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Répondre aux enjeux du logement contemporain
Depuis les années 60, les politiques nationales du logement
en Afrique ont alterné entre différentes approches
qualifiées « d’étatique », « d’économique », « d’habilitantes » 1 ,
« de délégation au secteur privé », etc., y compris dans le
cadre de la stratégie mondiale du logement promue par les
Nations Unies en 1988 qui visait « un logement pour tous en
l’an 2000 ». Malgré les progrès, les résultats ont malheureusement
été loin d’atteindre un niveau satisfaisant. Le déficit
en logements décents s’est accru dans la plupart des pays
et, de plus, la problématique est passée au second plan par
rapport à d’autres priorités.
Après presque deux décennies de quasi « sommeil », la plupart
des pays africains sont confrontés à une crise du logement
majeure, aussi bien quantitative que qualitative. Le déficit
s’élève à plus de 50 millions d’unités (Bah et al., 2018),
et il continue de s’aggraver. En réponse à la forte croissance
démographique du continent et de sa transition urbaine soutenue,
c’est environ 160 millions d’unités supplémentaires qui
devront être construites d’ici 2050 (environ 20 000 logements
par jour), et cela si les logements existants sont réhabilités ou
adaptés aux nouveaux besoins. Au-delà des chiffres, il est
aussi question de concevoir des architectures répondant aux
1 « Enabling strategies », promues par la « Stratégie mondiale du logement à
l’horizon 2000 » et par le « Programme pour l’habitat ».
différents modes d’habiter et qui prennent mieux en compte
les conséquences du changement climatique.
Aujourd’hui, une majorité de ménages et de communautés des
zones rurales autant qu’urbaines s’en remet à la « débrouille »,
à l’autoconstruction, à l’entraide et à des approches incrémentales,
réalisées avec l’aide d’artisans, d’entrepreneurs ou
de petites entreprises. Ce tiers secteur, largement informel et
donc souvent décrié, est le premier pourvoyeur de logements
du continent. S’exprimant de façons diversifiées en fonction
des spécificités des contextes, il s’avère souvent très efficace
pour construire moins cher, illustrant les capacités locales
d’innovations. Les techniques et matériaux de construction
utilisés pour cet habitat « informel » sont très variés : matériaux
« locaux », « thermo-industriels », « de réemploi » ou « de recyclage
». Très souvent, les systèmes constructifs sont hétérogènes
ou hybrides. En 2002, à Ouagadougou 50 % des logements
étaient en adobe et 40 % utilisaient une combinaison
d’adobe et de blocs de ciment (World Bank, 2002).
Compte tenu des enjeux et priorités, d’ambitieux programmes
de logements sociaux doivent être lancés à travers
tout le continent nécessitant des investissements et moyens
importants et coûteux. Les approches conventionnelles classiques
ayant montré leurs limites à répondre à la demande
des plus modestes (le groupe numériquement le plus impor-
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