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Du fer transporté<br />
de la mine de<br />
Zouerate vers le<br />
port de Cansado,<br />
dans le nord. Le<br />
secteur représente<br />
15 % du PIB.<br />
OLIVIER PAPEGNIES - RÉGIS DUVIGNAU/POOL/AFP<br />
aride », précise l’adjudant-chef Sidi Lebssah, en uniforme. Et<br />
d’ajouter : « Le GN règle les conflits entre éleveurs, cure les puits<br />
et assure des soins médicaux de base. » L’objectif est clair : empêcher<br />
les groupes djihadistes de se substituer à l’État, et obtenir<br />
en retour des renseignements de la part des populations isolées.<br />
Une approche soutenue par le numéro deux de la Garde<br />
nationale, le général Yacoub Ould Amar Beyatt, présent lors de<br />
l’inauguration du centre de formation pour les jeunes méharistes.<br />
« L’idée laissant à penser que les problèmes de défense<br />
exigent une réponse strictement militaire est révolue », indiquet-il,<br />
ce 28 janvier. En Mauritanie, le contrôle du territoire va<br />
de pair, autant que faire se peut, avec son développement<br />
humain. L’Union européenne (EU) finance le programme<br />
Ghawdat (« méhari » en arabe) ainsi que la construction d’une<br />
dizaine de puits disséminés dans la région. Ceux-ci fonctionnent<br />
à l’énergie solaire, grâce à une pompe immergée qui<br />
envoie l’eau vers le château. En dépit de ces programmes de<br />
développement, la situation reste fragile sur place en raison<br />
de l’absence d’infrastructures médicales ainsi que d’un système<br />
éducatif dysfonctionnel.<br />
DANS L’ATTENTE DE RÉFORMES<br />
À Achemim, les habitants vivent en effet de peu, dans<br />
des maisons brinquebalantes ou des tentes traditionnelles,<br />
les khaimas, symboles de la culture nomade. Ces habitations<br />
mobiles de forme pyramidale sont cordées à des piquets plantés<br />
dans le sol afin de résister aux tempêtes de sable. Leur toile est<br />
fabriquée à partir de poils de chameau ou de mouton. Sous l’une<br />
d’elles, en cette matinée d’hiver, la famille d’Ahmedou Amadou<br />
est rassemblée. « Mon fils souffre d’une tumeur au cerveau »,<br />
s’émeut Myriam, sa mère, drapée dans un voile violet. Allongé,<br />
le jeune homme de 21 ans garde les yeux grands ouverts, et son<br />
visage est livide. « Chaque boîte de médicaments coûte 50 euros,<br />
et nous n’avons pas les moyens de l’emmener à l’hôpital ni de le<br />
soigner », reprend la mère de famille. Une triste réalité à laquelle<br />
personne ne peut échapper dans la région.<br />
Dans cette partie de la Mauritanie, on peut s’estimer heureux<br />
d’avoir un salaire, et celui-ci dépasse rarement les 100 euros.<br />
Sidi Mohamed Ould, le maire du village, qui arbore l’étendard<br />
mauritanien et porte un chèche noir, n’a aucun moyen à<br />
sa disposition. Si l’édile de 65 ans à l’allure bonhomme se réjouit<br />
« que la sécurité soit revenue », les conditions de vie sont précaires.<br />
Assis dans le sable, les élèves suivent les cours dans un<br />
bâtiment dont la toiture en tôle laisse filtrer les rayons brûlants<br />
du soleil. « Nous manquons de livres et de cahiers », annonce<br />
Hamadie Cheikh, le chef de l’unique établissement scolaire à<br />
40 km à la ronde. Plus de deux ans après l’élection de Mohamed<br />
Ould Ghazouani – soutenu à l’époque par le président sortant<br />
Mohamed Ould Abdel Aziz, son ami<br />
de longue date –, la Mauritanie<br />
est toujours dans l’attente des<br />
« réformes nécessaires pour<br />
asseoir les bases de l’école<br />
républicaine », comme s’y<br />
était engagé le nouveau chef<br />
Le président Mohamed<br />
Ould Ghazouani, en fonction<br />
depuis 2019.<br />
AFRIQUE MAGAZINE I <strong>427</strong> – AVRIL 2022 43