Liste des déportés de France par mesure de

memorial_6 - 30.4.2004 - page 1524
III.11. Les de´porte´s arreˆte´s sur le territoire du III e Reich (hors Alsace-Moselle) et internés au KL Gross Rosen
Effectif recense´ : 162 hommes
Matricules extreˆmes : 278-95323
Dates d’arrivée extreˆmes : 01/11/1942-??/02/1945
Situations : Libe´re´s par les autorite´s allemandes : 10 6,2 %
De´ce´de´s et disparus en de´portation : 93 57,4 %
Rentre´s dede´portation : 59 36,4 %
Le KL Gross Rosen est situe´ en Sile´ sie, au sud de l’Oder, a` une soixantaine
de kilomètres de Breslau (aujourd’hui Wroclaw, en Pologne). Ouvert en aouˆt
1940, il est d’abord un Kommando de Sachsenhausen, avant de devenir un
camp autonome. Il ne reçoit aucun convoi direct depuis la France, mais il voit
l’arrivée, a` partir de l’automne 1944, de quelques centaines de déporte´ s « NN »
français venant de Sonderlager (camps spe´ ciaux), ou de prisons du Reich
comme Breslau, Brieg, Gross Strehlitz, Lauban, Liegnitz ou Wohlau 1 .
D’autres Français de´ porte´ s au KL Auschwitz y sont e´ galement e´ vacués dans
les derniers mois du conflit. Enfin, les personnes arrête´ es sur le territoire du
III e Reich constituent le dernier groupe de de´ portés français de´ tenus au camp
de Gross Rosen.
Parmi les 162 de´ portés, pre´ sentés ici, on trouve 77 prisonniers de guerre
transforme´ s ou non en travailleurs civils, 66 requis du travail, 6 patriotes
proscrits et 5 travailleurs volontaires 2 . On ignore la nature du de´ part de
France pour 8 déporte´ s.
Les arrestations ont lieu du mois d’octobre 1942 au mois de janvier 1945.
Elles sont ope´ re´ es, pour la majorite´ ,a` proximité du KL Gross Rosen, dans des
villes situe´ es dans le sud-ouest de la Pologne actuelle. Ainsi, 130 mentions
d’arrestation (80,2 % du total) ont pu eˆtre releve´ es,dont71a` Hirschberg
(aujourd’hui Jelenia Góra, en Pologne), a` quelques kilomètres du camp, 9 a`
Markstädt, près de Breslau, 8 a` Breslau, 4 a` Bunzlau, 4 a` Go¨ rlitz, 4 a` Grünberg,
4a` Neusalz et 4 a` Z´ agań notamment.
L’étude des motifs d’arrestation te´ moigne d’une opposition au re´ gime nazi :
refus de travail, e´ vasions, actes de sabotage, propagande (notamment la
diffusion des nouvelles des radios allie´ es), refus de la nationalite´ allemande
pour un groupe de Lorrains, aide a` l’évasion de prisonniers de guerre. Seuls
2de´ portés ne sont pas arrête´ s pour l’un de ces motifs : le premier pour vol, et le
second pour avoir entretenu des relations avec des femmes allemandes. Les
arrive´ es au KL Gross Rosen s’e´ chelonnent du mois de novembre 1942 au mois
de fe´ vrier 1945, mais la pe´ riode allant de septembre a` de´ cembre 1944 compte a`
126
elle seule les trois quarts des entrées 3 . Quelques affaires me´ ritent, de ce point
de vue, un e´ clairage particulier.
En mars 1944, un groupe de 6 Lorrains, requis a` la mine Buhag a`
Goldsberg (aujourd’hui Zlotoryja, en Pologne) est enjoint de solliciter la nationalite´
allemande par les services administratifs de la Gestapo de Liegnitz. Face
a` leurs refus re´ péte´ s, ils sont place´ sende´ tention préventive a` la prison de
Goldsberg pendant trois semaines. Apre` s l’interrogatoire par la Gestapo, ils
sont maintenus en de´ tention jusqu’au 25 septembre, puis envoye´ sauKL
Gross Rosen apre` s un jugement les condamnant a` l’internement d’une dure´ e
inde´ terminée en camp de concentration pour « attitude et sentiments francophiles,
refus d’accepter la nationalité allemande ». Deux de ces de´ portés sont
morts pendant l’évacuation du camp de Gross Rosen, en fe´ vrier-mars 1945.
Le dimanche 10 septembre 1944, a lieu dans la cantine du camp de travail
de Bertha Werk, a` Markstädt, une séance de variéte´ s au cours de laquelle est
joue´ e une pie` ce de the´ aˆtre, œuvre commune d’une e´ quipedetravailleurs
habitant la meˆme Stube (chambre´ e). Les autorite´ s du camp jugent qu’elle
reveˆt un caractère anti-allemand et font procéder a` l’arrestation de 10 acteurs
de la pie` ce, ainsi que du Chef du camp et du responsable du foyer, le
14 septembre. Ils sont tous conduits au Polizei Pra¨sidium de Breslau, puis au
mois de novembre 1944 au KL Gross Rosen, ou` ils sont immatriculés dans la
se´ rie des « 85000 ». Sur les 8 de´ portés dont on a retrouvé les noms (sur 12,
d’après les te´ moignages), tous requis du STO, 5 sont de´ céde´ sendéportation.
Entre le 15 novembre 1944 et la fin du mois de janvier 1945, une petite
centaine de Français sont arrête´ s par la Gestapo a` Hirschberg 4 . Cette vague de
re´ pression au sein de la population franc¸ aise de la ville a pour objectif le
de´ mantèlement d’un groupe de re´ sistance, dit « FFI 667 », qui s’est progressivement
constitué dans la re´ gion. Il est accusé d’avoir « pour projet d’intervenir a`
l’approche des troupes sovie´ tiques sur les arrie` res allemands ». En re´ alite´ , son
activité principale est l’organisation de l’écoute clandestine des radios e´ trange`
res, ainsi que la diffusion des nouvelles auprès des travailleurs e´ trangers des
1 Voir la pre´ sentation de la de´ portation des « NN » dans l’introduction du Livre-Me´ morial.
2 Ces termes sont de´ finis dans la pre´ sentation ge´ ne´ rale des de´ porte´ s arreˆte´ s sur le territoire du IIIe Reich (introduction du Livre-Me´ morial).
3 Sur la base des 129 dates d’entre´ e connues au KL (soit 79,6 %), 97 ont lieu durant la pe´ riode allant de septembre a` de´ cembre 1944.
4 Voir le livre de Yves Durand, La Captivite´. Histoire des Prisonniers de Guerre français. 1939-1945, p. 381 et le te´ moignage de Charles Escure, Hirschberg, Des PG se
souviennent, e´ ditions Peuples amis, 1978.