Liste des déportés de France par mesure de

memorial_6 - 30.4.2004 - page 1502
travail, le de´ veloppement de re´ seaux de solidarité mais, très vite, elle s’e´ tend a`
l’organisation de l’e´ coute de la radio allie´ e, a` la propagande anti-nazie, au
de´ veloppement du sabotage au sein des usines, a` l’aide a` l’e´ vasion des prisonniers
de guerre par la fourniture de vivres ou de vêtements, etc.
Plusieurs membres de l’Action catholique en Allemagne 1 sont internés au
KL Flossenbürg, en particulier a` partir de la Thuringe, ou` une vague d’arrestations
est orchestrée au printemps 1944. Le 31 mars 1944, les deux premie` res
sont enregistre´ es a` Gotha, puis huit autres suivent les 17, 18 et 19 avril a`
Eisenach, Erfurt, Gera, Schmalkalden, Sondershausen, Suhl et Zella-Melhis.
Tous sont regroupésa` la prison de Gotha, puis transfére´ s au KL Flossenbürg le
12 octobre 1944. Ils y reçoivent des matricules dans la série des « 28900 ».
Seuls 2 de´ porte´ s de ce groupe rentrent de de´ portation, alors que 4 de´ ce` dent au
KL Mauthausen, 1 au camp central de Flossenbu¨ rg, 1 au Kommando de Leitmeritz,
1 dans celui de Zwickau et le dernier durant l’e´ vacuation de ce dernier
Kommando.
Deux autres membres de l’Action catholique sont arreˆte´ s en Allemagne
puis internés au KL Flossenbu¨ rg. Le premier est interpelle´ le 23 juin 1944 a`
Watenstedt et trouve la mort au camp de Flossenbu¨ rg apre` s sa libe´ ration. Le
second est victime du vaste coup de filet lance´ en juillet et août 1944 contre les
groupes d’Action catholique qui s’e´ taient progressivement de´ veloppe´ sen
Rhe´ nanie. Il est arreˆté le 13 juillet 1944 a` Cologne et emprisonne´ a` Brauweiler,
puis a` Cologne IVA. Mais, alors que le reste du groupe composé d’une soixantaine
de personnes est dirigé sur le KL Buchenwald où il arrive le 17 septembre
1944 2 , il est conduit au KL Flossenbu¨ rg. Il est libe´ re´ par les troupes ame´ ricaines
en avril 1945.
Une autre forme d’opposition au re´ gime nazi est l’aide apporte´ e par de
nombreux travailleurs a` l’e´ vasion de prisonniers de guerre français ou e´ trangers
par la fourniture de vivres, de veˆtements civils, d’argent ou de faux papiers. Il
faut rappeler que les contacts des travailleurs civils avec les prisonniers de
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III.10. Les de´ porte´ s arreˆte´ s sur le territoire du III e Reich (hors Alsace-Moselle) et interne´ s au KL Flossenbu¨ rg
guerre e´ taient formellement interdits, comme l’e´ taient ceux avec des
de´ porte´ s. On posse` de, a` ce propos, deux exemples de travailleurs franc¸ ais
arrête´ s pour ce motif. Eugène Jean et Jean-Pierre Pacaud sont tous les deux
requis au travail pour la firme Auto-Union a` Zwickau lorsqu’ils sont arrête´ s, le
premier, le 18 janvier 1945, le second, le lendemain, pour avoir essayé de venir
en aide a` des de´ porte´ s français du Kommando de Zwickau, qui de´ pendait du KL
Flossenbürg, par le passage de lettres et le don de quelques vivres. Arrête´ s par
la police de l’usine, ils sont remis a` la Gestapo de la ville. Leur action leur vaut
d’être enfermés, au coˆté des de´ portés qu’ils avaient cherché a` aider, a` l’inte´ -
rieur du Kommando de Flossenbu¨ rg. Tous les deux sont libe´ re´ s de Zwickau par
les Alliés.
Le dernier point a` souligner est le fort taux de mortalité au sein de ce groupe
de Français arreˆtés en Allemagne et interne´ s au KL Flossenbu¨ rg. En effet, 57 %
d’entre eux trouvent la mort pendant leur de´ portation, dont 37 sont note´ s
disparus 3 , alors que le taux de de´ cès et de disparitions pour l’ensemble des
de´ portés arrête´ s sur le territoire du III e Reich n’est que le´ ge` rement supérieur a`
30 %. Les lieux les plus meurtriers sont le camp central de Flossenbürg et ses
Kommandos exte´ rieurs : 72 de´ porte´ s sont morts au camp central (33,3 % des
lieux de de´ cès connus) et 81 dans les Kommandos extérieurs (37,9 %), en
premier lieu Groditz, Hersbruck, Leitmeritz ou Zwickau. Mais il ne faut pas
oublier d’ajouter les de´ ce` s survenus pendant les marches d’e´ vacuation du
camp central et de ses Kommandos 4 . On sait qu’au moins 22 de´ portés ont
trouve´ la mort dans ces conditions (soit 10,3 %). On peut penser que ce
chiffre est loin de la re´ alite´ et qu’une bonne partie des 67 de´ portés dont on
ne connaît pas le lieu de déce` s ont pu pe´ rir lors de ces e´ vacuations qui ont
marqué la fin du conflit.
Arnaud Boulligny
1 Voir a` ce sujet Paul Beschet, Mission en Thuringe au temps du nazisme, Les E´ ditions ouvrie` res, Paris, 1989 ; Charles Molette, En haine de l’Evangile. Victimes du de´cret de
perse´cution nazi du 03.12.43 contre l’apostolat catholique français a` l’œuvre parmi les travailleurs requis en Allemagne 1943-45, Fayard, 1993 ; Jocistes dans la tourmente,
Editions du Te´ moignage Chre´ tien, Les Editions ouvrie` res, Paris, 1989.
2 Voir la notice sur les de´ porte´ s arreˆte´ s sur le territoire du IIIe Reich puis interne´ s au KL Buchenwald (III.7.).
3 Sur les 281 de´ porte´ s note´ s disparus ou de´ ce´ de´ s, on connaıˆt 214 lieux de de´ ce` s, soit 76,2 % du total.
4 Voir le texte sur les « Marches de la mort » dans l’introduction du Livre-Me´ morial.