18005_Materiaux_locaux
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Préface
Cette publication soutenue par le ministère français des
affaires étrangères répond à la fois à des questions d’éducation,
de science et de culture, et au-delà, à des préoccupations
qui sont particulièrement chères à l’UNESCO depuis
la fin du siècle dernier : la diversité culturelle et la confiance
des acteurs locaux en leurs propres productions et savoirs.
Ceci s’est notamment matérialisé dans le cadre de son appui
à la création de la Chaire UNESCO « architecture de terre,
cultures constructives et développement durable » établie à
l’école nationale supérieure d’architecture de Grenoble.
Il est aussi désormais largement reconnu que les grands
enjeux globaux de notre temps, tels que décrits dans les
objectifs de développement durable adoptés par l’ensemble
des États membres de l’Organisation des Nations Unies en
2015, ne seront atteints que si, au-delà des gouvernements,
l’ensemble de la population apporte sa contribution. Cela
sera d’autant plus facile si celle-ci peut le faire en comptant
sur ses propres forces et capacités et sur les ressources
qu’elle peut trouver dans son environnement proche.
Or, c’est bien dans une telle perspective que, dans le secteur
de la construction et plus largement de l’habitat, le concept
de matériaux locaux apparaît particulièrement porteur. En
proposant de focaliser les recherches et la formation dans
ce secteur, et en promouvant les solutions techniques déjà
éprouvées, à la portée de la majorité de la population, toutes
les chances sont mises du côté des plus démunis, pour
répondre aux enjeux actuels de façon pertinente, à la fois au
niveau local et au niveau global, et en réponse au risque lié à
la poursuite du changement climatique.
Les matériaux locaux c’est bien sûr ce qui est issu de la
recherche scientifique et technique, mais c’est aussi un
immense potentiel de valorisation des cultures constructives
locales. Presque partout en Afrique existent des solutions originales
et intelligentes pour bâtir son habitat avec les ressources
naturelles disponibles localement. Presque partout aussi, des
savoirs et savoir-faire sont présents et ne demandent qu’à être
adaptés pour répondre, éventuellement en complément de
solutions industrielles, aux besoins en matière d’habitat et plus
largement d’aménagement du territoire.
Les architectures traditionnelles sont aussi très souvent des
modèles particulièrement intéressants d’architecture bioclimatique.
De même, les modes d’habiter, les concepts
urbanistiques derrière les établissements humains traditionnels
présentent eux aussi très souvent des intérêts tout
particuliers en faveur d’une bonne intégration des individus
et des familles et une bonne organisation de la vie sociale
de la communauté, voire des communautés présentes dans
un même centre urbain. Des systèmes de gestion favorisant
l’entraide et les apports communautaires présentent aussi
des potentiels particulièrement intéressants d’efficacité technique
tout en allégeant très fortement les coûts de production
de l’habitat, et aussi les coûts d’entretien.
Il n’est bien sûr pas question de revenir en arrière, mais pour
toute l’Afrique et ses communautés qui la composent, de ne
pas perdre toutes les bonnes inventions qui ont surgi ici et là
au cours de son riche passé, mêlant d’ailleurs déjà souvent
expérience(s) locale(s) et apports exogènes.
Je formule les vœux que cette publication puisse être largement
diffusée au profit d’un cadre de vie adapté et d’une
résilience encore renforcée des populations de l’Afrique.
Lazare Eloundou Assomo
Directeur pour la culture et les situations d’urgence à l’UNESCO
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