Liste des déportés de France par mesure de

memorial_6 - 30.4.2004 - page 1613
III.17. Les de´ porte´ s arreˆte´ s sur le territoire du III e Reich (hors Alsace-Moselle) et internés au KL Stutthof
internés de façon provisoire dans un but de re´ e´ ducation avoisine les 18 % 1 . Ici,
on est bien au-delà, puisque plus de 44 % des Français interne´ s au KL Stutthof
depuis le Reich y sont enfermés avec cet objectif précis : 122 Français entrent
dans la catégorie « AE » (Arbeitserziehungsha¨ftlinge) parmi lesquels 11 sont
internés a` deux reprises au camp pour re´ e´ ducation.
Les motifs d’arrestation de ces « AE » ne sont pas diffe´ rents de ceux qui ont
conduit au KL les de´ porte´ s politiques, au nombre de 39 (14 %) 2 . Il s’agit essentiellement
d’actes d’opposition, ge´ ne´ ralement individuels, tels que refus de
travail, ralentissement de la production, e´ vasion, propagande anti-allemande
(e´ coute de la radio e´ trange` re et diffusion des nouvelles auprès de camarades
français et e´ trangers, correspondance interdite, inscriptions anti-nazies, etc.),
sabotage de la production, aide a` l’e´ vasion de prisonniers de guerre. Les lieux
de re´ sidence et d’arrestation semblent le plus souvent situe´ sa` proximité du
camp : a` Danzig (Gda Z´ agan´ sk), Elbing (Elblag), Marienburg (Malbork), Stettin
(Szczecin) ou Thorn (Toru Z´ agan´ ) notamment, aujourd’hui en Pologne ;
Ko¨ nigsberg (Kaliningrad) ou Tilsit (Sovetsk), alors en Prusse orientale.
En dehors des travailleurs recense´ s comme de´ tenus de re´ e´ ducation et
comme détenus politiques, le KL Stutthof accueille un troisie` me groupe spe´ cifique
de Français arrête´ s sur le territoire du Reich. En effet, le 13 octobre 1944,
un groupe d’une centaine de le´ gionnaires franc¸ ais fait son entre´ e au camp.
Marek Orski donne le chiffre de 109 le´ gionnaires membres de la division SS
Charlemagne, et il pre´ cise que si ces derniers expliquent leur transfert au camp
par le refus de lutter aux coˆte´ s des Allemands sur le front de l’Ouest, en re´ alite´ ,
la plus grande partie a e´ te´ conduite au Stutthof pour des infractions criminelles
(coups et blessures, vols, viols...). La recherche à partir des archives
conserve´ es au Ministère de la De´ fense 3 , n’a permis de ne retenir que
86 noms parmi les 109 figurant sur la liste e´ tablie par Marek Orski.
Il convient peut-eˆtre d’eˆtre moins catégorique sur les raisons qui ont conduit
ce groupe au KL Stutthof. En effet, les informations trouvées dans les archives,
bien que peu nombreuses, permettent de donner un peu de cre´ dit a` l’explication
fournie par ces déporte´ sa` leur arrive´ e au KL Stutthof. On apprend notamment
qu’une compagnie de le´ gionnaires e´ tablie a` Saalesch-Bruss, dans le corridor de
Danzig, s’est mutine´ e afin de refuser le passage dans les unités SS, pre´ conisé
par Doriot. Une soixantaine sont fait prisonniers par la police SS au de´ but du
mois d’octobre 1944. Ils sont parqués dans un block et garde´ s en attendant leur
de´ part pour le KL Stutthof qui s’effectue depuis la gare de la ville dans la
journée du 12 octobre 1944. Ainsi, les le´ gionnaires enregistrés le 13 octobre
1944 au Stutthof n’auraient pas tous e´ te´ intégre´ sa` la division SS Charlemagne
et c’est ce refus qui serait, pour certains, a` l’origine de leur transfert en camp de
concentration 4 .
La plupart de ces le´ gionnaires restent jusqu’au terme de leur de´ portation au
KL Stutthof. Seuls 3 sont transfére´ s le 16 novembre 1944 au KL Dachau, alors
que 14 sont dirigés sur le Kommando de Wilhelmshagen, le 24 octobre. Au
total, 6 trouvent la mort dont 1 au KL Stutthof, 1 autre durant l’e´ vacuation du
camp en janvier 1945, et 1 dernier avant son rapatriement 5 .
Arnaud Boulligny
1 Voir la notice des de´ porte´ s arreˆte´ s sur le territoire du IIIe Reich (hors Alsace-Moselle) interne´ s au KL Dachau (III.8.).
2 On ignore la nature de la de´ tention au KL Stutthof pour 27 de´ porte´ s (9,9 %).
3 Chacun des 109 noms figurant sur la liste de Marek Orski a fait l’objet d’une recherche au fichier national et dans les dossiers individuels conserve´ s au Ministe` re de la
De´ fense a` Caen. Par ailleurs, trois dossiers statuts ont pu e´ galement eˆtre consulte´ s.
4 De plus, 17 mentions de la qualite´ de le´ gionnaire ont e´ te´ releve´ es dans les archives a` Caen contre 3 indications d’engagement dans les SS.
5 Il faut pre´ ciser que le devenir de 37 le´ gionnaires est ignore´ .
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