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Du grand brûlé koala à la belle Gëlle Fra
Du grand brûlé koala à la belle Gëlle Fra
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Edition 2020 | n˚ 230
www.gemengen.lu
Paul Zeimet
Administrateur délégué
Soler
WILLY HEIN ET TOBIAS WILHELM
HEIN
Un centre de tri pour le Luxembourg
SÉGOLÈNE RICHARDEAU ET GERRIT CANIPEL
ALD AUTOMOTIVE
Gérer humainement ses ressources
VALÉRIE ARNOLD
PWC LUXEMBOURG
Pour une finance durable
EDITO
PAR JULIEN BRUN
Du grand brûlé koala à la belle Gëlle Fra
Les températures extrêmes et les vents violents ne finissent plus
d’attiser les flammes australiennes depuis cinq mois. Le bilan provisoire
est lourd: 26 personnes tuées, plus de 2.000 maisons détruites,
100.000 déplacés, une facture chiffrée à 433 millions d’euros 1 , des
milliards d’animaux morts 2 et déjà 8 millions d’hectares de biodiversité
réduits en poussière. Si les feux de brousse y sont endémiques,
de nombreux scientifiques dénoncent les effets du changement
climatique 3 . Or le climatosceptique Premier ministre australien Scott
Morrison est aussi un ardent défenseur de la lucrative industrie du
charbon qui produit un tiers des exportations mondiales. Macabre
ironie pour celui qui déclarait en décembre 2019 sur Channel 9:
«nous n’allons pas nous engager dans des objectifs irresponsables,
destructeurs d’emplois et nuisibles à l’économie». Irresponsabilité
politique ou déraison morale que de refuser la transition énergétique
au prétexte de préserver un diamant noir destructeur de biodiversité
et nuisible à ses propres concitoyens?
La durabilité du développement économique est tributaire de la
responsabilité sociale et environnementale des entreprises. Toutes
les Greta du monde auront beau faire bleu, qui d’autre que le
politique pour les contraindre au changement? Ce n’est pas comme
si la semaine de 40 heures, l’interdiction du travail des enfants et
les congés payés eurent été défendus par le capital tout de même,
auquel cas la conscience citoyenne n’aurait pas de mouron à se faire.
Le mouton lève-t-il les yeux au ciel en priant que le loup devienne
herbivore? À l’espoir d’un alignement volontaire sur les bonnes
pratiques, seule une réglementation contraignante, autrement
dit le droit, répond à l’urgence de la situation. Mais l’écologie et
l’économie ne se réconcilieront que si elles intègrent les enjeux
sociaux et démocratiques.
c’est-à-dire avec une date de naissance et de mort où la dictature
du prolétariat fait transition. L’homme n’étant pas uniquement un
être de culture mais également de nature, ce sont les marchés qui
toujours remportent cette bataille idéologique. La problématique
est moins le libéralisme que l’épithète qu’on lui accole; peut-il être
écologique, social, durable, raisonnable? Oui, mais à la condition
que le droit protège l’intérêt général de ceux sur qui le pouvoir
s’exerce, c’est-à-dire le peuple.
Le citoyen ne finit plus d’être confondu avec un client et les services
de communication, experts du maniement de la «novlangue»,
repeignent sous des couleurs attrayantes les tristes conditions
actuelles. Une entreprise socialement responsable s’inscrit
néanmoins pleinement dans la société qui la rend possible. Ses
bénéfices, condition intrinsèque à sa prospérité, servent ses
actionnaires mais aussi ses employés, ils profitent à la réduction
de son empreinte écologique et participent au renversement de la
paupérisation. Des riches toujours plus riches, des pauvres toujours
plus pauvres et l’étage médiant des classes moyennes précaires sont à
l’orée des migrations, de tensions sociales, de populismes politiques
au pouvoir; autant de dangers pour tous les commerces.
Prenons Luxembourg-Ville, que reste-t-il du vivre-ensemble encore
en vigueur jusqu’au milieu des «vingt splendides»? L’épicentre d’une
augmentation des prix de l’immobilier (+11% en 2019) ne finit plus
de repousser les plus bas salaires toujours plus loin. Réjouissement
des patriciens certes, mais ô désespoir des plébéiens. n
Dans une société cadenassée par l’Ancien Régime, le libéralisme
naît d’une impossibilité de penser et d’entreprendre librement. Se
demander si le communisme est préférable au capitalisme est un
débat du siècle dernier qui revient à penser le capital selon Marx,
[1] Le Conseil des assureurs d’Australie a annoncé que les demandes de dédommagements reçues par les compagnies s’élevaient à 700 millions de dollars australiens (433 millions d’euros), un
montant appelé à grimper.
[2] Selon les chercheurs de l’Université de Sydney. Ce chiffre inclut les mammifères, les oiseaux et les reptiles, mais pas les insectes ou les invertébrés.
[3] Selon le service européen Copernicus sur le changement climatique, 2019 a été la deuxième année la plus chaude dans le monde, concluant une décennie record. Le porte-parole des
services météorologiques australiens, Jonathan How, a indiqué en ce début d’année que des températures records ont été enregistrées à Sydney (48,1 degrés) et Canberra (42,9 degrés) et
qu’elles pourraient encore augmenter.
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EDITION SPÉCIALE
SOMMAIRE
BÂTIMENT & CONSTRUCTION
26 | ANGÉLINE PRÉVOT
GERI Management
COVERSTORY
06 | PAUL ZEIMET ET GUY UHRES
Soler S.A.
Pour des chantiers sécurisés
BÂTIMENT & CONSTRUCTION
28 | LAURENT SAEUL
Minusines
Soler ou l’énergie renouvelable
La conception et la définition du «Design»
au cœur des projets
ENERGIE
12 | ANOUK HILGER ET LAURENT MAGI
Enovos
ENERGIE
16 | GÜNTER KRINGS
Viessmann Luxembourg
LOGEMENT
36 | REBECCA FAGOT ET MARTIN KOX
Fonds du Logement
Enovos, premier acteur de la transition
énergétique au Luxembourg
Fournir des solutions intégrées
Nonnewisen: un quartier mêlant mixité
sociale, architecturale et des fonctions
ENERGIE
14 | JOACHIM COLLES ET ADELAIDE
WAMPACH - ista Luxembourg
CONSTRUCTION DURABLE
18 | PATRICIA STREBER
XXA architecture
LOGEMENT
40 | GILLES HEMPEL
Fondation pour l’Accès au Logement
Une action globale pour l’environnement
Audace et innovation au service
de l’écologie
Pour des logements abordables
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EDITION SPÉCIALE
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DEVELOPPEMENT DURABLE
42 | WILLY HEIN ET TOBIAS WILHELM
Hein Group
ECONOMIE
74 | VALÉRIE ARNOLD
PwC Luxembourg
LETZEBUERGER GEMENGEN
Publication éditée par Euro-Editions S.A.
www.gemengen.lu
Société éditrice
Euro-Editions S.A.
24, rue Michel Rodange • L-4660 Differdange
Régie publicitaire
Julien Malherbe
marketing@euroeditions.lu • Tél. 58 45 46 30
Un centre de tri pour le Luxembourg
DEVELOPPEMENT DURABLE
46 | SuperDrecksKëscht ®
Pour une finance durable
ICT
82 | DANIEL SAHLER
Fujitsu
Administration
Lucia Ori
Tél. 58 45 46-29 • Fax 58 49 19
admin@euroeditions.lu
Raouf Hatira • Tél. 58 45 46 23
secretariat@euroeditions.lu
Rédaction
Julien Brun
julien@euroeditions.lu • Tél. 58 45 46 26
Martina Cappuccio
martina@euroeditions.lu • Tél. 58 45 46 26
Pierre Birck
Adeline Jacob
Raouf Hatira
Emilie Di Vincenzo
Les déchets, un véritable potentiel
de ressources
DEVELOPPEMENT DURABLE
48 | ALAIN JACOB
LAMESCH
‘Voyages’ vers les Clouds
PORTRAITS
108 | ALINE MULLER
LISER
Conception et réalisation graphique
Sophie Glibert
sophie@euroeditions.lu • Tél. 58 45 46 25
Photographie
Marie De Decker
Eric Devillet
Agence Kapture
La digitalisation en marche
Au service de l’intérêt général
EMPLOI & FORMATION
60 | SÉGOLÈNE RICHARDEAU
ALD Automotive
PORTRAITS
116 | AINHOA ACHUTEGUI
neimënster
Impression
Imprimerie Centrale
Gérer humainement ses ressources
S’armer du courage d’oser
© Euro-Editions
Tous droits de reproduction réservés pour tous pays.
Tous manuscrits, photos et documents envoyés à la
rédaction ne peuvent être exploités qu’avec l’accord
de leurs auteurs. Publiés ou non, ils ne seront pas
restitués. Les reportages signés n’engagent que
leurs auteurs. Les prix figurant dans cette revue
sont indicatifs et peuvent être sujets à des variations
dont l’éditeur ne pourrait nullement être tenu pour
responsable.
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EDITION SPÉCIALE
COVERSTORY
Soler ou l’énergie
renouvelable
Paul Zeimet et Guy Uhres
Les objectifs luxembourgeois en ce qui concerne la part des
énergies renouvelables est de 11% en 2020 et de 25% en 2030.
La Société Luxembourgeoise des Énergies Renouvelables
y participe en s’occupant du développement de projet,
de la planification, de la construction et de l’exploitation
d’installations de production d’énergie à partir de sources
renouvelables dans différentes régions du pays. Interview de
Guy Uhres, responsable des énergies renouvelables, et de Paul
Zeimet, administrateur délégué de Soler.
Comment se développent les projets
éoliens?
PZ: Ce sont les communes qui, bien souvent,
nous sollicitent pour estimer leur potentiel en
termes d’énergie éolienne. Or, il est en règle
générale préférable d’adopter une approche
régionale qui réunit plusieurs communes.
C’est par exemple le cas de notre projet à
la Moselle pour lequel cinq éoliennes sont
actuellement à l’étude pour les communes
de Flaxweiler et de Wormeldange.
Une soixantaine d’éoliennes, reparties dans
différent projets, sont actuellement en
développement ou à l’étude.
Pour chaque projet, des études environnementales
doivent être réalisées au
préalable…
GU: Nous devons en effet réaliser une
évaluation d’incidents sur l’environnement.
Cette évaluation porte sur le son, les
ombrages, le champs visuel des habitants
mais aussi sur la faune et la flore. Nos
experts agréés apportent un soin particulier
aux oiseaux et chauve-souris. Une année
durant, ils sillonnent les sites; repèrent les
nids au printemps et les zones de chasse en
été. Et ce, dans le but d’éviter les collisions
et de réduire au maximum l’impact
écologique des éoliennes.
Les grandes migrations se font à de
beaucoup plus hautes altitudes que les
éoliennes. Néanmoins, au lac du Der
(France), des observateurs nous avertissent
de la migration des grues cendrées et ainsi
nous pouvons précisément prévoir leur
arrivée au Luxembourg. Nous arrêtons
alors les éoliennes en prévision et il en va
de même en cas de brouillard qui réduit
la visibilité des rapaces chassant dans les
champs en contre-bas par exemple.
Et une fois que les études sont réalisées?
PZ: Elles doivent être validées par
l’administration. S’en suit le permis de
construire et les procédures d’autorisation
Commodo-Incommodo. Des mesures
de compensation peuvent être requises
comme trouver des terrains alentours,
dont l’herbe coupée chaque semaine
permettra aux rapaces d’y chasser par
exemple. L’agriculteur labourant sa terre
en contre-bas doit nous prévenir pour
qu’on puisse arrêter les hélices et éviter
les risques d’impact avec les oiseaux qui y
chassent. Une ligne téléphonique est à leur
disposition et une équipe est dédiée aux
arrêts temporaires.
“Un acteur des
énergies renouvelables
partenaire
des communes
et à l’écoute
des citoyens”
GU: Il existe également des mesures
d’atténuation comme l’implémentation de
haies et de vergers. La création de structures
linéaires sert à orienter les chauves-souris
et les fruits attirent les insectes dont elles
se nourrissent. Il faut dès lors réussir à
convaincre les propriétaires terriens.
Il arrive parfois qu’il faille également
déplacer et reconstruire des nids, créer des
lisières dans les forêts et même sauver des
arbres à cavité par exemple.
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EDITION SPÉCIALE
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EDITION SPÉCIALE
COVERSTORY
Soler anime des réunions d’information
dans lesquelles vous répondez aux
inquiétudes des citoyens…
PZ: Dès lors qu’il y a une volonté de la
commune de poursuivre un projet et que
la faisabilité technique est validée, nous
présentons le projet aux citoyens. Les
inquiétudes récurrentes sont la pollution de
leur champs visuel, le bruit et la protection de
l’environnement. Nos 20 années d’expérience
nous ont fait adopter un principe simple qui
est celui de la transparence. Et ces réunions
en amont du processus de développement
nous permettent de répondre aux questions
des citoyens.
Contrairement aux habitants du Nord, ceux
du Sud n’ont pas réellement d’expérience
des éoliennes. Ils connaissent néanmoins
les grands parcs belges et allemands et ont
donc peur d’une telle densité près de leurs
habitations. Il faut donc expliquer que nos
projets ne comportent que deux à trois
éoliennes contre dix chez nos voisins et que
nos règles appliquées au développement et
au choix des sites sont bien plus strictes.
GU: Ces réunions d’information publiques
réunissent en moyenne entre 50 et
120 personnes; ce qui prouve l’intérêt des
citoyens en la matière. Au Luxembourg,
les distances entre les éoliennes et les
habitations sont définies par le bruit.
La limite est de 37 décibels de nuit contre
42 en Allemagne. Quand on sait que
3 décibels de plus correspond au double
du bruit entendu, les normes sont en effet
plus strictes au Luxembourg. Certes il y a
plus de contraintes techniques mais seule
une approche de raison permet d’inclure les
citoyens dans nos projets.
C’est dans cette même optique d’inclusion
que nous proposons des participations
au capital de la société d’exploitation aux
communes et aux habitants.
Quelles sont les capacités de production?
PZ: Une éolienne de dernière génération
affiche une production moyenne de plus
de 7 GWh par an; ce qui équivaut à la
consommation de plus de 1.700 ménages de
4 personnes. Les évolutions techniques du
marché sont importantes et rapides et nous
remplaçons régulièrement les plus anciennes
éoliennes par de nouvelles générations.
Notre parc le plus ancien est le Windpower
à Mompach qui se compose de 4 éoliennes
avec une puissance installée de 2 MW au
total. Elles seront très prochainement
remplacées par une seule éolienne d’une
puissance de 3,2 MW.
GU: Études, planification, présentation,
construction, exploitation et remplacement;
ce suivi à long terme est un gage de confiance
auprès des communes et des populations. n
Soler en chiffres
42 éoliennes
3 centrales
hydroélectriques
110,75 MW
puissance installée
212 GWh production
moyenne par an
20 ans d’expérience
139.000 tonnes
de CO 2
économisés
Soler S.A.
2, rue Pierre d’Aspelt
L-1142 Luxembourg
B.P. 37 / L-2010 Luxembourg
info@soler.lu
www.soler.lu
Energy
from Luxembourg
Depuis 2001, nous développons,
planifions, construisons et exploitons
des installations de production d’énergie
par des parcs éoliens et stations
hydroélectriques au Luxembourg.
Nos sites témoignent de l’importance
que nous accordons à un développement
de nos activités dans le respect de la
nature et en harmonie avec les citoyens.
Grâce à nos nouveaux projets de
parcs éoliens, nous contribuons non
seulement aux objectifs européens en
matière d’énergies renouvelables, mais
assurons également la mise en place
d’une production énergétique durable
pour le Luxembourg.
www.soler.lu
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EDITION SPÉCIALE
ENERGIE
L’énergie,
un avenir durable
pour le Luxembourg
PAR PIERRE BIRCK
L’efficacité énergétique combinée à une gestion raisonnée
et intelligente de l’espace, telle est la direction que semble
prendre le Grand-Duché de Luxembourg pour lutter contre
le réchauffement climatique. Claude Turmes, ministre de
l’Energie et de l’Aménagement du territoire, revient sur les
décisions de son ministère en matière d’énergies renouvelables
et présente sa vision de la Smart City, inclusive et résiliente.
Quelles sont les initiatives mises en
place au Luxembourg pour atteindre
l’objectif de 25% d’utilisation d’énergies
renouvelables en 2025?
Notre politique s’oriente vers plusieurs
directions pour les énergies renouvelables.
L’éolien d’abord car chaque grande éolienne
a une puissance entre 3.000 voire 4.000 kW,
soit l’équivalent d’une surface de huit à dix
hectares de panneaux photovoltaïques.
Le Luxembourg est aujourd’hui septième
européen en termes de puissance
photovoltaïque. A l’heure actuelle, nous
produisons 130 gigawattheures d’énergie
solaire et nous souhaitons atteindre 1.100
gigawattheures d’ici 2030. Nous avons ainsi
modifié le règlement grand-ducal pour
faciliter l’installation de panneaux solaires et
lancé un appel d’offre pour la construction
de parcs de plus grande envergure.
Mais d’autres sources d’énergie existent.
Je pense par exemple à la biomasse bois ou
encore au biogaz pour remplacer une partie
du gaz fossile dans le réseau.
Le plan national énergie et climat vise, à
l’horizon 2030, une réduction des gaz à
effet de serre de 50 à 55% par rapport à
2005 alors que l’Union européenne mise
sur baisse de 40%. Est-ce réalisable?
Ces objectifs européens ont été établis
en 2014 avant les Accords de Paris sur le
Climat. Depuis lors, le dernier rapport des
scientifiques n’est plus en phase avec ces
objectifs. Une réduction des gaz à effet
de serre de 50% au niveau global est en
effet nécessaire pour sauver notre planète.
Cet objectif est ambitieux mais réaliste; le
Luxembourg s’offre d’ailleurs les moyens
de l’atteindre puisqu’il se positionne comme
un pays test et modèle pour les solutions
climats. De plus, notre place financière
permet de soutenir les startups qui œuvrent
dans ce sens.
Comment voyez-vous la ville de demain
au Luxembourg de façon globale, mais
aussi d’un point de vue énergétique?
La conception des villes de demain passe
par une utilisation raisonnée de l’espace,
car notre territoire est limité en termes de
superficie. De plus, le Luxembourg connaît
une forte croissance démographique. Il est
donc nécessaire d’imaginer des quartiers
de haute qualité bien desservis par les
transports publics, avec des espaces verts
et des zones de rencontre. Dans un pays
aussi multiculturel que le nôtre, les espaces
publics participent à l’intégration sociale.
En ce sens, la transformation des friches
industrielles en écoquartiers fait par exemple
partie des objectifs du gouvernement.
Nous souhaitons également créer un
cercle vertueux qui s’appuie notamment
sur le principe d’économie circulaire et
qui participe à l’élaboration de la ville de
demain. Ce concept est en partie lié à la
construction durable. Chaque bâtiment doit
être déconstructible et non plus démoli.
Le bâtiment - je n’ai pas envie de dire
celui de demain, mais bien celui que l’on
construit aujourd’hui - est très efficient à
plusieurs niveaux: chauffage avec pompes
à chaleur, panneaux photovoltaïques
sur la toiture, isolation et ventilation
optimales,…
D’un point de vue production énergétique,
le photovoltaïque ou encore l’éolien seront
primordiaux dans le futur. Le système
électrique sera intelligent, notamment
grâce à la digitalisation des processus.
L’électromobilité prendra également
une place importante dans les transports,
qu’ils soient publics, de marchandises ou
simplement individuels.
La thématique de l’énergie dans la Smart
City impacte forcément les citoyens.
Est-ce difficile de changer les mentalités?
Comment le citoyen peut-il
devenir acteur de ce changement de
paradigme?
Le changement climatique est une problématique
planétaire. Ce projet sociétal
d’envergure qu’est la transition énergétique
est l’affaire de tous. C’est aux femmes et
hommes politiques d’aider le citoyen en
lui offrant un cadre adéquat favorisant des
initiatives plus durables par des subventions
et des programmes ciblés. L’Etat se doit
d’être un facilitateur. Il est impensable
que celui qui veut nuire à la protection de
l’environnement ait plus de droits que celui
qui souhaite être vertueux!
Nous avons par exemple choisi d’investir
massivement dans le transport public
pour diminuer l’usage de la voiture. Nous
souhaitons également modifier la loi dans
les syndics de copropriété pour faciliter
l’accès aux bornes de recharge et au
photovoltaïque.
Il y a de l’espoir pour l’avenir, en témoigne
la réaction positive des citoyens sur
notre programme solaire. En quelques
mois seulement, nous avons généré
50 mégawatts supplémentaires, c’est
encourageant!
Claude Turmes
Quels seront les impacts des mesures
énergétiques sur l’économie nationale?
Doit-on se tourner vers l’ancien ou le nouveau
monde? Cette question est indispensable
dans la politique actuelle. L’ancien
monde, c’est le diesel pour les camions, les
énergies fossiles,... Cette manne disparaîtra
forcément au profit de l’électrique et
d’autres technologies. Le Luxembourg,
grâce à son université, sa recherche, sa
place financière et son marché, peut devenir
le pays des solutions pour le climat. Il sera
donc important de gérer efficacement cette
transition ces prochaines années car l’enjeu
de notre économie se trouve dans ces
domaines et ces innovations. n
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EDITION SPÉCIALE
ENERGIE
Enovos, premier acteur
de la transition énergétique
au Luxembourg
Au Luxembourg, la transition énergétique se vit sans aucun doute avec un peu plus d’intensité
qu’ailleurs, car le pays ambitionne de devenir le leader européen de la lutte contre le
réchauffement climatique. Pour y parvenir, le Plan Climat, établi par le gouvernement, est
une feuille de route décrivant les moyens d’atteindre et de dépasser les objectifs imposés par
l’Union européenne. Ces mesures visent principalement à réduire la consommation d’énergie
dans l’habitat, les entreprises et les transports, et à développer les énergies renouvelables.
Anouk Hilger, Head of Renewable Energies, et Laurent Magi, Head of Energy Efficiency, les deux piliers majeurs de la transition
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EDITION SPÉCIALE
13
Enovos accompagne la transition énergétique
Enovos, premier fournisseur d’énergie en
Grande Région, est aussi l’un des principaux
acteurs de la transition énergétique
au Luxembourg.
Les résultats des efforts menés depuis
quelques années sont très encourageants.
Les actions, conseils et aides financières
mis en place par Enovos auprès des
particuliers et des entreprises ont déjà
permis d’économiser plus de 700 GWh
depuis le lancement du programme
enoprimes et notamment plus de 120
GWh en 2019 ce qui constitue un record
en matière d’économie d’énergie.
Inciter les particuliers et les entreprises
à économiser l’énergie
Enovos apporte conseils et solutions techniques
pour aider les particuliers et les entreprises
à utiliser l’énergie de manière durable et
responsable. Cela passe par de nombreuses
actions menées dans tous les secteurs concernés
tels que la rénovation et l’amélioration des
bâtiments existants, le remplacement d’anciens
équipements énergivores par de nouveaux plus
performants pour chauffer, produire de l’eau
chaude ou éclairer. La transition énergétique,
c’est aussi de nouvelles solutions de mobilité, et
notamment l’implantation d’infrastructures de
recharge intelligentes et des services associés
permettant de faciliter la pénétration sur le
marché des véhicules électriques et hybrides,
et aussi, la production d’électricité verte et
renouvelable.
La transition énergétique, c’est l’affaire
de tous, particuliers et entreprises
Les pouvoirs publics encouragent l’installation
de panneaux photovoltaïques par
des tarifs d’injection réglementés pour les
installations de petite et moyenne tailles et
également à travers des appels d’offres pour
les installations de grande taille. Enovos a
récemment remporté les appels d’offres lancés
par le gouvernement pour l’installation de
panneaux photovoltaïques en partenariat avec
de grandes entreprises luxembourgeoises qui
lui ont accordé leur confiance: Cactus, Panelux,
Luxtram, RTL, Post, Kichechef et Arthur
Welter. Ces projets représentent 14 mégawatt
de capacité de production, permettant une
augmentation de la production d’énergie
solaire de 10 %. L’objectif est d’atteindre
25 % d’énergies renouvelables en 2030 dans la
consommation du pays.
Les aides Enovos pour accompagner la
transition énergétique
Enovos accompagne la transition énergétique
grâce à un programme de subventions à
l’intention des particuliers et des entreprises.
Les enoprimes sont accordées pour la
réalisation de travaux de rénovation énergétique,
comme le remplacement d’une
vieille chaudière ou l’isolation de combles.
Le fonds nova naturstroum récompense
quant à lui les meilleurs projets d’énergies
renouvelables: la prime chauffage peut être
accordée pour l’installation d’un chauffage
central au bois ou d’une pompe à chaleur,
la prime mobilité pour des dispositifs de
recharge de véhicules électriques ou l’achat
d’un cyclomoteur électrique. Ces aides financières
peuvent être cumulées avec des aides
étatiques, dont les subventions Prime House.
Encourager le développement des énergies
renouvelables
Les économies d’énergie ne peuvent suffire
à assurer la transition énergétique; celle-ci
passe obligatoirement par le développement
d’énergies renouvelables, un secteur dans
lequel Enovos a concentré ses efforts et
réalisé des investissements importants.
Ses démarches ont été récompensées par
l’attribution de plusieurs projets soumis
à l’appel d’offres pour assurer la mise en
œuvre des principaux chantiers d’énergie
renouvelable au Luxembourg.
“Enovos apporte
conseils et solutions
techniques pour
aider les particuliers
et les entreprises
à utiliser l’énergie
de manière durable
et responsable”
Explorer toutes les voies
Tout cela est très positif, mais n’est pas
encore suffisant. Il faut aller plus loin
pour gagner notre pari, notamment en
développant d’autres sources d’énergie
renouvelables. C’est dans cette direction
qu’Enovos continue d’orienter ses efforts
en partenariat avec SEO: vers l’éolien,
dont il assure actuellement l’exploitation
de 7 parcs d’une capacité totale de
91 mégawatts produisant annuellement
185 GWh, et vers l’hydroélectrique pour
une production annuelle de 75 GWh.
Il faut aller vite et c’est en explorant toutes
les possibilités que l’on gagnera la lutte
contre le réchauffement climatique. n
Enovos Luxembourg
2, Domaine du Schlassgoard
L-4327 Esch-sur-Alzette
www.enovos.lu
www.enoprimes.lu
www.fnn.lu
www.renewables.enovos.lu
14 LG
EDITION SPÉCIALE
ENERGIE
Une action globale
pour l’environnement
Fort d’un récent partenariat avec la SuperDrecksKëscht ® ,
ista Luxembourg élargit son champ d’activité en proposant le
décompte par ménage de la collecte de déchets en immeuble.
Joachim Colles, Country-Manager, et Adelaide Wampach,
Operations-Manager chez ista Luxembourg nous détaillent,
dans une interview croisée, cette nouvelle initiative, les
nouveautés législatives concernant les décomptes énergétiques
ainsi que ses actions RSE.
Comment est né votre partenariat avec
la SuperDrecksKëscht ® ?
JC: Dans notre philosophie de travail,
nous envisageons le bâtiment dans sa
totalité et pas uniquement sous l’angle
énergétique. C’est pour cette raison qu’ista
Luxembourg a créé un partenariat avec la
SuperDrecksKëscht® dans le cadre du
développement d’un système économique
de décompte pour la collecte des déchets
résiduels. Treize premiers bâtiments ont
déjà été équipés dans le sud du Luxembourg
au cours du mois de décembre et d’autres
suivront au courant de l’année 2020.
Le système comprend un bac connecté
et superposé à la benne existante et à
laquelle les habitants ont accès via un badge
d’identification personnel. Au moment
où l’utilisateur referme la poubelle,
l’information est directement envoyée par
signal GPS au serveur, dans le respect de la
protection des données personnelles. Cette
poubelle connectée est installée dans le local
Joachim Colles et Adelaide Wampach
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EDITION SPÉCIALE
15
de tri des résidences et favorise la réduction
de déchets résiduels dans les ménages en
suscitant une prise de conscience chiffrée
de leur quantité.
Il est prévu que nous réalisions un décompte
par an par ménage. Nos estimations
prévoient grâce à ceux-ci une réduction de
50% des déchets résiduels, ce qui représente
une forte diminution des charges liées à la
récolte des déchets pour les locataires.
La législation luxembourgeoise soutientelle
cette prise de conscience?
JC: Une directive européenne énergétique
impose aux Etats membres d’émettre une
législation nationale avant le mois d’octobre
2020, obligeant la communication des
informations de consommation énergétique
annuelle par ménage concernant le chauffage,
la climatisation et l’eau. Dès octobre 2022,
cette législation devra également imposer
une communication mensuelle de ces
décomptes, qui devront également être 100%
automatisés. Chez ista Luxembourg, 30%
du matériel installé est déjà entièrement
automatisé, ce qui représente plus de 100.000
appareils. Toutes nos offres pour les nouvelles
constructions suivent ce modèle même si la
directive n’a pas encore été transposée dans la
loi luxembourgeoise.
Au-delà des informations de consommation,
nous envoyons également des estimations
chiffrées des futurs décomptes pour que les
habitants puissent contrôler et influencer
leurs charges de chauffage et d’eau chaude et
froide. En réduisant leur consommation, ils
ont ainsi la possibilité de diminuer leur impact
environnemental ainsi que leurs charges. Ces
procédés font chuter d’environ 20 à 30% la
consommation énergétique des ménages.
Une information sur les nouvelles
constructions et sur la bonne utilisation des
techniques du bâtiment est primordiale.
Par exemple, les constructions triple A
sont équipées d’une VMC qui rend inutile
le besoin d’ouvrir une fenêtre pour aérer.
Si les habitants n’en sont pas informés, ils
consommeront davantage d’énergie que
nécessaire.
Quelles sont les pistes pour conscientiser
les plus jeunes?
AW: La nouvelle génération est plus sensible
à la thématique environnementale et
est donc plus réceptive aux technologies que
nous proposons. Nos collègues allemands
en ont déjà fait l’expérience en se rendant
dans les écoles pour sensibiliser sur la
thématique de la préservation de l’énergie.
Dans ce cadre, la boite Klimakiste propose
des activités interactives permettant de
présenter des gestes de tous les jours qui
permettent d’économiser l’énergie. Nous
aimerions transposer cette initiative au
Luxembourg. Nous rassemblons une
expérience de 50 ans dans la répartition des
frais de chauffage et d’eau et possédons de
ce fait toutes les compétences requises pour
en parler à la nouvelle génération.
Quelle place tient la responsabilité sociétale
de votre entreprise dans vos activités?
AW: Une place primordiale! Nous veillons
par exemple à participer à l’apprentissage
des plus jeunes. Via l’association Day
Care que nous soutenons, nous avons reçu
pendant une journée des jeunes intéressés
par le métier. Nous les avons informés sur
notre travail et leur avons fait part de nos
conseils énergétiques. Être au contact d’une
nouvelle génération qui sera bientôt active
sur le marché du travail nous a permis de
comprendre ses besoins et ses ambitions.
JC: D’autres projets sont par ailleurs
développés en interne. Depuis le mois
de mars dernier notre nouveau système
digital permet par exemple de mieux relier
les services entre eux. Encore en phase
d’expérimentation et de développement,
cet outil devrait favoriser la communication
au sein de l’équipe. Nous sensibilisons
également les collaborateurs à l’économie
du papier. Pour les aider, nous avons équipé
les commerciaux d’ordinateurs portables
leur permettant de soumettre des offres
directement sur chantier.
“Réduire
les déchets
résiduels dans
les résidences en
suscitant une prise
de conscience
chiffrée de leur
quantité”
AW: Enfin, pour la deuxième année
consécutive, nous avons intégré le
programme «actions positives» du
ministère de l’Egalité des chances. Alors
que notre société est active dans un
secteur très technique, nous avons atteint
un équilibre hommes-femmes parmi nos
35 employés. En plus des aménagements
de nos bureaux avec l’ajout de plantes
et de panneaux acoustiques, nous avons
élargi l’horaire mobile pour faciliter les
déplacements des employés, octroyé
des aides pour encourager à la pratique
sportive, organisé des excursions pour
resserrer les liens de l’équipe, mis des
fruits bios à disposition,... Nous essayons
en somme de créer un environnement de
travail épanouissant et correspondant aux
besoins de nos employés. n
ista Luxembourg S.à r.l.
23, rue des Bruyères
L-1274 Howald
sales@ista.lu
www.ista.lu
Günter Krings
LG
EDITION SPÉCIALE
17
ENERGIE
Fournir des solutions intégrées
Largement connue en tant que producteur de chaudières depuis plus d’un siècle, la société
Viessmann a récemment étendu sa gamme de produits et de services. Günter Krings, directeur
d’agence au Luxembourg, présente l’offre de solutions intégrées placée sous le prisme de la
stratégie «3D» de l’entreprise: décentralisation, décarbonisation et digitalisation.
Quelles sont les solutions proposées par
Viessmann?
Notre société existe depuis 102 ans, et
notre gamme de produits s’est agrandie et
diversifiée au fil des années et en fonction
de l’arrivée de nouvelles technologies.
Le chauffage au fuel, au gaz, aux pellets
et copeaux de bois, à l’énergie solaire
thermique ou photovoltaïque, la ventilation
ou encore la pile à combustible font
désormais partie de notre panel d’offre. Ces
évolutions concernent donc les produits
et le matériel en tant que tel, soit la partie
hardware.
Cependant, pour satisfaire aux nouvelles
exigences et habitudes de l’utilisateur,
nous y avons ajouté la partie software et
connectivité. Un petit boîtier nommé
«Vitoconnect» peut par exemple être
rajouté à la chaudière d’une maison
unifamiliale, celui-ci se connecte au
Wi-Fi pour que le client final puisse gérer
sa chaudière avec son smartphone. Cette
technologie est même rétro compatible
avec d’anciens modèles. Le client a en
plus la possibilité de fournir l’accès à la
chaufferie à son installateur. Ce dernier
pourra donc déjà préparer les travaux à
effectuer et les pièces à emporter avant de
venir sur place. Un tel système couplé à
internet étend les services digitaux, comme
la gestion du chauffage à distance via notre
solution «Vitoguide» pour l’installateur et
l’application «Vicare» pour l’utilisateur.
Nos produits sont adaptés à toutes les
demandes: maisons unifamiliales, appartements,
communes, l’industrie ou les réseaux
de chauffage urbain. La digitalisation a donc
énormément impacté nos produits et nos
services, que ce soit en termes d’efficacité, de
rentabilité ou d’amélioration de l’expérience
et du confort client.
Ces solutions intégrées offrent-elles
d’autres avantages?
Oui, notamment en termes d’optimisation
car elles permettent d’augmenter le confort
et de mieux contrôler la consommation.
La solution «Vicare» est une application
permettant de réaliser des économies
d’énergie. Elle fonctionne avec la
géolocalisation du smartphone et donc la
détection de présence. En résumé, lorsque
tous les résidents quittent la maison, le
chauffage diminuera automatiquement.
Quant à l’installateur, il pourra planifier ses
entretiens, organiser le meilleur parcours et
donc gagner du temps et éviter des trajets
inutiles pour la maintenance des appareils.
“Décarbonisation,
décentralisation
et digitalisation”
D’autres solutions existent. La pile à
combustible par exemple a également
le vent en poupe. Notre groupe est l’un
des pionniers dans cette technologie
innovante. Notre pile à combustible
Vitovalor s’enclenche en fonction des
besoins de chaleur et produit en même
temps de l’électricité qui peut être
consommée ou stockée sur place. Son
gestionnaire d’énergie peut communiquer
avec d’autres composantes de la maison: la
machine à laver, le sèche-linge, la borne de
rechargement pour la voiture électrique,
l’installation photovoltaïque, la batterie
électrique,… Elle téléchargera les données
météorologiques par l’internet des objets
(IoT) et enclenchera, par exemple, des
consommateurs électriques le matin
pour libérer du volume de stockage dans
la batterie afin de pouvoir emmagasiner
l’énergie photovoltaïque de l’après-midi.
Comme toutes nos pompes à chaleur,
la pile à combustible est déjà prête pour
le futur: elle pourra communiquer avec
le fournisseur d’électricité pour être
informée de différents niveaux de prix
qui varieront au cours de la journée afin
de combiner de manière économique et
écologique les différents producteurs et
consommateurs sur place.
Quels sont les futurs challenges que
Viessmann devra relever à l’avenir?
Décarbonisation, décentralisation et
digitalisation: en somme, ce sont les mots
clés qui définissent le chemin vers la
transition énergétique, mais aussi notre
stratégie à plus long terme. Elle nous
permettra de devenir un fournisseur de
solutions intégrées. La décentralisation
permet la production d’énergie verte sur
place pour l’autoconsommer ensuite,
participant ainsi à la réduction des
émissions de CO 2
. La digitalisation et les
nombreuses solutions IoT englobent ce
système pour offrir davantage d’efficacité
en permettant la connexion des différents
acteurs, l’autogestion ou l’automatisation
de certaines tâches. Cette stratégie «3D»
élargit nos possibilités pour développer
des solutions et des systèmes intégrés
favorables à la mise en place d’habitations
intelligentes. n
Viessmann Luxembourg
35 Rue J-F Kennedy
L-7327 Steinsel
www.viessmann.lu
18 LG
EDITION SPÉCIALE
CONSTRUCTION DURABLE
Audace et innovation
au service de l’écologie
Le bureau XXA architecture est actuellement en charge de la conception d’une école de cycle 1
et d’une maison relais à Howald. Mettant l’écologie au cœur du projet, le bureau veille à
l’utilisation de matériaux durables et on ne peut plus locaux puisque le bois dont la construction
sera essentiellement constituée proviendra tout droit de la commune d’Hesperange. De plus,
des techniques du bâtiment innovantes assureront son autonomie énergétique et même un
surplus de production qui pourra être réinjecté dans le réseau. Patricia Streber, architecte et
CEO du bureau XXA architecture, nous dévoile les grandes lignes de ce projet pilote dont la
livraison est prévue pour la rentrée scolaire 2021.
En quoi consiste le projet de construction?
Nous avons été mandatés par la commune
d’Hesperange pour la construction d’un
nouveau bâtiment destiné à l’accueil
d’enfants du cycle 1 sur le terrain jouxtant
la maison relais et les écoles précoces et
maternelles d’Howald. Indépendante, cette
nouvelle structure sera toutefois reliée aux
bâtiments par une galerie couverte en verre.
A terme, l’édifice accueillera sept classes du
cycle 1 et autant de salles dédiées à la maison
relais, qui réuniront au total 150 enfants.
Différents équipements composeront ces
espaces, comme des modules d’escalade
et de sport, des ateliers de construction,
une salle de théâtre, une bibliothèque, un
espace dédié au bricolage,… A l’extérieur,
les enfants auront accès à une plaine de
jeu avec quelques arbres en bordure. Et à
l’arrière du terrain, on retrouvera la salle de
défoulement et un petit terrain de foot.
Le projet est le fruit de nombreux échanges
avec les futurs utilisateurs du bâtiment
qui ont exprimé leurs besoins, auxquels
nous avons tenté de répondre. Nous nous
assurons ainsi de leur satisfaction et surtout
de la compréhension de certains de nos
choix au fur et à mesure de l’avancement du
projet.
Parlez-nous de votre conception architecturale…
Situé à la limite de l’agglomération
d’Howald, nous avons voulu que ce
bâtiment fasse le lien entre la ville et la
nature. C’est notamment pour cette raison
que nous avons décidé de réaliser une
construction en bois… provenant des arbres
de la commune! Nous ferons même réaliser
des sculptures d’arbres en bois réassemblé
de la commune, qui feront partie de la
structure portante du bâtiment. Trois petits
poteaux métalliques dissimulés derrière
les sculptures garantiront la stabilité de
l’édifice.
“Première école
construite en
bois local au
Luxembourg”
Une des caractéristiques principales du
bâtiment est que ses façades seront faites
de liège, en partie apparent et de l’autre
recouvert d’un enduit. De cette manière, il
sera entièrement isolé par une couche de 20
cm de liège.
A l’intérieur, nous avons également
favorisé les matériaux naturels comme le
bois pour les murs et les casiers ainsi que
le liège pour le sol des salles de classes. Le
carrelage a quant à lui été privilégié pour
les espaces de circulation. Les murs en bois
sont isolés par une couche d’isolation en
jeans recyclé. Enfin, des enduits naturels
tels que la chaux et l’argile amélioreront le
confort acoustique et hygrométrique des
utilisateurs.
A travers le principe Cradle to Cradle
que nous voulons appliquer, nous devons
recourir à des ressources renouvelables
et en limiter les quantités. Nous devons
également privilégier les circuits courts
dans l’acheminement des matériaux ainsi
que la facilité de leur recyclage. C’est
dans cet objectif que nous avons voulu
utiliser du bois communal et faire appel
à une scierie luxembourgeoise pour son
redimensionnement.
Pour apporter de la luminosité aux deux
niveaux du bâtiment, nous avons conçu un
grand puits de lumière. Enfin, nous avons
veillé à placer les zones de vie au Sud et
celles de service au Nord afin de privilégier
l’apport de lumière naturelle. Nous avons
également pris le parti de construire une
toiture végétale car en tant qu’isolant
naturel, elle régulera la température et
contribuera ainsi à l’équilibre thermique du
bâtiment. Au premier étage, on retrouvera
deux terrasses directement accessibles
par les salles de classe. L’une d’entreelle
permettra aux enfants d’observer le
cycle des saisons sur le toit végétal ainsi
que l’hôtel à insectes et les ruches qui y
prendront place.
La conception générale du bâtiment
veille aux conforts visuel, hygrométrique,
acoustique et olfactif des utilisateurs.
Par exemple, en utilisant uniquement
des matériaux naturels, le bâtiment sera
préservé des odeurs synthétiques et
favorisera les odeurs naturelles telles que
celle du bois tout en limitant la présence
des formaldéhydes.
Quelles innovations en matière de
technique du bâtiment pourra-t-on y
observer?
La toiture plate de l’édifice sera recouverte
de panneaux photovoltaïques et solaires
qui produiront de l’électricité et de l’eau
chaude et nous rendront autonome à ce
niveau. Nous avons également installé un
système de chauffage innovant: un réservoir
LG
EDITION SPÉCIALE
19
Patricia Streber
20 LG
EDITION SPÉCIALE
CONSTRUCTION DURABLE
à glace alimenté par les panneaux solaires
sera installé dans le sol et nous récupérerons
l’énergie dégagée par le changement de
phase entre la glace et l’eau. La quantité
d’énergie dégagée par ce processus est telle
qu’elle assurera l’autonomie du bâtiment en
chauffage.
Le puits de lumière aura également une
fonction technique de rafraichissement
appelée «Natural cooling»; les fenêtres
motorisées situées dans les classes
s’ouvriront pendant la nuit et créeront un
courant d’air évacuant ensuite l’air chaud
par le puits de lumière. Cette technique
vient compléter le système de ventilation
classique qui sera installé dans les classes.
Pour éviter que l’air ne soit rendu trop sec
par la ventilation, un mur d’eau sera installé
au cœur du bâtiment. Il fera circuler l’eau
du premier étage au rez-de-chaussée pour
améliorer le confort hygrothermique.
L’éclairage LED sera par ailleurs entièrement
géré par un système domotique
relié à des capteurs, permettant une
meilleure gestion de celui-ci en fonction
de l’ensoleillement et de l’occupation
du bâtiment. Ce dernier sera de classe
passive; l’énergie qu’il produira suffira à
son utilisation et l’excédent pourra être
réinjecté dans le réseau. Grâce à notre
expérience de dix ans dans la construction
de bâtiments passifs, nous avons développé
des techniques qui pallient les défauts de ce
type de construction.
Parlez-nous de la Certification Deutsche
Gesellschaft für Nachhaltiges Bauen
(DGNB) à laquelle le bâtiment prétend?
Nous avons alerté la commune sur l’importance
d’une certification, pour que l’ampleur
des techniques écologiques développées dans
la construction soit reconnue. L’objectif
d’obtenir une certification DGNB nous
a apporté beaucoup de contraintes qui
semblaient au départ insurmontables, mais
toutes les équipes sont finalement entrées
dans cette dynamique, si bien qu’aujourd’hui
nous dépassons même nos objectifs initiaux!
Cet enthousiasme se répercute au sein des
entreprises de construction qui appliquent
maintenant ces nouvelles méthodes dans
leur travail quotidien.
“Un mur d’eau
sera installé au
cœur du bâtiment
pour humidifier
l’air rendu trop sec
par la ventilation”
La certification implique un choix de
matériaux ne contenant pratiquement pas
d’éléments toxiques. Chacun d’entre eux
doit donc être analysé par le bureau de
certification avant que nous ne puissions
l’utiliser. Par ailleurs, nous devons opérer
un tri sélectif strict des déchets sur le
chantier. D’autres éléments comme la
mobilité et l’accessibilité du bâtiment
sont pris en compte. A l’heure actuelle,
nous visons l’obtention de la certification
DGNB la plus haute. Il s’agirait ainsi de la
première école du Luxembourg à recevoir
une certification Platinium. Cela passe par
des efforts à notre niveau, mais aussi à celui
de l’ingénieur statique qui a dû réduire
les éléments métalliques et favoriser au
maximum les matériaux naturels ainsi qu’à
celui de la technique en vue de l’utilisation
du bâtiment.
Quels sont les impacts de ce type de
constructions sur ses utilisateurs?
Tout d’abord, il sensibilise l’ensemble
des corps de métier qu’il réunit dans
sa conception et réalisation, ainsi que
ses multiples utilisateurs (professeurs,
encadrants, enfants… et même les parents).
Le jeune public est très réceptif et nous
espérons que l’expérience de vie dans cette
structure les marquera et les encouragera à
adopter une démarche écologique.
Une fois la construction finalisée, nous
installerons des panneaux didactiques
expliquant les différentes techniques du
bâtiment ainsi que les principes écologiques
qui les régissent et afficheront en temps réel
le carbone économisé à tous les niveaux.
Nous prévoyons également de conserver
des pans de murs en bois apparent, pour
valoriser au maximum l’identité écologique
de l’édifice.
Enfin, nous prévoyons de revoir les
utilisateurs du bâtiment après quelques
mois d’utilisation, afin de pouvoir affiner
les réglages techniques et leur offrir un
meilleur confort général. n
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22 LG
EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 227 - OCTOBRE 2019
CONSTRUCTION DURABLE
Les espaces
en mutation
PROPOS RECUEILLIS PAR JULIEN BRUN
L’architecture influe sur les personnes pour le meilleur et
pour le pire. Cet art majeur de concevoir des espaces et de
bâtir des édifices est dorénavant intrinsèque aux techniques
qui les habitent. La modularité au gré des besoins, la mixité
sociale, le confort intérieur et l’accessibilité pour tous sont
au programme de ces quelques lignes. L’ingénieur Franck
Doron, Team Manager chez Betic, répond à nos questions.
Peut-on dire que la mixité est dorénavant
une tendance pour les nouveaux
bâtiments du Grand-Duché?
S’il y a une tendance aux bâtiments mixtes
au Luxembourg, c’est parce qu’ils sont
une réponse à certains besoins du pays.
Réunissant en un même lieu emplois,
logements, activités commerciales, clubs
sportifs, etc. ils sont antinomiques des
cités dortoirs et de leurs déplacements
pendulaires.
Donner la possibilité aux employés
d’habiter à proximité de leurs entreprises
et d’y trouver des services de tous les jours
participe au désengorgement des routes.
Ces lieux de vie différents offrent un
dynamisme unique à ces quartiers.
En quoi la modularité des espaces peutelle
répondre aux besoins de ceux qui y
habitent?
La grande majorité des commerces que
nous livrons dans ces bâtiments mixtes sont
modulables, ce qui veut dire que les espaces
peuvent s’adapter aux nouvelles nécessités
des résidents. Il peut s’agir d’une ancienne
crèche que l’on transforme en salle de sport
ou de l’arrangement des locaux en fonction
des besoins d’une entreprise qui emménage
par exemple.
Jusqu’à peu, détruire les murs, rajouter une
annexe ou déménager, en revoyant l’intégralité
du concept technique, donc en entraînant
des coûts financiers importants, étaient
les seules solutions aux changements de vie.
Gravity © MORENO ARCHITECTURE & ASSOCIÉS - PETITDIDIERPRIOUX architects
Un couple qui emménage dans son
logement souhaite utiliser un maximum
d’espace pour les besoins de deux personnes
mais les choses changent à la naissance des
enfants. Il en va de même lorsque les enfants
quittent le concon familial. Les besoins ne
sont pas les mêmes au cours d’une vie et
l’agencement des pièces peut alors être revu
grâce à des cloisons amovibles ou légères,
et ce, pour un budget très limité puisque les
techniques ont également été pensées pour
être adaptables.
Belval est un très bon exemple de quartier
en pleine mutation. La résidence Jazz est
opérationnelle depuis deux ans maintenant
et comporte 96 appartements et une grande
surface commerciale au rez-de-chaussée
qui bénéficie à cinq blocs d’habitations
voisins. Les startups, la salle de sport et
les commerces présents offrent un certain
dynamisme au pied de cette résidence où il
fait bon vivre.
À quelques pas de là, les tours Capelli sont
actuellement en cours de construction.
Le rez-de-chaussée accueillera des commerces,
les trois premiers niveaux seront réservés
à des espaces de bureaux et une centaine
d’appartements occuperont le reste des
étages. Au troisième, la passerelle qui fera la
jonction entre les parties opérationnelles et les
habitations sera là aussi, un lieu de rencontres.
Les étages, destinés à l’habitation, ont eux été
pensés pour faire évoluer le space planning. La
centaine d’appartements ont été étudiés afin
de pouvoir facilement déplacer les cloisons. Il a
pour cela fallu réinventer des techniques, dont
notamment le système de ventilation placé
dans les faux plafonds.
Et qu’en est-il de la mixité sociale…
Je répondrai en citant le projet Gravity de
Differdange qui est actuellement à l’étude.
La Ville de Differdange investira 40 millions
d’euros pour acheter 80 appartements dans
ce futur complexe immobilier afin d’assurer
la priorité aux personnes à revenus modestes,
en proposant les logements à coût
modéré.
“La technique
est morte,
vive la technique”
Ce projet réunira 3.500 m 2 de commerces,
3.000 m 2 de bureaux, de nombreux
appartements, une crèche, un espace de
«coliving» comprenant 120 studios meublés
pour des séjours de courte ou moyenne durée
(essentiellement à destination d’étudiants ou
Franck Doron à la Buvette des Rotondes
de jeunes travailleurs), des jardins, etc. Gravity
est donc pensé à la lumière de la mixité sociale.
La rue intérieure agrémentée de bancs et de
végétation sera un lieu de rencontres et de
discussions pour le voisinage. Il en va de même
pour la serre sur le toit où un espace potager
sera à disposition des habitants. Il y a donc
une véritable volonté des communes d’offrir
une solution palpable et même concrète
aux problématiques de coût du logement
dans le pays, comme le montre la Ville de
Differdange. Bien que tous les critères n’aient
pas encore été définis, on sait déjà qu’une
partie de ce nouveau parc sera réservé à la
population senior et à des familles qui, sans
cette aide, ne pourraient être logées dans des
conditions décentes.
En outre, une grande partie du bâtiment est
conçue dans l’optique de son démantèlement
futur. Ses matériaux pourront ainsi être
réutilisés ou recyclés, ce qui réduit fortement
24 LG
EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 227 - OCTOBRE 2019
CONSTRUCTION DURABLE
Capelli Towers © Architecture & environnement S.A .
son impact environnemental. Gravity est
donc un très bel exemple de ce qu’il est
possible de faire aujourd’hui, à savoir des
bâtiments aux fonctions mixtes créant du
lien social, aux prestations de qualité mais
financièrement abordables et s’inscrivant
en plus dans une logique d’économie
circulaire.
L’accessibilité est-elle aussi l’une de vos
préoccupations?
Effectivement et d’ailleurs une loi
ambitieuse prévue pour 2020 est
actuellement en cours de discussion.
Son objectif est notamment d’assurer un
minimum de 10% d’appartements conçus
et adaptés pour les personnes à mobilité
réduite mais elle tiendra également
compte des besoins des personnes en
situation de handicap sensoriel, cognitif
et psychologique. Elle entrainera donc
clairement des changements importants
dans les dessins architecturaux futurs
mais également dans ceux des techniques
spéciales (portes plus larges pour les
fauteuils roulants, salles de bains adaptées,
espaces de cuisine plus fonctionnels,
accessibilité à l’entrée, systèmes d’alerte
visiophone, etc.).
«La technique est morte, vive la
technique» est un slogan qui vous oblige
à vous réinventer…
Effectivement, mais seulement un slogan
parmi nos slogans. Tout le travail d’un
bureau d’études en techniques spéciales
est, par essence, de s’adapter aux tendances
actuelles, d’inventer celles à venir, de veiller
aux mauvaises idées, et c’est clairement
notre philosophie.
Nos métiers sont passionnants dans la
mesure où ils se réinventent constamment.
Je prends pour exemple l’intégration
toujours plus importante des outils
numériques. Il nous sera bientôt possible
de visualiser le projet final en 3D en se
promenant sur le chantier avec des lunettes
d’immersion. La technologie existe déjà
mais reste encore à l’améliorer. Nous
pourrons alors la coupler à nos nouvelles
méthodes travail, notamment le BIM
(Building information modeling), ce qui
révolutionnera encore notre manière
d’aborder un projet. n
“S’adapter
aux tendances
actuelles, inventer
celles à venir
et veiller aux
mauvaises idées”
Ensemble vers la transition énergétique
On a tout à gagner à développer les énergies renouvelables. Enovos s’engage pour le futur énergétique
du Luxembourg et vous accompagne dans vos démarches pour l’environnement. En tant qu’expert en
matière de production d’énergie verte, Enovos vous aide à mettre en place votre projet photovoltaïque,
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26 LG
EDITION SPÉCIALE
BÂTIMENT & CONSTRUCTION
Pour des chantiers sécurisés
D’après le rapport 2018 de l’ITM présenté en fin de l’année passée, trois chantiers sur dix
ont dû être fermés sur les 558 contrôles effectués. 442 accidents dont 110 graves et 10 morts,
c’est trop pour le Luxembourg, notamment lorsqu’on sait que son objectif est de zéro décès.
C’est pourquoi l’ITM entend doubler ses effectifs et multiplie déjà ses contrôles. Interview
d’Angéline Prévot, ingénieur civil et administrateur délégué de GERI Management et GM
project.
Angéline Prévot
LG
EDITION SPÉCIALE
27
Comment pourrait-on présenter GERI
Management?
GERI Management est spécialisée dans la
coordination de sécurité et de santé sur les
chantiers, dans l’état des lieux avant travaux
et dans les formations.
Si la sécurité s’est considérablement
améliorée ces dix dernières années, il y
a encore beaucoup trop d’accidents sur
les chantiers luxembourgeois. Chutes,
ensevelissements, manipulation de produits
chimiques, électrocution; les risques pour
les ouvriers sont nombreux et notre mission
consiste dès lors à sauver des vies.
Nous sommes actuellement présents sur
plusieurs centaines de chantiers à travers le
pays qui vont de la maison individuelle aux
grandes tours des quartiers d’affaires.
Le recours à un coordinateur de sécurité
est-il obligatoire au Luxembourg?
Oui mais la profession demeure relativement
méconnue au Luxembourg. Différents
projets de construction, parfois de taille
importante, ont dû être interrompus parce
que les maîtres d’ouvrage n’avaient pas
prévu de procédure en matière de sécurité.
D’autant plus que l’ITM intensifie ses
contrôles. En cas de manquements mineurs,
un délai de mise en conformité est accordé,
en cas de manquements majeurs, c’est
un minimum de dix jours d’arrêt qui sont
décrétés. Ce qui représente d’importantes
pénalités à la fois financières, de temps et
d’image pour les entreprises concernées.
Un chantier peut être exécuté à n’importe
quel moment de la journée, certains
tournent la nuit, d’autres le week-end. Il y
a aussi les délais de plus en plus serrés qui
poussent forcément à rogner sur la sécurité
pour gagner du temps, économiser de
l’argent et optimiser les ressources.
Nombreux sont ceux qui nous contactent
parce qu’ils ont eu un avertissement de
l’ITM. Bien évidemment, nous les aidons
à se remettre en conformité mais que de
temps, et donc d’argent perdus. Le recours
à un coordinateur de sécurité et de santé
doit devenir un réflexe.
“GERI
Management et
GMproject sont
des interlocutrices
de confiance
pour les maîtres
d’ouvrage”
lors de l’organisation des rendez-vous, de
la réalisation de l’état des lieux ainsi que de
la rédaction des procès-verbaux. Selon la
nature et l’importance des chantiers prévus,
nous préparons un courrier type que nous
envoyons dans le périmètre concerné. Nous
essayons toujours de prendre rapidement les
rendez-vous mais cela peut aller de quelques
maisons dans le cas d’une rénovation d’un
particulier, jusqu’à des rues complètes. Nos
ingénieurs et techniciens réalisent ensuite
un constat des fissures, malfaçons ou autres
dégradations déjà existantes et prennent les
photos pour preuve que nous cataloguons
dans un rapport co-signé par le propriétaire.
Et pour ce qui est de son entreprisesœur
GMproject?
Elle nous permet d’enrichir la gamme
de services proposés avec de la gestion
de projets. GM est née d’une demande
de nos clients qui souhaitaient que nous
élargissions notre mission au pilotage des
travaux.
Nous assistons donc le maître d’ouvrage
dans la coordination des travaux, veillons
à ce qu’il n’y ait pas de défaut technique,
l’aidons à trouver les entreprises les
plus adéquates et veillons au respect des
plannings. Nous accompagnons et guidons
également les clients dans leurs choix
des matériaux comme les carrelages, les
parquets, les différents bois, etc.
Essentiellement actifs sur les projets
résidentiels et de rénovation, nous n’avons
pas la vocation de concurrencer les
grands bureaux d’études déjà en place et
c’est pourquoi GM ne participe pas aux
soumissions publiques. Notre volonté est
de satisfaire aux demandes spécifiques de
nos propres clients. n
Pourquoi faire appel à une expertise
avant travaux?
Il est conseillé à l’entreprise exécutante
des travaux ou au maître d’ouvrage
d’effectuer au préalable, un état des lieux
des constructions voisines en cas de
mitoyenneté ou de proche voisinage. Cela
va de la rénovation d’une habitation d’un
particulier, aux gros projets d’envergure.
Ceci évite bien souvent des soucis avec le
voisinage et de plus en plus de compagnies
d’assurance réclament une telle expertise.
Bien souvent, c’est l’entreprise exécutante,
le maître d’ouvrage ou le particulier qui
nous contactent. Nous nous occupons dès
GERI Management & GMproject
198E Rue Pierre Gansen
L-4570 Niederkorn
info@geri.lu
gm@gmproject.lu
28 LG
EDITION SPÉCIALE
BÂTIMENT & CONSTRUCTION
La conception et la définition
du «Design» au cœur des projets
Les énergies renouvelables, les nouvelles techniques de
construction ou encore l’électromobilité poussent les
entreprises du bâtiment à repenser leurs activités. Minusines
a développé un service entièrement dédié à la conception de
projet. Laurent Saeul, son CEO, revient sur les opportunités
créées par cette compétence et sur l’avenir de sa société.
Une gamme de produits qui répond à
tous les besoins
Fondée en 1925 et spécialisée
dans le matériel électrique et
l’éclairage, Minusines n’a eu
de cesse de développer ses activités.
Aujourd’hui, la société se concentre davantage
sur la conception de projet, en collaborant
avec les divers corps de métier. «Ce
nouveau pilier prend de l’ampleur, car il est
lié à l’efficience énergétique, à l’économie
circulaire, aux transformations du marché
et aux réglementations. Au Luxembourg, il
y a par exemple cette volonté politique de
promouvoir l’électromobilité qui implique
des bornes de recharges ou de nouvelles
infrastructures en termes de production
d’énergie à travers d’autres alternatives telles
que les panneaux photovoltaïques que nous
proposons dans notre gamme de produits.
L’éclairage, la distribution d’énergie,
le chauffage, la ventilation, la
climatisation ou la domotique en
général en font partie», explique Laurent
Saeul, CEO de Minusines.
Dans un marché de plus en plus globalisé,
l’entreprise a ainsi une carte à jouer dans la
conception de projet, et ce, dès sa planification.
«Nous parvenons à couvrir les besoins en
termes de production, de consommation,
de distribution ou de stockage d’énergie.
L’automatisation permet de cadrer l’ensemble
de ce concept», décrit-t-il.
La complexité du marché
Selon Laurent Saeul, le manque de capacité
de déploiement est un phénomène tangible
au Luxembourg. En cause? Le manque de
main d’œuvre mais aussi la complexité d’un
marché qui a évolué en même temps que
l’explosion de solutions et des technologies.
L’électricien d’antan ne peut plus résoudre
à lui tout seul les différents travaux
électriques.
«L’installation de panneaux
photovoltaïques ou de bornes
de recharge pour les véhicules
E-CAR
nécessitent un ensemble de compétences
pluridisciplinaires qui sont justement
couverts par différents corps de métier.
Nous sommes en contact permanent
avec eux. Notre atout est de pouvoir les
mettre en lien avec nos clients et leurs
projets. Comment peut-on automatiser
la chaudière, la climatisation,… si tout
n’est pas connecté? En bref, en proposant
un service de conception, nous avons
une solution propre qui s’intègre dans
un marché qui est en transformation: de
l’électricien au chauffagiste en passant par
le charpentier», indique Laurent Saeul.
Selon lui, les différents corps de métier
qui composent le secteur du bâtiment
se sentent prêts et commencent déjà à
collaborer et réunir leurs forces pour
divers projets.
BIM, digitalisation, Green Building et
économie circulaire
Minusines a l’avantage d’être proche des
constructeurs d’équipement électrique,
de leurs innovations et de leurs nouvelles
technologies pour mieux les maîtriser
dès leurs mise sur le marché. Au cœur de
la digitalisation et pour suivre l’idée de
concept, Laurent Saeul et ses collaborateurs
s’intéressent de près à la technologie BIM
(Building Information Modeling). «Celleci
se lie à la méthodologie et offre une
multitude d’opportunités pour faire face
à la complexité du marché», explique le
CEO.
“Couvrir les
besoins en termes
de production,
de consommation,
de distribution
ou de stockage
d’énergie”
En agissant de la sorte, Minusines
embrasse le principe d’économie
IOT
circulaire en minimisant les coûts financiers
et énergétiques lors de l’utilisation du
bâtiment. «Avec nos nombreux clients et
nos connaissances du marché, nous pouvons
ainsi aider à définir et conceptualiser un
projet dans sa globalité dans le cadre d’un
«Green ou Smart Bulding» pour mieux
gérer l’énergie, l’éclairage, ou les divers
autres aspects tels que l’électromobilité ou
l’autoproduction», conclut Laurent Saeul. n
MINUSINES S.A.
8, Rue François Hogenberg
L-1735 Luxembourg
www.minusines.lu
Laurent Saeul
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BÂTIMENT & CONSTRUCTION
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EDITION SPÉCIALE
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2020, année de
la neutralité carbone
pour Wako
Déployant depuis plusieurs mois sa stratégie de réduction et de
compensation des émissions de CO 2
, Wako conseille également
sa clientèle quant à l’amélioration de la performance énergétique
de son habitation par le renouvellement des châssis. Daniel
Feyder, attaché de direction, et Catherine Marsch, responsable
marketing, nous parlent en détail de ces initiatives.
ainsi que des déchets qui en découlent sont
allégés; leur transport est ainsi optimisé
et les émissions y étant liées diminueront
automatiquement. Nos fournisseurs déploient
également des efforts en début de chaine,
pour diminuer leur empreinte dès le
processus de fabrication des matériaux. Ils
y voient un double intérêt: écologique et
économique.
“Compenser nos
émissions de CO 2
en plantant des
arbres à Madagascar
via Graine de Vie”
Quand Wako atteindra-t-elle son objectif
zéro carbone?
CM: Ce projet a débuté il y a quelques
mois et devrait aboutir à la fin de l’année
2020. Il s’agit toutefois d’un engagement
à long terme qui ne connait pas de fin et
qui pourrait déboucher, nous l’espérons,
sur une empreinte négative en carbone au
cours des années suivantes.
Pour y parvenir, nous diminuerons nos
émissions de 20% à travers nos trois sites.
Toutefois, ces émissions étant inhérentes
à notre activité, nous avons décidé de
compenser les 80% restants en plantant des
arbres à Madagascar via l’ASBL Graine de
Vie.
Pour aller plus loin, nous sensibilisons
également nos clients et fournisseurs à
cette démarche. Nous proposons ainsi à
nos partenaires commerciaux d’intégrer
le projet en compensant une partie
de leurs émissions et encourageons
le consommateur final à effectuer des
versements à l’association Graine de Vie
afin de compenser l’empreinte de ses
châssis. A partir de 120 euros de dons, ces
derniers pourront être déduits fiscalement.
Graine de Vie nous envoie mensuellement
la liste des donateurs qui ont agi par
notre intermédiaire, ce qui nous permet
d’observer que l’initiative a de plus de plus
de succès!
DF: Beaucoup de nos clients promoteurs
participent actuellement à cette initiative!
Pour assurer la visibilité de cette bonne
action, nous proposons de leur fournir des
panneaux chantiers et stickers «chantier
100% compensé».
Quels ont été les derniers efforts réalisés?
CM: Nous avons organisé un team-building
rassemblant tous les membres du personnel
de Wako pour entendre leurs idées quant à
la poursuite de nos efforts. Les réponses ont
été nombreuses et enthousiastes! Certaines
idées demandent de grands changements
et sont plutôt envisagées sur le moyen ou
long terme mais d’autres projets concrets
ont été mis en place assez rapidement
comme l’organisation de covoiturage, la
sensibilisation par rapport au tri des déchets,
le remplacement de l’éclairage actuel par
des LED ou encore l’optimisation et la
réduction des transports professionnels.
DF: Nous sommes en train de renouveler
notre flotte de véhicules; une troisième
voiture électrique vient par exemple de
rejoindre la flotte du groupe. Il en va de
même pour les voitures de fonction pour
lesquelles nous proposons aussi des modèles
hybrides.
CM: Enfin, pour réduire la part de canettes
et bouteilles en plastique jetées sur nos
sites, nous avons offert une gourde à chacun
de nos employés à l’occasion des fêtes de
fin d’année qu’ils pourront remplir aux
fontaines d’eau de l’entreprise.
DF: Quant au tri des déchets, nos sites
luxembourgeois collaborent avec la
SuperDrecksKëscht depuis plus de dix
ans dans ce cadre. De plus, nous essayons
de réduire la quantité d’emballages en
sensibilisant nos fournisseurs, qui sont à
l’écoute et font de plus en plus d’efforts à ce
niveau. Il faut dire que grâce à cette mesure,
le poids et le volume de la marchandise
Comment aidez-vous votre clientèle à
améliorer la performance énergétique
de son habitation?
DF: Concernant les rénovations, on observe
encore des habitations équipées de châssis
en bois avec du simple vitrage; grâce à un
châssis en PVC 82 mm avec triple vitrage,
l’économie d’énergie à réaliser est alors très
importante! Nous fournissons aussi des
châssis adaptés aux nouvelles constructions
passives. Nous proposons d’ailleurs un
nouveau vitrage de la marque Eklaz, encore
plus performant en matière d’isolation et
récupérant davantage d’énergie solaire.
Les vitrages permettant la récupération
d’énergie solaire doivent être combinés avec
une bonne protection solaire extérieure
pour l’été. En effet, celle-ci évitera la
surchauffe et le recours à une climatisation.
Dans ce cadre, nous proposons un système
domotique d’automatisation des stores et
volets en fonction de l’ensoleillement afin
d’en tirer le meilleur parti. Ces systèmes
sont également gérables à distance, via un
smartphone.
Enfin, nous installons des murs-rideaux des
marques Schüco et Aliplast, à haute valeur
d’isolation, destinés aux bâtiments publics
ou d’entreprises. n
Wako
Z.A.C. Haneboesch II
L-4563 Differdange/Niederkorn
info@wako.lu
www.wako.lu
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EDITION SPÉCIALE
BÂTIMENT & CONSTRUCTION
Un nouvel espace
de vente pour allier
tradition et innovation
Forte de ses 120 années d’expérience sur le marché
luxembourgeois, l’entreprise Baucenter Decker-Ries a décidé
de faire un pas de plus vers la modernité en développant
son showroom. Avec plus de 5.000 m 2 de salles d’exposition,
l’entreprise donne à voir à sa clientèle toute l’étendue de
son savoir-faire. Laurent Decker, directeur du Baucenter
Decker-Ries, revient avec nous sur les atouts de la société
centenaire.
Décrivez-nous l’entreprise et ses
différents départements.
Fondée en 1899, l’entreprise Decker-
Ries propose aujourd’hui la gamme de
produits la plus complète du milieu de la
construction et de l’habitat en garantissant
un conseil et un service hors pair. Les
activités de Decker-Ries sont diversifiées
et réparties en quatre départements:
matériaux de construction, carrelages &
sanitaires, menuiserie et cuisines.
Dans le département historique du
commerce de matériaux de construction,
nos articles s’étendent des matériaux de
gros-œuvre et de génie civil jusqu’aux
produits spécialisés de façade, d’isolation et
de toiture, sans oublier un choix très large
en produits d’alentours. Dans ce cadre, nous
sommes un partenaire privilégié pour les
communes et entreprises de construction,
mais également pour les clients particuliers.
Nous les fournissons en produits variés,
garantissant un conseil technique et une
grande réactivité. Ainsi, une flotte de
camions-grues, camionnettes, élévateurs,
pelles et autres voitures utilitaires assurent
un transport et une livraison rapide
jusqu’au chantier ou jusqu’au domicile de
nos clients.
En ce qui concerne nos départements
carrelages & sanitaires, menuiserie et
cuisines, notre gamme étendue et complète
de services vise avant tout à mettre
au service des clients un maximum de
compétences afin qu’ils puissent s’adresser
à un interlocuteur unique pour toutes leurs
demandes. En effet, le spectre des services
de Decker-Ries est tellement large que le
client ne doit pas multiplier les acteurs de
construction et corps de métier lorsqu’il
réalise des travaux. Ainsi, il peut laisser
libre cours à son imagination et demander
conseil à nos spécialistes au sein de nos
salles d’exposition, qui sont parmi les plus
grandes du pays.
Vous avez récemment rénové vos salles
d’exposition. Qu’ont-t-elles de particulier?
Nos salles d’expositions intérieures s’étendent
sur trois étages et plus de 5.000 m 2 et
constituent le noyau de nos activités. Nous
faisons découvrir le raffinement de nos
espaces et la qualité de nos services dans
l’ambiance unique du «House of Bath» avec
de nombreuses mises en situation de salles de
bains et dans l’univers interactif des portes
avec plus de 100 différents éléments exposés
ou encore dans notre showroom exclusif de
cuisines de dernière génération. Tous ces
espaces sont reliés par un nouvel ascenseur
pour permettre un passage et une circulation
optimale entre les différentes expositions.
Dans ce contexte, l’entreprise Decker-
Ries offre aujourd’hui un aménagement
intérieur complet de A à Z, en combinant
les différents services, des carrelages et
sanitaire aux menuiseries avec des portes
intérieures et extérieures, des fenêtres
en bois, PVC ou aluminium, des bannes
solaires, un vaste choix de parquets, des
meubles sur-mesure ou encore des plafonds
tendus et des cuisines équipées. Notre
savoir-faire s’illustre également à travers
l’exécution de nos travaux par une main
d’œuvre qualifiée et expérimentée.
“Notre programme
d’alentours est
exhaustif et permet
d’assouvir toute
soif de création”
Qu’en est-il de votre exposition extérieure?
Notre exposition extérieure, fraîchement
rénovée et élargie sur plus de 800 m 2 , est
une véritable source d’inspiration qui
permet à nos clients de créer des espaces
verts, des entrées de maison, des rampes
de garages et des terrasses où ils peuvent
retrouver le calme indispensable pour se
détendre quotidiennement à l’air libre. Avec
un large éventail de dallages, pavés, pierres
naturelles et tous les matériaux de pose,
l’espace d’exposition extérieur propose
aussi une large gamme d’accessoires comme
LG
EDITION SPÉCIALE
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des escaliers, des palissades, des graviers,
des galets multicolores, des éléments
décoratifs, des bacs à fleur, des stores, du
bois de terrasse et des éclairages extérieurs.
Notre programme d’alentours est exhaustif
et permet d’assouvir toute soif de création.
Laurent Decker
Quels produits innovants sont exposés
dans vos différents espaces?
L’innovation est au centre de nos
expositions et nous sommes constamment
à la recherche de nouveaux produits
qualitatifs à la pointe de la technologie
et de la tendance esthétique. Ainsi, nos
conseillers visitent régulièrement des foires
spécialisées et des usines de fabrication
et participent à des formations internes
et externes afin de leur transmettre
une véritable volonté d’innovation et
de développer leurs connaissances des
évolutions technologiques.
En outre, depuis des générations,
notre entreprise ne travaille qu’avec
des fournisseurs renommés auxquels
nous faisons entièrement confiance.
Ces partenaires sont généralement des
entreprises spécialisées et reconnues
mondialement qui nous assurent une
qualité et une réactivité incomparables.
Les carrelages de très grand format, les
portes d’entrée de haute sécurité, les
plafonds illuminés, les hottes de cuisine
«invisibles», les bois de terrasse écologiques
en bambou ne sont que quelques éléments
de notre showroom exclusif en constante
mutation.
Quels sont vos projets pour le futur?
Forte d’un historique centenaire, de
l’expérience et de la passion de ses
employés qui s’y investissent chaque jour
et de la confiance de ses clients, l’entreprise
Decker-Ries continuera à diversifier et
développer ses différentes activités en
misant sur la qualité du service, une gamme
de vente impressionnante en construction
et habitat et une véritable culture
d’entreprise novatrice, en tant que société
construite sur des bases solides et durables
mais résolument tournée vers l’avenir. n
Baucenter Decker-Ries
90 Rue de Belval
L-4024 Esch-sur-Alzette
Tél.: 55 52 52
Fax: 57 02 97
info@decker-ries.lu
www.decker-ries.lu
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EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 227 - OCTOBRE 2019
BÂTIMENT & CONSTRUCTION
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au bénéfice de tous
Présentée au grand public le 26 septembre dernier, la Maîtrise
d’œuvre OAI (MOAI.LU) a pour vocation d’accompagner
les acteurs de la construction dans toutes les phases de la
réalisation d’un projet. Pierre Hurt, directeur de l’Ordre des
Architectes et des Ingénieurs-Conseils (OAI), nous présente
cette méthodologie créée par l’Ordre dans le but de soutenir
ses membres et de valoriser la phase de conception d’un
projet au profit d’une réalisation et d’une utilisation optimale
de l’ouvrage.
Comment est né le projet «MOAI»?
Trois directeurs de bureaux d’architectes ou
d’ingénieurs-conseils, qui sont actifs dans
l’Ordre, ont voulu partager leur expérience
dans la conception de bâtiments. Ainsi, Jos
Dell, architecte, Marc Feider, ingénieur en
génie civil, Gilles Christnach, ingénieur
en génie technique, ont formé le cœur de
la conception de la Maîtrise d’œuvre OAI.
Partant d’expériences pratiques quotidiennes,
nous avons voulu concrétiser notre méthode
de travail pour l’appliquer comme guide à
tous les projets en général. De nombreux
membres de l’OAI ont également participé à
son élaboration dans divers groupes de travail.
Entre autres, des échanges fructueux avec des
maîtres d’ouvrages publics, comme le Syvicol
et l’Administration des bâtiments publics, ont
contribué à établir cette méthodologie de
manière à répondre aux besoins concrets.
Au Luxembourg, l’on devra construire de
plus en plus intelligemment pour répondre
à une croissance soutenue. La MOAI a
pour vocation de synthétiser des bonnes
pratiques disponibles sous format papier,
digital, flipbook ou encore vidéos, afin de
soutenir les acteurs dans leurs démarches.
Pierre Hurt
LG
EDITION SPÉCIALE
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Concrètement, en quoi consiste la
Maîtrise d’œuvre OAI?
Il s’agit d’une réponse holistique et
intelligente aux défis actuels pour créer un
cadre de vie résilient et favorisant un vivreensemble
de qualité.
Notre cadre de vie est constitué de multiples
éléments coexistant en équilibre. Un projet de
construction doit s’y inscrire en passant par
trois phases: la conception, le développement
et la réalisation. Il implique par ailleurs
cinq acteurs majeurs, à savoir le maître
d’ouvrage, les utilisateurs, les concepteurs,
les administrations et les entreprises. Chacun
de ces acteurs amène son lot de contraintes
à respecter. Il y a d’abord les besoins des
utilisateurs et l’intérêt économique du maître
d’ouvrage. L’administration garantit quant
à elle un cadre de vie de qualité répondant
aux valeurs fondamentales de notre vivreensemble
en établissant des lois et des normes.
Enfin, toutes les entreprises qui gravitent
autour de la réalisation d’un projet ont
chacune un intérêt commercial à préserver.
Pour le bien de la société, il est nécessaire
que l’équipe qui conçoit les constructions le
fasse avec un regard indépendant.
La MOAI souligne l’importance de l’intervention
de chaque acteur dans le processus
de construction; au sein de celui-ci, il est
toutefois primordial de compter des acteurs
de profession libérale, indépendants et
libres de tout conflit d’intérêts. Grâce à
leur déontologie forte, ils pourront marier
des intérêts souvent divergents et fédérer
les différents acteurs autour d’un projet
qui conviendra à la fois à son exploitant,
son utilisateur et à tout autre citoyen.
Les principes de l’économie circulaire
requièrent d’ailleurs qu’un soin particulier
soit apporté à la programmation et à la
conception du projet afin de tenir compte
de l’utilisation, de l’exploitation, mais
également de la réaffectation voire de la
déconstruction. La prestation intellectuelle
du concepteur doit être valorisée. En tant
que première pierre à l’édifice d’un projet,
elle en déterminera le fonctionnement,
l’identité et son utilisation tout au long de
la durée de vie d’un bâtiment.
Quels sont les avantages de cette
méthodologie pour ses utilisateurs?
Au vu de la complexité des projets, de la
rapidité de changement du cadre légal
et réglementaire et de la qualité exigée
par le marché, la méthodologie donne
une marche à suivre, point par point,
pour concevoir un projet répondant à ces
multiples exigences.
A l’aide d’outils comme le catalogue de
prestations ou les fiches «aide-mémoires»,
nous donnons aux concepteurs et autres
acteurs une marche à suivre claire et
détaillée. Il faut voir cette méthodologie
comme une sorte de check-list reprenant
tous les aspects d’un projet à prendre en
compte. Les 22 fiches aide-mémoires
donnent une vue synthétique du
déroulement d’une construction.
La MOAI est un document vivant, voué
à évoluer avec les apports de nos
membres et de tous les acteurs concernés.
Nous avons à cet effet créé un forum
d’échanges et de retours d’expériences sur
le site www.moai.lu afin de faire évoluer
la méthode. Nous espérons ainsi réunir
les bonnes pratiques développées par ces
acteurs et également apprendre de leurs
éventuelles mauvaises expériences.
Nous présenterons plus en détail cette
méthode lors du Moai.lu on tour, en
partenariat avec le Syvicol, à l’occasion
de trois séances d’information publiques
régionales qui se dérouleront les 3 décembre
au siège de l’OAI à Luxembourg, 14 janvier
à Ettelbruck et 11 février à Sanem. n
“Les principes de
l’économie circulaire
requièrent qu’un
soin particulier
soit apporté
à la programmation
et à la conception”
MOAI.LU
MAÎTRISE D’ŒUVRE OAI
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EDITION SPÉCIALE
LOGEMENT
Nonnewisen:
un quartier mêlant mixité sociale,
architecturale et des fonctions
Suite au remembrement de son site, le quartier «Nonnewisen
– Wunnen am Park» prend doucement vie à Esch-sur-Alzette.
Alors que les travaux d’infrastructures entrent dans leur phase
finale, les derniers projets sont entamés et devraient voir le
jour au cours de l’année 2021. Rebecca Fagot, chef de Projet
au Fonds du Logement, et Martin Kox, premier échevin de la
Ville d’Esch-sur-Alzette, nous parlent de l’actualité du projet
et de ses prochaines étapes dans une interview croisée.
Comment sont répartis les rôles entre la
Ville d’Esch-sur-Alzette et le Fonds du
Logement?
RF: La Ville d’Esch-sur-Alzette et le
Fonds du Logement procèdent tous deux
à la réalisation de projets de construction
répartis entre résidences et groupements
de maisons unifamiliales. En parallèle, ils
sont également en charge de la réalisation
de l’ensemble des travaux d’infrastructures.
Entre la Ville, le Fonds et les promoteurs
privés, beaucoup d’acteurs doivent travailler
sur une même zone dont la moitié est
actuellement en construction. Puisqu’une
partie du quartier est déjà habitée et que
ce dernier n’est accessible que par une
seule rue, nous avons mis en place des
règles de circulation. Nous organisons,
dans ce cadre, des comités de concertation
réunissant tous les acteurs concernés afin de
réguler la circulation et discuter des sujets
qui nous concernent tous comme la voirie,
les infrastructures, les réseaux,...
Comment s’est déroulé le remembrement
du site?
MK: Les discussions concernant ce remembrement
durent depuis plus de dix ans. Grâce
à la mise en place d’un nouveau collège
échevinal, la procédure s’est accélérée et
nous avons pu organiser une médiation pour
attribuer aux propriétaires concernés un
autre terrain à bâtir en échange du leur.
RF: Le système de remembrement implique
que l’on réalise une estimation de la valeur
du terrain cédé, chiffrée en termes de points
attribués en fonction de sa superficie et de
sa position. Nous leur proposons alors un
terrain équivalent en termes de points,
sur une place à bâtir au sein du même site.
Ces propriétaires privés pourront bâtir
des projets, sous les mêmes conditions que
le Fonds et la Ville, avec des restrictions
quant au type de bâtiments qu’il est possible
d’y construire. La mixité sociale est par
ailleurs garantie car on retrouve plusieurs
promoteurs différents répartis sur le site.
MK: Quant aux parcelles de la Ville
d’Esch-sur-Alzette, nous avons pour projet
d’y proposer des solutions alternatives
de logement comme des groupements
d’habitats participatifs construits autour
d’espaces communs prévus pour plusieurs
familles. Nous voulons également proposer
des habitations évolutives: un couple seul
pourrait d’abord emménager dans un
appartement une chambre, puis déménager
lorsque la famille s’agrandirait. Enfin,
lorsque les enfants quitteront le domicile, le
couple pourra revenir à un logement simple.
Quelles sont les prochaines étapes du
projet?
RF: Maintenant que les terrains sont
définitivement attribués, nous pouvons
démarrer la dernière phase de création
d’infrastructures et de viabilisation du site.
Nous prévoyons dans ce cadre la création
d’une voirie (la rue Lise Meitner) et des
chemins piétons. Le développement de
places publiques pour favoriser la vie de
quartier est par ailleurs en cours de réflexion.
Nous allons également installer de nouveaux
bassins de rétention d’eau de pluie. En
effet, le concept général hydraulique du
projet permet de ne pas rejeter les eaux
pluviales dans les réseaux existants, pour
éviter leur encombrement. Toutes les eaux
pluviales sont transférées dans des bassins
de rétention permettant leur évacuation
progressive vers la Dippach renaturée. Il est
donc impératif que ce concept soit mis en
place avant que nous commencions à bâtir.
“D’ici 2021, le
projet rassemblera
135 logements
supplémentaires
construits
par le Fonds et 81
par la commune”
MK: La renaturation de la Dippach est une
obligation légale; nous avons déjà débuté ces
travaux sur son côté droit et à l’endroit de
son passage sous la route Grande-Duchesse
Charlotte. Nous devons maintenant réaliser
les travaux en aval et en amont de la route
dans le courant de l’année 2020.
La Ville d’Esch-sur-Alzette a également
mis en place un réseau récupérant la chaleur
excédante émise par la centrale électrique
de Twinerg pour alimenter Belval en
chauffage urbain. Depuis la fermeture de
la centrale, c’est la chaleur d’ArcelorMittal
que nous récupérons pour la réinjecter dans
le réseau. Ce même système a été mis en
place pour alimenter en chauffage urbain
tous les projets du quartier Nonnewisen.
LG
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37
Rebecca Fagot et Martin Kox
38 LG
EDITION SPÉCIALE
LOGEMENT
RF: Il s’agit d’une volonté écologique
de la part de la Ville. Ce système permet
une économie d’énergie puisque l’on évite
l’installation de pompes à chaleur ou le
recours à un chauffage électrique.
Combien de logements doivent encore
être construits?
MK: Nous sommes actuellement en train
de démarrer deux nouveaux lots pour le
compte de la commune. Le premier (6N)
comprendra 26 maisons unifamiliales et
19 appartements en triple A: une partie
des rez-de-chaussées sera dédiée à des
surfaces commerciales ou destinées aux
professions libérales, comme dans la quasitotalité
du projet, et ce, dans l’objectif
d’assurer une mixité des fonctions. Les
toitures des bâtiments de ce lot seront soit
végétales pour optimiser la rétention des
eaux pluviales, soit équipées de panneaux
photovoltaïques. Il s’agit par ailleurs d’un
projet mixte béton et bois. Le second lot
(7NB) comprendra quant à lui 36 maisons
unifamiliales en triple A dont la structure
est en bois, le parement en brique et la
toiture végétale. Ces habitations recevront
d’ailleurs la certification LENOZ.
Enfin, nous allons lancer en début de
l’année prochaine un appel à candidatures
pour l’établissement d’un hôtel sur un lot
appartenant à la Ville et, courant 2020, un
autre lot, développé par Nesto, sera lancé
en vue de la réalisation de constructions en
bois conçues dans une logique d’économie
circulaire et à coûts modérés. Cette
construction modulaire pourra être réalisée
en six mois.
“Récupérer la
chaleur excédante
produite par
ArcelorMittal
pour l’injecter
dans le réseau de
chauffage urbain”
RF: Nous devrions terminer, en avril 2020,
le projet 7SA en béton classique mais
de classe énergétique AAA. Le lot 7ND
est quant à lui en cours et comprendra
40 appartements ainsi que le service de
rééducation précoce, déjà localisé à Eschsur-Alzette,
mais nécessitant des locaux plus
grands et surtout plus adaptés à l’évolution
de son activité. Ces constructions sont
également en béton classique et en triple A.
Nous avons également débuté la construction
de deux nouvelles résidences (5SA et 5SE) ainsi
que d’un nouveau projet de 17 maisons (5SB).
L’une de ces résidences et le groupe de maisons
sont des projets mixtes béton-bois. La seconde
résidence est construite en bois alvéolaire.
D’ici 2021, le quartier «Nonnewisen –
Wunnen am Park» rassemblera 135 logements
supplémentaires construits par le
Fonds et 81 par la commune, soit un total
de 216 logements.
MK: Pour chaque nouveau quartier créé,
nous voulions débuter par la construction
d’une école afin qu’elle soit fonctionnelle
et accueille les plus jeunes avant même la
remise des premiers logements du quartier;
une première école est déjà fonctionnelle
et nous sommes en train de réaliser les
infrastructures pour la seconde. Le quartier
accueille également une crèche.
Enfin, nous voulions assurer une mixité
architecturale sur le site et avons donc
fait appel à des architectes différents pour
chaque projet, ce qui représente environ une
trentaine d’architectes aux projets diversifiés.
Qu’en est-il du développement d’autres
fonctions que l’habitat sur le site?
RF: Avec la reprise du projet suite au
remembrement, les locaux commerciaux ou
pour professions libérales déjà construits se
remplissent petit à petit.
MK: Tout au nord de la zone, on retrouve la
zone d’activité commerciale et industrielle de
Lankelz. Un autre promoteur y construira un
site de logements, de commerces, de bureaux
ainsi qu’un hall et un musée sportifs. La
connexion entre les deux sites contribuera à
la bonne mixité des fonctions. La colline avec
ses espaces verts et sa place de jeux, située
entre les deux sites servira les deux, tout en
leur garantissant leur propre tranquillité. n
Fonds du Logement
52, Boulevard Marcel Cahen
L-1311 Luxembourg
info@fondsdulogement.lu
www.fondsdulogement.lu
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Gilles Hempel
LG
EDITION SPÉCIALE
41
LOGEMENT
Pour des logements abordables
La Fondation pour l’Accès au Logement (FAL) est le gestionnaire de l’Agence Immobilière
Sociale (AIS) qui œuvre à l’inclusion sociale par le logement. Après dix années d’activités,
la fondation gère déjà 554 logements et une quarantaine d’employés. La FAL diversifie ses
activités en mettant en service sa propre agence de promotion immobilière sociale Abitatio.
Interview de son directeur, Gilles Hempel.
D’où vient l’idée de faire de la promotion
immobilière?
Elle est née d’une nécessité. L’AIS réinsère
des personnes en précarité de logement par
le biais de biens immobiliers sur le marché
privé et nos locataires ne peuvent donc
bénéficier que d’une mise à disposition de
trois ans. Ce laps de temps, nécessaire à
l’équilibre financier d’un ménage, parfois
pour trouver un travail et même suivre
des formations, ne suffit pourtant plus.
Nos locataires sont toujours aussi motivés
à retrouver une autonomie mais en dix
ans d’activités, nous avons constaté que
l’envolée des prix de l’immobilier ne laisse
aucune chance de se loger aux plus démunis.
(ndlr: Selon les chiffres d’Eurostat, les prix
des biens neufs et anciens à l’achat ont
progressé de 50% au Grand-Duché entre
2010 et 2018).
Nous accompagnons d’anciens chômeurs
et bénéficiaires du REVIS qui ont fini
le programme de réinsertion de l’AIS,
suivi des formations, retrouvé un travail,
remboursé leurs dettes mais même leur
CDI de 40h par semaine ne suffit pas.
Il nous fallait donc agir en tant que
promoteur immobilier afin de devenir
propriétaire d’appartements et ainsi offrir
des baux à durée indéterminée à des prix
abordables. Abitatio permettra donc à
l’AIS de répondre plus efficacement aux
demandes de ses listes d’attente.
Quels sont vos projets immobiliers en
cours et à venir?
Nous avons d’ores et déjà commencé les
travaux de notre premier projet de sept
appartements à Niederkorn prévu pour le
printemps 2020. Nous venons également
d’acquérir un terrain communal à Hosingen
sur lequel nous souhaitons construire six
appartements. Les travaux devraient débuter
à la fin de cette année. Nous sommes aussi
en discussion avec la commune de Bech qui
dispose d’une ancienne école qui pourrait
accueillir douze logements. D’autres projets
sont en cours de réflexion à Wilwerdange,
Harlange et Heinerscheid.
À moyen termes, nous devrions disposer
d’un parc immobilier de 45 logements mais
nous ne nous arrêterons pas à ce chiffre,
et sommes constamment à la recherche
d’opportunités. Les loyers y seront bien
évidemment moins élevés que ceux du
marché; pas plus de dix euros le mètre carré
ni plus du tiers des revenus du ménage.
Peut-on dire que la réussite d’Abitatio
dépend d’une étroite collaboration avec
les communes?
Conventionnés avec plus de la moitié
des communes du pays, nous savons que
nombreuses sont celles qui souhaiteraient
utiliser leurs terrains ou d’anciens
bâtiments pour y construire des logements
sociaux. Cependant, face à la lourde
charge que représente la gestion d’un parc
immobilier, elles y renoncent souvent. La
bonne volonté ne suffit pas, elles ne sont pas
toujours outillées en termes de personnel
ou de compétences pour entreprendre les
travaux. Nous, nous le sommes et c’est
pourquoi nous leur proposons de petits et
moyens projets et une gestion complète.
Luxembourg a depuis toujours favorisé
l’accès à la propriété mais dès lors qu’un
logement social cesse d’être sur le marché
de la location, il vient consolider l’envolée
des prix. Dans la mesure où ces logements
sont financés par de l’argent public, ils ne
devraient pas être disponibles à la vente. Le
logement est une cause nationale qui mérite
des solutions courageuses et nous essayons
modestement d’en trouver. n
“Le logement
est une cause
nationale”
Fondation pour l’Accès au Logement
202b, rue de Hamm
L-1713 Luxembourg
info@fondation-logement.lu
www.fondation-logement.lu
42 LG
EDITION SPÉCIALE
Willy Hein et Tobias Wilhelm
LG
EDITION SPÉCIALE
43
Un centre de tri
pour le Luxembourg
DÉVELOPPEMENT DURABLE
Couché sur les bords de la Moselle, le groupe Hein, c’est presque 90 ans d’histoire familiale
à travers quatre générations. Ses activités regroupent la sablière, le transport et les déchets.
Hein Déchets, créé en 1990, s’occupe du tri de l’ensemble des emballages collectés auprès des
ménages du Grand-Duché. Un an après le décès inattendu d’Alphonse Hein, LG rencontre
son successeur; interview croisée de Willy Hein, directeur, et de Tobias Wilhelm, responsable
d’exploitation.
Comment s’est passée la reprise de
l’entreprise familiale?
WH: Relativement bien, puisque cela faisait
dix ans que j’étais impliqué dans la direction
et que nous étions en train d’organiser cette
transition. Lorsque mon père est décédé en
novembre 2018, le plus dur a été de faire
sans sa compagnie et ses conseils mais j’ai
pu compter sur l’équipe Hein. Il faut dire
que l’entreprise a su garder son esprit
familial et c’est ce qui fait encore sa force
aujourd’hui.
Parlez-nous de la création de Hein
Déchets…
WH: Cette idée est née dans les années
80. Mon père se désolait des décharges
sauvages qui étaient encore monnaie
courante des entreprises de l’époque. Il a
pressenti le changement opéré depuis et a
développé une passion pour la gestion, le tri
et l’optimisation.
TW: Il n’était pas «un écolo» au sens
propre du mot mais plutôt un passionné du
potentiel du secteur. Le recyclage est peu
à peu entré dans les mentalités, et ce, avec
dynamisme et modernité. Hein Déchets a
donc commencé avec quelques conteneurs
et un broyeur de bois. Avec les années, nous
avons élargi notre panier de prestations et
sommes ainsi devenus un des principaux
acteurs dans le domaine du recyclage au
Luxembourg.
Quelles sont les activités de Hein Déchets?
WH: Sur notre site à Bech-Kleinmacher,
nous réceptionnons les principaux types
de déchets recyclables: papiers, cartons,
verre, plastique, bois, déchets de chantiers,
déchets verts, plâtre etc.
Ces déchets sont collectés par conteneurs,
par camion hayon ou peuvent aussi être livrés
directement par nos clients sur notre site.
Après pesage et contrôle à l’entrée, ils sont
triés, conditionnés et acheminés vers des
installations de recyclage agrées en respect
des mesures environnementales en vigueur.
TW: A côté de notre activité de conditionnement
des déchets recyclables, nous
gérons aussi le tri et le broyage de vieux
bois sous forme de copeaux pour les usines
de fabrication de panneaux agglomérés ou
selon, vers une valorisation en tant que
combustible alternatif.
Nous sommes également le partenaire
privilégié des entreprises de construction,
des industries et des décharges spécialisées
pour l’élimination des terres polluées.
Nous acheminons leurs déchets inertes
contaminés, d’amiante, de route, bitumineux
ou goudronneux, isolants minéraux mais
aussi les déchets de la production industrielle
vers des installations spécialisées et agréées.
Nous proposons un programme de gestion
complet pour le tri des déchets organiques
issus des cantines ou de la restauration par
exemple. Cela va de la mise à disposition des
moyens de collecte jusqu’au retraitement
en installation de biométhanisation agréé.
“Nous sommes
prêts pour assurer
un tri de qualité
pour les quinze ans
à venir”
44 LG
EDITION SPÉCIALE
DÉVELOPPEMENT DURABLE
Vous avez investi 7 millions d’euros dans
une nouvelle installation de tri; pouvezvous
nous la présenter?
WH: Hein Déchets est le partenaire de
Valorlux depuis 20 ans et assure à ce titre le
tri de tous les sacs bleus collectés auprès des
ménages du Grand-Duché.
Mise en service en janvier 2019, l’installation
traite actuellement 10.000 tonnes par an
mais ne tourne qu’à la moitié de ses capacités
qui sont à 23.000 tonnes par an. Nous avons
en effet anticipé l’augmentation des masses
collectées à venir. D’une part au regard de
la croissance démographique du pays (ndlr:
12.000 nouveaux habitants annuels) et
pouvons ainsi répondre théoriquement au
million d’habitants. Et de l’autre, l’Union
européenne souhaite que ses Etats membres
recyclent au moins 70% des emballages d’ici
2030 et Valorlux travaille en conséquence à
un futur élargissement de la collecte.
TW: L’installation se compose de 150
machines à trier et tapis roulants qui
combinés, peuvent réaliser le tri des
différentes matières. Il s’agit de bouteilles
en plastiques, de flacons de shampoing,
des tétrapacks, de boites en aluminium, de
conserves, etc. Onze personnes travaillent
dans l’installation et garantissent son bon
fonctionnement. Notre taux de refus est
entre 7% et 8%; ce qui prouve l’efficacité
de notre ligne de production.
Les emballages qui sont collectés dans le
cadre des différents projets pilotes (sac vert
au SIGRE et sac bleu élargi au SIDEC)
sont déjà triés dans la nouvelle installation.
Élargir la collecte revient in fine à faciliter
le tri réalisé en amont par le citoyen mais
aussi à recycler plus.
Quels sont vos projets pour l’avenir?
WH: Aucune révolution dans le viseur mais
œuvrer à une bonne évolution du groupe.
Nous sommes par exemple en train de
construire un nouvel atelier pour camions
et engins. Il devrait être mis en service
fin 2020 et sera en mesure de réaliser les
entretiens et les contrôles techniques. Une
belle occasion d’un prochain reportage
pour LG… n
Hein Group
1 quai de la Moselle
L-5405 Bech-Kleinmacher
www.heingroup.lu
“Nous traitons
huit tonnes
à l’heure,
ce qui équivaut
à 5.000 sacs bleus,
et à autant
de ménages”
Hein en chiffres
215 employés
Fondée en 1931
75 camions
7 millions d’euros investis
dans la nouvelle installation de tri
35 millions de chiffre d’affaires
LG
EDITION SPÉCIALE
45
Nouveautés durables en 2020
Le début de l’année 2020 apporte avec lui changements et
réformes dans de nombreux domaines. Si les travailleurs
retiendront surtout l’enclanchement de l’index au mois de
janvier, deux mesures favorisant la mobilité durable sont
également au programme de ces prochains mois.
Premièrement, l’on note que le régime
d’aides financières pour les véhicules à zéro
ou à faibles émissions de CO 2
continuera
à être d’application pour l’année 2020. Le
gouvernement justifie cette mesure: «La
promotion de l’électromobilité reste une
composante clé des efforts en matière de
décarbonisation du secteur des transports.
Elle fait partie intégrante du projet de
plan intégré en matière d’énergie et de
climat pour la période 2021-2030, lequel
ambitionne une réduction des émissions de
gaz à effet de serre de 55% à l’horizon 2030
par rapport à l’année de référence 2005».
En second lieu, la tant attendue gratuité des
transports publics sera bientôt d’application.
En effet, dès le 1 er mars prochain, les
navetteurs pourront circuler gratuitement
sur tout le territoire, sauf pour les personnes
souhaitant voyager en 1 re classe, pour
laquelle le titre de transport payant restera
d’actualité.
On rappelle également que le Luxembourg
a fixé ses objectifs nationaux en matière de
réduction de la production d’émissions de
gaz à effet de serre à 55% d’ici 2030. Pour y
parvenir, le secteur des transports connaîtra
diverses transformations au cours des dix
prochaines années. n
Source: gouvernement.lu/emwelt.lu
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46 LG
EDITION SPÉCIALE
DÉVELOPPEMENT DURABLE
Les déchets,
un véritable potentiel
de ressources
A son échelle, la SuperDrecksKëscht travaille à la protection
du climat en tentant de revaloriser au maximum les produits
qu’elle traite. A travers l’initiative SuperDrecksKëscht fir
Biirger, l’organisme veille à la bonne qualité du recyclage des
déchets problématiques en en organisant le tri. Petra Biwersi,
conseillère pour les centres de recyclage, et Frank Fellens,
conseiller en environnement, nous parlent du processus du
recyclage et nous expliquent le concept de «potentiel de
ressource» récemment développé.
En quoi consiste l’initiative SuperDrecks-
Këscht fir Biirger?
PB: Il s’agit de la collecte des déchets
problématiques ménagers, qui peuvent être
identifiés par le symbole de danger apposé
sur leurs emballages. On retrouve dans cette
catégorie les bombes aérosols, piles sèches,
batteries, accumulateurs, peintures, laques,
pesticides, engrais,… La collecte s’effectue
en centre de recyclage, mais nous prévoyons
également quatre passages de collecte
mobile par an dans chaque commune.
Notre personnel est formé à cette fonction
au travers des formations de base du
CNFPC, ainsi que d’autres modules plus
spécifiques. Nous prévoyons également des
formations professionnelles continues pour
assurer la mise à jour des compétences quant
aux nouveaux produits traités, procédures,
systèmes de collecte, normes de sécurité,…
FF: Tous les produits collectés sont
regroupés dans notre centre où nous
opérons un prétraitement. Le traitement
final se fait ensuite pour la plupart des cas
dans les pays frontaliers. Nous auditons
régulièrement nos filières de revalorisation
pour vérifier la qualité du processus de
recyclage et des ressources extraites.
Qu’est-ce que le concept de «potentiel
de ressources»?
PB: Dans notre jargon, nous préférons
parler de produit plutôt que de déchet car
nous envisageons son parcours selon une
logique d’économie circulaire: il est d’abord
créé, consommé, jeté, puis ensuite recyclé
et revalorisé en tant que matière première.
Il ne cesse donc jamais d’être un produit et
sa part de déchet est bien souvent minime.
FF: Il s’agit pour nous d’une ressource
que l’on peut réintroduire dans le cercle
de l’économie circulaire. Seule une petite
part des produits problématiques ne sont
pas traitables et sont directement éliminés,
comme les médicaments ou les pesticides.
Pour les autres, la part de recyclage varie
beaucoup d’un produit à l’autre.
Le concept que nous avons développé a
justement pour but de déterminer le potentiel
de ressources qu’il est possible d’extraire
d’un produit suite au processus de recyclage.
Par exemple, les tubes fluorescents ont un
potentiel de ressources de 96% car le verre
et les métaux qui les composent peuvent être
réintroduits sur le marché des ressources. Seuls
les 4% restants, soit la poudre fluorescente, est
considérée comme un déchet car elle contient
du mercure que nous ne pouvons revaloriser.
Concernant les bombes PU, nous
récupérons le métal de l’emballage. Le
polyuréthane et le gaz propulseur peuvent
quant à eux être en partie réinsérés
dans le processus de fabrication de ces
mêmes bombes. Nous pouvons valoriser
énergétiquement d’autres composants
afin d’en récupérer l’énergie et à la fin du
processus, la part de déchet n’est plus que
de 30%.
Quel type de déchet problématique est
le plus fréquemment collecté?
FF: Il s’agit de la peinture, qui représente
30% des déchets problématiques récoltés.
Dans la plupart des cas, nous pouvons
en récupérer le bidon métallique et le
réintroduire dans le circuit de production.
Par contre, la peinture ne pouvant pas être
recyclée, nous l’utilisons pour fabriquer un
combustible de substitution. Son potentiel
de ressources est donc de 20% et nous en
tirons une récupération d’énergie de 80%.
Certains fabricants, comme Peintures Robin,
se sont toutefois penchés sur la question du
recyclage de la peinture. Ainsi, ils ont créé
la peinture écoconçue Verdello, dont les
ingrédients sont combinés de manière à
pouvoir être récupérés et revalorisés dans
le processus de fabrication d’une nouvelle
peinture. Grâce à ce circuit fermé, le
potentiel de ressources est de 96%, soit plus
de quatre fois supérieur à la filière classique.
D’autres secteurs travaillent également en
circuit fermé et récupèrent eux-mêmes les
produits usagés auprès de leur clientèle.
Le fabricant Contern SA épargne alors des
matières premières en réutilisant les pièces
en béton, et l’on observe également une
économie de place dans les décharges, déjà
débordées.
Quels sont les gestes à adopter pour
optimiser le processus de recyclage?
PB: Pour obtenir une bonne qualité des
ressources en fin de recyclage, il faut bien
préparer le tri en amont. Nous veillons
donc à informer régulièrement le personnel
de collecte pour qu’il puisse à son tour
sensibiliser les citoyens à un tri efficace.
“Le meilleur
déchet est celui
qui n’existe pas!”
FF: Pour garantir un tri optimisé et sécurisé,
il faut surtout éviter de démonter les
produits ou de les mélanger entre eux. Audelà
des réactions chimiques dangereuses
qui pourraient survenir, il nous est trop
difficile de reséparer les liquides, nous ne
pourrons donc en tirer aucune ressource.
De préférence, il faut aussi laisser le produit
dans son récipient d’origine ou indiquer sur
le nouveau contenant son nom ou usage.
Enfin, nous encourageons les citoyens
utiliser les bacs spécifiques à chaque déchet,
distribués par la SuperDrecksKëscht pour
faciliter la collecte et le traitement et éviter
les problèmes de sécurité pour le personnel
qui doit les manipuler.
Bien sûr, il faut également tenter de
réduire sa part de déchet pour régler le
problème à la source. Notre campagne
«Clever Akafen», qui promeut les produits
écologiques dans les supermarchés, le dit
clairement: le meilleur déchet est celui qui
n’existe pas! n
SuperDrecksKëscht®
Z.I. Piret
L-7737 Colmar-Berg
www.sdk.lu
48 LG
EDITION SPÉCIALE
DÉVELOPPEMENT DURABLE
La digitalisation en marche
LAMESCH est bien connue de l’économie locale. Avec une offre de services diversifiée, elle
répond aux besoins de ses clients aussi bien dans la gestion des déchets que dans l’assainissement
au sens large. Cette offre de services demande une organisation logistique importante qui
peut être assistée par divers supports informatiques. La digitalisation est en marche et fait ses
preuves au sein de la société LAMESCH. Entretien avec Alain Jacob, administrateur directeur
général.
Alain Jacob
Quelles sont les expertises de votre
société?
Implantée au Luxembourg depuis presque
60 ans, notre société est avant tout spécialisée
dans la gestion des déchets. Quelle que soit
votre problématique, LAMESCH aura la
solution. Nous gérons aussi bien les déchets
recyclables et/ou valorisables tels que les
papiers-cartons, le plastique, le verre, les
biodégradables, les déchets de construction…
que les déchets dits spéciaux tels que les
déchets de garage, hospitaliers ou issus de
production industrielle, des solvants, des
bases… ou bien encore les DEEE. Notre offre
en terme de gestion de déchets est vaste. Les
seuls déchets pour lesquels nous ne sommes
pas habilités sont les déchets radioactifs ou
explosifs. Pour le reste, nous aurons toujours
une solution à vous apporter!
Au fil des années, notre offre de services s’est
développée. Nous proposons aujourd’hui
des solutions d’assainissement. Nous avons
une offre complète pour:
• les canalisations: qui va du simple
débouchage à la réhabilitation en passant
par l’inspection caméra et le contrôle
d’étanchéité;
• les vidanges: de fosse septique, de bacs à
graisses ou hydrocarbures;
• le pompage de matières sèches ou de
produits dangereux;
• et le nettoyage industriel.
Sans oublier notre offre de location de
matériel qui comprend tout type de
poubelles et petits containers de 120 litres
à 5 m³, de grands containers de 5,5 à 30 m³,
de compacteurs et de toilettes.
LG
EDITION SPÉCIALE
49
Une telle diversité de services demande
une grande organisation, comment
gérez-vous cela?
Nous travaillons depuis deux ans sur un
projet qui permet d’améliorer la qualité
de notre planification et de la réalisation
de nos services: le projet LAMPLAN qui
va de pair avec le projet LAMTAB. Avec
une flotte de plus de 200 véhicules et 600
salariés, le travail logistique d’association
chauffeurs/camions en fonction des ordres
de travail est complexe!
Concrètement, le projet LAMPLAN est
une aide à la planification. Le système
associe, en fonction des commandes en
cours, le personnel et le camion pour
réaliser le travail. Sont pris en compte
divers paramètres tels que les compétences
du personnel (formations et habilitations
diverses), les caractéristiques techniques
du matériel nécessaire à la réalisation du
travail, la zone géographique, le lieu de
destination des déchets et l’historique
des commandes. À la suite de l’analyse de
tous ces paramètres, le système propose
un planning de tournée optimal pour le
lendemain. Notre application nous permet
de gagner en efficacité et en rapidité
d’intervention en cas d’imprévu.
Ce programme de planification est associé
à une application nommée LAMTAB
installée sur des tablettes. Chaque chauffeur
est équipé d’une tablette qui communique
en temps réel avec la planification. Tous
les matins, le chauffeur s’identifie et prend
connaissance du programme de tournée qui
lui est attribué. L’application les informe
des particularités propres aux prestations
de la journée, de l’état du trafic et offre
la possibilité d’adapter le planning en fonction
des impératifs clients. L’information
trafic permet, elle, une efficacité et une
gestion contrôlée des émissions de CO 2
.
La mise en place des tablettes a permis
la dématérialisation des documents.
Désormais, les clients signent de manière
numérique et reçoivent une copie par email.
Nous voulons avant tout répondre aux
exigences de nos clients. Selon leur activité,
certains ont besoin que les interventions
soient réalisées à des horaires précis
ou que les containers soient placés à
un emplacement particulier. Grâce aux
applications que nous avons développées, le
chauffeur est informé via des coordonnées
GPS de l’emplacement du déchet, des
horaires d’intervention et des consignes de
sécurité.
La satisfaction client est au cœur de nos
préoccupations. En cas d’inaccessibilité
sur le lieu de travail, le client est informé
directement et si le travail ne peut être
réalisé, il est reprogrammé en accord avec
ce dernier.
Quelle est l’innovation principale de ces
outils?
Depuis nos débuts, nous tendons toujours
vers l’amélioration. Innover est dans notre
ADN!
Ces outils facilitent le travail et nous
permettent ainsi de satisfaire nos clients.
Grâce à eux, nous avons gagné en efficacité
de la prise de commande en passant par
la planification jusqu’à la réalisation du
travail. Ils offrent une aide à distance pour
le chauffeur, un suivi en temps réel des
commandes, un retour d’information et
l’envoi automatique des factures. Tout ça
sans oublier que cette dématérialisation
permet de préserver notre environnement
avec une utilisation plus modérée du papier!
Bien d’autres fonctions existent sur ces
supports mais ne peuvent être développées
ici. Chacune d’entre elles permet de
développer et simplifier la communication
avec le client, de répondre aux spécificités
de tous, tout en facilitant le travail des
personnes sur le terrain. n
“Depuis
nos débuts,
nous tendons
toujours vers
l’amélioration.
Innover est
dans notre ADN!”
LAMESCH Exploitation s.a.
12, ZI Wolser 2
B.P. 75
L-3201 Bettembourg
lamesch@lamesch.lu
www.lamesch.lu
50 LG
EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 225 - GUIDE DES COMMUNES 2019
DÉVELOPPEMENT DURABLE
Pour une agriculture
de raison
PAR JULIEN BRUN
Un proverbe perse dit qu’«une centaine de citadins ne
peuvent dénouer le nœud fait par un paysan». La réalité est
que l’industrie agro-alimentaire défait les traditions agricoles
ancestrales depuis presque un demi-siècle. Le Luxembourg
semble pourtant à l’abri des productions de masse, des
fermes aux mille vaches et des scandales sanitaires qui
secouent régulièrement l’Europe. Rencontre avec Romain
Schneider, ministre de l’Agriculture, de la Viticulture et du
Développement rural.
Si l’agriculture est victime du dérèglement
climatique, elle en est aussi
l’une des responsables; quel est le
modèle qui pourrait assurer une
production alimentaire respectueuse de
l’environnement?
Les agriculteurs sont en première ligne de
la défense des ressources naturelles dans
la mesure où ce sont eux qui sont dans
les prairies, champs et forêts. Les études
concernant le changement climatique
dénoncent des moteurs beaucoup plus
pollueurs que l’agriculture qui est à moins
de 10%. Je pense néanmoins qu’elle est
prête à prendre ses responsabilités.
Ces dernières années, nous avons beaucoup
fait, notamment par le biais de l’incitation
volontaire. Sur les 120.000 hectares réservés
à l’agriculture, 60.000 hectares sont couverts
par des mesures agro-environnementales
(eau, sol, biodiversité, etc.). Depuis l’année
passée, nous sommes même passés à 51%
de prairies permanentes par rapport à la
surface totale, ce qui permet, entre autres,
de récupérer le CO 2
et d’avoir un élevage
en plein air.
L’agriculture a des responsabilités et les
jeunes agriculteurs y sont sensibles. Prêts
à prendre les directions qui s’imposent, ils
y voient même des opportunités. Tout le
monde sait que d’ici cinq à dix ans, il n’y aura
plus de place sur le marché pour les produits
sans indication d’emballage quant à la nonutilisation
des OGM, des pesticides ou de la
réduction de CO 2
par exemple. Les cahiers
des charges sont de plus en plus stricts en
la matière et ceci parce que la demande des
consommateurs en termes de transparence
est de plus en plus grande. Il existe encore
de nombreuses étapes pour parvenir à une
agriculture plus responsable mais il n’existe
pas d’autre alternative.
Un point quant à la propagation du virus
de la peste porcine africaine...
Le Luxembourg est pour l’heure, toujours
exempt de la peste porcine africaine sur
son territoire. Cela vaut aussi bien pour
les exploitations porcines que pour les
sangliers. Nous avons testé plus de 200
sangliers trouvés morts dans la nature et
aucun cas n’a été détecté. La Belgique en
trouve dans le sud de la Wallonie mais ni le
Luxembourg, ni la France, ni l’Allemagne
ne semblent actuellement en être victime.
Le nouveau modèle de mise en œuvre de
la Politique Agricole Commune prévu
pour 2020, entend passer d’une politique
de conformité à une politique de résultat.
Les craintes d’une réduction de 15% des
aides accordées sont-elles fondées?
Elles pourraient l’être mais cela dépend
encore des deux grandes incertitudes
que sont le Brexit et la planification
pluriannuelle de l’Union européenne
encore en discussion. Nous ne pouvons
donc pas encore savoir quel sera le budget
de la PAC dans les années à venir.
Ce qui est certain, c’est que le Luxembourg,
par les mots du ministre des Finances et
des miens, s’est déjà engagé à maintenir
au niveau national les aides accordées aux
agriculteurs même en cas de diminution du
budget au niveau européen.
30% des aides sont actuellement liées à
des sujets environnementaux; accorder
plus d’autonomie aux pays membres
n’est-ce pas le risque que chaque pays
puisse faire ce qu’il veut en termes de
règles environnementales?
J’ai moi-même contribué à élaborer la
réforme de la PAC 2014-2020 qui a été
fondée sur un développement durable
de l’agriculture; force est de reconnaître
la complexité de son système et de ses
procédures. L’idée est d’intégrer certains
aspects de développement durable dans la
prime de base avec des conditionnalités et
des obligations concrètes. Certes, il n’y aura
plus une seule PAC identique dans tous
les pays membres, les objectifs relatifs à la
réduction du CO 2
pourront par exemple
différer selon les stratégies nationales, mais
il y aura néanmoins un cadre commun.
Les agriculteurs peuvent-ils espérer une
diminution de la charge administrative?
Dans la mesure où la charge actuelle pèse
déjà trop sur leurs épaules, il faut veiller à
l’alléger. À chaque conseil des ministres ou
réunion de travail, il est rappelé que la place
d’un agriculteur, c’est sur le terrain.
C’est pourquoi au niveau national, nous
privilégions la digitalisation pour que
l’agriculteur ne doive encoder qu’une seule
fois les données. La plus grande partie des
demandes de primes sont depuis l’année
passée réalisables en ligne, ce qui facilite
beaucoup les contraintes administratives.
La politique agricole commune qui a été
faite pour le marché unique doit être perçue
comme une plus-value et non comme
un frein à son métier mais cela dépendra
beaucoup de la composition politique au
niveau européen…
Le tissu agricole européen s’est construit
durant des siècles afin de coller au plus
proche des populations; l’agriculture
industrielle a-t-elle irrémédiablement
détruit ce modèle du consommer local?
Il faut pouvoir faire cette distinction mais
le Luxembourg n’a pas d’agriculture
industrielle. Nous n’avons pas d’élevage
industriel, ni de présence trop importante
de bêtes dans les étables. Je pense que
l’avenir de l’agriculture européenne passera
par le retour des petites et moyennes
exploitations de meilleure qualité. Certes,
cela sera difficile à réaliser uniformément
dans tous les pays mais la nouvelle PAC
s’oriente déjà vers les jeunes, les petites et
les moyennes structures.
Romain Schneider
De nombreux agriculteurs luxembourgeois
réalisent une vente directe aux consommateurs.
Les campagnes d’information
et les événements des derniers mois nous
prouvent qu’il y a une réelle demande. Que
ce soit «Fro de Bauer», «De Bauerenhaff
an der Stad» ou encore la Foire agricole
d’Ettelbruck, c’est toujours la même
volonté de mettre le visage du producteur
sur le produit. Cela permet de créer, ou de
recréer un lien entre le consommateur et
l’agriculteur.
Mon ambition est d’améliorer l’image de
marque de l’agriculture dans les années à
venir et le meilleur moyen pour y parvenir
est de montrer ce qui s’y fait. n
52 LG
EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 226 - SEPTEMBRE 2019
MOBILITÉ
En balade avec
le Verkéiersverbond
Le Luxembourg participe à la Semaine européenne de la
mobilité depuis 2005 et c’est le Verkéiersverbond qui coordonne
cet événement depuis 2007. A l’occasion de cette nouvelle
édition, la communauté des transports luxembourgeoise
nous présente sa nouvelle application de calcul d’itinéraires
multimodaux et nous parle des différentes actions prises au
niveau national et également par les communes. Interview
avec Gilles Dostert, directeur général du Verkéiersverbond.
Martina Cappuccio et Gilles Dostert
Quelles sont les nouveautés que propose
le Verkéiersverbond à l’occasion de la
Semaine européenne de la mobilité?
A l’occasion de cet événement, nous avons
procédé à la refonte de notre site internet.
Nouveau design, nouvelles langues – le
site est désormais accessible en français,
allemand et anglais – et adapté aux personnes
malvoyantes, mobiliteit.lu est maintenant
équipé d’un calculateur de d’itinéraires
multimodaux qui intégrera les données
liées au trafic en temps réel. La marche, les
transports en commun, la voiture et le vélo
sont intégrés à l’application qui prendra
également en compte la disponibilité des
vélos partagés, des places dans l’application
CoPilote, des places de parkings et des bornes
de recharge pour véhicules électriques.
L’application proposera différentes chaines
de mobilité. L’utilisateur pourra choisir
son itinéraire en fonction des modes de
LG
EDITION SPÉCIALE
53
transport qu’il souhaite utiliser. Chaque
proposition sera accompagnée d’une
évaluation de son impact environnemental
par l’ajout d’une à plusieurs petites feuilles
symbolisant chacune un niveau de durabilité
plus grand.
Quelles sont les spécificités de cette
nouvelle édition?
Cette nouvelle édition sera placée sous le
thème «Marchons ensemble». Notre mode
de vie sédentaire implique que nous soyons
assis pendant une grande partie de la journée;
la marche est une façon simple d’inclure
l’activité physique dans le quotidien. Cette
mesure est économique, bonne pour la
santé et protège l’environnement; on
observe d’ailleurs que les villes modernes
tentent de reprendre de l’espace à la voiture
pour le rendre aux cyclistes et piétons.
Comment motiver les communes à
s’impliquer dans ce projet?
Nous avons mis en place un réseau
de coordinateurs locaux qui sont nos
interlocuteurs. Notre objectif est que
les communes ancrent l’organisation de
la Semaine européenne de la mobilité
dans leurs habitudes annuelles et qu’elles
remettent en question leurs pratiques.
La Commission européenne fait des
communes participantes des Golden Cities.
Ces dernières pourront prétendre à un
Golden Award en remplissant trois critères:
prévoir un programme d’une semaine
d’information et d’animation, prendre une
ou plusieurs mesures permanentes favorisant
la mobilité durable et enfin fermer pendant
une journée – idéalement le 22 septembre
– une ou plusieurs routes principales sur
leur territoire. Bissen s’était par exemple
illustrée en 2017, en se qualifiant dans le
top 10 des meilleures petites et moyennes
municipalités récompensées pour la SEM.
“Pour se lancer,
il suffit souvent
d’observer
les bonnes pratiques
dans d’autres villes!”
A l’heure actuelle, une trentaine de
communes se sont inscrites, dont un nombre
record de huit d’entre-elles respecteront les
trois critères. C’est le cas de Bissen, pour la
quatrième année consécutive, de Colmar-
Berg et Ettelbruck, pour leur troisième
édition consécutive, ainsi que de Contern,
Feulen, Mertzig, Schieren et Waldbillig.
Le fait de devoir fermer un axe principal
freine encore beaucoup de communes
– notamment Luxembourg-Ville – dans
leurs démarches. La capitale a toutefois
prévu un programme chargé d’animations
et sensibilisations à l’occasion de cet
événement.
En règle générale, les communes participantes
renouvellent l’expérience l’année
suivante. Bien qu’il s’agisse d’un long travail
d’organisation et de mise en place, il suffit
souvent d’observer les bonnes pratiques
dans d’autres villes pour se lancer! Cette
année, certains projets se démarquent,
comme celui des communes de Feulen et
Mertzig qui vise à fermer le 22 septembre
prochain un axe principal se situant à cheval
entre les deux entités afin d’y proposer un
tour à vélo, à trottinette ou à pieds.
La commune de Mertzig a également
mis en place un pédibus, soit un autobus
pédestre, qui propose aux enfants de se
rendre à pied, ensemble, à l’école. La
commune de Differdange a également
préparé un programme pour toute la
semaine, avec notamment une décoration
des arrêts de bus par les maisons relais et
maisons des jeunes, qui organiseront même
un vernissage au cours de cette semaine.
D’autres activités sont-elles prévues à
échelle nationale?
Nous prévoyons de distribuer pendant une
journée et à des points précis des sacoches
remplies de cadeaux aux cyclistes traversant
la ville de Luxembourg. En collaboration
avec les CFL, Info-Handicap, Luxtram, le
Fonds du Kirchberg et Lux Airport, nous
organiserons sur le parvis du pôle d’échange
Pfaffenthal-Kirchberg une journée où nous
sensibiliserons le public aux déplacements
accessibles et sécurisés pour tous. Les
usagers auront la possibilité de tester les
transports dédiés aux personnes à mobilité
réduite, comme des chaises roulantes ou
des vélos adaptés.
Le 20 septembre, nous organiserons
la quatrième édition de la conférence
«Fortbewegung & Fortschritt» à l’European
Convention Center Luxembourg. Cette
conférence, organisée tous les deux ans,
accueillera des intervenants nationaux
et internationaux qui parleront de leur
expertise dans le domaine de la mobilité.
Les 19 et 20 septembre, nous distribuerons
par ailleurs une petite carte pour piétons
à la gare centrale, afin de démontrer aux
navetteurs que les distances en ville sont
aisément gérables à pied. Enfin, tous les
transports en commun seront gratuits
au Luxembourg du 16 au 22 septembre.
Bien sûr, une mesure définitive prévoit
de rendre cette gratuité permanente dès
le mois de mars 2020. Nous sommes très
heureux de cette décision politique car elle
encouragera fortement l’utilisation des
transports en commun par les nouveaux
arrivants, les touristes, les personnes de
passage pour affaires,… Pour les habitants
et les frontaliers, cela représente également
une mesure sociale qui mettra tout le
monde sur un même pied d’égalité face au
coût des transports. n
54 LG
EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 225 - GUIDE DES COMMUNES 2019
MOBILITÉ
Le leasing s’invite
dans les communes
Acteur majeur du leasing au Luxembourg et à l’international,
LeasePlan propose ses services aux entreprises, au secteur
public ainsi qu’aux particuliers en partenariat avec la
Spuerkeess. Joel Fernandes, Country Manager chez LeasePlan
Luxembourg, revient sur les solutions et les avantages du
leasing afin d’améliorer la mobilité au Grand-Duché.
Pouvez-vous revenir en quelques mots
sur vos activités?
LeasePlan est une société néerlandaise
créée en 1963, implantée dans 32 pays et
installée au Luxembourg depuis 1988. Nous
sommes leader mondial du CaaS (Car-asa-Service)
avec nos solutions de leasing,
mobilité et gestion de parcs automobiles.
Nous proposons le financement de
véhicules toutes marques avec l’ensemble
des services liés dans une mensualité fixe
incluant désormais la gestion de l’énergie
pour les voitures électriques ou hybrides.
Notre objectif est d’offrir la meilleure
solution à nos clients afin de garantir et
d’optimiser la mobilité des sociétés, des
institutions publiques ou des particuliers.
Quels sont les avantages du leasing?
Un véhicule est un bien qui se déprécie au
fur et à mesure des années. Avec le leasing,
nous passons de l’achat à l’utilisation du
véhicule, donc de la propriété à l’usage. Il
y a un réel changement de paradigme car
la tendance est à la consommation de la
mobilité. Ainsi, nous offrons des solutions
clé en main avec un loyer mensuel qui
garantissent des avantages opérationnels et
financiers à nos clients. Cela, sans compter
les nombreux autres services autour de
l’utilisation du véhicule à savoir l’entretien,
l’assistance, l’assurance, le véhicule de
remplacement, les permutations de
pneumatique, la gestion du carburant ou
de l’électricité,… Tout est centralisé auprès
d’un point de contact unique: LeasePlan.
Nous misons également sur la digitalisation
des processus pour améliorer l’expérience
client, via une application mobile ou une
plateforme web pour faciliter l’utilisation de
nos services par exemple. Une équipe de 200
personnes développe de nouvelles solutions
digitales au sein du groupe pour répondre aux
besoins du marché en termes de gestion de
parcs automobiles et de mobilité en respectant
les spécificités luxembourgeoises.
Quels sont les autres avantages de
LeasePlan?
Notre rôle est aussi de conseiller les sociétés,
les particuliers, ou les institutions publiques
sur le meilleur choix à effectuer par rapport
à leurs besoins autour de trois axes. Le
premier concerne l’humain pour fidéliser
de manière personnalisée les collaborateurs
d’une structure en leur offrant une solution
de mobilité. Le second s’attache à l’aspect
financier avec l’objectif de réduire au
maximum les coûts du parc ou du budget
automobile. Enfin, le troisième axe est lié
aux aspects environnementaux et durables:
les démarches RSE (Responsabilité
Sociale des Entreprises) et la réduction de
l’empreinte carbone via l’électromobilité
notamment. C’est d’ailleurs sur ce dernier
point que LeasePlan a pris le parti d’être
précurseur.
Qu’en est-il au niveau de l’électromobilité?
A ce sujet, trois aspects sont primordiaux
au Luxembourg: les produits disponibles,
les infrastructures et les aides
gouvernementales. De plus en plus de
modèles sont aujourd’hui hybrides ou
électriques, l’enrichissement de l’offre
va s’accélérer dans les prochains mois
et années. L’industrie automobile et le
gouvernement luxembourgeois sont
acteurs et moteurs de l’électromobilité,
ce qui dynamise fortement notre activité.
Nous avons ainsi déployé une offre
«Start Electric» qui s’organise autour
de trois axes: les recharges publiques
où la facture est directement envoyée à
l’entreprise de la même manière qu’une
carte carburant, celles à domicile, où l’on
donne la possibilité d’installer des bornes
intelligentes qui gèrent le remboursement
immédiat de l’énergie consommée, et enfin,
celles au travail pour la gestion des bornes
en fonction des véhicules et des activités de
chacun des collaborateurs.
Le secteur public et notamment les
communes s’intéressent également au
leasing. Pouvez-vous nous en dire plus?
Nous sommes ravis de travailler
avec plusieurs institutions publiques.
Aujourd’hui, des budgets sont octroyés
aux communes pour l’achat des véhicules.
Le leasing peut représenter une alternative
intéressante pour gérer les budgets de
manière différente, sans mauvaises surprises
et sans problèmes de trésorerie.
Il est important, pour les institutions
publiques, d’optimiser la gestion de leurs
coûts de fonctionnement. Notre offre
leur permet d’avoir un budget fixe tout
inclus sur plusieurs années afin d’éviter des
coûts ponctuels en termes de véhicules,
qu’ils soient statutaires ou utilitaires.
Cela évite également les pertes de temps,
d’argent ou complications au niveau de la
gestion opérationnelle ou de la revente de
véhicules par exemple. Chez LeasePlan,
nous nous occupons de tous ces processus
contraignants.
L’intérêt n’est-il que budgétaire pour
les communes?
Budgétiser est certes l’un des arguments
premiers, mais il existe d’autres demandes.
Un véhicule utilitaire peut être livré nu ou
avec des aménagements spécifiques pour en
faire un réel outil de travail au quotidien.
Le leasing permet d’intégrer ces coûts
additionnels dans le loyer et donc de les
lisser sur plusieurs années.
Par ailleurs, nous proposons également des
solutions en matière de reprise de parcs de
véhicules existants. Il est ainsi très facile
de générer une entrée de trésorerie et de
passer de l’achat de véhicules au leasing,
avec les voitures actuelles ou nouvelles, en
incluant toutes les prestations de services
associés. n
Joel Fernandes
56 LG
EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 228 - NOVEMBRE 2019
MOBILITÉ
Électromobilité & photovoltaïque
Paul Wagner & Fils est une société spécialisée dans les
métiers de l’installation électrique et mécanique. Outre les
domaines de l’énergie, la sécurité, le chauffage, la ventilation,
la climatisation et la communication, l’entreprise couvre
également la gestion énergétique, les bornes de recharges et
le photovoltaïque avec un département dédié. Interview du
directeur technique Marcel Colbach et de Pascal Maquinay à
la tête du département énergie.
Comment pourrait-on présenter Paul
Wagner & Fils?
MC: Fondée à Luxembourg-Ville en 1984,
l’entreprise est installateur et prestataire de
services dans le domaine de l’équipement
technique. Ses activités la mènent à œuvrer
dans les bâtiments de bureaux, les hôpitaux,
les maisons de retraite, les écoles et lycées,
industries, etc. Elle assure également des
installations spécialisées dans les réseaux
informatiques, la sécurité des tunnels, les
prisons, etc.
Nous comptons 350 collaborateurs, dont
un personnel technique composé d’électriciens,
d’installateurs, de techniciens et
d’ingénieurs.
Parlez-nous de vos bornes de recharge…
PM: Nous avons déjà installé une centaine
de bornes de recharge chez nos clients,
la demande a significativement évolué
ces derniers mois et tout laisse à penser à
un crescendo pour 2020. Les institutions
étatiques et paraétatiques, sociétés de leasing,
compagnies de transport et entreprises sont
confrontées aujourd’hui à une demande
en infrastructure de charge du fait d’un
nombre croissant de véhicules électriques
en circulation. Nous accompagnons
étroitement ces clients au long du «switch
électrique» en identifiant avec eux les
solutions adéquates à leur besoin, de sorte
à garantir une mobilité maximale tout en
veillant à une maîtrise des coûts.
Notre offre en infrastructure de recharge
ne se limite pas à la fourniture d’une borne,
mais s’inscrit toujours dans un concept
intégral et évolutif. Nous analysons avec le
client les besoins actuels et futurs en tenant
compte principalement de trois aspects:
- Le premier est fonctionnel; si un client
privé peut généralement charger son véhicule
de manière «lente» pendant la nuit, une
entreprise doit maximiser l’utilisation de sa
flotte et charger plus rapidement ses véhicules.
- Pour l’aspect technique cela revient à
veiller à la mise en place d’une installation
électrique évolutive de sorte à anticiper les
besoins futurs et éviter les investissements
supplémentaires. Soit le client dispose d’un
raccordement à un réseau de moyenne
tension et il n’y a pas de restriction en
termes de nombre de bornes, soit il est
raccordé à un réseau basse tension. Dans ce
deuxième cas, nous pouvons gérer plusieurs
bornes via un système de plage horaires.
- Un autre volet important est la vocation
finale d’une borne: s’agit-il d’une borne à
destination publique avec refacturation
de l’utilisateur ou à un cercle restreint
d’utilisateurs? Nous proposons par exemple
des bornes «Chargy OK» compatibles
avec la mKaart Chargy, qui peuvent venir
compléter le réseau des 800 bornes de
charge déployées dans le pays d’ici 2020.
MC: Les réponses à ces questions auront
une incidence sur le matériel à installer,
sur l’installation électrique et finalement
l’interaction avec l’utilisateur final. Afin
de pouvoir répondre à cette multitude de
besoins différents, nous disposons d’une
large gamme de solutions à destination de
tous les segments de clients: des solutions
pragmatiques pour la recharge à domicile
aux chargeurs ultra-rapides à destination
de grandes structures. En parallèle, nous
suivons de près l’évolution technologique
du secteur et développons en permanence
notre offre en accord avec l’industrie
automobile.
Qu’en est-il de la demande en panneaux
photovoltaïques?
PM: Il y a cinq ans, nous avions déjà réalisé
l’installation photovoltaïque des toits du
Lycée de Rédange, qui est toujours la plus
importante du pays puisqu’elle atteint une
puissance de 1.400 kwc. Actuellement
nous réalisons des installations sur les
toitures de Cactus, Post, Luxtram. Nous
travaillons également sur un vaste projet
photovoltaïque au sol à Junglinster et
Beidweiler, où nous installerons une
puissance de 7 MWc.
MC: Nous réalisons les devis sur-mesure,
les travaux d’installation, la mise en
opération avec garantie matériel, services
de maintenance et outils de supervision.
Nous accompagnons nos clients dans leurs
démarches administratives afin de les faire
bénéficier des subventions étatiques.
“Bornes de recharge:
tout laisse à penser
à un crescendo
pour 2020”
Vous êtes également actifs dans le
remplacement de l’ancien éclairage par
du LED…
MC: En effet, les grands bâtiments comme
les centres commerciaux par exemple,
dont le réseau d’éclairage est ancien,
peuvent réaliser d’importantes économies
d’énergie grâce au LED. Nous réalisons
l’étude de remplacement en calculant le
montant des économies et nous proposons
des financements. L’Etat subventionne ces
projets et nous réalisons également toutes
les démarches administratives. n
LG
EDITION SPÉCIALE
57
Marcel Colbach et Pascal Maquinay
58 LG
EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 226 - SEPTEMBRE 2019
MOBILITÉ
Une passion au cœur
de l’entreprise familiale
Eric est un amoureux des poids-lourds mais son épouse Evelyne
ne veut pas le voir partir sur les routes une semaine durant.
Il trouve alors à l’interdiction de les conduire, l’autorisation
d’en prendre soin et crée leur société en 1995: Afco (qui sont les
initiales de leurs quatre filles). Le concept est simple, des unités
mobiles se rendent sur les sites des transporteurs pour nettoyer
l’extérieur et désinfecter l’intérieur les caisses alimentaires.
L’entreprise est dorénavant forte de 24 ans d’expérience et d’une
vingtaine d’employés. Afin de répondre à la clientèle du Benelux,
une franchise a été ouverte à Remich en 2014 sous le nom de
Charbo Lux. Interview de sa directrice, Océane Charbonnier.
Parlez-nous des origines de Lavage Charbo
Lux…
C’est l’histoire d’une passion familiale.
Mon grand-père était conducteur routier
et passait des heures à nettoyer son tracteur
tous ses samedis. Il a transmis le virus à mon
père qui me l’a transmis à son tour. C’est
donc tout naturellement que j’ai passé mon
permis super-lourd.
Très rapidement, de grands groupes de
transport français nous ont fait confiance
comme Stef, PetitForestier, TransGourmet,
Pomona ou Lidl. Ces derniers disposent de
pôles qualité structurés avec qui j’ai façonné
un partenariat en tant que responsable de
nos techniciens de lavage. Au fur et à mesure
de l’accroissement de notre clientèle, nos
unités mobiles se sont mises à sillonner
presque tout le territoire français.
Le Grand-Duché est un axe de transit
important pour le transport routier et
mes parents m’ont demandé de diriger la
franchise de Remich il y a deux ans.
Quelles sont vos activités?
Nous sommes spécialisés dans la gestion
du nettoyage des parcs poids lourds. Il peut
s’agir d’un lavage standard extérieur, d’une
désinfection intérieure, d’une rénovation
aluminium, d’un nettoyage de cabines, etc.
Nos équipes interviennent directement sur
le site du client grâce à nos unités mobiles
conçues par nos soins afin de travailler en
parfaite autonomie.
Nos clients ont des activités diverses
comme le transport de marchandises, de
médicaments ou alimentaire mais nous
comptons aussi de nombreuses communes
et des sociétés de travaux publics pour
lesquelles le nettoyage des engins utilisés est
une étape indispensable.
Nos activités se sont logiquement diversifiées
à la demande de nos clients. Nous
réalisons donc également le nettoyage et la
désinfection des cuisines professionnelles,
des entrepôts frigorifiques, des hangars
de stockage, des quais de déchargement,
etc. Nous avons formé et équipé nos
collaborateurs afin de répondre aux besoins
spécifiques des entreprises et collectivités.
Nous pouvons également intervenir en
urgence dans certains cas comme par
exemple l’explosion d’une cuve à engrais,
le changement inopiné de chauffeur,
l’acquisition d’une voiture d’occasion chez
un concessionnaire automobile, etc.
Charbo Lux est-il soucieux du respect
de l’environnement?
Il en va à la fois de notre responsabilité
sociale et de notre raison commerciale.
Nos unités mobiles consomment trois
fois moins d’eau qu’une station de lavage
standard et sont renouvelées tous les
quatre ans. Équipées d’un matériel fait surmesure,
elles sont parfaitement autonomes
en électricité et permettent un nettoyage
haute pression (250 bars) avec une eau à
70 degrés. Nous utilisons des brosses de
lavage conçues par un maitre brossier afin
de préserver les carrosseries qui sont bien
différentes de celles des voitures.
En outre, les produits de nettoyage que
nous utilisons sont biodégradables à plus de
99% et proposons des gammes 100% bio.
Lorsque nous intervenons sur un site qui
ne dispose pas de réseau de recyclage des
eaux souillées, nous mettons en place des
filtres hydrocarbures dans les regards afin
de filtrer les résidus de carburant, chimie et
autre. Ce filtre est à changer tous les trois
mois. Nous avons également la possibilité
de récupérer les eaux usées afin de les
acheminer vers un circuit de traitement
spécialisé déjà présent sur site.
Enfin, nous travaillons depuis un an sur un
projet de recyclage et de réutilisation de nos
eaux de lavages. Toute la difficulté réside à
trouver un système adapté à nos activités
et qui puisse pomper, filtrer et recycler à la
même cadence que notre rythme de travail.
Quels sont les avantages de vos offres?
Actuellement les chauffeurs ont deux
solutions pour réaliser le nettoyage de leur
véhicule professionnel: soit ils passent des
heures à le nettoyer avec un matériel non
adapté, soit ils le passent dans un portique
de lavage qui les oblige à faire un détour et
à attendre leur tour. Beaucoup d’entreprises
de transport ont investi dans des stations de
lavage. Ces dernières représentent néanmoins
des coûts considérables d’entretien qui
s’envolent rapidement en cas de panne ou de
modernisation. Sans compter que la gestion
des produits, du matériel, des plannings, de la
récupération des eaux usées, de la sécurité et
des procédures est fastidieuse.
Lavage Charbo Lux représente un confort
non négligeable en termes de bien-être au
travail et d’économies pour nos clients.
Offrant nos services sept jours sur sept, les
temps d’immobilisation des véhicules de
nos clients sont ainsi optimisés. C’est aussi
l’assurance du respect des règlementations
en vigueur et nous remplissons des
certificats de désinfections que nous
envoyons à nos clients à chaque prestation.
Notre personnel est qualifié aussi bien au
niveau du permis SPL, que des formations
internes sur les procédures, les produits et
la satisfaction du client. Nos équipes sont
sous la tutelle de notre chef d’équipe et les
nouveaux entrants sous l’accompagnement
de nos trois tuteurs.
D’autant plus que nos offres sont très
attractives; une cinquantaine d’euros
suffisent pour le nettoyage intérieur et
extérieur d’un porteur et 80 euros pour une
semi-remorque. n
LG
EDITION SPÉCIALE
59
Océane Charbonnier
60 LG
EDITION SPÉCIALE
EMPLOI & FORMATION
Gérer humainement
ses ressources
Avec 85 employés répartis sur deux sites au Luxembourg,
ALD Automotive veille à créer un environnement de travail
épanouissant pour ses collaborateurs, en témoignent ses
labels ESR et Great place to work. Se différenciant par l’aspect
humain de son approche, sa hiérarchie est respectueuse,
à l’écoute du personnel et surtout garante d’une ambiance
conviviale. Ségolène Richardeau, HR Manager, revient avec
nous sur la philosophie de gestion des ressources humaines de
l’entreprise tandis que Gerrit Canipel, directeur commercial,
nous présente les solutions de mobilité permettant d’attirer,
conserver et motiver son personnel.
Comment se déroulent le recrutement
et l’accompagnement de nouveaux collaborateurs?
A travers un processus de recrutement
transparent, nous ouvrons d’abord nos postes
vacants en interne avant de les référencer
sur notre site dédié jobs.aldautomotive.lu.
Contrairement à d’autres secteurs, nous
ne rencontrons pas de difficulté à recruter
car nous nous concentrons surtout sur la
recherche de soft skills, comme le sens du
service et l’écoute du client. Les différents
métiers que nous rassemblons autour de
l’activité de leasing peuvent quant à eux
s’apprendre en entreprise.
Nos nouvelles recrues suivent un programme
d’accueil, de formation et d’immersion de
28 heures réparties sur trois mois. Après
une présentation générale de la société, elles
passent ensuite dans chaque département
afin de se familiariser avec les processus de
l’entreprise et de s’intégrer plus facilement
à l’équipe. Un système de parrainage est
Ségolène Richardeau
LG
EDITION SPÉCIALE
61
également mis en place pour que le nouvel
arrivant ait un référent en cas de question.
En quoi consiste l’évaluation des employés?
Les employés sont informés en début
d’année de leurs objectifs personnels,
mais aussi de ceux des départements et de
l’entreprise en général. Si les huit objectifs
globaux essentiels sont atteints, l’équipe
bénéficie d’un incentive l’année suivante;
chaque trimestre, nous faisons avec eux
le point sur la progression des résultats
et des projets. L’évaluation annuelle à
réaliser en ligne est aussi l’occasion pour
les collaborateurs de s’exprimer sur les
différents aspects de leur travail.
Notre management est ouvert, disponible et à
l’écoute, et ce, jusqu’au niveau de la direction
qui ne demande qu’à avoir un retour des
personnes de terrain. Globalement, nous
avons intégré les valeurs du groupe Société
Générale que sont l’esprit d’équipe, la
responsabilité, l’innovation et l’engagement;
nous veillons également à instaurer un cadre
de travail convivial où règne la bonne humeur.
“Répondre aux
besoins exprimés par
les collaborateurs
ou managers
par la formation”
Qu’en est-il de la formation du personnel?
Nos formations répondent aux besoins
exprimés par les collaborateurs ou
managers dans le cadre de leur travail ou
lors d’un changement de fonction. Par
exemple, nous avons récemment organisé
des formations ouvertes à tout le personnel
concernant l’évolution des motorisations,
leur impact sur le marché et les normes qui
les régissent. Nous créons dans ce cadre
des formations sur-mesure mais participons
également aux formations dispensées par
les professionnels du secteur automobile.
D’autres formations, comme le
«Keskonfaisi» développé par Pétillances,
sont organisées pour prévenir de problèmes
que nous ne rencontrons pas forcément mais
dont nous ne sommes pas à l’abri, comme la
gestion du stress qui peut déboucher sur des
cas de burn-out.
Comment renforcez-vous la cohésion
de l’équipe?
Au départ, notre équipe est constituée
de personnes attachant de l’importance
à des valeurs communes. Ensuite, nous
encourageons une communication informelle
entre toutes les personnes de tous les
départements, des team buildings sont aussi
d’autres moments renforçant les liens entre
les collaborateurs.
Cette année nous avons par exemple créé
quatre comités autour de thématiques telles
que le sport, la culture, l’environnement et
le mécénat. Ces groupements réunissent
des collaborateurs sur base volontaire,
organisant des événements d’entreprise
liés à leur thématique. Dans ce cadre, le
comité environnement a proposé l’achat
de cendriers qui permettront de recycler
les mégots; le comité sport organise au
niveau Benelux une ascension à vélo tous les
deux ans; le mécénat choisit chaque année
une association élue avec le personnel et
organise des activités visant à récolter des
fonds pour celles-ci. A titre d’exemple,
l’équivalent de 79.000 euros ont été investis
dans différentes actions solidaires en 2019.
Comment votre ancrage local se traduitil
dans vos activités?
Toutes nos prestations sont assurées à
partir du Luxembourg et nos partenaires
sont pour la plupart locaux, il est donc
important que l’équipe parle les langues du
pays, connaisse le marché et soit proche de
ses clients. En tant qu’acteur économique
local, nous sommes d’ailleurs labellisés
«Made in Luxembourg».
Pour répondre au défi national de la mobilité
et soutenir nos collaborateurs, nous avons
mis en place depuis 2016 une politique
d’horaires flexibles et les avons équipés
d’ordinateurs portables leur permettant de
travailler depuis leur domicile en cas de
difficultés sur la route. Nous encourageons
par ailleurs le covoiturage; lors de la semaine
de la mobilité en septembre dernier, nous
avions par exemple animé un atelier visant
à faire se rencontrer les personnes habitant
dans une même région pour les inciter à
covoiturer.
Quels efforts avez-vous mis en place
dans le cadre de l’obtention du label
Great place to work?
Nous avons d’abord monté un dossier
RH détaillant toutes nos actions. Les
collaborateurs ont ensuite été invités à
répondre à un questionnaire de satisfaction
par lequel ils ont évalué l’entreprise
selon cinq grandes thématiques (équité,
convivialité, fierté, respect et crédibilité).
En parallèle, nous leur avons demandé
d’identifier cinq actions qui permettraient
à l’entreprise d’évoluer. Ainsi, lors de notre
seconde évaluation, nous avions progressé
dans tous les domaines et avons atteint un
niveau de satisfaction de 88%.
Notre engagement se traduit également
par la ratification de la charte de la diversité
en 2013, grâce à laquelle nous pouvons
échanger de bonnes pratiques avec d’autres
entreprises luxembourgeoises. Enfin, nous
avons obtenu le label ESR en 2011 et
continuons dans ce cadre à respecter une
équité dans le traitement du personnel
indépendamment de son âge, sexe,
formation, expérience,… L’environnement
de travail est convivial et permet l’échange
autour des fontaines à eau ou machines à café
gratuit. Chaque employé gère son temps
comme il l’entend, en toute autonomie,
pour atteindre les objectifs individuels et
collectifs fixés en début d’année. n
62 LG
EDITION SPÉCIALE
EMPLOI & FORMATION
People Profit Planet: une approche générale de mobilité
Gerrit Canipel, directeur commercial
Comme présentée dans nos précédentes éditions (LG228 et LG229,
novembre et décembre 2019), l’application Mobilité d’ALD Automotive
nous aide à construire avec le client le modèle de mobilité vers lequel
il souhaite tendre. L’ensemble de nos solutions y est proposé selon
l’approche des trois «P», à savoir People, Profit, Planet. Chaque entreprise
élabore en effet sa stratégie de mobilité en trouvant un équilibre entre
l’humain, le financier et l’environnement. Les solutions proposées impactent
généralement plusieurs niveaux, même si l’un d’entre eux est forcément
privilégié. Après les axes Planet et Profit, le People se décline lui aussi en
trois strates de solutions qui consistent cette fois à 1. attirer, 2. conserver et
3. motiver les ressources humaines de l’entreprise.
Chaque solution favorisant l’axe People agit simultanément aux trois
niveaux de la pyramide. Par exemple, nous proposons la création ou
l’actualisation de la Mobility Policy de l’entreprise pour l’aligner aux
besoins des employés. Nous auditons pour cela la mobilité au sein
de l’entreprise ou vérifions l’alignement des budgets et des limites
d’émissions de CO 2
à la moyenne du marché. Nous voyons ensuite
quel outil fiscal peut être mis en place pour intégrer des voituressalaires
ou de fonction supplémentaires dans l’entreprise.
Pour offrir davantage de flexibilité, notre programme «Cash or
Mobility» permet aux employés d’utiliser une partie ou la totalité
de leur variable pour financer une solution de leasing opérationnel
destinée au moyen de mobilité de leur choix. Cette offre peut être
combinée à l’ALD Switch qui propose l’utilisation d’un véhicule moins
onéreux au quotidien, tout en créant une provision pour l’utilisation
d’un véhicule plus coûteux répondant à un usage ponctuel.
Dans un contexte de «guerre des talents», ces derniers feront souvent
le choix d’un employeur selon le degré d’accessibilité de l’entreprise.
Il est possible de l’améliorer par l’intégration des transports en
commun dans la Mobility Policy, par la mise à disposition de places
de parking ou leur gestion intelligente via une application développée
par des prestataires avec lesquels nous pouvons les mettre en
contact. L’entreprise peut également faciliter le covoiturage entre
collaborateurs; notre partenaire Moovee peut dans ce cadre créer une
communauté de partage de trajets. En complément, il peut mettre en
place des solutions de voitures, vélos, et trottinettes partagés pouvant
être utilisés pendant la journée de travail, au départ de l’entreprise.
Tout le cycle d’utilisation est pris en charge par l’application à savoir la
réservation, la gestion des clefs, des dégâts, la recharge,…
Pour motiver les employés, notre service «in-out» propose une alternative
à la rupture d’un contrat ou à l’adaptation de sa durée lorsqu’un employé
quitte l’entreprise avant la fin de son contrat de leasing. Via cette offre,
nous établissons un rapport intermédiaire de restitution, nettoyons le
véhicule en profondeur et procédons à des réparations si nécessaire.
En le remettant à neuf, il peut être confié à un autre employé tout en
conservant sa satisfaction par rapport à son véhicule.
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64 LG
EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 226 - SEPTEMBRE 2019
EMPLOI & FORMATION
Les PME, le poumon
économique
du Luxembourg
Arthur Meulman et Jean Muller
Plus que dans tout autre pays de l’Union européenne, les
PME constituent le véritable moteur de l’économie au Grand-
Duché. D’après un rapport du Small Business Act (SBA) de la
Commission européenne, celles-ci représentent à elles seules
99% des entreprises luxembourgeoises, plus des deux tiers de
l’emploi et quelque 70% de la valeur ajoutée. Quels sont leurs
défis et leurs perspectives d’avenir? Réponses avec une interview
croisée de Jean Muller, CEO des Moulins de Kleinbettingen,
et d’Arthur Meulman, directeur général de jobs.lu.
D’après vous, quelle qualité première
doit avoir un dirigeant de PME?
JM: C’est l’empathie. Il faut être capable
de comprendre ses collaborateurs. Engager
des personnes qualifiées ne suffit pas, encore
faut-il pouvoir les faire travailler ensemble.
Lorsque nous engageons un collaborateur,
nous insistons beaucoup sur la culture
d’entreprise. Il est impératif pour nous que
celui-ci puisse adhérer rapidement à nos
valeurs.
AM: La coopération est primordiale. Dans
notre processus de recrutement, le candidat
reste pendant une demi-journée au sein
de sa future équipe. Nous pouvons ainsi
juger si celui-ci s’intègre facilement, s’il se
sent à l’aise et apprécie le contact avec ses
futurs collègues. Une alchimie doit très vite
se produire. Sinon, cela ne fonctionnera
pas même si la personne a toutes les
compétences requises pour le poste vacant.
Quels avantages présentent les petites
structures par rapport aux grandes
entreprises?
JM: La réactivité est également un de nos
points forts. Le taux de rotation de nos
collaborateurs est pratiquement inexistant
et nous entretenons des relations sur le
long terme avec nos clients. Ces deux
facteurs font que nous sommes une équipe
très soudée qui a une connaissance très
approfondie de sa clientèle, analyse les
problèmes avec rapidité et peut facilement
s’adapter en fonction de l’évolution du
marché.
AM: Tout d’abord le management humain
de proximité. Chez jobs.lu, nous pratiquons
la politique de la porte ouverte pour tirer
au maximum profit de notre intelligence
collective. Chacun est à la disposition de
l’autre pour l’écouter et l’aider. En tant que
directeur, je reste très accessible et tout le
monde peut me solliciter en cas de besoin.
“La coopération
et la confiance
sont les facteurs
clés de la réussite
pour toute PME
qui veut faire du
business au Grand-
Duché”
Moulins de Kleinbettingen et jobs.lu
ont une forte présence locale avec une
dimension internationale. Comment
combinez-vous ces deux dimensions
dans votre travail quotidien?
JM: Toute entreprise établie au Luxembourg
veut naturellement se développer
à l’étranger étant donné la petite taille
du marché local. De plus, étant donné
la population multiculturelle qui vit et
travaille dans notre pays, la plupart des
LG
EDITION SPÉCIALE
65
66 LG
EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 226 - SEPTEMBRE 2019
EMPLOI & FORMATION
dirigeants de PME luxembourgeoises
ont intégré dans leur management cette
dimension internationale. Aux Moulins
de Kleinbettingen, nous ne faisons aucune
différence entre le marché local dans lequel
nous sommes fortement implantés et le
marché international où nous écoulons
80% de notre production.
“Toute entreprise
établie au
Luxembourg
veut naturellement
se développer
à l’étranger étant
donné la petite taille
du marché local”
AM: jobs.lu fait partie de StepStone, un
des leaders mondiaux du recrutement en
ligne. Cette dimension internationale nous
est d’une grande utilité dans notre activité
quotidienne car nous pouvons partager nos
expériences et nos meilleures pratiques avec
les autres sociétés du réseau partout dans le
monde. C’est d’ailleurs grâce à cet échange
permanent avec le réseau que nous sommes
devenus en l’espace de quelques années
l’expert dans notre secteur au Luxembourg
et dans la Grande Région.
Comment percevez-vous le marché
luxembourgeois? Qu’est-ce qui le distingue
des autres?
JM: La confiance est un élément décisif
pour faire du business au Grand-Duché.
Ici, tout le monde se connaît et se parle.
On attache beaucoup d’importance à
la parole donnée et une promesse non
tenue peut sérieusement entacher votre
crédibilité. Ainsi, pour lancer notre gamme
«Produits du terroir» issue de l’agriculture
locale, nous avons auparavant dû gagner la
confiance des fermiers luxembourgeois.
AM: Comme partout en Europe, le
Luxembourg connaît une pénurie
de compétences dans de nombreux
secteurs. A cela s’ajoute une dimension
multilingue. Au Luxembourg, quatre
langues sont couramment utilisées dans
le monde du travail: le luxembourgeois,
l’allemand, l’anglais et le français. De plus,
la préférence vers telle ou telle langue
évolue d’année en année. Nous avons
récemment constaté que des candidats
sachant parler l’allemand étaient de plus en
plus recherchés. Auparavant, c’était plutôt
le français. Chez jobs.lu, notre rôle est
précisément d’apporter tout notre savoirfaire
pour aider les employeurs à trouver la
perle rare. n
Jean Muller
«Il faut savoir écouter et encourager»
Jean Muller est le descendant d’une longue
lignée de meuniers. Avant de devenir le CEO
de Kleinbettingen, il a suivi des études en
économie et en finance et s’est formé au métier
de meunier. «Ma formation en économie m’a
beaucoup aidé car la meunerie est devenue
complexe et implique un processus industriel
important. Les compétences humaines sont
également essentielles dans mon activité
professionnelle et je pense que c’est le cas
pour tous les métiers. Il faut savoir écouter,
comprendre et encourager».
Arthur Meulman
«Je fais confiance à mes équipes»
Arthur Meulman a travaillé pendant 17 ans
comme sales manager au sein du groupe
StepStone avant de rejoindre le Luxembourg
en février 2018. «Grâce à mon parcours
professionnel, je comprends les défis
auxquels sont quotidiennement confrontés
mes collaborateurs. Pour les sales managers
en particulier, je ne leur fixe jamais des
objectifs que j’aurais été incapable
d’atteindre moi-même quand j’occupais la
même position qu’eux. Je fais aussi confiance
à mes équipes. Elles connaissent mieux que
moi la réalité du terrain au Luxembourg».
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68 LG
EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 226 - SEPTEMBRE 2019
EMPLOI & FORMATION
Le Luxembourg Lifelong Learning
Center propose deux nouveaux
masters en formation continue
Installé depuis janvier dans un bâtiment flambant neuf à
Luxembourg-Bonnevoie, le Luxembourg Lifelong Learning
Center (LLLC) de la Chambre des salariés sonne la rentrée
académique avec le lancement de deux nouveaux masters
en partenariat avec l’IAE Metz School of Management de
l’Université de Lorraine.
Le premier cursus universitaire, le Master
Management des Organisations du
Secteur Sanitaire et Social s’adresse
aux professionnels du secteur sanitaire
et social (directeurs d’établissements,
médecins, cadres de santé, managers de la
qualité et des risques, etc.) confrontés à des
problématiques managériales.
Les environnements et les modes de
gouvernance dans le domaine sanitaire
et social ont beaucoup évolué au cours
des dernières années. Les professions
sanitaires et sociales doivent aujourd’hui
posséder, au-delà de leurs compétences
techniques spécifiques, des compétences
transversales leur permettant de répondre à
des enjeux liés à la conduite du changement
et à une gestion efficiente. Le master
entend préparer les étudiants à ces défis
en les formant au management de projets
complexes, à la gestion des processus et
des flux, à la prospective, à l’audit, à la
coordination et l’évaluation des activités, à
la gestion des pôles, à la qualité, etc.
L’originalité de la formation repose sur
les liens étroits entre l’enseignement, la
recherche académique, et la rechercheintervention
menée au sein des
établissements sanitaires, sociaux et
médico-sociaux. Cette articulation permet
de maintenir une adéquation forte entre
les besoins des professionnels des secteurs
sanitaires et sociaux et les contenus de
formation du master.
également accessible dans le cadre d’une
procédure de validation des acquis.
Une séance d’information gratuite sur le
cursus aura lieu le lundi 23 septembre 2019
à 17h30 au Luxembourg Lifelong Learning
Center.
Un deuxième programme universitaire
sera proposé à partir de janvier 2020.
Le Master Contrôle de Gestion et
Audit Organisationnel vise à former
des spécialistes capables d’assumer, dans
un contexte international, des missions
dans les domaines du pilotage de centres
de responsabilité, de gestion des coûts et
des performances, de management des
investissements et des financements, de
maîtrise de l’information comptable et
financière.
La formation permet d’acquérir les
connaissances et les bonnes pratiques
en stratégie d’entreprise et permet
de comprendre la place des systèmes
d’information, le contrôle interne, la
mesure de la performance et son impact sur
la gestion des ressources humaines.
Elle compte plus de 400 heures au total et
s’étend sur deux ans. Les cours se déroulent
les jours de semaine en soirée et les samedis
en journée. L’accès se fait sur dossier pour
les détenteurs d’un bac+4 ou dans le cadre
d’une validation des acquis professionnels
pour les autres intéressés.
Des séances d’information sur les formations
universitaires, sur les congésformation
et sur les aides financières
pour formation continue
Le LLLC organise régulièrement des
séances d’information pour toutes les
formations universitaires et spécialisées qu’il
propose, ainsi que sur les dispositifs d’aide
à la formation continue, les conditions et
les démarches associées ou encore sur la
validation des acquis de l’expérience.
“Maintenir une
adéquation forte
entre les besoins
des professionnels
et les contenus
de formation”
Voici un aperçu des séances à venir prochainement:
- Séance d’information du 23.09.19 sur
le nouveau «Master Management des
Organisations du Secteur Sanitaire et
Social».
- Séance d’information du 16.09.2019 en
français et du 30.09.2019 en anglais sur les
dispositifs d’aide à la formation continue,
les conditions et les démarches associées.
- Séance d’information du 07/10/19 en
français et du 14/10/19 en luxembourgeois
sur la validation des acquis de l’expérience.
Consultez régulièrement la rubrique
«Actualités» de notre site www.LLLC.lu
pour être informés des dates prévues toute
au long de l’année. n
La formation débute le 18 octobre 2019.
Elle porte sur environ 300 heures et se
donne en principe les vendredis et les
samedis au Luxembourg. Elle est ouverte
aux titulaires d’un bac+4, mais elle est
Pour tout renseignement supplémentaire,
veuillez-vous adresser au LLLC,
2-4, rue Pierre Hentges, L-1726
Luxembourg, tél.: +352 27 494 600,
e-mail: formation@LLLC.lu, www.LLLC.lu.
XXXX
2019
_
LG
EDITION SPÉCIALE
69
Master
Contrôle
de Gestion
Audit
Organisationnel
Master
Management
des Organisations
du Secteur
Sanitaire et Social
70 LG
EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 224 - JUILLET/AOÛT 2019
EMPLOI & FORMATION
Un marché du travail
mi-figue, mi-raisin
PAR ADELINE JACOB
Entre revalorisation du salaire social minimum et hausse du
taux de chômage ou encore rémunération des stages pour
jeunes et dégradation des conditions de travail, la situation
sur le marché de l’emploi est en demi-teinte. Six mois après
le début de son mandat au ministère du Travail, de l’Emploi
et de l’Économie sociale et solidaire, Dan Kersch commente
cet état des lieux mitigé. Interview.
Depuis le début de l’année, le taux
de chômage ne cesse d’augmenter et
s’établit, au 31 mai, à 5,5% selon les
calculs du Statec. Comment expliquezvous
cette hausse?
Précisons que, avant d’augmenter, le
chômage a baissé pendant presque un an.
L’économie tournait et, avec toutes les
actions menées à l’ADEM, cela nous a
permis de réduire le chômage. Maintenant,
on constate, dans certains secteurs
économiques, un certain ralentissement
qui se répercute directement sur le taux
de chômage. D’autre part, les dernières
discussions sur un éventuel changement
du système européen des allocations
de chômage ont amené beaucoup de
frontaliers à s’inscrire à l’ADEM, ce qui a
naturellement fait augmenter nos chiffres.
Bien que rien n’ait encore été décidé, les
frontaliers ont compris qu’ils avaient la
possibilité de s’inscrire comme demandeurs
d’emploi au Luxembourg. Nous les
inscrivons comme nous l’avons toujours
fait, sans problème, contrairement à ce qui
a été dit.
Selon la Chambre des salariés (CSL), les
demandeurs d’emploi en situation de
handicap ou à capacité de travail réduite
et à la recherche d’emploi depuis plus
d’un an peinent toujours à se réinsérer
sur le marché du travail. Quelles sont les
mesures qui peuvent être prises par le
politique pour améliorer leur situation?
C’est tout à fait vrai. J’ai récemment eu une
grande réunion avec les ateliers protégés,
qui occupent pour le moment quelques
1.120 travailleurs avec le statut handicapé,
et je leur ai annoncé que je voulais faire
passer ce chiffre à 2.000 avant mon départ
du ministère. D’autre part, je veux créer
davantage de synergies avec ceux-ci et
les initiatives sociales pour employer des
salariés qui ont le statut de personne en
reclassement professionnel externe. Trop
de gens se trouvent exclus du marché
de l’emploi seulement parce qu’ils ont
été reclassés. C’est un réel problème car
beaucoup de main d’œuvre et de savoir-faire
s’en trouvent inexploités. Actuellement,
il y a 34 initiatives sociales qui emploient
quelques 2.000 salariés. Je veux vraiment
trouver un accord avec les initiatives
sociales et les ateliers protégés pour qu’ils
embauchent davantage dans leurs secteurs
administratifs respectifs.
Mesure phare du gouvernement, la
revalorisation du salaire social minimum
vient d’être actée ce mardi 25 juin à la
Chambre des députés. Quels bénéfices
les salariés peuvent-ils attendre?
Ils peuvent espérer ce que nous avions
promis. Concrètement, les salariés auront
100 euros nets supplémentaires par mois,
autrement dit 1.200 euros par an, ce
qui est déjà important. De nombreuses
personnes nous disent maintenant que
ce n’est pas assez, d’autres estiment que
c’est intenable pour les petites entreprises.
Personnellement, je crois que c’est un bon
compromis. Pour moi, c’est une question
d’honnêteté, d’équité. Il est important que
ceux qui travaillent aient la possibilité de
vivre décemment. C’est pour cela que j’ai
soutenu cette revendication dès le début.
Pour le parti [ndlr: LSAP], c’était une
ligne rouge: si nous n’avions pas réussi à
persuader nos partenaires de l’importance
de cette mesure, nous ne serions pas entrés
dans le gouvernement. Nous les avons
persuadés et nous l’avons fait.
Fin mai, à l’issue d’une réunion avec
les représentants de l’Union des
Entreprises Luxembourgeoises (UEL),
des associations d’étudiants ACEL et
UNEL, et de la CSL, vous avez assuré
que tous les stages pour jeunes seraient
rémunérés par les entreprises. Pouvezvous
nous donner quelques précisions
sur ce projet de loi?
Ce projet avait déjà été déposé par mon
prédécesseur. Les premières consultations
avaient révélé un désaccord entre les
syndicats, la CSL et les organisations
des étudiants. J’ai remis tout le monde
autour de la table et nous avons trouvé des
solutions. Si le projet de loi est voté par la
Chambre des députés, tous les stages seront
rémunérés suivant des normes que nous
aurons définies. Je suis vraiment satisfait que
nous ayons trouvé un accord qui convienne
à l’UEL en modifiant la prescription sur
le nombre maximal de stagiaires par an.
Nous nous sommes aussi mis d’accord sur
le fait que les étudiants devaient avoir, dans
l’entreprise qui les accueille, un partenaire
qui les suive et qui rédige un compte-rendu
de leur travail afin qu’ils aient une référence
pour se présenter devant d’autres patrons
par la suite.
Selon le «Panorama social 2019»
dressé par la CSL, les conditions et la
qualité de l’emploi au Grand-Duché
semblent se dégrader: précarisation,
travail dans l’urgence, charges mentale
et émotionnelle élevées, difficulté
grandissante à trouver un équilibre
entre vie privée et vie professionnelle, ...
Quel est votre sentiment par rapport à
ce constat? Et quels sont les moyens que
vous désirez développer pour améliorer
le bien-être au travail?
Il ne faut pas se contenter de citer la CSL;
d’autres études vont dans la même direction.
Mais je crois qu’il faut nuancer: on ne peut
pas dire qu’il y ait une augmentation du stress
ou du harcèlement dans tous les secteurs du
marché du travail. Il faut toutefois voir les
problèmes qui surgissent. Et, c’est vrai, on
en rencontre beaucoup plus qu’il y a dix ans.
Je crois qu’il faut réagir dans deux domaines.
Le premier, c’est le dialogue social dans
l’entreprise. Je fais tout pour que davantage
d’entreprises adoptent une convention
collective de travail. Malheureusement, je
vois que l’évolution prend une direction
contraire. On en arrive alors à une situation où
le législateur doit prendre ses responsabilités
et il y a deux choses à faire: premièrement,
renforcer cet instrument qu’est la convention
collective, par exemple, en donnant plus de
flexibilité aux entreprises et, deuxièmement,
renforcer le code du travail. Le droit du travail
a été créé pour protéger les plus vulnérables
dans la relation entre patrons et salariés et,
traditionnellement, ce sont les salariés. S’il
y a de moins en moins de contrats à durée
indéterminée et de plus en plus de relations
qui ne sont pas couvertes par le code du
travail, alors il faut réagir et adapter ce dernier
à l’évolution du marché. C’est ce que nous
sommes en train de faire.
Dan Kersch
Actuellement, la digitalisation du
marché du travail reste encore
assez abstraite pour bon nombre de
salariés. Toutefois, le développement
des compétences pour faire face à la
révolution numérique fait partie de vos
priorités. Comment le gouvernement
entend-il préparer la population active à
affronter ce défi?
La formation est essentielle pour faire face
à la révolution numérique. J’en reviens dès
lors à la problématique de la convention
collective car il y est clairement établi que le
patron doit assurer une formation continue
à ses salariés. Or, ceux qui n’ont pas signé
pareille convention n’ont pas ce droit qui
est primordial pour exister dans le monde
du travail. Si l’écart devait encore se creuser
entre les uns et les autres, il reviendrait
au législateur de l’inscrire dans le code du
travail. C’est ce dont je discute actuellement
avec les patrons. n
72 LG
EDITION SPÉCIALE
Remise officielle du label ESR à 38 entreprises
La 18 e cérémonie de remise officielle du label «ENTREPRISE RESPONSABLE», organisée par l’INDR, s’est
déroulée le 3 décembre à la Chambre de Commerce en présence de Paulette Lenert, ministre de la Protection
des Consommateurs, et ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire. A cette occasion, le label ESR
a été remis officiellement au nombre record de 38 entreprises ayant répondu avec succès aux critères de la
démarche de labellisation de l’INDR. Cette édition a également été marquée par la labellisation d’un lycée, une
première depuis l’existence du sésame.
Advanzia Bank S.A. Agile Partner S.A. Bebop s.à r.l. Carbon G. s.à r.l. CFL – Société nationale des
chemins de fer luxembourgeois
CFL multimodal Demy Schandeler s.à r.l. Deveco EBRC S.A. eProseed Europe S.A.
Goblet Lavandier & Associés
Ingénieurs-Conseils S.A.
Grosbusch S.A. KBC Autolease KW Engineering s.à r.l. Loyens & Loeff Luxembourg
Avocats à la Cour
Lycée Technique d‘Ettelbruck Orea Capital Oxygen & Partners S.A. Picto Communication Partner Plan K advertising
Prefalux Construction Reckinger Alfred S.A. Sales-Lentz Group S.A.
Autocars Sales-Lentz S.A.
Bartholme Clervaux Autocars S.A.
Cruisopolis S.A.
Executive Lane
Flibtravel International S.A.
Frisch Rambrouch Autocars S.A.
Jerry Travel s.à r.l.
Keywi S.A.
Ross Troine Autocars S.A.
S.L.A S.A.
Travel Pro S.A.
We love to travel S.A.
Siemens S.A.
Sodexo Luxembourg S.A.
Wildgen S.A.
Source photos: INDR
74 LG
EDITION SPÉCIALE
ECONOMIE
Pour une finance
durable
Valérie Arnold est Corporate Responsibility and Sustainability
leader chez PwC Luxembourg. Son métier historique est
l’audit, et notamment sur les fonds d’investissement, mais
elle est également à la manœuvre de l’agenda interne sur la
responsabilité sociétale et développe l’offre de services PwC.
Elle revient pour nous sur la mise en œuvre d’une dynamique
et d’une prise de conscience où les impacts sociétaux et la
création de valeur partagée sont inscrits dans le reporting non
financier. Interview.
Valérie Arnold
Les entreprises sont-elles plus impliquées
que par le passé dans leur responsabilité
sociétale et environnementale?
Nous sentons très clairement une demande
accrue de services en la matière; ce qui est un
bon signe à plusieurs niveaux. Cela permet
bien entendu aux cabinets de conseil comme
le nôtre, de diversifier leurs offres de services.
Mais plus important encore, cela signifie que
l’entreprise retrouve une place au sein de la
société en y créant des valeurs qui ne sont plus
uniquement financières. C’est peut-être également
l’espoir qu’une vertu se répande dans
tout l’écosystème dans la mesure où des ponts
transversaux commencent déjà à se tendre.
En quoi le développement durable en
général et la création de valeurs non
financières en particulier peuvent-être
d’un enjeu commercial?
Disons que créer de la valeur financière
qui est redistribuée aux actionnaires est un
premier niveau que nous avons toujours su
faire. Il est néanmoins possible d’aller plus
loin en veillant à ne pas détruire l’écosystème
qui nous permet d’en créer. Aucune
entreprise ne peut prospérer isolément de ses
ratifications sociales et environnementales.
LG
EDITION SPÉCIALE
75
Les collaborateurs sont allés sur les bancs de
l’école publique, de l’université et bénéficient
d’un système de santé et de protections
sociales; l’entreprise, elle, bénéficie d’une
production d’énergie, d’un système juridique,
d’un réseau autoroutier, d’infrastructures,
de ressources naturelles, etc. En somme, la
dépendance de l’entreprise à l’écosystème est
une dette qu’il s’agit d’honorer en veillant à
ne pas le détruire mais en y créant aussi des
valeurs autres que financières.
Si l’écosystème se porte bien, nos activités
se porteront bien à leur tour et à l’inverse
s’il s’effrite, elles seront instables. C’est
là un risque systémique pour tous les
secteurs. Les besoins et les attentes sont
tellement importants que les entreprises
non vertueuses se verront très durement
pénalisées à l’avenir. D’une part parce que
les réglementations se durcissent et que les
législations deviennent plus contraignantes
mais aussi parce que les investisseurs
veulent une finance durable. On le constate
très clairement chez les jeunes générations
d’investisseurs qui souhaitent contribuer
à la transition écologique par exemple.
Avec la vitesse à laquelle les réseaux
sociaux peuvent défaire la réputation d’une
entreprise, les court-termistes sinoques
de l’augmentation du chiffre d’affaires
appartiennent résolument au siècle dernier.
Passer d’un modèle à un autre est-il
faisable?
Les trois vecteurs d’amélioration que
sont la globalisation, la technologie et la
création de valeur purement financière
se sont relativement bien articulés durant
les Trente Glorieuses. Mais force est de
reconnaître que la machine capitaliste s’est
grippée depuis puisque les inégalités ne
cessent de se creuser et que le réchauffement
climatique est corolaire du développement
économique.
On ne se défait pas facilement d’une
culture aussi profondément ancrée dans
nos modes de fonctionnement. S’amender
de l’obsédant chiffre d’affaires en assimilant
d’autres valeurs est fondamental et la raison
d’être de l’entreprise doit ainsi précéder la
course aux profits. Si une entreprise se doit
d’avoir des ambitions financières, elle doit
également éviter les externalités négatives
et en créer de positives.
Quels sont les enjeux et les bonnes
pratiques?
Les enjeux sont connus, ce sont les 17 objectifs
de développement durable des Nations
unies à l’agenda 2030 et ceux de la COP 21
qui entendent contenir le réchauffement
climatique en dessous de 1,5 degrés. Il
faut pour cela réduire drastiquement nos
émissions de CO 2
, ce qui est antagonique
de la croissance économique.
Mettre des vélos électriques à disposition
des employés et des panneaux solaires sur les
toits, c’est très bien mais œuvrer directement
au cœur de ses activités commerciales, c’est
encore mieux. Il faut pour ce faire, favoriser
l’économie circulaire en produisant plus
sobrement via des sources d’énergies
renouvelables et compenser son empreinte
carbone incompressible par exemple.
Pour une firme comme PwC, les bonnes
pratiques se concrétisent sur notre agenda
interne en réduisant les émissions de CO 2
et
en compensant les kilomètres parcourus par
exemple mais aussi et surtout en insufflant
les bonnes pratiques auprès de nos clients
afin qu’eux aussi puissent impacter
positivement la société.
Dans quelle mesure la paupérisation
est-elle un facteur aggravant?
Comment pourrait-on composer avec le
réchauffement climatique d’une part et la
croissance exponentielle de la précarité de
l’autre? Ces deux facteurs réunis engendrent
de facto une instabilité de l’écosystème et la
disparité d’âge des populations à travers les
continents est un enjeu capital. L’Afrique
par exemple fait face à une explosion
démographique qui d’ici 2040 dépassera
le milliard d’habitants dont la moitié aura
moins de 25 ans. Faute d’un accroissement
de leur production et de leur pouvoir
d’achat, les problèmes d’alimentation et
d’accès à l’eau, les phénomènes migratoires,
les tensions sociales, les populismes et les
nationalismes iront crescendo. Autant de
dangers pour tous les secteurs d’activités.
Comment une entreprise peut-elle
avoir un regard clair sur la gestion de
ses répercussions?
Depuis 2017, la directive de la Commission
européenne 2014/95/UE oblige les grandes
entreprises à publier des informations
sur leurs politiques, les risques encourus
et les résultats obtenus sur les questions
environnementales mais aussi les questions
sociales liées au personnel, le respect
des droits de l’homme et la lutte contre
la corruption. L’analyse de risques, les
politiques mises en place ainsi que les
résultats obtenus sur chacune de ces
thématiques résultent de la stratégie
RSE inscrite dans le reporting non
financier. Après avoir pris conscience de
sa responsabilité d’entreprise, il s’agit
d’expliquer aux parties prenantes ses
principaux domaines de création de valeur.
Un principe du caractère significatif
doit être respecté afin de prévenir une
accumulation de données sans axes
thématiques. L’entreprise doit ainsi
identifier au préalable les thèmes les
plus importants pour tous les groupes de
dialogue tels que les autorités, les habitants,
les fournisseurs ou les collaborateurs.
Elle définira ensuite ses activités qui
induisent des conséquences économiques,
écologiques et sociales. Il en résultera alors
une chaîne de valeur, une éthique propre et
une gestion des conséquences des actions
de l’entreprise.
Ce rapport n’est pas une fin en soi mais
s’inscrit dans un processus stratégique
qui mériterait une certification. Le gage
d’indépendance ne peut se faire que
par l’externalisation de la rédaction et
c’est pourquoi PwC Luxembourg a fait
appel à des experts externes pour le sien.
L’impartialité est une police d’assurance. n
PwC Luxembourg
2 Rue Gerhard Mercator
L-1014 Luxembourg
www.pwc.lu
76 LG
EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 229 - DÉCEMBRE 2019
ECONOMIE
Lanceurs d’alerte:
premier rempart
contre la fraude
Le 7 novembre dernier, Deloitte Luxembourg, avec l’appui
d’experts allemands et français du réseau Deloitte, organisait
un événement autour de la prévention de la fraude au sein
du secteur public. Les intervenants ont alors pu revenir sur
les moyens de l’empêcher ou de la détecter. Gilles Poncin,
Partner responsable pour la partie conseil au secteur public,
et Michael JJ Martin, Partner Forensic & Restructuring, nous
détaillent les sujets développés au cours de la conférence et
mettent l’accent sur la directive européenne visant à protéger
les lanceurs d’alerte.
Quelles étaient les thématiques abordées
lors de votre conférence sur la
prévention de la fraude?
MM: Cette conférence s’est naturellement
imposée à nous au vu des événements actuels
qui se sont déroulés ici au Luxembourg.
Il nous a donc semblé primordial de
sensibiliser les acteurs du secteur public
aux questions liées à ce sujet afin de leur
apporter les outils et les conseils nécessaires
pour les prévenir.
Parmi les thématiques abordées, nous avons
commencé par la description des bases d’un
cadre de référence de mise en conformité
vis-à-vis de la gestion des risques, en
présentant les standards allemands et
internationaux à ce niveau. Ces derniers
impliquent l’analyse interne des risques de
fraude, des moyens de contrôle existants
ainsi que des risques résiduels. Ces
potentiels préjudices sont ensuite pondérés
en fonction de leur probabilité et de la
gravité du dommage, afin de prioritiser les
mesures à déployer.
Nos intervenants sont également revenus
sur les moyens qui existent pour contrer la
fraude. Il ressort notamment d’une étude
menée par l’ACFE (Association of Certified
Fraud Examiners) qu’elle est le plus souvent
exposée par des lanceurs d’alerte, et ce, en
tenant compte de tous les secteurs.
GP: Les trois cas récents de fraude publique
ont accéléré la prise de conscience quant à
la nécessité de la prévention.
De manière générale, les transactions
pouvant faire l’objet d’une collusion entre
un acheteur et un vendeur présentent un
risque de fraude plus élevé, surtout pour les
transactions qui se font en-dessous du seuil
nécessitant un appel à concurrence, donc à
plusieurs offres.
Dans ce contexte, nous notons actuellement
un intérêt grandissant du secteur public pour
des approches pragmatiques de mise en place
d’un dispositif de lancement d’alerte. Les
instances publiques s’interrogent également
de plus en plus sur le déploiement d’outils
informatiques de détection de fraude et du
type de données que ces outils nécessitent
pour fonctionner efficacement.
MM: Les outils informatiques de détection
de la fraude sont programmés pour repérer
la manière dont ses différentes typologies
se traduisent dans les systèmes de données
d’un organisme. Ces outils nécessitent un
grand volume de données et une analyse
préalable approfondie des risques, des types
de fraudes et des données disponibles. Le
logiciel alertera alors la gouvernance en cas
d’anomalie, ce qui ne signifie pas que toute
alerte représente automatiquement un cas
de fraude.
Quelles sont les pistes privilégiées au
Luxembourg pour prévenir de la fraude?
MM: L’équipe Forensic de Deloitte
Luxembourg compte deux associés et
38 collaborateurs. Dans nos pays voisins,
la fraude a été un sujet moins tabou et les
organisations ont commencé à développer
des stratégies de prévention contre la fraude
plus tôt et sont généralement plus avancées
dans ce domaine.
Récemment encore, la dénonciation de
pratiques frauduleuses était considérée
comme un acte peu gratifiant. Pourtant, on
note qu’un changement de mentalité s’opère
à ce niveau, si bien que les missions de notre
département Forensic luxembourgeois sont
passées de l’investigation et de l’expertise
judiciaire à une action davantage préventive.
Dans ce contexte, la mise en place d’un
dispositif de lancement d’alerte est perçue
comme le reflet d’une bonne gouvernance.
L’Union européenne a émis la directive
2018/0106 (COD) visant à protéger les
lanceurs d’alerte qui devra être implémentée
dans la législation nationale dans un délai
de deux ans. Toutes les entreprises de plus
de 50 salariés ou dont le chiffre d’affaires
annuel ou le total de bilan est supérieur à 10
millions d’euros ainsi que les administrations
et municipalités de villes de plus de 10.000
habitants devront se munir d’un dispositif
officiel de lancement d’alerte protégeant
son instigateur. Nous ne savons pas encore
comment la directive sera implémentée dans
la loi luxembourgeoise, mais cette dernière
fournira au lanceur d’alerte un cadre
sécuritaire l’encourageant à partager ses
informations, et ce, dans tous les domaines.
L’objectif premier ne sera pas forcément
financier mais plutôt éthique. Si des
collaborateurs prennent conscience d’une
fraude sans la dénoncer, on risque d’observer
chez eux une démotivation générale dans
leur travail… et les pertes liées à la fraude
ne feront qu’augmenter. De plus, au niveau
public, c’est l’argent du contribuable qui
est touché, les administrations ont donc un
devoir de bonnes gestion et gouvernance
vis-à-vis de leurs administrés.
Quels sont les critères pour une bonne
mise en place d’un tel dispositif?
MM: Le dispositif devra donner le choix
de l’anonymat vis-à-vis de son employeur,
définir plusieurs canaux sécurisés de
communication de l’alerte et nommer
en interne un référent neutre qui la
réceptionnera et jugera de son sérieux.
Au niveau global, Deloitte a développé
sa propre plateforme technologique de
lancement d’alerte. Appelée «Halo», celle-ci
est disponible 24h/7j et garantit la protection
de l’identité par rapport à l’employeur. Pour
un lanceur d’alerte il n’est pas toujours
évident d’identifier les informations utiles
à transmettre, c’est pourquoi la plateforme
le guide en lui proposant de remplir des
champs qui aideront un gestionnaire tiers à
déterminer la pertinence de l’alerte. Si elle
est jugée sérieuse par ce gestionnaire, l’alerte
est transmise à un référent interne de l’entité
concernée, en veillant à la reformuler de
manière à ce qu’on ne puisse pas identifier la
personne qui en est à l’origine.
Michael JJ Martin et Gilles Poncin
Il est donc important que l’administration
ou l’entreprise concernée désigne des
référents de confiance en fonction de
son organisation. Elle devra également
déterminer les responsabilités et droits de
chacun et mettre en place une procédure
claire pour la résolution d’une alerte. Bien
sûr, l’organisme n’est pas forcé de faire
appel à un tiers, bien que cela garantisse un
niveau d’indépendance supérieur. A la fin
du processus, les référents internes à l’entité
concernée devront évaluer impartialement
les différents indicateurs de fraude. En cas
de nécessité il peut être utile de faire appel
à des experts Forensic pour des besoins
d’investigation. Le principe de présomption
d’innocence reste bien entendu primordial
tout au long de ce travail.
Le produit que nous avons développé
s’accompagne d’une phase de conseil
pour son implémentation. A travers
cet accompagnement, nous veillons
par exemple à ce que les entreprises et
administrations promeuvent cet outil
auprès de leurs employés.
78 LG
EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 229 - DÉCEMBRE 2019
ECONOMIE
“Garantir
la protection
de l’identité
du lanceur
d’alerte vis-à-vis
de l’employeur”
Comment le Luxembourg pourrait-il
vraisemblablement procéder à l’implémentation
de cette directive européenne?
GP: A l’heure actuelle, bien qu’un effort
de fusion soit en cours, on compte une
centaine de communes luxembourgeoises.
Les plus grandes pourraient tout à fait
assumer seules la mise en place de ce type
de dispositif, mais les plus petites auraient
tout intérêt à le mutualiser au niveau
régional pour en optimiser les coûts. D’un
point de vue pragmatique, la mise en place
d’un tel dispositif au niveau national, avec
le support du ministère de l’Intérieur, serait
probablement l’approche à privilégier.
Toutes les communes y auraient alors accès,
même celles qui comprennent moins de
10.000 habitants. Par ailleurs, au plus les
communes sont petites, au plus l’anonymat
semble difficile à respecter; un dispositif
commun assurerait donc une meilleure
protection du lanceur d’alerte.
MM: On note que des régulateurs, comme
la CSSF, possèdent déjà un processus de
«whistleblowing» permettant de dénoncer
un délit par ce biais. Chez Deloitte nous
disposons également d’un tel dispositif
géré par un fournisseur externe, par souci
d’indépendance et d’impartialité.
Enfin, le dispositif de lancement d’alerte
peut s’avérer utile dans le cadre de la lutte
contre le blanchiment. Il a été cité comme
bonne pratique par le Groupe d’action
financière (GAFI). n
Veranstaltungen nachhaltiger machen
Organiser les événements plus durables
Ein Angebot für Vereine, Gemeinden,
Gemeindesyndikate, Verbände, Clubs, regionale
Tourismusbüros, Naturparks usw. mit dem Ziel,
die Auswirkungen von Veranstaltungen auf
Umwelt und Klima zu reduzieren.
Une offre pour les associations , communes,
syndicats, fédérations, clubs, offices régionaux
de tourisme, parcs naturels, etc., avec l’objectif
de réduire l’impact des événements sur l’environnement
et le climat.
➡ Individuelle
Begleitung
➡ Workshops
➡ Logo Green Events für
ihre Veranstaltung
➡ Accompagnement
individualisé
➡ Workshops
➡ Logo Green Events
pour vos événements
Green Events - eine Initiative des Ministeriums
für Umwelt, Klima und nachhaltige Entwicklung
Green Events - une initiative du Ministère de
l’Environnement, du Climat et du Développement durable
Info: ➡ www.greenevents.lu
Koordination und Beratung /
Coordination et Conseil
80 LG
EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 227 - OCTOBRE 2019
ECONOMIE
Invest EU
Au lendemain de la crise financière, le plan Juncker a été lancé
avec l’objectif de redonner une énergie au tissu économique
européen. Cet effort de plus de 400 milliards d’euros, au
travers de la Banque Européenne d’Investissements, avait alors
l’ambition de combler la chute de 40% des investissements
pendant la crise. Invest EU, le nouveau plan pour l’Europe
prévu à l’horizon 2021-2027, entend quant à lui favoriser
la transition «carbon free», la transformation digitale de
nos sociétés et le développement de l’économie sociale et
solidaire. Fabio D’Aversa, économiste et associé chez PwC,
répond à nos questions.
Quels sont les éléments d’importance
capitale d’Invest EU?
Le plus important à mes yeux, c’est la transformation
de notre modèle économique
en faveur de la transition écologique. La
question du changement climatique est
dorénavant explicitement intégrée dans les
objectifs stratégiques. Les investissements
ne devraient donc pas bénéficier à des
activités économiques qui ne soient pas
susceptibles de produire un impact positif
sur l’environnement.
La deuxième nouveauté réside dans la
gestion d’Invest EU qui sera réservée à
75% à la BEI et ouvert à 25% à d’autres
institutions partenaires comme les banques
d’investissements nationales (la Caisse
de Dépôts et Consignation en France ou
la SNCI au Luxembourg par exemple).
Ce qui devrait nettement augmenter le
nombre de projets financés et l’utilisation
des fonds disponibles, mais aussi améliorer
l’allocation des ressources d’investissements
des gouvernements nationaux sur des
investissements en ligne avec les objectifs
stratégiques mentionnés.
Le troisième élément est les moyens mis en
œuvre pour l’assistance technique afin de
faciliter la finalisation et l’implémentation
des projets financés.
Même si pour l’heure, les discussions au
sein du Parlement européen sont encore
en cours, le budget total devrait à nouveau
tourner autour des 38 milliards d’euros de
garantie du budget de l’Union et atteindre le
montant de 650 milliards d’investissement
d’ici fin 2027.
Qui en bénéficiera?
Invest EU est une garantie dont bénéficieront
la BEI ainsi que les banques d’investissements
publiques des Etats membres. La réglementation
secondaire, qui n’est pour l’instant pas
encore publiée, devrait aussi faciliter le partenariat
avec les investisseurs privés.
Ces garanties permettront d’investir dans
les quatre axes prioritaires que sont: les
infrastructures soutenables, l’innovation
et la transformation digitale, les petites et
moyennes entreprises, l’économie sociale et
la formation.
La question du changement climatique et la
protection de l’environnement devront être
présentes dans tous les axes et dans tous les
investissements.
Quels seront les critères demandés?
La gouvernance d’Invest EU, qui s’échelonne
de 2021 à 2027, reste en cours de définition.
Nous savons déjà qu’il sera géré par un Comité
d’Investissements coordonné par les Services
de la Commission européenne. Il reviendra
à ce comité d’apprécier ou non, les plans
d’investissements qui lui seront présentés
par la BEI et les banques d’investissements
publiques, et ce notamment à la lumière des
quatre grands axes de priorités.
Le processus d’octroi devrait être simplifié
au maximum et mon optimisme réside dans
le fait que nous ne partons pas d’une feuille
blanche. Beaucoup de processus existent déjà
grâce à l’expérience de l’EFSI, le plan Junker,
et méritent seulement d’être optimisés.
Le Plan Juncker a montré que l’Union
européenne sait mobiliser les fonds; n’y
a-t-il pas néanmoins une insuffisance
dans leur mise à disposition aux PME
nécessiteuses?
Je pense que de gros efforts ont été réalisés
dans la reprise et le renforcement de crédits
octroyés par les banques européennes.
Ce qui leur a permis de débloquer et faciliter
les prêts aux PME et nous sommes même
arrivés à une situation de disponibilité
financière d’avant la crise.
Il faut cependant encore améliorer la
fluidité et l’accompagnement des PME dans
leur transformation digitale et énergétique.
Sur un autre sujet, les projets de
financement d’infrastructures pour la
production et la distribution énergétique
sont relativement prêts, mais connaissent
en effet des problèmes de finalisation des
dossiers et de mise en œuvre opérationnelle.
Toute une série d’embuches de dossiers et
d’autorisations grippent encore le processus
et c’est pour cela que 150 millions d’euros
seront dédiés à la facilitation des projets de
financement.
Quelles sont les retombées potentielles
en termes de création d’emplois et de
croissance?
Répondre à cette question relèverait plus
de la boule de cristal que du raisonnement
économique. Dans la mesure où la
transformation digitale n’en est qu’à ses
prémices, il est extrêmement difficile de
prévoir les évolutions de nos métiers et
la création de ceux de demain. C’est pour
cela que l’un des objectifs d’Invest EU est
d’améliorer les compétences des Européens
afin d’être équipé au mieux face au processus
de transformation.
Pour ce qui est de la croissance économique,
l’objectif principal est moins l’augmentation
du taux que la transformation de notre
modèle économique face au changement
climatique. N’oublions pas qu’abolir les
énergies fossiles d’ici 2050, ne nous laisse
qu’une toute petite fenêtre de réussite.
Il est certain que cette transformation va
créer des opportunités d’emplois dont
nos sociétés ont besoin pour réabsorber le
niveau de chômage qui reste encore trop
élevé. n
Fabio D’Aversa
82 LG
EDITION SPÉCIALE
ICT
‘Voyages’ vers les Clouds
Le terme cloud est aujourd’hui omniprésent. Mais est-ce vraiment la solution miracle dont
tout le monde a besoin sur le chemin de la transformation digitale? Interview avec Daniel
Sahler, Team leader des solutions multi-cloud chez Fujitsu Luxembourg.
Daniel Sahler
LG
EDITION SPÉCIALE
83
Comment expliquez-vous la technologie
du cloud?
Dans les médias, le cloud est régulièrement
présenté comme une technologie qui
utilise des ordinateurs distants d’une
société spécialisée. En réalité, il ne s’agit
pas de faire fonctionner les anciennes
applications “ailleurs”, mais de faire les
choses différemment, plus efficacement.
Il faut comprendre le cloud comme un
catalyseur, comme un outil pour améliorer
l’expérience client, augmenter l’agilité et la
compétitivité, transformer les modèles de
business ou augmenter leur efficacité.
Private-cloud, public-cloud, multicloud,
hybrid-cloud, quelles sont les
différences?
Un cloud privé est un environnement
cloud qui n’est pas partagé entre différentes
entreprises. Il ne fonctionne que pour une
seule entreprise. Ce type d’environnement
peut être sur site, hébergé en externe, ou
par un tiers.
Un cloud public, d’autre part, est un
environnement qui est physiquement
partagé entre différentes entités, mais
logiquement isolé (multi-tenant) les uns
des autres. Il est exploité par un fournisseur
de cloud public. Les principaux acteurs
sont notamment Microsoft Azure, AWS,
Google Cloud Platform, IBM Cloud ou
Oracle Cloud.
“La sécurité des
données est l’une
des compétences
essentielles d’un
environnement
cloud”
Pour le cloud hybride, nous parlons de
combiner différents modèles de déploiement,
tels que la combinaison d’une
infrastructure sur site avec une infrastructure
cloud. Il s’agit essentiellement de
connecter un environnement informatique
traditionnel à un environnement cloud.
Le multi-cloud, finalement, décrit une
combinaison de plusieurs environnements
clouds. Ceux-ci peuvent être publics, privés
ou encore une combinaison des deux. Ce
modèle donne au client le gros avantage
de choisir le bon fournisseur de cloud pour
chaque charge de travail. C’est souvent la
meilleure solution, car elle donne accès
à toutes les technologies et solutions
disponibles, combinées avec une flexibilité
optimale.
tout en prenant en compte des éléments
comme par exemple la flexibilité, la
disponibilité, le coût, etc. Il est même
possible de transformer d’anciennes
applications monolithiques en microservices
indépendants, plus faciles à
sécuriser et à maintenir par la suite.
Il est important de comprendre que
l’objectif n’est pas de simplement déplacer
les anciennes applications vers un
environnement cloud. Très souvent, il s’agit
d’un projet lors duquel de nouveaux outils
sont introduits, permettant de faciliter et
d’accélérer la migration des applications.
Qu’en est-il de la sécurité dans le cloud?
La sécurité des données est l’une
des compétences essentielles d’un
environnement cloud. Il y a cinq ans, la
sécurité représentait la préoccupation
majeure dans toute discussion autour du
cloud. Aujourd’hui, cela a fortement évolué,
car les fournisseurs de cloud public ont
beaucoup investi et considèrent que leurs
plateformes sont «secure by design». Il est
désormais possible d’utiliser de l’encryption,
différents types d’authentification et même
de faire appel à des outils basés sur de
l’intelligence artificielle, afin d’assurer une
protection contre les cyberattaques. Des
conseils en gouvernance et en mise en
œuvre d’outils sont possibles.
Comment Fujitsu peut aider les clients?
Fujitsu est une des rares sociétés à offrir
des services de «bout-en-bout», c’est-àdire
de pouvoir accompagner les clients
sur toutes les étapes d’un projet cloud.
Qu’il s’agisse de faisabilité technique, de
plan de migration ou de modernisation
des applications, de projection des coûts,
d’approche de la sécurité ou encore de
gouvernance d’environnements hybrides, la
méthodologie de transformation facilitera
toute activité vers le cloud. n
Comment peut-on organiser les ressources
de manière optimale?
Fujitsu a développé une approche qui
permet d’établir une cartographie des
applications existantes d’un client. Elle
permet de définir les actions à entreprendre
(conserver, arrêter, migrer, moderniser),
Fujitsu
Parc d’Activités Capellen
89 C, rue Pafebruch
L-8308 Capellen
www.fujitsu.com
84 LG
EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 228 - NOVEMBRE 2019
ICT
La Cyber-Résilience,
un impératif économique
Toute organisation, qu’elle soit issue du public ou du privé, sera
tôt ou tard amenée à mettre en place un plan de résilience si
elle veut survivre dans un marché toujours plus concurrentiel.
Pour aider les entreprises à définir et utiliser des dispositifs de
continuité d’activité efficaces, EBRC a développé le «Cyber-
Resilience Portal», un outil en ligne centralisant l’ensemble du
processus BCMS (Business Continuity Management System)
et visant à créer un système de Management documenté. Le
point avec Philippe Dann, Head of Risk & Business Advisory, et
Christophe Ruppert, Senior Consultant Business Continuity
Management – Practice Lead.
Quelle innovation le Cyber-Resilience
Portal apporte-t-il aux entreprises qui ont
mis en place une démarche de Business
Continuity ou qui souhaitent la mettre en
place?
Ph.D.: Notre offre de services couvre
principalement les activités liées à la gestion
des risques, de la conformité à la sécurité
opérationnelle, et à la transformation
informatique. Bien souvent, il existe un
décalage entre les niveaux d’exigences
exprimés par les métiers et la capacité réelle
qu’a l’informatique en place à les atteindre.
Notre objectif est de faire en sorte que ces
deux parties soient alignées afin qu’en cas
Philippe Dann et Christophe Ruppert
LG
EDITION SPÉCIALE
85
d’incident majeur, l’entreprise dispose de
la réponse adaptée aux besoins du métier
et qu’elle soit délivrable par l’IT. Pour
ce faire, nous accompagnons nos clients
dans l’élaboration d’une étude de BIA
(Business Impact Analysis) suivie d’un
plan de Business Continuity. L’innovation
apportée par EBRC consiste à centraliser
l’ensemble de ces travaux d’analyse par
activité et service au sein d’une plateforme
centrale Cyber-Resilience Portal. Audelà
de l’aspect pratique et sécuritaire de
centralisation du stockage BIA et autres
composants d’un système de gestion de la
continuité d’activité, le Cyber-Resilience
Portal permet, et ce en temps réel, de créer
des scénarios facilitant la prise de décision.
N’oublions pas qu’une démarche de Business
Continuity s’inscrit dans la durée suivant
la méthode PDCA (Plan Do Check Act).
Cyber-Resilience Portal facilite la mise en
place de ce processus récurrent qui permet
d’améliorer la résilience des organisations en
donnant aux dirigeants les moyens de choisir
parmi les meilleures options. Notre solution
leur donne la possibilité de disposer des
différentes alternatives à leur disposition et
d’arbitrer leur décision en maîtrisant le ROI
potentiel de chaque amélioration envisagée.
CR: Grâce à notre accompagnement, nos
clients pourront s’approprier les bonnes
pratiques de continuité d’activité et s’inscrire
dans une démarche d’amélioration continue
en se basant sur la norme ISO 22301. Celleci
spécifie les exigences pour planifier, établir,
mettre en place et en œuvre, contrôler,
réviser, maintenir et améliorer de manière
continue un système de Management
documenté afin de se protéger des incidents
perturbateurs, réduire leur probabilité de
survenance, s’y préparer et s’en rétablir
lorsqu’ils surviennent.
Quelle est votre valeur ajoutée par
rapport à la concurrence?
Ph.D.: Notre valeur ajoutée, tant pour la
réalisation de missions de services que pour le
développement du Cyber-Resilience Portal,
réside dans notre parfaite connaissance
de l’ISO 22301. Notre méthodologie est
basée sur cette norme et nous l’adaptons
en permanence en fonction de l’actualité.
La norme ISO 22301 sera mise à jour cette
année, avec une publication prévue pour
fin 2019, pour devenir une norme chapeau
qui englobera aussi bien les aspects sécurité
de l’information que les niveaux de qualité.
Nous nous y sommes préparés. Nous
pouvons également apporter à nos clients
de précieux retours d’expérience. En effet,
un autre élément différenciateur est que
nous sommes plus que des théoriciens de
la continuité, car nous avons suivi le même
trajet que celui conseillé à nos clients,
et que nous avons obtenu la certification
ISO 22301 en 2016.
Quels sont les principaux marchés couverts
par vos services?
CR: Notre équipe aux profils très variés
nous permet d’avoir une approche assez
diversifiée. Nos clients et nos prospects
proviennent de secteurs d’activité tels que
la finance, les assurances, le transport, la
santé, l’agro-alimentaire ou l’aéronautique.
Nous accompagnons régulièrement des
clients jusqu’à l’obtention de la certification
ISO 22301. C’est le cas notamment
d’Arendt Services, un PSF spécialisé offrant
une gamme complète de services aux
entreprises pour leur installation et leur
gestion au Luxembourg, et la Banque de
Patrimoines Privés, première institution
financière luxembourgeoise à avoir mis
en place un système de Management de
continuité d’activité en totale conformité
avec la norme.
“Nous pouvons
apporter à nos
clients un précieux
retour d’expérience
car nous avons
nous aussi obtenu
la certification
ISO 22301”
Comment vos clients peuvent-ils valoriser
l’apport d’une mission de résilience?
Ph.D.: Ils disposent d’un indéniable
avantage commercial et concurrentiel qui
les différencie de leurs concurrents. Ainsi,
des clients que nous avons accompagnés
jusqu’à l’obtention de la certification
ISO 22301 ont gagné des parts de marché
grâce à la garantie supplémentaire qu’ils
sont en mesure d’offrir. Ils ont notamment
remporté des appels d’offres parce qu’ils
pouvaient prouver, grâce à leur certification,
qu’ils avaient mis en place toutes les
mesures assurant une continuité d’activité.
Dans une économie «digital-dépendante»,
le risque prend une tout autre ampleur
de par la fulgurance de sa propagation
et sa capacité à impacter votre chaîne de
valeur. Pouvoir anticiper et se préparer,
disposer de solutions prêtes à l’emploi,
tels sont les objectifs d’une démarche de
normalisation. La Cyber-Résilience ne
consiste pas seulement à répondre à des
obligations réglementaires, elle est devenue
un impératif business, un vecteur tangible
de confiance. n
Comment entreprendre
une démarche de résilience?
La Business Resilience peut se résumer en
cinq points.
Partir du métier pour évaluer les impacts.
La première démarche consiste à considérer
le métier et à analyser les écarts entre la
situation existante et les exigences formulées
par la norme ISO 22301.
Identifier les activités critiques. Au niveau de
chaque équipe, les effets d’une interruption
de l’activité doivent être évalués selon
différents critères comme le délai de reprise
(Recovery Time Objective ou RTO), l’objectif
de point de reprise informatique (Recovery
Point Objective ou RPO) et le délai maximal
d’interruption admissible (Maximum
Acceptable Outage ou MAO).
Evaluer avec l’IT sa capacité de continuité
des activités. Cette étape va permettre de
faire la liste des actions à mettre en place
pour aligner l’informatique avec les besoins
du business.
Définir les composants de gestion de crise et
les exercer. Il est important de pouvoir faire
des exercices de gestion de crise proches de
la réalité. C’est ce que propose notamment la
plateforme de simulation et d’entraînement
du Cybersecurity Competence Center (C3)
avec lequel EBRC a conclu un partenariat.
Sensibiliser et informer les collaborateurs.
La Cyber-Résilience est l’affaire de tous.
Chaque collaborateur, à son niveau, doit
savoir quelle attitude adopter en situation de
crise.
86 LG
EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 228 - NOVEMBRE 2019
ICT
Vers une société intelligente
La transformation digitale est source de nombre d’incertitudes
et de risques, mais elle est également créatrice
d’opportunités et de valeurs. L’intelligence artificielle, la
robotique, l’automatisation, la maximalisation des données,
la cybersécurité, sont autant de briques technologiques qu’il
nous faut assembler pour bâtir la société intelligente de
demain. Interview de Marc Payal, directeur de Fujitsu.
Comment la transformation digitale peutelle
entraîner de la création de valeur?
La digitalisation des entreprises, en
cours depuis près de cinq ans, engendre
de nouveaux processus, technologies et
produits. Ce qui a pour effet de susciter
des comportements différents chez les
utilisateurs. Les exemples sont nombreux et
l’un des plus emblématiques est Netflix qui
était à l’origine, spécialisée dans la location
et l’achat de DVD. Crée en 1997, c’est bien
l’évolution technologique des années 2000
qui a permis à cette entreprise américaine
de disrupter son activité, de dématérialiser
l’ensemble de son modèle commercial, de
proposer une nouvelle expérience client,
basée sur la simplification et de devenir le
leader mondial de la VOD.
D’autres secteurs connaissent également
des tentatives de métamorphoses, à l’instar
des assureurs et des banques, exclusivement
présents en ligne. Faisant l’économie d’un
réseau d’agences physiques, il s’agit d’un
autre modèle commercial, qui s’adresse à
un marché, de facto, beaucoup plus grand.
La transformation digitale et les nouvelles
technologies entraînent un changement
d’approche des produits. Cela peut prendre
différentes formes selon les secteurs
d’activités, mais ce qui est commun à tous,
c’est la différenciation concurrentielle,
l’optimisation du fonctionnement interne
et l’accès à un marché plus important.
La transformation digitale est créatrice
d’incertitudes et de risques mais également
d’opportunités et de valeurs;
comment gérer ces deux aspects?
Quand le vent se lève, certains sortent
pour construire des éoliennes là où d’autres
s’enferment à double tour chez eux.
“Activ8 a déjà
été sollicité
par une vingtaine
de grands noms
de la Place”
Notre rôle est d’aider nos clients à maîtriser
les risques et à transformer les menaces en
opportunités. Bien souvent, les idées se
trouvent au sein des entreprises, mais faut-il
encore être en capacité de tendre des ponts
transversaux entre les différents services
pour les faire émerger. Car un même sujet
peut concerner une multitude de services à
la fois.
C’est pourquoi nous avons élaboré une
méthodologie de cocréation qui consiste
à réunir autour de la même table, une
équipe pluridisciplinaire (informaticiens,
économistes, comptables, commerciaux,
juristes, etc.). Cet atelier de travail nommé
«Activ8» est un lieu d’échanges. Animé
par nos médiateurs, il se structure en huit
étapes afin d’explorer de nouvelles idées.
Lorsqu’une ou deux idées ont été identifiées
comme intéressantes, nos consultants
créent des prototypes pour illustrer les
avantages de ces solutions.
«Activ8» a déjà été sollicité par une
vingtaine de grands noms de la Place.
La donnée est-elle véritablement l’or
noir du XXI e siècle?
Nombreux sont ceux à y croire, mais encore
faut-il en extraire la valeur. La plupart des
entreprises ne disposent pas encore de
données structurées et les outils basés sur
l’intelligence artificielle peuvent leur venir
en aide.
La conscience collective associe l’IA à un
robot très intelligent qui prendrait des
décisions non contrôlées, mais la réalité est
loin de ce fantasme cinématographique. Il
faudrait plutôt parler d’une multitude de
systèmes qui réalisent chacun, une tâche
précise. L’IA, couplée à la robotique,
peut automatiser les tâches répétitives et
remplacer les processus souvent désuets.
Le workshop de John McCarthy en
1956 est fréquemment nommé comme
la naissance de l’intelligence artificielle.
Depuis, les algorithmes n’ont pas
tellement évolué. Les raisons du succès
récent de l’IA sont liées à la puissance de
calcul devenue abordable et la quantité
élevée de données disponibles sur les
réseaux sociaux, permettant du «machine
learning» (ML).
Quel rôle joue le cloud?
Le cloud peut être lié à l’avènement d’une
société intelligente dans la mesure où il offre
la consommation de services à la demande.
Les entreprises peuvent bénéficier de
nouvelles technologies, sans perte de temps
et sans investissements lourds.
Il s’agit d’un moyen de proposer des services
clients plus flexibles, potentiellement à
moindre coûts, et de fournir un levier
d’accélération pour l’adoption des nouvelles
technologies.
Dans quelle mesure la sécurité informatique
est-elle intrinsèque aux nouvelles
technologies?
Les entreprises sont doublement exposées
aux piratages informatiques. En effet,
cela peut s’avérer très dommageable pour
leur image de marque et même poser des
problèmes au regard des réglementations
en vigueur.
Les nouvelles attaques deviennent plus
intelligentes et rendent ainsi leurs détections
plus difficiles. Inactifs durant des mois,
des softwares malveillants peuvent passer
en dessous des radars et coordonner leurs
Marc Payal
88 LG
EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 228 - NOVEMBRE 2019
ICT
activités depuis des lieux géographiques
différents. De nouveaux outils, basés sur des
moteurs d’intelligence artificielle, peuvent
venir en aide aux entreprises.
D’où la nécessité pour l’Europe en général
et le Luxembourg en particulier, d’identifier
et de former les talents en cybersécurité.
L’enjeu est d’autant plus grand à l’ère
des réseaux sociaux, de l’instantanéité,
résolument opposée aux temps longs des
études.
“L’IA, couplée à la
robotique, peut automatiser
les tâches
répétitives et remplacer
les processus
souvent désuets”
Un mot sur la gouvernance pour conclure…
La réglementation nécessaire à l’encadrement
doit impérativement s’accompagner
d’une éthique de gouvernance dans les
entreprises. Les politiques européennes
et nationales et les normes internationales
conduisent à instaurer des standards de
bonnes pratiques. Mais les dirigeants
pourraient aller plus loin en se dotant d’une
éthique propre à la culture interne des
entreprises. Ces valeurs propres à chaque
entité, seraient autant de digues internes à
ne pas franchir.
Les entreprises européennes sont désormais
prêtes à prendre plus de risques dans la
recherche et le développement de nouveaux
produits. Ainsi, l’Europe pourrait prendre une
place au juste milieu entre les Etats-Unis du
«j’essaye tout» et l’Asie du «je planifie tout».
L’IA, la robotique, le cloud, la cybersécurité,
les compétences et la gouvernance
sont autant d’éléments qu’il nous faut
imbriquer dans la société pour qu’elle
devienne véritablement intelligente. C’est
ce que Fujitsu propose comme approche
à ses clients, tout en conservant une place
centrale pour l’humain. n
90 LG
EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 226 - SEPTEMBRE 2019
RECHERCHE & INNOVATION
Nouveau cap
stratégique
pour le Technoport
Au cours de ces 21 dernières années, le Technoport n’a eu de cesse
de se réinventer et de diversifier ses activités et a ainsi dynamisé le
marché par les différentes initiatives qu’il y a lancées. Souhaitant
aujourd’hui focaliser ses efforts sur son cœur de métier, à savoir
l’accompagnement de startups, l’incubateur met en place des
changements stratégiques dans le but de se développer dans des
secteurs d’activité comme le spatial, la mobilité et les sciences de
la vie. Explications avec Diego De Biasio, CEO du Technoport.
Quelle a été l’évolution du Technoport
jusqu’à aujourd’hui?
Lors de sa création en 1998, le Technoport
faisait partie d’un Centre de Recherche
Publique (le CRP Henri Tudor). Notre
objectif principal était alors de créer un
lien entre la recherche publique et les
entrepreneurs actifs dans des domaines
technologiques et innovants. En tant
que premier incubateur du pays, nous
sommes apparus à une époque où on
parlait beaucoup moins de valorisation de
la recherche via la création de spin-offs.
Notre angle d’approche était dès lors plus
orienté vers l’entrepreneuriat externe.
Nous nous sommes ensuite développés petit
à petit et ce n’est qu’en 2012, lorsque nous
avons quitté le CRP Henri Tudor et fusionné
avec Ecostart – autre initiative supportée
par le gouvernement – que nous sommes
entrés dans une phase de développement
avec des modèles de fonctionnement et
de financement nouveaux. L’idée était
de trouver un positionnement au sein du
monde des incubateurs qui se développait
partout en Europe en trouvant un modèle
plus innovant. Nous avons alors développé
toute une série d’initiatives, souvent avantgardistes
pour le Luxembourg, comme
l’organisation des premiers hackathons, le
lancement du coworking, du FabLab, ou de
services comme les living labs et le Digital
Experience Studio.
Toutes ces initiatives ont été lancées en
tenant compte de l’impact que cela pouvait
avoir sur nos startups. Le dernier grand
projet que nous avons implémenté en ce
sens est «Tomorrow Street», une jointventure
avec Vodafone Procurement
Company qui cible les startups plus matures
en les accompagnant dans leur phase de
croissance.
Mais il faut aussi reconnaître que depuis
l’écosystème a beaucoup évolué avec
l’émergence d’autres initiatives autour
de l’incubation de startups, initiatives
portées par des structures privées ou semipubliques.
Ces évolutions s’accompagnent
d’une plus forte implication d’entreprises
établies dans l’écosystème gravitant autour
des startups et de l’innovation.
“Soutenir
la création et
le développement
d’entreprises
technologiques
et innovantes
au Luxembourg”
Quels sont les changements stratégiques
qui impactent actuellement votre structure?
Partant du constat précédent, nous avons
fait un exercice de repositionnement
stratégique afin de recadrer notre champ
d’action. Il nous semble particulièrement
important de nous remettre régulièrement
en question de cette façon pour conserver
un avantage compétitif par rapport à ce
qui se fait ailleurs au Luxembourg, mais
aussi à l’international. Nous estimons en
effet que notre rôle est entre autres celui
d’un laboratoire où l’on teste des nouveaux
concepts pour ensuite potentiellement les
transférer une fois maturés.
C’est ce qui nous avait déjà poussés à transférer
l’organisation de plusieurs activités
comme certains hackathons thématiques à
des partenaires dont il s’agissait davantage
du cœur de métier.
Lorsque nous nous sommes lancés dans
le coworking, il s’agissait d’une activité
relativement nouvelle au Luxembourg et
nous étions intéressés d’en explorer les
avantages pour nos entreprises. Aujourd’hui,
cette activité connait une véritable envolée
avec une multitude d’acteurs sur le marché.
Observant cela, nous avons décidé de
nous retirer de ce segment et d’arrêter le
coworking pour fin 2019.
Pour le FabLab l’analyse est un peu
différente. Ce laboratoire de prototypage
rapide a été créé en 2013 et deux ans plus
tard, nous avons décidé d’élargir la gamme
d’outils mise à disposition des utilisateurs
et avons déménagé au 1535° à Differdange.
Aujourd’hui, le FabLab est une des
structures les mieux équipées dans la
grande région, proposant du prototypage
rapide à partir des trois techniques
de fabrication numériques (additives,
soustractives et formatives). Nous avons
été les initiateurs de ce concept mais
avons constaté atteindre nos limites de
développement. Il n’a jamais été question
de fermer le laboratoire, mais toujours
de trouver un partenaire qui pouvait le
reprendre et l’aider à évoluer. Je suis ravi
que nous ayons trouvé le partenaire idéal
avec le Lycée des Arts et Métiers (LAM). Le
LAM reprendra l’activité dans l’objectif de
rapprocher le monde du travail à celui de
l’éducation, tout en conservant sa fonction
de plateforme de prototypage libre et
ouverte. Ce partenariat nous permettra
en outre de continuer à faire appel à ses
compétences pour la réalisation de projets
d’entreprises qui seront hébergées chez
nous.
Ces deux décisions stratégiques nous
permettront de développer des nouvelles
initiatives autour du soutien à la création
et au développement d’entreprises technologiques
et innovantes au Luxembourg.
Comment entendez-vous développer
vos activités dans le domaine de
l’incubation?
Nous travaillerons autour de nouveaux
services et de certains segments spécifiques.
En tant qu’incubateur générique, nous
avons jusqu’ici hébergé 153 entreprises,
dont 72 sont sorties et 40 sont toujours
hébergées au Technoport. Parmi les 72 il y
en a 18 qui ont été rachetées. Ces entreprises
œuvrent dans des domaines variés comme
l’environnement, les matériaux, l’industrie,
les logiciels B2B ou B2C, l’ICT,…
Il est important pour nous de maintenir
notre position de référence dans le domaine
du soutien à la création d’entreprises
technologiques et innovantes. Nous voulons
Diego De Biasio
pour cela rester un incubateur générique
tout en approfondissant quelques verticaux
qui répondent aussi aux stratégies
gouvernementales afin de créer des
synergies à ce niveau. Pour cela nous
étudions actuellement comment développer
davantage certains axes comme le spatial,
les sciences de la vie et le domaine de la
mobilité en lien avec le campus de Bissen.
Nous ne changerons toutefois pas notre
philosophie et continuerons à jouer notre
rôle de laboratoire pour initier, tester et
maturer des nouveaux concepts et services. n
92 LG
EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 229 - DÉCEMBRE 2019
RECHERCHE & INNOVATION
Genèse
d’un facilitateur
Créé à l’aube du nouveau millénaire, le Fonds National de la
Recherche fête ses 20 ans. Ce levier de financement définit
les priorités nationales, oriente la recherche et réalise la
promotion des sciences. Interview de Marc Schiltz, secrétaire
général et responsable exécutif du FNR depuis 2011.
Peut-on dire que l’histoire du FNR est
un peu celle de la recherche publique au
Luxembourg?
La forte volonté politique d’investir et de
bâtir ce secteur a mené à la création du
Fonds National de la Recherche en 1999
puis à celle de l’Université du Luxembourg
en 2003. En 2007, et sous mandat
gouvernemental, le FNR a pu définir les cinq
priorités nationales que sont la recherche sur
les matériaux, les systèmes d’informations et
de communication, la gestion des ressources
naturelles, les sciences sociales et les sciences
de l’éducation ainsi que le biomédical.
Nous savions qu’il fallait éviter que ces nouvelles
connaissances soient nichées dans une
tour d’ivoire et assurer qu’elles trouvent
une application réelle au-delà d’un environnement
purement académique. Des programmes
ont alors été développés en lien avec
les industries, les entreprises, le secteur des
services et la société multiculturelle du pays.
La réforme législative de 2014 nous a
attribué de nouvelles missions dont celle
de soutenir la valorisation des résultats
de la recherche. Nos instruments de
financements ont par exemple soutenu
des collaborations entre les institutions de
recherche et le secteur privé.
Le gouvernement établit actuellement une
nouvelle stratégie nationale pour laquelle
nous avons formulé des propositions; elle
devrait être présentée dans les premiers
mois de 2020.
La recherche publique bénéficie donc
du soutien politique mais qu’en est-il de
celui de la population?
Nous réalisons régulièrement des sondages
auprès de la population résidente dont
les résultats montrent un soutien des
investissements dans la recherche. Le
taux de confiance envers les scientifiques
dépasse même les 88%, ce qui est peutêtre
en passant, le signe d’une plus grande
résistance aux informations sans fondement.
Le soutien constant des gouvernements
successifs relève d’un consensus politique
qui se concrétise dans les budgets dédiés,
multipliés par douze depuis la création du
FNR.
Je crois que le dialogue entre les
scientifiques, les citoyens et les politiques
sera d’une importance capitale à l’avenir.
Il existe déjà de bons exemples comme
les cafés-débats du LISER ou encore les
rencontres organisées entre députés et
scientifiques qui tour à tour passent une
journée dans l’environnement de travail de
l’autre. Ce sont des échanges enrichissants
de part et d’autres dans la mesure où le
travail scientifique est gratifié de l’intérêt
sociétal et que le discours politique s’éclaire
des connaissances scientifiques.
Ces faveurs sont autant d’exigences à
remplir; à nous les scientifiques d’être à la
hauteur du crédit qui nous est accordé.
Quelles sont les grandes nouveautés
dans la recherche publique?
Historiquement la science se fait avec le
paradigme des hypothèses vérifiées par
l’expérimentation mais la transformation
digitale impacte désormais jusqu’à nos
méthodologies de travail.
La masse de données génère désormais une
grande quantité d’informations qu’il s’agit
d’extraire. Ceci révolutionne des domaines
comme le biomédical où l’on peut
désormais établir un profil génétique d’une
personne en quelques minutes seulement.
Il en va de même pour les sciences sociales
qui bénéficient d’une mine d’informations
que sont les données téléphoniques et les
réseaux sociaux.
Le digital nous oblige à repenser la méthode
scientifique aux lumières de l’éthique et
de la sécurité des systèmes informatiques.
Il en va de la protection des données
personnelles, des données hautement
sensibles, des intérêts industriels mais aussi
de la souveraineté des Etats et notamment
en période électorale.
Enfin, il y a des initiatives gouvernementales
qui se concrétisent telle que l’agence spatiale
luxembourgeoise (Luxembourg Space
Agency) dont nous sommes partenaires.
C’est un créneau économique, certes
mais également de recherche, générateur
de questions scientifiques ô combien
intéressantes.
Parlez-nous des synergies que vous
favorisez…
Contrairement à nos pays voisins qui
peuvent compter jusqu’à une centaine
d’universités et plusieurs centaines de
centres de recherche, l’exiguïté de notre
territoire ne permet pas d’établir un système
concurrentiel. Ceci est bien compris par
les directeurs et la coordination entre les
différents centres de recherche fonctionne
désormais très bien. D’ailleurs, les grands
projets que nous finançons, comme
l’étude menée par le «National Centre
of Excellence in Research on Parkinson’s
Disease» rassemble des partenaires comme
le LIH, l’Uni.lu, le LNS et le CHL.
Lorsque nous sommes amenés à nous
présenter à l’étranger, nous adoptons une
même marque: «Research Luxembourg»;
là aussi pour montrer notre unité.
La concurrence ne doit pas être interinstitutionnelle
mais internationale, et ce, afin
de veiller à ce que la qualité soit à la hauteur
de nos ambitions. C’est pourquoi nous nous
appuyons sur un réseau mondial d’experts
et de scientifiques qui réalisent plus de
mille évaluations de projets par an. Dans
les comités de sélection et d’évaluation,
le mot d’ordre est d’avoir le même niveau
d’exigence et de standards que dans leurs
pays.
Quels sont les signes de la bonne santé
de la recherche publique?
Disons que plusieurs indicateurs sont
au vert. D’une part, les scientifiques qui
siègent dans nos comités durant plusieurs
années voient les évolutions positives et
nous renseignent. Ensuite, nos équipes de
recherche sont de plus en plus sollicitées
dans des projets européens; financés par
la Commission européenne, on ne peut
rentrer dans ces consortiums que si la
qualité est là. Nous bénéficions en outre
toujours plus de financements européens.
Enfin, nous réussissons à attirer de hauts
profils internationaux.
Nous pouvons être fiers de ce qui a été
accompli en si peu de temps. Développer un
site de recherche avec une bonne visibilité
internationale est un exploit collectif. Il
reste néanmoins de grands défis à relever et
notamment avec la transformation digitale
et l’arrivée de l’intelligence artificielle
qui apporteront tout un ensemble de
défis sociétaux dans lesquels la recherche
scientifique aura un rôle déterminant. Les
20 années à venir s’annoncent tout aussi
excitantes, si ce n’est plus encore… n
Présentation du CEO
Marc Schiltz
Titulaire d’un doctorat en physique et
d’un MBA pour cadres de l’INSEAD,
Marc Schiltz est actif dans la recherche et
l’enseignement supérieur depuis plus de
20 ans dans plusieurs pays européens et est
un scientifique reconnu. Il a développé une
expertise approfondie dans la gestion et
l’organisation de la recherche stratégique.
Sous sa direction, le FNR a largement
contribué à renforcer la qualité et l’impact
du système de recherche luxembourgeois et
à établir des liens avec le secteur privé et la
communauté scientifique internationale.
94 LG
EDITION SPÉCIALE
RECHERCHE & INNOVATION
1
JEUDI 5 DÉCEMBRE 2019
Les entreprises innovantes récompensées
Organisée par la Chambre des Métiers, la 6 e édition du Prix de l’Innovation
dans l’Artisanat a réuni les entreprises innovantes du Grand-Duché aux
Rotondes à Luxembourg. Parmi les 56 projets proposés dans six catégories,
douze finalistes ont été retenus. La société Wakotec a remporté le grand prix
«The Hands of Innnovation» pour le développement de la solution Wakocid
qui permet de conserver l’eau de refroidissement nécessaire dans les processus
industriels de manière efficace et écologique. Si elles n’ont pas décroché le
grand prix, d’autres entreprises tels que Steffen Holzbau, Polygone, Street
Wheels, Coplaning et Skycom ont tout de même été récompensées dans
différentes catégories.
2
3
LG
EDITION SPÉCIALE
95
4
5
1. Tom Oberweis, président,
Chambre des Métiers
2. Lex Delles, ministre des Classes
moyennes et du Tourisme
3. Sasha Baillie, CEO, Luxinnovation
4. Tom Wirion, directeur général,
Chambre des Métiers;
Guillaume Trap, directeur scientifique
Luxembourg Science Center
5. Tom Wirion
96 LG
EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 225 - GUIDE DES COMMUNES 2019
SOCIÉTÉ
Travailler pour et
avec les communes
PAR MARTINA CAPPUCCIO
Un an après sa prise de fonction, Taina Bofferding, ministre
de l’Intérieur, revient avec nous sur les dossiers importants
qui ont rythmé son début de mandat. A côté des travaux de
refonte de la loi communale, la ministre gère également la
transition vers les PAG nouvelle génération et supervise le
bilan du premier anniversaire du CGDIS. Interview.
Le pays compte à l’heure actuelle 102
communes. Quels sont vos objectifs en
matière de fusions communales?
Le ministère ne s’impose aucun objectif car
nous partons du principe que cette initiative
doit venir des communes elles-mêmes.
Nous ne voulons pas exercer une pression
sur ces dernières pour les forcer à fusionner,
mais nous sommes là pour les épauler dans
leurs démarches.
Par exemple, nous élaborons actuellement
une brochure présentant les bonnes
pratiques de procédures de fusions déjà
engagées. Chaque commune pourra ainsi
observer comment d’autres ont résolu
certains obstacles pour parvenir à travailler
ensemble. Le gouvernement, à travers le
ministère de l’Intérieur, cherche également
à renforcer les aides financières apportées
aux communes dans le cadre des fusions.
En effet, ces aides pourraient encourager
davantage les plus petites d’entre elles à
envisager cette démarche. Nous devons
encore établir des critères de financement
précis, mais le projet est déjà sur les rails.
Nous sommes par ailleurs en contact avec
les communes de la Nordstad (Bettendorf,
Diekirch, Erpeldange, Ettelbruck et
Schieren); c’est la première fois qu’autant
de communes envisagent une fusion. Pour
les soutenir, le ministère les conseille dans
leurs démarches au niveau juridique et
les guide à travers les différentes étapes
qu’implique cette procédure. Nous
élaborerons ensuite un projet de loi pour
valider la fusion. Leur désir de joindre leurs
forces n’est pas nouveau; ils collaborent déjà
au sein des syndicats communaux et cette
union représente finalement une nouvelle
étape s’inscrivant dans la même logique.
Une fusion permettrait à cette région de se
renforcer.
“Créer une loi
communale
la plus proche
possible de la
réalité du terrain”
Le 1 er novembre prochain, toutes les
communes devront se conformer au
plan d’aménagement général (PAG)
nouvelle génération. Quels sont ses
avantages?
Le PAG est un outil essentiel puisqu’il
détermine des zones en fonction de
leur constructibilité. Les PAG sont
actuellement régis par trois législations
différentes, qui ne sont plus adaptées à la
réalité du pays. Notre accord de coalition
exige que toutes les communes initient la
procédure d’adoption du PAG nouvelle
génération avant le 1 er novembre 2019.
Cela signifie qu’elles devront soumettre
un projet d’aménagement général nouvelle
génération au premier vote du conseil
communal avant cette date.
Ce PAG ne se limite pas à des questions
de surface, de taille et de densité. Il donne
également des instruments pour améliorer la
qualité de vie dans les quartiers en garantissant
une mixité des fonctions (habitations,
commerces, bureaux) et des logements
(studios, maisons unifamiliales, appartements,
projets intergénérationnels intégrés,…). Face
à la croissance démo-graphique et économique
que connait le pays, il devient un instrument
indispensable pour planifier le développement
des quartiers tout en y favorisant une certaine
cohésion sociale et un bon niveau de qualité
de vie.
A l’heure actuelle, un peu plus d’une
soixantaine de communes ont déjà entamé
la procédure, les autres la prévoient. Nous
sommes déjà en contact avec celles qui
risqueraient d’avoir du retard et tentons de
les aider.
Vous avez récemment lancé un projet de
refonte de la loi communale. Quelles en
seront les prochaines étapes?
La version actuelle de cette loi date
des années 80, or les communes et
leurs missions ont grandement évolué
depuis lors! Par exemple, les maisons
relais n’existaient pas à l’époque alors
qu’aujourd’hui elles représentent une de
leurs missions principales. En partant de
l’analyse des missions des communes et
des défis qui se posent à elles, nous avons
voulu réformer la loi de manière à les
soutenir davantage.
Notre consultation pour cette refonte sera
très vaste car nous voulons rassembler les
avis de toutes les personnes concernées
pour créer une loi qui soit la plus proche
possible de la réalité du terrain. En octobre,
nous organiserons ainsi des forums
régionaux visant à définir les sujets que
le personnel communal et les élus locaux
jugent prioritaires. Les citoyens auront
quant à eux l’occasion de donner leur avis
au travers d’une consultation en ligne,
suivie d’un symposium. Nous voulons
profiter de l’expérience des personnes
de terrain et de la vision des habitants
pour enrichir notre compréhension des
problématiques communales.
Nous discuterons ensuite des résultats de
ces échanges et décortiquerons ces sujets
afin de trouver des solutions à travers des
colloques ciblés et des ateliers thématiques.
Nous rédigerons alors un avant-projet
de loi comprenant des propositions et
solutions qui sera soumis à la discussion
avec les acteurs communaux et le public
avant sa soumission à la Chambre.
Taina Bofferding
Quels sont les aspects de cette loi que
vous souhaitez moderniser?
Nous voulons donner davantage d’autonomie
aux communes en réduisant le
nombre d’approbations exigées par le
ministère pour la plupart des procédures
administratives. Seuls les actes plus
importants, relatifs aux finances ou à
l’aménagement communal, nécessiteront
toujours l’accord formel du ministère
de l’Intérieur. Les approbations sont
souvent longues à obtenir et ralentissent
les communes dans leurs démarches, c’est
pourquoi nous voulons les supprimer là où
nous pouvons en privilégiant le système
de la transmission obligatoire. Ce dernier
voudra que les dossiers soient déposés en
ligne par la commune qui ne devra pas
attendre l’aval du ministère pour lancer le
projet.
98 LG
EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 225 - GUIDE DES COMMUNES 2019
SOCIÉTÉ
Nous pourrions dès lors adopter un
rôle d’Etat-conseiller plutôt que d’Etatcontrôleur.
Nous leur apporterons toutefois
une assistance plus grande dans toutes leurs
démarches, dont notamment les domaines
juridique, financier et des ressources
humaines. J’estime que le ministère ne
doit pas uniquement être un organisme
de contrôle et de surveillance, mais plutôt
un partenaire et conseiller des communes
qui les soutient dans leurs démarches et se
rend disponible pour les aider. C’est une
valeur que je veux véhiculer dans toutes nos
actions.
Au début du mois de juillet, le CGDIS
a fêté sa première année d’existence.
Quels sont les résultats observés
aujourd’hui?
La mise en place d’une nouvelle structure
est un grand bouleversement. Après un an
de fonctionnement, nous avons demandé
à un groupe d’experts indépendants d’en
analyser les résultats. Leur bilan nous aidera
à améliorer ou adapter ce qui doit l’être.
Je me suis rendue sur le terrain pour
discuter avec les bénévoles et
professionnels engagés auprès du CGDIS.
J’ai entendu leurs avis sur cette réforme,
dont nous devrons également tenir compte
au moment du bilan. Les équipes ont été
très positives et ont surtout souligné
les améliorations qu’elle a permises aux
niveaux des procédures. C’est aussi en se
rendant sur le terrain qu’on peut apprécier
le niveau d’enthousiasme des équipes et je
suis fière de ceux et celles qui s’engagent
tous les jours pour aider leurs concitoyens
dans les situations d’urgence. Les
volontaires sont la base de cette structure
et je tiens encore une fois à les encourager
et à les féliciter pour cet engagement.
“Soutenir
les communes
dans leurs
démarches
et se rendre
disponible
pour les aider”
Nous venons par ailleurs de lancer une
campagne pour le recrutement de 50
professionnels. Dans ce cadre, je me suis
rendue à Dudelange pour assister aux tests
sportifs et on peut y observer la grande
motivation de jeunes femmes et hommes
pour intégrer le CGDIS.
Quels sont les dossiers que vous aimeriez
traiter en priorité au cours des
prochains mois?
Ma priorité sera donnée à la refonte de
la loi communale avec l’allègement de la
tutelle administrative.
Toutefois, je me pencherai également sur le
dossier des cérémonies civiles. Le ministère
veut en effet donner plus de flexibilité aux
communes pour l’organisation de mariages.
Pour le moment, les réglementations
imposent que ces actes soient réalisés au
sein de la maison communale. Or, nous
recevons de plus en plus de demandes
pour que les mariages puissent être réalisés
à l’extérieur ou dans un autre bâtiment.
Nous nous penchons donc sur la loi avec la
collaboration des communes pour définir
quelques autres endroits où ces cérémonies
pourraient se dérouler. n
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EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 227 - OCTOBRE 2019
SOCIÉTÉ
Le conseil bienveillant
d’un citoyen
C’est au fil de sa carrière dans le conseil, l’industrie et les
startups que Philippe Wery a mûri son envie de faire du
conseil autrement, ce qu’il réalisera en 2017 en intégrant
Arendt et en créant Arendt Business Advisory. Bien ancré
dans les préoccupations locales et non dans les hauteurs de
l’idéalisme international, Arendt a développé depuis plus de
30 ans un ADN luxembourgeois et a travaillé pour les
principaux acteurs du tissu économique et du secteur public du
pays. Arendt Business Advisory renforce cet ADN au travers
de son dirigeant qui dévoile sa vision d’un professionnel du
conseil impliqué et farouchement citoyen. L’interview pour la
couverture de ce numéro balaie les problématiques auxquelles
le Luxembourg doit faire face, secoue quelques idées reçues
et propose des pistes de réflexion pour y répondre.
Le problème écologique est aujourd’hui
de tous les débats. Néanmoins, d’autres
défis majeurs semblent émerger des avis
des prévisionnistes. Quelle est votre
position sur l’enjeu luxembourgeois des
années à venir?
Dans un monde légitimement focalisé sur
l’enjeu écologique et la nécessité impérieuse
de modifier l’empreinte de nos sociétés au
sens large vers un modèle de circularité et de
durabilité, des voix s’élèvent effectivement
de plus en plus fréquemment pour avancer
la problématique, au moins aussi prégnante,
de l’explosion démographique attendue
dans les 30 années à venir.
A l’échelle de notre planète, cette
croissance démographique inconnue
jusqu’alors dans l’Histoire, pose au moins
deux problèmes immédiats à la réalisation
de nos objectifs écologiques: d’une part
nos efforts risquent d’être freinés par un
volume de consommation et d’utilisation
des ressources plus important, par simple
logique mathématique, d’autre part
le principe de croissance perpétuelle,
fondement de notre modèle économique
depuis la révolution industrielle, mais
décrié aujourd’hui comme étant intenable
et contre-productif aux objectifs de
durabilité, aura probablement encore de
beaux jours devant lui avant de connaître sa
transformation tant attendue par beaucoup.
A l’échelle de notre pays, les prévisionnistes
et les groupements d’experts s’accordent
également à anticiper une croissance
significative de la population à l’horizon
2050 avec le logement et la mobilité comme
les deux pierres de notre mythe de Sisyphe.
Deux éclairages s’imposent. D’abord il
s’agira d’une inflation démographique au
moins autant importée qu’organique. En
effet, notre pays continuera à attirer des
ressources importées, en cela soutenue
par une politique gouvernementale
d’investissement dans des secteurs innovants
et attractifs de ressources expertes. Ensuite,
l’enjeu dépasse amplement le logement et la
mobilité. En effet, l’offre de soins de santé
et les capacités hospitalières, l’accueil en
crèches et en maisons de soins, la demande
plus générale en infrastructures de diverses
sortes, l’accès à des services communaux et
étatiques efficaces et aptes à traiter le volume
accru de demandes, l’offre en matière
d’éducation, la gestion de déchets résiduels
même après avoir vertueusement changé
nos comportements de consommation, et
beaucoup d’autres domaines encore seront
impactés par cette croissance et nous devrons
collectivement être prêts à y répondre.
Le Luxembourg est-il déjà prêt pour
une telle croissance démographique?
Non évidemment, et personne n’oserait
dire le contraire. Au regard de l’accord
de coalition et de diverses publications
de la Fondation IDEA ou du LISER par
exemple, il est clair qu’il existe une volonté
d’agir. Mais avons-nous un plan? Je pense
que nous le croyons, mais probablement
pas vraiment.
Une réflexion et une action collectives
s’imposent pour anticiper «demain», mais
aussi pour résoudre «aujourd’hui». Car nous
faisons déjà face à certains problèmes évoqués
plus haut. Sur ces sujets, le recours à des
conseillers professionnels peut procurer une
valeur par l’apport de méthodologies, par une
vision holistique indépendante, et par la mise
en application de techniques éprouvées dans
le domaine public comme privé. Nous avons
à cœur que notre métier de conseiller soit
générateur d’impact positif pour la société.
Ainsi, nous avons eu l’opportunité de travailler
sur un certain nombre de sujets porteurs
d’impact depuis plus de deux ans et demi
maintenant, comme par exemple la gestion
des déchets et les stratégies de recyclage,
l’organisation d’activités de recherche et de
soins de santé, l’amélioration des processus et
de la qualité dans un environnement social et
public, ou encore sur des problématiques clés
de mobilité ou de logement. Nous mettons
ainsi au profit des défis du secteur public nos
diverses expériences dont celles transposables
du secteur privé.
Ces problèmes sont donc déjà en partie
actuels selon vous?
En partant du principe que nous souhaitons
cette croissance et ses conséquences
LG
EDITION SPÉCIALE 101
positives sur notre économie nationale,
nous devons réagir rapidement car, oui, ils
sont déjà un poids pour notre attractivité
et donc risquent de réduire le bien-être
de vivre au Luxembourg tel que nous le
connaissons. En effet, tous les instituts
de recherche s’accordent à dire que nous
passerons le cap du million d’habitants
vers 2050, que cette croissance de 12
à 15.000 nouveaux arrivants annuels
à l’échelle nationale (ce qui équivaut
à une commune de la taille de la ville
d’Hesperange chaque année), ne peut être
freinée.
De grands projets immobiliers pourraient
techniquement sortir de terre endéans
les cinq à dix ans mais nombreuses sont
les autorités communales qui préfèrent
les étaler à plus long terme. Un choix
légitime au regard des ressources humaines,
techniques et infrastructurelles nécessaires
pour faire face à l’augmentation rapide de
leur population.
Pour les entreprises, le problème peut se
situer au niveau du recrutement. Attirer
les talents, c’est aussi proposer un projet
de vie qui ne se mesure pas uniquement au
montant du salaire mais à son adéquation
avec l’environnement de travail, aux
possibilités concrètes de logement ou à
la capacité de réaliser des objectifs de vie
familiale. L’attractivité de notre économie
est toujours importante mais celle de la
qualité de vie en général ne fait plus autant
rêver à l’international.
Si le logement locatif est encore
relativement accessible pour «le haut de la
classe moyenne», l’accès à la propriété leur
est devenu, comme pour presque toutes les
autres franges de notre population, très
compliqué voire utopique à atteindre.
D’une part l’offre disponible à la vente
est trop faible, ensuite les tarifs imposent
des prêts d’une longueur ou d’une prise
de risque salarial accrues. Sans oublier que
les acquéreurs et en particulier les primoaccédants
font face à une concurrence
aigüe d’acheteurs n’ayant pas pour objectif
d’habiter personnellement le bien. Nous
sommes confrontés à une forme de double
perversion constitutive d’un incroyable
paradoxe, celui de la création d’une classe
sociale aisée mais appauvrie.
Le modèle immobilier de Luxembourg se
construit aujourd’hui sur une plus-value
basée sur la vente et non sur le locatif. Le
résultat de ce modèle, c’est le manque;
le manque de terrains et le manque de
logements qui pourraient faire baisser, ou
du moins ralentir, l’envolée des prix. Le
capital immobilier n’est pas un mal en soi
mais il peut devenir pervers dès lors qu’il
limite de façon significative l’accès à la
propriété.
Philippe Wery
Le moment de repenser le système est
peut-être arrivé. Nous manquons déjà de
logements pour les nouveaux arrivants
ainsi que de plusieurs milliers de logements
sociaux. Si des actions concrètes sont en cours
de mise en œuvre pour y porter une solution,
ne pourrions-nous pas imaginer au-delà, un
programme pour soutenir la primo-accession
et redéfinir des contours sensiblement plus
stricts en matière de pure spéculation?
Vous parlez d’un programme pour soutenir
la primo-accession, quel serait-il?
Par exemple en créant un système de
logement «sociétal» qui pourrait bénéficier
à des personnes qui ont besoin d’assistance,
d’un coup de pouce souvent temporaire,
mais dont les salaires ne permettent
pas de prétendre à un logement social.
Il s’agirait entre autres de fonctionnaires
ou de jeunes diplômés qui entrent dans
la vie professionnelle. Assurer un accès à
la propriété à cette catégorie des classes
moyennes rendrait de la superbe à notre
pouvoir d’attraction. L’Etat a d’ailleurs
des outils à sa disposition pour appuyer ce
concept, et ce, sans prôner l’encadrement
des prix et en veillant à maintenir le
principe de libre entreprise. L’emploi
des terrains et logements non utilisés,
102 LG
EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 227 - OCTOBRE 2019
SOCIÉTÉ
une taxation progressive des plus-values
immobilières, des systèmes d’incitation ou
d’avances remboursables pour obtenir les
prêts bancaires indispensables à l’accès à la
propriété, ou la promotion de mécanismes
de location-achat, sont autant de pistes à
éventuellement explorer.
Sur ces thématiques qui mêlent la
modélisation économique, les aspects
légaux et réglementaires, les conséquences
fiscales ou encore les relations avec le
secteur financier, nous disposons des
diverses compétences nécessaires, comme
conseillers professionnels, pour amener des
idées innovantes et aider à planifier leur
mise en œuvre.
Comment les communes peuvent-elles
de leur côté se transformer pour répondre
plus efficacement à cette croissance?
Au plus proche de leurs habitants, à l’écoute
de leurs préoccupations et connaissant leurs
problèmes, les communes ont un grand rôle
à jouer dans ce changement de paradigme.
Transformer les communes, c’est leur
donner les moyens humains, techniques,
digitaux et stratégiques de répondre aux
besoins de leurs résidents.
La digitalisation est par exemple un enjeu
majeur dans la capacité future à gérer des
flux croissants de requêtes. Nous sommes
appelés à accompagner les communes dans
leur projet de digitalisation dans le but
d’automatiser tout un ensemble de services
à la population aujourd’hui encore réalisés
manuellement. Le personnel communal
ainsi libéré de ces tâches répétitives pourrait
s’atteler à d’autres nécessitant une analyse
humaine comme par exemple l’urbanisme
et l’aménagement du territoire.
Pour ce qui concerne les besoins des
citoyens, il faut également s’attendre à les
voir grandir, comme on peut s’attendre
à voir des défaillances de marché plus
importantes s’installer entre ce que
le secteur privé propose et ce que les
communes et le gouvernement aimeraient
proposer aux citoyens.
L’Union européenne a mis en œuvre des
politiques qui dérogent au principe de
libre concurrence afin de protéger certains
secteurs ou régions fragilisées. Les Services
d’Intérêt Économique Général (SIEG) sont
des services de nature économique que les
États membres soumettent à des obligations
spécifiques de service public en vertu
d’un critère d’intérêt général. Les SIEG
permettent de combler une défaillance du
marché, en collaboration ou non, avec le
secteur privé afin de subvenir à des besoins
non encore pourvus de la population. Et ce
qui est possible et efficace dans le transport
public pourrait l’être dans le logement ou
les services aux familles. Cet outil, qui peut
s’avérer très intéressant pour la puissance
publique, nécessite cependant d’une part
de le constituer avec prudence et précision
mais également de le suivre dans ses
aspects économiques de manière pointue et
transparente. Il s’agit d’une thématique pour
laquelle la conjonction des compétences
juridiques et économiques dont nous
disposons chez Arendt est une valeur
ajoutée indéniable. Ainsi, nous sommes en
mesure d’accompagner le secteur public en
ces matières et les aider à avoir encore plus
d’impact, en particulier auprès des personnes
nécessitant une plus grande attention voire
une aide, telles les personnes âgées, les
jeunes, les personnes défavorisées.
“Être citoyen
fait partie
de mon métier”
Vous mentionnez la transparence, n’estil
pas nécessaire de transformer nos
gouvernances pour faire face aux défis
futurs?
Il existe une confiance certaine et légitime en
l’Etat, dans nos institutions et organisations
publiques. L’année 2019 a néanmoins été
marquée par quelques affaires, défrayant la
chronique médiatique luxembourgeoise et
révélant que des employés communaux, des
fonctionnaires et des élus ont pu commettre
des indélicatesses voire des malversations.
La société moderne de transparence dans
laquelle souhaite s’inscrire le pays et les
citoyens, devenus clairement beaucoup
plus exigeants quant à la moralité de leurs
représentants et des structures publiques
et parapubliques au sens large, imposent
de repenser la gouvernance à tous les
niveaux de la société. Ces pratiques
découvertes parfois par hasard démontrent
une défaillance sinon un risque dans le
contrôle des opérations publiques. Là aussi,
une transformation de la gouvernance
est indispensable à la préservation de la
confiance. La maturité du secteur privé
dans le contrôle et la gestion des risques fait
désormais partie intégrante de la culture
des entreprises. Ces techniques pourraient
facilement être adaptées et transposées à
l’action publique.
Conscients que la gouvernance et le
rôle de dirigeant ou d’administrateur
d’organisations publiques ou parapubliques
sont complexes et induisent des risques réels
et variés, nous avons décidé au sein d’Arendt
d’ouvrir un «Governance Center» couvrant
toutes les matières indispensables à une
saine et transparente gouvernance. Cette
offre de services s’adresse aux dirigeants
et administrateurs publics comme privés
désireux d’encadrer leurs responsabilités
de la manière la plus efficace et avec la
meilleure gestion des risques.
Les conséquences que nous voyons arriver
dans 20 ans étant déjà partiellement
là, le conseiller professionnel que vous
êtes pense donc qu’il faut agir dès
aujourd’hui…
Il y a toujours un moment où les prédictions
se heurtent au pragmatisme et penser l’avenir
ne peut se faire à l’unique détriment du
présent. Les idées, les outils et les méthodes
existent pour une efficacité pleine et entière
et pour construire des plans d’actions
concrets à court comme à long terme. La
difficulté est de les construire avec une
véritable vue holistique. Gouverner, c’est
prévoir, dit-on usuellement. Mais prévoir
c’est le faire à un comme à dix ans. Et prévoir
à un an impose d’agir dès aujourd’hui.
Le programme gouvernemental est
ambitieux et c’est le moment idéal de le
mettre en place, favorisé par le plein emploi,
la croissance encore présente, la paix sociale
et les taux d’intérêts extrêmement bas.
Pendant longtemps, la décision politique
se faisait principalement aux lumières
des connaissances du responsable qui les
prenait. Elle gagne sans aucun doute à se
nourrir désormais de l’échange collectif,
mais aussi de l’expertise des spécialistes
dont les conseils pourront aider à avoir un
impact direct sur les citoyens.
Conseiller toujours avec bienveillance et
humilité, envie de bien faire, offrir une
haute technicité, voilà le métier de conseil
citoyen tel que je le conçois. n
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EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 229 - DÉCEMBRE 2019
SOCIÉTÉ
Sur le parcours d’un citoyen
Dans le cadre de son livre blanc intitulé «La digitalisation du secteur public au service de
l’expérience citoyenne», KPMG Luxembourg a fait l’exercice de se mettre dans la peau d’un
citoyen et d’effectuer son «parcours type» au travers de quatre branches du secteur public.
Pour répondre aux attentes d’un citoyen-consommateur de services digitaux, les administrations
devront établir une stratégie commune pour lui assurer un parcours cohérent, intégré et
continu. Patrick Wies, Partner responsable du secteur public, et Jérôme Bernard, Partner
responsable du Technology Advisory pour ce secteur, reviennent avec nous sur les défis que
pose la digitalisation au sein du secteur public.
En quoi consiste ce livre blanc?
PW: Il propose d’approfondir l’analyse
de la digitalisation du secteur public déjà
initiée dans l’étude Customer Expérience
Excellence où deux services publics
s’étaient distingués pour la qualité de leur
«expérience citoyenne». Nous y avons
identifié les parcours-citoyens types que les
résidents luxembourgeois traversent lors de
leurs contacts avec différentes branches du
secteur public (administration, transport,
santé et services commerciaux) et en avons
dégagé les points forts et défis.
JB: De manière générale, nous avons constaté
que les citoyens attendent du secteur public le
même niveau de service et d’interaction que
dans le reste de leur vie de consommateur.
De plus, toute nouvelle attente adressée dans
son parcours de consommateur devient un
standard, ce qui nécessite une amélioration
constante des services fournis par les
opérateurs publics pour maintenir un bon
niveau de satisfaction des citoyens.
Prudence toutefois: la proximité avec le
citoyen reste la priorité du secteur public
qui doit prendre en compte leur diversité et
leur proposer un service personnalisé. Dans
ce contexte, il est pertinent d’effectuer une
analyse des comportements des citoyens pour
comprendre leurs attentes lorsqu’ils entrent
en contact avec une administration. Nous
effectuons cette analyse en nous basant sur
cinq axes (extraits de notre approche «Five
My’s») pour appréhender leur motivation,
leur mode de connexion, et ce qui monopolise
leur attention, leur temps disponible et leur
budget lorsque cela est pertinent. En fonction
des résultats, nous créons des parcourscitoyens
personnalisés par groupe.
Si l’on compare le Luxembourg aux
autres pays, comment évaluer la digitalisation
de son secteur public?
PW: La digitalisation d’une part et la
simplification administrative de l’autre font
parties des objectifs gouvernementaux. Pour
fluidifier le parcours-citoyen, il faut toutefois
veiller à ce que la digitalisation s’opère
à tous les niveaux (front, middle et back
office), dans un processus global. Il sera ainsi
possible d’offrir une expérience cohérente
d’un bout à l’autre de la chaîne, en tenant
compte des différentes étapes du parcourscitoyen
et à travers un seul point de contact.
“Etablir
une stratégie
coordonnée
et cohérente
qui facilitera
le parcours
du citoyen”
JB: Par rapport aux autres pays étudiés,
nous avons remarqué que le secteur public
luxembourgeois bénéficiait d’une bonne
image auprès de ses citoyens. L’intégrité
et l’empathie semblent être les qualités
qu’ils valorisent particulièrement; or la
digitalisation peut impacter ces valeurs. Le
défi sera donc de conserver la proximité
et le contact humain qui font la force
du secteur public en mettant à profit la
fluidification des parcours citoyens grâce à
l’automatisation de certaines tâches.
PW: Les institutions doivent établir une
stratégie qui privilégie le contact humain
aux moments adéquats. Elles doivent en
effet exploiter les canaux de communication
en ligne et hors ligne de manière intégrée
et cohérente pour répondre aux besoins
spécifiques des différents groupes de
citoyens.
Quelles sont les conclusions de votre
analyse des branches spécifiques appartenant
au secteur public?
JB: Il en est ressorti un besoin de cohérence
générale dans ce que le secteur public
propose. Le citoyen ne comprendrait par
exemple pas qu’une démarche ne soit qu’à
moitié digitalisée parce qu’elle implique
une autre administration qui n’aurait pas
encore digitalisé ses services…
PW: La digitalisation doit également limiter
les efforts du citoyen dans son parcours.
Dans le secteur de la santé par exemple, le
dossier de soin partagé reprend toutes les
informations relatives à un patient. Dans
un souci de cohérence, celles-ci ne lui sont
demandées qu’une seule fois et il s’attend
à ce que toutes ses interactions médicales
se fassent sur cette base. Dans le même
ordre d’idées, les différents opérateurs de
transports publics doivent joindre leurs
efforts et établir une stratégie coordonnée
qui facilitera le parcours de mobilité du
citoyen.
LG
EDITION SPÉCIALE 105
Quelles sont vos recommandations pour
l’amélioration des services digitaux
offerts par le secteur public?
JB: Tout d’abord les administrations doivent
veiller à comprendre les motivations du
citoyen et à s’y adapter. En deuxième lieu, le
secteur public doit combiner le meilleur de
l’humain et du digital en mettant les besoins
du citoyen au cœur du développement de
solutions technologiques.
PW: La stratégie de digitalisation doit par
ailleurs couvrir l’entièreté de l’organisation
et pas uniquement la partie avec laquelle
le citoyen est en contact. De plus, les
administrations doivent préférer une approche
plus intégrée et horizontale, facilitant les
ponts d’une administration à une autre, pour
éviter les ruptures dans les démarches et la
multiplication des points de contact.
Les agents sont à la fois au cœur du processus
de digitalisation et de celui de l’expérience
citoyen. Il faut donc aussi les accompagner et
les former. De plus, il faudrait veiller à faire
la promotion des services digitaux existants
tant en interne qu’auprès du public.
Le développement de solutions digitales
doit également passer par la collaboration
avec le secteur privé et le monde des startups,
qui lui donneront davantage d’agilité. Cette
collaboration existe déjà, du moins dans le
partage d’idées qui déboucheront sur des
solutions mises à disposition de tous les
citoyens.
JB: Enfin, la dernière mesure que nous leur
recommandons est de maîtriser l’économie
de l’expérience client, en établissant une
stratégie avec des priorités quant aux défis
à relever afin de mieux gérer les budgets
alloués.
Il s’agit ici de poursuivre des efforts qui
sont pour la plupart déjà bien engagés:
essayer de ne demander au citoyen la
même information qu’une seule fois,
être transparents quant à l’utilisation de
ses données, faire en sorte qu’il puisse
accéder à une démarche par un seul point
de contact,… Toutes ces considérations
sont déjà prises en compte, mais les efforts
doivent être poursuivis. n
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LG
108
Au service de l’intérêt général
PAR JULIEN BRUN
PORTRAITS
De nombreux pays occidentaux souffrent d’une perte de confiance envers la science. Si certains
confondent l’égalité des droits avec l’équivalence des compétences, d’autres préfèrent croire
plutôt que savoir. Si ce chamanisme contemporain est parfois porté aux plus hautes instances
du pouvoir, le Luxembourg semble bien heureusement préservé et témoigne de la confiance
en ses institutions académiques. Rencontre avec la directrice du LISER (Luxembourg Institute
of Socio-Economic Research); portrait d’Aline Muller.
Le doctorat ou le graal initiatique
Est-il possible de consacrer cinq années à
l’étude d’un sujet et à la rédaction d’une
thèse sans passion? Pour Aline Muller, «le
doctorat est une aventure tant scientifique
qu’humaine» qui oscille entre la lumineuse
frénésie intellectuelle et la féconde lenteur
de la recherche. Toute la complexité du
travail scientifique réside dans la tension
qui régit ces deux pôles où rien n’est défini
par avance. Chanceuse d’avoir davantage
côtoyé les cimes que les abîmes, elle préfère
les superviseurs qui laissent une certaine
marge de manœuvre à leur doctorant.
Cette liberté, nécessaire au cheminement
vers l’indépendance, a un prix: «celui des
détours enchanteurs».
Plongeant dans ses propres souvenirs, elle
confesse s’être lancée avec l’insouciance
d’aucune ambition carriériste. Empruntant
ce chemin initiatique qui renseigne tant
sur le soi professionnel que sur l’être
intime, l’acharnée de travail sait qu’elle
peut compter sur sa capacité à mobiliser
ses forces lorsqu’il le faut. À l’époque de ses
études, cette robustesse favorise moins la
constance que les pics de labeur et le reste
de l’année, la vie estudiantine était douce...
Autant de forces et de faiblesses qu’il aura
fallu apprendre à dompter.
Genèse d’une curiosité
Un environnement familial favorable, un
professeur influenceur d’éternité ou un livre
nonchalamment pioché dans le rayonnage
d’une bibliothèque et la nature curieuse de
l’enfance s’embrase à la moindre étincelle
du savoir. La jeune fille, attirée par le débat
d’idées sur les questions philosophiques,
cherche très tôt à confronter les siennes.
Les pensées se nourrissent de l’altérité,
se cultivent de champs divergents et se
récoltent de nouvelles perspectives.
Si penser seul, c’est presque toujours penser
comme tout le monde alors seule l’altérité
forge une réelle autonomie de raisonnement
et permet de penser par soi-même.
L’excellente élève aux examens n’est pas
toujours la plus sage en classe. L’autorité
parentale porte un regard attentif sur les
résultats mais ferme les yeux sur la manière
de les obtenir et le «débrouille toi pour
réussir», glissé de temps à autre pour
l’encourager est interprété comme «tu peux
être turbulente tant que tu as de bonnes
notes».
“Analyser un
sujet, mobiliser
un raisonnement
et construire une
argumentation”
L’intérêt pour la chose publique éclot
naturellement dans la conscience lycéenne
et plus précisément pour les concepts
fondamentaux sous-jacents comme la
liberté: quelles sont les limites de la
liberté individuelle au sein d’une société
démocratique, quand commence la
confrontation avec l’intérêt général, où sont
les justes mesures? L’adolescente du Lycée
de Garçons d’Esch-sur-Alzette aurait donc
pu choisir philo mais sa bosse des maths
lui assurait de très bons résultats avec un
minimum d’investissement. Bac en poche
en 1992, elle suit une classe préparatoire
en mathématiques fait un MBA (Master’s
Degree in Business Administration) à
l’Université de Liège avant de se lancer dans
un doctorat de 2000 à 2005 à l’Université
de Maastricht.
«La Finance est un moteur fondamental de
l’économie, il joue le rôle d’intermédiaire
du développement économique et son
étude permet de mieux comprendre le
fonctionnement de l’activité économique
des entreprises». Le département Finance
est alors en plein essor et se compose
d’une bande de copains qui veulent
décrocher les étoiles. «Des poissons dans
l’eau» bénéficiant d’un bain intellectuel
international et bercés d’une certaine
insouciance; «nous marchions pieds-nus
dans les couloirs sans savoir de quoi demain
serait fait», sourit-elle. L’ambiance bobobabacool
reste néanmoins studieuse et
la focalisation sur l’internationalisation
des travaux lui impose de s’envoler pour
les Etats-Unis dès sa première année de
doctorat. «Il fallait se confronter au plus
vite aux autres scientifiques et parfois à
des idées à l’opposé des miennes. Jeune et
inexpérimenté, on se fait parfois ratatiner
mais on apprend à se défendre», expliquet-elle.
Un tempérament
Dans l’articulation des carrières, il arrive
que l’intérêt particulier se substitue à
l’intérêt collectif et la morale douteuse
devient inacceptable dès lors qu’on refuse
la transparence. La jeune doctorante se
faisait une très haute idée des institutions
de recherche publique qu’elle considérait
comme des sanctuaires indemnes de toute
compromission. La déception était d’autant
plus grande lorsqu’elle constatait qu’une
partie de l’environnement académique
tolérait ces comportements. La passion
du bien public ne saurait à elle seule
désarmer ces mécanismes de stratégies
individuelles. Si elle se veut désormais un
peu plus patiente, usant de persévérance
et de détermination dans le dialogue, elle
n’en reste pas moins un fervent défenseur
de l’intégrité.
Aline Muller
110 LG
EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 226 - SEPTEMBRE 2019
PORTRAITS
Jouissant d’une résonnance médiatique,
le LISER suscite et nourrit les débats de
manière indépendante. Ses domaines de
recherche le rapprochent naturellement de
certains ministères et acteurs privés mais
reste peut-être à travailler une relation
plus étroite avec les débats parlementaires
et citoyens. La renommée du LISER porte
également sur la scène européenne et
notamment grâce au réseau européen des
politiques sociales qu’il dirige. Les garanties
de traitements des enfants, les migrations,
la santé publique, les inégalités sociales sont
quelques-uns de ses domaines de recherche
prioritaires.
Les réseaux se tissent à mesure des publications,
des voyages et des collaborations.
Au travers des conférences internationales
d’un bout à l’autre de la planète, elle fait un
autre constat: l’aveuglante et silencieuse
absence de femmes. Un lien particulier se
tisse entre les quelques scientifiques femmes
présentes comme pour mieux contrer la
méfiance ambiante. «Lorsqu’on emmène
son bébé en conférence, cela suscite quelques
froncements de sourcils, de la curiosité aussi
et de la sympathie de quelques-uns». Il serait
donc chimérique d’imaginer qu’on y est
uniquement considéré pour son travail car
le cheminement d’une carrière ne se fait pas
indépendamment du genre, de l’âge et des
pays d’origine. Les universités travaillent à ce
rééquilibrage et Aline Muller considère que
la discrimination positive est une concession
nécessaire au regard de la situation actuelle car
«les mesurettes ne suffiront pas à recomposer
certains domaines dont les femmes sont
absentes. Et ce, jusqu’à ce que le travail de
fond – qu’il est impératif de mettre en œuvre
– porte ses fruits».
Rattrapée par le collectif
Travaillant sur la finance de marché et la
rentabilité des portefeuilles, le rôle plus
fondamental de moteur du développement
économique lui manque. Comme attirée
par des projets plus collectifs, son esprit
s’emploie au développement financier des
pays d’Amérique latine, des banques centrales
en Afrique, à l’optimisation des montages
financiers pour l’aide au développement. Son
attention porte sur le fonctionnement d’un
secteur financier au service du développement
économique durable d’un pays.
Elle s’efforce notamment à mettre le secteur
financier au service de l’art et de la culture
qu’elle considère comme «les plus précieux
éléments qui nous unissent et qui fondent
notre collectif». Embarquant l’une de ses
classes de master, elle porte un projet de
soutien à la réhabilitation, la réouverture et la
bonne gestion d’un cinéma à Bobo Diolassa
au Burkina Faso. L’impact de cette mission
s’étend jusqu’au social, favorise la rencontre
de personnes passionnées, passe par le soutien
à un atelier de pirogues pour les pêcheurs
locaux et aboutit à un important projet
d’appui à l’entrepreneuriat et à l’innovation.
Preuve s’il en est que les financiers peuvent
apporter leurs compétences à l’analyse des
besoins d’un projet, en l’optimisant et en le
rendant durable.
Le Luxembourg à la loupe
Une occasion de revenir au Luxembourg
se présente au départ de son prédécesseur
à la tête du LISER. La décision se nourrit
du constat que l’institution composée
d’éléments brillants ne jouit pas de la
visibilité et de la reconnaissance méritées.
Trouver les combinaisons adéquates afin
d’articuler ses missions académiques et
sociétales suffisent à la convaincre.
Le rôle du LISER est d’observer, analyser
et anticiper les mutations sociétales. Les
femmes et les hommes qui le composent
étudient les fonctionnements, les
disfonctionnements, les dynamiques, en
tirent une compréhension de la société et
anticipent ses mutations futures. L’enjeu est
l’élaboration de politiques publiques plus
efficaces, plus durables et plus inclusives.
“La nature curieuse
de l’enfance
s’embrase
à la moindre
étincelle du savoir”
Le Luxembourg est «un intarissable et
passionnant laboratoire de recherche»
qui s’inscrit au centre de l’Europe dans
une vision stratégique visant à optimiser
le développement économique, social et
technologique. Le LISER rappelle ainsi
que ce développement doit se faire en
cohérence avec l’activité et les préférences
humaines. «Les citoyens doivent être
mis au centre des préoccupations dès la
conception des technologies car faire coller
les technologies aux citoyens reviendrait à
créer un décalage perpétuel».
Elle, dont l’âme eut été nourrie des
merveilles d’Apollinaire, Prévert, Camus,
enchaîne des lectures sur les ressources
humaines. Car c’est en effet l’un de ses
grands chantiers de la rentrée: développer
une politique RH qui soit un moteur
de développement du LISER et un
catalyseur de carrières. Élaborer un cadre
de développement riche et épanouissant
la motive, peut-être même est-ce ce qui la
caractérise, nous dit-elle «en tant que mère
bien sûr, en tant que scientifique tout autant
mais ici, à cette place, avant tout en tant que
directrice du LISER». n
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112 LG
EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 227 - OCTOBRE 2019
La force de l’ambition
et du travail
PAR MARTINA CAPPUCCIO
PORTRAITS
Devenu directeur de la Société Nationale des Habitations à Bon Marché (SNHBM) à 31 ans
à peine, Guy Entringer est surtout connu sur la Place pour avoir contribué à l’amélioration
de la visibilité et à la croissance de la société. Honnête et accessible, il livre son parcours sans
artifices ni tabous, mêlant à la fois humour, franc-parler et sincérité. Portrait.
C’est plutôt par affinité que par ambition
particulière que Guy Entringer se lance
sur la voie des sciences économiques. Sa
bonne aptitude au maniement des chiffres
le pousse en effet à poursuivre des études
supérieures dans ce domaine. D’abord
Luxembourg puis Strasbourg, ses choix
d’universités sont notamment orientés par
la courte distance qui le séparera de l’équipe
de football d’Itzig, où il joue tous les weekends.
Ne brillant pas par sa pratique des
langues, l’étudiant en mesure pourtant
l’importance et prend la décision, alors
qu’il a déjà un premier diplôme en poche,
d’entamer un nouveau master à l’étranger.
Pour approfondir sa maîtrise de la langue
anglaise, il rejoint ainsi les rangs de
l’université de Stirling, en Ecosse.
Expériences étrangères
Si au cours de son premier cursus à
Strasbourg il s’était davantage lié d’amitié
avec ses nombreux compatriotes présents sur
le campus français, son expérience écossaise
est tout autre: «J’ai vécu en colocation avec
quatre étudiants respectivement originaires
du Panama, d’Indonésie, de Colombie
et des Pays-Bas. J’ai même eu l’occasion
d’intégrer l’équipe de football de ma faculté
et de participer aux compétitions organisées
entre les quatre équipes universitaires
écossaises à travers le pays. Les professeurs
encourageaient la pratique sportive et nous
libéraient pour ces rencontres. J’ai pu vivre
cette période pleinement, en tissant des
liens forts avec mon équipe», se souvient-il.
Au terme de ses études, il décroche un stage
de deux semaines au sein de l’entreprise
bettembourgeoise d’Arcelor, complété par
six semaines au sein d’une filiale américaine
de TrefilARBED. «C’était une expérience
enrichissante tant au niveau professionnel
qu’humain. J’ai été incroyablement surpris
d’observer que les Américains n’ont aucune
idée de ce qu’est l’Europe, et encore moins
le Luxembourg!».
“Prendre du recul
et se concentrer
sur ce qui est
véritablement
important”
Retour aux sources
Revenu au pays, Guy Entringer décroche
un premier emploi dans le conseil aux
entreprises chez ING, mais il est très vite
recontacté par TrefilARBED Bissen: «Ils
m’ont proposé d’intégrer l’entreprise sous
l’aile de leur directeur administratif et
financier en vue de reprendre son poste
deux ans plus tard, lors de son départ
en retraite». Bénéficiant des conseils
précieux d’un expert, il tire profit de
son enseignement et apprend les ficelles
du métier. «Sur base des connaissances
approfondies de la chaine de production
qu’il m’a transmises, j’ai pu moderniser la
méthode de travail. C’était pour moi une
première expérience de gestion d’équipe
– j’avais alors douze personnes sous ma
direction – ainsi qu’un premier contact avec
les délégations du personnel», explique-t-il.
Bien qu’appréciant son travail, le jeune
homme remarque des changements dans
la philosophie de gestion de l’entreprise,
avec laquelle il n’est plus en accord. Lui
qui voulait découvrir de nouveaux horizons
professionnels avant ses 35 ans, franchit ce
cap bien plus tôt…
Le hasard d’un changement
«La Société Nationale des Habitations à
Bon Marché recherche un économiste pour
devenir son nouveau directeur à moyen
terme». Lorsque Guy Entringer tombe
sur l’annonce un samedi matin, dans le
journal accompagnant son café, il y répond
immédiatement. Il n’a pourtant jamais
entendu parler de la société!
La SNHBM a ceci de particulier qu’elle
n’a connu que quatre directeurs en l’espace
d’un siècle. Alors qu’elle recherchait le
quatrième d’entre eux, l’entreprise était
particulièrement soucieuse de trouver un
candidat souhaitant faire perdurer cette
tradition et se maintenir à ce poste dans la
durée. Alors qu’il fait face aux réticences
d’un membre du comité d’embauche,
le jeune homme de 28 ans fait preuve
d’audace: «Mon âge est un atout, il vous
permettra de maintenir la durée moyenne
d’emploi de vos directeurs», affirme-t-il,
plein d’aplomb. Mais la société ne se laisse
pas convaincre si facilement, et ce n’est
qu’au terme d’une journée complète de
tests de recrutement que Guy Entringer
remporte le poste.
Guy Entringer
114 LG
EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 227 - OCTOBRE 2019
PORTRAITS
Or le Luxembourg a besoin de 5.000
logements par an, soit 150 ha. Si l’on
se projette sur 20 ans, ce sont 3.000 ha
qu’il faudra dégager pour satisfaire une
croissance jugée normale et nécessaire.
Or, l’Etat ne semble pas encore savoir où les
trouver…», constate l’économiste. Quant
au manque de main d’œuvre, il s’agit déjà
d’un problème à l’heure actuelle. Entre
le non-respect des délais et le manque de
qualification, le directeur de la SNHBM
craint d’ores et déjà des arrêts de chantier…
Il intègre l’équipe avec l’objectif transparent
de succéder à l’actuel directeur et apprend
ainsi pendant deux années les mécanismes
de fonctionnement de l’entreprise avant
d’en prendre la tête à tout juste 31 ans.
Nouveaux départs
Ses débuts en tant que directeur ont été
plutôt calmes: «Comme nous n’avions plus
de terrains à bâtir, nous avons beaucoup
investi et mis plusieurs années à développer
des plans d’aménagement particuliers»,
raconte-t-il. Bâtissant les fondations de la
croissance future de l’entreprise, il réussit
en onze ans à faire quadrupler son personnel
– passant de 35 à 120 collaborateurs – et
le nombre de logements construits par an
– de 80 à 300 logements. Pour soutenir
cette croissance, il parvient même à
convaincre un conseil d’administration
pourtant réticent d’abandonner ses locaux
historiques au profit de son siège actuel,
capable d’accueillir sa nouvelle équipe
grandissant au rythme des besoins du
marché.
Alors qu’il prépare ce grand tournant pour
la société, Guy Entringer vit toutefois des
moments extrêmement difficiles sur le plan
personnel. En 2012, son épouse et lui font
face à la perte de leur enfant, atteint d’un
défaut génétique. «Il s’agit de l’épreuve la
plus difficile et marquante de ma vie. Cette
rencontre avec mon fils a été très courte, je
ne l’ai connu que quatre mois, mais elle a
été déterminante et a influencé à jamais ma
vision des choses», confie-t-il. Aujourd’hui,
le couple a surmonté cette triste période:
«Nous voulons transmettre le message car
ce sont des événements qui arrivent plus
souvent qu’on ne le pense. Il faut réussir
à surmonter la douleur et surtout, il faut
en parler. Bien trop de gens n’osent pas
aborder ce sujet, or l’éviter par peur est
encore plus pénible». Guy Entringer aura
appris de ces sombres moments à prendre
davantage de recul par rapport aux objectifs
qu’il se fixe et à se concentrer sur ce qui
est véritablement important. Le deuil
est un processus personnel qui marque
en profondeur celui qui le vit. Chargé
d’une connotation accablante et tragique,
Guy Entringer nous montre qu’il est
aussi possible d’en tirer un enseignement
constructif.
Endiguer la crise
En 2013, le premier gouvernement Bettel
affiche clairement sa volonté de renforcer
de façon massive l’offre de logements et
fait pour cela appel aux promoteurs publics
du pays. «Grâce à notre préparation en
amont et à la négociation d’un soutien
gouvernemental, nous avons pu élever
notre production à 250 habitations par an,
en à peine deux ans», se remémore-t-il.
Mais la crise du logement n’en finit
pourtant pas de grandir et Guy Entringer
y voit pour sa part deux causes principales,
à savoir le manque de terrains à bâtir ainsi
que de main d’œuvre qualifiée dans le
domaine de la construction. «Si l’on demande
aux promoteurs publics de produire
1.000 logements par an, nous aurons besoin
de 30 ha, selon la moyenne nationale.
“Deux causes
principales à la
crise du logement:
le manque de
terrains et de main
d’œuvre qualifiée”
Continuité et pérennité
La SNHBM construit à l’heure actuelle
le projet Elmen à Kehlen, qui pourra à
terme accueillir 2.000 habitants. Bien que
le directeur soit fier du développement de
ce projet colossal, il n’en relève pas moins
quelques incohérences: «La priorité du
gouvernement est de créer davantage de
logements – et abordables qui plus est – pour
palier la crise. Toutefois, les administrations
attendent du projet qu’il réponde à des
exigences environnementales, de gestion
de l’eau et de mobilité très élevées. L’ennui,
c’est qu’une fois ces impératifs couplés
aux matériaux de haute qualité choisis
pour la construction et aux innovations
technologiques que nous y mettons en
place, les coûts de revient par habitation
s’en verront majorés de 100 à 150.000
euros par rapport à nos tarifs habituels…
coût qui se répercutera inévitablement sur
l’acheteur».
«Un projet comme Elmen est unique
dans une carrière. J’y ai participé depuis
l’acquisition des terrains et j’espère être
encore en poste lors de la finalisation du
projet», partage-t-il avant d’ajouter: «Mon
projet à la SNHBM est loin d’être terminé.
Nos finances sont bonnes mais des efforts
restent à fournir au niveau de l’organisation
générale de la société. Une nouvelle
génération de collaborateurs vient de nous
rejoindre et il faut veiller à l’intégrer et à
assurer une certaine continuité dans nos
activités». n
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EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 228 - NOVEMBRE 2019
S’armer du courage d’oser
PAR MARTINA CAPPUCCIO
PORTRAITS
C’est alors que le soleil déclinant teintait de sa lumière automnale les voûtes du cloître de
l’Abbaye de Neumünster, qu’Ainhoa Achutegui, sa directrice, a accepté de nous livrer son
histoire. Assise au pied d’une exposition de l’artiste luxembourgeoise Désirée Wickler, elle
nous parle de son parcours marqué par la force d’une conviction féministe, une passion
dévorante pour la création artistique, la dureté d’un travail acharné et ce sourire éclatant qui
semble l’avoir toujours animée.
Naissance d’un amour pour l’art
Ainhoa Achutegui nait à Caracas, au
Venezuela. Alors qu’elle est âgée de cinq
ans, son père, diplomate, s’installe dans
la capitale autrichienne pour des raisons
professionnelles et emmène sa famille
avec lui. Malgré la distance, la petite
Ainhoa garde des liens très forts avec son
pays natal où elle passe ses jeunes étés. A
Vienne, le foyer familial ne manque jamais
d’animation et devient un lieu de rencontres
et d’échanges avec les communautés latinoaméricaines
et caraïbéennes.
C’est dans l’émerveillement de l’enfance
que nait sa sensibilité artistique. Tous
les dimanches, sa mère les emmenait
religieusement, ses frères et elle, au
musée d’art moderne de Vienne. C’est
également de ses parents, qu’elle décrit
comme cinéphiles fanatiques, qu’elle hérite
d’une passion pour les arts visuels. Leurs
montagnes de cassettes-vidéos étaient
chacune l’occasion nouvelle d’un moment
de partage et de découvertes que l’enfant
dévorait avec avidité.
L’illusion cinématographique
L’élève studieuse et appliquée qu’elle était
grandit. Elle se mue progressivement en
une adolescente ne laissant passer aucune
occasion offerte par un exposé ou une
dissertation de faire éclore les débuts
d’une conviction qu’elle appelait déjà, sans
doute prématurément, féministe. Poussée
à prendre son envol vers la France et ses
universités par ses professeurs du Lycée
français, l’étudiante ne s’en sent pas encore
la maturité et opte pour un cursus en
philosophie et sciences du théâtre à Vienne.
Ce premier parcours académique est
évidemment tourné vers le théâtre, mais
la matière dont elle tirera l’enseignement
le plus utile pour sa vie personnelle est
la philosophie. Qu’est-ce qu’un genre?
Que signifie être femme? «Simone de
Beauvoir disait très justement «on ne nait
pas femme, on le devient». Cette citation
a pris pour moi tout son sens à la lecture
de l’approche théorique du féminisme de
Judith Butler. Tous nos comportements
sont déterminés par des schémas sociaux
liés à notre genre. Les Gender Studies
et mes lectures féministes m’ont montré
qu’il était possible de renverser ces codes,
de dépasser ce conditionnement et d’oser
davantage, en tant que femme», nous
explique-t-elle.
“Oser davantage,
en tant que femme”
Au terme de ce cursus, Ainhoa Achutegui
est persuadée qu’elle dédiera sa carrière
au cinéma d’auteur. Tout en enchainant
de petits boulots à différents niveaux
de production, elle entame un master
en gestion de projet dans l’objectif de
consolider les compétences nécessaires
à la vie professionnelle à laquelle elle
se destine. Mais le monde du cinéma
ne correspond ni à ses attentes, ni à
sa philosophie de travail. Trouvant
celui-ci trop proche de considérations
économiques et trop éloigné des arts, elle
se passionne davantage pour la danse et
le théâtre: «Le problème du cinéma est
que le résultat final doit être parfait. En
m’investissant dans des projets en danse et
en théâtre, j’ai découvert une ambiance de
travail qui laissait la place à la spontanéité,
à l’erreur et à l’humeur de l’artiste,
donnant lieu à des prestations uniques».
Sensible à la performance, au laid ou
encore à l’engagement, c’est à travers
les danses contemporaine, conceptuelle
ou engagée qu’elle retrouve l’expression
spontanée du vrai qui la touche tant. En
se lançant sur cette nouvelle voie, Ainhoa
Achutegui a également entamé un second
cursus en gestion de projets culturels.
Au carrefour des possibles
A tout juste 26 ans, trois propositions
professionnelles intéressantes s’offrent à
elle. Accumulant une certaine expérience
dans la production cinématographique, on
lui propose deux postes dans ce domaine.
Mais c’est la troisième offre qui retient
son attention. Assistante du directeur
artistique du Werkstätten und Kulturhaus
(WUK) à Vienne depuis quelques mois
à peine, ce dernier remet sa démission et
la recommande pour sa succession. Elle
accepte pour une simple raison: il s’agit du
défi qui lui serait le plus difficile à relever.
Sans dénigrer l’importance de l’expérience
dans un parcours professionnel, Ainhoa
Achutegui insiste également sur le
pouvoir du potentiel qui ne demande
qu’à se concrétiser en compétences
à un poste donné: «En tant que
femme, nous devons valoriser notre
potentiel! Ce poste m’a demandé un
énorme investissement, nous avions
103 artistes en résidence et une
programmation variée. Je n’ai jamais
autant travaillé dans ma carrière, mais
c’était aussi la plus belle expérience de
ma vie», se souvient-elle.
Ainhoa Achutegui
Défendre et s’engager
Ce poste qu’elle espérait tant finit même
par dépasser ses attentes. Passion et
enthousiasme transparaissent d’ailleurs avec
force lorsqu’elle évoque les missions qui lui
sont confiées: «J’aime particulièrement l’art
lorsqu’il est engagé, vecteur d’un message.
neimënster me permet de m’inscrire
dans cette lignée en programmant des
conférences, expositions ou encore
spectacles enrichissants, sur des sujets
sociétaux forts et variés. J’aimerais encore
faire évoluer neimënster en renforçant la
résidence d’artistes, pour qu’ils investissent
véritablement le lieu!».
“Laisser la place
à la spontanéité,
à l’erreur et
à l’humeur
de l’artiste,
donnant lieu
à des prestations
uniques”
L’art de diriger
C’est une histoire d’amour qui poussera la
jeune femme à s’établir au Luxembourg.
Postulant à distance auprès du Centre des
Arts Pluriels d’Ettelbruck (CAPE), elle est
directement engagée en tant que directrice
artistique. Elle doit alors s’acclimater à
une autre approche de la culture: le public
luxembourgeois, à mille lieues du viennois,
se sent concerné par la programmation du
CAPE et lui donne son avis au terme de
chaque spectacle. Elle qui avait jusqu’ici dû
se battre pour attirer les spectateurs devait à
présent entendre leurs critiques, élogieuses ou
mécontentes, dès la fin d’une représentation.
Mais la nouvelle directrice se prend au jeu; elle
se nourrit de leurs échanges et apprend même
le luxembourgeois pour renforcer ce lien.
Son équipe très soudée la porte et, petit à
petit, elle réussit la prouesse de donner au
CAPE une visibilité à l’échelle nationale
mais aussi internationale.
Au bout de huit ans pourtant, lorsque
le poste de directrice à l’Abbaye de
Neumünster se libère, elle ne peut
ignorer cette opportunité et décide de
postuler, malgré l’avis défavorable de
son entourage. «Tout le monde était
persuadé qu’ils n’embaucheraient qu’un
homme luxembourgeois d’un certain
âge. J’ai travaillé dur pour passer les tests
d’embauche car je savais que je possédais
de l’expérience nécessaire pour assumer
ce rôle. Je voulais prouver qu’une jeune
femme pouvait être sélectionnée pour la
phase finale, même si elle ne décrochait pas
le poste», dit-elle pleine d’entrain.
Connue pour son engagement féministe,
on lui propose en 2015 la présidence
du planning familial. «Le poste est
particulièrement exposé aux critiques
publiques, mais je crois en la cause et j’ai
accepté cette responsabilité sans hésiter»,
explique-t-elle. Depuis son arrivée, des
dossiers comme le remboursement de la
contraception, la suppression de la taxe
tampon ou encore la présence soudaine
d’un titulaire de classe lors des séances
d’information en école primaire sont
traités. Elle conclut sur une note d’espoir:
«Je suis pour l’égalité entre les femmes
et les hommes et les quotas sont un bon
moyen d’y parvenir. A compétences égales,
je pense qu’une femme assumerait aussi
bien ses responsabilités qu’un homme;
or, sans ces quotas, les hommes seraient
sans doute privilégiés, surtout pour les
postes à responsabilité. Je pense que les
femmes doivent arrêter de se sous-évaluer,
s’entraider davantage et surtout, oser…». n
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EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 229 - DÉCEMBRE 2019
Le travail du plaisir
PAR JULIEN BRUN
PORTRAITS
En presque trois décennies, son affaire est passée de 9 à 380 employés, de 125 à 8.000 voitures
vendues par an et de 3 à 300 millions de chiffre d’affaires. Philippe Emond est à la tête d’un
empire qui porte son nom au travers huit concessions automobiles réparties en Belgique, en
France et au Luxembourg. Portrait d’une réussite qui prend source de la passion automobile et
d’une farouche envie de s’arracher à son milieu familial mais sans tarir des valeurs originelles.
Un enraciné
Son français a conservé une musicalité qui
prend racine dans les pâturages gaumais;
l’aspiration des voyelles et les articulations
grippées des consonnes rappellent quelque
peu la lourdeur des sabots des chevaux
ardennais labourant les terres de son histoire.
Agriculteurs, ses grands-parents maternels
et paternels furent des gens de la terre. Avec
ses deux sœurs, toutes les vacances étaient aux
pommes de terre de Florenville, au bétail des
pâturages, aux jeux de la ferme et au tracteur
pourfendant la noirceur des nuits de Gaume.
Suivre son père partout faisait le bonheur du
garçon. Le travail des champs forge les corps
comme l’éducation du monde paysan forge les
âmes. Les valeurs sont simples: le sens de la
parole donnée qui se cristallise dans une solide
poignée de main, l’indéfectible honnêteté des
sentiments pudiquement recouverte par la
rusticité des échanges, la politesse de quelques
formules jalonnant le quotidien et permettant
le pardon lorsque l’on déborde un peu trop.
Le gamin est performant dans ce qui le
passionne et fainéant pour le reste. Interne
chez les Frères Maristes d’Arlon à onze ans,
traversant les années sans jamais briller,
le «cancre discipliné» fait son petit bout
de chemin, des rêves plein la caboche.
Hermétique aux grands auteurs, il avale
pourtant d’innombrables bouquins de foot
et BD qui jonchent son lit. L’œil ennuyé
posé sur une formule mathématique pétille
à la récré lorsque s’annonce la partie de
ballon entre copains. Et le rouge des
bulletins - qu’il brûlera lorsqu’il deviendra
papa afin que son fils ne tombe pas dessus
- jure avec l’encre bleue de liberté qu’il
aime coucher sur le papier des rédactions
et des poésies griffonnées comme autant de
moments de dire le monde qui l’entoure.
L’ado est peut-être un «cancre» et un
«fainéant» à l’école, mais il est passionné et
a le sens de l’observation. Deux qualités qui
le mèneront à une réussite professionnelle.
“Le sens
de la parole
donnée qui
se cristallise
dans une solide
poignée de main”
S’arracher à son milieu
De l’ennui scolaire qui l’enferme, naît une
envie de s’échapper; le jeune homme de 19
ans se confie à son paternel qui lui répond:
«pas grave, demain tu viens au boulot».
Il ouvre la station essence à cinq heures,
jusqu’à ce que les femmes de la famille
prennent le relais à sept, et retrouve ensuite
une activité d’horticulteur-paysagiste. Dans
les serres et pépinières accolées, il prend soin
des fleurs et arbustes, tient les rangées bien
alignées et les étiquettes bien propres, joue
des agencements pour trouver la meilleure
mise en évidence; dans les parcs et jardins,
il compose des œuvres d’harmonie… autant
d’activités qui procurent joie et tranquillité.
Déclaré aide-familiale, les 500 francs
belges (l’équivalent de 12 euros) touchés
par semaine sont avalés dans les bals de
fin de semaine entre copains. Son premier
véritable salaire est versé à son mariage;
il a alors 24 ans. La culture du monde
paysan de l’époque définissait encore l’âge
adulte comme la rupture avec l’enfance.
Le passage du principe du plaisir à celui
de réalité dans la gouvernance des actions
s’incarne aussi dans le mariage et dans cette
phrase performative: «dorénavant, tu es un
homme mon fils».
L’affaire familiale était un choix par défaut, une
solution de proximité, mais ses idées ne sont
jamais assez bonnes aux yeux du patriarche.
Une dichotomie en somme, toute naturelle
entre un fils et son père: «à 20 ans on se
tait, à 25 on est contrarié, à l’approche de
la trentaine on souhaite partir», avoue-til.
S’arracher à son milieu d’accord mais
pour faire quoi? Sans argent, ni diplôme,
ni réseau; il lui faut choisir un métier pour
lequel il aurait envie de se lever chaque
matin.
«Amoureux comme au premier jour»
Il a toujours aimé les belles cylindrées
en général et les BMW en particulier.
Un amour qui naît aussi d’un conflit
intergénérationnel dans la mesure où son
père ne jure que par Mercedes; la marque
du tracteur, de la voiture et de l’utilitaire.
Mais par principe d’émancipation, il fallait
que l’ado trouve puis affirme une identité
propre.
«BM, c’est la jeunesse, la sportivité, le
dynamisme mais avec l’élégance» et ce n’est
pas un hasard si trois modèles de la marque
ont été au casting de James Bond. La
tueuse en robe de soirée, à la fois luxueuse
et ensauvagée, continue de séduire Philippe
Emond comme au premier jour. Et comme
tout bon aveugle en la matière, sa fidélité
trouve toujours un défaut aux autres
marques.
«Le plaisir de conduire… elles virent à plat
dans un équilibre parfait… des à-coups plus
doux dans nos boîtes à huit rapports… une
musicalité des moteurs…». Aux puristes qui
regrettent les propulsions, il retorque que
les meilleures tractions sont toujours chez
BM qui ne connaît pas de soulèvement
de l’avant. Que ce soient les hybrides
rechargeables, les électriques, les M ou les
berlines; elles sont toujours conçues pour le
plaisir de conduire. Et cela vaut également
pour Mini qui a su garder son origine de
«Go-Kart Feeling». Une passion si
forte que le logo BMW est tatoué
depuis vingt ans sur son mollet…
Philippe Emond
122 LG
EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 229 - DÉCEMBRE 2019
PORTRAITS
«Emond avec passion»
En 1993, avec dix ans d’entreprise dans
les pattes, l’envie de réussir au ventre et la
passion au cœur, il se lance en achetant son
premier garage. Papa d’un enfant de six
mois, il contrôle la peur de l’échec et prend
un emprunt sur dix ans. La première année
est extrêmement compliquée dans la mesure
où les planètes de la réussite ne sont pas
vraiment alignées. Ce n’est pas une année
salon (qu’un an sur deux à l’époque), la
concession perd de l’argent depuis dix ans et
il se lance un peu après janvier, sans compter
qu’il n’a jamais vendu de voitures de sa vie,
doit trouver ses marques et entretient une
relation compliquée avec son prédécesseur
resté un temps dans l’entreprise. Un travail
acharné lui permet de rattraper un peu la
situation au mois de septembre et de clôturer
sa première année à la voiture près.
Les années suivantes soignent sa notoriété.
Il n’a pas encore 30 ans et paraît bien
plus jeune que son âge. Tellement que les
clients demandent à parler à son père en
rentrant dans ses concessions d’Arlon et
de Libramont. En 1996, il gagne un prix
de gestion d’entreprise qui fait la une de
la presse locale et, petit à petit, les regards
changent et les ventes augmentent. Il réalise
seul 350 ventes par an, et ce, sans ordinateur,
ni téléphone portable; aujourd’hui un
vendeur est satisfait lorsqu’il en signe 150.
Mais cette croissance a un prix, la privation
de moments en famille et un surmenage qui
l’amène à l’hôpital et l’oblige, en 1998, à
prendre un premier vendeur en renfort.
“La tueuse
en robe de soirée,
à la fois luxueuse
et ensauvagée,
continue
de séduire comme
au premier jour”
En 2007, il souhaite se développer davantage
mais les zones d’influences belges sont déjà
saturées et il s’en va alors du côté français:
Châlons-en-Champagne, Charleville-Mézières,
Reims, Saint-Quentin, Soissons. La crise
est essuyée «par le courage et en se faisant
une identité cohérente» mais aussi en
adhérant au mieux aux demandes du
constructeur comme l’automatisation des
magasins de pièces détachées par exemple
et l’avant-gardisme commercial.
Le marché luxembourgeois était une évolution
toute logique et c’est en 2016 qu’elle prend
forme avec le rachat de la concession Kontz.
L’association avec le groupe suédois Bilia
tombe alors à pic pour ce gros morceau. Le
Grand-Duché offre plus de potentiels parce
que la fiscalité est bonne, que les voitures de
fonction sont nombreuses et que le revenu
moyen est supérieur mais «le pays ne connait
pas de zones d’influences; du coup, le marché
est extrêmement compétitif».
L’avenir du groupe Emond
En décembre 2023, Philippe Emond fêtera
ses 30 ans de carrière. Un bel âge pour
prendre sa retraite mais rien n’est décidé
pour l’heure. Reste encore à inaugurer une
prochaine concession à la Cloche d’Or:
«l’investissement d’une vie», dit-il et à
concrétiser quelques projets.
La prolongation du partenariat avec Bilia
sera néanmoins le dernier. L’homme qui
s’est déjà battu contre un cancer, fait
opérer de la colonne vertébrale et récupère
doucement la mobilité de sa main souhaite
trouver plus de temps pour lui et ses
proches. Ce qui est relativement conflictuel
avec les 100.000 km encore parcourus
chaque année.
Son fils, pilier de l’équipe du Standard de
Liège, ne reprendra pas l’affaire et son
petit-fils qu’il entend voir plus souvent, n’a
que deux ans. Pas de succession familiale
donc mais ce qui est certain, c’est qu’il
souhaite préserver les valeurs qui animent
ses concessions. L’homme d’affaires affirme
connaître les prénoms de ses 380 employés
et commencer sa journée par les saluer un
par un. Personne n’est engagé dans cette
«grande famille» sans d’abord passer devant
le patriarche et lui seul valide les contrats.
La consigne donnée à ses cadres est de ne
lui amener que des candidats qui sont des
atouts et une évaluation des compétences
et des valeurs est menée pour chacun d’eux;
«si je peux tolérer quelques points en moins
pour les premières, je ne laisse rien passer
pour les secondes».
Le directeur est attaché à la politesse et
aux belles manières dans les relations
avec la clientèle mais également entre
collaborateurs. Il aime croire en une recette
Emond, à l’élaboration d’une histoire
collective et à des valeurs communes.
Simplicité, honnêteté et sens de la
parole donnée; Philippe Emond donne
l’impression de s’être arraché à son milieu
social tout en ayant gardé les valeurs qui le
constituent. n
moving people,
moving you.
Tous les jours, nous prenons la route ensemble !
Solutions de mobilité de Sales-Lentz.
sales-lentz.lu