18005_Materiaux_locaux
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4 Projets et pratiques remarquables en Afrique
Stratégies institutionnelles pour appuyer
l’usage des matériaux locaux
étude de cas
Un engagement étatique majeur
en Algérie
L’Algérie est riche d’un important patrimoine architectural et
urbain majoritairement bâti en terre crue. Après des dizaines
voire même des centaines d’années d’utilisation, celui-ci
fut considéré comme obsolète et largement abandonné,
victime de la standardisation des formations universitaires
et professionnelles dans le domaine du bâtiment qui ont
exclu l’apprentissage des techniques et matériaux de
construction traditionnels au profit exclusif des matériaux
industriels. Pourtant, ce patrimoine reste digne d’intérêt, en
tant que tel déjà, mais aussi comme source d’inspiration
pour la conception d’habitats ayant des vertus plus
écoresponsables.
Créé en 2012 par le ministère Algérien de la Culture, le Centre
Algérien du Patrimoine Culturel Bâti en Terre (CAPTERRE) est
chargé de réhabiliter l’image des architectures de terre en
particulier et des matériaux locaux en général à des fins de
conservation du patrimoine bâti en terre. À travers cet engagement,
l’État algérien souhaite aussi explorer le potentiel d’un
renouveau des savoir-faire traditionnels en architecture de terre
comme levier de développement territorial, porteur de bénéfices
économiques, environnementaux, sociaux et culturels.
L’activité du CAPTERRE a débuté en 2014. Depuis, il met en
œuvre des actions de promotion et de sensibilisation destinées
tant au grand public (enfants compris) qu’aux étudiants et
professionnels du domaine de la construction (ingénieurs,
architectes et artisans). Il développe des formations qualifiantes
et de l’assistance technique pour la réhabilitation du patrimoine
bâti en terre, la construction en terre et la création de filières de
production de matériaux à base de terre.
Le CAPTERRE s’est également engagé dans un projet
pilote de réhabilitation d’une bâtisse en terre dans le cadre
du programme Profas C+ (coopération entre l’Algérie et
la France). Cette opération a été réalisée dans le quartier
historique de la ville de Timimoune, sous forme de
chantier-école. Elle a été conclue avec l’élaboration d’un
guide de réhabilitation 1 . L’expérience a démontré l’intérêt
d’une réhabilitation par rapport à celui d’une destructionreconstruction
tant en terme économique, en divisant le coût
par deux, qu’en termes environnemental et patrimonial. Elle a
aussi permis de démontrer que la préservation du patrimoine
est tout à fait compatible avec l’adaptation au confort
moderne. Cependant, elle a révélé le besoin de rétablir la
chaine des savoirs et savoir-faire dans l’ensemble de la filière
de construction en matériaux locaux. Une expérience similaire
est en cours concernant la construction d’un logement social
en terre crue aux qualités bioclimatiques.
Après 6 ans d’activité, on constate un fort regain d’intérêt pour
la construction en terre en Algérie. Plusieurs départements
universitaires en architecture et génie civil lancent des
enseignements sur l’architecture de terre et le nombre
de mémoires de fin d’étude et de thèses sur le sujet est
grandissant. Le secteur privé, à travers les entreprises et
la société civile, est également actif avec une progression
importante du nombre de demandes d’assistance technique
tant dans le domaine de la réhabilitation du patrimoine que dans
celui de la construction neuve. Un autre défi majeur qui doit
être relevé pour le renouveau de la filière est le développement
de son cadre réglementaire. Celui-ci est l’objet principal d’un
nouveau projet qui devrait débuter en 2021.
1 Terki, Y., Rakotomamonjy, B., Hacini, M., et al., 2019. Guide de réhabilitation
de l’habitat en terre à Timimoun. CRAterre ; CAPTERRE. https://hal.archivesouvertes.fr/hal-02498416
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