans l’application

CoPilote, des places de parkings et des bornes

de recharge pour véhicules électriques.

L’application proposera différentes chaines

de mobilité. L’utilisateur pourra choisir

son itinéraire en fonction des modes de


LG

EDITION SPÉCIALE

53

transport qu’il souhaite utiliser. Chaque

proposition sera accompagnée d’une

évaluation de son impact environnemental

par l’ajout d’une à plusieurs petites feuilles

symbolisant chacune un niveau de durabilité

plus grand.

Quelles sont les spécificités de cette

nouvelle édition?

Cette nouvelle édition sera placée sous le

thème «Marchons ensemble». Notre mode

de vie sédentaire implique que nous soyons

assis pendant une grande partie de la journée;

la marche est une façon simple d’inclure

l’activité physique dans le quotidien. Cette

mesure est économique, bonne pour la

santé et protège l’environnement; on

observe d’ailleurs que les villes modernes

tentent de reprendre de l’espace à la voiture

pour le rendre aux cyclistes et piétons.

Comment motiver les communes à

s’impliquer dans ce projet?

Nous avons mis en place un réseau

de coordinateurs locaux qui sont nos

interlocuteurs. Notre objectif est que

les communes ancrent l’organisation de

la Semaine européenne de la mobilité

dans leurs habitudes annuelles et qu’elles

remettent en question leurs pratiques.

La Commission européenne fait des

communes participantes des Golden Cities.

Ces dernières pourront prétendre à un

Golden Award en remplissant trois critères:

prévoir un programme d’une semaine

d’information et d’animation, prendre une

ou plusieurs mesures permanentes favorisant

la mobilité durable et enfin fermer pendant

une journée – idéalement le 22 septembre

– une ou plusieurs routes principales sur

leur territoire. Bissen s’était par exemple

illustrée en 2017, en se qualifiant dans le

top 10 des meilleures petites et moyennes

municipalités récompensées pour la SEM.

“Pour se lancer,

il suffit souvent

d’observer

les bonnes pratiques

dans d’autres villes!”

A l’heure actuelle, une trentaine de

communes se sont inscrites, dont un nombre

record de huit d’entre-elles respecteront les

trois critères. C’est le cas de Bissen, pour la

quatrième année consécutive, de Colmar-

Berg et Ettelbruck, pour leur troisième

édition consécutive, ainsi que de Contern,

Feulen, Mertzig, Schieren et Waldbillig.

Le fait de devoir fermer un axe principal

freine encore beaucoup de communes

– notamment Luxembourg-Ville – dans

leurs démarches. La capitale a toutefois

prévu un programme chargé d’animations

et sensibilisations à l’occasion de cet

événement.

En règle générale, les communes participantes

renouvellent l’expérience l’année

suivante. Bien qu’il s’agisse d’un long travail

d’organisation et de mise en place, il suffit

souvent d’observer les bonnes pratiques

dans d’autres villes pour se lancer! Cette

année, certains projets se démarquent,

comme celui des communes de Feulen et

Mertzig qui vise à fermer le 22 septembre

prochain un axe principal se situant à cheval

entre les deux entités afin d’y proposer un

tour à vélo, à trottinette ou à pieds.

La commune de Mertzig a également

mis en place un pédibus, soit un autobus

pédestre, qui propose aux enfants de se

rendre à pied, ensemble, à l’école. La

commune de Differdange a également

préparé un programme pour toute la

semaine, avec notamment une décoration

des arrêts de bus par les maisons relais et

maisons des jeunes, qui organiseront même

un vernissage au cours de cette semaine.

D’autres activités sont-elles prévues à

échelle nationale?

Nous prévoyons de distribuer pendant une

journée et à des points précis des sacoches

remplies de cadeaux aux cyclistes traversant

la ville de Luxembourg. En collaboration

avec les CFL, Info-Handicap, Luxtram, le

Fonds du Kirchberg et Lux Airport, nous

organiserons sur le parvis du pôle d’échange

Pfaffenthal-Kirchberg une journée où nous

sensibiliserons le public aux déplacements

accessibles et sécurisés pour tous. Les

usagers auront la possibilité de tester les

transports dédiés aux personnes à mobilité

réduite, comme des chaises roulantes ou

des vélos adaptés.

Le 20 septembre, nous organiserons

la quatrième édition de la conférence

«Fortbewegung & Fortschritt» à l’European

Convention Center Luxembourg. Cette

conférence, organisée tous les deux ans,

accueillera des intervenants nationaux

et internationaux qui parleront de leur

expertise dans le domaine de la mobilité.

Les 19 et 20 septembre, nous distribuerons

par ailleurs une petite carte pour piétons

à la gare centrale, afin de démontrer aux

navetteurs que les distances en ville sont

aisément gérables à pied. Enfin, tous les

transports en commun seront gratuits

au Luxembourg du 16 au 22 septembre.

Bien sûr, une mesure définitive prévoit

de rendre cette gratuité permanente dès

le mois de mars 2020. Nous sommes très

heureux de cette décision politique car elle

encouragera fortement l’utilisation des

transports en commun par les nouveaux

arrivants, les touristes, les personnes de

passage pour affaires,… Pour les habitants

et les frontaliers, cela représente également

une mesure sociale qui mettra tout le

monde sur un même pied d’égalité face au

coût des transports. n


54 LG

EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 225 - GUIDE DES COMMUNES 2019

MOBILITÉ

Le leasing s’invite

dans les communes

Acteur majeur du leasing au Luxembourg et à l’international,

LeasePlan propose ses services aux entreprises, au secteur

public ainsi qu’aux particuliers en partenariat avec la

Spuerkeess. Joel Fernandes, Country Manager chez LeasePlan

Luxembourg, revient sur les solutions et les avantages du

leasing afin d’améliorer la mobilité au Grand-Duché.

Pouvez-vous revenir en quelques mots

sur vos activités?

LeasePlan est une société néerlandaise

créée en 1963, implantée dans 32 pays et

installée au Luxembourg depuis 1988. Nous

sommes leader mondial du CaaS (Car-asa-Service)

avec nos solutions de leasing,

mobilité et gestion de parcs automobiles.

Nous proposons le financement de

véhicules toutes marques avec l’ensemble

des services liés dans une mensualité fixe

incluant désormais la gestion de l’énergie

pour les voitures électriques ou hybrides.

Notre objectif est d’offrir la meilleure

solution à nos clients afin de garantir et

d’optimiser la mobilité des sociétés, des

institutions publiques ou des particuliers.

Quels sont les avantages du leasing?

Un véhicule est un bien qui se déprécie au

fur et à mesure des années. Avec le leasing,

nous passons de l’achat à l’utilisation du

véhicule, donc de la propriété à l’usage. Il

y a un réel changement de paradigme car

la tendance est à la consommation de la

mobilité. Ainsi, nous offrons des solutions

clé en main avec un loyer mensuel qui

garantissent des avantages opérationnels et

financiers à nos clients. Cela, sans compter

les nombreux autres services autour de

l’utilisation du véhicule à savoir l’entretien,

l’assistance, l’assurance, le véhicule de

remplacement, les permutations de

pneumatique, la gestion du carburant ou

de l’électricité,… Tout est centralisé auprès

d’un point de contact unique: LeasePlan.

Nous misons également sur la digitalisation

des processus pour améliorer l’expérience

client, via une application mobile ou une

plateforme web pour faciliter l’utilisation de

nos services par exemple. Une équipe de 200

personnes développe de nouvelles solutions

digitales au sein du groupe pour répondre aux

besoins du marché en termes de gestion de

parcs automobiles et de mobilité en respectant

les spécificités luxembourgeoises.

Quels sont les autres avantages de

LeasePlan?

Notre rôle est aussi de conseiller les sociétés,

les particuliers, ou les institutions publiques

sur le meilleur choix à effectuer par rapport

à leurs besoins autour de trois axes. Le

premier concerne l’humain pour fidéliser

de manière personnalisée les collaborateurs

d’une structure en leur offrant une solution

de mobilité. Le second s’attache à l’aspect

financier avec l’objectif de réduire au

maximum les coûts du parc ou du budget

automobile. Enfin, le troisième axe est lié

aux aspects environnementaux et durables:

les démarches RSE (Responsabilité

Sociale des Entreprises) et la réduction de

l’empreinte carbone via l’électromobilité

notamment. C’est d’ailleurs sur ce dernier

point que LeasePlan a pris le parti d’être

précurseur.

Qu’en est-il au niveau de l’électromobilité?

A ce sujet, trois aspects sont primordiaux

au Luxembourg: les produits disponibles,

les infrastructures et les aides

gouvernementales. De plus en plus de

modèles sont aujourd’hui hybrides ou

électriques, l’enrichissement de l’offre

va s’accélérer dans les prochains mois

et années. L’industrie automobile et le

gouvernement luxembourgeois sont

acteurs et moteurs de l’électromobilité,

ce qui dynamise fortement notre activité.

Nous avons ainsi déployé une offre

«Start Electric» qui s’organise autour

de trois axes: les recharges publiques

où la facture est directement envoyée à

l’entreprise de la même manière qu’une

carte carburant, celles à domicile, où l’on

donne la possibilité d’installer des bornes

intelligentes qui gèrent le remboursement

immédiat de l’énergie consommée, et enfin,

celles au travail pour la gestion des bornes

en fonction des véhicules et des activités de

chacun des collaborateurs.

Le secteur public et notamment les

communes s’intéressent également au

leasing. Pouvez-vous nous en dire plus?

Nous sommes ravis de travailler

avec plusieurs institutions publiques.

Aujourd’hui, des budgets sont octroyés

aux communes pour l’achat des véhicules.

Le leasing peut représenter une alternative

intéressante pour gérer les budgets de

manière différente, sans mauvaises surprises

et sans problèmes de trésorerie.

Il est important, pour les institutions

publiques, d’optimiser la gestion de leurs

coûts de fonctionnement. Notre offre

leur permet d’avoir un budget fixe tout

inclus sur plusieurs années afin d’éviter des

coûts ponctuels en termes de véhicules,

qu’ils soient statutaires ou utilitaires.

Cela évite également les pertes de temps,

d’argent ou complications au niveau de la

gestion opérationnelle ou de la revente de

véhicules par exemple. Chez LeasePlan,

nous nous occupons de tous ces processus

contraignants.

L’intérêt n’est-il que budgétaire pour

les communes?

Budgétiser est certes l’un des arguments

premiers, mais il existe d’autres demandes.

Un véhicule utilitaire peut être livré nu ou

avec des aménagements spécifiques pour en

faire un réel outil de travail au quotidien.

Le leasing permet d’intégrer ces coûts

additionnels dans le loyer et donc de les

lisser sur plusieurs années.

Par ailleurs, nous proposons également des

solutions en matière de reprise de parcs de

véhicules existants. Il est ainsi très facile

de générer une entrée de trésorerie et de

passer de l’achat de véhicules au leasing,

avec les voitures actuelles ou nouvelles, en

incluant toutes les prestations de services

associés. n


Joel Fernandes


56 LG

EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 228 - NOVEMBRE 2019

MOBILITÉ

Électromobilité & photovoltaïque

Paul Wagner & Fils est une société spécialisée dans les

métiers de l’installation électrique et mécanique. Outre les

domaines de l’énergie, la sécurité, le chauffage, la ventilation,

la climatisation et la communication, l’entreprise couvre

également la gestion énergétique, les bornes de recharges et

le photovoltaïque avec un département dédié. Interview du

directeur technique Marcel Colbach et de Pascal Maquinay à

la tête du département énergie.

Comment pourrait-on présenter Paul

Wagner & Fils?

MC: Fondée à Luxembourg-Ville en 1984,

l’entreprise est installateur et prestataire de

services dans le domaine de l’équipement

technique. Ses activités la mènent à œuvrer

dans les bâtiments de bureaux, les hôpitaux,

les maisons de retraite, les écoles et lycées,

industries, etc. Elle assure également des

installations spécialisées dans les réseaux

informatiques, la sécurité des tunnels, les

prisons, etc.

Nous comptons 350 collaborateurs, dont

un personnel technique composé d’électriciens,

d’installateurs, de techniciens et

d’ingénieurs.

Parlez-nous de vos bornes de recharge…

PM: Nous avons déjà installé une centaine

de bornes de recharge chez nos clients,

la demande a significativement évolué

ces derniers mois et tout laisse à penser à

un crescendo pour 2020. Les institutions

étatiques et paraétatiques, sociétés de leasing,

compagnies de transport et entreprises sont

confrontées aujourd’hui à une demande

en infrastructure de charge du fait d’un

nombre croissant de véhicules électriques

en circulation. Nous accompagnons

étroitement ces clients au long du «switch

électrique» en identifiant avec eux les

solutions adéquates à leur besoin, de sorte

à garantir une mobilité maximale tout en

veillant à une maîtrise des coûts.

Notre offre en infrastructure de recharge

ne se limite pas à la fourniture d’une borne,

mais s’inscrit toujours dans un concept

intégral et évolutif. Nous analysons avec le

client les besoins actuels et futurs en tenant

compte principalement de trois aspects:

- Le premier est fonctionnel; si un client

privé peut généralement charger son véhicule

de manière «lente» pendant la nuit, une

entreprise doit maximiser l’utilisation de sa

flotte et charger plus rapidement ses véhicules.

- Pour l’aspect technique cela revient à

veiller à la mise en place d’une installation

électrique évolutive de sorte à anticiper les

besoins futurs et éviter les investissements

supplémentaires. Soit le client dispose d’un

raccordement à un réseau de moyenne

tension et il n’y a pas de restriction en

termes de nombre de bornes, soit il est

raccordé à un réseau basse tension. Dans ce

deuxième cas, nous pouvons gérer plusieurs

bornes via un système de plage horaires.

- Un autre volet important est la vocation

finale d’une borne: s’agit-il d’une borne à

destination publique avec refacturation

de l’utilisateur ou à un cercle restreint

d’utilisateurs? Nous proposons par exemple

des bornes «Chargy OK» compatibles

avec la mKaart Chargy, qui peuvent venir

compléter le réseau des 800 bornes de

charge déployées dans le pays d’ici 2020.

MC: Les réponses à ces questions auront

une incidence sur le matériel à installer,

sur l’installation électrique et finalement

l’interaction avec l’utilisateur final. Afin

de pouvoir répondre à cette multitude de

besoins différents, nous disposons d’une

large gamme de solutions à destination de

tous les segments de clients: des solutions

pragmatiques pour la recharge à domicile

aux chargeurs ultra-rapides à destination

de grandes structures. En parallèle, nous

suivons de près l’évolution technologique

du secteur et développons en permanence

notre offre en accord avec l’industrie

automobile.

Qu’en est-il de la demande en panneaux

photovoltaïques?

PM: Il y a cinq ans, nous avions déjà réalisé

l’installation photovoltaïque des toits du

Lycée de Rédange, qui est toujours la plus

importante du pays puisqu’elle atteint une

puissance de 1.400 kwc. Actuellement

nous réalisons des installations sur les

toitures de Cactus, Post, Luxtram. Nous

travaillons également sur un vaste projet

photovoltaïque au sol à Junglinster et

Beidweiler, où nous installerons une

puissance de 7 MWc.

MC: Nous réalisons les devis sur-mesure,

les travaux d’installation, la mise en

opération avec garantie matériel, services

de maintenance et outils de supervision.

Nous accompagnons nos clients dans leurs

démarches administratives afin de les faire

bénéficier des subventions étatiques.

“Bornes de recharge:

tout laisse à penser

à un crescendo

pour 2020”

Vous êtes également actifs dans le

remplacement de l’ancien éclairage par

du LED…

MC: En effet, les grands bâtiments comme

les centres commerciaux par exemple,

dont le réseau d’éclairage est ancien,

peuvent réaliser d’importantes économies

d’énergie grâce au LED. Nous réalisons

l’étude de remplacement en calculant le

montant des économies et nous proposons

des financements. L’Etat subventionne ces

projets et nous réalisons également toutes

les démarches administratives. n


LG

EDITION SPÉCIALE

57

Marcel Colbach et Pascal Maquinay


58 LG

EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 226 - SEPTEMBRE 2019

MOBILITÉ

Une passion au cœur

de l’entreprise familiale

Eric est un amoureux des poids-lourds mais son épouse Evelyne

ne veut pas le voir partir sur les routes une semaine durant.

Il trouve alors à l’interdiction de les conduire, l’autorisation

d’en prendre soin et crée leur société en 1995: Afco (qui sont les

initiales de leurs quatre filles). Le concept est simple, des unités

mobiles se rendent sur les sites des transporteurs pour nettoyer

l’extérieur et désinfecter l’intérieur les caisses alimentaires.

L’entreprise est dorénavant forte de 24 ans d’expérience et d’une

vingtaine d’employés. Afin de répondre à la clientèle du Benelux,

une franchise a été ouverte à Remich en 2014 sous le nom de

Charbo Lux. Interview de sa directrice, Océane Charbonnier.

Parlez-nous des origines de Lavage Charbo

Lux…

C’est l’histoire d’une passion familiale.

Mon grand-père était conducteur routier

et passait des heures à nettoyer son tracteur

tous ses samedis. Il a transmis le virus à mon

père qui me l’a transmis à son tour. C’est

donc tout naturellement que j’ai passé mon

permis super-lourd.

Très rapidement, de grands groupes de

transport français nous ont fait confiance

comme Stef, PetitForestier, TransGourmet,

Pomona ou Lidl. Ces derniers disposent de

pôles qualité structurés avec qui j’ai façonné

un partenariat en tant que responsable de

nos techniciens de lavage. Au fur et à mesure

de l’accroissement de notre clientèle, nos

unités mobiles se sont mises à sillonner

presque tout le territoire français.

Le Grand-Duché est un axe de transit

important pour le transport routier et

mes parents m’ont demandé de diriger la

franchise de Remich il y a deux ans.

Quelles sont vos activités?

Nous sommes spécialisés dans la gestion

du nettoyage des parcs poids lourds. Il peut

s’agir d’un lavage standard extérieur, d’une

désinfection intérieure, d’une rénovation

aluminium, d’un nettoyage de cabines, etc.

Nos équipes interviennent directement sur

le site du client grâce à nos unités mobiles

conçues par nos soins afin de travailler en

parfaite autonomie.

Nos clients ont des activités diverses

comme le transport de marchandises, de

médicaments ou alimentaire mais nous

comptons aussi de nombreuses communes

et des sociétés de travaux publics pour

lesquelles le nettoyage des engins utilisés est

une étape indispensable.

Nos activités se sont logiquement diversifiées

à la demande de nos clients. Nous

réalisons donc également le nettoyage et la

désinfection des cuisines professionnelles,

des entrepôts frigorifiques, des hangars

de stockage, des quais de déchargement,

etc. Nous avons formé et équipé nos

collaborateurs afin de répondre aux besoins

spécifiques des entreprises et collectivités.

Nous pouvons également intervenir en

urgence dans certains cas comme par

exemple l’explosion d’une cuve à engrais,

le changement inopiné de chauffeur,

l’acquisition d’une voiture d’occasion chez

un concessionnaire automobile, etc.

Charbo Lux est-il soucieux du respect

de l’environnement?

Il en va à la fois de notre responsabilité

sociale et de notre raison commerciale.

Nos unités mobiles consomment trois

fois moins d’eau qu’une station de lavage

standard et sont renouvelées tous les

quatre ans. Équipées d’un matériel fait surmesure,

elles sont parfaitement autonomes

en électricité et permettent un nettoyage

haute pression (250 bars) avec une eau à

70 degrés. Nous utilisons des brosses de

lavage conçues par un maitre brossier afin

de préserver les carrosseries qui sont bien

différentes de celles des voitures.

En outre, les produits de nettoyage que

nous utilisons sont biodégradables à plus de

99% et proposons des gammes 100% bio.

Lorsque nous intervenons sur un site qui

ne dispose pas de réseau de recyclage des

eaux souillées, nous mettons en place des

filtres hydrocarbures dans les regards afin

de filtrer les résidus de carburant, chimie et

autre. Ce filtre est à changer tous les trois

mois. Nous avons également la possibilité

de récupérer les eaux usées afin de les

acheminer vers un circuit de traitement

spécialisé déjà présent sur site.

Enfin, nous travaillons depuis un an sur un

projet de recyclage et de réutilisation de nos

eaux de lavages. Toute la difficulté réside à

trouver un système adapté à nos activités

et qui puisse pomper, filtrer et recycler à la

même cadence que notre rythme de travail.

Quels sont les avantages de vos offres?

Actuellement les chauffeurs ont deux

solutions pour réaliser le nettoyage de leur

véhicule professionnel: soit ils passent des

heures à le nettoyer avec un matériel non

adapté, soit ils le passent dans un portique

de lavage qui les oblige à faire un détour et

à attendre leur tour. Beaucoup d’entreprises

de transport ont investi dans des stations de

lavage. Ces dernières représentent néanmoins

des coûts considérables d’entretien qui

s’envolent rapidement en cas de panne ou de

modernisation. Sans compter que la gestion

des produits, du matériel, des plannings, de la

récupération des eaux usées, de la sécurité et

des procédures est fastidieuse.

Lavage Charbo Lux représente un confort

non négligeable en termes de bien-être au

travail et d’économies pour nos clients.

Offrant nos services sept jours sur sept, les

temps d’immobilisation des véhicules de

nos clients sont ainsi optimisés. C’est aussi

l’assurance du respect des règlementations

en vigueur et nous remplissons des

certificats de désinfections que nous

envoyons à nos clients à chaque prestation.

Notre personnel est qualifié aussi bien au

niveau du permis SPL, que des formations

internes sur les procédures, les produits et

la satisfaction du client. Nos équipes sont

sous la tutelle de notre chef d’équipe et les

nouveaux entrants sous l’accompagnement

de nos trois tuteurs.

D’autant plus que nos offres sont très

attractives; une cinquantaine d’euros

suffisent pour le nettoyage intérieur et

extérieur d’un porteur et 80 euros pour une

semi-remorque. n


LG

EDITION SPÉCIALE

59

Océane Charbonnier


60 LG

EDITION SPÉCIALE

EMPLOI & FORMATION

Gérer humainement

ses ressources

Avec 85 employés répartis sur deux sites au Luxembourg,

ALD Automotive veille à créer un environnement de travail

épanouissant pour ses collaborateurs, en témoignent ses

labels ESR et Great place to work. Se différenciant par l’aspect

humain de son approche, sa hiérarchie est respectueuse,

à l’écoute du personnel et surtout garante d’une ambiance

conviviale. Ségolène Richardeau, HR Manager, revient avec

nous sur la philosophie de gestion des ressources humaines de

l’entreprise tandis que Gerrit Canipel, directeur commercial,

nous présente les solutions de mobilité permettant d’attirer,

conserver et motiver son personnel.

Comment se déroulent le recrutement

et l’accompagnement de nouveaux collaborateurs?

A travers un processus de recrutement

transparent, nous ouvrons d’abord nos postes

vacants en interne avant de les référencer

sur notre site dédié jobs.aldautomotive.lu.

Contrairement à d’autres secteurs, nous

ne rencontrons pas de difficulté à recruter

car nous nous concentrons surtout sur la

recherche de soft skills, comme le sens du

service et l’écoute du client. Les différents

métiers que nous rassemblons autour de

l’activité de leasing peuvent quant à eux

s’apprendre en entreprise.

Nos nouvelles recrues suivent un programme

d’accueil, de formation et d’immersion de

28 heures réparties sur trois mois. Après

une présentation générale de la société, elles

passent ensuite dans chaque département

afin de se familiariser avec les processus de

l’entreprise et de s’intégrer plus facilement

à l’équipe. Un système de parrainage est

Ségolène Richardeau


LG

EDITION SPÉCIALE

61

également mis en place pour que le nouvel

arrivant ait un référent en cas de question.

En quoi consiste l’évaluation des employés?

Les employés sont informés en début

d’année de leurs objectifs personnels,

mais aussi de ceux des départements et de

l’entreprise en général. Si les huit objectifs

globaux essentiels sont atteints, l’équipe

bénéficie d’un incentive l’année suivante;

chaque trimestre, nous faisons avec eux

le point sur la progression des résultats

et des projets. L’évaluation annuelle à

réaliser en ligne est aussi l’occasion pour

les collaborateurs de s’exprimer sur les

différents aspects de leur travail.

Notre management est ouvert, disponible et à

l’écoute, et ce, jusqu’au niveau de la direction

qui ne demande qu’à avoir un retour des

personnes de terrain. Globalement, nous

avons intégré les valeurs du groupe Société

Générale que sont l’esprit d’équipe, la

responsabilité, l’innovation et l’engagement;

nous veillons également à instaurer un cadre

de travail convivial où règne la bonne humeur.

“Répondre aux

besoins exprimés par

les collaborateurs

ou managers

par la formation”

Qu’en est-il de la formation du personnel?

Nos formations répondent aux besoins

exprimés par les collaborateurs ou

managers dans le cadre de leur travail ou

lors d’un changement de fonction. Par

exemple, nous avons récemment organisé

des formations ouvertes à tout le personnel

concernant l’évolution des motorisations,

leur impact sur le marché et les normes qui

les régissent. Nous créons dans ce cadre

des formations sur-mesure mais participons

également aux formations dispensées par

les professionnels du secteur automobile.

D’autres formations, comme le

«Keskonfaisi» développé par Pétillances,

sont organisées pour prévenir de problèmes

que nous ne rencontrons pas forcément mais

dont nous ne sommes pas à l’abri, comme la

gestion du stress qui peut déboucher sur des

cas de burn-out.

Comment renforcez-vous la cohésion

de l’équipe?

Au départ, notre équipe est constituée

de personnes attachant de l’importance

à des valeurs communes. Ensuite, nous

encourageons une communication informelle

entre toutes les personnes de tous les

départements, des team buildings sont aussi

d’autres moments renforçant les liens entre

les collaborateurs.

Cette année nous avons par exemple créé

quatre comités autour de thématiques telles

que le sport, la culture, l’environnement et

le mécénat. Ces groupements réunissent

des collaborateurs sur base volontaire,

organisant des événements d’entreprise

liés à leur thématique. Dans ce cadre, le

comité environnement a proposé l’achat

de cendriers qui permettront de recycler

les mégots; le comité sport organise au

niveau Benelux une ascension à vélo tous les

deux ans; le mécénat choisit chaque année

une association élue avec le personnel et

organise des activités visant à récolter des

fonds pour celles-ci. A titre d’exemple,

l’équivalent de 79.000 euros ont été investis

dans différentes actions solidaires en 2019.

Comment votre ancrage local se traduitil

dans vos activités?

Toutes nos prestations sont assurées à

partir du Luxembourg et nos partenaires

sont pour la plupart locaux, il est donc

important que l’équipe parle les langues du

pays, connaisse le marché et soit proche de

ses clients. En tant qu’acteur économique

local, nous sommes d’ailleurs labellisés

«Made in Luxembourg».

Pour répondre au défi national de la mobilité

et soutenir nos collaborateurs, nous avons

mis en place depuis 2016 une politique

d’horaires flexibles et les avons équipés

d’ordinateurs portables leur permettant de

travailler depuis leur domicile en cas de

difficultés sur la route. Nous encourageons

par ailleurs le covoiturage; lors de la semaine

de la mobilité en septembre dernier, nous

avions par exemple animé un atelier visant

à faire se rencontrer les personnes habitant

dans une même région pour les inciter à

covoiturer.

Quels efforts avez-vous mis en place

dans le cadre de l’obtention du label

Great place to work?

Nous avons d’abord monté un dossier

RH détaillant toutes nos actions. Les

collaborateurs ont ensuite été invités à

répondre à un questionnaire de satisfaction

par lequel ils ont évalué l’entreprise

selon cinq grandes thématiques (équité,

convivialité, fierté, respect et crédibilité).

En parallèle, nous leur avons demandé

d’identifier cinq actions qui permettraient

à l’entreprise d’évoluer. Ainsi, lors de notre

seconde évaluation, nous avions progressé

dans tous les domaines et avons atteint un

niveau de satisfaction de 88%.

Notre engagement se traduit également

par la ratification de la charte de la diversité

en 2013, grâce à laquelle nous pouvons

échanger de bonnes pratiques avec d’autres

entreprises luxembourgeoises. Enfin, nous

avons obtenu le label ESR en 2011 et

continuons dans ce cadre à respecter une

équité dans le traitement du personnel

indépendamment de son âge, sexe,

formation, expérience,… L’environnement

de travail est convivial et permet l’échange

autour des fontaines à eau ou machines à café

gratuit. Chaque employé gère son temps

comme il l’entend, en toute autonomie,

pour atteindre les objectifs individuels et

collectifs fixés en début d’année. n


62 LG

EDITION SPÉCIALE

EMPLOI & FORMATION

People Profit Planet: une approche générale de mobilité

Gerrit Canipel, directeur commercial

Comme présentée dans nos précédentes éditions (LG228 et LG229,

novembre et décembre 2019), l’application Mobilité d’ALD Automotive

nous aide à construire avec le client le modèle de mobilité vers lequel

il souhaite tendre. L’ensemble de nos solutions y est proposé selon

l’approche des trois «P», à savoir People, Profit, Planet. Chaque entreprise

élabore en effet sa stratégie de mobilité en trouvant un équilibre entre

l’humain, le financier et l’environnement. Les solutions proposées impactent

généralement plusieurs niveaux, même si l’un d’entre eux est forcément

privilégié. Après les axes Planet et Profit, le People se décline lui aussi en

trois strates de solutions qui consistent cette fois à 1. attirer, 2. conserver et

3. motiver les ressources humaines de l’entreprise.

Chaque solution favorisant l’axe People agit simultanément aux trois

niveaux de la pyramide. Par exemple, nous proposons la création ou

l’actualisation de la Mobility Policy de l’entreprise pour l’aligner aux

besoins des employés. Nous auditons pour cela la mobilité au sein

de l’entreprise ou vérifions l’alignement des budgets et des limites

d’émissions de CO 2

à la moyenne du marché. Nous voyons ensuite

quel outil fiscal peut être mis en place pour intégrer des voituressalaires

ou de fonction supplémentaires dans l’entreprise.

Pour offrir davantage de flexibilité, notre programme «Cash or

Mobility» permet aux employés d’utiliser une partie ou la totalité

de leur variable pour financer une solution de leasing opérationnel

destinée au moyen de mobilité de leur choix. Cette offre peut être

combinée à l’ALD Switch qui propose l’utilisation d’un véhicule moins

onéreux au quotidien, tout en créant une provision pour l’utilisation

d’un véhicule plus coûteux répondant à un usage ponctuel.

Dans un contexte de «guerre des talents», ces derniers feront souvent

le choix d’un employeur selon le degré d’accessibilité de l’entreprise.

Il est possible de l’améliorer par l’intégration des transports en

commun dans la Mobility Policy, par la mise à disposition de places

de parking ou leur gestion intelligente via une application développée

par des prestataires avec lesquels nous pouvons les mettre en

contact. L’entreprise peut également faciliter le covoiturage entre

collaborateurs; notre partenaire Moovee peut dans ce cadre créer une

communauté de partage de trajets. En complément, il peut mettre en

place des solutions de voitures, vélos, et trottinettes partagés pouvant

être utilisés pendant la journée de travail, au départ de l’entreprise.

Tout le cycle d’utilisation est pris en charge par l’application à savoir la

réservation, la gestion des clefs, des dégâts, la recharge,…

Pour motiver les employés, notre service «in-out» propose une alternative

à la rupture d’un contrat ou à l’adaptation de sa durée lorsqu’un employé

quitte l’entreprise avant la fin de son contrat de leasing. Via cette offre,

nous établissons un rapport intermédiaire de restitution, nettoyons le

véhicule en profondeur et procédons à des réparations si nécessaire.

En le remettant à neuf, il peut être confié à un autre employé tout en

conservant sa satisfaction par rapport à son véhicule.

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L-8010 Strassen

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selon la durée et le kilométrage qui vous conviennent. Alors n’hésitez plus, demandez-nous votre offre sur-mesure.

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64 LG

EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 226 - SEPTEMBRE 2019

EMPLOI & FORMATION

Les PME, le poumon

économique

du Luxembourg

Arthur Meulman et Jean Muller

Plus que dans tout autre pays de l’Union européenne, les

PME constituent le véritable moteur de l’économie au Grand-

Duché. D’après un rapport du Small Business Act (SBA) de la

Commission européenne, celles-ci représentent à elles seules

99% des entreprises luxembourgeoises, plus des deux tiers de

l’emploi et quelque 70% de la valeur ajoutée. Quels sont leurs

défis et leurs perspectives d’avenir? Réponses avec une interview

croisée de Jean Muller, CEO des Moulins de Kleinbettingen,

et d’Arthur Meulman, directeur général de jobs.lu.

D’après vous, quelle qualité première

doit avoir un dirigeant de PME?

JM: C’est l’empathie. Il faut être capable

de comprendre ses collaborateurs. Engager

des personnes qualifiées ne suffit pas, encore

faut-il pouvoir les faire travailler ensemble.

Lorsque nous engageons un collaborateur,

nous insistons beaucoup sur la culture

d’entreprise. Il est impératif pour nous que

celui-ci puisse adhérer rapidement à nos

valeurs.

AM: La coopération est primordiale. Dans

notre processus de recrutement, le candidat

reste pendant une demi-journée au sein

de sa future équipe. Nous pouvons ainsi

juger si celui-ci s’intègre facilement, s’il se

sent à l’aise et apprécie le contact avec ses

futurs collègues. Une alchimie doit très vite

se produire. Sinon, cela ne fonctionnera

pas même si la personne a toutes les

compétences requises pour le poste vacant.

Quels avantages présentent les petites

structures par rapport aux grandes

entreprises?

JM: La réactivité est également un de nos

points forts. Le taux de rotation de nos

collaborateurs est pratiquement inexistant

et nous entretenons des relations sur le

long terme avec nos clients. Ces deux

facteurs font que nous sommes une équipe

très soudée qui a une connaissance très

approfondie de sa clientèle, analyse les

problèmes avec rapidité et peut facilement

s’adapter en fonction de l’évolution du

marché.

AM: Tout d’abord le management humain

de proximité. Chez jobs.lu, nous pratiquons

la politique de la porte ouverte pour tirer

au maximum profit de notre intelligence

collective. Chacun est à la disposition de

l’autre pour l’écouter et l’aider. En tant que

directeur, je reste très accessible et tout le

monde peut me solliciter en cas de besoin.

“La coopération

et la confiance

sont les facteurs

clés de la réussite

pour toute PME

qui veut faire du

business au Grand-

Duché”

Moulins de Kleinbettingen et jobs.lu

ont une forte présence locale avec une

dimension internationale. Comment

combinez-vous ces deux dimensions

dans votre travail quotidien?

JM: Toute entreprise établie au Luxembourg

veut naturellement se développer

à l’étranger étant donné la petite taille

du marché local. De plus, étant donné

la population multiculturelle qui vit et

travaille dans notre pays, la plupart des


LG

EDITION SPÉCIALE

65


66 LG

EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 226 - SEPTEMBRE 2019

EMPLOI & FORMATION

dirigeants de PME luxembourgeoises

ont intégré dans leur management cette

dimension internationale. Aux Moulins

de Kleinbettingen, nous ne faisons aucune

différence entre le marché local dans lequel

nous sommes fortement implantés et le

marché international où nous écoulons

80% de notre production.

“Toute entreprise

établie au

Luxembourg

veut naturellement

se développer

à l’étranger étant

donné la petite taille

du marché local”

AM: jobs.lu fait partie de StepStone, un

des leaders mondiaux du recrutement en

ligne. Cette dimension internationale nous

est d’une grande utilité dans notre activité

quotidienne car nous pouvons partager nos

expériences et nos meilleures pratiques avec

les autres sociétés du réseau partout dans le

monde. C’est d’ailleurs grâce à cet échange

permanent avec le réseau que nous sommes

devenus en l’espace de quelques années

l’expert dans notre secteur au Luxembourg

et dans la Grande Région.

Comment percevez-vous le marché

luxembourgeois? Qu’est-ce qui le distingue

des autres?

JM: La confiance est un élément décisif

pour faire du business au Grand-Duché.

Ici, tout le monde se connaît et se parle.

On attache beaucoup d’importance à

la parole donnée et une promesse non

tenue peut sérieusement entacher votre

crédibilité. Ainsi, pour lancer notre gamme

«Produits du terroir» issue de l’agriculture

locale, nous avons auparavant dû gagner la

confiance des fermiers luxembourgeois.

AM: Comme partout en Europe, le

Luxembourg connaît une pénurie

de compétences dans de nombreux

secteurs. A cela s’ajoute une dimension

multilingue. Au Luxembourg, quatre

langues sont couramment utilisées dans

le monde du travail: le luxembourgeois,

l’allemand, l’anglais et le français. De plus,

la préférence vers telle ou telle langue

évolue d’année en année. Nous avons

récemment constaté que des candidats

sachant parler l’allemand étaient de plus en

plus recherchés. Auparavant, c’était plutôt

le français. Chez jobs.lu, notre rôle est

précisément d’apporter tout notre savoirfaire

pour aider les employeurs à trouver la

perle rare. n

Jean Muller

«Il faut savoir écouter et encourager»

Jean Muller est le descendant d’une longue

lignée de meuniers. Avant de devenir le CEO

de Kleinbettingen, il a suivi des études en

économie et en finance et s’est formé au métier

de meunier. «Ma formation en économie m’a

beaucoup aidé car la meunerie est devenue

complexe et implique un processus industriel

important. Les compétences humaines sont

également essentielles dans mon activité

professionnelle et je pense que c’est le cas

pour tous les métiers. Il faut savoir écouter,

comprendre et encourager».

Arthur Meulman

«Je fais confiance à mes équipes»

Arthur Meulman a travaillé pendant 17 ans

comme sales manager au sein du groupe

StepStone avant de rejoindre le Luxembourg

en février 2018. «Grâce à mon parcours

professionnel, je comprends les défis

auxquels sont quotidiennement confrontés

mes collaborateurs. Pour les sales managers

en particulier, je ne leur fixe jamais des

objectifs que j’aurais été incapable

d’atteindre moi-même quand j’occupais la

même position qu’eux. Je fais aussi confiance

à mes équipes. Elles connaissent mieux que

moi la réalité du terrain au Luxembourg».


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Luxembourg à partir de 01.01.2020

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68 LG

EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 226 - SEPTEMBRE 2019

EMPLOI & FORMATION

Le Luxembourg Lifelong Learning

Center propose deux nouveaux

masters en formation continue

Installé depuis janvier dans un bâtiment flambant neuf à

Luxembourg-Bonnevoie, le Luxembourg Lifelong Learning

Center (LLLC) de la Chambre des salariés sonne la rentrée

académique avec le lancement de deux nouveaux masters

en partenariat avec l’IAE Metz School of Management de

l’Université de Lorraine.

Le premier cursus universitaire, le Master

Management des Organisations du

Secteur Sanitaire et Social s’adresse

aux professionnels du secteur sanitaire

et social (directeurs d’établissements,

médecins, cadres de santé, managers de la

qualité et des risques, etc.) confrontés à des

problématiques managériales.

Les environnements et les modes de

gouvernance dans le domaine sanitaire

et social ont beaucoup évolué au cours

des dernières années. Les professions

sanitaires et sociales doivent aujourd’hui

posséder, au-delà de leurs compétences

techniques spécifiques, des compétences

transversales leur permettant de répondre à

des enjeux liés à la conduite du changement

et à une gestion efficiente. Le master

entend préparer les étudiants à ces défis

en les formant au management de projets

complexes, à la gestion des processus et

des flux, à la prospective, à l’audit, à la

coordination et l’évaluation des activités, à

la gestion des pôles, à la qualité, etc.

L’originalité de la formation repose sur

les liens étroits entre l’enseignement, la

recherche académique, et la rechercheintervention

menée au sein des

établissements sanitaires, sociaux et

médico-sociaux. Cette articulation permet

de maintenir une adéquation forte entre

les besoins des professionnels des secteurs

sanitaires et sociaux et les contenus de

formation du master.

également accessible dans le cadre d’une

procédure de validation des acquis.

Une séance d’information gratuite sur le

cursus aura lieu le lundi 23 septembre 2019

à 17h30 au Luxembourg Lifelong Learning

Center.

Un deuxième programme universitaire

sera proposé à partir de janvier 2020.

Le Master Contrôle de Gestion et

Audit Organisationnel vise à former

des spécialistes capables d’assumer, dans

un contexte international, des missions

dans les domaines du pilotage de centres

de responsabilité, de gestion des coûts et

des performances, de management des

investissements et des financements, de

maîtrise de l’information comptable et

financière.

La formation permet d’acquérir les

connaissances et les bonnes pratiques

en stratégie d’entreprise et permet

de comprendre la place des systèmes

d’information, le contrôle interne, la

mesure de la performance et son impact sur

la gestion des ressources humaines.

Elle compte plus de 400 heures au total et

s’étend sur deux ans. Les cours se déroulent

les jours de semaine en soirée et les samedis

en journée. L’accès se fait sur dossier pour

les détenteurs d’un bac+4 ou dans le cadre

d’une validation des acquis professionnels

pour les autres intéressés.

Des séances d’information sur les formations

universitaires, sur les congésformation

et sur les aides financières

pour formation continue

Le LLLC organise régulièrement des

séances d’information pour toutes les

formations universitaires et spécialisées qu’il

propose, ainsi que sur les dispositifs d’aide

à la formation continue, les conditions et

les démarches associées ou encore sur la

validation des acquis de l’expérience.

“Maintenir une

adéquation forte

entre les besoins

des professionnels

et les contenus

de formation”

Voici un aperçu des séances à venir prochainement:

- Séance d’information du 23.09.19 sur

le nouveau «Master Management des

Organisations du Secteur Sanitaire et

Social».

- Séance d’information du 16.09.2019 en

français et du 30.09.2019 en anglais sur les

dispositifs d’aide à la formation continue,

les conditions et les démarches associées.

- Séance d’information du 07/10/19 en

français et du 14/10/19 en luxembourgeois

sur la validation des acquis de l’expérience.

Consultez régulièrement la rubrique

«Actualités» de notre site www.LLLC.lu

pour être informés des dates prévues toute

au long de l’année. n

La formation débute le 18 octobre 2019.

Elle porte sur environ 300 heures et se

donne en principe les vendredis et les

samedis au Luxembourg. Elle est ouverte

aux titulaires d’un bac+4, mais elle est

Pour tout renseignement supplémentaire,

veuillez-vous adresser au LLLC,

2-4, rue Pierre Hentges, L-1726

Luxembourg, tél.: +352 27 494 600,

e-mail: formation@LLLC.lu, www.LLLC.lu.


XXXX

2019

_

LG

EDITION SPÉCIALE

69

Master

Contrôle

de Gestion

Audit

Organisationnel

Master

Management

des Organisations

du Secteur

Sanitaire et Social


70 LG

EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 224 - JUILLET/AOÛT 2019

EMPLOI & FORMATION

Un marché du travail

mi-figue, mi-raisin

PAR ADELINE JACOB

Entre revalorisation du salaire social minimum et hausse du

taux de chômage ou encore rémunération des stages pour

jeunes et dégradation des conditions de travail, la situation

sur le marché de l’emploi est en demi-teinte. Six mois après

le début de son mandat au ministère du Travail, de l’Emploi

et de l’Économie sociale et solidaire, Dan Kersch commente

cet état des lieux mitigé. Interview.

Depuis le début de l’année, le taux

de chômage ne cesse d’augmenter et

s’établit, au 31 mai, à 5,5% selon les

calculs du Statec. Comment expliquezvous

cette hausse?

Précisons que, avant d’augmenter, le

chômage a baissé pendant presque un an.

L’économie tournait et, avec toutes les

actions menées à l’ADEM, cela nous a

permis de réduire le chômage. Maintenant,

on constate, dans certains secteurs

économiques, un certain ralentissement

qui se répercute directement sur le taux

de chômage. D’autre part, les dernières

discussions sur un éventuel changement

du système européen des allocations

de chômage ont amené beaucoup de

frontaliers à s’inscrire à l’ADEM, ce qui a

naturellement fait augmenter nos chiffres.

Bien que rien n’ait encore été décidé, les

frontaliers ont compris qu’ils avaient la

possibilité de s’inscrire comme demandeurs

d’emploi au Luxembourg. Nous les

inscrivons comme nous l’avons toujours

fait, sans problème, contrairement à ce qui

a été dit.

Selon la Chambre des salariés (CSL), les

demandeurs d’emploi en situation de

handicap ou à capacité de travail réduite

et à la recherche d’emploi depuis plus

d’un an peinent toujours à se réinsérer

sur le marché du travail. Quelles sont les

mesures qui peuvent être prises par le

politique pour améliorer leur situation?

C’est tout à fait vrai. J’ai récemment eu une

grande réunion avec les ateliers protégés,

qui occupent pour le moment quelques

1.120 travailleurs avec le statut handicapé,

et je leur ai annoncé que je voulais faire

passer ce chiffre à 2.000 avant mon départ

du ministère. D’autre part, je veux créer

davantage de synergies avec ceux-ci et

les initiatives sociales pour employer des

salariés qui ont le statut de personne en

reclassement professionnel externe. Trop

de gens se trouvent exclus du marché

de l’emploi seulement parce qu’ils ont

été reclassés. C’est un réel problème car

beaucoup de main d’œuvre et de savoir-faire

s’en trouvent inexploités. Actuellement,

il y a 34 initiatives sociales qui emploient

quelques 2.000 salariés. Je veux vraiment

trouver un accord avec les initiatives

sociales et les ateliers protégés pour qu’ils

embauchent davantage dans leurs secteurs

administratifs respectifs.

Mesure phare du gouvernement, la

revalorisation du salaire social minimum

vient d’être actée ce mardi 25 juin à la

Chambre des députés. Quels bénéfices

les salariés peuvent-ils attendre?

Ils peuvent espérer ce que nous avions

promis. Concrètement, les salariés auront

100 euros nets supplémentaires par mois,

autrement dit 1.200 euros par an, ce

qui est déjà important. De nombreuses

personnes nous disent maintenant que

ce n’est pas assez, d’autres estiment que

c’est intenable pour les petites entreprises.

Personnellement, je crois que c’est un bon

compromis. Pour moi, c’est une question

d’honnêteté, d’équité. Il est important que

ceux qui travaillent aient la possibilité de

vivre décemment. C’est pour cela que j’ai

soutenu cette revendication dès le début.

Pour le parti [ndlr: LSAP], c’était une

ligne rouge: si nous n’avions pas réussi à

persuader nos partenaires de l’importance

de cette mesure, nous ne serions pas entrés

dans le gouvernement. Nous les avons

persuadés et nous l’avons fait.

Fin mai, à l’issue d’une réunion avec

les représentants de l’Union des

Entreprises Luxembourgeoises (UEL),

des associations d’étudiants ACEL et

UNEL, et de la CSL, vous avez assuré

que tous les stages pour jeunes seraient

rémunérés par les entreprises. Pouvezvous

nous donner quelques précisions

sur ce projet de loi?

Ce projet avait déjà été déposé par mon

prédécesseur. Les premières consultations

avaient révélé un désaccord entre les

syndicats, la CSL et les organisations

des étudiants. J’ai remis tout le monde

autour de la table et nous avons trouvé des

solutions. Si le projet de loi est voté par la

Chambre des députés, tous les stages seront

rémunérés suivant des normes que nous

aurons définies. Je suis vraiment satisfait que

nous ayons trouvé un accord qui convienne

à l’UEL en modifiant la prescription sur

le nombre maximal de stagiaires par an.

Nous nous sommes aussi mis d’accord sur

le fait que les étudiants devaient avoir, dans


l’entreprise qui les accueille, un partenaire

qui les suive et qui rédige un compte-rendu

de leur travail afin qu’ils aient une référence

pour se présenter devant d’autres patrons

par la suite.

Selon le «Panorama social 2019»

dressé par la CSL, les conditions et la

qualité de l’emploi au Grand-Duché

semblent se dégrader: précarisation,

travail dans l’urgence, charges mentale

et émotionnelle élevées, difficulté

grandissante à trouver un équilibre

entre vie privée et vie professionnelle, ...

Quel est votre sentiment par rapport à

ce constat? Et quels sont les moyens que

vous désirez développer pour améliorer

le bien-être au travail?

Il ne faut pas se contenter de citer la CSL;

d’autres études vont dans la même direction.

Mais je crois qu’il faut nuancer: on ne peut

pas dire qu’il y ait une augmentation du stress

ou du harcèlement dans tous les secteurs du

marché du travail. Il faut toutefois voir les

problèmes qui surgissent. Et, c’est vrai, on

en rencontre beaucoup plus qu’il y a dix ans.

Je crois qu’il faut réagir dans deux domaines.

Le premier, c’est le dialogue social dans

l’entreprise. Je fais tout pour que davantage

d’entreprises adoptent une convention

collective de travail. Malheureusement, je

vois que l’évolution prend une direction

contraire. On en arrive alors à une situation où

le législateur doit prendre ses responsabilités

et il y a deux choses à faire: premièrement,

renforcer cet instrument qu’est la convention

collective, par exemple, en donnant plus de

flexibilité aux entreprises et, deuxièmement,

renforcer le code du travail. Le droit du travail

a été créé pour protéger les plus vulnérables

dans la relation entre patrons et salariés et,

traditionnellement, ce sont les salariés. S’il

y a de moins en moins de contrats à durée

indéterminée et de plus en plus de relations

qui ne sont pas couvertes par le code du

travail, alors il faut réagir et adapter ce dernier

à l’évolution du marché. C’est ce que nous

sommes en train de faire.

Dan Kersch

Actuellement, la digitalisation du

marché du travail reste encore

assez abstraite pour bon nombre de

salariés. Toutefois, le développement

des compétences pour faire face à la

révolution numérique fait partie de vos

priorités. Comment le gouvernement

entend-il préparer la population active à

affronter ce défi?

La formation est essentielle pour faire face

à la révolution numérique. J’en reviens dès

lors à la problématique de la convention

collective car il y est clairement établi que le

patron doit assurer une formation continue

à ses salariés. Or, ceux qui n’ont pas signé

pareille convention n’ont pas ce droit qui

est primordial pour exister dans le monde

du travail. Si l’écart devait encore se creuser

entre les uns et les autres, il reviendrait

au législateur de l’inscrire dans le code du

travail. C’est ce dont je discute actuellement

avec les patrons. n


72 LG

EDITION SPÉCIALE

Remise officielle du label ESR à 38 entreprises

La 18 e cérémonie de remise officielle du label «ENTREPRISE RESPONSABLE», organisée par l’INDR, s’est

déroulée le 3 décembre à la Chambre de Commerce en présence de Paulette Lenert, ministre de la Protection

des Consommateurs, et ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire. A cette occasion, le label ESR

a été remis officiellement au nombre record de 38 entreprises ayant répondu avec succès aux critères de la

démarche de labellisation de l’INDR. Cette édition a également été marquée par la labellisation d’un lycée, une

première depuis l’existence du sésame.

Advanzia Bank S.A. Agile Partner S.A. Bebop s.à r.l. Carbon G. s.à r.l. CFL – Société nationale des

chemins de fer luxembourgeois

CFL multimodal Demy Schandeler s.à r.l. Deveco EBRC S.A. eProseed Europe S.A.

Goblet Lavandier & Associés

Ingénieurs-Conseils S.A.

Grosbusch S.A. KBC Autolease KW Engineering s.à r.l. Loyens & Loeff Luxembourg

Avocats à la Cour

Lycée Technique d‘Ettelbruck Orea Capital Oxygen & Partners S.A. Picto Communication Partner Plan K advertising

Prefalux Construction Reckinger Alfred S.A. Sales-Lentz Group S.A.

Autocars Sales-Lentz S.A.

Bartholme Clervaux Autocars S.A.

Cruisopolis S.A.

Executive Lane

Flibtravel International S.A.

Frisch Rambrouch Autocars S.A.

Jerry Travel s.à r.l.

Keywi S.A.

Ross Troine Autocars S.A.

S.L.A S.A.

Travel Pro S.A.

We love to travel S.A.

Siemens S.A.

Sodexo Luxembourg S.A.

Wildgen S.A.

Source photos: INDR



74 LG

EDITION SPÉCIALE

ECONOMIE

Pour une finance

durable

Valérie Arnold est Corporate Responsibility and Sustainability

leader chez PwC Luxembourg. Son métier historique est

l’audit, et notamment sur les fonds d’investissement, mais

elle est également à la manœuvre de l’agenda interne sur la

responsabilité sociétale et développe l’offre de services PwC.

Elle revient pour nous sur la mise en œuvre d’une dynamique

et d’une prise de conscience où les impacts sociétaux et la

création de valeur partagée sont inscrits dans le reporting non

financier. Interview.

Valérie Arnold

Les entreprises sont-elles plus impliquées

que par le passé dans leur responsabilité

sociétale et environnementale?

Nous sentons très clairement une demande

accrue de services en la matière; ce qui est un

bon signe à plusieurs niveaux. Cela permet

bien entendu aux cabinets de conseil comme

le nôtre, de diversifier leurs offres de services.

Mais plus important encore, cela signifie que

l’entreprise retrouve une place au sein de la

société en y créant des valeurs qui ne sont plus

uniquement financières. C’est peut-être également

l’espoir qu’une vertu se répande dans

tout l’écosystème dans la mesure où des ponts

transversaux commencent déjà à se tendre.

En quoi le développement durable en

général et la création de valeurs non

financières en particulier peuvent-être

d’un enjeu commercial?

Disons que créer de la valeur financière

qui est redistribuée aux actionnaires est un

premier niveau que nous avons toujours su

faire. Il est néanmoins possible d’aller plus

loin en veillant à ne pas détruire l’écosystème

qui nous permet d’en créer. Aucune

entreprise ne peut prospérer isolément de ses

ratifications sociales et environnementales.


LG

EDITION SPÉCIALE

75

Les collaborateurs sont allés sur les bancs de

l’école publique, de l’université et bénéficient

d’un système de santé et de protections

sociales; l’entreprise, elle, bénéficie d’une

production d’énergie, d’un système juridique,

d’un réseau autoroutier, d’infrastructures,

de ressources naturelles, etc. En somme, la

dépendance de l’entreprise à l’écosystème est

une dette qu’il s’agit d’honorer en veillant à

ne pas le détruire mais en y créant aussi des

valeurs autres que financières.

Si l’écosystème se porte bien, nos activités

se porteront bien à leur tour et à l’inverse

s’il s’effrite, elles seront instables. C’est

là un risque systémique pour tous les

secteurs. Les besoins et les attentes sont

tellement importants que les entreprises

non vertueuses se verront très durement

pénalisées à l’avenir. D’une part parce que

les réglementations se durcissent et que les

législations deviennent plus contraignantes

mais aussi parce que les investisseurs

veulent une finance durable. On le constate

très clairement chez les jeunes générations

d’investisseurs qui souhaitent contribuer

à la transition écologique par exemple.

Avec la vitesse à laquelle les réseaux

sociaux peuvent défaire la réputation d’une

entreprise, les court-termistes sinoques

de l’augmentation du chiffre d’affaires

appartiennent résolument au siècle dernier.

Passer d’un modèle à un autre est-il

faisable?

Les trois vecteurs d’amélioration que

sont la globalisation, la technologie et la

création de valeur purement financière

se sont relativement bien articulés durant

les Trente Glorieuses. Mais force est de

reconnaître que la machine capitaliste s’est

grippée depuis puisque les inégalités ne

cessent de se creuser et que le réchauffement

climatique est corolaire du développement

économique.

On ne se défait pas facilement d’une

culture aussi profondément ancrée dans

nos modes de fonctionnement. S’amender

de l’obsédant chiffre d’affaires en assimilant

d’autres valeurs est fondamental et la raison

d’être de l’entreprise doit ainsi précéder la

course aux profits. Si une entreprise se doit

d’avoir des ambitions financières, elle doit

également éviter les externalités négatives

et en créer de positives.

Quels sont les enjeux et les bonnes

pratiques?

Les enjeux sont connus, ce sont les 17 objectifs

de développement durable des Nations

unies à l’agenda 2030 et ceux de la COP 21

qui entendent contenir le réchauffement

climatique en dessous de 1,5 degrés. Il

faut pour cela réduire drastiquement nos

émissions de CO 2

, ce qui est antagonique

de la croissance économique.

Mettre des vélos électriques à disposition

des employés et des panneaux solaires sur les

toits, c’est très bien mais œuvrer directement

au cœur de ses activités commerciales, c’est

encore mieux. Il faut pour ce faire, favoriser

l’économie circulaire en produisant plus

sobrement via des sources d’énergies

renouvelables et compenser son empreinte

carbone incompressible par exemple.

Pour une firme comme PwC, les bonnes

pratiques se concrétisent sur notre agenda

interne en réduisant les émissions de CO 2

et

en compensant les kilomètres parcourus par

exemple mais aussi et surtout en insufflant

les bonnes pratiques auprès de nos clients

afin qu’eux aussi puissent impacter

positivement la société.

Dans quelle mesure la paupérisation

est-elle un facteur aggravant?

Comment pourrait-on composer avec le

réchauffement climatique d’une part et la

croissance exponentielle de la précarité de

l’autre? Ces deux facteurs réunis engendrent

de facto une instabilité de l’écosystème et la

disparité d’âge des populations à travers les

continents est un enjeu capital. L’Afrique

par exemple fait face à une explosion

démographique qui d’ici 2040 dépassera

le milliard d’habitants dont la moitié aura

moins de 25 ans. Faute d’un accroissement

de leur production et de leur pouvoir

d’achat, les problèmes d’alimentation et

d’accès à l’eau, les phénomènes migratoires,

les tensions sociales, les populismes et les

nationalismes iront crescendo. Autant de

dangers pour tous les secteurs d’activités.

Comment une entreprise peut-elle

avoir un regard clair sur la gestion de

ses répercussions?

Depuis 2017, la directive de la Commission

européenne 2014/95/UE oblige les grandes

entreprises à publier des informations

sur leurs politiques, les risques encourus

et les résultats obtenus sur les questions

environnementales mais aussi les questions

sociales liées au personnel, le respect

des droits de l’homme et la lutte contre

la corruption. L’analyse de risques, les

politiques mises en place ainsi que les

résultats obtenus sur chacune de ces

thématiques résultent de la stratégie

RSE inscrite dans le reporting non

financier. Après avoir pris conscience de

sa responsabilité d’entreprise, il s’agit

d’expliquer aux parties prenantes ses

principaux domaines de création de valeur.

Un principe du caractère significatif

doit être respecté afin de prévenir une

accumulation de données sans axes

thématiques. L’entreprise doit ainsi

identifier au préalable les thèmes les

plus importants pour tous les groupes de

dialogue tels que les autorités, les habitants,

les fournisseurs ou les collaborateurs.

Elle définira ensuite ses activités qui

induisent des conséquences économiques,

écologiques et sociales. Il en résultera alors

une chaîne de valeur, une éthique propre et

une gestion des conséquences des actions

de l’entreprise.

Ce rapport n’est pas une fin en soi mais

s’inscrit dans un processus stratégique

qui mériterait une certification. Le gage

d’indépendance ne peut se faire que

par l’externalisation de la rédaction et

c’est pourquoi PwC Luxembourg a fait

appel à des experts externes pour le sien.

L’impartialité est une police d’assurance. n

PwC Luxembourg

2 Rue Gerhard Mercator

L-1014 Luxembourg

www.pwc.lu


76 LG

EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 229 - DÉCEMBRE 2019

ECONOMIE

Lanceurs d’alerte:

premier rempart

contre la fraude

Le 7 novembre dernier, Deloitte Luxembourg, avec l’appui

d’experts allemands et français du réseau Deloitte, organisait

un événement autour de la prévention de la fraude au sein

du secteur public. Les intervenants ont alors pu revenir sur

les moyens de l’empêcher ou de la détecter. Gilles Poncin,

Partner responsable pour la partie conseil au secteur public,

et Michael JJ Martin, Partner Forensic & Restructuring, nous

détaillent les sujets développés au cours de la conférence et

mettent l’accent sur la directive européenne visant à protéger

les lanceurs d’alerte.

Quelles étaient les thématiques abordées

lors de votre conférence sur la

prévention de la fraude?

MM: Cette conférence s’est naturellement

imposée à nous au vu des événements actuels

qui se sont déroulés ici au Luxembourg.

Il nous a donc semblé primordial de

sensibiliser les acteurs du secteur public

aux questions liées à ce sujet afin de leur

apporter les outils et les conseils nécessaires

pour les prévenir.

Parmi les thématiques abordées, nous avons

commencé par la description des bases d’un

cadre de référence de mise en conformité

vis-à-vis de la gestion des risques, en

présentant les standards allemands et

internationaux à ce niveau. Ces derniers

impliquent l’analyse interne des risques de

fraude, des moyens de contrôle existants

ainsi que des risques résiduels. Ces

potentiels préjudices sont ensuite pondérés

en fonction de leur probabilité et de la

gravité du dommage, afin de prioritiser les

mesures à déployer.

Nos intervenants sont également revenus

sur les moyens qui existent pour contrer la

fraude. Il ressort notamment d’une étude

menée par l’ACFE (Association of Certified

Fraud Examiners) qu’elle est le plus souvent

exposée par des lanceurs d’alerte, et ce, en

tenant compte de tous les secteurs.

GP: Les trois cas récents de fraude publique

ont accéléré la prise de conscience quant à

la nécessité de la prévention.

De manière générale, les transactions

pouvant faire l’objet d’une collusion entre

un acheteur et un vendeur présentent un

risque de fraude plus élevé, surtout pour les

transactions qui se font en-dessous du seuil

nécessitant un appel à concurrence, donc à

plusieurs offres.

Dans ce contexte, nous notons actuellement

un intérêt grandissant du secteur public pour

des approches pragmatiques de mise en place

d’un dispositif de lancement d’alerte. Les

instances publiques s’interrogent également

de plus en plus sur le déploiement d’outils

informatiques de détection de fraude et du

type de données que ces outils nécessitent

pour fonctionner efficacement.

MM: Les outils informatiques de détection

de la fraude sont programmés pour repérer

la manière dont ses différentes typologies

se traduisent dans les systèmes de données

d’un organisme. Ces outils nécessitent un

grand volume de données et une analyse

préalable approfondie des risques, des types

de fraudes et des données disponibles. Le

logiciel alertera alors la gouvernance en cas

d’anomalie, ce qui ne signifie pas que toute

alerte représente automatiquement un cas

de fraude.

Quelles sont les pistes privilégiées au

Luxembourg pour prévenir de la fraude?

MM: L’équipe Forensic de Deloitte

Luxembourg compte deux associés et

38 collaborateurs. Dans nos pays voisins,

la fraude a été un sujet moins tabou et les

organisations ont commencé à développer

des stratégies de prévention contre la fraude

plus tôt et sont généralement plus avancées

dans ce domaine.

Récemment encore, la dénonciation de

pratiques frauduleuses était considérée

comme un acte peu gratifiant. Pourtant, on

note qu’un changement de mentalité s’opère

à ce niveau, si bien que les missions de notre

département Forensic luxembourgeois sont

passées de l’investigation et de l’expertise

judiciaire à une action davantage préventive.

Dans ce contexte, la mise en place d’un

dispositif de lancement d’alerte est perçue

comme le reflet d’une bonne gouvernance.

L’Union européenne a émis la directive

2018/0106 (COD) visant à protéger les

lanceurs d’alerte qui devra être implémentée


dans la législation nationale dans un délai

de deux ans. Toutes les entreprises de plus

de 50 salariés ou dont le chiffre d’affaires

annuel ou le total de bilan est supérieur à 10

millions d’euros ainsi que les administrations

et municipalités de villes de plus de 10.000

habitants devront se munir d’un dispositif

officiel de lancement d’alerte protégeant

son instigateur. Nous ne savons pas encore

comment la directive sera implémentée dans

la loi luxembourgeoise, mais cette dernière

fournira au lanceur d’alerte un cadre

sécuritaire l’encourageant à partager ses

informations, et ce, dans tous les domaines.

L’objectif premier ne sera pas forcément

financier mais plutôt éthique. Si des

collaborateurs prennent conscience d’une

fraude sans la dénoncer, on risque d’observer

chez eux une démotivation générale dans

leur travail… et les pertes liées à la fraude

ne feront qu’augmenter. De plus, au niveau

public, c’est l’argent du contribuable qui

est touché, les administrations ont donc un

devoir de bonnes gestion et gouvernance

vis-à-vis de leurs administrés.

Quels sont les critères pour une bonne

mise en place d’un tel dispositif?

MM: Le dispositif devra donner le choix

de l’anonymat vis-à-vis de son employeur,

définir plusieurs canaux sécurisés de

communication de l’alerte et nommer

en interne un référent neutre qui la

réceptionnera et jugera de son sérieux.

Au niveau global, Deloitte a développé

sa propre plateforme technologique de

lancement d’alerte. Appelée «Halo», celle-ci

est disponible 24h/7j et garantit la protection

de l’identité par rapport à l’employeur. Pour

un lanceur d’alerte il n’est pas toujours

évident d’identifier les informations utiles

à transmettre, c’est pourquoi la plateforme

le guide en lui proposant de remplir des

champs qui aideront un gestionnaire tiers à

déterminer la pertinence de l’alerte. Si elle

est jugée sérieuse par ce gestionnaire, l’alerte

est transmise à un référent interne de l’entité

concernée, en veillant à la reformuler de

manière à ce qu’on ne puisse pas identifier la

personne qui en est à l’origine.

Michael JJ Martin et Gilles Poncin

Il est donc important que l’administration

ou l’entreprise concernée désigne des

référents de confiance en fonction de

son organisation. Elle devra également

déterminer les responsabilités et droits de

chacun et mettre en place une procédure

claire pour la résolution d’une alerte. Bien

sûr, l’organisme n’est pas forcé de faire

appel à un tiers, bien que cela garantisse un

niveau d’indépendance supérieur. A la fin

du processus, les référents internes à l’entité

concernée devront évaluer impartialement

les différents indicateurs de fraude. En cas

de nécessité il peut être utile de faire appel

à des experts Forensic pour des besoins

d’investigation. Le principe de présomption

d’innocence reste bien entendu primordial

tout au long de ce travail.

Le produit que nous avons développé

s’accompagne d’une phase de conseil

pour son implémentation. A travers

cet accompagnement, nous veillons

par exemple à ce que les entreprises et

administrations promeuvent cet outil

auprès de leurs employés.


78 LG

EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 229 - DÉCEMBRE 2019

ECONOMIE

“Garantir

la protection

de l’identité

du lanceur

d’alerte vis-à-vis

de l’employeur”

Comment le Luxembourg pourrait-il

vraisemblablement procéder à l’implémentation

de cette directive européenne?

GP: A l’heure actuelle, bien qu’un effort

de fusion soit en cours, on compte une

centaine de communes luxembourgeoises.

Les plus grandes pourraient tout à fait

assumer seules la mise en place de ce type

de dispositif, mais les plus petites auraient

tout intérêt à le mutualiser au niveau

régional pour en optimiser les coûts. D’un

point de vue pragmatique, la mise en place

d’un tel dispositif au niveau national, avec

le support du ministère de l’Intérieur, serait

probablement l’approche à privilégier.

Toutes les communes y auraient alors accès,

même celles qui comprennent moins de

10.000 habitants. Par ailleurs, au plus les

communes sont petites, au plus l’anonymat

semble difficile à respecter; un dispositif

commun assurerait donc une meilleure

protection du lanceur d’alerte.

MM: On note que des régulateurs, comme

la CSSF, possèdent déjà un processus de

«whistleblowing» permettant de dénoncer

un délit par ce biais. Chez Deloitte nous

disposons également d’un tel dispositif

géré par un fournisseur externe, par souci

d’indépendance et d’impartialité.

Enfin, le dispositif de lancement d’alerte

peut s’avérer utile dans le cadre de la lutte

contre le blanchiment. Il a été cité comme

bonne pratique par le Groupe d’action

financière (GAFI). n


Veranstaltungen nachhaltiger machen

Organiser les événements plus durables

Ein Angebot für Vereine, Gemeinden,

Gemeindesyndikate, Verbände, Clubs, regionale

Tourismusbüros, Naturparks usw. mit dem Ziel,

die Auswirkungen von Veranstaltungen auf

Umwelt und Klima zu reduzieren.

Une offre pour les associations , communes,

syndicats, fédérations, clubs, offices régionaux

de tourisme, parcs naturels, etc., avec l’objectif

de réduire l’impact des événements sur l’environnement

et le climat.

➡ Individuelle

Begleitung

➡ Workshops

➡ Logo Green Events für

ihre Veranstaltung

➡ Accompagnement

individualisé

➡ Workshops

➡ Logo Green Events

pour vos événements

Green Events - eine Initiative des Ministeriums

für Umwelt, Klima und nachhaltige Entwicklung

Green Events - une initiative du Ministère de

l’Environnement, du Climat et du Développement durable

Info: ➡ www.greenevents.lu

Koordination und Beratung /

Coordination et Conseil


80 LG

EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 227 - OCTOBRE 2019

ECONOMIE

Invest EU

Au lendemain de la crise financière, le plan Juncker a été lancé

avec l’objectif de redonner une énergie au tissu économique

européen. Cet effort de plus de 400 milliards d’euros, au

travers de la Banque Européenne d’Investissements, avait alors

l’ambition de combler la chute de 40% des investissements

pendant la crise. Invest EU, le nouveau plan pour l’Europe

prévu à l’horizon 2021-2027, entend quant à lui favoriser

la transition «carbon free», la transformation digitale de

nos sociétés et le développement de l’économie sociale et

solidaire. Fabio D’Aversa, économiste et associé chez PwC,

répond à nos questions.

Quels sont les éléments d’importance

capitale d’Invest EU?

Le plus important à mes yeux, c’est la transformation

de notre modèle économique

en faveur de la transition écologique. La

question du changement climatique est

dorénavant explicitement intégrée dans les

objectifs stratégiques. Les investissements

ne devraient donc pas bénéficier à des

activités économiques qui ne soient pas

susceptibles de produire un impact positif

sur l’environnement.

La deuxième nouveauté réside dans la

gestion d’Invest EU qui sera réservée à

75% à la BEI et ouvert à 25% à d’autres

institutions partenaires comme les banques

d’investissements nationales (la Caisse

de Dépôts et Consignation en France ou

la SNCI au Luxembourg par exemple).

Ce qui devrait nettement augmenter le

nombre de projets financés et l’utilisation

des fonds disponibles, mais aussi améliorer

l’allocation des ressources d’investissements

des gouvernements nationaux sur des

investissements en ligne avec les objectifs

stratégiques mentionnés.

Le troisième élément est les moyens mis en

œuvre pour l’assistance technique afin de

faciliter la finalisation et l’implémentation

des projets financés.

Même si pour l’heure, les discussions au

sein du Parlement européen sont encore

en cours, le budget total devrait à nouveau

tourner autour des 38 milliards d’euros de

garantie du budget de l’Union et atteindre le

montant de 650 milliards d’investissement

d’ici fin 2027.

Qui en bénéficiera?

Invest EU est une garantie dont bénéficieront

la BEI ainsi que les banques d’investissements

publiques des Etats membres. La réglementation

secondaire, qui n’est pour l’instant pas

encore publiée, devrait aussi faciliter le partenariat

avec les investisseurs privés.

Ces garanties permettront d’investir dans

les quatre axes prioritaires que sont: les

infrastructures soutenables, l’innovation

et la transformation digitale, les petites et

moyennes entreprises, l’économie sociale et

la formation.

La question du changement climatique et la

protection de l’environnement devront être

présentes dans tous les axes et dans tous les

investissements.

Quels seront les critères demandés?

La gouvernance d’Invest EU, qui s’échelonne

de 2021 à 2027, reste en cours de définition.

Nous savons déjà qu’il sera géré par un Comité

d’Investissements coordonné par les Services

de la Commission européenne. Il reviendra

à ce comité d’apprécier ou non, les plans

d’investissements qui lui seront présentés

par la BEI et les banques d’investissements

publiques, et ce notamment à la lumière des

quatre grands axes de priorités.

Le processus d’octroi devrait être simplifié

au maximum et mon optimisme réside dans

le fait que nous ne partons pas d’une feuille

blanche. Beaucoup de processus existent déjà

grâce à l’expérience de l’EFSI, le plan Junker,

et méritent seulement d’être optimisés.

Le Plan Juncker a montré que l’Union

européenne sait mobiliser les fonds; n’y

a-t-il pas néanmoins une insuffisance

dans leur mise à disposition aux PME

nécessiteuses?

Je pense que de gros efforts ont été réalisés

dans la reprise et le renforcement de crédits

octroyés par les banques européennes.

Ce qui leur a permis de débloquer et faciliter

les prêts aux PME et nous sommes même

arrivés à une situation de disponibilité

financière d’avant la crise.

Il faut cependant encore améliorer la

fluidité et l’accompagnement des PME dans

leur transformation digitale et énergétique.

Sur un autre sujet, les projets de

financement d’infrastructures pour la

production et la distribution énergétique

sont relativement prêts, mais connaissent

en effet des problèmes de finalisation des

dossiers et de mise en œuvre opérationnelle.

Toute une série d’embuches de dossiers et

d’autorisations grippent encore le processus

et c’est pour cela que 150 millions d’euros

seront dédiés à la facilitation des projets de

financement.

Quelles sont les retombées potentielles

en termes de création d’emplois et de

croissance?

Répondre à cette question relèverait plus

de la boule de cristal que du raisonnement

économique. Dans la mesure où la

transformation digitale n’en est qu’à ses

prémices, il est extrêmement difficile de

prévoir les évolutions de nos métiers et

la création de ceux de demain. C’est pour

cela que l’un des objectifs d’Invest EU est

d’améliorer les compétences des Européens

afin d’être équipé au mieux face au processus

de transformation.

Pour ce qui est de la croissance économique,

l’objectif principal est moins l’augmentation

du taux que la transformation de notre

modèle économique face au changement

climatique. N’oublions pas qu’abolir les

énergies fossiles d’ici 2050, ne nous laisse

qu’une toute petite fenêtre de réussite.

Il est certain que cette transformation va

créer des opportunités d’emplois dont

nos sociétés ont besoin pour réabsorber le

niveau de chômage qui reste encore trop

élevé. n


Fabio D’Aversa


82 LG

EDITION SPÉCIALE

ICT

‘Voyages’ vers les Clouds

Le terme cloud est aujourd’hui omniprésent. Mais est-ce vraiment la solution miracle dont

tout le monde a besoin sur le chemin de la transformation digitale? Interview avec Daniel

Sahler, Team leader des solutions multi-cloud chez Fujitsu Luxembourg.

Daniel Sahler


LG

EDITION SPÉCIALE

83

Comment expliquez-vous la technologie

du cloud?

Dans les médias, le cloud est régulièrement

présenté comme une technologie qui

utilise des ordinateurs distants d’une

société spécialisée. En réalité, il ne s’agit

pas de faire fonctionner les anciennes

applications “ailleurs”, mais de faire les

choses différemment, plus efficacement.

Il faut comprendre le cloud comme un

catalyseur, comme un outil pour améliorer

l’expérience client, augmenter l’agilité et la

compétitivité, transformer les modèles de

business ou augmenter leur efficacité.

Private-cloud, public-cloud, multicloud,

hybrid-cloud, quelles sont les

différences?

Un cloud privé est un environnement

cloud qui n’est pas partagé entre différentes

entreprises. Il ne fonctionne que pour une

seule entreprise. Ce type d’environnement

peut être sur site, hébergé en externe, ou

par un tiers.

Un cloud public, d’autre part, est un

environnement qui est physiquement

partagé entre différentes entités, mais

logiquement isolé (multi-tenant) les uns

des autres. Il est exploité par un fournisseur

de cloud public. Les principaux acteurs

sont notamment Microsoft Azure, AWS,

Google Cloud Platform, IBM Cloud ou

Oracle Cloud.

“La sécurité des

données est l’une

des compétences

essentielles d’un

environnement

cloud”

Pour le cloud hybride, nous parlons de

combiner différents modèles de déploiement,

tels que la combinaison d’une

infrastructure sur site avec une infrastructure

cloud. Il s’agit essentiellement de

connecter un environnement informatique

traditionnel à un environnement cloud.

Le multi-cloud, finalement, décrit une

combinaison de plusieurs environnements

clouds. Ceux-ci peuvent être publics, privés

ou encore une combinaison des deux. Ce

modèle donne au client le gros avantage

de choisir le bon fournisseur de cloud pour

chaque charge de travail. C’est souvent la

meilleure solution, car elle donne accès

à toutes les technologies et solutions

disponibles, combinées avec une flexibilité

optimale.

tout en prenant en compte des éléments

comme par exemple la flexibilité, la

disponibilité, le coût, etc. Il est même

possible de transformer d’anciennes

applications monolithiques en microservices

indépendants, plus faciles à

sécuriser et à maintenir par la suite.

Il est important de comprendre que

l’objectif n’est pas de simplement déplacer

les anciennes applications vers un

environnement cloud. Très souvent, il s’agit

d’un projet lors duquel de nouveaux outils

sont introduits, permettant de faciliter et

d’accélérer la migration des applications.

Qu’en est-il de la sécurité dans le cloud?

La sécurité des données est l’une

des compétences essentielles d’un

environnement cloud. Il y a cinq ans, la

sécurité représentait la préoccupation

majeure dans toute discussion autour du

cloud. Aujourd’hui, cela a fortement évolué,

car les fournisseurs de cloud public ont

beaucoup investi et considèrent que leurs

plateformes sont «secure by design». Il est

désormais possible d’utiliser de l’encryption,

différents types d’authentification et même

de faire appel à des outils basés sur de

l’intelligence artificielle, afin d’assurer une

protection contre les cyberattaques. Des

conseils en gouvernance et en mise en

œuvre d’outils sont possibles.

Comment Fujitsu peut aider les clients?

Fujitsu est une des rares sociétés à offrir

des services de «bout-en-bout», c’est-àdire

de pouvoir accompagner les clients

sur toutes les étapes d’un projet cloud.

Qu’il s’agisse de faisabilité technique, de

plan de migration ou de modernisation

des applications, de projection des coûts,

d’approche de la sécurité ou encore de

gouvernance d’environnements hybrides, la

méthodologie de transformation facilitera

toute activité vers le cloud. n

Comment peut-on organiser les ressources

de manière optimale?

Fujitsu a développé une approche qui

permet d’établir une cartographie des

applications existantes d’un client. Elle

permet de définir les actions à entreprendre

(conserver, arrêter, migrer, moderniser),

Fujitsu

Parc d’Activités Capellen

89 C, rue Pafebruch

L-8308 Capellen

www.fujitsu.com


84 LG

EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 228 - NOVEMBRE 2019

ICT

La Cyber-Résilience,

un impératif économique

Toute organisation, qu’elle soit issue du public ou du privé, sera

tôt ou tard amenée à mettre en place un plan de résilience si

elle veut survivre dans un marché toujours plus concurrentiel.

Pour aider les entreprises à définir et utiliser des dispositifs de

continuité d’activité efficaces, EBRC a développé le «Cyber-

Resilience Portal», un outil en ligne centralisant l’ensemble du

processus BCMS (Business Continuity Management System)

et visant à créer un système de Management documenté. Le

point avec Philippe Dann, Head of Risk & Business Advisory, et

Christophe Ruppert, Senior Consultant Business Continuity

Management – Practice Lead.

Quelle innovation le Cyber-Resilience

Portal apporte-t-il aux entreprises qui ont

mis en place une démarche de Business

Continuity ou qui souhaitent la mettre en

place?

Ph.D.: Notre offre de services couvre

principalement les activités liées à la gestion

des risques, de la conformité à la sécurité

opérationnelle, et à la transformation

informatique. Bien souvent, il existe un

décalage entre les niveaux d’exigences

exprimés par les métiers et la capacité réelle

qu’a l’informatique en place à les atteindre.

Notre objectif est de faire en sorte que ces

deux parties soient alignées afin qu’en cas

Philippe Dann et Christophe Ruppert


LG

EDITION SPÉCIALE

85

d’incident majeur, l’entreprise dispose de

la réponse adaptée aux besoins du métier

et qu’elle soit délivrable par l’IT. Pour

ce faire, nous accompagnons nos clients

dans l’élaboration d’une étude de BIA

(Business Impact Analysis) suivie d’un

plan de Business Continuity. L’innovation

apportée par EBRC consiste à centraliser

l’ensemble de ces travaux d’analyse par

activité et service au sein d’une plateforme

centrale Cyber-Resilience Portal. Audelà

de l’aspect pratique et sécuritaire de

centralisation du stockage BIA et autres

composants d’un système de gestion de la

continuité d’activité, le Cyber-Resilience

Portal permet, et ce en temps réel, de créer

des scénarios facilitant la prise de décision.

N’oublions pas qu’une démarche de Business

Continuity s’inscrit dans la durée suivant

la méthode PDCA (Plan Do Check Act).

Cyber-Resilience Portal facilite la mise en

place de ce processus récurrent qui permet

d’améliorer la résilience des organisations en

donnant aux dirigeants les moyens de choisir

parmi les meilleures options. Notre solution

leur donne la possibilité de disposer des

différentes alternatives à leur disposition et

d’arbitrer leur décision en maîtrisant le ROI

potentiel de chaque amélioration envisagée.

CR: Grâce à notre accompagnement, nos

clients pourront s’approprier les bonnes

pratiques de continuité d’activité et s’inscrire

dans une démarche d’amélioration continue

en se basant sur la norme ISO 22301. Celleci

spécifie les exigences pour planifier, établir,

mettre en place et en œuvre, contrôler,

réviser, maintenir et améliorer de manière

continue un système de Management

documenté afin de se protéger des incidents

perturbateurs, réduire leur probabilité de

survenance, s’y préparer et s’en rétablir

lorsqu’ils surviennent.

Quelle est votre valeur ajoutée par

rapport à la concurrence?

Ph.D.: Notre valeur ajoutée, tant pour la

réalisation de missions de services que pour le

développement du Cyber-Resilience Portal,

réside dans notre parfaite connaissance

de l’ISO 22301. Notre méthodologie est

basée sur cette norme et nous l’adaptons

en permanence en fonction de l’actualité.

La norme ISO 22301 sera mise à jour cette

année, avec une publication prévue pour

fin 2019, pour devenir une norme chapeau

qui englobera aussi bien les aspects sécurité

de l’information que les niveaux de qualité.

Nous nous y sommes préparés. Nous

pouvons également apporter à nos clients

de précieux retours d’expérience. En effet,

un autre élément différenciateur est que

nous sommes plus que des théoriciens de

la continuité, car nous avons suivi le même

trajet que celui conseillé à nos clients,

et que nous avons obtenu la certification

ISO 22301 en 2016.

Quels sont les principaux marchés couverts

par vos services?

CR: Notre équipe aux profils très variés

nous permet d’avoir une approche assez

diversifiée. Nos clients et nos prospects

proviennent de secteurs d’activité tels que

la finance, les assurances, le transport, la

santé, l’agro-alimentaire ou l’aéronautique.

Nous accompagnons régulièrement des

clients jusqu’à l’obtention de la certification

ISO 22301. C’est le cas notamment

d’Arendt Services, un PSF spécialisé offrant

une gamme complète de services aux

entreprises pour leur installation et leur

gestion au Luxembourg, et la Banque de

Patrimoines Privés, première institution

financière luxembourgeoise à avoir mis

en place un système de Management de

continuité d’activité en totale conformité

avec la norme.

“Nous pouvons

apporter à nos

clients un précieux

retour d’expérience

car nous avons

nous aussi obtenu

la certification

ISO 22301”

Comment vos clients peuvent-ils valoriser

l’apport d’une mission de résilience?

Ph.D.: Ils disposent d’un indéniable

avantage commercial et concurrentiel qui

les différencie de leurs concurrents. Ainsi,

des clients que nous avons accompagnés

jusqu’à l’obtention de la certification

ISO 22301 ont gagné des parts de marché

grâce à la garantie supplémentaire qu’ils

sont en mesure d’offrir. Ils ont notamment

remporté des appels d’offres parce qu’ils

pouvaient prouver, grâce à leur certification,

qu’ils avaient mis en place toutes les

mesures assurant une continuité d’activité.

Dans une économie «digital-dépendante»,

le risque prend une tout autre ampleur

de par la fulgurance de sa propagation

et sa capacité à impacter votre chaîne de

valeur. Pouvoir anticiper et se préparer,

disposer de solutions prêtes à l’emploi,

tels sont les objectifs d’une démarche de

normalisation. La Cyber-Résilience ne

consiste pas seulement à répondre à des

obligations réglementaires, elle est devenue

un impératif business, un vecteur tangible

de confiance. n

Comment entreprendre

une démarche de résilience?

La Business Resilience peut se résumer en

cinq points.

Partir du métier pour évaluer les impacts.

La première démarche consiste à considérer

le métier et à analyser les écarts entre la

situation existante et les exigences formulées

par la norme ISO 22301.

Identifier les activités critiques. Au niveau de

chaque équipe, les effets d’une interruption

de l’activité doivent être évalués selon

différents critères comme le délai de reprise

(Recovery Time Objective ou RTO), l’objectif

de point de reprise informatique (Recovery

Point Objective ou RPO) et le délai maximal

d’interruption admissible (Maximum

Acceptable Outage ou MAO).

Evaluer avec l’IT sa capacité de continuité

des activités. Cette étape va permettre de

faire la liste des actions à mettre en place

pour aligner l’informatique avec les besoins

du business.

Définir les composants de gestion de crise et

les exercer. Il est important de pouvoir faire

des exercices de gestion de crise proches de

la réalité. C’est ce que propose notamment la

plateforme de simulation et d’entraînement

du Cybersecurity Competence Center (C3)

avec lequel EBRC a conclu un partenariat.

Sensibiliser et informer les collaborateurs.

La Cyber-Résilience est l’affaire de tous.

Chaque collaborateur, à son niveau, doit

savoir quelle attitude adopter en situation de

crise.


86 LG

EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 228 - NOVEMBRE 2019

ICT

Vers une société intelligente

La transformation digitale est source de nombre d’incertitudes

et de risques, mais elle est également créatrice

d’opportunités et de valeurs. L’intelligence artificielle, la

robotique, l’automatisation, la maximalisation des données,

la cybersécurité, sont autant de briques technologiques qu’il

nous faut assembler pour bâtir la société intelligente de

demain. Interview de Marc Payal, directeur de Fujitsu.

Comment la transformation digitale peutelle

entraîner de la création de valeur?

La digitalisation des entreprises, en

cours depuis près de cinq ans, engendre

de nouveaux processus, technologies et

produits. Ce qui a pour effet de susciter

des comportements différents chez les

utilisateurs. Les exemples sont nombreux et

l’un des plus emblématiques est Netflix qui

était à l’origine, spécialisée dans la location

et l’achat de DVD. Crée en 1997, c’est bien

l’évolution technologique des années 2000

qui a permis à cette entreprise américaine

de disrupter son activité, de dématérialiser

l’ensemble de son modèle commercial, de

proposer une nouvelle expérience client,

basée sur la simplification et de devenir le

leader mondial de la VOD.

D’autres secteurs connaissent également

des tentatives de métamorphoses, à l’instar

des assureurs et des banques, exclusivement

présents en ligne. Faisant l’économie d’un

réseau d’agences physiques, il s’agit d’un

autre modèle commercial, qui s’adresse à

un marché, de facto, beaucoup plus grand.

La transformation digitale et les nouvelles

technologies entraînent un changement

d’approche des produits. Cela peut prendre

différentes formes selon les secteurs

d’activités, mais ce qui est commun à tous,

c’est la différenciation concurrentielle,

l’optimisation du fonctionnement interne

et l’accès à un marché plus important.

La transformation digitale est créatrice

d’incertitudes et de risques mais également

d’opportunités et de valeurs;

comment gérer ces deux aspects?

Quand le vent se lève, certains sortent

pour construire des éoliennes là où d’autres

s’enferment à double tour chez eux.

“Activ8 a déjà

été sollicité

par une vingtaine

de grands noms

de la Place”

Notre rôle est d’aider nos clients à maîtriser

les risques et à transformer les menaces en

opportunités. Bien souvent, les idées se

trouvent au sein des entreprises, mais faut-il

encore être en capacité de tendre des ponts

transversaux entre les différents services

pour les faire émerger. Car un même sujet

peut concerner une multitude de services à

la fois.

C’est pourquoi nous avons élaboré une

méthodologie de cocréation qui consiste

à réunir autour de la même table, une

équipe pluridisciplinaire (informaticiens,

économistes, comptables, commerciaux,

juristes, etc.). Cet atelier de travail nommé

«Activ8» est un lieu d’échanges. Animé

par nos médiateurs, il se structure en huit

étapes afin d’explorer de nouvelles idées.

Lorsqu’une ou deux idées ont été identifiées

comme intéressantes, nos consultants

créent des prototypes pour illustrer les

avantages de ces solutions.

«Activ8» a déjà été sollicité par une

vingtaine de grands noms de la Place.

La donnée est-elle véritablement l’or

noir du XXI e siècle?

Nombreux sont ceux à y croire, mais encore

faut-il en extraire la valeur. La plupart des

entreprises ne disposent pas encore de

données structurées et les outils basés sur

l’intelligence artificielle peuvent leur venir

en aide.

La conscience collective associe l’IA à un

robot très intelligent qui prendrait des

décisions non contrôlées, mais la réalité est

loin de ce fantasme cinématographique. Il

faudrait plutôt parler d’une multitude de

systèmes qui réalisent chacun, une tâche

précise. L’IA, couplée à la robotique,

peut automatiser les tâches répétitives et

remplacer les processus souvent désuets.

Le workshop de John McCarthy en

1956 est fréquemment nommé comme

la naissance de l’intelligence artificielle.

Depuis, les algorithmes n’ont pas

tellement évolué. Les raisons du succès

récent de l’IA sont liées à la puissance de

calcul devenue abordable et la quantité

élevée de données disponibles sur les

réseaux sociaux, permettant du «machine

learning» (ML).

Quel rôle joue le cloud?

Le cloud peut être lié à l’avènement d’une

société intelligente dans la mesure où il offre

la consommation de services à la demande.

Les entreprises peuvent bénéficier de

nouvelles technologies, sans perte de temps

et sans investissements lourds.

Il s’agit d’un moyen de proposer des services

clients plus flexibles, potentiellement à

moindre coûts, et de fournir un levier

d’accélération pour l’adoption des nouvelles

technologies.

Dans quelle mesure la sécurité informatique

est-elle intrinsèque aux nouvelles

technologies?

Les entreprises sont doublement exposées

aux piratages informatiques. En effet,

cela peut s’avérer très dommageable pour

leur image de marque et même poser des

problèmes au regard des réglementations

en vigueur.

Les nouvelles attaques deviennent plus

intelligentes et rendent ainsi leurs détections

plus difficiles. Inactifs durant des mois,

des softwares malveillants peuvent passer

en dessous des radars et coordonner leurs


Marc Payal


88 LG

EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 228 - NOVEMBRE 2019

ICT

activités depuis des lieux géographiques

différents. De nouveaux outils, basés sur des

moteurs d’intelligence artificielle, peuvent

venir en aide aux entreprises.

D’où la nécessité pour l’Europe en général

et le Luxembourg en particulier, d’identifier

et de former les talents en cybersécurité.

L’enjeu est d’autant plus grand à l’ère

des réseaux sociaux, de l’instantanéité,

résolument opposée aux temps longs des

études.

“L’IA, couplée à la

robotique, peut automatiser

les tâches

répétitives et remplacer

les processus

souvent désuets”

Un mot sur la gouvernance pour conclure…

La réglementation nécessaire à l’encadrement

doit impérativement s’accompagner

d’une éthique de gouvernance dans les

entreprises. Les politiques européennes

et nationales et les normes internationales

conduisent à instaurer des standards de

bonnes pratiques. Mais les dirigeants

pourraient aller plus loin en se dotant d’une

éthique propre à la culture interne des

entreprises. Ces valeurs propres à chaque

entité, seraient autant de digues internes à

ne pas franchir.

Les entreprises européennes sont désormais

prêtes à prendre plus de risques dans la

recherche et le développement de nouveaux

produits. Ainsi, l’Europe pourrait prendre une

place au juste milieu entre les Etats-Unis du

«j’essaye tout» et l’Asie du «je planifie tout».

L’IA, la robotique, le cloud, la cybersécurité,

les compétences et la gouvernance

sont autant d’éléments qu’il nous faut

imbriquer dans la société pour qu’elle

devienne véritablement intelligente. C’est

ce que Fujitsu propose comme approche

à ses clients, tout en conservant une place

centrale pour l’humain. n



90 LG

EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 226 - SEPTEMBRE 2019

RECHERCHE & INNOVATION

Nouveau cap

stratégique

pour le Technoport

Au cours de ces 21 dernières années, le Technoport n’a eu de cesse

de se réinventer et de diversifier ses activités et a ainsi dynamisé le

marché par les différentes initiatives qu’il y a lancées. Souhaitant

aujourd’hui focaliser ses efforts sur son cœur de métier, à savoir

l’accompagnement de startups, l’incubateur met en place des

changements stratégiques dans le but de se développer dans des

secteurs d’activité comme le spatial, la mobilité et les sciences de

la vie. Explications avec Diego De Biasio, CEO du Technoport.

Quelle a été l’évolution du Technoport

jusqu’à aujourd’hui?

Lors de sa création en 1998, le Technoport

faisait partie d’un Centre de Recherche

Publique (le CRP Henri Tudor). Notre

objectif principal était alors de créer un

lien entre la recherche publique et les

entrepreneurs actifs dans des domaines

technologiques et innovants. En tant

que premier incubateur du pays, nous

sommes apparus à une époque où on

parlait beaucoup moins de valorisation de

la recherche via la création de spin-offs.

Notre angle d’approche était dès lors plus

orienté vers l’entrepreneuriat externe.

Nous nous sommes ensuite développés petit

à petit et ce n’est qu’en 2012, lorsque nous

avons quitté le CRP Henri Tudor et fusionné

avec Ecostart – autre initiative supportée

par le gouvernement – que nous sommes

entrés dans une phase de développement

avec des modèles de fonctionnement et

de financement nouveaux. L’idée était

de trouver un positionnement au sein du

monde des incubateurs qui se développait

partout en Europe en trouvant un modèle

plus innovant. Nous avons alors développé

toute une série d’initiatives, souvent avantgardistes

pour le Luxembourg, comme

l’organisation des premiers hackathons, le

lancement du coworking, du FabLab, ou de

services comme les living labs et le Digital

Experience Studio.

Toutes ces initiatives ont été lancées en

tenant compte de l’impact que cela pouvait

avoir sur nos startups. Le dernier grand

projet que nous avons implémenté en ce

sens est «Tomorrow Street», une jointventure

avec Vodafone Procurement

Company qui cible les startups plus matures

en les accompagnant dans leur phase de

croissance.

Mais il faut aussi reconnaître que depuis

l’écosystème a beaucoup évolué avec

l’émergence d’autres initiatives autour

de l’incubation de startups, initiatives

portées par des structures privées ou semipubliques.

Ces évolutions s’accompagnent

d’une plus forte implication d’entreprises

établies dans l’écosystème gravitant autour

des startups et de l’innovation.

“Soutenir

la création et

le développement

d’entreprises

technologiques

et innovantes

au Luxembourg”

Quels sont les changements stratégiques

qui impactent actuellement votre structure?

Partant du constat précédent, nous avons

fait un exercice de repositionnement

stratégique afin de recadrer notre champ

d’action. Il nous semble particulièrement

important de nous remettre régulièrement

en question de cette façon pour conserver

un avantage compétitif par rapport à ce

qui se fait ailleurs au Luxembourg, mais

aussi à l’international. Nous estimons en

effet que notre rôle est entre autres celui

d’un laboratoire où l’on teste des nouveaux

concepts pour ensuite potentiellement les

transférer une fois maturés.

C’est ce qui nous avait déjà poussés à transférer

l’organisation de plusieurs activités

comme certains hackathons thématiques à

des partenaires dont il s’agissait davantage

du cœur de métier.

Lorsque nous nous sommes lancés dans

le coworking, il s’agissait d’une activité

relativement nouvelle au Luxembourg et

nous étions intéressés d’en explorer les

avantages pour nos entreprises. Aujourd’hui,

cette activité connait une véritable envolée

avec une multitude d’acteurs sur le marché.

Observant cela, nous avons décidé de

nous retirer de ce segment et d’arrêter le

coworking pour fin 2019.

Pour le FabLab l’analyse est un peu

différente. Ce laboratoire de prototypage

rapide a été créé en 2013 et deux ans plus


tard, nous avons décidé d’élargir la gamme

d’outils mise à disposition des utilisateurs

et avons déménagé au 1535° à Differdange.

Aujourd’hui, le FabLab est une des

structures les mieux équipées dans la

grande région, proposant du prototypage

rapide à partir des trois techniques

de fabrication numériques (additives,

soustractives et formatives). Nous avons

été les initiateurs de ce concept mais

avons constaté atteindre nos limites de

développement. Il n’a jamais été question

de fermer le laboratoire, mais toujours

de trouver un partenaire qui pouvait le

reprendre et l’aider à évoluer. Je suis ravi

que nous ayons trouvé le partenaire idéal

avec le Lycée des Arts et Métiers (LAM). Le

LAM reprendra l’activité dans l’objectif de

rapprocher le monde du travail à celui de

l’éducation, tout en conservant sa fonction

de plateforme de prototypage libre et

ouverte. Ce partenariat nous permettra

en outre de continuer à faire appel à ses

compétences pour la réalisation de projets

d’entreprises qui seront hébergées chez

nous.

Ces deux décisions stratégiques nous

permettront de développer des nouvelles

initiatives autour du soutien à la création

et au développement d’entreprises technologiques

et innovantes au Luxembourg.

Comment entendez-vous développer

vos activités dans le domaine de

l’incubation?

Nous travaillerons autour de nouveaux

services et de certains segments spécifiques.

En tant qu’incubateur générique, nous

avons jusqu’ici hébergé 153 entreprises,

dont 72 sont sorties et 40 sont toujours

hébergées au Technoport. Parmi les 72 il y

en a 18 qui ont été rachetées. Ces entreprises

œuvrent dans des domaines variés comme

l’environnement, les matériaux, l’industrie,

les logiciels B2B ou B2C, l’ICT,…

Il est important pour nous de maintenir

notre position de référence dans le domaine

du soutien à la création d’entreprises

technologiques et innovantes. Nous voulons

Diego De Biasio

pour cela rester un incubateur générique

tout en approfondissant quelques verticaux

qui répondent aussi aux stratégies

gouvernementales afin de créer des

synergies à ce niveau. Pour cela nous

étudions actuellement comment développer

davantage certains axes comme le spatial,

les sciences de la vie et le domaine de la

mobilité en lien avec le campus de Bissen.

Nous ne changerons toutefois pas notre

philosophie et continuerons à jouer notre

rôle de laboratoire pour initier, tester et

maturer des nouveaux concepts et services. n


92 LG

EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 229 - DÉCEMBRE 2019

RECHERCHE & INNOVATION

Genèse

d’un facilitateur

Créé à l’aube du nouveau millénaire, le Fonds National de la

Recherche fête ses 20 ans. Ce levier de financement définit

les priorités nationales, oriente la recherche et réalise la

promotion des sciences. Interview de Marc Schiltz, secrétaire

général et responsable exécutif du FNR depuis 2011.

Peut-on dire que l’histoire du FNR est

un peu celle de la recherche publique au

Luxembourg?

La forte volonté politique d’investir et de

bâtir ce secteur a mené à la création du

Fonds National de la Recherche en 1999

puis à celle de l’Université du Luxembourg

en 2003. En 2007, et sous mandat

gouvernemental, le FNR a pu définir les cinq

priorités nationales que sont la recherche sur

les matériaux, les systèmes d’informations et

de communication, la gestion des ressources

naturelles, les sciences sociales et les sciences

de l’éducation ainsi que le biomédical.

Nous savions qu’il fallait éviter que ces nouvelles

connaissances soient nichées dans une

tour d’ivoire et assurer qu’elles trouvent

une application réelle au-delà d’un environnement

purement académique. Des programmes

ont alors été développés en lien avec

les industries, les entreprises, le secteur des

services et la société multiculturelle du pays.

La réforme législative de 2014 nous a

attribué de nouvelles missions dont celle

de soutenir la valorisation des résultats

de la recherche. Nos instruments de

financements ont par exemple soutenu

des collaborations entre les institutions de

recherche et le secteur privé.

Le gouvernement établit actuellement une

nouvelle stratégie nationale pour laquelle

nous avons formulé des propositions; elle

devrait être présentée dans les premiers

mois de 2020.

La recherche publique bénéficie donc

du soutien politique mais qu’en est-il de

celui de la population?

Nous réalisons régulièrement des sondages

auprès de la population résidente dont

les résultats montrent un soutien des

investissements dans la recherche. Le

taux de confiance envers les scientifiques

dépasse même les 88%, ce qui est peutêtre

en passant, le signe d’une plus grande

résistance aux informations sans fondement.

Le soutien constant des gouvernements

successifs relève d’un consensus politique

qui se concrétise dans les budgets dédiés,

multipliés par douze depuis la création du

FNR.

Je crois que le dialogue entre les

scientifiques, les citoyens et les politiques

sera d’une importance capitale à l’avenir.

Il existe déjà de bons exemples comme

les cafés-débats du LISER ou encore les

rencontres organisées entre députés et

scientifiques qui tour à tour passent une

journée dans l’environnement de travail de

l’autre. Ce sont des échanges enrichissants

de part et d’autres dans la mesure où le

travail scientifique est gratifié de l’intérêt

sociétal et que le discours politique s’éclaire

des connaissances scientifiques.

Ces faveurs sont autant d’exigences à

remplir; à nous les scientifiques d’être à la

hauteur du crédit qui nous est accordé.

Quelles sont les grandes nouveautés

dans la recherche publique?

Historiquement la science se fait avec le

paradigme des hypothèses vérifiées par

l’expérimentation mais la transformation

digitale impacte désormais jusqu’à nos

méthodologies de travail.

La masse de données génère désormais une

grande quantité d’informations qu’il s’agit

d’extraire. Ceci révolutionne des domaines

comme le biomédical où l’on peut

désormais établir un profil génétique d’une

personne en quelques minutes seulement.

Il en va de même pour les sciences sociales

qui bénéficient d’une mine d’informations

que sont les données téléphoniques et les

réseaux sociaux.

Le digital nous oblige à repenser la méthode

scientifique aux lumières de l’éthique et

de la sécurité des systèmes informatiques.

Il en va de la protection des données

personnelles, des données hautement

sensibles, des intérêts industriels mais aussi

de la souveraineté des Etats et notamment

en période électorale.

Enfin, il y a des initiatives gouvernementales

qui se concrétisent telle que l’agence spatiale

luxembourgeoise (Luxembourg Space

Agency) dont nous sommes partenaires.

C’est un créneau économique, certes

mais également de recherche, générateur

de questions scientifiques ô combien

intéressantes.

Parlez-nous des synergies que vous

favorisez…

Contrairement à nos pays voisins qui

peuvent compter jusqu’à une centaine

d’universités et plusieurs centaines de

centres de recherche, l’exiguïté de notre

territoire ne permet pas d’établir un système

concurrentiel. Ceci est bien compris par

les directeurs et la coordination entre les

différents centres de recherche fonctionne

désormais très bien. D’ailleurs, les grands

projets que nous finançons, comme

l’étude menée par le «National Centre

of Excellence in Research on Parkinson’s

Disease» rassemble des partenaires comme


le LIH, l’Uni.lu, le LNS et le CHL.

Lorsque nous sommes amenés à nous

présenter à l’étranger, nous adoptons une

même marque: «Research Luxembourg»;

là aussi pour montrer notre unité.

La concurrence ne doit pas être interinstitutionnelle

mais internationale, et ce, afin

de veiller à ce que la qualité soit à la hauteur

de nos ambitions. C’est pourquoi nous nous

appuyons sur un réseau mondial d’experts

et de scientifiques qui réalisent plus de

mille évaluations de projets par an. Dans

les comités de sélection et d’évaluation,

le mot d’ordre est d’avoir le même niveau

d’exigence et de standards que dans leurs

pays.

Quels sont les signes de la bonne santé

de la recherche publique?

Disons que plusieurs indicateurs sont

au vert. D’une part, les scientifiques qui

siègent dans nos comités durant plusieurs

années voient les évolutions positives et

nous renseignent. Ensuite, nos équipes de

recherche sont de plus en plus sollicitées

dans des projets européens; financés par

la Commission européenne, on ne peut

rentrer dans ces consortiums que si la

qualité est là. Nous bénéficions en outre

toujours plus de financements européens.

Enfin, nous réussissons à attirer de hauts

profils internationaux.

Nous pouvons être fiers de ce qui a été

accompli en si peu de temps. Développer un

site de recherche avec une bonne visibilité

internationale est un exploit collectif. Il

reste néanmoins de grands défis à relever et

notamment avec la transformation digitale

et l’arrivée de l’intelligence artificielle

qui apporteront tout un ensemble de

défis sociétaux dans lesquels la recherche

scientifique aura un rôle déterminant. Les

20 années à venir s’annoncent tout aussi

excitantes, si ce n’est plus encore… n

Présentation du CEO

Marc Schiltz

Titulaire d’un doctorat en physique et

d’un MBA pour cadres de l’INSEAD,

Marc Schiltz est actif dans la recherche et

l’enseignement supérieur depuis plus de

20 ans dans plusieurs pays européens et est

un scientifique reconnu. Il a développé une

expertise approfondie dans la gestion et

l’organisation de la recherche stratégique.

Sous sa direction, le FNR a largement

contribué à renforcer la qualité et l’impact

du système de recherche luxembourgeois et

à établir des liens avec le secteur privé et la

communauté scientifique internationale.


94 LG

EDITION SPÉCIALE

RECHERCHE & INNOVATION

1

JEUDI 5 DÉCEMBRE 2019

Les entreprises innovantes récompensées

Organisée par la Chambre des Métiers, la 6 e édition du Prix de l’Innovation

dans l’Artisanat a réuni les entreprises innovantes du Grand-Duché aux

Rotondes à Luxembourg. Parmi les 56 projets proposés dans six catégories,

douze finalistes ont été retenus. La société Wakotec a remporté le grand prix

«The Hands of Innnovation» pour le développement de la solution Wakocid

qui permet de conserver l’eau de refroidissement nécessaire dans les processus

industriels de manière efficace et écologique. Si elles n’ont pas décroché le

grand prix, d’autres entreprises tels que Steffen Holzbau, Polygone, Street

Wheels, Coplaning et Skycom ont tout de même été récompensées dans

différentes catégories.

2

3


LG

EDITION SPÉCIALE

95

4

5

1. Tom Oberweis, président,

Chambre des Métiers

2. Lex Delles, ministre des Classes

moyennes et du Tourisme

3. Sasha Baillie, CEO, Luxinnovation

4. Tom Wirion, directeur général,

Chambre des Métiers;

Guillaume Trap, directeur scientifique

Luxembourg Science Center

5. Tom Wirion


96 LG

EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 225 - GUIDE DES COMMUNES 2019

SOCIÉTÉ

Travailler pour et

avec les communes

PAR MARTINA CAPPUCCIO

Un an après sa prise de fonction, Taina Bofferding, ministre

de l’Intérieur, revient avec nous sur les dossiers importants

qui ont rythmé son début de mandat. A côté des travaux de

refonte de la loi communale, la ministre gère également la

transition vers les PAG nouvelle génération et supervise le

bilan du premier anniversaire du CGDIS. Interview.

Le pays compte à l’heure actuelle 102

communes. Quels sont vos objectifs en

matière de fusions communales?

Le ministère ne s’impose aucun objectif car

nous partons du principe que cette initiative

doit venir des communes elles-mêmes.

Nous ne voulons pas exercer une pression

sur ces dernières pour les forcer à fusionner,

mais nous sommes là pour les épauler dans

leurs démarches.

Par exemple, nous élaborons actuellement

une brochure présentant les bonnes

pratiques de procédures de fusions déjà

engagées. Chaque commune pourra ainsi

observer comment d’autres ont résolu

certains obstacles pour parvenir à travailler

ensemble. Le gouvernement, à travers le

ministère de l’Intérieur, cherche également

à renforcer les aides financières apportées

aux communes dans le cadre des fusions.

En effet, ces aides pourraient encourager

davantage les plus petites d’entre elles à

envisager cette démarche. Nous devons

encore établir des critères de financement

précis, mais le projet est déjà sur les rails.

Nous sommes par ailleurs en contact avec

les communes de la Nordstad (Bettendorf,

Diekirch, Erpeldange, Ettelbruck et

Schieren); c’est la première fois qu’autant

de communes envisagent une fusion. Pour

les soutenir, le ministère les conseille dans

leurs démarches au niveau juridique et

les guide à travers les différentes étapes

qu’implique cette procédure. Nous

élaborerons ensuite un projet de loi pour

valider la fusion. Leur désir de joindre leurs

forces n’est pas nouveau; ils collaborent déjà

au sein des syndicats communaux et cette

union représente finalement une nouvelle

étape s’inscrivant dans la même logique.

Une fusion permettrait à cette région de se

renforcer.

“Créer une loi

communale

la plus proche

possible de la

réalité du terrain”

Le 1 er novembre prochain, toutes les

communes devront se conformer au

plan d’aménagement général (PAG)

nouvelle génération. Quels sont ses

avantages?

Le PAG est un outil essentiel puisqu’il

détermine des zones en fonction de

leur constructibilité. Les PAG sont

actuellement régis par trois législations

différentes, qui ne sont plus adaptées à la

réalité du pays. Notre accord de coalition

exige que toutes les communes initient la

procédure d’adoption du PAG nouvelle

génération avant le 1 er novembre 2019.

Cela signifie qu’elles devront soumettre

un projet d’aménagement général nouvelle

génération au premier vote du conseil

communal avant cette date.

Ce PAG ne se limite pas à des questions

de surface, de taille et de densité. Il donne

également des instruments pour améliorer la

qualité de vie dans les quartiers en garantissant

une mixité des fonctions (habitations,

commerces, bureaux) et des logements

(studios, maisons unifamiliales, appartements,

projets intergénérationnels intégrés,…). Face

à la croissance démo-graphique et économique

que connait le pays, il devient un instrument

indispensable pour planifier le développement

des quartiers tout en y favorisant une certaine

cohésion sociale et un bon niveau de qualité

de vie.

A l’heure actuelle, un peu plus d’une

soixantaine de communes ont déjà entamé

la procédure, les autres la prévoient. Nous

sommes déjà en contact avec celles qui

risqueraient d’avoir du retard et tentons de

les aider.


Vous avez récemment lancé un projet de

refonte de la loi communale. Quelles en

seront les prochaines étapes?

La version actuelle de cette loi date

des années 80, or les communes et

leurs missions ont grandement évolué

depuis lors! Par exemple, les maisons

relais n’existaient pas à l’époque alors

qu’aujourd’hui elles représentent une de

leurs missions principales. En partant de

l’analyse des missions des communes et

des défis qui se posent à elles, nous avons

voulu réformer la loi de manière à les

soutenir davantage.

Notre consultation pour cette refonte sera

très vaste car nous voulons rassembler les

avis de toutes les personnes concernées

pour créer une loi qui soit la plus proche

possible de la réalité du terrain. En octobre,

nous organiserons ainsi des forums

régionaux visant à définir les sujets que

le personnel communal et les élus locaux

jugent prioritaires. Les citoyens auront

quant à eux l’occasion de donner leur avis

au travers d’une consultation en ligne,

suivie d’un symposium. Nous voulons

profiter de l’expérience des personnes

de terrain et de la vision des habitants

pour enrichir notre compréhension des

problématiques communales.

Nous discuterons ensuite des résultats de

ces échanges et décortiquerons ces sujets

afin de trouver des solutions à travers des

colloques ciblés et des ateliers thématiques.

Nous rédigerons alors un avant-projet

de loi comprenant des propositions et

solutions qui sera soumis à la discussion

avec les acteurs communaux et le public

avant sa soumission à la Chambre.

Taina Bofferding

Quels sont les aspects de cette loi que

vous souhaitez moderniser?

Nous voulons donner davantage d’autonomie

aux communes en réduisant le

nombre d’approbations exigées par le

ministère pour la plupart des procédures

administratives. Seuls les actes plus

importants, relatifs aux finances ou à

l’aménagement communal, nécessiteront

toujours l’accord formel du ministère

de l’Intérieur. Les approbations sont

souvent longues à obtenir et ralentissent

les communes dans leurs démarches, c’est

pourquoi nous voulons les supprimer là où

nous pouvons en privilégiant le système

de la transmission obligatoire. Ce dernier

voudra que les dossiers soient déposés en

ligne par la commune qui ne devra pas

attendre l’aval du ministère pour lancer le

projet.


98 LG

EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 225 - GUIDE DES COMMUNES 2019

SOCIÉTÉ

Nous pourrions dès lors adopter un

rôle d’Etat-conseiller plutôt que d’Etatcontrôleur.

Nous leur apporterons toutefois

une assistance plus grande dans toutes leurs

démarches, dont notamment les domaines

juridique, financier et des ressources

humaines. J’estime que le ministère ne

doit pas uniquement être un organisme

de contrôle et de surveillance, mais plutôt

un partenaire et conseiller des communes

qui les soutient dans leurs démarches et se

rend disponible pour les aider. C’est une

valeur que je veux véhiculer dans toutes nos

actions.

Au début du mois de juillet, le CGDIS

a fêté sa première année d’existence.

Quels sont les résultats observés

aujourd’hui?

La mise en place d’une nouvelle structure

est un grand bouleversement. Après un an

de fonctionnement, nous avons demandé

à un groupe d’experts indépendants d’en

analyser les résultats. Leur bilan nous aidera

à améliorer ou adapter ce qui doit l’être.

Je me suis rendue sur le terrain pour

discuter avec les bénévoles et

professionnels engagés auprès du CGDIS.

J’ai entendu leurs avis sur cette réforme,

dont nous devrons également tenir compte

au moment du bilan. Les équipes ont été

très positives et ont surtout souligné

les améliorations qu’elle a permises aux

niveaux des procédures. C’est aussi en se

rendant sur le terrain qu’on peut apprécier

le niveau d’enthousiasme des équipes et je

suis fière de ceux et celles qui s’engagent

tous les jours pour aider leurs concitoyens

dans les situations d’urgence. Les

volontaires sont la base de cette structure

et je tiens encore une fois à les encourager

et à les féliciter pour cet engagement.

“Soutenir

les communes

dans leurs

démarches

et se rendre

disponible

pour les aider”

Nous venons par ailleurs de lancer une

campagne pour le recrutement de 50

professionnels. Dans ce cadre, je me suis

rendue à Dudelange pour assister aux tests

sportifs et on peut y observer la grande

motivation de jeunes femmes et hommes

pour intégrer le CGDIS.

Quels sont les dossiers que vous aimeriez

traiter en priorité au cours des

prochains mois?

Ma priorité sera donnée à la refonte de

la loi communale avec l’allègement de la

tutelle administrative.

Toutefois, je me pencherai également sur le

dossier des cérémonies civiles. Le ministère

veut en effet donner plus de flexibilité aux

communes pour l’organisation de mariages.

Pour le moment, les réglementations

imposent que ces actes soient réalisés au

sein de la maison communale. Or, nous

recevons de plus en plus de demandes

pour que les mariages puissent être réalisés

à l’extérieur ou dans un autre bâtiment.

Nous nous penchons donc sur la loi avec la

collaboration des communes pour définir

quelques autres endroits où ces cérémonies

pourraient se dérouler. n


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100 LG

EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 227 - OCTOBRE 2019

SOCIÉTÉ

Le conseil bienveillant

d’un citoyen

C’est au fil de sa carrière dans le conseil, l’industrie et les

startups que Philippe Wery a mûri son envie de faire du

conseil autrement, ce qu’il réalisera en 2017 en intégrant

Arendt et en créant Arendt Business Advisory. Bien ancré

dans les préoccupations locales et non dans les hauteurs de

l’idéalisme international, Arendt a développé depuis plus de

30 ans un ADN luxembourgeois et a travaillé pour les

principaux acteurs du tissu économique et du secteur public du

pays. Arendt Business Advisory renforce cet ADN au travers

de son dirigeant qui dévoile sa vision d’un professionnel du

conseil impliqué et farouchement citoyen. L’interview pour la

couverture de ce numéro balaie les problématiques auxquelles

le Luxembourg doit faire face, secoue quelques idées reçues

et propose des pistes de réflexion pour y répondre.

Le problème écologique est aujourd’hui

de tous les débats. Néanmoins, d’autres

défis majeurs semblent émerger des avis

des prévisionnistes. Quelle est votre

position sur l’enjeu luxembourgeois des

années à venir?

Dans un monde légitimement focalisé sur

l’enjeu écologique et la nécessité impérieuse

de modifier l’empreinte de nos sociétés au

sens large vers un modèle de circularité et de

durabilité, des voix s’élèvent effectivement

de plus en plus fréquemment pour avancer

la problématique, au moins aussi prégnante,

de l’explosion démographique attendue

dans les 30 années à venir.

A l’échelle de notre planète, cette

croissance démographique inconnue

jusqu’alors dans l’Histoire, pose au moins

deux problèmes immédiats à la réalisation

de nos objectifs écologiques: d’une part

nos efforts risquent d’être freinés par un

volume de consommation et d’utilisation

des ressources plus important, par simple

logique mathématique, d’autre part

le principe de croissance perpétuelle,

fondement de notre modèle économique

depuis la révolution industrielle, mais

décrié aujourd’hui comme étant intenable

et contre-productif aux objectifs de

durabilité, aura probablement encore de

beaux jours devant lui avant de connaître sa

transformation tant attendue par beaucoup.

A l’échelle de notre pays, les prévisionnistes

et les groupements d’experts s’accordent

également à anticiper une croissance

significative de la population à l’horizon

2050 avec le logement et la mobilité comme

les deux pierres de notre mythe de Sisyphe.

Deux éclairages s’imposent. D’abord il

s’agira d’une inflation démographique au

moins autant importée qu’organique. En

effet, notre pays continuera à attirer des

ressources importées, en cela soutenue

par une politique gouvernementale

d’investissement dans des secteurs innovants

et attractifs de ressources expertes. Ensuite,

l’enjeu dépasse amplement le logement et la

mobilité. En effet, l’offre de soins de santé

et les capacités hospitalières, l’accueil en

crèches et en maisons de soins, la demande

plus générale en infrastructures de diverses

sortes, l’accès à des services communaux et

étatiques efficaces et aptes à traiter le volume

accru de demandes, l’offre en matière

d’éducation, la gestion de déchets résiduels

même après avoir vertueusement changé

nos comportements de consommation, et

beaucoup d’autres domaines encore seront

impactés par cette croissance et nous devrons

collectivement être prêts à y répondre.

Le Luxembourg est-il déjà prêt pour

une telle croissance démographique?

Non évidemment, et personne n’oserait

dire le contraire. Au regard de l’accord

de coalition et de diverses publications

de la Fondation IDEA ou du LISER par

exemple, il est clair qu’il existe une volonté

d’agir. Mais avons-nous un plan? Je pense

que nous le croyons, mais probablement

pas vraiment.

Une réflexion et une action collectives

s’imposent pour anticiper «demain», mais

aussi pour résoudre «aujourd’hui». Car nous

faisons déjà face à certains problèmes évoqués

plus haut. Sur ces sujets, le recours à des

conseillers professionnels peut procurer une

valeur par l’apport de méthodologies, par une

vision holistique indépendante, et par la mise

en application de techniques éprouvées dans

le domaine public comme privé. Nous avons

à cœur que notre métier de conseiller soit

générateur d’impact positif pour la société.

Ainsi, nous avons eu l’opportunité de travailler

sur un certain nombre de sujets porteurs

d’impact depuis plus de deux ans et demi

maintenant, comme par exemple la gestion

des déchets et les stratégies de recyclage,

l’organisation d’activités de recherche et de

soins de santé, l’amélioration des processus et

de la qualité dans un environnement social et

public, ou encore sur des problématiques clés

de mobilité ou de logement. Nous mettons

ainsi au profit des défis du secteur public nos

diverses expériences dont celles transposables

du secteur privé.

Ces problèmes sont donc déjà en partie

actuels selon vous?

En partant du principe que nous souhaitons

cette croissance et ses conséquences


LG

EDITION SPÉCIALE 101

positives sur notre économie nationale,

nous devons réagir rapidement car, oui, ils

sont déjà un poids pour notre attractivité

et donc risquent de réduire le bien-être

de vivre au Luxembourg tel que nous le

connaissons. En effet, tous les instituts

de recherche s’accordent à dire que nous

passerons le cap du million d’habitants

vers 2050, que cette croissance de 12

à 15.000 nouveaux arrivants annuels

à l’échelle nationale (ce qui équivaut

à une commune de la taille de la ville

d’Hesperange chaque année), ne peut être

freinée.

De grands projets immobiliers pourraient

techniquement sortir de terre endéans

les cinq à dix ans mais nombreuses sont

les autorités communales qui préfèrent

les étaler à plus long terme. Un choix

légitime au regard des ressources humaines,

techniques et infrastructurelles nécessaires

pour faire face à l’augmentation rapide de

leur population.

Pour les entreprises, le problème peut se

situer au niveau du recrutement. Attirer

les talents, c’est aussi proposer un projet

de vie qui ne se mesure pas uniquement au

montant du salaire mais à son adéquation

avec l’environnement de travail, aux

possibilités concrètes de logement ou à

la capacité de réaliser des objectifs de vie

familiale. L’attractivité de notre économie

est toujours importante mais celle de la

qualité de vie en général ne fait plus autant

rêver à l’international.

Si le logement locatif est encore

relativement accessible pour «le haut de la

classe moyenne», l’accès à la propriété leur

est devenu, comme pour presque toutes les

autres franges de notre population, très

compliqué voire utopique à atteindre.

D’une part l’offre disponible à la vente

est trop faible, ensuite les tarifs imposent

des prêts d’une longueur ou d’une prise

de risque salarial accrues. Sans oublier que

les acquéreurs et en particulier les primoaccédants

font face à une concurrence

aigüe d’acheteurs n’ayant pas pour objectif

d’habiter personnellement le bien. Nous

sommes confrontés à une forme de double

perversion constitutive d’un incroyable

paradoxe, celui de la création d’une classe

sociale aisée mais appauvrie.

Le modèle immobilier de Luxembourg se

construit aujourd’hui sur une plus-value

basée sur la vente et non sur le locatif. Le

résultat de ce modèle, c’est le manque;

le manque de terrains et le manque de

logements qui pourraient faire baisser, ou

du moins ralentir, l’envolée des prix. Le

capital immobilier n’est pas un mal en soi

mais il peut devenir pervers dès lors qu’il

limite de façon significative l’accès à la

propriété.

Philippe Wery

Le moment de repenser le système est

peut-être arrivé. Nous manquons déjà de

logements pour les nouveaux arrivants

ainsi que de plusieurs milliers de logements

sociaux. Si des actions concrètes sont en cours

de mise en œuvre pour y porter une solution,

ne pourrions-nous pas imaginer au-delà, un

programme pour soutenir la primo-accession

et redéfinir des contours sensiblement plus

stricts en matière de pure spéculation?

Vous parlez d’un programme pour soutenir

la primo-accession, quel serait-il?

Par exemple en créant un système de

logement «sociétal» qui pourrait bénéficier

à des personnes qui ont besoin d’assistance,

d’un coup de pouce souvent temporaire,

mais dont les salaires ne permettent

pas de prétendre à un logement social.

Il s’agirait entre autres de fonctionnaires

ou de jeunes diplômés qui entrent dans

la vie professionnelle. Assurer un accès à

la propriété à cette catégorie des classes

moyennes rendrait de la superbe à notre

pouvoir d’attraction. L’Etat a d’ailleurs

des outils à sa disposition pour appuyer ce

concept, et ce, sans prôner l’encadrement

des prix et en veillant à maintenir le

principe de libre entreprise. L’emploi

des terrains et logements non utilisés,


102 LG

EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 227 - OCTOBRE 2019

SOCIÉTÉ

une taxation progressive des plus-values

immobilières, des systèmes d’incitation ou

d’avances remboursables pour obtenir les

prêts bancaires indispensables à l’accès à la

propriété, ou la promotion de mécanismes

de location-achat, sont autant de pistes à

éventuellement explorer.

Sur ces thématiques qui mêlent la

modélisation économique, les aspects

légaux et réglementaires, les conséquences

fiscales ou encore les relations avec le

secteur financier, nous disposons des

diverses compétences nécessaires, comme

conseillers professionnels, pour amener des

idées innovantes et aider à planifier leur

mise en œuvre.

Comment les communes peuvent-elles

de leur côté se transformer pour répondre

plus efficacement à cette croissance?

Au plus proche de leurs habitants, à l’écoute

de leurs préoccupations et connaissant leurs

problèmes, les communes ont un grand rôle

à jouer dans ce changement de paradigme.

Transformer les communes, c’est leur

donner les moyens humains, techniques,

digitaux et stratégiques de répondre aux

besoins de leurs résidents.

La digitalisation est par exemple un enjeu

majeur dans la capacité future à gérer des

flux croissants de requêtes. Nous sommes

appelés à accompagner les communes dans

leur projet de digitalisation dans le but

d’automatiser tout un ensemble de services

à la population aujourd’hui encore réalisés

manuellement. Le personnel communal

ainsi libéré de ces tâches répétitives pourrait

s’atteler à d’autres nécessitant une analyse

humaine comme par exemple l’urbanisme

et l’aménagement du territoire.

Pour ce qui concerne les besoins des

citoyens, il faut également s’attendre à les

voir grandir, comme on peut s’attendre

à voir des défaillances de marché plus

importantes s’installer entre ce que

le secteur privé propose et ce que les

communes et le gouvernement aimeraient

proposer aux citoyens.

L’Union européenne a mis en œuvre des

politiques qui dérogent au principe de

libre concurrence afin de protéger certains

secteurs ou régions fragilisées. Les Services

d’Intérêt Économique Général (SIEG) sont

des services de nature économique que les

États membres soumettent à des obligations

spécifiques de service public en vertu

d’un critère d’intérêt général. Les SIEG

permettent de combler une défaillance du

marché, en collaboration ou non, avec le

secteur privé afin de subvenir à des besoins

non encore pourvus de la population. Et ce

qui est possible et efficace dans le transport

public pourrait l’être dans le logement ou

les services aux familles. Cet outil, qui peut

s’avérer très intéressant pour la puissance

publique, nécessite cependant d’une part

de le constituer avec prudence et précision

mais également de le suivre dans ses

aspects économiques de manière pointue et

transparente. Il s’agit d’une thématique pour

laquelle la conjonction des compétences

juridiques et économiques dont nous

disposons chez Arendt est une valeur

ajoutée indéniable. Ainsi, nous sommes en

mesure d’accompagner le secteur public en

ces matières et les aider à avoir encore plus

d’impact, en particulier auprès des personnes

nécessitant une plus grande attention voire

une aide, telles les personnes âgées, les

jeunes, les personnes défavorisées.

“Être citoyen

fait partie

de mon métier”

Vous mentionnez la transparence, n’estil

pas nécessaire de transformer nos

gouvernances pour faire face aux défis

futurs?

Il existe une confiance certaine et légitime en

l’Etat, dans nos institutions et organisations

publiques. L’année 2019 a néanmoins été

marquée par quelques affaires, défrayant la

chronique médiatique luxembourgeoise et

révélant que des employés communaux, des

fonctionnaires et des élus ont pu commettre

des indélicatesses voire des malversations.

La société moderne de transparence dans

laquelle souhaite s’inscrire le pays et les

citoyens, devenus clairement beaucoup

plus exigeants quant à la moralité de leurs

représentants et des structures publiques

et parapubliques au sens large, imposent

de repenser la gouvernance à tous les

niveaux de la société. Ces pratiques

découvertes parfois par hasard démontrent

une défaillance sinon un risque dans le

contrôle des opérations publiques. Là aussi,

une transformation de la gouvernance

est indispensable à la préservation de la

confiance. La maturité du secteur privé

dans le contrôle et la gestion des risques fait

désormais partie intégrante de la culture

des entreprises. Ces techniques pourraient

facilement être adaptées et transposées à

l’action publique.

Conscients que la gouvernance et le

rôle de dirigeant ou d’administrateur

d’organisations publiques ou parapubliques

sont complexes et induisent des risques réels

et variés, nous avons décidé au sein d’Arendt

d’ouvrir un «Governance Center» couvrant

toutes les matières indispensables à une

saine et transparente gouvernance. Cette

offre de services s’adresse aux dirigeants

et administrateurs publics comme privés

désireux d’encadrer leurs responsabilités

de la manière la plus efficace et avec la

meilleure gestion des risques.

Les conséquences que nous voyons arriver

dans 20 ans étant déjà partiellement

là, le conseiller professionnel que vous

êtes pense donc qu’il faut agir dès

aujourd’hui…

Il y a toujours un moment où les prédictions

se heurtent au pragmatisme et penser l’avenir

ne peut se faire à l’unique détriment du

présent. Les idées, les outils et les méthodes

existent pour une efficacité pleine et entière

et pour construire des plans d’actions

concrets à court comme à long terme. La

difficulté est de les construire avec une

véritable vue holistique. Gouverner, c’est

prévoir, dit-on usuellement. Mais prévoir

c’est le faire à un comme à dix ans. Et prévoir

à un an impose d’agir dès aujourd’hui.

Le programme gouvernemental est

ambitieux et c’est le moment idéal de le

mettre en place, favorisé par le plein emploi,

la croissance encore présente, la paix sociale

et les taux d’intérêts extrêmement bas.

Pendant longtemps, la décision politique

se faisait principalement aux lumières

des connaissances du responsable qui les

prenait. Elle gagne sans aucun doute à se

nourrir désormais de l’échange collectif,

mais aussi de l’expertise des spécialistes

dont les conseils pourront aider à avoir un

impact direct sur les citoyens.

Conseiller toujours avec bienveillance et

humilité, envie de bien faire, offrir une

haute technicité, voilà le métier de conseil

citoyen tel que je le conçois. n


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104 LG

EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 229 - DÉCEMBRE 2019

SOCIÉTÉ

Sur le parcours d’un citoyen

Dans le cadre de son livre blanc intitulé «La digitalisation du secteur public au service de

l’expérience citoyenne», KPMG Luxembourg a fait l’exercice de se mettre dans la peau d’un

citoyen et d’effectuer son «parcours type» au travers de quatre branches du secteur public.

Pour répondre aux attentes d’un citoyen-consommateur de services digitaux, les administrations

devront établir une stratégie commune pour lui assurer un parcours cohérent, intégré et

continu. Patrick Wies, Partner responsable du secteur public, et Jérôme Bernard, Partner

responsable du Technology Advisory pour ce secteur, reviennent avec nous sur les défis que

pose la digitalisation au sein du secteur public.

En quoi consiste ce livre blanc?

PW: Il propose d’approfondir l’analyse

de la digitalisation du secteur public déjà

initiée dans l’étude Customer Expérience

Excellence où deux services publics

s’étaient distingués pour la qualité de leur

«expérience citoyenne». Nous y avons

identifié les parcours-citoyens types que les

résidents luxembourgeois traversent lors de

leurs contacts avec différentes branches du

secteur public (administration, transport,

santé et services commerciaux) et en avons

dégagé les points forts et défis.

JB: De manière générale, nous avons constaté

que les citoyens attendent du secteur public le

même niveau de service et d’interaction que

dans le reste de leur vie de consommateur.

De plus, toute nouvelle attente adressée dans

son parcours de consommateur devient un

standard, ce qui nécessite une amélioration

constante des services fournis par les

opérateurs publics pour maintenir un bon

niveau de satisfaction des citoyens.

Prudence toutefois: la proximité avec le

citoyen reste la priorité du secteur public

qui doit prendre en compte leur diversité et

leur proposer un service personnalisé. Dans

ce contexte, il est pertinent d’effectuer une

analyse des comportements des citoyens pour

comprendre leurs attentes lorsqu’ils entrent

en contact avec une administration. Nous

effectuons cette analyse en nous basant sur

cinq axes (extraits de notre approche «Five

My’s») pour appréhender leur motivation,

leur mode de connexion, et ce qui monopolise

leur attention, leur temps disponible et leur

budget lorsque cela est pertinent. En fonction

des résultats, nous créons des parcourscitoyens

personnalisés par groupe.

Si l’on compare le Luxembourg aux

autres pays, comment évaluer la digitalisation

de son secteur public?

PW: La digitalisation d’une part et la

simplification administrative de l’autre font

parties des objectifs gouvernementaux. Pour

fluidifier le parcours-citoyen, il faut toutefois

veiller à ce que la digitalisation s’opère

à tous les niveaux (front, middle et back

office), dans un processus global. Il sera ainsi

possible d’offrir une expérience cohérente

d’un bout à l’autre de la chaîne, en tenant

compte des différentes étapes du parcourscitoyen

et à travers un seul point de contact.

“Etablir

une stratégie

coordonnée

et cohérente

qui facilitera

le parcours

du citoyen”

JB: Par rapport aux autres pays étudiés,

nous avons remarqué que le secteur public

luxembourgeois bénéficiait d’une bonne

image auprès de ses citoyens. L’intégrité

et l’empathie semblent être les qualités

qu’ils valorisent particulièrement; or la

digitalisation peut impacter ces valeurs. Le

défi sera donc de conserver la proximité

et le contact humain qui font la force

du secteur public en mettant à profit la

fluidification des parcours citoyens grâce à

l’automatisation de certaines tâches.

PW: Les institutions doivent établir une

stratégie qui privilégie le contact humain

aux moments adéquats. Elles doivent en

effet exploiter les canaux de communication

en ligne et hors ligne de manière intégrée

et cohérente pour répondre aux besoins

spécifiques des différents groupes de

citoyens.

Quelles sont les conclusions de votre

analyse des branches spécifiques appartenant

au secteur public?

JB: Il en est ressorti un besoin de cohérence

générale dans ce que le secteur public

propose. Le citoyen ne comprendrait par

exemple pas qu’une démarche ne soit qu’à

moitié digitalisée parce qu’elle implique

une autre administration qui n’aurait pas

encore digitalisé ses services…

PW: La digitalisation doit également limiter

les efforts du citoyen dans son parcours.

Dans le secteur de la santé par exemple, le

dossier de soin partagé reprend toutes les

informations relatives à un patient. Dans

un souci de cohérence, celles-ci ne lui sont

demandées qu’une seule fois et il s’attend

à ce que toutes ses interactions médicales

se fassent sur cette base. Dans le même

ordre d’idées, les différents opérateurs de

transports publics doivent joindre leurs

efforts et établir une stratégie coordonnée

qui facilitera le parcours de mobilité du

citoyen.


LG

EDITION SPÉCIALE 105

Quelles sont vos recommandations pour

l’amélioration des services digitaux

offerts par le secteur public?

JB: Tout d’abord les administrations doivent

veiller à comprendre les motivations du

citoyen et à s’y adapter. En deuxième lieu, le

secteur public doit combiner le meilleur de

l’humain et du digital en mettant les besoins

du citoyen au cœur du développement de

solutions technologiques.

PW: La stratégie de digitalisation doit par

ailleurs couvrir l’entièreté de l’organisation

et pas uniquement la partie avec laquelle

le citoyen est en contact. De plus, les

administrations doivent préférer une approche

plus intégrée et horizontale, facilitant les

ponts d’une administration à une autre, pour

éviter les ruptures dans les démarches et la

multiplication des points de contact.

Les agents sont à la fois au cœur du processus

de digitalisation et de celui de l’expérience

citoyen. Il faut donc aussi les accompagner et

les former. De plus, il faudrait veiller à faire

la promotion des services digitaux existants

tant en interne qu’auprès du public.

Le développement de solutions digitales

doit également passer par la collaboration

avec le secteur privé et le monde des startups,

qui lui donneront davantage d’agilité. Cette

collaboration existe déjà, du moins dans le

partage d’idées qui déboucheront sur des

solutions mises à disposition de tous les

citoyens.

JB: Enfin, la dernière mesure que nous leur

recommandons est de maîtriser l’économie

de l’expérience client, en établissant une

stratégie avec des priorités quant aux défis

à relever afin de mieux gérer les budgets

alloués.

Il s’agit ici de poursuivre des efforts qui

sont pour la plupart déjà bien engagés:

essayer de ne demander au citoyen la

même information qu’une seule fois,

être transparents quant à l’utilisation de

ses données, faire en sorte qu’il puisse

accéder à une démarche par un seul point

de contact,… Toutes ces considérations

sont déjà prises en compte, mais les efforts

doivent être poursuivis. n


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Octobre 2019 | n˚4

Le trimestriel de la ville intelligente

Octobre 2019 | n˚4 Le trimestriel de la ville intelligente

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108 LG

EDITION EDITION SPÉCIALE SPÉCIALE - BEST OF LG 226 - SEPTEMBRE 2019

LG

108

Au service de l’intérêt général

PAR JULIEN BRUN

PORTRAITS

De nombreux pays occidentaux souffrent d’une perte de confiance envers la science. Si certains

confondent l’égalité des droits avec l’équivalence des compétences, d’autres préfèrent croire

plutôt que savoir. Si ce chamanisme contemporain est parfois porté aux plus hautes instances

du pouvoir, le Luxembourg semble bien heureusement préservé et témoigne de la confiance

en ses institutions académiques. Rencontre avec la directrice du LISER (Luxembourg Institute

of Socio-Economic Research); portrait d’Aline Muller.

Le doctorat ou le graal initiatique

Est-il possible de consacrer cinq années à

l’étude d’un sujet et à la rédaction d’une

thèse sans passion? Pour Aline Muller, «le

doctorat est une aventure tant scientifique

qu’humaine» qui oscille entre la lumineuse

frénésie intellectuelle et la féconde lenteur

de la recherche. Toute la complexité du

travail scientifique réside dans la tension

qui régit ces deux pôles où rien n’est défini

par avance. Chanceuse d’avoir davantage

côtoyé les cimes que les abîmes, elle préfère

les superviseurs qui laissent une certaine

marge de manœuvre à leur doctorant.

Cette liberté, nécessaire au cheminement

vers l’indépendance, a un prix: «celui des

détours enchanteurs».

Plongeant dans ses propres souvenirs, elle

confesse s’être lancée avec l’insouciance

d’aucune ambition carriériste. Empruntant

ce chemin initiatique qui renseigne tant

sur le soi professionnel que sur l’être

intime, l’acharnée de travail sait qu’elle

peut compter sur sa capacité à mobiliser

ses forces lorsqu’il le faut. À l’époque de ses

études, cette robustesse favorise moins la

constance que les pics de labeur et le reste

de l’année, la vie estudiantine était douce...

Autant de forces et de faiblesses qu’il aura

fallu apprendre à dompter.

Genèse d’une curiosité

Un environnement familial favorable, un

professeur influenceur d’éternité ou un livre

nonchalamment pioché dans le rayonnage

d’une bibliothèque et la nature curieuse de

l’enfance s’embrase à la moindre étincelle

du savoir. La jeune fille, attirée par le débat

d’idées sur les questions philosophiques,

cherche très tôt à confronter les siennes.

Les pensées se nourrissent de l’altérité,

se cultivent de champs divergents et se

récoltent de nouvelles perspectives.

Si penser seul, c’est presque toujours penser

comme tout le monde alors seule l’altérité

forge une réelle autonomie de raisonnement

et permet de penser par soi-même.

L’excellente élève aux examens n’est pas

toujours la plus sage en classe. L’autorité

parentale porte un regard attentif sur les

résultats mais ferme les yeux sur la manière

de les obtenir et le «débrouille toi pour

réussir», glissé de temps à autre pour

l’encourager est interprété comme «tu peux

être turbulente tant que tu as de bonnes

notes».

“Analyser un

sujet, mobiliser

un raisonnement

et construire une

argumentation”

L’intérêt pour la chose publique éclot

naturellement dans la conscience lycéenne

et plus précisément pour les concepts

fondamentaux sous-jacents comme la

liberté: quelles sont les limites de la

liberté individuelle au sein d’une société

démocratique, quand commence la

confrontation avec l’intérêt général, où sont

les justes mesures? L’adolescente du Lycée

de Garçons d’Esch-sur-Alzette aurait donc

pu choisir philo mais sa bosse des maths

lui assurait de très bons résultats avec un

minimum d’investissement. Bac en poche

en 1992, elle suit une classe préparatoire

en mathématiques fait un MBA (Master’s

Degree in Business Administration) à

l’Université de Liège avant de se lancer dans

un doctorat de 2000 à 2005 à l’Université

de Maastricht.

«La Finance est un moteur fondamental de

l’économie, il joue le rôle d’intermédiaire

du développement économique et son

étude permet de mieux comprendre le

fonctionnement de l’activité économique

des entreprises». Le département Finance

est alors en plein essor et se compose

d’une bande de copains qui veulent

décrocher les étoiles. «Des poissons dans

l’eau» bénéficiant d’un bain intellectuel

international et bercés d’une certaine

insouciance; «nous marchions pieds-nus

dans les couloirs sans savoir de quoi demain

serait fait», sourit-elle. L’ambiance bobobabacool

reste néanmoins studieuse et

la focalisation sur l’internationalisation

des travaux lui impose de s’envoler pour

les Etats-Unis dès sa première année de

doctorat. «Il fallait se confronter au plus

vite aux autres scientifiques et parfois à

des idées à l’opposé des miennes. Jeune et

inexpérimenté, on se fait parfois ratatiner

mais on apprend à se défendre», expliquet-elle.

Un tempérament

Dans l’articulation des carrières, il arrive

que l’intérêt particulier se substitue à

l’intérêt collectif et la morale douteuse

devient inacceptable dès lors qu’on refuse

la transparence. La jeune doctorante se

faisait une très haute idée des institutions

de recherche publique qu’elle considérait

comme des sanctuaires indemnes de toute

compromission. La déception était d’autant

plus grande lorsqu’elle constatait qu’une

partie de l’environnement académique

tolérait ces comportements. La passion

du bien public ne saurait à elle seule

désarmer ces mécanismes de stratégies

individuelles. Si elle se veut désormais un

peu plus patiente, usant de persévérance

et de détermination dans le dialogue, elle

n’en reste pas moins un fervent défenseur

de l’intégrité.


Aline Muller


110 LG

EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 226 - SEPTEMBRE 2019

PORTRAITS

Jouissant d’une résonnance médiatique,

le LISER suscite et nourrit les débats de

manière indépendante. Ses domaines de

recherche le rapprochent naturellement de

certains ministères et acteurs privés mais

reste peut-être à travailler une relation

plus étroite avec les débats parlementaires

et citoyens. La renommée du LISER porte

également sur la scène européenne et

notamment grâce au réseau européen des

politiques sociales qu’il dirige. Les garanties

de traitements des enfants, les migrations,

la santé publique, les inégalités sociales sont

quelques-uns de ses domaines de recherche

prioritaires.

Les réseaux se tissent à mesure des publications,

des voyages et des collaborations.

Au travers des conférences internationales

d’un bout à l’autre de la planète, elle fait un

autre constat: l’aveuglante et silencieuse

absence de femmes. Un lien particulier se

tisse entre les quelques scientifiques femmes

présentes comme pour mieux contrer la

méfiance ambiante. «Lorsqu’on emmène

son bébé en conférence, cela suscite quelques

froncements de sourcils, de la curiosité aussi

et de la sympathie de quelques-uns». Il serait

donc chimérique d’imaginer qu’on y est

uniquement considéré pour son travail car

le cheminement d’une carrière ne se fait pas

indépendamment du genre, de l’âge et des

pays d’origine. Les universités travaillent à ce

rééquilibrage et Aline Muller considère que

la discrimination positive est une concession

nécessaire au regard de la situation actuelle car

«les mesurettes ne suffiront pas à recomposer

certains domaines dont les femmes sont

absentes. Et ce, jusqu’à ce que le travail de

fond – qu’il est impératif de mettre en œuvre

– porte ses fruits».

Rattrapée par le collectif

Travaillant sur la finance de marché et la

rentabilité des portefeuilles, le rôle plus

fondamental de moteur du développement

économique lui manque. Comme attirée

par des projets plus collectifs, son esprit

s’emploie au développement financier des

pays d’Amérique latine, des banques centrales

en Afrique, à l’optimisation des montages

financiers pour l’aide au développement. Son

attention porte sur le fonctionnement d’un

secteur financier au service du développement

économique durable d’un pays.

Elle s’efforce notamment à mettre le secteur

financier au service de l’art et de la culture

qu’elle considère comme «les plus précieux

éléments qui nous unissent et qui fondent

notre collectif». Embarquant l’une de ses

classes de master, elle porte un projet de

soutien à la réhabilitation, la réouverture et la

bonne gestion d’un cinéma à Bobo Diolassa

au Burkina Faso. L’impact de cette mission

s’étend jusqu’au social, favorise la rencontre

de personnes passionnées, passe par le soutien

à un atelier de pirogues pour les pêcheurs

locaux et aboutit à un important projet

d’appui à l’entrepreneuriat et à l’innovation.

Preuve s’il en est que les financiers peuvent

apporter leurs compétences à l’analyse des

besoins d’un projet, en l’optimisant et en le

rendant durable.

Le Luxembourg à la loupe

Une occasion de revenir au Luxembourg

se présente au départ de son prédécesseur

à la tête du LISER. La décision se nourrit

du constat que l’institution composée

d’éléments brillants ne jouit pas de la

visibilité et de la reconnaissance méritées.

Trouver les combinaisons adéquates afin

d’articuler ses missions académiques et

sociétales suffisent à la convaincre.

Le rôle du LISER est d’observer, analyser

et anticiper les mutations sociétales. Les

femmes et les hommes qui le composent

étudient les fonctionnements, les

disfonctionnements, les dynamiques, en

tirent une compréhension de la société et

anticipent ses mutations futures. L’enjeu est

l’élaboration de politiques publiques plus

efficaces, plus durables et plus inclusives.

“La nature curieuse

de l’enfance

s’embrase

à la moindre

étincelle du savoir”

Le Luxembourg est «un intarissable et

passionnant laboratoire de recherche»

qui s’inscrit au centre de l’Europe dans

une vision stratégique visant à optimiser

le développement économique, social et

technologique. Le LISER rappelle ainsi

que ce développement doit se faire en

cohérence avec l’activité et les préférences

humaines. «Les citoyens doivent être

mis au centre des préoccupations dès la

conception des technologies car faire coller

les technologies aux citoyens reviendrait à

créer un décalage perpétuel».

Elle, dont l’âme eut été nourrie des

merveilles d’Apollinaire, Prévert, Camus,

enchaîne des lectures sur les ressources

humaines. Car c’est en effet l’un de ses

grands chantiers de la rentrée: développer

une politique RH qui soit un moteur

de développement du LISER et un

catalyseur de carrières. Élaborer un cadre

de développement riche et épanouissant

la motive, peut-être même est-ce ce qui la

caractérise, nous dit-elle «en tant que mère

bien sûr, en tant que scientifique tout autant

mais ici, à cette place, avant tout en tant que

directrice du LISER». n


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112 LG

EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 227 - OCTOBRE 2019

La force de l’ambition

et du travail

PAR MARTINA CAPPUCCIO

PORTRAITS

Devenu directeur de la Société Nationale des Habitations à Bon Marché (SNHBM) à 31 ans

à peine, Guy Entringer est surtout connu sur la Place pour avoir contribué à l’amélioration

de la visibilité et à la croissance de la société. Honnête et accessible, il livre son parcours sans

artifices ni tabous, mêlant à la fois humour, franc-parler et sincérité. Portrait.

C’est plutôt par affinité que par ambition

particulière que Guy Entringer se lance

sur la voie des sciences économiques. Sa

bonne aptitude au maniement des chiffres

le pousse en effet à poursuivre des études

supérieures dans ce domaine. D’abord

Luxembourg puis Strasbourg, ses choix

d’universités sont notamment orientés par

la courte distance qui le séparera de l’équipe

de football d’Itzig, où il joue tous les weekends.

Ne brillant pas par sa pratique des

langues, l’étudiant en mesure pourtant

l’importance et prend la décision, alors

qu’il a déjà un premier diplôme en poche,

d’entamer un nouveau master à l’étranger.

Pour approfondir sa maîtrise de la langue

anglaise, il rejoint ainsi les rangs de

l’université de Stirling, en Ecosse.

Expériences étrangères

Si au cours de son premier cursus à

Strasbourg il s’était davantage lié d’amitié

avec ses nombreux compatriotes présents sur

le campus français, son expérience écossaise

est tout autre: «J’ai vécu en colocation avec

quatre étudiants respectivement originaires

du Panama, d’Indonésie, de Colombie

et des Pays-Bas. J’ai même eu l’occasion

d’intégrer l’équipe de football de ma faculté

et de participer aux compétitions organisées

entre les quatre équipes universitaires

écossaises à travers le pays. Les professeurs

encourageaient la pratique sportive et nous

libéraient pour ces rencontres. J’ai pu vivre

cette période pleinement, en tissant des

liens forts avec mon équipe», se souvient-il.

Au terme de ses études, il décroche un stage

de deux semaines au sein de l’entreprise

bettembourgeoise d’Arcelor, complété par

six semaines au sein d’une filiale américaine

de TrefilARBED. «C’était une expérience

enrichissante tant au niveau professionnel

qu’humain. J’ai été incroyablement surpris

d’observer que les Américains n’ont aucune

idée de ce qu’est l’Europe, et encore moins

le Luxembourg!».

“Prendre du recul

et se concentrer

sur ce qui est

véritablement

important”

Retour aux sources

Revenu au pays, Guy Entringer décroche

un premier emploi dans le conseil aux

entreprises chez ING, mais il est très vite

recontacté par TrefilARBED Bissen: «Ils

m’ont proposé d’intégrer l’entreprise sous

l’aile de leur directeur administratif et

financier en vue de reprendre son poste

deux ans plus tard, lors de son départ

en retraite». Bénéficiant des conseils

précieux d’un expert, il tire profit de

son enseignement et apprend les ficelles

du métier. «Sur base des connaissances

approfondies de la chaine de production

qu’il m’a transmises, j’ai pu moderniser la

méthode de travail. C’était pour moi une

première expérience de gestion d’équipe

– j’avais alors douze personnes sous ma

direction – ainsi qu’un premier contact avec

les délégations du personnel», explique-t-il.

Bien qu’appréciant son travail, le jeune

homme remarque des changements dans

la philosophie de gestion de l’entreprise,

avec laquelle il n’est plus en accord. Lui

qui voulait découvrir de nouveaux horizons

professionnels avant ses 35 ans, franchit ce

cap bien plus tôt…

Le hasard d’un changement

«La Société Nationale des Habitations à

Bon Marché recherche un économiste pour

devenir son nouveau directeur à moyen

terme». Lorsque Guy Entringer tombe

sur l’annonce un samedi matin, dans le

journal accompagnant son café, il y répond

immédiatement. Il n’a pourtant jamais

entendu parler de la société!

La SNHBM a ceci de particulier qu’elle

n’a connu que quatre directeurs en l’espace

d’un siècle. Alors qu’elle recherchait le

quatrième d’entre eux, l’entreprise était

particulièrement soucieuse de trouver un

candidat souhaitant faire perdurer cette

tradition et se maintenir à ce poste dans la

durée. Alors qu’il fait face aux réticences

d’un membre du comité d’embauche,

le jeune homme de 28 ans fait preuve

d’audace: «Mon âge est un atout, il vous

permettra de maintenir la durée moyenne

d’emploi de vos directeurs», affirme-t-il,

plein d’aplomb. Mais la société ne se laisse

pas convaincre si facilement, et ce n’est

qu’au terme d’une journée complète de

tests de recrutement que Guy Entringer

remporte le poste.


Guy Entringer


114 LG

EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 227 - OCTOBRE 2019

PORTRAITS

Or le Luxembourg a besoin de 5.000

logements par an, soit 150 ha. Si l’on

se projette sur 20 ans, ce sont 3.000 ha

qu’il faudra dégager pour satisfaire une

croissance jugée normale et nécessaire.

Or, l’Etat ne semble pas encore savoir où les

trouver…», constate l’économiste. Quant

au manque de main d’œuvre, il s’agit déjà

d’un problème à l’heure actuelle. Entre

le non-respect des délais et le manque de

qualification, le directeur de la SNHBM

craint d’ores et déjà des arrêts de chantier…

Il intègre l’équipe avec l’objectif transparent

de succéder à l’actuel directeur et apprend

ainsi pendant deux années les mécanismes

de fonctionnement de l’entreprise avant

d’en prendre la tête à tout juste 31 ans.

Nouveaux départs

Ses débuts en tant que directeur ont été

plutôt calmes: «Comme nous n’avions plus

de terrains à bâtir, nous avons beaucoup

investi et mis plusieurs années à développer

des plans d’aménagement particuliers»,

raconte-t-il. Bâtissant les fondations de la

croissance future de l’entreprise, il réussit

en onze ans à faire quadrupler son personnel

– passant de 35 à 120 collaborateurs – et

le nombre de logements construits par an

– de 80 à 300 logements. Pour soutenir

cette croissance, il parvient même à

convaincre un conseil d’administration

pourtant réticent d’abandonner ses locaux

historiques au profit de son siège actuel,

capable d’accueillir sa nouvelle équipe

grandissant au rythme des besoins du

marché.

Alors qu’il prépare ce grand tournant pour

la société, Guy Entringer vit toutefois des

moments extrêmement difficiles sur le plan

personnel. En 2012, son épouse et lui font

face à la perte de leur enfant, atteint d’un

défaut génétique. «Il s’agit de l’épreuve la

plus difficile et marquante de ma vie. Cette

rencontre avec mon fils a été très courte, je

ne l’ai connu que quatre mois, mais elle a

été déterminante et a influencé à jamais ma

vision des choses», confie-t-il. Aujourd’hui,

le couple a surmonté cette triste période:

«Nous voulons transmettre le message car

ce sont des événements qui arrivent plus

souvent qu’on ne le pense. Il faut réussir

à surmonter la douleur et surtout, il faut

en parler. Bien trop de gens n’osent pas

aborder ce sujet, or l’éviter par peur est

encore plus pénible». Guy Entringer aura

appris de ces sombres moments à prendre

davantage de recul par rapport aux objectifs

qu’il se fixe et à se concentrer sur ce qui

est véritablement important. Le deuil

est un processus personnel qui marque

en profondeur celui qui le vit. Chargé

d’une connotation accablante et tragique,

Guy Entringer nous montre qu’il est

aussi possible d’en tirer un enseignement

constructif.

Endiguer la crise

En 2013, le premier gouvernement Bettel

affiche clairement sa volonté de renforcer

de façon massive l’offre de logements et

fait pour cela appel aux promoteurs publics

du pays. «Grâce à notre préparation en

amont et à la négociation d’un soutien

gouvernemental, nous avons pu élever

notre production à 250 habitations par an,

en à peine deux ans», se remémore-t-il.

Mais la crise du logement n’en finit

pourtant pas de grandir et Guy Entringer

y voit pour sa part deux causes principales,

à savoir le manque de terrains à bâtir ainsi

que de main d’œuvre qualifiée dans le

domaine de la construction. «Si l’on demande

aux promoteurs publics de produire

1.000 logements par an, nous aurons besoin

de 30 ha, selon la moyenne nationale.

“Deux causes

principales à la

crise du logement:

le manque de

terrains et de main

d’œuvre qualifiée”

Continuité et pérennité

La SNHBM construit à l’heure actuelle

le projet Elmen à Kehlen, qui pourra à

terme accueillir 2.000 habitants. Bien que

le directeur soit fier du développement de

ce projet colossal, il n’en relève pas moins

quelques incohérences: «La priorité du

gouvernement est de créer davantage de

logements – et abordables qui plus est – pour

palier la crise. Toutefois, les administrations

attendent du projet qu’il réponde à des

exigences environnementales, de gestion

de l’eau et de mobilité très élevées. L’ennui,

c’est qu’une fois ces impératifs couplés

aux matériaux de haute qualité choisis

pour la construction et aux innovations

technologiques que nous y mettons en

place, les coûts de revient par habitation

s’en verront majorés de 100 à 150.000

euros par rapport à nos tarifs habituels…

coût qui se répercutera inévitablement sur

l’acheteur».

«Un projet comme Elmen est unique

dans une carrière. J’y ai participé depuis

l’acquisition des terrains et j’espère être

encore en poste lors de la finalisation du

projet», partage-t-il avant d’ajouter: «Mon

projet à la SNHBM est loin d’être terminé.

Nos finances sont bonnes mais des efforts

restent à fournir au niveau de l’organisation

générale de la société. Une nouvelle

génération de collaborateurs vient de nous

rejoindre et il faut veiller à l’intégrer et à

assurer une certaine continuité dans nos

activités». n


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116 LG

EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 228 - NOVEMBRE 2019

S’armer du courage d’oser

PAR MARTINA CAPPUCCIO

PORTRAITS

C’est alors que le soleil déclinant teintait de sa lumière automnale les voûtes du cloître de

l’Abbaye de Neumünster, qu’Ainhoa Achutegui, sa directrice, a accepté de nous livrer son

histoire. Assise au pied d’une exposition de l’artiste luxembourgeoise Désirée Wickler, elle

nous parle de son parcours marqué par la force d’une conviction féministe, une passion

dévorante pour la création artistique, la dureté d’un travail acharné et ce sourire éclatant qui

semble l’avoir toujours animée.

Naissance d’un amour pour l’art

Ainhoa Achutegui nait à Caracas, au

Venezuela. Alors qu’elle est âgée de cinq

ans, son père, diplomate, s’installe dans

la capitale autrichienne pour des raisons

professionnelles et emmène sa famille

avec lui. Malgré la distance, la petite

Ainhoa garde des liens très forts avec son

pays natal où elle passe ses jeunes étés. A

Vienne, le foyer familial ne manque jamais

d’animation et devient un lieu de rencontres

et d’échanges avec les communautés latinoaméricaines

et caraïbéennes.

C’est dans l’émerveillement de l’enfance

que nait sa sensibilité artistique. Tous

les dimanches, sa mère les emmenait

religieusement, ses frères et elle, au

musée d’art moderne de Vienne. C’est

également de ses parents, qu’elle décrit

comme cinéphiles fanatiques, qu’elle hérite

d’une passion pour les arts visuels. Leurs

montagnes de cassettes-vidéos étaient

chacune l’occasion nouvelle d’un moment

de partage et de découvertes que l’enfant

dévorait avec avidité.

L’illusion cinématographique

L’élève studieuse et appliquée qu’elle était

grandit. Elle se mue progressivement en

une adolescente ne laissant passer aucune

occasion offerte par un exposé ou une

dissertation de faire éclore les débuts

d’une conviction qu’elle appelait déjà, sans

doute prématurément, féministe. Poussée

à prendre son envol vers la France et ses

universités par ses professeurs du Lycée

français, l’étudiante ne s’en sent pas encore

la maturité et opte pour un cursus en

philosophie et sciences du théâtre à Vienne.

Ce premier parcours académique est

évidemment tourné vers le théâtre, mais

la matière dont elle tirera l’enseignement

le plus utile pour sa vie personnelle est

la philosophie. Qu’est-ce qu’un genre?

Que signifie être femme? «Simone de

Beauvoir disait très justement «on ne nait

pas femme, on le devient». Cette citation

a pris pour moi tout son sens à la lecture

de l’approche théorique du féminisme de

Judith Butler. Tous nos comportements

sont déterminés par des schémas sociaux

liés à notre genre. Les Gender Studies

et mes lectures féministes m’ont montré

qu’il était possible de renverser ces codes,

de dépasser ce conditionnement et d’oser

davantage, en tant que femme», nous

explique-t-elle.

“Oser davantage,

en tant que femme”

Au terme de ce cursus, Ainhoa Achutegui

est persuadée qu’elle dédiera sa carrière

au cinéma d’auteur. Tout en enchainant

de petits boulots à différents niveaux

de production, elle entame un master

en gestion de projet dans l’objectif de

consolider les compétences nécessaires

à la vie professionnelle à laquelle elle

se destine. Mais le monde du cinéma

ne correspond ni à ses attentes, ni à

sa philosophie de travail. Trouvant

celui-ci trop proche de considérations

économiques et trop éloigné des arts, elle

se passionne davantage pour la danse et

le théâtre: «Le problème du cinéma est

que le résultat final doit être parfait. En

m’investissant dans des projets en danse et

en théâtre, j’ai découvert une ambiance de

travail qui laissait la place à la spontanéité,

à l’erreur et à l’humeur de l’artiste,

donnant lieu à des prestations uniques».

Sensible à la performance, au laid ou

encore à l’engagement, c’est à travers

les danses contemporaine, conceptuelle

ou engagée qu’elle retrouve l’expression

spontanée du vrai qui la touche tant. En

se lançant sur cette nouvelle voie, Ainhoa

Achutegui a également entamé un second

cursus en gestion de projets culturels.

Au carrefour des possibles

A tout juste 26 ans, trois propositions

professionnelles intéressantes s’offrent à

elle. Accumulant une certaine expérience

dans la production cinématographique, on

lui propose deux postes dans ce domaine.

Mais c’est la troisième offre qui retient

son attention. Assistante du directeur

artistique du Werkstätten und Kulturhaus

(WUK) à Vienne depuis quelques mois

à peine, ce dernier remet sa démission et

la recommande pour sa succession. Elle

accepte pour une simple raison: il s’agit du

défi qui lui serait le plus difficile à relever.

Sans dénigrer l’importance de l’expérience

dans un parcours professionnel, Ainhoa

Achutegui insiste également sur le

pouvoir du potentiel qui ne demande

qu’à se concrétiser en compétences

à un poste donné: «En tant que

femme, nous devons valoriser notre

potentiel! Ce poste m’a demandé un

énorme investissement, nous avions

103 artistes en résidence et une

programmation variée. Je n’ai jamais

autant travaillé dans ma carrière, mais

c’était aussi la plus belle expérience de

ma vie», se souvient-elle.


Ainhoa Achutegui


Défendre et s’engager

Ce poste qu’elle espérait tant finit même

par dépasser ses attentes. Passion et

enthousiasme transparaissent d’ailleurs avec

force lorsqu’elle évoque les missions qui lui

sont confiées: «J’aime particulièrement l’art

lorsqu’il est engagé, vecteur d’un message.

neimënster me permet de m’inscrire

dans cette lignée en programmant des

conférences, expositions ou encore

spectacles enrichissants, sur des sujets

sociétaux forts et variés. J’aimerais encore

faire évoluer neimënster en renforçant la

résidence d’artistes, pour qu’ils investissent

véritablement le lieu!».

“Laisser la place

à la spontanéité,

à l’erreur et

à l’humeur

de l’artiste,

donnant lieu

à des prestations

uniques”

L’art de diriger

C’est une histoire d’amour qui poussera la

jeune femme à s’établir au Luxembourg.

Postulant à distance auprès du Centre des

Arts Pluriels d’Ettelbruck (CAPE), elle est

directement engagée en tant que directrice

artistique. Elle doit alors s’acclimater à

une autre approche de la culture: le public

luxembourgeois, à mille lieues du viennois,

se sent concerné par la programmation du

CAPE et lui donne son avis au terme de

chaque spectacle. Elle qui avait jusqu’ici dû

se battre pour attirer les spectateurs devait à

présent entendre leurs critiques, élogieuses ou

mécontentes, dès la fin d’une représentation.

Mais la nouvelle directrice se prend au jeu; elle

se nourrit de leurs échanges et apprend même

le luxembourgeois pour renforcer ce lien.

Son équipe très soudée la porte et, petit à

petit, elle réussit la prouesse de donner au

CAPE une visibilité à l’échelle nationale

mais aussi internationale.

Au bout de huit ans pourtant, lorsque

le poste de directrice à l’Abbaye de

Neumünster se libère, elle ne peut

ignorer cette opportunité et décide de

postuler, malgré l’avis défavorable de

son entourage. «Tout le monde était

persuadé qu’ils n’embaucheraient qu’un

homme luxembourgeois d’un certain

âge. J’ai travaillé dur pour passer les tests

d’embauche car je savais que je possédais

de l’expérience nécessaire pour assumer

ce rôle. Je voulais prouver qu’une jeune

femme pouvait être sélectionnée pour la

phase finale, même si elle ne décrochait pas

le poste», dit-elle pleine d’entrain.

Connue pour son engagement féministe,

on lui propose en 2015 la présidence

du planning familial. «Le poste est

particulièrement exposé aux critiques

publiques, mais je crois en la cause et j’ai

accepté cette responsabilité sans hésiter»,

explique-t-elle. Depuis son arrivée, des

dossiers comme le remboursement de la

contraception, la suppression de la taxe

tampon ou encore la présence soudaine

d’un titulaire de classe lors des séances

d’information en école primaire sont

traités. Elle conclut sur une note d’espoir:

«Je suis pour l’égalité entre les femmes

et les hommes et les quotas sont un bon

moyen d’y parvenir. A compétences égales,

je pense qu’une femme assumerait aussi

bien ses responsabilités qu’un homme;

or, sans ces quotas, les hommes seraient

sans doute privilégiés, surtout pour les

postes à responsabilité. Je pense que les

femmes doivent arrêter de se sous-évaluer,

s’entraider davantage et surtout, oser…». n


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120 LG

EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 229 - DÉCEMBRE 2019

Le travail du plaisir

PAR JULIEN BRUN

PORTRAITS

En presque trois décennies, son affaire est passée de 9 à 380 employés, de 125 à 8.000 voitures

vendues par an et de 3 à 300 millions de chiffre d’affaires. Philippe Emond est à la tête d’un

empire qui porte son nom au travers huit concessions automobiles réparties en Belgique, en

France et au Luxembourg. Portrait d’une réussite qui prend source de la passion automobile et

d’une farouche envie de s’arracher à son milieu familial mais sans tarir des valeurs originelles.

Un enraciné

Son français a conservé une musicalité qui

prend racine dans les pâturages gaumais;

l’aspiration des voyelles et les articulations

grippées des consonnes rappellent quelque

peu la lourdeur des sabots des chevaux

ardennais labourant les terres de son histoire.

Agriculteurs, ses grands-parents maternels

et paternels furent des gens de la terre. Avec

ses deux sœurs, toutes les vacances étaient aux

pommes de terre de Florenville, au bétail des

pâturages, aux jeux de la ferme et au tracteur

pourfendant la noirceur des nuits de Gaume.

Suivre son père partout faisait le bonheur du

garçon. Le travail des champs forge les corps

comme l’éducation du monde paysan forge les

âmes. Les valeurs sont simples: le sens de la

parole donnée qui se cristallise dans une solide

poignée de main, l’indéfectible honnêteté des

sentiments pudiquement recouverte par la

rusticité des échanges, la politesse de quelques

formules jalonnant le quotidien et permettant

le pardon lorsque l’on déborde un peu trop.

Le gamin est performant dans ce qui le

passionne et fainéant pour le reste. Interne

chez les Frères Maristes d’Arlon à onze ans,

traversant les années sans jamais briller,

le «cancre discipliné» fait son petit bout

de chemin, des rêves plein la caboche.

Hermétique aux grands auteurs, il avale

pourtant d’innombrables bouquins de foot

et BD qui jonchent son lit. L’œil ennuyé

posé sur une formule mathématique pétille

à la récré lorsque s’annonce la partie de

ballon entre copains. Et le rouge des

bulletins - qu’il brûlera lorsqu’il deviendra

papa afin que son fils ne tombe pas dessus

- jure avec l’encre bleue de liberté qu’il

aime coucher sur le papier des rédactions

et des poésies griffonnées comme autant de

moments de dire le monde qui l’entoure.

L’ado est peut-être un «cancre» et un

«fainéant» à l’école, mais il est passionné et

a le sens de l’observation. Deux qualités qui

le mèneront à une réussite professionnelle.

“Le sens

de la parole

donnée qui

se cristallise

dans une solide

poignée de main”

S’arracher à son milieu

De l’ennui scolaire qui l’enferme, naît une

envie de s’échapper; le jeune homme de 19

ans se confie à son paternel qui lui répond:

«pas grave, demain tu viens au boulot».

Il ouvre la station essence à cinq heures,

jusqu’à ce que les femmes de la famille

prennent le relais à sept, et retrouve ensuite

une activité d’horticulteur-paysagiste. Dans

les serres et pépinières accolées, il prend soin

des fleurs et arbustes, tient les rangées bien

alignées et les étiquettes bien propres, joue

des agencements pour trouver la meilleure

mise en évidence; dans les parcs et jardins,

il compose des œuvres d’harmonie… autant

d’activités qui procurent joie et tranquillité.

Déclaré aide-familiale, les 500 francs

belges (l’équivalent de 12 euros) touchés

par semaine sont avalés dans les bals de

fin de semaine entre copains. Son premier

véritable salaire est versé à son mariage;

il a alors 24 ans. La culture du monde

paysan de l’époque définissait encore l’âge

adulte comme la rupture avec l’enfance.

Le passage du principe du plaisir à celui

de réalité dans la gouvernance des actions

s’incarne aussi dans le mariage et dans cette

phrase performative: «dorénavant, tu es un

homme mon fils».

L’affaire familiale était un choix par défaut, une

solution de proximité, mais ses idées ne sont

jamais assez bonnes aux yeux du patriarche.

Une dichotomie en somme, toute naturelle

entre un fils et son père: «à 20 ans on se

tait, à 25 on est contrarié, à l’approche de

la trentaine on souhaite partir», avoue-til.

S’arracher à son milieu d’accord mais

pour faire quoi? Sans argent, ni diplôme,

ni réseau; il lui faut choisir un métier pour

lequel il aurait envie de se lever chaque

matin.

«Amoureux comme au premier jour»

Il a toujours aimé les belles cylindrées

en général et les BMW en particulier.

Un amour qui naît aussi d’un conflit

intergénérationnel dans la mesure où son

père ne jure que par Mercedes; la marque

du tracteur, de la voiture et de l’utilitaire.

Mais par principe d’émancipation, il fallait

que l’ado trouve puis affirme une identité

propre.

«BM, c’est la jeunesse, la sportivité, le

dynamisme mais avec l’élégance» et ce n’est

pas un hasard si trois modèles de la marque

ont été au casting de James Bond. La

tueuse en robe de soirée, à la fois luxueuse

et ensauvagée, continue de séduire Philippe

Emond comme au premier jour. Et comme

tout bon aveugle en la matière, sa fidélité

trouve toujours un défaut aux autres

marques.

«Le plaisir de conduire… elles virent à plat

dans un équilibre parfait… des à-coups plus

doux dans nos boîtes à huit rapports… une

musicalité des moteurs…». Aux puristes qui

regrettent les propulsions, il retorque que

les meilleures tractions sont toujours chez

BM qui ne connaît pas de soulèvement

de l’avant. Que ce soient les hybrides

rechargeables, les électriques, les M ou les

berlines; elles sont toujours conçues pour le

plaisir de conduire. Et cela vaut également

pour Mini qui a su garder son origine de

«Go-Kart Feeling». Une passion si

forte que le logo BMW est tatoué

depuis vingt ans sur son mollet…


Philippe Emond


122 LG

EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 229 - DÉCEMBRE 2019

PORTRAITS

«Emond avec passion»

En 1993, avec dix ans d’entreprise dans

les pattes, l’envie de réussir au ventre et la

passion au cœur, il se lance en achetant son

premier garage. Papa d’un enfant de six

mois, il contrôle la peur de l’échec et prend

un emprunt sur dix ans. La première année

est extrêmement compliquée dans la mesure

où les planètes de la réussite ne sont pas

vraiment alignées. Ce n’est pas une année

salon (qu’un an sur deux à l’époque), la

concession perd de l’argent depuis dix ans et

il se lance un peu après janvier, sans compter

qu’il n’a jamais vendu de voitures de sa vie,

doit trouver ses marques et entretient une

relation compliquée avec son prédécesseur

resté un temps dans l’entreprise. Un travail

acharné lui permet de rattraper un peu la

situation au mois de septembre et de clôturer

sa première année à la voiture près.

Les années suivantes soignent sa notoriété.

Il n’a pas encore 30 ans et paraît bien

plus jeune que son âge. Tellement que les

clients demandent à parler à son père en

rentrant dans ses concessions d’Arlon et

de Libramont. En 1996, il gagne un prix

de gestion d’entreprise qui fait la une de

la presse locale et, petit à petit, les regards

changent et les ventes augmentent. Il réalise

seul 350 ventes par an, et ce, sans ordinateur,

ni téléphone portable; aujourd’hui un

vendeur est satisfait lorsqu’il en signe 150.

Mais cette croissance a un prix, la privation

de moments en famille et un surmenage qui

l’amène à l’hôpital et l’oblige, en 1998, à

prendre un premier vendeur en renfort.

“La tueuse

en robe de soirée,

à la fois luxueuse

et ensauvagée,

continue

de séduire comme

au premier jour”

En 2007, il souhaite se développer davantage

mais les zones d’influences belges sont déjà

saturées et il s’en va alors du côté français:

Châlons-en-Champagne, Charleville-Mézières,

Reims, Saint-Quentin, Soissons. La crise

est essuyée «par le courage et en se faisant

une identité cohérente» mais aussi en

adhérant au mieux aux demandes du

constructeur comme l’automatisation des

magasins de pièces détachées par exemple

et l’avant-gardisme commercial.

Le marché luxembourgeois était une évolution

toute logique et c’est en 2016 qu’elle prend

forme avec le rachat de la concession Kontz.

L’association avec le groupe suédois Bilia

tombe alors à pic pour ce gros morceau. Le

Grand-Duché offre plus de potentiels parce

que la fiscalité est bonne, que les voitures de

fonction sont nombreuses et que le revenu

moyen est supérieur mais «le pays ne connait

pas de zones d’influences; du coup, le marché

est extrêmement compétitif».

L’avenir du groupe Emond

En décembre 2023, Philippe Emond fêtera

ses 30 ans de carrière. Un bel âge pour

prendre sa retraite mais rien n’est décidé

pour l’heure. Reste encore à inaugurer une

prochaine concession à la Cloche d’Or:

«l’investissement d’une vie», dit-il et à

concrétiser quelques projets.

La prolongation du partenariat avec Bilia

sera néanmoins le dernier. L’homme qui

s’est déjà battu contre un cancer, fait

opérer de la colonne vertébrale et récupère

doucement la mobilité de sa main souhaite

trouver plus de temps pour lui et ses

proches. Ce qui est relativement conflictuel

avec les 100.000 km encore parcourus

chaque année.

Son fils, pilier de l’équipe du Standard de

Liège, ne reprendra pas l’affaire et son

petit-fils qu’il entend voir plus souvent, n’a

que deux ans. Pas de succession familiale

donc mais ce qui est certain, c’est qu’il

souhaite préserver les valeurs qui animent

ses concessions. L’homme d’affaires affirme

connaître les prénoms de ses 380 employés

et commencer sa journée par les saluer un

par un. Personne n’est engagé dans cette

«grande famille» sans d’abord passer devant

le patriarche et lui seul valide les contrats.

La consigne donnée à ses cadres est de ne

lui amener que des candidats qui sont des

atouts et une évaluation des compétences

et des valeurs est menée pour chacun d’eux;

«si je peux tolérer quelques points en moins

pour les premières, je ne laisse rien passer

pour les secondes».

Le directeur est attaché à la politesse et

aux belles manières dans les relations

avec la clientèle mais également entre

collaborateurs. Il aime croire en une recette

Emond, à l’élaboration d’une histoire

collective et à des valeurs communes.

Simplicité, honnêteté et sens de la

parole donnée; Philippe Emond donne

l’impression de s’être arraché à son milieu

social tout en ayant gardé les valeurs qui le

constituent. n


moving people,

moving you.

Tous les jours, nous prenons la route ensemble !

Solutions de mobilité de Sales-Lentz.

sales-lentz.lu


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