Liste des déportés de France par mesure de

memorial_6 - 30.4.2004 - page 1568
III.16. Les de´porte´s arreˆte´s sur le territoire du III e Reich (hors Alsace-Moselle) et internés au KL Sachsenhausen
Effectif recense´ : 930 hommes
Matricules extreˆmes : 2602-138818
Dates d’entrée extreˆmes : 28/12/1939-21/02/1945
Situations : Libe´re´s par les autorite´s allemandes : 37 4 %
De´ce´de´s et disparus en de´portation : 429 46,1 %
Rentre´s dede´portation : 452 48,6 %
Situations non connues : 12 1,3 %
Le KL Sachsenhausen est, apre` s Dachau, le plus ancien camp de concentration
nazi puisqu’il a e´ te´ cre´ e´ de` s 1936 a` proximite´ de la ville d’Oranienburg, a`
une trentaine de kilomètres au nord de Berlin. Environ 8 000 Français y ont e´ te´
de´ porte´ s 1 parmi lesquels au moins 930 hommes, pre´ sente´ s ici, y ont e´ te´
conduits apre` s une arrestation sur le territoire du III e Reich 2 .
Les circonstances de la pre´ sence de ces 930 hommes sur le territoire
allemand au moment de leur arrestation sont connues pour la quasi-totalite´
du groupe 3 . Les requis du travail sont les plus nombreux (430 personnes,
soit environ 46,2 %), devant les travailleurs volontaires (222 personnes,
23,9 % environ) et les prisonniers de guerre transforme´ s ou non en travailleurs
civils (186 personnes, 20 %) 4 . Pour 69 travailleurs, la nature du de´ part de
France (contraint ou volontaire) est ignore´ e. De plus, on compte encore
8 patriotes proscrits, c’est-a` -dire des Alsaciens-Mosellans de´ place´ s de force
vers le centre du Reich en raison de leur attitude francophile (refus de la
nationalite´ allemande, refus de servir dans la Wehrmacht...), ainsi que
2 Français expatrie´ s (1 en Allemagne et 1 en Pologne).
Les deux premiers Français sont arrête´ sde` s le mois de novembre 1939 5 .
Le premier, originaire de Moselle, habite a` quelques kilomètres de la frontie` re
franco-allemande, a` Merzig, quand il est interpelle´ comme ressortissant
franc¸ ais par la Gestapo le 4 novembre 1939. Le second est professeur de
français a` l’Ecole supérieure de Commerce de Cracovie en Pologne, lorsqu’il
y est arrête´ le 6 novembre 1939 en compagnie des autres enseignants par les
Allemands qui poursuivent alors une politique d’e´ limination des e´ lites polonaises.
Tous les deux sont interne´ s au KL Sachsenhausen en de´ cembre
1939 et seraient ainsi les deux premiers Franc¸ ais de´ tenus dans ce camp.
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Le nombre des arrestations reste, en re´ alité, très limite´ jusqu’au de´ but de
l’anne´ e 1943 (moins de 4 % du total). Ensuite, l’anne´ e 1943 en concentre
environ 15 %, mais c’est surtout l’anne´ e 1944 qui se distingue puisqu’elle
compte plus de 70 % des arrestations a` elle seule. Le rythme des arrestations
mensuelles s’acce´ le` re le´ ge` rement a` partir du de´ but de l’anne´ e 1944, mais la
diffe´ rence entre les deux anne´ es provient surtout du poids du mois de
septembre. En effet, plus des deux tiers des arrestations de l’anne´ e 1944 et
plus de 30 % des arrestations releve´ es pour toute la pe´ riode sont ope´ re´ es
durant ce seul mois.
Ces arrestations de septembre 1944 correspondent avant tout a` de vastes
opérations de repre´ sailles lance´ es par les autorités allemandes dans les camps
de travailleurs de Rhe´ nanie du Nord. En effet, avec le de´ barquement des Allie´ s
dont ils suivent la progression, ceux-ci multiplient les actes d’opposition individuels
ou collectifs (e´ coute de la radio allie´ e et propagande surtout, mais aussi
refus ou ralentissement du travail et sabotage) qui poussent les Allemands a`
intervenir et a` de´ porter ces hommes plus a` l’Est. Le 15, par exemple, des
prisonniers de guerre transforme´ s du Stalag XII D, en Kommando a` Bendorf,
sont surpris dans la soirée par les SS alors qu’ils e´ coutent la radio alliée. Au
total, a` la suite de cet e´ vénement, une soixantaine d’hommes sont arrête´ s puis
transfe´ re´ s quelques jours apre` s au KL Sachsenhausen. Le meˆme jour, une
centaine de prisonniers de guerre transforme´ s et de requis du STO, travaillant
a` Oberhausen, sont arrête´ s par la Gestapo. Une altercation quelques jours plus
toˆt avec trois Franc¸ ais engage´ s dans les Waffen-SS tenant une re´ union de
propagande dans leur camp, la destruction d’affiches encourageant l’engagement
dans l’arme´ e allemande et la multiplication des sabotages dans les
1 Concernant la de´ portation des Franc¸ ais au KL Sachsenhausen, l’Amicale franc¸ aise du camp est a` l’origine de l’ouvrage collectif intitule´ Sachso, collection Terre Humaine,
Plon, 1982, mais e´ galement du Me´morial des De´porte´s français a` Sachsenhausen, 2000.
2 Les quelques re´ cits de de´ porte´ s appartenant a` ce groupe sont souvent introuvables aujourd’hui. On peut toutefois citer l’ouvrage de Roger Leroyer, Clamavi ad te..., Chez
l’auteur, « Gazinet », Cestas, 1996, ou le te´ moignage de Maurice Lebret dans Cahiers de me´moire : De´porte´s du Calvados, Conseil ge´ ne´ ral du Calvados, Direction des
Archives de´ partementales, 1995.
3 Les circonstances de la pre´ sence sur le territoire du Reich sont connues pour 917 hommes (98,6 %).
4 L’explication de ces termes est donne´ e dans la pre´ sentation ge´ ne´ rale des de´ porte´ s arreˆte´ s sur le territoire du IIIe Reich (introduction du Livre-Me´ morial).
5 Les dates d’arrestation sont connues pour 631 de´ porte´ s (67,8 %).