Liste des déportés de France par mesure de

memorial_6 - 30.4.2004 - page 1533
III.12. Les de´porte´s arreˆte´s sur le territoire du III e Reich (hors Alsace-Moselle) et internés au KL Mauthausen
Effectif recense´ : 125 hommes
Matricules extreˆmes : 3105-138797
Dates d’arrivée extreˆmes : 12/08/1941-17/04/1945
Situations : De´ce´de´s et disparus en de´portation : 57 45,6 %
Rentre´s dede´portation : 67 53,6 %
Situation non connue : 1 0,8 %
Le KL Mauthausen a e´ te´ cre´ e´ en juillet 1938, sur une colline dominant la
valle´ e du Danube, a` 22 kilomètres en aval de la ville de Linz. Parmi les Français
de´ portés dans ce camp, au moins 125, présente´ s ici, y ont e´ té conduits apre` s
une arrestation sur le territoire du III e Reich. Les listes et les fiches individuelles
d’entrées au KL Mauthausen n’ayant pas e´ te´ exploite´ es de façon systématique,
on peut penser que des noms, au nombre de quelques dizaines au minimum,
restent a` identifier.
Parmi ces 125 hommes, les requis du travail, au nombre de 85, forment le
groupe le plus important (68 %). On compte ensuite 22 prisonniers de guerre
transforme´ s ou non en travailleurs civils (17,6 %), 7 travailleurs volontaires
(5,6 %) et 4 travailleurs pour lesquels on ne peut pre´ ciser la nature du de´ part
de France (3,2 %). Par ailleurs, on trouve e´ galement 2 Français expatrie´ sen
Hongrie ou` ils enseignent a` l’Université de Szeged, et 1 Alsacien incorpore´ de
force dans la Wehrmacht. Enfin, les circonstances de la présence sur le territoire
du Reich restent inconnues pour 4 de´ porte´ s 1 .
Les arrestations s’e´ talent sur une pe´ riode relativement longue, de février
1941 a` mars 1945 2 , cependant les anne´ es 1944 et 1945 en comptent pre` sde
95 %. Pour ces deux anne´ es, on constate une concentration du de´ but de
novembre 1944 a` la fin de janvier 1945 : en effet, plus de la moitié des arrestations
ont lieu pendant ces trois mois. En raison de ces arrestations tardives,
80 % des déporte´ s font leur entrée au KL Mauthausen durant l’anne´ e 1945 :
22 en janvier, 36 en fe´ vrier, 14 en mars et, enfin, 21 en avril 3 .
L’Autriche constitue la principale aire des arrestations : près de la moitié y
sont ope´ re´ es 4 , surtout dans la partie orientale du territoire, non loin du KL
Mauthausen, en particulier a` Ternitz, au sud-ouest de Vienne, mais aussi a`
Graz, Linz, Steyr ou Vienne. Ensuite, un tiers environ ont lieu en Allemagne,
surtout dans l’est du pays, a` Schkopau, au sud de Halle et a` Cottbus en
particulier. Le nord en compte e´ galement quelques-unes, a` Berlin, Brunswick,
Hanovre ou Watenstedt, tout comme l’actuelle Pologne, a` Gru¨ nberg (Zielona
Gora) et Hirschberg, Sorau (Z´ ary) ou Sosnowitz. Par ailleurs, on note aussi
deux arrestations en Hongrie ainsi qu’en Italie et une a` Sarajevo en Serbie ou` ,
en mars 1944, un Alsacien incorporé de force dans la Wehrmacht est arrête´
dans un cafe´ de la ville pour avoir de´ croche´ et de´ truit un portrait d’Hitler.
Les motifs a` l’origine des arrestations correspondent a` des actes d’opposition
a` l’Allemagne nazie 5 . Aucun motif de droit commun n’a e´ té releve´ parmi
les motifs connus. Le refus de travail, le sabotage, la propagande antiallemande
et notamment l’écoute et la diffusion des nouvelles des radios
allie´ es, l’aide a` l’e´ vasion de prisonniers de guerre français ou e´ trangers sont
les activite´ s anti-allemandes qui reviennent le plus fre´ quemment. Parmi les
autres motifs, deux de´ porte´ s sont arreˆte´ s en raison de leur participation au
mouvement d’Action catholique et un autre, mosellan, pour avoir refusé l’incorporation
dans la Wehrmacht.
Les arrestations sont pour la plupart ope´ re´ es par la Gestapo, et elles
touchent, assez souvent, des groupes de re´ sistance. Quatre se distinguent ici.
De septembre a` de´ cembre 1944, une se´ rie d’arrestations vise un groupe de
re´ sistance constitue´ parmi les travailleurs de l’usine Buna-Werk a` Schkopau,
autour d’un ingénieur requis du STO, Joseph Frossard. La de´ couverte dans la
salle de re´ pe´ titions de la section the´ aˆtrale de l’Amicale du camp d’un poste
radio graˆce auquel les membres du groupe e´ coutaient les nouvelles de la
BBC, puis les diffusaient a` l’aide de tracts parmi leurs camarades, est a` l’origine
de cette ope´ ration de re´ pression mene´ e par la Gestapo. Joseph Frossard,
de´ le´ gue´ de l’Amicale, est ainsi arreˆte´ de` s le 29 septembre 1944, puis
d’autres arrestations suivent jusqu’au de´ but du mois de décembre. Au total,
70 travailleurs, au moins, sont arrête´ s et incarcére´ sa` la prison de Halle. Parmi
eux, 18 sont transfére´ s au KL Mauthausen, en particulier Joseph Frossard, en
deux groupes : le premier le 18 janvier 1945 (immatriculation dans la se´ rie des
« 116100 »), le second le 2 mars 1945 (immatriculation dans la se´ rie des
« 135000-135100 »). On rele` ve au total 11 de´ ce` s parmi les travailleurs de
Schkopau internés au KL Mauthausen, 3 au camp central et 8 au Kommando
de Gusen. Les autres travailleurs arreˆtés dans cette affaire sont déporte´ s pour
1 Pour l’explication de ces termes, voir la pre´ sentation ge´ ne´ rale des de´ porte´ s arreˆte´ s sur le territoire du IIIe Reich dans l’introduction du Livre-Me´ morial.
2 Les dates d’arrestation sont connues pour 113 de´ porte´ s (90,4 %) : 2 en 1941, 4 en 1943, 61 pour 1944, 46 pour 1945.
3 Les dates d’entre´ e au KL Mauthausen sont connues pour 115 de´ porte´ s (92 %).
4 Les lieux d’arrestation sont connus pour 115 de´ porte´ s (92 %).
5 Les motifs d’arrestation sont connus pour 110 de´ porte´ s (88 %).
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