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syndicom magazine No.31

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

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Dossier<br />

Plafonner les prix et relever<br />

les salaires<br />

13<br />

Des profits spéculatifs inouïs alimentent<br />

l’inflation, et les banques centrales jouent un<br />

jeu très dangereux. Que faire ?<br />

Texte : Oliver Fahrni<br />

Comment comprimer au mieux les salaires et détruire la<br />

prospérité ? Comment provoquer un crash financier global<br />

et aggraver au passage la catastrophe écologique ? En<br />

suivant l’exemple actuel ! Ce que les banques centrales,<br />

les entreprises et les gouvernements font (et omettent de<br />

faire) actuellement apparaît comme la recette parfaite<br />

pour un grand désastre.<br />

Juste un exemple : l’entreprise énergétique Total a versé<br />

précipitamment 260 millions d’euros de « dividendes<br />

extraordinaires » en automne, peu avant qu’un impôt sur<br />

les bénéfices de la crise ne vienne prélever les profits exceptionnels<br />

exorbitants de la guerre, du gaz et du pétrole.<br />

La direction de l’entreprise s’est vantée elle-même avec<br />

aplomb de cette astuce. Parallèlement, Total se targue<br />

d’être une entreprise énergétique verte. Or ses investissements<br />

dans les énergies renouvelables en 2022 ne représentent<br />

pas la moitié de ses dividendes versés aux riches.<br />

Ce qui est fou, c’est qu’ils savent exactement où cela<br />

conduit. Les économistes, la Banque mondiale, le Fonds<br />

monétaire international et les grandes revues économiques<br />

sont actuellement pris de panique. Ils alertent<br />

chaque jour sur les conséquences de la « soif de profit malsaine<br />

». Pour ajouter aussitôt : nous en voulons plus.<br />

La Banque mondiale a démontré ces jours-ci que les<br />

augmentations de taux d’intérêt des banques centrales<br />

sont en passe de plonger l’économie dans une crise mondiale.<br />

Mais les « banques des banques » annoncent de nouvelles<br />

augmentations de taux, sous la pression de la Réserve<br />

fédérale des Etats-Unis. Chaque crédit deviendra<br />

ainsi plus cher et les investissements, par exemple dans<br />

des techniques respectueuses du climat, seront étouffés.<br />

Ils justifient la lutte contre l’inflation par la théorie selon<br />

laquelle il y a trop d’argent en circulation. Ce qui accroît<br />

la demande et fait grimper les prix. Ils appellent ce<br />

phénomène la « surchauffe ». En réalité, l’économie mondiale<br />

stagne. La masse monétaire a toutefois gonflé de manière<br />

si vertigineuse depuis 15 ans qu’on ne peut même<br />

plus la mesurer de manière raisonnable. Si la théorie de<br />

l’argent était juste, nous serions en hyperinflation depuis<br />

dix ans. Or tout dépend de qui dispose de ces masses<br />

d’argent colossales – et de qui a le pouvoir de fixer les prix.<br />

En vérité, les augmentations des taux d’intérêt profitent<br />

uniquement au capital. Et à part le climat, seule la spéculation<br />

est en « surchauffe ». Que faire ?<br />

L’économiste Olivier Blanchard a récemment écrit que<br />

la lutte contre l’inflation exigeait la destruction d’emplois.<br />

Il a bien sûr omis d’ajouter : si nous ne changeons<br />

pas les règles du jeu erronées. Il n’a pas mentionné qu’il<br />

existe d’autres moyens ciblés de lutter contre l’inflation<br />

motivée par le profit.<br />

Le minimum, c’est une pleine compensation du renchérissement<br />

sur les salaires, les rentes et les prestations<br />

sociales. Du point de vue économique, c’est une nécessité<br />

tout à fait réalisable. Il faut inscrire à nouveau une<br />

compensation automatique du renchérissement dans les<br />

CCT. Mais il est aussi nécessaire de plafonner les prix.<br />

L’énergie et l’eau sont des biens communs. Ils doivent<br />

être soustraits à la spéculation. L’approvisionnement de<br />

base devrait être bon marché, mieux encore gratuit,<br />

jusqu’à un certain niveau de consommation. Actuellement,<br />

divers pays expérimentent des prix plafonds. Ce qui<br />

est intolérable, ce sont des situations comme celles vécues<br />

avec Axpo : le géant de l’énergie a réalisé un bénéfice<br />

de centaines de millions de francs. Pendant que le Conseil<br />

fédéral lui octroyait une garantie de plusieurs milliards de<br />

francs, parce que l’entreprise s’est fourvoyée à la bourse<br />

de l’énergie avec des opérations à terme. Il faut faire<br />

marche arrière sur la libéralisation du marché de l’énergie.<br />

L’UE devrait décréter un prix maximal pour le gaz et le<br />

pétrole – avec la puissance d’achat de 450 millions de personnes,<br />

les producteurs ne pourraient guère y déroger.<br />

Les entreprises qui reçoivent un soutien de la Confédération<br />

ne doivent pas être autorisées à verser des dividendes,<br />

ni à licencier des personnes. Le fardeau de la crise<br />

doit être réparti équitablement. Le financement du plafonnement<br />

des prix et des mesures de sauvegarde des emplois<br />

n’est pas un problème : il suffit de prélever un impôt<br />

sur les bénéfices auprès des entreprises énergétiques,<br />

comme c’est le cas en Italie, à hauteur de 25 %. Pour finir,<br />

il est grand temps d’investir enfin les bénéfices dans une<br />

offensive industrielle en faveur de la transition énergétique.<br />

Les syndicats en ont conçu et calculé le programme.<br />

Il y a 16 ans.

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