18005_Materiaux_locaux
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4 Projets et pratiques remarquables en Afrique
Concilier préservation du patrimoine
culturel et développement
étude de cas
Un retour pertinent
aux ressources
locales, Kilwa, Tanzanie
Au cours du xx e siècle, la Tanzanie a connu un essor économique
important qui s’est accompagné de profondes mutations
culturelles, y compris en matière d’habitat. Si de nombreux
bâtiments de qualité ont été réalisés, des difficultés
subsistent encore pour certaines franges de la population,
notamment en zones rurales et péri-urbaines car les coûts
de construction sont trop élevés. Par ailleurs la modernisation
s’est faite au détriment de l’identité locale et ne valorise
que très peu les ressources locales et donc l’emploi.
Dans le contexte patrimonial fort que représente le site classé
patrimoine mondial de Kilwa Kisiwani, cette contradiction
entre potentiel des ressources locales et leur faible utilisation
est particulièrement frappante. En effet, les vestiges de la
citadelle de Kilwa sont toujours dans un état de conservation
remarquable alors que les constructions récentes montrent
des signes de faiblesse, notamment dus aux effets des vents
marins, chargés de sel.
Répartition du coût de construction de centre d’information de Kilwa
60 %
50 %
40 %
30 %
20 %
10 %
0 %
57% main-d’oeuvre
maind’oeuvre
32%
6%
87 % du coût du projet
bénéficie directement à
l’économie locale
matériaux
90% locaux / 10% importés
4%
matériaux transport outils /
équipements
2%
taxes
Dans ce contexte, et dans le cadre d’un projet européen
visant la promotion du patrimoine culturel en Tanzanie, un
centre d’information touristique a été construit en 2015
dans la ville de Kilwa. Sa conception visait la valorisation
de ce qui s’est fait de mieux localement au fil des siècles en
cherchant l’inspiration autant dans l’habitat vernaculaire du
xx e siècle que dans les ruines du xiv e présentes sur ce site
remarquable. Les matériaux sont tous issus de la localité.
Le bâtiment se compose essentiellement de pierres,
de chaux, de sable, de terre, de bois, de bambou et de
feuilles de palmier. Les faux plafonds utilisent des nattes
de raphia colorées produites par les femmes, en alternative
au contreplaqué. Le résultat est fort apprécié. Le bâtiment
est jugé confortable et durable et son architecture est
résolument contemporaine.
Un des résultats les plus notables de ce bâtiment est le fort
impact des dépenses sur l’économie locale. En effet, 90 %
de l’argent investi dans cette construction a été injecté localement
: salaires des maçons et charpentiers, extraction et
livraison des matériaux.
L’État, propriétaire du bâtiment, a initialement refusé que le
projet fasse usage de techniques et matériaux locaux. Mais
aujourd’hui, les agents du service de l’urbanisme de Kilwa
sont fortement convaincus de sa pertinence et défendent
l’intérêt de valoriser les ressources et savoir-faire locaux à
la fois pour préserver l’identité des lieux et renforcer l’économie
locale.
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