ASSOCIATION DES AMIS DE MADAME ACARIE
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Madame Acarie Conférences Histoire 20/172 Edition Complète<br />
©<strong>ASSOCIATION</strong> <strong><strong>DE</strong>S</strong> <strong>AMIS</strong> <strong>DE</strong> <strong>MADAME</strong> <strong>ACARIE</strong><br />
55 rue Pierre Butin – 95300 Pontoise<br />
www.madame-acarie.org<br />
France en 1600, pas encore, parce que les guerres de religion ont fait prendre du retard,<br />
parce que, pour les catholiques français, la réforme tridentine n’est pas faite et que cela<br />
supposerait qu’elle soit appliquée. D’ailleurs les décrets du Concile de Trente ne sont pas<br />
encore reçus comme lois, dans le royaume de France… Par conséquent toute la réforme qui<br />
va se faire, grâce à madame Acarie et à ceux qui sont autour d’elle, toute cette réforme va<br />
se faire parce que le clergé décide pour lui, quoiqu’il n’y soit pas obligé par la loi, d’appliquer<br />
les décrets du Concile de Trente. C’est donc en, quelque sorte une loi intériorisée, une loi qui<br />
formellement n’oblige par les français, pour toutes sortes de raisons (le gallicanisme a sa<br />
part). Puisque la réforme de l’Église n’est pas encore faite en France, et pour qu’elle se<br />
fasse, cela supporte ferveur, et ferveur qui suppose – en tout cas l’historien le constate à<br />
l’époque – une élite sociale, peut-être pas toujours sociale, une élite spirituelle, certainement,<br />
autour de figures de proue ou de figures qui ont un rayonnement extraordinaire en leur<br />
temps. Je nommerai à nouveau saint François de Sales et madame Acarie précisément ; la<br />
réforme de Port-Royal aussi, qui, avant être « janséniste », est une conversion à l’enseigne<br />
de la vie religieuse ; d’ailleurs, la mère Angélique Arnault a connu saint François de Sales<br />
qui l’a poussée à faire cette réforme. Saint François de Sales n’a rien d’un janséniste !<br />
J’avais parlé d’une société assez fermée au surnaturel, d’autant plus attentive ou anxieuse<br />
d’ailleurs, devant les manifestations de l’extraordinaire : par exemple, les sorcières ou<br />
certaines prédications... Madame Acarie débusquera une fausse prophétesse qui appelait à<br />
la « réforme » et qui n’était peut-être pas inspirée par l’Esprit de Dieu. On a donc une<br />
certaine avidité affective pour les choses extraordinaires d’une part, et on a, d’autre part, un<br />
humanisme pratique, une sagesse très terre à terre, une religion « mondaine » comme celle<br />
que critiquera plus tard Pascal : une morale du « je donne pour que tu me rendes », des<br />
relations de « marchand à marchand » (le père Garasse prend cette figure), ce qui est<br />
indécent, évidemment, entre l’homme et Dieu.<br />
J’ai dit enfin un clergé à réformer, et j’y reviens quant à son instruction (il n’y a pas de<br />
séminaire ou fort peu), quant à la vocation au célibat, quant à la course aux bénéfices. Le<br />
haut clergé est encore, en ce temps, nécessaire au gouvernement ; il n’y a peut-être pas<br />
L’état religieux de la France 10/17 Philippe BONNICHON<br />
à l’époque de Madame Acarie 25 Mars 2000